Et si c'était Neville (Introduction) : L'énonce de la prophétie

Avis de non-responsabilité : l'univers et les personnages appartiennent à J. K. Rowling. Je ne possède rien, et personne ne gagne rien avec cette histoire que je sache, à par du plaisir.

Cette fan-fiction est dédicacée à ma grande sœur.

Elle est composée de 8 parties : une introduction (14 chapitres [1;14]) et une partie par année. (Première année : 25 chapitres [15;39] / Deuxième année : 43 chapitres [40;82] / Troisième année : 42 chapitres [83;124] / Quatrième année : 38 chapitres [125;162] / Cinquième année : 51 chapitres [163;213])

Cette introduction décrit des événements se déroulant avant la première année. C'est une histoire sur Severus Snape, ce qu'il s'est passé avant l'arrivée de Harry Potter à l'école des sorciers.


Il était tard dans la nuit. Le vent sifflait, comme pour rendre l'atmosphère la plus lugubre possible. L'auberge était presque vide aujourd'hui. Seuls quelques individus louches semblaient honorer le lieu de leur présence. Il entra, et regarda autour de lui, avant d'arrêter son regard sur l'escalier qui menait à l'étage. Ignorant tout ce qui se passait, il se dirigea dignement vers le lieu.

C'était un jeune homme froid. Il aurait pu avoir l'air noble, un grand homme. Mais le poids de ses années de souffrances et de calvaire avait fait de lui un autre homme. Un homme torturé, dont aucun signe de bien-être ne pouvait être perçu sur son visage ou son attitude. Il était torturé. Torturé par les souffrances de son enfance. Torturé par les harcèlements de son adolescence. Torturé par ses erreurs de toute sa vie.

Mais il s'en fichait. Il s'était trouvé un homme qui ne l'avait pas rejeté. Un homme qui ne s'était pas moqué, qui l'avait compris. Un homme qui le prenait comme il était, qui ne cherchait pas à lui faire la morale, qui ne cherchait pas à le tourmenter jour après jour. Un homme qui l'avait écouté, qui avait écouté ses malheurs, et lui avait promis sa protection.

Et une vengeance. Cet homme lui avait promis le pouvoir. Cela, il ne s'y intéressait pas, il était déjà puissant, et sa puissance n'appartenait qu'à lui-même, et à personne d'autre. Aucun ne pourrait lui en donner davantage ni le priver de celle qu'il avait.

Mais cet homme lui avait promis du savoir. Un savoir que les autres lui refusaient. Un savoir que les professeurs et le monde craignaient et n'acceptaient pas. Avec cet homme, il était libre d'étudier tous les types de magie qu'il souhaitait. Y compris la plus sombre de toute. Il l'aimait, la chérissait. Cette magie noire pour laquelle il avait toujours eu une attirance irrésistible était à présent tout pour lui. Avec cet homme, il était libre d'étudier ce qu'il souhaitait.

Il y avait tant de choses que cet homme lui avait promises. En échange, il ne demandait rien d'autre que la loyauté. La loyauté la plus extrême, la servitude dans son grand projet. Car cet homme était un idéaliste. Et un idéaliste mégalomane. Le jeune sorcier s'en fichait. Il était enfin libre de faire ce qu'il voulait. Et cela, juste en échange de quelques services.

Le bois ne faisait pas de bruit sous ses pas. Il était léger, grand et maigre, et il savait se déplacer avec la plus grande souplesse, tel un fantôme. Il n'était rien, il avait toujours su être le plus discret possible. C'était grâce à ça qu'il avait survécu si longtemps. Sans cela, sa vie aurait été bien pire encore. Et pourtant, il avait déjà eu assez de souffrance pour remplir dix vies, et plus encore.

Il avait une mission simple. Il devait juste surveiller le plus grand sorcier de l'époque, le seul capable de rivaliser avec son maître. Il ne voyait pas la difficulté de sa tâche. Que risquait-il ? Ce vieil homme ne lui faisait pas peur. Il savait que le vieux fou avait un entretien dans une salle, et il n'eut pas le moindre mal à trouver laquelle. La porte entrouverte permettait à la lueur du couloir de pénétrer dans la pièce sombre.

Il ne se risqua pas à signaler sa présence et se plaçant devant. Il laissa la lumière continuer à pénétrer dans l'endroit obscur, et se plaqua contre le mur. L'oreille attentive. Il adossa sa tête contre le bois, et ferma les yeux. Il laissa sa respiration lente apaiser tout ce à quoi il pouvait penser. Il profitait du calme. Il faisait partit de son environnement. Un meuble parmi d'autres. Et il écouta, le plus naturellement possible, sereinement.

La discussion semblait prête à s'écourter. La dame ne parvenait pas à plaire au vieux directeur. Elle n'avait pas l'air douée pour se mettre en valeur, et ne semblait pas avoir la moindre valeur. Son inaptitude sociale transpirait tant par tous les pores de sa peau que dans le couloir le jeune diplôme pouvait le sentir. Elle était pire que lui. Lui au moins savait s'exprimer, il savait manier la langue, et trouver les mots pour plaire.

Il aurait pu renifler devant l'incapacité de la postulante, mais son calme méditant l'en retint. Quelle brillante idée d'avoir appris l'occlumancie. Grâce à cela, il pouvait ne pas montrer la moindre émotion, et pouvait retenir son tempérament. Il avait appris à laisser couler ses sentiments loin de ses pensées.

Il n'était pas heureux, ne se sentait pas bien, mais il n'était pas mal non plus. Cela le soulageait, sans le soulager vraiment. La sensation était indéfinissable. Il ne pouvait pas être heureux comme cela, mais il savait qu'il ne le serait plus jamais. Il ne pouvait plus l'être depuis… Mais il ne souffrait plus. Il était torturé mais ne souffrait plus.

Il ne put empêcher une larme sans émotion de couler le long de sa joue, lentement. Soudainement, son cœur semblait s'arrêter, et il rouvrit les yeux dans une expression de surprise. Là, dans la pièce, derrière son dos, l'intonation avait changé.

Le vieil homme avait semblé lassé, avait commencé à abréger l'entretien, rejeter la femme et partir. Mais quelque chose le retient. Quelque chose qui attira toute l'attention du jeune sorcier aussi. Quelque chose qui glaça d'effroi l'espion.

La femme était entrée en transe. À sa voix, l'espion devinait sans mal qu'en face d'elle le vieux barbu était choqué et impressionné. Elle avait une voix d'outre-tombe. Elle ne semblait plus appartenir à ce monde. Elle était ailleurs, et elle était effrayante rien qu'à l'entendre. Alors si le vieil homme qui était en face d'elle avait à subir le spectacle de ses yeux…

Mais le pire, fut les paroles qui furent prononcées. Elles pénétrèrent jusque dans l'âme du jeune sorcier. Elle énonçait une prophétie, et quiconque l'entendait y était lié à jamais. Bouleversé par le début des paroles qu'il n'oublierait jamais, il fit une maladresse qui trahit sa présence.

Le son du choc dans sa respiration, la tension dans ses muscles puis la détente soudaine, il avait émis un bruit, puis était tombé au sol. Il savait que le vieil homme avait tourné la tête, et son ombre était passé un instant devant la lumière. Il n'attendit pas que le directeur ne tente de l'attraper, et s'enfuit sans entendre la fin. Mais il jugea le début bien suffisant.

Jamais il ne pourrait s'en défaire.

Il y était lié, plus profondément qu'il ne pourrait y penser avant longtemps.

Cette liaison étroite serait due à ses choix. À ses uniques choix.

Le premier de ces choix était simple, et pourtant si pesant, et lourd. En parler, ou se taire.