Vous ne l'attendiez pas, mais la suite est quand même arrivée :D

Pour rappel, Drago était désespéré pendant l'année des ténèbres et avait voyagé dans le futur pour se rencontrer lui-même et savoir comment survivre. Voici une suite un peu particulière car Drago n'y apparaît pas, mais il est très présent quand même.

Le chapitre se déroule un ou deux ans après la victoire de la bataille de Poudlard.

Bonne lecture !


Chapitre 2 : Le nouveau tailleur de Savile Row


Harry, Ron, Hermione et Ginny étaient attablés dans la cuisine du Square Grimmaurd. Ils terminaient un ragoût préparé par Kreattur. L'elfe s'assurait que ses jeunes maîtres étaient bien nourris tout en caressant distraitement le médaillon de monsieur Regulus.

Les relations entre les jeunes sorciers et Kreattur s'étaient améliorées depuis que l'elfe n'était plus exposé à l'horcruxe et qu'ils avaient terminé la mission de monsieur Regulus.

Ron se resservait une part en félicitant l'elfe qui se rengorgea quand la cloche de la porte d'entrée résonna.

Ils échangèrent des regards surpris. Qui pouvait donc leur rendre visite un vendredi soir ?

« Kreattur va ouvrir la porte, » annonça l'elfe en disparaissant de la cuisine.

Il réapparut dans l'entrée et la porte s'ouvrit sur un Lucius Mafeloy faussement aimable.

« Lord Malefoy, s'étrangla Kreattur. La maison Black est très honorée de… Enfin la maison Potter est…

– Très intriguée par votre visite, intervint Harry qui avait rejoint l'elfe dans l'entrée.

– Navré de passer à l'improviste, Monsieur Potter. Auriez-vous quelques minutes à m'accorder ?

– À quel sujet ? répliqua aussitôt Harry.

– On te couvre, Harry, murmura Ron assez fort pour que tout le monde entende.

– Maître Harry, Monsieur Weasley, tenta Kreattur scandalisé. Les conventions d'hospitalité…

– Ne s'appliquent certainement pas à un proscrit qui sort de prison et qui a tenté plusieurs fois de nous tuer ou de nous livrer à Voldemort.

– Je ne m'attendais pas à être reçu avec…

– Hostilité ? proposa Hermione.

– Si vous en veniez à la raison de votre visite, coupa Ginny. Avant qu'on envoie une salve de maléfices bien féroces.

– Je viens à la demande de Drago, expliqua Lucius tout sourire.

– Je propose deux salves de maléfices plutôt qu'une, lança Ron en agitant sa baguette.

– Qu'est-ce que veut Drago exactement ? demanda Hermione avec méfiance.

– Il cherche à réhabiliter la réputation des Malefoy, expliqua Lucius. Je viens vous présenter une proposition de sa part.

– Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas en personne ? grommela Ron. Toujours aussi lâche la fouine.

– Notre proposition fait appel à mes compétences plus qu'à celles de mon fils.

– Et certainement parce que notre passif est plus surmontable que celui que nous avons avec Drago, conclut Harry d'un air sombre en songeant à leur scolarité et l'entrée des mangemorts à Poudlard.

– En effet, confirma Lucius. Puis-je entrer ? Dans dix minutes, nous saurons si nous pouvons passer un accord ou poursuivre nos chemins indépendamment. »

Harry hésita, puis guida leur visiteur vers la cuisine. L'aristocrate le suivit.

« Cette demeure n'est plus ce qu'elle était, commenta-t-il.

– Nous commençons seulement à rénover les enchantements de la maison.

– Je peux vous recommander quelques mage-artisans si nécessaire, mais je ne viens pas pour cela.

– Comment se porte Drago ? demanda Hermione pour détendre un peu l'atmosphère. Nous n'avons plus eu de ses nouvelles depuis son acquittement.

– Il a fait des choix audacieux, répondit Lucius en pinçant les lèvres.

– Très élégante manière de formuler votre désapprobation, commenta Ginny satisfaite.

– Kreattur peut servir un excellent cognac de la cave des Black, ou du gin ou un vieux whisky de la sélection du vieil Ogden, tenta l'elfe avec l'espoir de compenser le manque de manière de ses jeunes maîtres.

– Le cognac sera parfait, répondit Lucius d'un ton anormalement aimable vis-à-vis d'un elfe. Orion Black a toujours un excellent goût pour le choix des alcools français. »

Hermione et Ginny échangèrent un regard et demandèrent un gin. Harry sentant les ennuis venir demanda un thé malgré l'air horrifié de Kreattur. Ron fit de même en vérifiant le holster de sa baguette magique.

« Bien vous savez certainement que l'essentiel des avoirs et propriétés des Malefoy sont gelés jusqu'à nouvel ordre, rappela Lucius en tentant de faire bonne figure.

– Nous sommes profondément attristés, déclara Ginny qui n'avait toujours pas digéré ses mésaventures avec le journal de Jedusor.

– Vous êtes presque aussi pauvres que des Weasley, renchérit Ron avec compassion.

– Tout est dans le presque, répliqua l'aristocrate déchu.

– Le Magenmagot vous a autorisé, comme toutes les familles condamnées, à garder une propriété type boutique ou atelier pour habiter et exercer une activité professionnelle, précisa Hermione à l'intention de ses amis.

– Le Magenmagot a autorisé Drago à choisir une propriété car Drago a pris le contrôle de la famille pendant mes deux d'années d'absence, répliqua Lucius en insistant avec désapprobation sur le prénom de son fils.

– Azkaban doit être confortable sans les détraqueurs, maintenant ? taquina Ginny.

– Très touristique, un air frais et rafraîchissant, je recommande sans réserve, ironisa Lucius.

– Venons-en aux faits, s'agaça Harry. Quelle boutique a choisi Drago ?

– Une obscure échoppe abandonnée située à Savile Row à Londres, répondit Lucius les dents serrées. »

Harry, Ron et Ginny échangèrent des regards interrogateurs, sans comprendre.

« Savile Row ? répéta Hermione incrédule. L'allée des tailleurs ? Mais c'est une rue totalement moldue, non ?

– Totalement moldue, mais seulement depuis 1930, date à laquelle le dernier tailleur sorcier a cessé ses activités et a vendu à mon père Abraxas Malefoy sa boutique.

– Pourquoi Drago a pris le risque de créer une activité de tailleur ? demanda Ron. Les marges des artisans sont beaucoup plus faibles que celles des commerçants et créer une activité de zéro est d'autant plus complexe. Je le vois chaque soir en aidant Georges au magasin.

– Une activité d'artisan paraît sans doute plus respectable qu'une profession de commerçant, supposa Hermione.

– Il suffisait d'être discret pendant quelques années, objecta Ginny. Quelques dons bien ciblés et une réputation est reconstruite facilement. Pourquoi ne pas avoir pris une activité plus financière ?

– Ces activités ne me sont pas autorisées, grimaça Lucius.

– Mais elles ne sont pas interdites à Drago, répliqua Hermione.

– Drago a ses raisons, répondit Lucius. Il ne m'en révèle qu'une partie car je suis sous la tutelle d'un agent du ministère et le contrat de tutelle magique ne me permet pas d'éviter de répondre à cet agent. Cet agent s'appelle Perceval Weasley.

– Kingsley a pensé à tout pour vous tenir à l'oeil, conclut Hermione satisfaite.

– Mais quel est votre rôle dans l'affaire de Mal… de Drago ? interrogea Harry un peu perdu.

– Je suis le commercial de mon fils.

– Et quel est l'objet exact de votre visite ? s'alarma Hermione.

– Miss Weasley et Monsieur Potter ont indiqué leurs fiançailles par un communiqué à la presse. Pour des fiançailles et d'autant plus pour un mariage, il faudra des tenues sur-mesure et nous nous proposons pour…

– Jamais ! s'écrièrent en cœur Harry et Ginny.

– Allons allons laissez-moi finir, répondit Lucius avec un sourire carnassier.

– Votre mariage ne sera pas une petite cérémonie privée. Celui-qui-a-vaincu et l'étoile montante des Harpies ne...

– Quelle importance ? s'agaça Harry.

– Ce sera un événement attendu, scruté, commenté et analysé. Un événement public, même national qui sera bien entendu récupéré politiquement.

– Qu'ils essaient seulement ! rétorqua Ginny.

– Par vos politoquards du Phénix pour façonner le futur roman national, termina Lucius.

– Et probablement couvert par la presse ? supposa Hermione. C'est pour cette raison que je vous avais conseillé le communiqué dans la Gazette. Pour ne pas que ce soit une cérémonie à la sauvette que la Gazette aurait commenté sans vergogne pendant des années.

– Bien raisonné Miss Granger, commenta Lucius. Il faut toujours contrôler le circuit de diffusion de l'information.

– Je me passerai de vos compliments, grommela Hermione avec un air sombre.

– J'ai pourtant orchestré efficacement les campagnes de dénigrement contre notre jeune ami ici présent et son regretté mentor.

– Et vous espérez que cela aidera à nous convaincre ? fulmina Ginny.

– Pour vous rappeler ce qui arrive quand on ne prend pas les devants. Il est évident que l'opposition à Shacklebolt vous utilisera sans états d'âme pour l'attaquer lui. »

Il y eut un silence hostile. Les Gryffondor sentaient que Lucius avait raison, mais n'aurait voulu pour rien au monde le reconnaître.

« Quel tailleur aviez-vous à l'esprit ? questionna Lucius.

– Madame Guipure vend des robes très correctes, répondit prudemment Harry.

Même Hermione se mordit la lèvre.

– Eh bien pour des robes de cérémonies, j'imaginais plutôt Tissard et Brodette, nuança Ginny.

– Voilà qui est mieux. Madame Guipure fait du prêt-à-porter avec quelques ajustements, parfois un peu de demi-mesure. C'est très bien pour un usage quotidien. Tissard et Brodette fait de la demi-mesure et du sur-mesure.

– Quelle est la différence ? demanda Harry dégoûté.

– En demi-mesure, expliqua Lucius avec condescendance, le vêtement est conçu dans un atelier ou une usine extérieure à partir des mesures réalisées par le vendeur qui retouche souvent à la réception. En sur-mesure, le tailleur réalise les mesures et les vêtements dans son propre atelier. Je ne fais pas l'outrage d'expliquer le prêt-à-porter.

– Donc le sur-mesure serait la meilleure option ? demanda Ginny incertaine.

– La demi-mesure de Tissard et Brodette est d'excellente qualité, réalisée par des ateliers français renommés. Croyez-en un ancien client très satisfait, se rengorgea Lucius.

– Alors c'est parfait, conclut Harry. Merci pour vos conseils, nous nous passerons de vos services pour nous tourner vers Tissard.

– Un instant, intervint Hermione soucieuse. La Gazette pourrait sans doute nous dénigrer de recourir à des ateliers étrangers alors que l'économie sorcière britannique peine à se reconstruire depuis la guerre. – Est-ce qu'il y a un moyen de les différencier ?

– Pas sans avoir une source chez le tailleur, mais évidemment c'est mieux d'expliquer le choix dans le communiqué ou une interview à l'avance. Cependant le sur-mesure revient souvent bien plus cher. – Mais il y a deux autres réflexions que vous devez avoir à l'esprit avant de choisir votre tailleur. Premièrement le style. Voulez-vous un style italien, français ou anglais ? »

Harry soupira.

« Si Kreattur peut se permettre de conseiller à ses jeunes maîtres d'éviter le style italien. Kreattur pense que le style anglais conviendrait mieux à leur caractère. »

Lucius leva un sourcil amusé.

« Rien de mieux pour nous orienter vers le style italien, en conclut Ron.

– Pas si sûr, reprit Lucius. Le style italien est créatif, libre, décontracté, des tenues colorées et dépareillées, un style exubérant. C'est une élégance soignée, mais faussement nonchalante et spontanée, autrement dit la fameuse sprezzatura. Drago a sourcé d'excellents tissus italiens grâce à l'exil de Blaise Zabini et Pansy Parkinson qui ont fui la Grande-Bretagne.

– Alors pas question de s'habiller italien, trancha Harry horrifié. En fait, merci, le conseil était bon Kreattur.

– Le style français est celui de l'élégance et de la puissance, la tenue doit révéler et accompagner le sorcier pour exprimer son plein potentiel, poursuivit Lucius. Je suis très consommateur des robes sorcières françaises naturellement.

– Naturellement, répéta Harry avec une grimace. Et le dernier ?

– Le style anglais est sobre et formel. Les coupes traditionnelles sont de rigueur, de même que la discrétion. Des vêtements chers, mais la noblesse intellectuelle de ne pas le montrer.

– Kreattur l'avait bien dit, maître Harry, commenta l'elfe avec satisfaction.

– Parfait pour le style britannique, conclut Harry. Est-ce que tu es d'accord Ginny ? »

Ginny hocha la tête tout aussi satisfaite.

« Alors vous devrez renoncer à Tissard et Brodette qui est spécialisé dans le style français, informa Lucius.

– Et qui sont les tailleurs en style anglais ? demanda Harry sentant venir le pire. Non pas vous, lança-t-il à Lucius. Kreattur ?

– Les maisons Evermonde et Parkinson, répondit l'elfe.

– Sauf que les deux derniers tailleurs Evermonde sont morts pendant l'année des ténèbres, quant aux Parkinson, ils ont fui en Italie à l'exception de Lord Parkinson qui est incarcéré à Azkaban. C'est pour cette raison que Drago a choisi de s'orienter en demi-mesure pour le style italien et en sur-mesure pour le style britannique,

– Pourquoi les Parkinson ont pris la fuite ? demanda Harry.

– Potter vous êtes désespérant, répliqua Lucius. Parce qu'être affilié à un mangemort condamné rend compliqué la gestion d'une affaire ou la recherche d'un emploi. À la place de Drago, je me serais installé en France sans aucune hésitation. »

Harry allait répondre, mais se reprit aussitôt.

« Cela dit, la coopération avec Pansy Parkinson peut s'avérer gagnante car elle a intégré un atelier tailleur à Florence, Drago écoule des vêtements de style italien pour elle et il a accès aux modèles des Parkinson. Mais ces détails ne vous intéressent pas. Par contre cela nous mène à la seconde réflexion que vous devriez considérer ce soir.

– Laquelle ? grimaça Ginny qui sentait le piège se refermer.

– Le mensonge que Shacklebolt feint d'appliquer.

– Kingsley ne ment pas ! assena Harry qui appréciait l'ancien auror.

– Eh bien, il prétend vouloir réinsérer les condamnés qui ont purgé leur peine, ainsi que les minorités ethniques magiques. Ce qui est admirable sur le papier, mais qui, dans la pratique, n'est absolument pas appliqué.

– Et vous voulez que nous choisissions les Malefoy pour montrer l'exemple, comprit Harry avec un air sombre.

– Pour la qualité de notre travail aussi, mais nous avons mieux à vous proposer. Si vous nous retenez pour les robes des mariés et des quatre témoins, nous engagerons un elfe de maison libre, à l'atelier ou en tant que secrétaire. Vous pourrez médiatiser cet accomplissement politique si vous le voulez. Le programme d'insertion des elfes libres ne semble pas être une grande réussite.

– Est-ce que vous avez aussi songé à engager un loup-garou ? demanda Hermione intéressée.

– Outre notre hostilité assumée pour ces animaux, est-ce que vous avez songé à la réaction de la population si des anciens mangemorts engagent des loups-garous ? Je ne suis pas certain que l'information serait bien reçue. Affectez-les à des travaux agricoles ou forestiers. Les loups ont une bonne résistance physique. Notre proposition concerne un elfe libre.

– Pas de loup-garou, très bien mais deux elfes, négocia Hermione. Vous aviez dit à l'atelier ou en secrétariat. Les six tenues, mais un elfe à chacun des deux postes avec un droit de regard de ma part sur leurs salaires.

– C'est à Drago d'en décider, objecta Lucius, mais je suppose qu'il acceptera de tels termes. Votre décision Monsieur Potter ? Et vous Miss Weasley ? »

Aucun des deux ne paraissait heureux de la situation.

« Il nous faut consulter Kinsgley pour vérifier la compatibilité avec sa stratégie politique, répondit Harry pour gagner vainement du temps.

– Ainsi que l'accord de mes propres témoins, poursuivit Ginny.

– Qui fera les mesures ? demanda Harry. Vous ? Drago ?

– Plutôt notre employé qui travaillait auparavant chez Evermonde, peut-être en présence d'un apprenti elfique. Je m'occuperai de vous présenter et de vous conseiller pour les tissus. Drago ne sera présent que pour le sourcing. À moins que vous vouliez négocier les détails du contrat en personne.

– J'irai si nécessaire, proposa Hermione. Surtout pour vérifier les clauses sur les elfes.

– Supposons, mes très chers amis, commença Lucius avec un sourire affable qui ne lui allait pas du tout. »

Il marqua une pause théâtrale pour laisser à ses réfractaires amis de grommeler pour marquer leur désapprobation.

« Supposons, que vous acceptiez au moins les grandes lignes de notre proposition commerciale. Savez-vous déjà à quelle période de l'année se déroulerait l'heureuse cérémonie qui unira nos deux héros de la Nation ? Pour réfléchir aux tissus appropriés à la saison.

– En hiver, annonça fièrement Ginny. Pour Yule.

– Choix symbolique intéressant, commenta Lucius avec un grand sourire faux. Je m'attendais plutôt à Lugnasad ou à l'anniversaire de notre libération à tous par votre fiancé.

– Que Merlin nous préserve de ces choix attendus, rétorqua Ginny avec hostilité.

– À l'intérieur ou à l'extérieur ?

– Dans le parc enneigé du château de Tintagel, répondit Harry.

– Quel romantisme, répliqua l'aristocrate d'une voix onctueuse. Nous partirons donc sur des costumes en tweed pour ces messieurs.

– Pour les demoiselles, mon épouse Narcissa sera de bien meilleur conseil. Elle a le catalogue des tissus fournis par Miss Parkinson, ainsi que ceux qui ont été sourcés par Drago côté britannique et irlandais. Je vous recommande d'écouter ses suggestions. Je préfère me concentrer sur les domaines que je maîtrise le mieux.

– Nous vous avons déjà vu à l'œuvre, persifla Ginny. »

Lucius fit la sourde oreille et reprit.

« Avant que je prenne congé, j'ai ici des liasses d'échantillons de tissus pour des chemises. Est-ce que je peux avoir un premier avis pour savoir ce qui vous conviendrait Monsieur Potter ? Vous également Monsieur Weasley ?

– Toujours sous réserve de confirmation de la part de Kingsley, » tenta de résister Harry horrifié à la fois par la tournure de la soirée et par la perspective de faire du shopping, particulièrement auprès de Lucius.

Lucius sortit des nuanciers de sa poche et présenta silencieusement des tissus tous blancs sous les regards déconcertés des deux Gryffondor.

Quand soudain, Lucius recouvrit un tissu plus rapidement que les précédents.

Harry et Ron, futurs aurors, Ginny à l'œil acéré par le Quiddich et Hermione aussi observatrice qu'intelligente, se regardèrent d'un air entendu.

Ginny fut la plus rapide et attrapa le nuancier, elle revint au tissu en question.

« Les motifs sont un peu pompeux avec le fil doré, dit-elle.

– Je n'oserais jamais porter un tissu pareil, renchérit Harry. Qu'est-ce que c'est ?

– Du dobby, admit Lucius la mâchoire crispée.

– Sérieusement ? Très bien j'ai changé d'avis, répliqua aussitôt Harry. Je veux toutes les chemises de cérémonies en dobby.

– Pareil, lança Ron. Et des chaussettes aussi.

– Bien vu ! confirma Harry. Mes chaussettes également.

– Il faudra juste que ce soit du dobby blanc avec du fil d'argent au lieu de fil doré, corrigea Ginny. Ou beige, songea-t-elle.

– Étonnant que vous ayez laissé ce genre de tissu dans ce nuancier, lança Hermione d'un ton menaçant. Les mauvais traitements infligés à ce pauvre elfe me reste encore en travers de la gorge et pourtant je suis la plus pacifique de la bande.

– C'est Drago qui a conçu ces nuanciers. Ce petit traître a dû être nostalgique. Par Maggia, toi aussi, mon fils, expira-t-il. »

Lucius porta théâtralement la main à son cœur.

« Cette pièce de théâtre est nulle, commenta Ginny qui avait reconnu un vers de la pièce Arthur et Mordred inspirée par César et Brutus. Le dialoguiste savait à peine écrire des alexandrins élégants.

– Monsieur Malefoy, nous sommes absolument conquis par votre culture, annonça Hermione. Mais maintenant, je pense que vous avez largement dépassé les limites de mes amis. Il est grand temps que vous preniez congé. »

Hermione avait raison. Harry et Ron étaient au bord de l'explosion et Ginny n'en était plus très loin non plus.

« Par Merlin vous dérogez à toutes les convenances. Où est votre sens de l'hospitalité ?

– Nous l'avons laissé dans les geôles du manoir Malefoy, rétorqua Harry sèchement. Je trouve que vous avez été plutôt bien accueillis étant donné notre passif.

– Vous nous avez arraché bien assez de choses pour ce soir, conclut Ginny.

– Vous serez recontacté très vite par hibou, proposa Hermione d'un ton ferme. »

Lucius se leva, bien plus pâle qu'à son habitude.

« Merci pour la seconde chance que vous avez accordé à Drago et par extension à moi-même et à mon épouse. Je me doute que ce sont principalement des raisons politiques, mais...

– Et pour des raisons éthiques, trancha Harry en levant également pour raccompagner l'aristocrate.

Harry poussa un soupir de soulagement quand la porte d'entrée se referma sur Lucius.

– Hermione nous allons signer un contrat avec le diable, » gémit Harry en revenant dans la cuisine.


Notes de fin : Merci à Dragsou pour sa relecture attentive !

J'aurais bien voulu que Hermione réponde que le diable s'habille en Prada, mais le roman qui a inspiré le film a été publié en 2003. Ce serait donc anachronique ._.

Drago veut utiliser l'artisanat pour reconstruire la réputation des Malefoy et il utilise des techniques contre l'avis de Lucius qui n'a plus son mot à dire. En effet, Drago a pris ses décisions sans le consulter quand il était incarcéré. Maintenant c'est Drago et Narcissa qui sont aux commandes de la famille Malefoy.

Les informations sur les styles italien, français et anglais sont réelles côté moldu, au moins pour le style tailleur masculin. En tout cas d'après mes recherches car je porte seulement la chemise, mais pas encore le costume. Peut-être un jour. Qui sait ?

Et le dobby est bien un tissu qui existe. C'est un tissu avec des motifs et des reliefs.

Je pense qu'il y aura encore un chapitre. J'ai déjà l'idée du sujet, mais je n'ai pas encore trouvé l'angle pour l'écrire. Pareil il pourra se lire à part, et cette fois-ci, Drago sera le personnage principal ;)