Bonsoir à tous !

Merci à toi, Jouls, de m'avoir indiqué le bug de la semaine dernière ! J'ai essayé de le rattraper le plus vite possible.

Voilà la suite, en espérant que ça vous plaise. Petit chapitre qui met en place le prochain, qui sera pour vous, très intéressant ! ;)

Bonne lecture !


Un mois s'était écoulé depuis la rupture avec Luna. Un mois durant lequel Clarke avait tenté de garder un semblant d'équilibre dans sa vie.

Mais la vérité, c'est qu'elle était perdue.

Depuis leur séparation, elle avait mis une certaine distance avec Lexa, sans même en être totalement consciente au début. Elle continuait de veiller sur elle, de loin, toujours avec cette inquiétude qui la rongeait depuis la tentative de Lexa. Mais quelque chose avait changé.

Peut-être parce que Lexa, elle, avait changé.

Clarke l'avait vue se transformer sous ses yeux au fil des semaines. Peu à peu, Lexa avait cessé de se murer dans le silence. Elle avait recommencé à sortir de sa chambre, d'abord timidement, puis avec plus d'assurance. Elle passait du temps dans le salon, échangeait quelques mots avec Clarke, acceptait même de manger avec elle certains soirs.

Puis, plus récemment, Lexa avait commencé à sortir.

Elle disparaissait parfois des heures entières, et bien que Clarke ne veuille pas l'admettre, cela l'inquiétait. Non pas qu'elle ait peur que Lexa replonge – du moins, c'est ce qu'elle se répétait – mais parce qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait, ni où elle allait.

Mais surtout, Clarke sentait qu'elle lui échappait. Et c'était précisément ce qui la perturbait le plus.

Ce changement radical chez son amie, cette soudaine amélioration après des semaines d'isolement, aurait dû la rassurer. C'était tout ce qu'elle avait espéré, tout ce qu'elle avait voulu pour elle. Alors pourquoi ressentait-elle ce pincement au cœur chaque fois qu'elle la voyait sortir sans un mot ? Pourquoi cette distance qu'elle avait elle-même instaurée lui pesait-elle autant ?

Après sa rupture, elle avait essayé, au début, de se convaincre que tout irait bien. Que Luna et elle n'étaient pas faites pour être ensemble. Que leur séparation était inévitable. Pourtant, une part d'elle n'arrivait pas à se débarrasser de ce poids au creux de sa poitrine.

Elle n'arrivait pas à se débarrasser de la culpabilité non plus. Parce que malgré tout, elle savait. Elle savait ce que Luna avait voulu lui dire. Elle savait pourquoi elle était partie. Et elle haïssait cette réalité. Parce que ce n'était pas censé arriver.

Lexa était en deuil. Elle souffrait. Et Clarke, au lieu d'être seulement la présence rassurante dont elle avait besoin, sentait son propre cœur se débattre dans une tempête qu'elle ne contrôlait plus.

Elle ne voulait pas ressentir ça.

Mais c'était là.

Et plus le temps passait, plus cette évidence lui sautait aux yeux.

Au début, elle avait tenté de lutter, prétextant être occupée, prétextant que Lexa avait besoin d'espace, prétextant une urgence à l'hôpital. Mais c'était un mensonge. Lexa ne l'avait jamais repoussée. Au contraire, elle semblait plus apaisée ces derniers temps. Elle souriait même, parfois. Un sourire discret, presque imperceptible, mais bien réel.

Et Clarke ressentait cette chaleur familière, celle qui lui rappelait qu'elle avait déjà aimé Lexa une fois.

Et qu'elle ne s'était probablement jamais arrêtée.

Mais comment pouvait-elle admettre ça ?

Elle ne le pouvait pas. Pas après tout ce qui s'était passé. Pas après Costia.

Parce que Costia n'avait pas seulement été la petite amie de Lexa. Elle avait aussi été une amie précieuse pour Clarke. Sa meilleure amie.

Et maintenant… maintenant, elle n'était plus là.

Lexa la pleurait encore, même si elle ne le montrait pas. Clarke le savait. Clarke voyait comment ses doigts tremblaient parfois quand elle pensait que personne ne regardait. Clarke remarquait ces moments où son regard semblait perdu dans le vide, comme si elle cherchait quelque chose, ou quelqu'un, qui n'existait plus.

Alors non, Clarke ne pouvait pas ressentir ça.

Ce serait une trahison. Ce serait égoïste.

Et pourtant, peu importait combien de fois elle essayait de se raisonner, combien de fois elle se disait que ce n'était que la nostalgie qui parlait, ou pire, la solitude, son cœur continuait de lui prouver le contraire.

Elle n'avait jamais cessé d'aimer Lexa. Elle l'avait juste enterré sous des années de silence et de regrets.

Et maintenant que Lexa était plus présente dans sa vie, cette vérité menaçait d'exploser à chaque seconde.

Alors elle faisait ce qu'elle savait faire de mieux.

Elle fuyait.

Mais ce soir, alors qu'elle était seule dans l'appartement, cette solitude lui pesa plus que d'habitude.

Lexa n'était pas rentrée.

Et Clarke, sans même y réfléchir, attrapa son téléphone pour vérifier si elle avait un message. Rien.

Elle hésita un instant à lui écrire, puis renonça.

Lexa allait bien.

Elle allait mieux.

Elle n'avait pas besoin qu'elle la surveille en permanence. Mais alors pourquoi Clarke se sentait-elle si vide ?


Lexa marchait lentement sur le chemin de gravier humide, les mains enfoncées dans les poches de son manteau. Le parc était presque désert à cette heure-ci, à peine quelques passants pressés, des joggeurs qui couraient malgré la bruine fine qui tombait sur la ville.

À ses côtés, invisible aux yeux du monde, Costia avançait au même rythme, son regard vagabondant sur les alentours comme si elle redécouvrait cet endroit.

« Ça n'a pas changé. » Murmura Costia, brisant le silence. Elle tourna sa tête vers la brune, un sourire triste aux lèvres.

« Non… pas vraiment. C'est comme ci, tu n'étais jamais partie. »

Le vent fit bruisser les branches au-dessus d'elles, et Lexa resserra son écharpe autour de son cou. Elle avait mis ses écouteurs en sortant de l'appartement, non pas pour écouter de la musique, mais pour donner l'illusion qu'elle était simplement en communication avec quelqu'un au téléphone. C'était plus facile ainsi. Moins étrange.

« Tu te souviens de cette nuit où on s'est posées sur ce banc, juste là ? » Demanda-t-elle en désignant un banc en bois un peu plus loin.

Costia hocha la tête.

« Tu étais en colère ce jour-là. »

« Je venais de rater mon examen d'éthique… » Lexa esquissa un sourire en coin.

« J'avais l'impression que c'était la fin du monde. »

« Tu dramatisais toujours tout. »

Lexa roula des yeux.

« Tu trouvais ça adorable. »

« C'était adorable. »


C'était une de ces nuits où tout semblait figé dans une bulle hors du temps. Le campus était presque désert, la plupart des étudiants étaient soit en train de réviser, soit sortis faire la fête. Mais Lexa et Costia, elles, avaient choisi un tout autre endroit pour échapper à la pression des examens : le parc à quelques rues de leur résidence universitaire.

La nuit était douce, une brise légère soulevait les feuilles mortes sur les allées pavées. La lueur des lampadaires projetait des ombres dansantes autour d'elles tandis qu'elles marchaient côte à côte, Costia légèrement en avance, Lexa traînant les pieds derrière, le visage fermé.

« Je suis foutue. »

Costia s'arrêta et se retourna vers elle, levant un sourcil amusé.

« Tu dis ça à chaque fois. »

« Mais là, c'est vrai. » Insista Lexa en s'effondrant sur le banc le plus proche.

« J'ai complètement foiré mon examen d'éthique. Je suis sûre d'avoir écrit une absurdité monumentale, et si je rate ce cours, ça va bousiller toute ma moyenne, et si ma moyenne est foutue, je vais perdre mon stage, et si je perds mon stage…»

« Tu dramatises. »

Lexa leva un regard sombre vers elle.

« Costia, je suis en train de te dire que ma carrière est finie avant même d'avoir commencé et toi, tu me dis que je dramatise ? »

Costia étouffa un rire et vint s'asseoir à côté d'elle.

« Lex, tu as toujours eu cette manie de voir les choses en noir et blanc. Comme si un seul échec pouvait tout remettre en question. »

« Un seul échec peut tout remettre en question. » Lexa croisa les bras, boudeuse.

« Non. » Répliqua Costia avec douceur.

« Un échec peut juste te ralentir. Mais il ne t'arrêtera jamais. »

La brune ne répondit pas immédiatement. Elle fixa le sol, tapotant nerveusement du pied.

« Tu sais ce qui me saoule le plus ? » Finit-elle par lâcher.

« C'est que j'avais bossé comme une dingue. J'avais tout préparé, j'étais prête. Mais une fois devant la copie, plus rien. »

Costia l'observa un instant avant de secouer la tête avec un petit sourire.

« T'es beaucoup trop dure avec toi-même. »

Elle posa une main sur la cuisse de Lexa, un geste naturel, léger, qui pourtant envoya une décharge électrique dans tout son corps. Lexa retint son souffle un instant, son regard glissant involontairement vers cette main qui la brûlait à travers le tissu de son jean.

Costia ne sembla pas le remarquer.

« Écoute, on va faire un truc. »

« Quoi encore ? » Lexa releva les yeux, méfiante.

« On oublie cette histoire d'examen. Juste pour ce soir. »

« Impossible. »

« Si. » Costia se redressa et ouvrit les bras.

« On est ici, dans ce parc, sous ce ciel magnifique, et on ne bougera pas tant que tu n'auras pas arrêté de penser à cet examen. »

« Ça risque d'être long. »

« Alors, ça veut dire qu'on passera la nuit ici. »

Lexa roula des yeux.

« Génial. J'attraperai une pneumonie et je raterai mes autres examens. »

Costia éclata de rire.

« Je savais que tu dramatisais. »

Lexa ne put s'empêcher de sourire malgré elle. Costia avait ce don agaçant de la faire redescendre sur terre, de lui rappeler qu'elle n'avait pas à porter tout le poids du monde sur ses épaules.

Elles restèrent là un long moment, à parler de tout et de rien, à refaire le monde comme elles en avaient l'habitude. Lexa sentait peu à peu la tension s'échapper de ses épaules, son esprit s'alléger.

Et puis, sans trop savoir pourquoi, elle laissa sa tête tomber doucement contre l'épaule de Costia.

Costia ne bougea pas, ne fit aucun commentaire. Elle resta simplement là, à lui offrir ce soutien silencieux, sa présence apaisante.

« Merci. » Souffla Lexa.

« Toujours. »

Elles restèrent ainsi jusqu'à ce que la fraîcheur de la nuit les oblige à rentrer, mais Lexa se souvenait encore du parfum de Costia ce soir-là, du son rassurant de sa respiration, et de cette sensation fugace qu'avec elle, tout irait toujours bien.


Le silence retomba entre elles tandis que Lexa s'asseyait sur le banc en soupirant. Elle glissa ses doigts sur le bois humide, revivant un instant le passé. Elle pouvait presque entendre les éclats de rire de Costia ce soir-là, sentir sa main effleurer la sienne, le parfum de son écharpe qui sentait toujours un mélange de vanille et de café.

Mais tout ça appartenait à un autre temps.

Costia s'assit à côté d'elle, posant ses mains sur ses propres genoux.

« Lexa…»

« Je sais. »

« Non, tu ne sais pas. »

Lexa détourna le regard, fixant les arbres au loin.

« Je vais mieux, non ? » Dit-elle, comme pour se convaincre elle-même.

« Je sors, je parle, je… j'avance. »

« Tu avances en t'accrochant à moi. » Murmura doucement Costia.

Lexa serra la mâchoire.

« Et alors ? Pourquoi est-ce mal ? » Demanda-t-elle en tournant la tête vers elle.

Costia ne répondit pas immédiatement. Elle la regarda simplement, avec cette tendresse qui lui serrait le cœur.

« Parce que je ne suis plus là. »

Lexa détourna les yeux, fixant un point invisible devant elle.

« Tu es là. »

« Non, Lex. »

Costia secoua doucement la tête.

« Je ne suis qu'un écho. »

Lexa sentit un frisson lui parcourir l'échine.

« Ne dis pas ça. »

« Tu sais que c'est vrai. »

Lexa ferma les yeux un instant. La pluie tombait plus fort maintenant, de fines gouttelettes s'accrochant à ses cheveux.

Elle aurait voulu que ce moment dure encore.

Qu'elles restent là, à parler de tout et de rien, à faire semblant que tout était normal.

Mais ce n'était pas normal.

Lexa ouvrit les yeux et se tourna à nouveau vers Costia.

« J'ai peur de te perdre. » Avoua-t-elle dans un souffle.

« Tu ne me perdras jamais, mais tu dois apprendre à vivre sans moi. » Répondit sa défunte compagne, avec un sourire aussi doux que possible.

Lexa baissa la tête, jouant nerveusement avec le fil de ses écouteurs.

« Pas encore. »

Costia soupira mais ne répondit rien. Elle se contenta de la regarder, d'un regard chargé de tristesse et d'amour mêlés.

Elles restèrent ainsi un long moment, à écouter la pluie, à s'accrocher à une illusion qui ne pouvait pas durer.

Puis, Lexa se leva.

« On rentre ? » Demanda-t-elle.

Costia lui emboîta le pas.

« Oui. »

Et elles repartirent ensemble, à travers un monde qui ne voyait qu'une seule ombre marcher sous la pluie.


Clarke était restée éveillée plus tard que d'habitude, bien qu'elle se soit promis de ne pas s'inquiéter.

Lexa allait bien. Elle allait mieux.

Elle se répétait ces mots en boucle, enfoncée dans le canapé, les yeux rivés sur la porte d'entrée. Son téléphone était posé sur la table basse, silencieux, écran noir. Pas de message. Pas d'appel.

Clarke soupira, passant une main dans ses cheveux, tentant de chasser cette pointe d'inquiétude qu'elle n'arrivait pas à réprimer. Ce n'était pas comme si Lexa lui devait des comptes. Elle était libre de sortir. Libre de faire ce qu'elle voulait.

Mais après tout ce qu'elles avaient traversé, comment ne pas s'inquiéter ?

Ce n'est que lorsqu'elle entendit le bruit des clés tournant dans la serrure que son corps se tendit légèrement. Elle se redressa instinctivement, fixant la porte qui s'ouvrait lentement.

Lexa entra, refermant derrière elle d'un geste mesuré. Elle semblait fatiguée, mais étrangement… paisible.

Clarke ne savait pas trop à quoi elle s'attendait, mais cette vision la déstabilisa.

« Tu es rentrée tard. »

Ce n'était pas une accusation, mais il y avait une pointe de reproche dans sa voix qu'elle ne put masquer.

Lexa posa son manteau et retira ses chaussures avant de s'approcher du salon.

« Oui. J'avais besoin de prendre l'air. »

Elle parlait calmement, comme si cela allait de soi.

Clarke la détailla du regard, cherchant le moindre indice qui pourrait trahir un malaise, une détresse, quelque chose qui justifierait son inquiétude. Mais Lexa n'était ni fuyante ni fermée comme elle l'avait été ces derniers mois.

Et c'était précisément ce qui la troublait.

« Tu aurais pu m'envoyer un message. »

« Je sais. »

Clarke attendit une explication, mais Lexa ne développa pas. Elle se contenta de l'observer, son regard émeraude ancré au sien, avec une sérénité qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps.

Et c'est là que Clarke la sentit. Une présence. Juste à côté d'elle.

Clarke tourna légèrement la tête, mais bien sûr, il n'y avait rien.

Rien qu'un vide étrange, une impression fugace qu'elle n'arrivait pas à saisir.

Mais Costia, elle, était bien là.

Invisible aux yeux de Clarke, elle se tenait assise juste à côté d'elle sur le canapé, aussi proche qu'elle l'aurait été de son vivant. Ses prunelles sombres étaient posées sur son amie, attentives, scrutatrices.

Elle observait Clarke avec intensité, mais sans vraiment savoir pourquoi. Il y avait quelque chose d'étrange. Quelque chose qu'elle ne comprenait pas encore.

Son regard glissa sur Lexa, puis revint sur Clarke, captant des détails qu'elle n'aurait peut-être jamais remarqués auparavant.

Un silence pesant. Une tension subtile. Une émotion qu'elle n'arrivait pas à nommer.

Elle ne comprenait pas. Pas encore.

Mais quelque chose sonnait différemment. Et cela la perturbait.

Lexa, ignorant tout de cette scène silencieuse, s'approcha du canapé et s'assit en face de Clarke.

« Je vais bien, Clarke. »

Elle voulait qu'elle l'entende. Qu'elle la croie.

Clarke pinça les lèvres, luttant contre le besoin de protester, de dire que ce n'était pas si simple. Qu'elle ne pouvait pas juste lui faire confiance après tout ce qu'elle avait traversé.

Mais Lexa la devança :

« Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi à ce point. »

« Tu veux que je fasse quoi, Lexa ? » Répliqua Clarke, sa voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu.

« Que j'ignore tout simplement que tu es partie toute la nuit alors que, il y a encore quelques semaines, tu refusais de sortir de ta chambre. »

Lexa s'attendait à cette réaction. Elle comprenait.

« Je ne fuis pas, Clarke. Pas cette fois. »

Son ton était sincère, presque apaisant.

« J'avais juste besoin de respirer. De retrouver des endroits qui me rappellent… qui me rappellent des souvenirs heureux. »

Clarke fronça légèrement les sourcils, intriguée malgré elle.

« Où étais-tu ? »

Lexa esquissa un léger sourire, fatigué mais sincère.

« J'étais au parc. »

Elle ne précisa pas lequel. Elle n'avait pas besoin de le faire.

Elle avait marché aux côtés de Lexa, ce soir-là, sur ces mêmes chemins qu'elles avaient arpentés ensemble autrefois.

Clarke ne répondit pas tout de suite. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle devait dire.

Finalement, elle se détendit légèrement, laissant échapper un soupir.

« D'accord. »

Ce n'était pas une approbation totale, mais c'était un début.

Lexa la remercia du regard.

Costia, silencieuse à leurs côtés, continua d'observer Clarke, essayant de comprendre cette sensation étrange qui lui nouait l'estomac.

Elle ne savait pas pourquoi elle ressentait cela.

Mais quelque chose lui échappait.

Et elle comptait bien le découvrir.