Je ne possède aucun des personnages de la série.
Un recueil de textes courts sur l'univers de la série Players nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire
Ce texte est écrit pour l'anniversaire de Frank John Hughes
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
QUELQUES TEXTES DES MAITRES DU JEU
La trahison de trop
Ice connaissait suffisamment Charlie pour savoir quand son ami ne se sentait pas bien. Il était parfois difficile de faire le tri entre ses crises de toc, ses exagérations, ses excès et ce qui le touchait réellement, mais Ice tout comme Alphonse savait parfaitement quand c'était le cas. C'était simple finalement, lui qui était si volubile, il devenait mutique, sombre et inapprochable. Il grognait qu'il allait bien et il s'enfermait pour travailler sur son ordi, mais là, c'était différent parce qu'il pleurait…
Assis sur le sol, le dos contre son lit pour se cacher si on entrait dans sa chambre sans frapper, courbé en deux et la tête entre ses mains… il pleurait… et le cœur d'Ice se serra… Merde… ils avaient tenté de lui dire que c'était bien qu'il retombe par hasard sur son père et ils avaient donné l'impression de finir par se comprendre tous les deux, sauf que Charlie pleurait et Ice détestait voir son ami se briser… Charlie ne se confiait qu'à demi-mot, une fois de temps en temps et de manière abrupte, mais Ice savait que son enfance avait été douloureuse, faites de privation, de rejet et de violence maternelle extrême… cette violence qui faisait de lui cet adulte névrosé, psychotique, rempli de tocs et asocial. Un jeune homme en souffrance, mais qui avait réussi à se construire tant bien que mal parce qu'il était intelligent, bien trop intelligent pour ce milieu qui était le sien à sa naissance…
Dans un autre milieu, avec ses 180 de QI, Charlie aurait eu un tout autre avenir… Il avait aussi comprit que son père était celui qui l'avait empêché de finir le lycée, brisant ses rêves d'université et le plongeant dans ce monde de survie qui avait été le sien pendant des années. Depuis que les anciens escrocs travaillaient avec le FBI, leur vie s'était un peu apaisée. Ils avaient des cadres et se sentaient utiles, mais tout ça ne pourrait jamais effacer leur passé.
Ice soupira, se rapprocha et se mit à genoux à côté de Charlie. Perdu dans sa douleur, il continuait à pleurer sans le remarquer. Ice tendit doucement la main et la glissa dans le dos de Charlie pour le ramener dans ses bras. Il le sentit sursauter, se tendre, mais au final, il se laissa tomber contre lui pour l'agripper avec force. Cela aurait été n'importe qui d'autre, il l'aurait mis dehors, mais Ice et Alphonse étaient ses amis, ses frères, il leur devait d'être encore en vie et il savait qu'il pouvait se laisser aller dans leur bras.
Ice le savait parfaitement. Il le laissa faire et caressa son dos tout en le berçant avant de murmurer avec douceur.
- Qu'est-ce que tu as Charlie ? C'est ton père ? Parle-moi.
- Je ne pensais pas le revoir. Je ne voulais pas le revoir. Je sais qu'Alphonse dit que c'est une chance de l'avoir encore, mais ça c'est parce qu'il souffre d'avoir perdu le sien si tôt… J'ai tellement l'impression qu'il se moque de moi, je ne suis que sa « deuxième » famille. Il ne comprend pas que j'aurais eu besoin de lui, que j'ai toujours besoin de lui…
- Pourquoi tu dis ça ? Vous avez passé du temps ensemble au final.
- Le numéro de téléphone qu'il m'a laissé est faux… Comment je dois le prendre ? Hein ? Dis-moi…
- Oh Charlie, murmura son ami en le serrant un peu plus fort contre lui.
- Il ne pensait pas me retrouver et il ne voulait pas me retrouver. Je ne suis rien ni personne pour lui… Je suis un poids… Je l'ai toujours été…
- Hey, répondit Ice en lui pressant la nuque avant de lui faire redresser la tête pour le regarder droit dans les yeux, ne dis pas ça.
- Ah oui ? Ice… Je lui ai dit que je l'aimais, que je l'avais toujours aimé malgré tout ce qu'il m'avait fait subir… et voilà comment il me le montre en retour… avec un faux numéro de téléphone… pour… pour que je ne l'appelle plus jamais…
- Ou pour te protéger, il n'a pas des relations très nettes ton père et il a bien vu qu'en travaillant pour le FBI tu es en train de changer de vie…
- Oh j'en t'en prie, non, pas toi, le coupa Charlie en reculant des bras de son ami pour se caler à nouveau contre son lit, ne lui cherche pas des excuses, ça fait longtemps qu'il n'en a plus en stock… Comment un père peut envoyer son fils de 15 ans en prison à sa place pour se couvrir ? Comment il peut avoir deux familles et ne m'avoir jamais montré où il vit et avec qui ? J'ai des frères et sœurs dont je ne connais ni le nom, ni le visage… je… je ne veux plus le pardonner… parce qu'il ne changera jamais… Tu comprends ?
- Oui et… je suis désolé pour ta famille…
- Désolé ?
- Parce que je sais que par moment tu penses le mériter, mais c'est faux.
- Tu as conscience qu'on a fait de la prison tous les deux ?
- Oui, moi je voulais du fric, toi tu voulais juste survivre… mais tu sais, tu n'es pas seul. On est là avec Alphonse…
Charlie tourna la tête pour lui sourire et essuyer ses larmes avant de murmurer en détournant les yeux.
- Je sais… Alphonse et toi… vous êtes la seule raison qui m'ait empêché de me foutre en l'air. J'étais tellement mal et j'aurai pu mourir sans que personne ne s'en rende compte.
Les larmes étaient revenues et Ice tendit à nouveau la main pour le cramponner et le ramener contre lui. Charlie se laissa faire et posa sa tête sur son épaule pendant qu'Ice lui demanda un peu angoissé.
- J'espère que ces idées là ne tournent plus dans ta tête.
- Non, je… Je ne suis plus seul… vous … vous êtes ma famille.
- Oui, on est ta famille alors, s'il te plaît, quand ça ne va pas, ne te cache pas, on est là, tu sais.
- Merci, souffla Charlie sans redresser la tête et en fermant même les yeux.
Il était encore bouleversé par la manière d'agir de son père, mais il se sentait mieux, c'était déjà ça…
