(Introduction) Soigner Lily


« Pétunia, ouvre ! »

Il frappait à la porte, toujours ignoré. Il savait qu'elle était là.

« Tuney, il faut qu'on parle ! »

La porte s'ouvrit soudainement. Les deux se faisaient face. Ils ne s'étaient jamais appréciés. Pétunia avait peur de lui et le détestait. Et lui, il la méprisait. Leurs deux regards échangeaient du venin. La femme sans beauté fut la première à rompre le silence.

« Qu'est-ce que tu veux ? Bon, entre. Non pas que j'apprécie qu'un monstre comme toi souille ma maison, mais l'autre solution est que j'affronte le froid de l'automne en peignoir, et c'est hors de question. »

Il entra, la femme referma la porte, et le conduisit dans la salle commune. Elle lui désigna un fauteuil à la table, et s'assit en face de lui, avec une tasse de café.

« Je ne t'en propose pas, je n'ai pas envie de t'en servir. »

« Tant mieux, je n'ai pas envie que tu me serves quoi que ce soit. »

Il y eut un nouvel échange de regards assassins. Les parents de Lily et Pétunia étaient décédés peu après le mariage de Lily. Pétunia s'était marié à une espèce de phoque que Severus avait vu de loin lorsqu'ils étaient adolescents. Il avait cru comprendre qu'ils avaient un garçon de quelques semaines âgé de plus qu'Harry.

L'enfant dormait d'ailleurs dans un berceau de la salle. Il avait déjà l'air gras et ingrat, reflétant les deux meilleures facettes de chacun de ses parents. Severus se retient du commentaire, et reconcentra son attention sur la sœur de Lily.

« Alors ? » questionnait-elle au même moment.

« Je suppose que tu n'en a rien à faire, mais Albus veut que je t'informe. »

« Albus ? Dumbledore ? » son regard alla au berceau « C'est au sujet de mon fils ? »

Severus ricana « Ne te fais pas d'espoir Tuney, bien que j'aimerais te voir t'effondrer de très haut, Lily m'en voudrait si je te laissais espérer trop longtemps. Ton fils sera aussi inutile que toi. »

« Retire ce que tu viens de dire. »

« J'aimerais bien, mais j'ai promis de ne dire que la vérité. Donc je ne peux pas. » il sourit comme un prédateur en regardant la sœur si détestable de la plus merveilleuse des femmes.

« Si tu es venu pour m'insulter, sors de ma maison. »

« Je ne suis pas venu pour ça. C'est juste que tu m'en donnes l'occasion à chacune de tes respirations. »

« Je ne te supporterais pas plus longtemps, alors quoi que tu aies à dire, fais le maintenant. »

« Bien. C'est justement au sujet de Lily et son détestable époux. »

« Oh, quelqu'un d'autre a gagné ce titre dans ton riche vocabulaire ? » se moqua Pétunia en croisant les bras. « Je n'aime pas quand nous sommes d'accord cela dit. Alors, que c'est-il passé ? Elle l'a largué ? »

« Pas exactement non. Bien que ça ne soit pas si loin que ça, finalement. »

« Alors quoi ? »

« Ta sœur est à l'hôpital. »

« C'est juste ça ? Ils sont tombés de leurs balais ? »

Pétunia dû subir le regard le plus noir de Severus. Il était effrayant, et la moldu frissonna, et tenta de cacher au mieux sa terreur.

« Ils sont à l'hôpital psychiatrique. »

Pétunia le regarda avec des yeux ronds, puis éclata de rire. Severus la laissa faire, mais il était courroucé. Quelle idée avait eu Albus de lui demander de prévenir cette idiote cruelle.

« Enfin à leur place ! Et pourquoi n'es-tu pas avec eux alors ? »

« Tuney, c'est sérieux. Albus pensait que tu voudrais peut-être voir ta sœur, savoir comment elle va, même peut-être vouloir l'aider à guérir ! Au lieu de ça, tu ris. Tu me dégoûtes vraiment. Et à côté, on va se demander pourquoi je n'aime pas les moldus. »

« Regarde comment tu es désagréable ! » cria Pétunia « Tu passais ton temps à te moquer de moi ou à me jeter des sorts ! Et c'est toi qui me critiques ! Tu jouais au garçon effrayant. Et c'est toi qui as brisé le cœur de ma sœur quand elle avait 16 ans, pas moi. Et après tu oses attendre de moi que j'aime les sorciers ! Ce qui est valable pour l'un l'est pour l'autre. Ne t'étonne pas si je n'aime pas les monstres comme vous. »

« Tu as commencé la première, à traiter ta propre sœur de monstre alors qu'elle te montrait une fleur ! Que tu me parles comme ça, c'est correct, mais Lily ne t'avait rien fait ! Et tu lui as brisé le cœur la première, tous les ans depuis ce jour. »

« Sors de chez moi. »

« Pas avant d'avoir fini ce pour quoi je suis venu. »

Pétunia s'adossa et le laissa s'expliquer, tout en le fusillant du regard.

« Je ne vois pas l'intérêt de t'informer, mais encore une fois, Albus pense que ce serait profitable si tu le savais. Ta sœur et son époux ont été torturés durant de longues heures pas une sorcière folle, une vraie folle elle, comme il pourrait y avoir chez les moldus, ce que vous appelleriez des psychopathes. »

« C'est bon, j'ai compris, continue. »

« Après plusieurs heures sous une torture magique, une atroce douleur, les conséquences sur l'esprit sont inconnus. Nous les avons donc menés à l'hôpital nommé la Ste Mangouste, et ils ont été conduits dans l'aile psychiatrique. À l'heure où je te parle, je ne sais pas quel est l'état de Potter. Mais Lily est éveillée. Elle ne semble pas réactive envers les médecins, ne les voit pas, ne les entend pas. En tout cas, elle ne semble pas réaliser leur présence.

« Quand je suis allé la voir moi-même, elle m'a reconnu. Elle semblait même soulagée de me voir, et n'avait pas le moindre ressentiment à mon égard. Albus pense que la présence de sa sœur pourrait l'aider à refaire surface et à la guérir. À condition que tu ne la traites pas comme un monstre ou un déchet cette fois. »

« C'est toi qui m'as traité comme un déchet. »

« Et c'est toi qui nous as traités tous les deux, moi et Lily, comme des monstres. »

« C'est ce que tu étais. »

« Crois-moi, je suis pire maintenant, mais Lily ne l'a jamais été. »

Le silence s'installa. Pétunia réfléchissait. Severus finit par interrompre ses réflexions.

« Savais-tu qu'elle avait un fils ? »

Pétunia, qui était en train d'observer le sien, tourna soudainement le regard vers son interlocuteur.

« Et vous voulez me le refiler ? »

« Non. Certainement pas. En fait, si Albus avait eu l'idée, je l'en aurais empêché. Mais il a eu la décence d'esprit de le confier à son parrain. C'est un idiot encore pire que toi ou Potter, mais au moins, il sera à portée pour que des personnes raisonnables s'en occupent. »

« Comme toi, je suppose. » le ton sarcastique de Pétunia signifiait qu'elle ne le considérait pas comme personne raisonnable. Ce qui lui valut un regard toujours assassin.

« Plutôt comme de vrais adultes. J'ai mieux à faire que de m'occuper du rejeton de Potter. »

« Tu ne l'aimes vraiment pas, hein. Dis-moi, si tu voulais être à sa place, tu as vraiment réfléchi avant d'insulter ma merveilleuse sœur. »

« On dirait vraiment que tu la détestes. Je ne sais pas pourquoi je perds mon temps avec toi. »

« Oui, je la déteste. Je déteste son époux, et je te déteste plus encore. Je ne veux même pas entendre parler de mon soi-disant neveu. Et pour une fois, je suis prête à espérer que tu dises vrai sur son parrain. »

« Tu vas jusqu'à… souhaiter la mort de ton neveu. » Severus était abasourdi.

« N'est-ce pas un monstre comme vous ? Elle me parlait de ce crétin quand nous étions plus jeunes. Je n'aurais jamais cru qu'elle l'épouserait. Il vaut sans doute mieux que toi, mais à l'époque, elle était amie avec toi, et le méprisait lui. Drôle de retournement, tu ne crois pas ? Et maintenant, tu me dis qu'elle ne voit que toi ? Permets-moi de rire de la situation. »

« Personne d'autre qu'elle ait connu à part moi n'est allé la voir pour l'instant. Et c'est pourquoi Albus aimerait que je te conduise près d'elle. »

« Je ne suis pas prête à l'affronter. Et encore moins à te faire confiance à toi. »

« Qui c'est ? ! » tonna une voix à l'entrée de la pièce.

Severus eu une mine de dégoût en voyant le gros époux de Pétunia. Vermon Dursley, il ne l'avait jamais aimé non plus. Il ne l'avait vu que de loin, et n'avait eu aucune relation avec lui, mais devinait quel genre de personnage désagréable c'était.

Lily lui en avait vaguement parlé lorsqu'ils étaient enfants. Elle ne l'aimait pas beaucoup non plus. Mais il n'en avait plus de nouvelles depuis sa dispute avec Lily.

Pétunia sembla hésiter. Elle ne savait pas quoi répondre à son époux. Alors Severus se leva. Autant faire les présentations, même s'il n'aimait pas l'homme.

« Je suis Severus Snape, un ancien voisin de votre épouse. »

« Tu es l'un d'eux ! »

« Je vous demande pardon ? »

« Oui, c'était un ami de ma sœur. » coupa Pétunia. L'intervention de Severus ne l'aidait pas. Elle ne voulait pas que les deux hommes se battent dans sa maison.

« Merci pour ce rappel ô combien apprécié Tuney. » fit Severus en tournant un regard grimaçant vers la sœur de Lily. « Nous avons plusieurs solutions, Tuney. Soit nous sortons pour poursuivre la discussion, soit nous sortons pour aller où je t'ai dit, soit je m'en vais. En espérant que Dumbledore ne me demande pas de revenir, ou qu'il viendra lui-même la prochaine fois. »

« La prochaine fois ? Lui-même ? » Pétunia blêmi. Elle méprisait Severus, mais elle craignait vraiment le vieux sorcier.

« Oui, il tient vraiment à cette rencontre entre vous. Tu devrais te douter que s'il n'y tenait pas temps, j'aurais réussi à le dissuader de me forcer à venir te voir. Ce n'est pas un plaisir. »

« De quoi parlez-vous ! Et quelle est cette intrusion chez moi ! » tonna Vermon

Severus ne comptait pas lui adresser la moindre parole. Il avait déjà fait assez.

« Je vais m'habiller. Mais je ne peux pas laisser mon adorable deudleydounet tout seul ici. »

« Eh bien, embarque ton immonde progéniture avec toi alors. Je n'ai pas vraiment de moyen de t'en empêcher. » grinça Severus.

En fait, il pouvait aisément l'en empêcher, mais ne voyait pas l'intérêt. Il était fatigué de faire des mesquineries. Il avait déjà assez à gérer avec ses élèves. Au moins, Pétunia savait se tenir un peu.

Il sortit dehors, et laissa les deux époux s'expliquer. Pétunia sortit une demi-heure plus tard, fraîchement vêtu, avec son gros bébé dans un couffin.

« C'est là que je te dis que le voyage avec un nourrisson ne peut pas bien se passer. Ou du moins ne sera pas agréable pour lui. Je m'en moque mais ce n'est peut-être pas ton cas. »

« Quels sont les moyens de s'y rendre ? »

« Transplanage. C'est un déplacement instantané d'un endroit à un autre. Et ça tourne fort. Un sorcier non habitué peut vomir à l'arrivée, et mettre un bon nombre de voyages avant de s'habituer. Alors un moldu comme toi… Et je ne te parle pas de ton mini-phoque.

« Autre option, le feu de cheminette. Je n'ai pas vraiment de poudre sur moi, et la poussière n'est pas forcément bonne pour un bébé.

« Je n'ai pas de balais sur moi, et ne compte pas me balader avec toi dessus. »

« Ne te vante pas, je sais que tu n'aimes pas voler. Lily m'a dit. »

« Il y a d'autres manières de voler que sur un balai. Mais pas avec un passager. »

Pétunia attendait qu'il reprenne le cours de ses énonciations.

« Il y a des voitures ou scooter volant. Je n'en vois pas dans la rue. Et je ne rêve pas de conduire une voiture avec toi dedans. »

« Alors comment fait-on ? Tu es encore plus médiocre et ridicule que dans mon souvenir. Tes grands airs sont si faux finalement. »

« Je peux aussi te laisser planter là, et t'envoyer Albus Dumbledore. »

Lorsque Pétunia blêmi, Severus sourit méchamment. Soudain, il attrapa son poignet sans prévenir, et transplana. Il rattrapa le couffin alors que Pétunia tombait en arrière, étourdit. Elle perdit de sa dignité en atterrissant sur son derrière, mais se releva et ne montra pas signe de nausée.

Severus était contrarié de la forte résistance de Pétunia. Le bébé n'était pas du même acabit, et la femme due gérer un enfant malade et vomissant. Elle refusait de le laisser aux soins des médicomages, mais accepta de passer du temps dans une salle appropriée pour régler le problème elle-même.

Severus était vexé de devoir l'attendre, et sa patience était épuisée depuis longtemps lorsque Pétunia revint. Il la conduisit ensuite jusqu'aux couloirs des soins psychiatriques.

Il se présenta aux soignants, et expliqua qu'il amenait la sœur de Lily Potter. Il avait failli dire Lily Evans, ce qui lui conféra un reproche et une moquerie de Pétunia.

Les soignants proposèrent de s'occuper de son enfant pendant qu'elle allait voir sa sœur, et Pétunia leur cracha son refus et son dégoût pour les sorciers. C'est à ce moment-là que les médecins apprirent que Lily était une né-moldu, et sa sœur une moldu.

Severus tenta cependant ensuite de raisonner l'impétueuse et méprisable dame, mais rien n'y fit, elle ne leur laisserait pas son adorable enfant.

Finalement, elle eut gain de cause, et les médecins ouvrirent la porte, laissant Severus entrer en premier, suivi de Pétunia.

Lily était assise sur le bord de son lit, les mains croisées sur les jambes, le regard dans le vide.

« Lily… » appela doucement Severus.

Il ne remarqua pas le choc de Pétunia qu'il avait provoqué en parlant si doucement et aimablement pour la première fois en sa présence.

Lily leva lentement la tête, et son visage fut illuminé par un grand sourire lorsqu'elle vit son ami d'enfance.

« Sev ! Tu es revenu. »

« Oui, je te l'ai dit, je reviendrais toujours te voir. J'ai amené ta sœur. »

« Tuney ? Où est-elle ? »

Le duo qui était entré se figea. Severus ne comprenait plus. Et Pétunia était profondément blessé. Au fond, même si elle faisait tout pour mépriser et détester sa sœur, même si elle la jalousait maladivement, se sentir rejetée par elle lui faisait mal.

Elle s'était déjà disputée avec Lily. Sa sœur était capable de se mettre en colère. Mais elle n'avait jamais été ignorée comme ça, avec une Lily si paisible, calme et innocente.

« Je… je dois sortir. » finit-elle par lâcher.

Mais Severus l'attrapa par le bras.

« Non, tu restes. Nous devons essayer. Et comprendre. » Severus ne l'avait pas regardé, il continuait de fixer Lily dans sa stupeur.

Lily le regarda interloquée. « À qui parles-tu ? Je n'ai pas dit que je partais. »

« Ta sœur l'a dit. Elle est là, juste à côté de moi, Lily. C'est Pétunia. »

Severus avait tiré Pétunia à côté de lui. La moldu fixait sa cadette avec horreur, mais ne disait plus rien.

« Ce n'est pas drôle, Sev. » se renfrogna Lily

« Je ne plaisante pas, et je ne trouve pas cela drôle non plus. »

Severus s'approcha de Lily avec Pétunia. Il lâcha ensuite la femme, et s'agenouilla devant son amour.

« Lily, ta sœur est vraiment là, juste là. »

Mais Lily ne lâchait pas Severus du regard.

« Je ne la vois pas Sev. »

« Tu ne la regardes pas. »

« Parce qu'il n'y a que toi. »

« C'est ridicule ! » s'exclama Pétunia. « De toute évidence, je n'ai plus rien à faire ici ! »

« Pétunia, reste. Pour Lily. Si tu as un minimum de respect encore, tu resteras. »

Pétunia lança un air sombre vers Severus. « Cette remarque du respect me donne juste plus envie de partir pour te montrer que je n'en ai plus pour vous. »

« Tuney, s'il te plaît. »

Pétunia resta, et regarda Severus. Il lui avait parlé si gentiment, presque… triste ? Et lui avait même dit s'il te plaît. Elle s'accroupit à côté de lui, et se tourna vers sa sœur.

« Que fait-on ? » demanda-t-elle

Alors, Severus se confia à Petunia. Il oublia toutes les rancœurs, et ne la considéra plus que comme la grande sœur que Lily avait aimée. Il choisit de taire tous les défauts qu'il voyait en Pétunia, et de lui dévoiler ses sentiments. Et Pétunia l'écouta, mettant elle aussi ses ressentiments de côté.

« Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. L'idée d'Albus était de dire que si elle me reconnaissait, et qu'elle ne semblait plus en colère contre moi, alors elle t'accorderait forcément sa confiance, et que tu pourrais l'aider à guérir. Maintenant, je ne sais pas. Je suis perdu, Tuney. Elle est juste là, mais… elle ne semble rien voir. Rien entendre. »

« Sev, tu m'inquiètes. » émit faiblement Lily. De toute évidence, la situation l'effrayait aussi.

« Lily, tu sais que tu as un neveu ? » demanda Severus en souriant tristement.

« Vraiment ? Mais nous sommes si jeunes. J'ai un neveu ? Le fils de Tuney ? Quand s'est-elle mariée ? Avec Vermon ? Je ne l'aime pas beaucoup. Je trouve que c'est un méchant homme. Mais Tuney a l'air si heureuse quand elle parle de lui. Ils s'aiment, et c'est le plus important. Et puis, il n'est pas aussi mauvais que ton père. »

« Elle est mariée… depuis longtemps, souviens-toi. »

« Peut-être. Mais ça doit être un tout petit enfant alors. Je ne l'ai jamais vu. Comment est-il ? »

Severus regarda Pétunia. Elle hocha la tête, et se releva pour déposer son enfant dans les bras de Lily. Lily sursauta, et il fallut que Pétunia s'installe à côté d'elle et l'enlace avec son enfant pour que le bébé ne chute pas.

Severus regarda les deux sœurs, tenant ainsi l'enfant, dans une étreinte aimante. Mais Lily était à nouveau dans le vide. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Elle était perturbée. Alors elle laissait faire, dans le vide, comme un fantôme. Comme quand Severus n'était pas là.

Alors le jeune homme se leva et s'installa de l'autre côté de Lily. Il posa une main sur son épaule libre et lui sourit. Lily tourna le regard vers lui, et accepta l'étreinte de sa sœur. C'était toujours comme si Pétunia et son enfant n'étaient pas là, mais Lily n'était plus absente. Elle regardait Severus. Il était là, pour elle.

Pétunia pleura doucement, en silence. Sa sœur était là. Et elles ne se disputaient pas. Cette étreinte, était-ce des pardons silencieux ? Des réconciliations après tant d'années de colère, de jalousie et de haine ? Sa détestable sœur, que tout le monde prenait pour parfaite était là, toujours aussi belle, mais n'était qu'une coquille vide.

Pétunia redécouvrait le monde, elle redécouvrait sa sœur et cet ami qu'elle avait toujours méprisé. Ils étaient finalement charmants quand ils étaient ensemble. Seule une sœur comme Pétunia pouvait comprendre ce qui arrivait à Lily.

Elle avait écouté sa petite sœur. Bien qu'elles furent en froid depuis des années, elle s'était inquiétée de savoir comment était son neveu, elle voulait le connaître. Elle voulait connaître l'enfant de cette grande sœur imparfaite qui l'avait chassée de sa vie.

Quelque part, Pétunia ne voulait pas bien penser de sa sœur. Elle voulait la détester. Tout le monde l'adorait, elle était jalouse, ne voulait pas donner l'impression qu'elle aussi l'aimait et l'admirait.

Elle ne l'admirait toujours pas. Mais elle était attachée à elle. C'était sa petite sœur, fragile, et malade. Elle devait prendre soin d'elle. Mais elle ne voulait toujours rien avoir à faire avec les sorciers.

Elle regarda Severus. Il ne faisait pas attention à elle, il se contentait de lui permettre d'enlacer sa sœur sans que cette dernière soit un véritable meuble inerte. Il était concentré sur le regard de Lily, à capter son attention et la rendre plus vivante dans les bras de Pétunia.

Severus et Pétunia s'étaient toujours détestés. Et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était là juste pour lui permettre d'être avec sa sœur. Il ne profitait pas de la moindre étreinte de Lily. Il la laissait à Pétunia. C'était comme s'il était là juste pour permettre aux deux sœurs d'être ensemble.

Ils restèrent comme cela durant un long moment. Les soignants avaient décidé de les laisser en silence, tranquille. Le tableau était émouvant et sincère. Et pourtant, si triste. Terriblement et affreusement triste.