(La pierre philosophale) Draco
Lors du repas, ils commencèrent à critiquer chaque chose en rapport avec le professeur Snape.
« C'est une sale chauve-souris grasse ! » annonça Ron, avant qu'Hermione ne le rabroue.
« C'est un professeur, vous lui devez le respect. »
« Ah je comprends, tu sais qu'il avait raison lorsqu'il t'a critiqué, donc tu le défends. Mais pour nous il est allé trop loin. »
Harry n'écoutait pas. Il espérait que Neville allait mieux. Il décida de quitter la table tôt pour se rendre à l'infirmerie.
Le préfet Percy Weasley vint près du groupe de première année.
« Votre premier cours de vol a lieu de 13h à 16h exceptionnellement cet après-midi. Vous verrez avec le professeur pourquoi. Ron, fourre moins de nourriture dans ta bouche d'un coup, c'est particulièrement sâle. »
Le jeune frère du préfet lança un regard noir à son aîné. Le cinquième année haussa simplement les épaules et retourna auprès de ses propres camarades.
Harry était en train de terminer son repas lorsqu'une superbe chouette entièrement noire vient se poser près de lui, un petit parchemin dans ses pattes.
Le garçon prit le mot, et l'oiseau s'envola pour aller s'installer près du professeur Snape qui lui donna une récompense en caressant tranquillement son plumage soyeux.
Harry se détourna de la scène et porta son attention sur le message.
Votre retenue a lieu à 16 h 15 précise. Ne soyez pas en retard. Prévenez Monsieur Longbottom. Rendez-vous dans mon bureau.
Le garçon fourra la note dans sa poche et se leva de table pour se diriger vers l'infirmerie.
Madame Pomfresh l'accueillit avec douceur et sans la moindre surprise.
« Ah, le jeune Potter. Vous venez voir Neville, n'est-ce pas ? »
« Oui, Madame. »
« Salut Harry. » fit la petite voix de Neville, assit sur un lit.
« Je vais vous laisser les garçons. Il n'y a que vous pour le moment donc vous pouvez discuter, mais faîtes attention à ne pas arriver en retard à votre prochain cours. »
« Oui Madame, merci. » fit gentiment Neville.
Il connaissait bien l'infirmerie. Avoir passé une enfance maladroite avec Hagrid l'avait souvent conduit auprès de cette dame. L'infirmière partit dans son bureau, laissant les deux garçons seuls.
Neville raconta son séjour à l'infirmerie, et Harry lui résuma la fin du cours de potion.
« Il nous méprise vraiment, hein ? » s'enquit timidement Neville.
« Non, c'est juste… qu'il est un peu dur. »
Neville regarda son ami d'un air sceptique. Harry se frotta le menton.
« Il a raison, même s'il ne l'a pas vraiment dit, tu te souviens de l'avertissement de McGonagall. Il est facile de penser que les erreurs peuvent être encore plus graves en potion. »
« Tu dis ça pour moi. Mais c'est juste que je suis nul, ça n'est certainement pas aussi dangereux pour les vrais sorciers. »
« Neville, tu es un vrai sorcier. Tu es juste un peu… maladroit. Et puis mon chaudron aussi a eu un problème. Snape a dit qu'il y avait quelque chose d'étrange dans nos ingrédients. »
« Tu ne t'es pas retrouvé ici, toi. »
« Le professeur a fait disparaître ma potion avant qu'elle n'explose. »
Neville émit un faible sourire. « Tu dis ça juste pour me rassurer. Mais merci. »
Harry était triste de voir la si faible confiance que le garçon avait en lui. Il commençait à être en colère contre son professeur qui brisait le peu de confiance qu'avait son ami.
Il décida alors de lui faire regagner confiance. Il était persuadé que Neville pouvait répondre à au moins une des questions de Snape.
« Neville… tu es bon avec les plantes, n'est-ce pas ? »
« Je ne sais pas, mais j'aime beaucoup la botanique, c'est passionnant ! Si tu voyais le nombre de livre qu'il y a dessus à la bibliothèque ! Et la serre du professeur Chourave ! Hagrid m'y emmenait parfois, et le professeur Chourave me permettait de l'aider. J'ai appris pleins de choses. »
« Alors… les questions de Snape… c'était un peu ça, non ? La dernière question, c'était un peu comme s'il te faisait un cadeau, dans le but que tu te ressaisisses et puisses montrer à tous que tu avais déjà des connaissances. »
« Oui, je sais. C'était même une question très simple, enfantine. Mais j'avais peur. Bien trop peur. »
« Et… pour la première question… »
Neville s'était attendu à cette discussion. Il avait seulement pensé l'aborder lorsqu'ils rédigeraient leur essaie sur la potion contre les furoncles.
« Il y a quelque chose que tu voudrais savoir dessus ? »
« Oui. Pour cette question-là, explicitement, il s'attendait à ce que je sois capable de répondre. Il me semblait d'ailleurs avoir compris. Mais… je n'arrive pas à m'en convaincre. J'ai eu l'impression que tu avais compris quelque chose toi aussi. »
« Oui.… Je ne sais pas comment on doit le prendre. Toi en particulier. Il me semble qu'il a employé un code issu du langage des fleurs. »
« Un code pour dire quoi ? » questionna Harry.
« Rappelle-moi la phrase exacte ? Si tu t'en souviens. »
« Oh, oui, c'est certain, elle est gravée dans ma mémoire. "Qu'est ce que j'obtiens si j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre dans une infusion d'absinthe." »
Harry ne pouvait pas l'oublier. Cette question l'avait profondément marqué. Il avait beaucoup lu, et beaucoup appris sur les significations et les doubles sens des mots. Cela faisait partit de son entraînement de latin et d'analyse des formules. Il devait aussi être capable d'avoir une idée sur toutes choses. Ingrédient de potion compris. Et ce qu'il avait cru analyser de la question lui laissait une profonde interrogation.
Neville lui répondit avec patience et douceur.
« L'Asphodèle signifie "Je regrette le passé". L'Absinthe renvoie aux peines de cœur, à l'absence, ainsi qu'à la séparation. »
« C'est bien ce qu'il me semblait. Mais je ne comprends pas le message qu'il essayait de nous faire passer. »
« De te faire passer, Harry. L'asphodèle est une fleur de la famille des liliacées. C'est une fleur de Lily. Que se passe-t-il s'il ajoute des regrets du passé liés à Lily aux peines de cœur qu'il a éprouvé ? L'absence renvoie à l'absence de Lily, puisque ce qui est ajouté est de la poudre de liliacée. Et la séparation… il a été séparé de Lily. »
Harry souffla la réponse à la question pour lui-même.
« Le mélange d'Asphodèle et d'Armoise donne la Goutte du mort vivant, un puissant somnifère. »
« Ce qui là encore est assez symbolique. Le message est clair, Harrry, la question t'était adressée. Et elle parlait de Snape et de ta mère. »
« Je savais qu'il y avait quelque chose de spécial entre eux… mais je ne sais toujours pas ce qui s'est passé. Et pourquoi ma mère s'est retrouvée avec James Potter ? Et s'il me donnait des indices pour que je cherche quelle est l'histoire ? Il vante la ruse, la logique, l'intelligence et les énigmes. »
Neville sourit, la conversation l'avait grandement détendu. « À se demander si c'était un chapeau flou Serpentard-Serdaigle. »
Harry pouffa. « Oui. »
Il expliqua ensuite comment s'était passé le repas, et son camarade ne réalisa que maintenant qu'ils n'étaient pas censé avoir cours l'après-midi. Il avait complètement oublié.
Harry décida de ne pas lui parler tout de suite du message de Snape vis-à-vis de leur retenue. Il savait à quel point son ami en avait peur, et ne voulait pas qu'il soit distrait et anxieux tout l'après-midi.
Ils n'arrivèrent pas en retard au cours de vol. Ils croisèrent même un groupe de Gryffondor et un autre de Serpentard au détour d'un carrefour de couloir.
« Tiens, n'est-ce pas ces incompétents impotents du cours de potion ? » ricana Malfoy en apercevant les gryffondors.
Ron fut piqué au vif. « Nous ne pouvons pas tous être parmi les "quelques privilégiés… qui possèdent des prédispositions…" »
Malfoy rit et parla sans cacher son amusement. « Belle imitation Weasley, mais si tu penses m'insulter comme ça, c'est raté. »
Ron devint aussi rouge que ses cheveux alors qu'ils arrivaient tous sur le terrain pour le cours de vol. Les autres serpentards ainsi que les serdaigles et les pouffsouffles attendaient tous, prêt pour le cours.
« Bonjour à tous. Ceci est votre premier cours de vol. Je suis votre professeur, Madame Bibine. Durant toute l'année je vous apprendrais comment monter sur un balai.
« Les années suivantes, vous pourrez joindre l'équipe de Quidditch de votre Maison si vous êtes suffisamment bon. Je suis l'arbitre qui gère les matchs durant l'année, et c'est à moi que vous devrez vous adresser pour postuler et entrer en contact avec le capitaine de l'équipe de votre Maison.
« Mais ceci n'est pas un cours de Quidditch. Seulement de vol sur balais. Vos prochains cours auront lieu le mercredi matin, sauf mauvais temps, auquel cas je vous informerais d'un décalage du cours pour un après-midi dans la semaine.
« Aujourd'hui est un cas spécial. Le directeur Dumbledore a décidé que vous deviez avoir votre premier cours de vol le plus tôt possible. Comme toutes les Maisons ont vol en même temps, c'est un moyen pour que vous appreniez à vous connaître. Mais ce n'est pas un cours de bavardage ou de sociabilisation. C'est un cours de vol. »
Le professeur, Madame Bibine, leur fit prendre à chacun un vieux balai fourni par l'école, et leur demanda de le poser au sol à leurs pieds.
« Voler sur un balai est très dangereux et demande la plus grande concentration pour ne pas faire une chute mortelle. Faîtes un pas en avant près de votre balai, tendez la main droite, et dite "debout" d'un ton ferme. »
Ils avaient tout l'après-midi pour s'exercer. Tant qu'ils n'étaient pas capables d'appeler leur balai, ils ne devraient pas pouvoir voler correctement.
Tous les élèves s'installèrent. Malfoy râlait de devoir faire cet exercice stupide alors qu'il était déjà excellent en vol sur balais. Ron grognait que ce n'était qu'un frimeur.
« Si t'es si bon que tu l'dis, montre-nous comment tu invoques ton balai Malfoy. »
« Tiens ta place, Weasley, et ne me parle pas sur ce ton. »
Madame Bibine vint se placer devant le blond.
« Qu'attendez-vous ? »
Malfoy tourna un regard hautain et suffisant vers le roux.
« Regarde bien, Weasley. Debout ! »
Malheureusement, parler à son balai sur le même ton qu'à son camarade, sans cesser de regarder ce dernier, ne fonctionnait pas pour plaire à l'engin. L'outil aurait dû rester sur place, mais la volonté de Draco était bonne. Alors il se le prit dans le nez.
La majorité des enfants rirent devant un Draco qui portait les mains à son visage. Le sang coulait entre ses doigts, mais il n'avait pas l'air d'avoir vraiment mal.
« Ah oui, en effet, c'était spectaculaire Malfoy ! » réussit à articuler Ron entre deux fous rires.
Bibine se tourna vers l'autre garçon.
« À votre tour alors. »
Ron déglutit soudainement et se calma instantanément. Il appela timidement son balai. Rien ne bougea. Il commença alors à répéter de plus en plus fort. Son balai eut de légères réactions, et bougeait de plus en plus vite sur le sol, sautant de gauche à droite.
Lorsque Ron en vint à crier, son balai monta si brusquement dans sa main qu'il en tomba à la renverse.
Madame Bibine secoua la tête doucement. « Concentrez-vous tous les deux sur votre travail au lieu de vous pavaner ou de vous moquer. Au prochain écart de conduite de l'un de vous, j'enlèverais des points. »
Harry passa beaucoup de temps à réconforter Neville. Lorsque ce fut suffisamment fait, il appela son balai pour la première fois. Il réussit du premier coup.
Malfoy l'avait vu de son œil attentif. Son balai à la verticale, il s'appuya dessus.
« Bravo Potter, voilà quelque chose où tu pourras peut-être t'élever au-dessus du zéro. »
Lorsque Hermione, la dernière, parvint enfin à faire lever son balai, la suite du cours put commencer. Madame Bibine leur dit d'enfourcher les balais. Elle leur expliqua ensuite ce qu'elle attendait d'eux et comment le faire.
Il s'agissait simplement de décoller de quelques centimètres à son coup de sifflet puis de redescendre. Elle n'eut pas le temps de siffler avant que le balai de Neville ne commence à l'emmener haut.
Madame Bibine lui intima de redescendre.
« J'aimerais bien, seulement, je ne sais pas comment faire. » fut la réponse du garçon avant qu'il perde totalement le contrôle à cause de son anxiété.
Le balai fit des tours et des tours, se cogna au mur, se retourna, s'éleva, fila au travers du terrain, et même passa par une fenêtre avant de ressortir sous les cris des étudiants de la salle.
Neville se retrouva au sol, un bras brisé. Madame Bibine décida de l'emmener à l'infirmerie et interdit à quiconque de décoller.
« Si je vois un seul balai dans le ciel lorsque je reviens, ce sera le renvoi assuré ! »
Malfoy n'attendait que le départ du professeur. Son œil avait été attiré par un reflet à l'endroit où Neville avait chu. Il s'approcha, se mit à genoux, et ramassa une petite sphère. Il sourit. C'était un Rapeltout. De quoi se moquer des Gryffondors étourdit.
Il se releva, et se tourna vers tous ses camarades, en jouant avec l'objet.
« S'il avait regardé ça, cet idiot se serait souvenu qu'il valait mieux atterrir sur ses fesses. »
Harry s'avança, mécontent.
« Rends-moi ça Malfoy. »
« Mmm… non. Je pense que je vais plutôt aller le poser à un endroit où il le retrouvera… »
Malfoy tint son balai d'une main, dans une diagonale presque verticale. Élégamment adossé au manche, les pieds appuyés sur le fagot, il glissa en lévitation parmi ses camarades.
Il regardait les regards mi-admiratifs mi-agacés des autres enfants avec un sourire narquois. Après être passé à travers le groupe entier, il enfourcha l'engin et s'éleva haut. « Je vais aller le mettre sur le haut du clocher. »
Harry lui lança un regard noir, et sauta sur son balai. Il rattrapa vite Malfoy pour lui faire face.
Le blond n'avait pas perdu son sourire, même si intérieurement il était impressionné par le culot du Gryffondor. Il ne s'attendait pas à ce qu'il est le cran de le rejoindre.
« Tu cherches les ennuis, Potter. »
« Donne-moi ça, Malfoy, ou je te fais tomber de ton balai. »
« C'est ça que tu veux ? » répondit Draco en lançant la boule au-dessus de sa main, toujours narquois.
Harry lui fonça dessus, mais Draco fit simplement tourner son balai sur place rapidement pour esquiver, pas le moins du monde gêné d'avoir la tête en bas pendant un instant, et sans être étourdi par la rotation.
Le blond tourna la tête vers Harry qui faisait un demi-tour. « Si tu veux lui rendre,… Va chercher ! »
Il lança le plus fort qu'il put la sphère vers le bâtiment. Il souriait en observant l'objet foncer à toute vitesse dans le but de s'écraser et avec de la chance de se briser contre les pierres.
Il ouvrit les yeux plus grand en sentant le rapide courant d'air à côté de lui. Harry venait de se lancer à la poursuite de la boule. Soudainement anxieux, Draco redescendit vite sur le sol, avant qu'un enseignant puisse le voir dans le ciel.
Il venait de se fonder dans la masse comme si de rien n'était lorsque Harry évita in extremis la fenêtre de McGonagall en attrapant le Rapeltout. Draco sentit venir les ennuis et laissa échapper une grimace.
Il était un Serpentard, il saurait convaincre de son innocence… sauf si le reste de la classe décidait de l'accuser. Il observait sombrement Harry descendre parmi un groupe d'élèves l'acclamant comme un héros.
La cote de Malfoy semblait être descendue d'un coup, au profit total et absolu du fils Potter. Les Serpentards restaient à ses côtés, mais la moitié ne le faisait que pour ne pas être surpris félicitant un Gryffondor.
Draco fut le premier à la voir. McGonagall sortait dans la cour à grand pas.
« Harry Potter ! »
Draco sursauta en réalisant que seul Harry était appelé. Elle ne l'avait pas vu. Espérons que personne ne l'informe.
« Suivez-moi. »
Le ton sans appel du professeur qui tournait déjà les talons rassura Draco pour un moment. Elle n'avait pas laissé le temps pour les explications. Mais c'était le chef Gryffondor. Harry se plaindrait, et la dame punirait le jeune Serpentard.
