(La pierre philosophale) L'exploration du 3e étage


Le premier son fut le claquement du livre que Draco avait refermé. Il se leva en laissant sa chaise glisser sur le sol par le mouvement de ses jambes se mettant droites.

« Nous partons. » se contenta-t-il de dire pour finaliser de réveiller ses camarades qui étaient tous plongés dans leurs études.

Harry ne leva pas la tête et lui parla sèchement. « Je peux finir ce chapitre ? »

« Non. » Draco n'avait aucune raison de montrer de la politesse dans son ton au vu de l'attitude du Gryffondor.

Harry rouspéta et rangea ses affaires. Neville et Hermione suivirent en silence.

Le Serpentard ne leur laissa même pas l'occasion d'aller poser leurs affaires dans leurs dortoirs avant de bifurquer dans le bureau de leur cheffe de Maison.

McGonagall releva le regard et aperçut un jeune garçon blond et pâle aux yeux bleu-gris bien soigné entrer avec assurance, suivit de trois de ses Gryffondors de première année bien connus qui tenaient encore leurs sacs.

Ils étaient en période d'examens, et à en juger par l'épaisseur des cartables, ses trois petits lions avaient décidé de beaucoup travailler. Mais que faisait le jeune Malfoy avec eux, à entrer dans son bureau. Sans frapper qui plus est. Enfin, vu l'air qu'arboraient les trois autres, elle pouvait se douter que s'il n'avait pas été le meneur, ils seraient entrés en courant.

« Que voulez-vous ? » fit-elle en regardant ses lions. Puis elle se tourna vers le blond. « Monsieur Malfoy ? »

« Bonjour Professeur. Veuillez nous pardonner cette intrusion, mais nous avons besoin de parler au professeur Dumbledore de toute urgence. »

« Je ne sais pas ce que vous lui voulez, mais il n'y a pas grand-chose qui nécessite un quelconque empressement. »

« Croyez-moi, Professeur, cela est nécessaire. »

« Quoi qu'il en soit, le professeur Dumbledore n'est pas là. Il s'est absenté pour une affaire urgente. »

Elle vit le regard des enfants se décomposer. Et chose rare, un Serpentard bafouiller devant elle sans qu'elle soit en train de le punir.

Harry vint au secours de Draco qui n'avait pas prévu de gérer cette situation. Il s'avança vers le bureau de McGonagall.

« Écoutez, c'est vraiment important ! Nous savons pour la pierre philosophale et quelqu'un va essayer de la voler ! »

Le visage de McGonagall se décontenança.

« J'ignore comme vous avez appris pour la pierre, mais je puis vous assurer qu'elle est parfaitement en sécurité. »

Draco renifla. McGonagall lui lança un regard sombre, et chercha à le détailler suffisamment pour comprendre ce qui avait provoqué cette réaction.

La petite Granger s'approcha à son tour.

« Professeur, croyez-nous, s'il vous plaît. Nous savons de source sûre que quelqu'un va voler la pierre. »

« Ne vous en préoccupez plus, ou je vous enlèverais des points. » Elle tourna le regard sur le jeune Malfoy, qui n'avait pas été puni de l'année, même si elle était certaine qu'il avait fait des erreurs. Seulement, impossible de le prendre. « Et vous mettrais en retenue. »

Draco haussa les épaules. « C'était évident. » Il tourna les talons et sortit, évitant de quelques millimètres de bousculer Neville.

« Excusez-nous, Professeur. Nous ne voulions pas vous déranger inutilement. » s'empressa de dire le dernier garçon avant de s'enfuir à la poursuite de son camarade.

Hermione et Harry s'excusèrent sans cœur, persuadés d'avoir raison, et partirent ensemble.

McGonagall soupira. Elle allait devoir informer Severus de cette interaction avec ces enfants.


Draco marchait rapidement dans le couloir. Il savait comment cela devait se passer. Il le savait depuis le début. Mais ces stupides Gryffondors qu'il avait appelés ami à un moment l'avaient convaincu que c'était la peine d'essayer. Et il avait espéré pendant un court moment que c'était vrai. Mais la vérité lui avait été retournée en pleine figure. Cela avait été totalement inutile. Et que lui, un Malfoy, se soit ridiculisé de la sorte, en se présentant devant la chef Gryffondor avant son propre parrain qui plus est, était plus que ce qu'il pouvait accepter.

Neville finit par le rattraper et le força à s'arrêter.

« Draco, qu'est-ce que tu as ? ! »

« C'est pas tes affaires Longbottom. »

« Draco… tu ne m'as plus appelé comme ça depuis longtemps. Draco, ce que nous avons fait était utile. Maintenant, elle sait, elle est au courant, et elle sait aussi que nous savons. Elle sait que nous n'allons pas abandonner, Hermione et Harry étaient assez explicites à ce sujet. »

« Et qu'est-ce que ça changera exactement ? Elle ne va rien faire ! Elle est comme les autres. Au moins, mon parrain avait eu la décence de faire croire qu'il s'en souciait et qu'il allait agir en conséquence. Elle, elle va rester passive. Peux-tu bien me dire ce que nous, des enfants de premières années, pouvons bien faire pour contrer les plans d'un mage noir ? »

« Tu as peur, n'est-ce pas. »

« N-non. »

« Si, tu as peur. Tu es terrifié, Draco. Je le suis aussi. Je ne peux cesser de me rappeler de cette nuit, dans la forêt. Et si nous rencontrions cette chose, que pourrions nous faire ? C'est ce que je me demande. Mais je ne peux pas permettre que cette chose obtienne la pierre. Peux-tu imaginer de quoi il serait capable alors ? De la terreur qu'il nous inspirerait s'il revenait ? S'il revenait parce que nous n'avons pas tout fait pour l'arrêter ? Je ne veux pas me sentir coupable de ça. Et je ne veux pas que ça ait lieu. »

« Et qu'est-ce qu'on pourrait bien y changer ? »

« Si McGonagall sait, elle prendra forcément des mesures. Même si elle ne nous croit pas, elle va s'attendre à ce que nous bravions son autorité… et à ce que nous tentions d'arrêter cela nous-même. Alors si nous avons un problème là-bas, elle sera prête à nous venir en aide. Elle n'est pas idiote, et ne peut pas rester passive. »

Draco baissa les yeux. « Bien, je te ferais confiance, Nev. Mais si nous recroisons cette chose, je serais incapable de faire quoi que ce soit. »

Neville sourit. « Je suis certain que si nous croisons Quirrell en revanche, tu ne retiendra pas tes flipendo ! Il était assez explicite à l'infirmerie qu'il n'aura aucune pitié de ta part ! »

Draco rit avec lui. « C'est certain. »

Hermione et Harry étaient restés plus loin dans le couloir pour ne pas perturber leur discussion qui semblait importante. Maintenant que leurs amis riaient, ils les rejoignirent. Draco tourna un visage souriant vers eux. Souriant et aimable.

« Êtes-vous prêt à y aller ? Nous avons un professeur à corriger, et ça me démange depuis longtemps ! »

Harry était on ne peut plus d'accord. « Et moi donc ! Prête, Hermione ? »

« On ne peut plus ! »

Les trois regardèrent Neville. Il était serein. C'était sa détermination à arrêter Quirrell qui le lui permettait. Mais sa peur l'empêchait de sourire à la bonne humeur de ses amis.

« Allons-y. » déclara-t-il, et c'était tout ce qu'attendaient ses camarades pour se lancer à l'aventure.

Il était déjà tard. Ils allèrent chacun dans leur dortoir et posèrent leurs affaires. Il était convenu qu'Harry sorte avec Neville et Hermione avec sa cape d'invisibilité, et qu'ils iraient chercher Draco après le couvre-feu. Comme cela, personne n'était censé repérer leur absence.

Draco attendait dans sa salle commune, lisant un livre près du feu, installé confortablement dans un canapé noir. La salle se vidait au fil du temps se rapprochant de l'heure fatidique.

Draco sourit lorsqu'il ne resta plus que lui. Mais c'est alors que des pas redescendaient des dortoirs, et se dirigèrent vers lui.

« Draco, que fais-tu debout encore à cette heure ? »

Il avait perdu son sourire et se montra froid en regardant la belle préfète de 5e année.

« Et toi ? »

« Moi, je surveille un jeune premier année qui n'est pas dans son dortoir à une minute du couvre-feu. »

« N'es-tu pas concernée aussi par cette consigne ? »

« Si, bien sûr. Mais je suis aussi chargée de veiller à ce que chaque Serpentard la respecte. Et ce n'est pas ce que tu comptes faire ce soir, n'est-ce pas ? »

« Je me contente de lire. »

« Tu attends quelque chose ? »

Il se raidit. Elle avait toujours sa voix douce, et parlait calmement et bas. Il ne savait pas ce qu'il devait penser d'elle. Elle s'assit sur le canapé, et il fut obligé de descendre ses jambes. Elle lui sourit, puis se tourna vers la cheminée.

« Tu sais, les secrets te vont bien, mais pas l'impétuosité. »

« Je ne vois pas de quoi tu parles. »

« Tu es bien ami avec ces Gryffondors. Il paraît que le jeune Harry est un véritable fauteur de troubles. Oh, il ne gêne personne, mais il est doué pour se mettre dans les ennuis, et pour se mêler de ce qui ne le regarde pas. »

« Oui, il est doué pour ça. Je ne le cautionne pas. »

« Son ami qui a survécu non plus. Pourtant, il l'accompagne aussi. Ils seraient sortis après le couvre-feu il y a quelques mois. Juste pour voir Hagrid. Tu étais au courant ? »

« J'en ai entendu parler. »

« Certainement. Ils ont été surpris par un de leur camarade de dortoir, qui pour une raison étrange a jugé intelligent de les dénoncer pour leur faire perdre des points. Comment s'est-il retrouvé avec une aussi grande hostilité pour ses camarades, c'est un mystère. »

« Oui… »

Elle lui lança un regard aimable bien appuyé.

« Surtout qu'il s'agissait du jeune Weasley… on s'attendrait à ce qu'il veuille surprendre un Malfoy, pas un Potter. »

Les doigts de Draco se crispèrent sur son livre. Elle menait la discussion, et il n'aimait pas ça. Et il n'aimait pas les sous-entendus.

« Qu'est-ce que tu veux Helen ? »

« Simplement m'assurer que vous êtes en sécurité. »

« Vraiment ? Pourquoi ce soir ? »

« Parce que de ce que j'observe, c'est ce soir que vous avez prévu de faire une bêtise. »

Tous ses membres étaient tendus. Comment pouvait-elle ?

« Cela me paraît peu discret, Draco. Il suffisait de repérer ton attitude de ce soir. Tu es revenu tard, et tu n'avais pas l'air prêt à aller au lit. Ils doivent venir te chercher ? Dans combien de temps ? »

Il ne répondit rien.

« Draco… peux-tu essayer de me faire confiance ? Je ne veux que votre bien. J'aimerais savoir ce qu'il se passe, mais je sais que tu ne me le diras pas. Je n'essaierai pas de vous empêcher d'agir si vous pensez ne pas avoir le choix. Mais je veux que vous soyez certain de ce que vous voulez faire. »

« Si jamais je te donnais la moindre raison de penser qu'il y a effectivement quelque chose, tu t'empresserais de le dire au professeur Snape. »

« Non, absolument pas. J'ai déjà connu un élève de première année qui a fait de nombreuses erreurs. Il a mis en danger ses camarades. Il ne se l'est pas pardonné, mais il a continué ses recherches sur les mystères qui l'entouraient. Et ses amis l'ont soutenu jusqu'au bout. Trop loin. C'est rare une véritable amitié, mais lorsque l'on se plonge dans des affaires étranges et des secrets magiques, particulièrement à Poudlard, c'est dangereux. »

« Qu'est-il arrivé ? »

« L'élève va bien. La plupart de ses amis aussi. »

« La plupart ? »

« Draco, je veux juste que tu comprennes qu'il faut savoir s'arrêter avant d'aller trop loin. Et qu'il faut toujours agir avec prudence et rester alerte et réfléchit en toutes circonstances. Certaines choses ont lieu parfois, qui nécessitent une intervention. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut y aller sans préparation. »

« Nous sommes prêts. »

« Personne n'est jamais prêt à tout ce qui peut l'attendre. Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à me demander. Je serais ravie de vous aider pour tout ce que je pourrais. Même si l'action finale vous devez la faire seule. »

« Pourquoi tu t'y attaches tellement ? »

« Je ne sais pas. Ma famille n'a pas toujours été heureuse. Je ne veux pas que cela vous arrive. Mes deux frères se sont retrouvés dans des ennuis qui nous dépassaient tous. Je ne souhaite cela à personne. Je suis préfète, c'est mon rôle de veiller à ce qu'il n'arrive rien aux premières années. Et je continuerai les années suivantes. »

Il y eut un frappement à l'entrée de la salle qui fit tourner la tête des deux Serpentards. Draco regarda Helen, et elle hocha gentiment la tête pour lui signifier son accord. Elle sortit sa baguette et lui chuchota.

« Personne ne verra ton absence, Draco. Bonne chance, et prends soin de toi et de tes amis. »

Il hocha la tête, et se dépêcha de rejoindre le trio à l'extérieur de la salle commune. Il se retrouva soudainement sous une cape, avec trois visages sérieux et souriant devant lui.

Ils se dépêchèrent de monter au 3e étage.

Hermione utilisa le Alohomora pour ouvrir la porte, et ils pénétrèrent dans la salle en laissant tomber à leur pied la cape. Ils blêmirent et semblaient suffoquer en réalisant leur situation.

Touffu dormait, bercé par une musique d'une harpe, qui agissait par magie.

« Nous arrivons trop tard. » souffla Draco.

« On peut encore l'arrêter. » décréta Harry.

Le jeune garçon se dirigea vers la trappe. Une lourde patte de l'animal reposait dessus. Il se retourna.

« Vous venez m'aider ? »

Ensembles, les quatre adolescents soulevèrent la patte et la reposèrent à côté de la trappe. Ils ouvrirent ensuite, et leurs yeux ne purent voir qu'un trou noir.

Draco commençait vraiment à ressentir de la peur. « Il y a vraiment quelque chose en bas ? »

« Le seul moyen de savoir, c'est d'y aller. »

« Tu plaisantes ? ! Et si on fouillait d'abord la salle pour voir s'il y a quelque chose d'autre ici ? »

Neville lui lança un regard dur. « Et risquer de déranger Touffu ? Non merci. Il a le droit à un vrai sommeil tranquille. »

Draco roula des yeux. « Oh, pitié. »

Hermione s'indigna. « Draco ! Tu as promis d'écouter Neville en nous accompagnant. »

« En vous accompagnant ? C'est moi qui vous ai prévenus ! »

« Silence ! » siffla Harry.

Draco se tut et fixa son camarade. Puis, il eut à nouveau cette sueur froide. « Dites, c'est moi où c'est soudainement devenu… silencieux. »

Ils levèrent tous la tête alors qu'une substance blanche et visqueuse avait atterri sur l'épaule d'Harry. Ils firent face à trois têtes menaçantes.

Draco crut qu'il allait mourir, et Hermione s'évanouir. Neville se mit tranquillement débout, et sourit à la créature.

« Touffu ! Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu. Tu m'as manqué tu sais ? »

Il tendit les bras, et l'une des têtes vint s'y fourrer avec douceur. Neville rit comme un enfant en caressant l'imposant crâne.

« Ce sont mes trois amis, d'accord Touffu ? Nous venons juste nous assurer qu'il n'y a rien de grave qui se passe en dessous. Tu nous laisses passer, alors, d'accord ? »

Il chuchota ensuite. « Sauter pendant que je l'occupe, je vous rejoins juste après. »

Draco réprima un commentaire. Il ne voulait pas que le chien repère sa présence. Il voulait lancer un lumos pour s'assurer qu'il y avait un sol pas trop loin, mais hésitait à le faire devant le chien, et Hermione sauta. Harry la suivit. Alors Draco accompagna.