(La pierre philosophale) L'énigme du maître des potions


Ils entrèrent dans une salle sombre. Dès qu'ils furent tous pénétrés à l'intérieur, la porte se claqua, et des flammes violettes s'allumèrent. En face, il y avait d'autres flammes, des noires.

Au centre de la petite pièce, il y avait une simple table sur laquelle étaient disposées diverses potions, et un morceau de parchemin.

Harry s'approcha pour lire la consigne. « C'est… bizarre. » Puis son visage s'illumina. « Je savais qu'il ferait quelque chose comme ça, c'est une énigme ! »

Il se retourna vers ses amis, sautillant presque de joie. Son beau-père avait répondu à ses attentes avec ça.

Draco était choqué de le voir comme un petit enfant juste pour ça. Neville lui souriait gentiment en retour, et Hermione montrait clairement sa curiosité de savoir de quoi il s'agissait.

Harry tint le parchemin à deux mains et se pencha dessus pour lire.

Devant est le danger, le salut est derrière.
Deux sauront parmi nous conduire à la lumière,
L'une d'entre les sept en avant te protège,
Et une autre en arrière abolira le piège,
Deux ne pourront t'offrir que simple vin d'ortie,
Trois sont mortels poisons, promesses d'agonie,
Choisis, si tu veux fuir un éternel supplice,
Pour t'aider dans ce choix, tu auras quatre indices.
Le premier : si rusée que soit leur perfidie,
Les poisons sont à gauche des deux vins d'ortie,
Le second : différente à chaque extrémité,
Si tu vas de l'avant, nulle n'est ton alliée.
Le troisième : elles sont de tailles inégales,
Ni naine ni géante en son sein n'est fatale.
Quatre enfin : les deuxièmes, à gauche comme à droite,
Sont jumelles de goût, mais d'aspects disparates.

Il se tourna vers la table pour observer les fioles. Elles étaient parfaitement alignées.

La première, à droite, était comme un ballon de verrerie de laboratoire. Dans la fiole parfaitement transparente, le liquide était d'allure légèrement beige ou cendrée.

À sa gauche, la deuxième était dans une bouteille rouge un peu plus haute.

La troisième était comme un petit flacon bleu gris transparent, avec un liquide bleu ciel.

Ensuite, la quatrième était un ballon moins rond et plus allongé que le premier, plus haut même que la deuxième. Elle était dorée transparente, et le liquide jaune ocre.

Vint la cinquième, une pyramide à base carrée verte dense, de taille alternative entre le flacon bleu et le premier ballon.

Suivit la sixième, la plus grande, une bouteille entièrement noire.

Enfin, de même taille que la verte, un ballon parfaitement rond, violet.

« Harry ? » appela doucement Hermione.

Le garçon se retourna avec un œil curieux et interrogatif.

« Qu'est-ce que ça dit ? » demanda la fille.

« Oh. Euh, il dit ce que contiennent les fioles dans l'ensemble, et donne quatre indices pour trouver quelle potion est où. »

« Et plus précisément ? » demanda Draco. « C'est pas que je fatigue, hein, je voudrais surtout pas te déranger dans ton jeu solitaire d'énigme fourni par mon parrain dans une optique éducative. »

Harry rougit. Bien sûr que ses amis voudraient participer. Enfin, il ne savait pas pour Neville, mais il en était certain pour les deux autres. Il tendit le papier à Hermione.

Les yeux de la fille parcoururent le parchemin, puis elle le lut à haute voix, avant de le tenir de manière à ce que Draco puisse lire et relire mentalement autant qu'il le souhaitait.

Le Serpentard entreprit de détailler chaque indice.

« Aucune des deux plus à droite n'est un poison. Aucune des trois plus à gauche ne sont des jus d'ortie. »

Neville soupira de crainte. « Espérons que Quirrell ne les a pas mélangés. »

Les trois autres lui jetèrent un regard anxieux en réalisant la possibilité. Harry se rapprocha de la table.

« Non, ce n'est pas possible. Une disposition si parfaite reflète bien l'organisation du professeur Snape. Quirrell est plutôt désordonné, et il n'arriverait pas à les redisposer comme ça. »

Hermione n'était pas d'accord. « Tu oublies qu'il en a forcément reposé au moins une, pour traverser. Touffu endormi, le troll blessé, l'aile abîmée de la clef, les pièces d'échecs manquantes… quelqu'un est déjà passé avant nous. »

« Oui, mais une n'est pas sept, c'est plus facile. Et puis, penses-tu vraiment qu'il se fatigue à prendre ces précautions ? »

« Espérons… »

Draco reprit. « Ni celle la plus à gauche ni la plus à droite n'est celle qui permet de traverser les flammes noires. »

Neville gémit. « Et tu as déjà fait la moitié des indices. Quel genre d'homme est-ce ? Vraiment spécialisé pour torturer nos esprits. »

Draco sourit. Il aimait bien son parrain. Et il aimait bien la description de Neville.

« Ni la plus petite ni la plus grande ne sont des poisons. »

Neville fit encore un commentaire. « La noire n'est pas un poison, super, on le savait déjà… »

Cette fois, le sourire de Draco pouffa légèrement.

« J'ai plus de mal sur la dernière… il doit y avoir un piège quelque part. Qu'elles soient de même goût me mènerait à penser qu'il s'agit des vins d'orties… mais elles n'ont pas le même aspect. »

Hermione roula des yeux. « Ton parrain n'est pas stupide, les deux vins n'auront dans tous les cas pas le même aspect, parce que ça les rendrait évident à identifier. »

« D'accord, mais la deuxième potion sur la gauche ne peut pas être de l'ortie d'après le premier indice. »

« Alors réexaminons cet indice. "Si rusée que soit leur perfidie, les poisons sont à gauche des deux vins d'ortie". C'est un poème, il peut y avoir quelques tournures étranges. »

Hermione commença à murmurer pour elle-même, mêlant et mélangeant chaque mot, retournant chaque consonance et chaque syllabe dans son esprit.

Draco la regardait avec un sourire de simple bien être. Il aimait bien comment elle agitait ses lèvres pour réfléchir. Cette Gryffondor n'avait pas sa ruse, ni même ses talents pour la magie, jamais il ne pourrait admettre qu'une simple née-moldue puisse vraiment l'égaler sur ce plan, mais il était indéniable qu'elle avait de nombreux savoirs acquis par ses lectures. Ce qui signifiait qu'elle lisait beaucoup. Donc finalement, pour étudier les tournures de phrases les plus étranges elle pouvait, pouvait, être légèrement meilleure que lui.

«… des deux vins d'ortie, toujours à leur gauche… les poisons sont à gauche… ils sont à gauche de chacun des vins d'ortie… si rusée soit leur perfidie… ils essayent de se cacher… se cacher… donc ils ne se mettent pas facilement côte à côte… des deux vins d'orties, à gauche… il y a un poison à gauche de chacun des deux vins d'ortie… »

Elle s'apprêtait à poursuivre, mais son visage s'illumina. Elle l'avait.

« Aussi sournoisement que le poison essaye de se cacher, vous en trouverez toujours sur le côté gauche du vin d'ortie ! »

Draco grimaça.

« Tu n'aurais pas pu trouver plus court à dire ? »

« Non, je voulais conserver un peu de la danse des mots de ton parrain pour la traduction moins poétique. »

Il sourit. « Tu as réussi. »

Réalisant qu'il souriait comme ça à une née-moldue, miss je-sais-tout qui plus est, il ravala ses compliments et reprit un air sérieux. Après tout, la situation nécessitait toute sa concentration.

« Cela veut dire qu'il y a un poison à gauche de chaque vin. Partons d'une lecture de droite à gauche. L'avant dernière n'est pas mortelle, elle a le même goût que la deuxième. Ce sont les vins. Un poison est à la gauche de chacune. La première et l'antépénultième sont mortelles. »

« Ce qui laisse la bleue, la jaune, et la violette. » déclara Harry.

« L'une d'elle est un poison, les deux autres permettent de traverser chacune un type de flamme. La plus petite n'est pas fatale. »

« Donc la bleue est l'une des deux vraies potions ! »

« Je ne vois pas comment résoudre la fin. »

Neville reprit enfin la parole. « Il y avait quelque chose sur laquelle permettait d'avancer ? »

« Oui… »

Hermione relut. « "différente à chaque extrémité, si tu vas de l'avant, nulle n'est ton alliée." »

Neville observa la table. « La violette est à l'extrémité, elle ne permet pas d'aller devant. »

« Cela n'aide pas à savoir entre elle et la jaune laquelle est un poison. »

Les yeux d'Harry s'illuminèrent. « Si ! Neville a raison ! Parfois, il faut être capable de faire un choix. Nous devons faire confiance et un pari de foi. C'est le seul indice qui permet de savoir où est (ou où n'est pas) la potion pour avancer. »

Hermione sauta sur place, laissant échapper un gémissement de Draco qui était toujours soutenu par elle et Neville.

« Oui, j'ai compris ! Si on considère que la violette est l'autre potion utile, alors nous savons précisément entre elle et la bleue laquelle est quoi. Alors que si nous considérons la jaune, et admettons la violette comme un poison, impossible de savoir laquelle permet d'avancer et laquelle de rebrousser chemin. »

Draco compléta avec une voix plaintive de douleur. « Ce qui signifie qu'il faut "parier" sur le fait que la jaune est un poison, pour que la violette permette de franchir les flammes violettes et la bleue les flammes noires. »

« Précisément. »

Harry se saisit de la fiole bleue et l'ouvrit. Il fronça d'abord le nez en s'attendant à une terrible odeur, et en réalisant qu'il n'en était rien, observa le contenu. Il blêmit.

« Il n'y en a… plus beaucoup. »

« Montre. » exigea Draco.

Harry lui tendit, et Draco défit son bras de l'épaule d'Hermione pour attraper le flacon. Il l'observa, fit se balancer lentement le liquide de droite à gauche, puis fit un hochement de tête entendu.

« Il devrait y en avoir assez. »

« Tu plaisantes ? ! »

« Pas du tout Harry. Mon parrain est le plus grand maître de potion du siècle, et même plus. Penses-tu vraiment qu'il ne puisse pas concentrer les effets de ses potions dans une toute petite dose ? Il n'est pas besoin de prendre la moitié d'un flacon pour pouvoir s'immuniser contre les flammes. Si sa magie est toujours aussi subtile qu'elle l'est usuellement, ce que je suis enclin à croire au vu de la finesse de son énigme, alors une petite gorgée suffit à chacun. »

« Petite gorgée ? I peine de quoi tremper les lèvres. Pourquoi fallait-il que ce soit le plus petit flacon ! »

« Pour justement éviter qu'il en reste beaucoup. Je ne pense pas qu'il voulait permettre à de nombreuses personnes de passer cette porte. »

Harry grogna. « Il aurait tout aussi bien pu ne pas présenter les fioles et laisser juste le feu. Ça aurait mieux permis d'empêcher Quirrell de passer. »

« J'ai l'impression que les professeurs se sont amusés… comme s'ils voulaient donner un cours. » fit Neville.

Draco ignora les remarques. « Quoi qu'il en soit, je n'ai pas parlé d'une grande gorgée. Juste d'une petite. »

Hermione fit la moue et chuchota. « Ne devrions-nous pas envisager la possibilité de retourner à travers les flammes violettes à la place ? »

« Tu veux fuir Mione ? Tu es une lionne, pas un aigle, l'oublierais-tu ? Quirrell est derrière cette porte, et nous ne pourrons rien faire sans toi. Et puis, où irais-tu ? Ce n'est pas comme s'il était facile de traverser le filet du diable pour sauter à plusieurs mètres afin de retourner auprès du monstre de Hagrid. Sans parler du troll qui n'est toujours pas hors d'état de nuire. »

« Donne-moi ça ! »

Hermione arracha le flacon des mains de Draco et se servit une lichette. Elle lui rendit ensuite la bouteille et se dirigea vers les flammes. Elle s'arrêta devant. Elle plongea la main, et ne ressentit rien. Elle ressortit son membre et l'observa. Elle n'avait rien. Elle se retourna.

« Je ne sais pas combien de temps ça fait effet, alors, vous venez ? »

Les garçons, intimidés par sa détermination, se dépêchèrent de l'imiter. Harry remplaça Hermione pour aider Draco, et ils traversèrent tous ensemble les flammes. Aucun n'était motivé pour arriver face à Quirrell cinq minutes avant les autres.