(La pierre philosophale) Fin d'année
Lorsque Neville ouvrit les yeux, il se rendit compte qu'il était dans un lieu lumineux. Il réalisa ensuite qu'il connaissait cet endroit. C'était même l'un des lieux qu'il connaissait le mieux. Il était à Poudlard, et plus particulièrement, chose confirmée par l'aspect confortable de son lit, il était à l'infirmerie, encore.
Il devinait qu'il était toujours dans le même lit que d'habitude. Celui qui lui était presque attribué. Il ferma encore un peu des yeux pour profiter de la douceur des draps. Il sentait encore la douleur à l'arrière de son crâne. Il savait identifier ce que cela voulait dire.
Ce n'était pas la première fois qu'il se cognait là en tombant suite à une maladresse. Mais cette fois, ce n'était pas une maladresse n'est-ce pas ? Il réalisa alors que s'il était là, les professeurs avaient sans doute découvert leur désobéissance, et même ce qu'ils avaient fait à Quirrell.
Il trembla à l'idée de ce qui s'était passé, et des conséquences. Il n'en revenait pas. Qu'avait-il fait, lui ? Il rouvrit les yeux et se redressa pour s'asseoir dans son lit, l'oreiller dans son dos. Il regarda autour de lui. Face à son lit, il y avait une table remplit de friandise. Et dans le lit à ses côtés, il reconnut un visage familier. Un visage qui avait déjà été à cette même place il y avait quelque temps.
La porte s'ouvrit, et un garçon couru vers lui.
« Neville ! » cria Harry en se jetant sur son lit pour l'enlacer.
Hermione se plaça devant Draco que l'agitation avait réveillé. Il se redressait en gémissant et râlant contre l'intrusion bruyante de ces Gryffondors idiots. Neville et Harry le regardaient avec un sourire amusé.
Hermione préféra lui montrer sa fureur.
« Ne t'avise plus de nous refaire une frayeur pareille, Draco Malfoy ! Ni de te prendre pour un héros ! Tu aurais pu te faire tuer ! Mentir à Voldemort, et nous mentir à nous. Garder un secret pareil pour toi ! »
« Eh ! Tu aurais préféré que je lui donne la pierre ? On était là pour l'empêcher de l'avoir, pas pour lui offrir. Et ce n'est pas moi qui l'ai ouvertement agressé. »
« Vraiment ? Rappelle-moi combien de sorts tu lui as lancés ? »
Draco grimaça. « Un seul. »
Hermione rit. « Malfoy, maître de la mauvaise foi ! Je connais au moins trois moments où tu l'as fait. »
« Attaquer Quirrell ou attaquer Quirrell avec la tête du Seigneur des Ténèbres à l'arrière de son crâne, ce n'est pas considéré comme étant la même chose. »
« Sauf que dans la forêt, il y avait plus de chance pour que ce soit Voldemort que Quirrell. Et avant qu'il enlève son turban, tu savais déjà qu'il était de mèche avec lui. »
« Ça reste différent. Et dans la forêt, c'était surtout une chose dont nous ignorions tout ! »
« Depuis combien de temps tu avais la pierre sans nous le dire ? »
Draco baissa le regard. Il ne savait pas comment elle était arrivée dans sa poche. « Je ne l'ai su moi-même qu'en regardant dans ce miroir. »
« Ridicule. »
« Non, ça ne l'ait pas. » fit une voix vieille, douce et aimable.
Les quatre enfants tournèrent la tête pour voir le directeur arriver.
« Bonjour les enfants. Comment allez-vous, Neville, Draco ? »
« Bien, merci. » répondit Neville avec un sourire timide. Draco se contenta d'un silence et de fixer froidement l'homme.
« Draco, je dois dire que je suis impressionné par ce que j'apprends. »
« Et qu'apprenez-vous ? »
« Détendez-vous, mon garçon. On dirait votre parrain lorsque je lui demande de ses nouvelles. »
Dumbledore rit, et Draco ne fit que sentir davantage de ressentiment pour ce vieux fou. Il ne l'aimait tout simplement pas. Et ce n'était pas lui dire que son parrain avait les mêmes ressentis qui allaient le faire apprécier davantage le vieux directeur.
Hermione questionna le directeur. « Que vouliez-vous dire par « ça ne l'est pas » ? »
« C'était l'une de mes plus brillantes idées, sans fausse modestie. Mon épreuve, l'ultime protection, et je dois bien me vanter que Quirrell n'était pas près de l'obtenir. »
« Vous pourriez expliquer, Monsieur ? » demanda Draco durement.
« Seul quelqu'un qui voulait la pierre mais qui n'avait pas l'intention de s'en servir pouvait l'avoir. »
Draco resta muet. Comment le vieux fou, plus puissant sorcier soi-disant pouvait avoir des idées aussi stupides. Et il se vantait que ce fut l'une de ses meilleures. Harry trouvait cela plutôt brillant. Merlin, que les lions étaient médiocres. Enfin, presque tous. Il regardait Hermione. Elle lui rendit un air indigné.
« Qu'est-ce qu'il t'a pris de la désirer ! »
« Tu oublies un détail important, Mione, je ne comptais pas l'utiliser. Ni pour moi, ni pour personne. Et Harry la voulait aussi. »
« Comment tu sais ça ? ! » s'étonna Harry.
« Parce que je réfléchis, moi. Je l'avais déjà en ma possession, donc le miroir t'a montré où la trouver. Et comme tu es un esprit totalement ouvert, le Seigneur des Ténèbres a pu comprendre que c'était moi qui l'avais. Quelle idée géniale tu as eu de te placer devant cette glace. »
« Je n'avais pas d'autres choix ! »
« Eh bien, tu aurais dû vouloir autre chose. »
Dumbledore intervint. « Ne vous disputez pas les garçons, pas après une si belle aventure passée ensemble. Où as-tu appris l'occlumancie, Draco, vraiment impressionnant, tenir tête à Voldemort nécessite un niveau que seul… les sorciers pouvant y parvenir sont très rares. »
Draco se contenta d'un regard froid au directeur, et ne dit rien. Alors le vieil homme décida de se concentrer sur le vrai héros, Neville Longbottom, son cher garçon-qui-a-survécut. Ils discutèrent un peu, avec un Harry de bonne humeur.
Hermione s'assit sur le lit de Draco pour les écouter en silence. Le Serpentard ramena ses jambes contre son buste et enroula ses bras autour. Il était de mauvaise humeur, et posa son menton sur ses genoux. Puis son parrain vint les sauver en faisant partir le vieux directeur.
Severus s'assura que son employeur soit bel et bien parti avant de faire venir Lily. Elle s'était cachée à sa demande, et lorsqu'il lui signifia que la voie était libre, elle le saisit par le bras et posa sa tête sur l'épaule de l'homme pour avancer avec lui dans l'infirmerie. Severus n'osa pas la repousser.
Une fois qu'ils furent près des enfants, Lily le lâcha, et ébouriffa distraitement les cheveux de la fille Granger avant de s'asseoir sur le lit de l'ami de son fils qu'elle prit sur ses genoux. Les trois enfants la regardaient avec admiration.
Elle déposa un baisé sur la joue de son fils, puis releva les yeux pour les regarder chacun tendrement. Elle observa ensuite son "mari", qui ne l'était que dans son esprit.
« Oh, Sev, ils sont tous merveilleux. Mais qu'ont-ils fait pour se retrouver ici ? »
Le professeur pinça ses lèvres. « Ils ont désobéi à une bonne dizaine de règles et ont mis leurs vies en danger en affrontant un couloir interdit et des épreuves mises en place pour repousser les êtres malfaisants qui auraient dû être les seuls à se rendre là, dans le seul but de se suicider face à un de leur professeur, malgré nos interdictions expresses à moi et Minerva. »
Lily fronça les sourcils. « Minerva ? Vous êtes proches. »
Il roula des yeux. « Lily, nous sommes collègues. »
« Ça va j'imagine alors. Quant à vous les garçons, je ne suis pas contente. J'espère que Sev vous punira correctement. »
Neville eut envie de se cacher sous sa couverture et Hermione blêmit en frissonnant. Severus gloussa. Il en était fortement question. Et même Albus ne saurait l'en empêcher.
Lily reposa son fils, lui déposa un baiser sur le front, et sourit à Draco qui rougit sous ce doux regard. Elle partit en fredonnant, suivie par Severus qui ne manqua pas de signifier avec un simple coup d'œil noir aux enfants qu'il serait intransigeant dans sa punition.
Neville n'avait pas très hâte de se présenter dans la grande salle avec un bandage sur la tête. Mais Pomfresh était intransigeante sur l'utilité de cette chose, et Dumbledore ne permettrait pas qu'il s'abstienne de venir à la réception le jour de fin d'année, avec la coupe des quatre Maisons. Même s'ils savaient tous déjà quelle Maison la remporterait.
Les Gryffondors étaient surtout doués pour perdre les points, particulièrement en cours de potion, et ce n'était pas réservé aux premières années.
Les Serdaigles avaient un comportement exemplaire et de bonnes notes.
Les Poufsouffles étaient capables de bien travailler et posaient rarement de problèmes.
Mais les Serpentards avaient l'habitude de ne pratiquement jamais perdre le moindre point, quel que soit le cours ou le lieu et moment, et avaient la fâcheuse tendance à parvenir à obtenir les points avec une facilité déconcertante.
Les Serdaigles étaient généralement assez près de Serpentard, et les Gryffondors étaient toujours derniers. Cette année ne devrait pas être différente.
Harry aida Neville à cacher le mieux possible le tissu blanc dans ses cheveux courts. Ce n'était pas vraiment une réussite. Ils émirent alors l'idée de porter la capuche dans la Grande Salle. Ils grimacèrent à l'idée de perdre des points le dernier jour pour tenue inappropriée voire irrespectueuse selon les jugements.
« Hermione, il n'y aurait pas un moyen de le rendre plus discret ? Neville n'a vraiment pas envie d'être vu avec ça. »
« Il a rarement envie d'être vu tout court. »
Harry n'était pas amusé du tout par sa remarque. Il la regarda sombrement. « Mione… »
Elle rougit et ouvrit plus grand les yeux. « Ne me parle pas comme Draco, Harry ! »
Harry sursauta. « Tu… tu veux avoir un surnom spécifique pour lui ? »
« Non, mais il l'utilise pour se moquer de moi. Mon prénom est Hermione, je ne lui ai pas permis de le déformer, seulement de l'utiliser. Et je parlais aussi de ton ton. Pour Neville, je ne sais pas quoi faire. Je ne pense pas que lui faire pousser les cheveux comme le professeur Snape lui plairait comme solution. Et ça attirerait aussi les regards. »
« C'est certain. »
Neville fronçait les sourcils de crainte. « Alors je vais vraiment devoir y aller comme ça ? »
« J'en ai bien peur, désolée Neville. Maintenant, nous devrions y aller, avant d'être en retard. »
Hermione partit en direction de la grande salle, sans manquer de faire frôler ses cheveux près du visage surpris de Ron en lui passant devant.
« Cette fille aura ma peau. » grogna le roux.
Seamus se moqua. « Évite de tomber amoureux, Ron, elle reste toujours collée à Malfoy. »
Harry se racla la gorge derrière eux, Neville à ses côtés. « Vous parlez de quoi, là ? Une allusion à quelque chose que nous devrions savoir ? »
Seamus se retourna. Il hésitait entre rester poli avec eux, craindre leur réaction, ou s'en moquer ouvertement. Il fit un choix. « Tu t'inquiètes pour ta petite amie, Harry ? La née-moldue est certainement entre de bonne main avec un puriste comme Malfoy. Vous n'avez pas vu comment ils se regardent ? »
Ron compléta. « Si c'est votre amie, vous devriez faire attention à Granger, ou elle finira pas avoir des ennuis de la part de Malfoy. »
Neville voulait prendre la défense de ses amis. « Vous dîtes n'importe quoi ! Ils… »
Harry le tira par le bras en lui disant que ça n'en valait pas la peine. Il fallait laisser les idiots seuls entre eux.
« Je regrette vraiment d'avoir pensé à un moment que tu valais mieux que Draco, Weasley. » fut la dernière remarque que se permit Harry avant de sortir de la salle commune en poussant Neville.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la Grande Salle, tous les Serpentards et les Serdaigles étaient déjà installés sagement. La table des Gryffondors était à moitié vide et la plus bruyante, et celle des Poufsouffles se remplissait doucement dans le calme mais la bonne humeur.
Avec un spectacle pareil, il n'était pas surprenant de savoir comment finirait la coupe des quatre Maisons.
Lorsque tout le monde fut là, le directeur entama un discours.
À la fin, il lista le nombre de points, et lorsqu'il finit par annoncer le nombre de Serpentard, les qualifiant de premier, les acclamations s'élevèrent, principalement des deux tables aux couleurs froides. Les Serdaigles étaient jaloux et envieux, mais fair-play. Les Gryffondors se retenaient surtout de huer, et les Poufsouffles souhaitaient rester neutres et applaudirent doucement. Ils étaient bien trop proches des lions pour montrer de la joie, qui de toute façon ne viendrait pas étant donné que les serpents aimaient les prendre pour cible facile.
« Oui, oui, bravo Serpentard, bravo Serpentard, cependant… »
Le silence vint en un instant.
« des événements de dernières minutes se sont prêtés à mon attention et demandent quelques clarifications. »
Severus aurait pu prendre cela comme une annonce du directeur prenant enfin ses responsabilités pour punir les Gryffondors stupides, mais il sentait que ce n'était pas ce qui allait se passer.
« Vous n'allez pas… » commença-t-il à chuchoter à l'intention du vieil homme, sachant pertinemment que son opinion ne compterait pas. Il ne prit même pas la peine de terminer de formuler le fond de sa pensée. Albus lui avait furtivement lancé un regard malicieux.
Cet œil bleu pétillant était toujours aussi pénible à supporter. Albus avait l'intention de faire une chose qu'il savait déplairait grandement au chef de Serpentard.
« À Hermione Granger, pour la finesse de ses réflexions tout au long de l'année et ses capacités de déductions égales au grand savoir d'un puissant sorcier, 50 points. »
Les élèves eurent le souffle court. Que faisait Dumbledore à donner autant de points comme ça ? Les regards se tournèrent vers la jeune Gryffondor qui était aussi étonnée et choquée qu'eux.
« À Harry Potter. »
Tous observèrent le directeur avec grande attention. Les Serpentards devenaient livides.
« Pour ses prouesses en vol et ses grandes capacités en magie défensive et en lutte contre de nombreux obstacles ainsi que ses facultés de combat tout autant que son courage et sa volonté de protéger ses amis de grands dangers, 50 points. »
Les Gryffondors s'échangeaient tous des regards étonnés.
« Il est en train de nous faire rattraper Serpentard… »
« À Neville Longbottom, pour avoir combattu le mal avec cœur et avoir protégé notre école d'un grand danger, pour avoir démasqué le professeur Quirrell comme mage noir et enfin pour avoir fait fuir un plus dangereux adversaire, 60 points ! »
« On est à égalité avec Serpentard ! » réalisa Hermione.
« Et enfin, pour avoir échappé tout au long de l'année aux punitions en enfreignant les règles, pour avoir mis en danger la vie de ses camarades et avoir déclenché de nombreuses batailles au sein des classes de première années, sont déduits 10 points à Draco Malfoy. »
Severus lança un regard furieux au directeur. Qu'il se permette de distribuer autant de points ainsi était déjà intolérable. Qu'il se permette de critiquer sa façon de punir l'un de ses serpents, et son filleul ne pouvait pas lui être permis. Surtout pas à ce moment-là de cette manière.
Les Serpentards s'agitaient. Ils avaient envie de s'insurger. Certains voulaient des explications de Draco et d'autres avaient envie de l'étrangler, mais ils savaient tous qu'il ne pouvait rien faire ici, surtout pas sous les yeux de tout le monde.
Les Gryffondors riaient.
« Si mes calculs sont exacts, je crois qu'un changement de couleur s'impose. »
Les bannières qui annonçaient le vainqueur de la coupe passèrent du vert et argent au rouge et or. Les Gryffondors hurlèrent leur joie en lançant leurs chapeaux avec les Poufsouffles. Les Serdaigles applaudirent avec bonheur, justice avait été rendu, Serpentard était déchu. Les Serpentards ne bougeaient plus. Draco claqua son chapeau sur la table et croisa les bras.
Hermione essayait de se faire entendre parmi la foule de rire. Rien n'y faisait. Alors elle cria la seule chose qui lui passa par la tête pour attirer l'attention.
« Voldemort ! »
Tout le monde se tut. Elle souriait. C'était bon à savoir que ça, ça marchait.
« Professeur Dumbledore, Neville aimerait vous dire une chose. »
« Allez-y mon garçon. »
Neville se sentit observé par tous et devint incroyablement rouge et gêné. Il avait horreur de l'attention. Mais il devait le faire. Il se leva.
« Professeur, je dénote une injustice. Tout d'abord, merci pour ces points immérités. Ensuite, merci au professeur Snape pour nous avoir fait comprendre nos erreurs et avoir décidé de nous punir avec des sanctions déjà programmées pour l'année prochaine, étant donné que nous ne pouvons pas subir les conséquences de nos actes durant l'été.
« Tout cela, je l'accepte. Je n'en suis pas particulièrement heureux car c'est injuste, mais il y a eu d'autres choses injustes dans l'année en ma défaveur et celle de tous mes camarades de Gryffondor, alors peut-être est-ce un juste retour des choses. Je vous suis vraiment reconnaissant pour votre générosité et pour avoir vu en moi des choses que je ne soupçonnerais pas.
« Sincèrement, merci. Oui merci, mais, avec tout le respect que j'ai pour un grand homme pour vous… vous êtes vraiment soit cruel soit aveugle. Les Serpentards ont peut-être mérité ce qui leur arrive. Le professeur Snape,… »
Neville commençait à paniquer en regardant le maître de potion. « Ne vous méprenez pas s'il vous plaît professeur je ne veux surtout pas vous manquer de respect, je sais que vous prenez la discipline très à cœur et vous souciez par-dessus tout de vos élèves de Serpentard, que vous ne nous voulez pas de mal, vous être un grand homme aussi, je vous admire et… »
Hermione chuchota. « Et tu le crains aussi, évite de le dire, retourne à l'essentiel. »
Neville ravala sa salive et regarda Dumbledore. « Le professeur Snape a probablement mérité aussi que vous lui fassiez comprendre qu'il agit mal avec nous, et c'est bien fait pour lui si ça maison perds mais… »
La salle haletait. Il était déjà la cible préférée de Snape, l'élève le plus détesté du professeur, et il parlait comme ça de lui en sa présence… Ce n'était pas du courage, c'était du suicide.
« Mais vous n'avez pas le droit de faire ça à Draco. C'est un… petit con comme disent mes camarades. C'est un garçon assez prétentieux et franchement désagréable. C'est un serpentard roublard et moqueur qui n'hésite pas à se montrer supérieur par tous les moyens. Mais c'est aussi un grand ami si on est capable de lire à travers son cœur.
« Il a eu de nombreux ennuis durant l'année parce qu'il a passé outre les frontières de cloisonnement des Maisons. Parce qu'il est venu me voir, moi, à Gryffondor. Et pas parce que je suis celui qui a survécu. Il a été mon ami, parce qu'il a été celui d'Harry en premier.
« Il nous a défendus lorsque nous avons couru sans réfléchir vers le danger. Il nous a aidés à nous protéger, et à sauver Hermione. Il a ignoré les enseignements puristes de sa famille et de sa Maison pour être ami avec une née-moldue de Gryffondor.
« Il a insulté des Gryffondors ? Oui, ce n'est pas bien, et alors ? La justice voudrait aussi que les Gryffondors qui l'ont insulté en premier lieu se fassent aussi punir. Oui, il a échappé à tous les retraits de points ou presque, mais qui sait comment le professeur Snape gère la discipline parmi ses élèves en espace clôt ?
« Il s'est aussi fait agresser moralement et physiquement par sa propre Maison parce qu'il passait quelques rares moments avec trois Gryffondors. Il s'est fait agresser physiquement et moralement par ma Maison parce qu'il était un Serpentard doué et arrogant. C'est normal qu'il ne soit pas celui qui se fait punir pour ça. Et dans ces conditions, lui enlever si injustement des points maintenant, les points qui changent tout pour la coupe, c'est comme lui graver une cible sur le dos.
« Et vous oubliez toutes les bonnes choses qu'il a faites. Oui, il nous a mis en danger. Plusieurs fois, et pas toujours pour de bonnes raisons. Mais je suis certain qu'il a déjà été puni pour ça. Mais surtout, c'est grâce à ces moments-là que nous avons pu, moi, Hermione et Harry, faire les choses pour lesquelles vous nous donnez des points. Il a risqué sa vie pour nous plus que nous ne l'avons risqué à cause de lui, simplement parce qu'il s'est placé entre nous et le danger.
« Il a été le plus rusé. Les exploits d'Hermione ? Mais il a fait les mêmes. Les exploits d'Harry ? Mais c'était lui le cerveau pour que l'action puisse fonctionner. Mes exploits ? MES exploits ? Ce sont entièrement les siens. J'ai terminé. Pas parce que je n'ai plus rien à vous avouer, mais parce que je n'ai pas à le faire, certainement pas maintenant ou devant tous, et que ce n'est pas le moment. Je pense que j'en ai dit assez pour que vous compreniez mon message. »
Il se rassit, dans le silence total de la salle. Et le plus éberlué par son geste n'était autre qu'un jeune blond de Serpentard, Draco Malfoy.
Neville sentit le rouge l'envahir de partout. Il avait osé. Il avait osé parler comme ça, et devant tout le monde. Il se prit la tête dans les mains, terriblement honteux mais surtout affolé et terrifié. Il n'avait juste pas pu permettre que Draco soit traité comme ça.
Harry prit son ami dans ses bras pour le protéger et le rassurer, et lança un regard dur à Dumbledore. Le directeur avait intérêt à réparer ses torts.
Le vieux sorcier se racla la gorge.
« À Neville Longbottom, pour avoir eu le courage de parler lorsque la situation l'exigeait, alors que beaucoup se seraient tus dans les mêmes circonstances, pour sa bravoure, sa grandeur d'âme et son amitié sincère, 50 points. »
Le sorcier observa la salle silencieuse. Il tourna un œil et vit Severus hors de lui mais toujours aussi immobile. Lily était à ses côtés, comme ignorante de tout ce qui se passait, comme s'il n'y avait rien d'autre au monde que Severus, et elle le tenait par un bras. Elle était sans doute la raison pour laquelle Severus n'avait pas encore maudit le vieux sorcier.
Dumbledore concentra son attention sur ses élèves. Au bout d'un moment, il tourna la tête vers le jeune Malfoy. Il était calme et observait toujours Neville qui était réfugié dans les bras protecteurs d'Harry sous l'œil attentif d'Hermione.
« À Draco Malfoy. Pour… la plus belle partie d'échecs qu'on est vu à Poudlard depuis des siècles, 50 points… Et pour… avoir été meilleur sorcier qu'attendu, 10 points. »
Snape se racla la gorge. Hermione lançait un regard noir et furieux au directeur. Dumbledore soupira.
« Je me corrige, ces 10 points sont rétablis pour ma propre erreur et mon mauvais jugement, mais je ne peux pas m'en enlever à moi-même étant donné que je suis directeur et non étudiant. Un… nouveau changement de couleur s'impose. Merlin, que c'est rare. Deux couleurs cette année. »
Neville trouvait toujours cela injuste. Serpentard aurait dû gagner. Draco aurait dû. Il avait tout fait. Enfin, les exploits d'Hermione et Harry étaient bien à eux en partie, mais ceux de Neville étaient en fait ceux de Draco de son point de vue.
Mais la fête commença, et il put se détendre. Au final, qu'importaient les folies du directeur ? Il avait des amis, et ensembles ils avaient enfin accompli leur but de l'année. La vie semblait en cet instant bien plus facile.
Il souriait, et pour la première fois, se surprit à sourire à l'homme qu'il admirait et craignait le plus. Le professeur nota son regard, et hocha la tête en signe d'approbation. Neville crut qu'il allait s'envoler ou exploser après cela.
Il ne prit pas le train pour partir, il allait rester avec Hagrid encore un peu. Il dit au revoir à Harry qui rentrait chez son parrain. Ils souhaitaient se revoir cet été.
« Longbottom. »
Neville se retourna dans un sursaut. Draco le regarda, bras croisé, avec un sourire narquois.
« Si je te surprends et que tu penses que je puisse être un ennemi, tu devrais apprendre à directement pointer ta baguette en te retournant. Cela étant dit… Merci. Nous ne nous sommes jamais mis d'accord dessus. Alors, est-ce que je peux t'appeler Nev ? »
Neville sourit. « Bien sûr, Draco, bien sûr. Passe de bonnes vacances. »
Draco lui passa à côté. « À l'année prochaine… garçon-qui-a-survécut. »
