(La chambre des secrets) Les familles Malfoy et Weasley
Tout l'après-midi du 31 juillet, Neville profita d'un cours sur les différences entre les espèces d'aconit, et notamment les spécificités du napel, qui était la plus magique d'entre elles.
Severus et Lily repartirent dans la soirée.
Les vacances se poursuivirent, et Harry espérait qu'il pourrait davantage voir sa mère cette année. Elle avait l'air d'aller mieux. Elle ne parlait pas souvent et le faisait toujours doucement, un peu comme si elle n'appartenait pas vraiment à ce monde, mais elle n'avait plus de problème à interagir un peu avec les personnes qu'elle connaissait bien. Elle était toujours détachée de la réalité, mais elle était capable d'assimiler de nouvelles connaissances.
Bien qu'elle ait toujours ses convictions faussées et illogiques, comme l'idée qu'elle était mariée à Severus, elle avait été capable de retenir correctement toutes les informations concernant la potion tue-loup, alors que celle-ci avait été créée trois ans après la nuit fatidique.
Harry était confiant que le maître des potions de Poudlard réintroduirait doucement Lily dans la société.
À la mi-août, Hagrid revint, avec les lettres de fournitures pour l'année des garçons. Il devait se rentre au chemin de Travers pour trouver du produit contre les limaces qui infectaient les plantes de Poudlard. Il se portait au passage à nouveau volontaire pour faire les courses de rentrées de ses deux protégés.
Harry était maussade. « Ça risque d'être moins passionnant que l'année dernière… nous n'avons pas de baguette à acheter chez Ollivenders cette fois… »
Neville frissonna. « Il était inquiétant, et la recherche de la bonne baguette était… douloureuse. »
« Mais instructive. »
Ni Neville ni Harry n'apprécièrent le chemin de Travers. C'était un lieu sombre et mal fréquenté. Ils restèrent tout deux le plus proche possible de Hagrid en permanence.
Pendant que Hagrid payait son produit, Harry lisait la liste des manuels. Il la trouvait effarante.
« Ce ne sont que des romans ! Mais qui est notre nouveau professeur de défense contre les forces du mal ?! »
« Un fan de Gilderoy Lockhart ? »
« Dumbledore ne t'a rien dit ? »
« Non, mais il ne savait peut-être pas encore la dernière fois que nous nous sommes vus. Avec la malédiction du poste, trouver un nouveau professeur doit être dur. »
« Il pourrait être pire que Quirrell… »
« Pire que Quirrell ? »
Les deux garçons s'observèrent en silence un moment. Puis Harry concéda.
« D'accord, il ne peut pas être pire que Quirrell… »
« Nous verrons comment il est bien assez tôt. Qu'il soit fan de Lockhart n'est pas vraiment une indication. »
Harry était très sceptique. « Fan ou pas, prendre comme manuel des romans d'aventures est loin d'être un bon indicateur. »
Arrivé au chemin de Traverse, ils furent rapidement rejoints pas Hermione.
« Oh, vous êtes là ! Bonjour Hagrid. Venez, Gilderoy Lockhart va faire une séance de dédicace à la librairie de Fleury et Botts ! Il faut se dépêcher avant qu'il n'y ait trop de monde, ou nous ne pourrons plus nous y déplacer ! »
Hagrid regarda ses deux protégés.
« Les garçons, je vous laisse avec Hermione. J'ai encore des courses à faire, je vous rejoindrais devant Fleury et Botts. »
Harry acquiesça. « D'accord Hagrid. On y va, Hermione ? »
« Oui, bien sûr ! Oh, je ne vous ai pas présenté mes parents. Papa, Maman, voici Harry et Neville. »
Un homme s'approcha et tendit la main vers Harry. Ils firent une poignée de main. « Bonjour les garçons. C'est un bonheur de rencontrer les amis de notre fille. »
La mère mit ses mains sur les épaules de sa fille. « Hermione, nous devrions aller à la librairie. »
« Oui ! »
Les trois enfants et le couple d'adultes allèrent à la librairie, qui était en effet pleine de monde. Dès qu'ils furent rentrés, ils se firent aborder par une femme rousse légèrement potelée.
« Oh, mes petits anges, vous êtes ici aujourd'hui aussi ! Bonjour Harry, et toi tu dois être Neville. Vous vous souvenez, je suis Molly Weasley, la mère de Ron. »
Les parents de Hermione froncèrent les sourcils et tirèrent leur fille vers eux. Elle leur avait parlé de ce camarade moqueur et brutal. La femme avait l'air aimable, mais son fils était une mauvaise fréquentation.
Les deux jumeaux arrivèrent dans le dos de leur mère.
« Maman, ça va commencer. »
« Oh, bonjour Harry ! »
« Et Neville !… »
« Hermione Granger, un honneur ! »
Les deux jumeaux firent mine de s'incliner devant Hermione, sous les yeux ronds des trois enfants. Molly se tourna vers ses garçons et les réprimanda pour leurs pitreries. George (ou Fred) sourit à l'attrapeur de Gryffondor.
« Venez, Lockhart va défiler pour la presse. »
« Ça promet d'être amusant. », fit l'autre.
Hermione se dépêcha d'approcher du lieu. Harry et Neville échangèrent un regard, l'un avec un manque d'enthousiasme certain, et l'autre avec une appréhension croissante quant à l'agitation causée. Ils décidèrent finalement de se frayer un chemin pour rejoindre Hermione sur le devant.
Ils se retrouvèrent proches de Ronald Weasley, et Harry n'en était pas très content. Il lança un bref regard noir au rouquin pour lui signifier qu'il ne tolérerait pas la moindre remarque à son égard ou celui de ses deux amis. Ron lui répondit par une grimace des plus inélégantes. Ils détournèrent chacun le regard de l'autre quand Lockhart arriva sous un tonnerre d'applaudissements.
L'homme se vantait tellement qu'il donnait envie de vomir de dégoût à Harry. Lockhart perdit son sourire en observant l'assistance vers les garçons.
« Ce ne serait pas Neville Longbottom… »
Le silence se fit, et le photographe se retourna vers les quatre enfants. Il repéra immédiatement Neville, dont la cicatrice était évidente, et qui était le plus proche de lui. L'homme attrapa le garçon et le plaça près de Lockhart.
Harry était courroucé par cette audace, et serra les poings le plus forts qu'il pouvait. Ron ricana. « Envie de foutre un pain, Potter ? »
« Je ne t'en empêcherais pas si tu veux le faire, Weasley. »
Lockhart agissait si familièrement avec Neville que Harry voulait l'étrangler. Neville était assurément très gêné et cherchait le moyen de fuir pendant que Lockhart annonçait qu'il lui offrait l'intégralité de la collection de ses ouvrages.
Draco était à l'étage, et il observait toute la scène accoudé à la rambarde du balcon intérieur. Il pouvait voir Neville, stressé, auprès de l'écrivain célèbre et ridicule, se faire prendre en photo par bon nombre de photographes, tous présents pour les scoops et pour la gloire absurde de l'ancien Serdaigle stupide.
Draco trouvait que le sourire de l'homme était la chose la moins idiote qu'il affichait, ce qui voulait tout dire, étant donné la dose d'abrutissement qui en sortait. Cet homme se pomponnait à en vomir. Tout n'était qu'apparence, et même si beaucoup la trouvait belle, ce qu'elle était, Draco préférait la trouver hideuse par sa fausseté.
Dans la foule, il y avait, outre les journalistes, un agglomérat de fans débilités par les paroles pompeuses de Lockhart. Draco pouvait repérer sans difficulté les têtes rousses. La probable mère des Weasley avait l'air aussi absorbée par le discours que les autres admirateurs de l'écrivain. Pauvre Ronald, il était plus facile de comprendre comment il pouvait être aussi idiot.
Ledit Ronald Weasley était à côté de Hermione, elle-même à gauche de Harry. Dans toute cette foule pathétique, ce qui remplit d'horreur Draco était l'air tout aussi admiratif que les autres de Hermione. Même Ronald ne se laissait pas abuser. D'un autre côté, Wealsey ne pouvait pas apprécier la moindre beauté, n'est-ce pas ? Harry semblait être l'un des rares autres censés. Si tous les frères aînés de Ronald étaient neutres, Harry semblait clairement se retenir d'éclater de fureur.
Harry s'avança.
« Arrêtez ! »
Lockhart l'observa avec cet air pompeux et supérieur. « Et qui es-tu, toi ? »
« Celui qui va vous le faire regretter très fort si vous ne laissez pas mon ami tranquille. Neville n'a jamais dit qu'il voulait être pris en photo ou se tenir à côté de vous. »
Harry se tourna vers le photographe. « Ne publiez aucune photo avec Neville dessus tant qu'il ne vous donne pas son accord. »
Draco jugea que le spectacle était terminé, et commença à se diriger vers les escaliers pendant que l'adulte répondait d'un ton supérieur au jeune Gryffondor.
« Tu ne peux pas entraver les droits de la presse, garçon. »
« Neville, viens, on s'en va d'ici ! »
Neville se pressa pour rejoindre Harry et s'écarter de la foule. Hermione les suivit pour leur faire la morale.
« Harry, Gilderoy Lockhart est un très grand sorcier, tu n'aurais pas dû parler comme ça. Et puis d'abord,… »
« Hermione ! » Sorti de la foule, Harry se retourna vers la fille. Elle était parfois pénible. « Tu as vu comment il se comporte. Pourquoi tu le défends ? »
Hermione ne put pas répondre, car la voix claire de Draco s'éleva dans le dos de Harry. Il finissait de descendre les marches pour se placer en face de ses camarades.
« Neville Longbottom ne peut pas rentrer dans une librairie sans attirer l'attention. Mais le pire, c'est peut-être toi, Harry Potter. Toi, tu te fais volontairement remarquer. Toujours à chercher la gloire, Potter ? »
« Crois-moi, je la mettrais en bouteille plutôt que la laisser à Lockhart si je pouvais. Et toi, tu es pire que l'année dernière. Au juste, mon cousin te ressemble pas mal. »
« Vraiment ? »
« Oui, il est gras et stupide. »
Ron, qui avait rejoint le groupe avec ses frères et sa sœur, éclata de rire. Draco lui lança un regard noir, mélange d'aversion et d'exécration.
« Tu trouves ça drôle, Weasley, espèce de sale petit… »
Draco se coupa lorsque le bout d'une canne serpent se posa sur son épaule. En observant l'objet, le garçon semblait calmé, par un mélange de crainte et de respect. L'homme qui tenait l'instrument l'utilisa pour pousser et écarter l'enfant sur le côté.
« Tout doux, Draco, sois gentil. »
Comprenant fort bien le message de son père, Draco lui laissa la place sans résistance et s'éloigna pour observer la suite, presque aux côtés de Hermione. Tous les autres enfants avaient leur attention entière et totale portée sur l'homme qui parlait si doucement avec cet air mystérieux.
« Lucius Malfoy. », se présenta-t-il.
Aucun n'était vraiment surpris, la ressemblance entre Draco et son père était très visible. Lucius porta son regard vers Neville.
« Et vous devez-être Neville Longbottom. »
Il tendit la main vers le garçon. Neville ne pouvait honnêtement pas se défiler, alors il accepta la poignée de main. Sitôt eût-il placé sa main dans celle de l'homme, Lucius l'attira vers lui, et écarta sa frange de devant sa cicatrice grâce à la canne.
« Votre cicatrice est légendaire. Tout comme le sorcier qui vous l'a infligé. »
« Voldemort était un meurtrier. », annonça clairement Harry.
Lucius lâcha Neville et tourna la tête vers le garçon aux yeux verts. Harry le regardait avec défis. « Il a tué ses parents. »
« Vous devez être bien courageux pour dire son nom, jeune homme. Harry Potter, je présume. »
Avant que Harry n'ait pu répondre, Hermione le devança.
« La peur d'un nom ne fait qu'alimenter la peur de la chose elle-même. »
« Et vous, vous devez être Hermione Granger ? »
Lucius lança un rapide coup d'œil à son fils pour la confirmation. Draco saisit le regard et hocha la tête en fixant Hermione. Il savait que les choses ne pouvaient que mal se passer.
« Oui, Draco m'a beaucoup parlé de vous. Et de vos parents. »
Hermione se retourna derrière elle pour localiser ses dits-parents. Lucius suivit le regard. Le couple discutait avec un homme roux habillé d'un pull en laine.
« Des moldus, c'est ça ? »
Hermione resta silencieuse. Il était hors de question qu'elle réponde à cet homme qu'elle détestait déjà. Lucius ne s'en préoccupa pas, et porta son attention vers les autres adolescents.
« Laissez-moi deviner. Des cheveux roux, le regard inexpressif… »
Il prit le livre que contenait le chaudron que la fille Wealsey avait au bras, et il l'observa.
« Un livre d'occasion, écorné. Vous devez être les Weasleys. »
L'homme roux qui avait discuté avec les parents de Hermione s'était à présent rapproché des adolescents.
« Les enfants, c'est bondé ici, sortons… »
« Tiens tiens, Weasley père. »
Harry pouvait noter la résignation sur le visage du roux alors qu'il se tournait vers le Malfoy.
« Lucius. »
« Fréquenter des moldus… »
Lucius était clairement désapprobateur. Il se rapprocha de l'autre homme, en remettant les livres dans le chaudron de Ginny.
« Et moi qui pensais que votre famille ne pouvait pas tomber plus bas. »
Pendant que le père des frères Weasley tentait de ne pas réagir aux provocations, Hermione tournait un regard accusateur vers Draco. Ce dernier fronçait les sourcils avec impuissance. Il n'aimait certainement pas plus qu'elle ce qui se passait. Il ne pouvait réagir pour ou contre personne, ni du côté de son père, ni de celui de ses amis. Il était coincé.
Finalement, Lucius conclut la rencontre en disant à son collègue qu'ils se verraient au ministère, avant de partir. Draco commença à le suivre, mais Harry le rattrapa par le bras, sous le regard de tous les autres.
« C'était quoi, ça ? »
« Qui, tu veux dire, Potter. Mon père. »
Harry serra son emprise. « Merci, j'avais compris. Mais c'est quoi cette attitude ? Tu n'as rien à dire ? »
Draco haussa les sourcils. « Rien. Mon père m'attend, Potter, lâche-moi. On se verra à l'école. »
« Draco ! » cria Hermione. « Tu nous dois une explication ! »
« Plus tard, Granger ! J'ai dit, on se verra à l'école. »
Le blond lança un regard froid à Harry. « Et j'ai dit, lâche-moi, Potter. Si je dois me répéter, je te garantis que mon parrain entendra parler de ça. »
Harry sourit méchamment. « Oh, mais je te garantis qu'il entendra aussi parler de tout ce qui s'est passé ici. »
Neville sépara ses deux amis. Il leur parla doucement pour amener le calme, et aussi ne pas se faire entendre de l'autre bout de la boutique. « Arrêtez ça… Harry, Draco nous expliquera tout une fois à Poudlard. »
Draco ne prit même pas la peine de remercier Neville avant de s'éloigner rapidement pour rejoindre son père.
Ron regardait encore la porte de sortie de la librairie avec dégoût. « Vous appelez ça un ami ? »
Harry se retourna vivement. « Lui, je ne suis plus certain, mais toi, j'ai la certitude que tu n'es pas le mien. »
Arthur Weasley appela enfin au calme. « Maintenant, les enfants, arrêtons ça. Je suis Arthur Weasley, le père de Ron… les jumeaux ont beaucoup parlé de tes capacités au Quidditch, Harry. »
Harry gratifia les jumeaux d'un sourire chaleureux. « Et ce sont de formidables équipiers, monsieur. »
« Tu peux m'appeler Arthur. Hermione, vos parents sont des gens passionnants. »
« Ce n'est apparemment pas l'avis de tous. », rétorqua la fillette, très énervée contre Malfoy père et fils.
« Tous les sorciers ne sont pas comme les Malfoy, je tiens à ce que vous le sachiez. »
Neville prit à nouveau la parole. « Merci, monsieur, pour votre intervention. Mais Hagrid va nous attendre, Harry et moi devons finir de prendre tous nos livres. »
« Je peux vous aider les garçons. »
Harry se fit très sérieux. Il aimait son indépendance. « Merci, mais je préfère faire ça seul. »
Pendant que Harry et Neville finissaient leurs courses, les parents de Hermione, qui avaient eu une bien meilleure impression de la part des parents Weasley que du père Malfoy, tentaient d'expliquer à leur fille que Draco Malfoy était assurément une mauvaise relation. Mais la fille décida qu'elle attendrait d'avoir une explication de son ami sur cet événement.
Elle voulait savoir ce que Draco avait dit à son père sur elle et ses parents. Et elle ne voulait rien avoir à faire avec un intimidateur comme Ron. Bien que si elle était vraiment honnête, Draco avait aussi la capacité de l'être, surtout avec un père pareil.
