(La chambre des secrets) Encore amis


Sous les yeux de chacun des deuxièmes années de Serpentard et d'Hermione, le grand garçon brun commença à se tordre de rire. Tant et tant qu'il s'écroula au sol.

Les éclats de rire attirèrent l'attention, mais bien sûr Draco avait déjà rangé sa baguette. Même Nott s'était tourné pour regarder Zabini avec surprise.

Les Serpentard des différentes années ne cachaient certainement pas tous leurs chocs de voir l'un deux s'esclaffer de cette manière. Un certain nombre d'entre eux comprirent rapidement ce qui provoquait cela.

Le deuxième année n'était pas victime d'une bonne blague. Son rire n'était pas naturel, il était magique. Le sortilège de chatouillis était un sort de deuxième année, et il semblait que son groupe d'ami s'entraînait.

Les années supérieures désapprouvaient cet étalage en public, sans doute autant que le professeur Snape. Mais ils n'avaient pas à intervenir, alors ils retournèrent à leurs déjeuners et discussions.

Les Serdaigle étaient plutôt agacés d'entendre les éclats à gorge déployée du garçon.

À la table de Gryffondor, Ron et ses amis se demandaient ce qui se passait, aussi sûrement que Harry et Neville.

Le duo était inquiet pour Hermione, l'agitation venant très clairement de l'endroit où elle était. Elle regardait avec choc vers Zabini alors que Draco était debout à côté d'elle, fixant la même personne avec froideur.

Le professeur Snape s'avançait rapidement vers le lieu du trouble. Lorsqu'il parla, sa voix était douce et basse. Les élèves savaient que ce n'était pas bon signe de son humeur. Plus il parlait doucement, plus il était dangereusement de mauvaise humeur. Il ne haussait le ton que dans de rares pertes de sang-froid. Ce qui ne le rendait pas moins dangereux. Mais très peu de personnes l'avaient déjà connu dans ces moments.

« Que se passe-t-il ici ? Zabini ? »

Zabini pleurait de rire. « Je-je ne p-pe-peux p-p-p-as m'a-rrêter ! P-p-pitié, pr-pro-prof-fess-eur ! »

Le professeur posait un regard neutre sur l'élève. « Et pourquoi ne pouvez-vous pas vous arrêter, monsieur Zabini ? »

Hermione était choqué de la réaction de l'homme. Il devait savoir ce qui arrivait à l'élève. Plus Zabini devrait parler, plus il aurait mal, tout comme rester plus longtemps sous l'influence du sortilège ne lui ferait certainement aucun bien.

Draco ne cachait pas son narquois. Nott releva le regard vers lui, puis sembla soupirer avant de se tourner vers le professeur. « Malfoy lui a lancé le sortilège de chatouillis. »

« Il était trop malheureux, je voulais lui redonner la joie de vivre. »

Le professeur sortit sa baguette et d'un mouvement vif et discret mit fin au sortilège. « Granger et Malfoy, mon bureau dans une heure. »

« Oui monsieur. »

« Mademoiselle Greengrass, amenez monsieur Zabini à l'infirmerie. »

« Oui monsieur. »

Pendant que Daphnée aidait Zabini à se relever, le professeur observait vers son filleul qui s'asseyait à nouveau et la Gryffondor. La fille se leva doucement. « Je… je pense que je vais retourner… à ma table. »

Draco ricana avec un narquois plus grand qu'il ne semblait d'habitude. « Quand tu veux, Mione. Tu es la bienvenue ici. »

La fille lui donna une tape à l'arrière du crâne, puis se pencha pour lui chuchoter sa décision, en le regardant dans les yeux. « Si tu recommences à m'appeler comme ça, je te maudis jusqu'à ce que tu ne puisses plus tolérer même d'apercevoir ton reflet ! »

Elle partit ensuite rejoindre Harry et Neville, mais entendit distinctement que Snape enlevait 5 points à Gryffondor pour proférer des menaces à peine voilées.

Elle se demandait s'il lui reprochait vraiment les menaces ou juste qu'elles soient encore identifiables comme tel. À moins qu'il aie juste eu envie d'enlever des points à Gryffondor, ce qui était parfaitement plausible. Et en soi, elle ne pouvait pas lui reprocher le prétexte qu'il avait trouvé.

« Il s'est passé quoi ? » questionna Harry dès qu'elle arriva.

Elle nota le regard des autres Gryffondor également curieux. Elle lança un regard noir à Ron. Sans qu'elle dise quoi que ce soit, il ressentit le besoin de se défendre et de se justifier.

« Il t'a insulté, et je t'ai juste défendu ! »

Elle grimaça en voyant le contenu plein de la bouche du garçon. « Tu m'as mal défendu. Pour ma part, tu mérites ce qui t'est arrivé. J'ai appris que tu t'étais étouffé avec tes propres limaces ! Lancer des sorts en dehors des cours est interdit, surtout sur un autre élève. Et frapper un camarade aussi. Tu ne peux vraiment rien régler avec tes mots, Ronald Weasley ? »

Ron était proprement dégoûté. « Pourquoi tu le défends même quand c'est à toi qu'il s'en prend ? »

« Il éprouve plus de remords que toi, et son action était moins grave. »

« Ça dépend des points de vue. », bougonna Harry.

Hermione tourna un regard surpris vers son ami. « Que veux-tu dire ? »

« Eh bien, entre un ami qui insulte sauvagement ou un ennemi qui attaque, personnellement, je sais ce qui me ferait le plus mal. »

Hermione semblait ne pas parvenir à se décider sur ce qu'elle pourrait répondre. Harry baissa le regard et reprit d'un murmure.

« Fais juste attention à ne pas lui pardonner trop facilement, d'accord ? »

« D'accord. »

Quand Hermione arriva un peu moins d'une heure plus tard proche du bureau du chef Serpentard, Draco était déjà adossé au mur, bras croisés. Il releva un visage neutre vers elle en entendant ses pas. Ils restèrent un petit moment silencieux et immobiles, à observer l'autre dans les yeux. Puis, Draco baissa le regard, et Hermione se plaça face à la porte du bureau, prête à toquer.

Elle fixait le bois alors qu'elle adressait la parole à son camarade.

« Tu as une idée de ce qu'il nous veut ? »

« Non. Peut-être veut-il que je lui donne une explication plus complète pour Zabini, et que tu lui expliques ta présence à notre table. »

« Peut-être… »

Hermione donna les coups à la porte, et la voix du professeur leur parvint pour leur annoncer d'entrer. Elle ouvrit la porte et pénétra dans la salle, suivie par Draco qui referma soigneusement derrière lui pendant qu'elle s'asseyait en face du bureau. Une fois que les deux enfants furent installés, le professeur prit la parole.

« Draco, que s'est-il passé avec monsieur Zabini ? »

« Il a ignoré mes divers avertissements sur un point. »

« Quel point, Draco ? »

« Un point que j'avais fixé. »

« Et penses-tu être en droit de faire justice toi-même ? »

« Je l'avais prévenu. Il a ignoré cela, et m'a ouvertement provoqué de lui montrer les conséquences dans ce cas. Je n'ai fait qu'obéir à sa demande. Il devrait certainement m'en remercier. »

« Comptais-tu seulement faire le contre-sort ? »

« Quelle utilité, tu es venu. Il a simplement ri, qui n'aimerait pas pouvoir rire. »

« Draco, si tu ne prends pas conscience de la gravité de tes actes, je vais devoir sévir. D'une manière très désagréable. »

Le garçon haussa les épaules. « Ce n'était pas un sortilège dangereux. »

« Le problème, Draco, est ton état d'esprit. Aujourd'hui ce n'était que le sortilège de chatouillis, mais qu'en sera-t-il demain ? De plus, même le sort le plus inoffensif peut devenir dangereux s'il est mal utilisé. Rester sous l'influence du sortilège de Chatouillis peut avoir des conséquences graves, qui peuvent même conduire à la mort. »

Draco blêmissait maintenant.

« Me comprends-tu ? »

« O-oui Oncle Sev. »

« La cause n'a pas d'importance, ton action nécessite une sanction. Nous en parlerons lors de ta retenue de ce soir. Cependant… je serais amené à alourdir la sentence si l'acte déraisonnable et intolérable n'a aucune justification acceptable. Alors, qu'en était-il ? »

Bien que toujours blême par la réalisation des implications de son geste, Draco sentait ses joues chauffer, et se doutait que ses pommettes rougissaient.

« Je te l'ai dit, il m'a… provoqué. »

« Tu as expliqué qu'il t'avait en quelque sorte désobéi. J'espère que tu ne te considères pas, comme le Seigneur des Ténèbres, digne d'infliger des punitions à ceux qui sont en désaccord avec toi. »

« Je ne suis pas un meurtrier ! »

« Non, en effet. Mais tu ne peux nier, Draco, que ton attitude pourrait être comparée à la sienne. Sais-tu qu'il punit de Doloris ceux de ses disciples qui n'atteignent pas ses attentes, échouent même un peu à ses demandes, ou semblent ne pas apprécier chacune de ses décisions ? C'est à peu près ce que tu as fait avec monsieur Zabini, en remplaçant l'Endoloris par ce rictusempra. C'était une forme de torture diminuée, que tu as employée comme châtiment. »

« Je… ne l'ai pas vu comme ça. »

« Non certainement… certainement tu ne voulais pas te comparer au Seigneur des Ténèbres. Mais tu l'as bien vu comme une punition, Draco, et c'est pour cela que tu l'as employé. »

« En… en effet. » Draco ne regardait plus son parrain. Il ne savait pas s'il en serait à nouveau capable. Il ne parvenait pas à se reprocher complètement son action. Il l'avait fait pour défendre Hermione, pour bien faire comprendre à ses camarades qu'il ne tolérerait pas qu'ils s'en prennent à elle. Il ne voyait pas comment il aurait pu faire autrement, et n'avait pas envie de chercher.

Il comprenait ce que son parrain disait. Il comprenait que c'était censé être mal. Mais il ne pouvait pas se convaincre qu'il avait totalement mal agi. Parce que quelque part, c'était quand même pour défendre Hermione.

« Pour quelle raison as-tu jugé nécessaire de punir ton camarade ? Quelle consigne de ta part n'a-t-il pas respectée ? »

Draco entendait dans la voix de son parrain que l'homme lui reprochait toujours son attitude. Il détourna encore le regard, bien qu'il regardait déjà seulement le bois du bureau. Maintenant, il se fixait sur le sol.

Hermione observait son camarade, et écoutait tout. Elle devrait être en colère contre le garçon pour avoir fait ça… mais elle n'y arrivait pas. Elle ne le voulait pas non plus. Elle n'avait pensé qu'au fait qu'elle avait une raison de croire à ses excuses, de lui pardonner, et de récupérer son amitié. Elle s'était concentrée sur le fait qu'il lui montrait qu'il se souciait d'elle, suffisamment pour encore se monter contre ses camarades puristes.

Elle désapprouvait pourtant toujours la violence, et l'utilisation des sorts pour de mauvaises intentions. Attaquer, se venger, punir sans justices étaient de mauvaises intentions. Draco avait eu de mauvaises intentions quand il avait décidé de la défendre. Mais il l'avait défendu, et ça elle en appréciait chaque moment.

Alors c'était à elle de le défendre quand elle le pouvait. Elle ne pouvait pas excuser son action, mais elle acceptait parfaitement la cause initiale.

« Zabini n'arrêtait pas de m'insulter. Draco lui a demandé d'arrêter, et finalement il a perdu patience. »

« Mademoiselle Granger, vous savez parfaitement que le lancement de sorts et l'utilisation de baguette à l'extérieur des cours sont interdits, surtout pour faire du mal à un camarade. »

Hermione se rappelait avec un goût amer que lorsque Ron avait employé les mêmes moyens pour la défendre face à Draco, elle le lui avait reproché violemment. Qu'est-ce qui lui prenait de défendre Draco ? Il était son ami, lui. C'était une chose de faire la morale à un camarade, c'était une autre de laisser un ami avoir la sentence maximale face à un professeur.

Ce n'était pas les actions qu'elle défendait, c'était l'ami devant un professeur.

« J'en suis consciente, monsieur. Tout comme je suis consciente que Draco ne pensait pas vraiment à mal. Il a mal agi, mais vous demandiez ce qui avait déclenché son action intolérable, alors je ne fais que vous répondre. »

Draco leva un regard suppliant vers son parrain avant que l'homme ne puisse répondre. « Je t'en supplie, ne dis rien à mon père. »

Le professeur haussa un sourcil interrogatif. « Qu'est-ce maintenant, Draco ? »

« Zabini n'arrêtait pas de dire qu'une Sang-de-Bourbe comme elle n'avait rien à faire à notre table. Je lui ai dit de ne pas l'appeler comme ça, mais il a insisté. »

Le regard du professeur était plus sombre qu'aucun des deux élèves n'avait jamais vu. « Je vois. », claqua-t-il. « Tu enverras Zabini dans mon bureau dès que tu le verras. »

Le professeur monta le niveau de son occlumancie pour se calmer et reprendre plus doucement en regardant la fille innocente. « Miss Granger… j'ai eu vent d'une discussion… intéressante que vous auriez eue avec monsieur Malfoy plus tôt dans la journée. Que pourriez-vous m'en dire ? Je préfère toujours la vérité aux rumeurs. »

Hermione se tortillait sur son siège. Elle avait le sentiment que le professeur faisait référence à l'interaction entre les deux équipes de Quidditch. C'était sa faute à elle si au final aucune des équipes n'était allée s'entraîner. En tout cas, aucun des deux attrapeurs n'y était.

« Je… nous… nous avons… Les capitaines des deux équipes de Quidditch se disputaient, monsieur, suite à votre mot. L'équipe de Gryffondor l'a mal pris et… »

« Évidemment. Mais en quoi avez-vous été impliquée, mademoiselle Granger ? »

« Je… Draco se vantait que son père avait payé des balais pour toute l'équipe. Alors… eh bien je lui ai dit ce que je pensais. »

Draco regardait entre son parrain et la fille. Elle ne semblait pas avoir compris. Ce que le professeur ne tolérait pas était autre chose.

« C'est moi qui l'ai traitée de… avec ce mot. Nous nous sommes expliqués à ce sujet chez Hagrid, et j'ai assisté à une retenue avec McGonagall avant le repas déjà. J'ai perdu des points aussi. »

« Miss Granger, qu'en pensez-vous ? »

La fille était interloquée. « Comment ça ? »

« Comment avez-vous pris l'attitude de Draco, que pensez-vous de la punition qu'il a reçu par rapport à l'acte qu'il a commis, êtes-vous prête à… lui pardonner ses actes insensés. »

« Eh bien, il a montré qu'il regrettait vraiment. Et je n'ai pas à me mêler de sa punition. »

« Je demande votre avis sur la punition, miss Granger. Je vous implique. »

« Ce n'est qu'un mot. Sa punition était suffisante. »

« Dans ce cas… Draco. »

Le garçon se redressa et observa attentivement son parrain, attendant la suite. « Tu auras une retenue supplémentaire, évidemment, ainsi qu'une rédaction expliquant ce qui était mauvais dans ta réaction ce matin. »

Hermione agrandit les yeux. Quand elle vit que Draco acquiesçait docilement, elle s'exclama. « Mais professeur ! Il a été assez puni comme ça ! Je lui ai pardonné ! »

« Ce n'est pas cela la question, miss Granger. Il s'agit des règles de Serpentard que je vous prierais de ne pas communiquer à vos camarades des autres Maisons. Draco ayant obtenu une retenue de McGonagall en passera une supplémentaire. Ayant perdu des points, il se voit attribuer un devoir pour réfléchir sur la cause de cette perte. C'est ainsi que fonctionnent les punitions dans cette Maison.

« Aussi naïfs que soient les Gryffondor, j'aurai espéré qu'une fille intelligente comme vous, qui passe du temps en présence d'un Serpentard et qui a déjà été témoin d'attribution de punitions de ma part pour lui, puisse comprendre que je ne laisse jamais les étudiants fautifs sans sanction. »

« Vous ne punissez jamais un Serpentard devant témoin. Pourquoi faites-vous une exception aujourd'hui ? »

« Parce que, miss Granger, dans des circonstances où nous savons que le Seigneur des Ténèbres est en vie quelque part, où nous savons qu'il pourrait revenir un jour, où il y a la possibilité d'une nouvelle guerre de sorciers comme je suis certain que vous connaissez la première, l'insulte que Draco vous a faîtes est la plus grave qu'il eut pu trouver. Vous pouvez disposer tous les deux. Et Draco, n'oublie pas de prévenir Zabini. »

« Oui oncle Sev. »


Une fois les jeunes adolescents partis, Severus laissa ses émotions refaire surface.

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale Sang-de-Bourbe ! »

« Tu as choisi ta voie, j'ai choisi la mienne. »

Severus verrouilla la pièce magiquement. Il devait s'isoler un moment. Il savait que Zabini ne reviendrait pas tout de suite, Poppy voudrait le garder plus longtemps.

Il regrettait tellement, tout était de sa faute. Et rien ne pourrait réparer ça. Même si Lily semblait proche de lui à nouveau, elle ne l'était pas vraiment. Et c'était toujours de sa faute.

Il devait parfois accepter les souvenirs qui revenaient, arrêter de les occulter. Il devait accepter la douleur qui allait avec. Il était impossible de se dire que rien ne s'était passé, que tout allait bien.

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale Sang-de-Bourbe ! »

« Bien, je ne m'en mêlerais plus, alors. Servillus. »

Les larmes montaient dans ses yeux. Il relâcha toute sa prise sur son occlumancie. Il laissa tous les souvenirs refaire surface, toutes les émotions s'écouler. La douleur due à la pression soudaine dans sa tête était un moindre mal en comparaison de celle émotionnelle qui l'imprégnait.

C'était sa faute. Encore sa faute. Toujours sa faute.

Il l'avait fait pleurer. Il l'avait fait souffrir. Il l'avait fait tuer.

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale Sang-de-Bourbe ! »

« Tu t'excuses maintenant ! »

« Je n'ai pas besoin que tu me défendes, Potter, tu es aussi mauvais que lui. »

Non, il ne l'était pas… Potter l'avait défendu quand lui l'insultait. Potter l'avait fait sourire quand lui lui avait brisé le cœur. Potter avait donné sa vie pour la protéger quand lui l'avait envoyé vers sa mort.

Il s'approcha d'un pan du mur, agita doucement sa baguette, et le mur fit sortir la pensine. Il porta sa baguette à sa tempe.

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale Sang-de-Bourbe ! »

Ses yeux verts étaient blessés. Si blessés. Elle était offensée plus qu'elle ne l'avait jamais été avant, ni plus tard. Ses yeux se mouillaient. Puis il y eut cette ombre de haine et de reproche.

« Servillus. »

Il connaissait ce surnom depuis des années. Il l'avait toujours ignoré. C'était celui que les maraudeurs et les autres avaient pris l'habitude d'utiliser pour se moquer de lui. Il s'en fichait toujours, il en avait l'habitude. Sauf cette fois. Cette fois-ci, il n'avait pas pu l'ignorer. Parce que c'était elle qui l'avait dit. Elle l'avait pris comme une défense, pour le rejeter. Alors que lui venait de lui cracher ce mot, exactement de la même manière. Elle n'avait pas pu l'ignorer, parce que c'était lui qui l'avait dit.

Il écarta sa baguette lentement, et un mince filet argenté suivait. Il le laissa tomber doucement dans la pensine.

« Je suis désolé ! »

« Ça ne m'intéresse pas ! »

Il ferma les yeux. Même comme ça, il l'entendait encore. Les larmes coulèrent alors qu'il écoutait.

« Pourquoi serais-je différente ? »

Il n'avait jamais pu lui répondre. Mais ça n'avait aucune importance. Parce que ses actions ne méritaient pas son pardon. Même avec tout le regret du monde. Ce n'était pas le regret qui pouvait réparer ce qui s'était passé.

« Je t'ai trouvé des excuses pendant des années. »

Ses jambes faiblissaient alors qu'il luttait contre son passé.

« Tu es avec eux maintenant, tu passes ton temps avec eux, ces apprentis Mangemort. Vous avez tous l'intention de le devenir. Tu ne le nies même pas ! Cette magie noire qui te passionne, c'est mal ! »

Il déposa l'autre souvenir dans la pensine, puis occulta. Il cacha à nouveau l'objet magique. Il en avait assez. Le passé ne dicterait pas sa conduite présente. Le passé était déjà terminé. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se concentrer sur le présent et le futur.

Minerva l'avait prévenu l'année précédente qu'elle appréciait que Draco et la petite Granger passent du temps ensemble. Il ne l'avait pas écoutée. Il savait que ça terminerait mal. Draco était toujours dans l'ombre de Lucius, et il n'oserait pas se rebeller contre les idées de son père, dans lesquelles il avait baigné depuis sa plus petite enfance, et qu'il avait adopté à son tour.

Mais Draco semblait avoir cette force qu'il n'avait pas soupçonnée. Draco était capable de mûrir et de se faire ses propres idées. Neville Longbottom avait cette capacité à faire s'ouvrir les esprits et les cœurs près de lui. Draco était prêt à reconnaître ses erreurs avant qu'il ne soit trop tard, Neville était prêt à tout pardonner, et miss Granger savait s'assurer que le pardon était autorisé.

Quand il avait poussé Harry et Draco à s'entendre, il n'aurait jamais soupçonné que cela puisse prendre des effets aussi vastes. Peut-être qu'ils seraient vraiment capables de mettre les hostilités existantes entre les maisons de côté.