(La chambre des secrets) Préparation du Polynectar


La jeune Gryffondor se dirigea avec détermination vers le groupe de Serpentard dès son entrée dans la Grande Salle.

Elle ignora les regards hostiles des plus âgés, et ne remarqua pas les plus amicaux. Elle avait un but, et ne laisserait personne l'en détourner.

Elle repéra que celui qu'elle cherchait l'avait aperçue et l'observait du coin de l'œil d'un air méfiant sans se séparer de son groupe.

Il ne réagit avec surprise que lorsqu'elle choisit la place à côté de Nott pour s'installer.

La discussion se stoppa immédiatement. Même ceux qui avaient repéré qu'elle approchait l'avaient jusqu'à là ignoré, mais son audace de se mettre à cette place-là précisément les choqua.

Étrangement, Nott était le moins perturbé. Il se tourna doucement vers elle, avec un léger sourire, bien qu'elle ne sache pas si c'était amical ou avec une mauvaise intention caché derrière la tête. Connaissant le personnage, c'était probablement la seconde option.

« Eh bien, ne serait-ce pas Hermione Granger ? Bonjour. »

Elle-même était surprise par cette civilité de la part du serpent. « oh, bon-bonjour. »

Il sourit davantage en réponse. Il était clairement satisfait cette fois. « C'est une surprise de te voir ici, Granger. Mais c'est sans doute Zabini qui va être le plus contrarié, n'est-ce pas ? »

Nott, s'étant tourné le plus en face possible de Hermione pour la regarder, tournait ainsi le dos à son autre voisin, Zabini. En parlant, il avait tourné les yeux comme pour observer dans son dos d'un air narquois.

Il ne vit probablement pas la contraction de la mâchoire de Zabini, ni que le garçon se tendait totalement, et semblait se concentrer sur le fait de ne rien dire, avec difficulté.

Hermione se demandait ce qui retenait le grand brun de parler et notamment de l'insulter. Nott la regarda à nouveau, toujours avec son sourire. « Il a parié, vois-tu, que tu n'oserais jamais revenir à notre table après l'accueil que tu avais reçu la dernière fois. Parkinson a parié le contraire. »

La voisine de Draco tendit la main vers Zabini. « Oui, je savais qu'elle trouverait toujours le moyen de nous embêter le plus. »

« Te fatigue pas, Pansy, je te paierais au dortoir. J'avais pas vraiment prévu ça maintenant. »

Nott décida que la discussion entre les deux était totalement inutile et fit un geste de la main agacé. « Mais revenons-en au plus important. Granger, pourquoi es-tu revenue aujourd'hui ? »

Zabini serra les poings. « Elle est venue te corrompre comme elle l'a fait avec Draco. »

Draco posa un regard froid sur le garçon qui lui faisait face. « Zabin… »

Nott prit la parole bien plus doucement que Draco, et le blond le laissa faire. « Je ne pense pas. Mais, Zabini, s'il te plaît, souviens-toi que les Serpentard sont toujours unis. »

Hermione nota sans difficulté que Draco observait Nott avec méfiance, et qu'il cherchait ce que pouvait bien être l'idée de son camarade pour agir de cette manière.

Hermione choisit de ne pas se préoccuper de l'attitude calme de Nott. Elle n'allait pas se casser la tête quand ils étaient enfin quelque peu amicaux.

« J'étais venu pour parler avec Draco du cours de potion. »

« Oh ? Quel sujet ? »

Elle plissa les yeux. « Polynectar. »

« Intéressant… j'aurais pensé que tu préférais la théorie à la pratique. Donc cette partie du cours doit être celle que tu as le plus comprise, Granger, non ? Pourquoi as-tu besoin de lui ? »

« Ça te dérangerait de ne pas parler à sa place ? »

« C'est à côté de moi que tu es. De plus, je suis probablement le second plus qualifié dans ce cours. »

Draco émit un son significatif d'un rire étouffé qui l'étrangla quand il chercha à le retenir. Nott tourna lentement un regard appuyé vers son camarade. « D'après les propres dires du professeur Snape. »

Draco croisa les bras et se renfrogna légèrement. Hermione tenta de ramener le sujet vers son but. « Sans vouloir te vexer, parler avec le numéro un devrait être meilleur. Et puis, je ne m'attendais certainement pas à votre civilité. Les fois précédentes, vous étiez tous plutôt hostiles envers moi. »

Nott lui sourit. « Désolé si tu as eu cette impression, Granger. Je n'ai jamais rien eu contre toi. C'est avec Malfoy que j'avais un malentendu. Mais cela devrait être réglé, n'est-ce pas, Malfoy ? »

Draco grogna un simple « Oui. ».

Nott se tapota doucement les lèvres avec son doigt dans un sourire malicieux, comme pour réfléchir, en observant attentivement Hermione. Enfin, il reprit la parole.

« Et si nous allions voir cela ensemble après le déjeuner ? Toi, moi et Malfoy. Nous irons à la bibliothèque. En attendant, je t'en pris, sustente-toi avec nous. »

Hermione gémit discrètement en lançant un regard plaintif à Draco. Le garçon lui répondit par une grimace de circonstance, puis hocha légèrement la tête pour lui signifier d'accepter l'invitation.

Le sourire en coin de Nott était visible. Le Serpentard avait bien repéré les échanges non verbaux entre les deux amis, et était plutôt satisfait de sa réussite.

Hermione passa donc le déjeuner avec eux, dans un silence relatif.

Pansy Parkinson semblait très énervée, mais gardait ses pensées hostiles pour elle-même. Ses mouvements montraient cependant clairement qu'elle était contre la présence de la Gryffondor, et elle signifiait son désaccord par son manque de participation aux discussions légères.

Nott guidait le fil de la discussion, mais se débrouillait pour principalement faire parler Zabini, qui ne cachait pas non plus son mécontentement sur la présence de Hermione, mais qui faisait l'effort de l'ignorer.

Zabini s'était donné comme défi de simplement mépriser la fille, et lui montrer qu'il était bien meilleur qu'elle, même dans les manières à table. Capter l'attention de ses camarades devait lui permettre de les empêcher de remarquer que les manières de Hermione étaient plus que correctes.

En face de Nott et de la Gryffondor, Crabbe et Goyle faisaient juste acte de présence, dans le même silence usuel auquel Hermione était habituée de leur part.

Draco et Nott se disputaient subtilement en usant de Zabini comme intermédiaire, le poussant à parler dans le sens qu'ils souhaitaient chacun pour envoyer des signaux sous-entendus à l'autre.

Zabini n'était pas dupe, mais il préférait de loin se laisser faire que de montrer devant la Gryffondor Sang-de-Bourbe les tensions au sein de leur groupe. En fait, les deux autres n'arriveraient jamais à faire ça s'il n'était pas volontaire et pleinement conscient de ce qu'il disait. Mais jouer le naïf et parleur volubile lui assurait une certaine neutralité.

Les deux autres étaient trop orgueilleux pour réaliser qu'il n'était pas leur dupe, et qu'il manipulait par lui-même les tournures de ses phrases. Ils pouvaient continuer à se détester l'un l'autre sans songer que Zabini alimentait consciemment leurs haines.

À la fin du repas, ils se séparèrent comme Nott l'avait suggéré. Crabbe et Goyle suivraient le mouvement qu'on leur indiquerait, Pansy et Zabini ne toléreraient pas de rester un instant de plus que nécessaire en compagnie de la Sang-de-Bourbe de Draco, et Daphnée n'était pas particulièrement motivée pour suivre autre chose que la direction de sa salle commune.

Pendant tout le déjeuné, Harry avait fixé la table Serpentard, et surveillait que rien de fâcheux n'arrivait à Hermione.

Neville était initialement inquiet aussi que leur amie ne revienne pas vers eux, mais il avait décidé que ce n'était rien de grave, et qu'elle était parfaitement capable de juger si elle pouvait y rester ou non.

Quand les Serpentard et Hermione s'étaient levés tous ensemble, Harry s'était rapidement levé à son tour, sans cesser de les surveiller, et se prépara à rejoindre Hermione en se dirigeant à grands pas vers l'entrée de la Grande Salle, suivit tranquillement par Neville.

Nott, sur le devant du groupe Serpentard, gratifia les deux Gryffondor d'un sourire, ce qui les perturba.

Harry fut immédiatement méfiant. Pour quelle raison le plus fermé des Serpentard leur sourirait-il ? Qu'avait-il prévu ?

Derrière, Hermione et Draco murmuraient le plus bas possible afin d'interdire aux personnes les plus proches de les entendre. Ils étaient l'un contre l'autre, presque faisant du bouche-à-oreille.

Nott s'arrêta face à Harry et Neville, pendant que les autres leur passaient à côté avec des regards mauvais pour les Gryffondor. Hermione et Draco restèrent derrière Nott.

« Potter et Longbottom, quelle surprise… vous attendez quelque chose ? »

Harry grogna. « Une surprise que nous soyons dans la Grande Salle ? Ou que nous attendions nos amis ? C'est vrai que lorsqu'on voit que les tiens ne t'attendent pas, on peut comprendre que tu trouves cela étrange. Est-ce que tu sais seulement ce que c'est que l'amitié ? »

« Je sais, mais je doute d'avoir tout à fait la même définition que vous. Je veux dire, Gryffondor et Serpentard n'ont pas les mêmes valeurs pour ce genre de chose. »

« Oui, tu as toujours une idée derrière la tête, n'est-ce pas ? Tu fais déjà de la politique à douze ans ? »

« Je ne suis pas vraiment plus jeune que toi, Potter. Et en l'occurrence, je n'ai encore trouvé personne digne d'être mon ami, si tu veux tout savoir. Mais des relations, oui. Malheureusement pour toi, tu n'en fais pas partie. Peut-être qu'un jour tu attireras mon attention, mais pour l'heure tu es particulièrement insignifiant à mes yeux. »

« Qu'est-ce que tu veux, à la fin ? » cracha Harry.

« Pas grand-chose. Tu ne pourras probablement jamais rien m'apporter de ce que je veux, donc je ne perdrais pas mon temps à te l'expliquer. Cependant… ce serait un bon début si tu cessais d'être aussi possessif. »

Neville mit sa main sur le bras de Harry, qui se retourna donc pour observer son ami. Le garçon secoua doucement la tête de droite à gauche. Nott sourit d'un air amusé.

« Ton ami est plus raisonnable que toi, Potter. Neville Longbottom le… sage. Eh bien, si vous nous le permettez maintenant, nous allons simplement aller travailler, sans faire d'histoires. »

« Nous ? »

Nott pencha la tête de côté. « Oui, nous. Quelque chose que tu ne comprends pas ? »

Draco s'interposa. « Hermione et moi allons travailler les potions avec Nott à la bibliothèque. Si vous voulez, vous pouvez nous rejoindre. »

Discrètement, Draco appuya son talon sur le pied de son camarade de Serpentard, lui signifiant qu'il ne tolérerait pas de refus de sa part. Harry vit passer fugitivement un regard noir plein de haine dans les yeux de Nott en direction de Draco, mais le garçon se mura rapidement derrière un flegme froid.

« S'ils veulent venir, ils n'auront qu'à nous rattraper. Ne perdons pas davantage de temps, Malfoy. »

Nott s'écarta et fit signe à Draco et Hermione de passer devant. Ils acceptèrent la cordialité, et Nott leur emboîta le pas.

Neville les suivit du regard. « Harry… »

« Bien sûr qu'on y va ! » déclara haut et fort le garçon énervé, poings serrés.

Neville sentait venir le mal de tête. Il n'était pas certain d'avoir envie de gérer l'hostilité qui risquait fort d'apparaître à cette table de travail. Sans compter que la présence de Nott les empêcherait d'aborder la vraie raison de ces études.


« Où as-tu trouvé ce livre, Granger ?! »

Surprise, Hermione cligna un peu des yeux, puis baissa le regard vers le livre qu'elle avait trouvé un peu plus tôt sur la potion de Polynectar.

« Oh, eh bien… il était dans une étagère. Comme la grande majorité des livres dans une bibliothèque. »

Son choc hébétement passé, la fille regardait leur nouveau camarade de travail comme s'il était sot.

« Je sais bien où sont censés être la plupart des livres… » Nott prit une voix à la fois douce et sombre. Il mit la main sur l'ouvrage qui était ouvert à la page du Polynectar et le tira légèrement vers lui pour le regarder. « … mais celui-ci devrait être rangé dans la réserve… »

Hermione le fixa avec trouble. « D'où tiens-tu de telles informations ! »

« De Snape. »

La fille devint rouge d'embarras. Nott en déduisit qu'elle se souvenait à présent être présente quand le professeur en avait parlé, ce qui l'amusa un peu.

« Il l'a évoqué lorsqu'il nous a fait le premier cours sur le sujet. Cette potion est bien trop dangereuse pour que nous la pratiquions en classe avec des élèves aussi susceptibles de faire exploser leurs chaudrons comme la grande majorité de notre classe… »

Harry hocha la tête. « … mais les plus doués d'entre nous pourrons un jour espérer pouvoir pénétrer dans la réserve de la bibliothèque de Poudlard qui conserve un exemplaire du livre intitulé Les Potions de grands pouvoirs qui comme son nom l'indique renferme les recettes de certains des breuvages les plus dangereux de cet art. »

Neville frissonna. « Vous pourriez arrêter ça ?… Ça me fait froid dans le dos… »

Les quatre autres élèves tournèrent un regard étonné vers le garçon-qui-a-survécu. Finalement, le visage de Draco se tordit d'une légère grimace amusée, et il commença à rire, rapidement rejoint par les autres. Neville ne parvint à échapper à l'euphorie que par sa peur présente au souvenir d'un cours avec Snape.

La bibliothécaire s'approcha des deuxièmes années avec un visage strict. « La bibliothèque n'est pas un lieu pour rire ! Travaillez, ou partez, mais en silence. Si j'entends encore une exclamation de l'un de vous, je devrais vous bannir de ma bibliothèque jusqu'à Noël. »

Draco revint au calme. « Oui, madame Pince, pardonnez-nous. »

La femme redressa le menton d'un air suffisant, et se détourna.

Draco chuchota. « Désolé, Neville… »

« Vous vous êtes tous moqués de moi… »

Harry se mordit la lèvre inférieure. « Pas vraiment, c'est juste que… pardon, c'était trop drôle. Je veux dire, il y a un aspect comique quand même de… enfin… »

Nott croisa les bras. « Dis-le, Potter. Ton ami a une peur irrationnelle et ridicule d'un professeur. Trop peur pour apprécier les réminiscences des souvenirs d'un cours calme de pure théorie. »

« C'était ponctué par de la pratique d'une autre potion. », souligna Harry.

Hermione reprit ce ton bien connu de je-sais-tout. « Ce n'est pas vraiment une peur irrationnelle ou ridicule. Le professeur Snape fait peur. À tout le monde. »

Harry et Draco se raclèrent la gorge, mais elle les ignora. « C'est un homme dangereux, qu'il vaut mieux avoir dans son camp. »

Neville gémit d'une petite voix. « Même ceux qui sont dans le même camp que lui devraient accepter de le craindre un peu… »

Autant se moquer des peurs du garçon-qui-a-survécu amusait Nott, autant il n'avait pas très envie d'avoir ce genre de discussion très longtemps. « C'est comme ça que vous travaillez en général ? Ce n'est pas très productif. »

Draco prit le livre qui contenait la recette pour le ranger et le cacher dans son sac. « Alors parlons de ce qui est vraiment utile. Et savoir où devrait se trouver ce livre ne fait pas partie des informations intéressantes. »

« Et qu'as-tu retenu, toi ? »

« Que ses effets peuvent durer de dix minutes à douze heures, en fonction des compétences du sorcier qui l'a préparée. »

« C'est un très large éventail. », commenta Harry.

« C'est une très complexe potion. », rétorqua Draco sur le même ton.

« Et comment définirais-tu sa complexité ? »

« Simplement par : le professeur Snape nous a dit qu'il s'agissait d'une potion complexe. »

Hermione rit. « Quel argument de poids ! Sérieusement, ça ne veut rien dire, ça. »

« Alors comment le définirais-tu, toi ? »

« Elle est difficile. Et dangereuse, très dangereuse. »

« Dangereuse en quoi ? À préparer ou à boire ? »

« À boire, ça l'est évidemment. Nous parlons de la capacité de prendre l'apparence d'un autre. Eh bien dans ce cas, la brasser devrait être excessivement délicat. La moindre erreur pourrait être dangereuse. Est-ce qu'elle reproduit les problèmes de santé de la personne dont on prend la forme ? Si tout l'organisme est modifié pour l'illusion, alors les implications sont nombreuses. Il y a de quoi être effrayé. »

Neville laissa tomber sa tête dans ses bras croisés sur la table. « Tu me rassures beaucoup. »

Nott haussa un sourcil. « Ce n'est pas comme si nous allions la préparer ou la boire. »

« Non, évidemment que non… »

Nott fronça les sourcils. Quelque chose dans la manière de Neville d'aborder le sujet n'allait pas.

Draco échangea un regard de Nott à Neville, et croisa celui de Hermione qui le fixait. Elle le fixait droit dans les yeux, comme pour lui faire passer un message. Il réalisa alors, et dut se retenir de le montrer. Il devait rapidement détourner l'attention de Nott avant qu'il comprenne à son tour.

Il se tourna vers Harry. « La potion est connue pour sa difficulté, puisque de nombreux sorciers adultes n'osent même pas essayer de la brasser. »

Il ne put s'empêcher de tourner furtivement un regard sévère vers Hermione. Elle devait comprendre que c'était une très mauvaise idée.

Harry tenta de diriger l'attention vers lui-même. « Ce n'est peut-être qu'une réputation à cause de la peur que le phénomène de métamorphose profonde du corps implique. Comme Neville nous l'a montré, ce n'est pas très rassurant. »

« Ça joue peut-être, Harry, mais nous parlons d'une potion qui change l'organisme. Cette réputation obscure n'est pas basée sur rien. »

Hermione poursuivit. « C'est une potion réservée aux métamorphoses humaines, ce qui diminue les changements. Nous avons tous à peu près la même anatomie. »

Nott roula des yeux. « Bien qu'on dise qu'un humain ne peut pas l'utiliser pour devenir un animal, ce qui appuie plutôt ton idée, un demi-géant ne peut pas non plus l'utiliser pour devenir un humain. Et je gage que l'anatomie entre géant et humain est suffisamment similaire pour que les demi-géants existent. »

Draco ricana. « C'est parce qu'ils ont tous plus grand, eux. Sauf le cerveau ! »

« Ce n'est pas la taille qui compte pour le cerveau, Malfoy. En fait, as-tu disséqué un géant pour assurer que leurs cerveaux sont plus petits que les autres. »

Harry regarda le Serpentard avec un demi-sourire. « Cette fois, ce n'est pas nous qui dérivons du sujet. »

« Granger, que voulais-tu savoir sur la potion. »

« Ce que vous pourrez m'en dire. »

« Tu n'as pas écouté le cours de Snape ? »

Hermione garda un visage fermé. Bien sûr qu'elle avait écouté ! Et il était insultant que quelqu'un pense qu'elle n'écouterait pas un cours ! Mais si elle devait faire l'ignorante, elle devrait mentir et dire que non. Mais ce mensonge pourrait détruire sa réputation.

« Granger, toujours avec nous ? »

« Oui, je suis là. », cracha-t-elle. Elle reprit à contrecœur. « Non, je n'ai pas… écouté. »

Elle rougit. Elle n'aimait pas ce qu'elle faisait, mais c'était pour le bien de l'école. Seul Nott ne sembla pas perturbé par son annonce. Les trois autres la fixaient avec stupeur et choc. Ils y croyaient ! Elle avait envie de leur crier dessus à quel point ils étaient idiots !

« Et pourquoi t'y intéresse-tu maintenant, alors ? Si tu n'as pas pris la peine d'écouter Snape sur le moment pourquoi un tel revirement. Tu nous as tous habitués à t'informer le plus possible. Si tu n'écoutes pas, c'est que ça doit être futile et inutile. »

Merlin, que ce garçon était énervant. Il allait finir par lui arracher la vérité s'il continuait ! Il avait déjà failli soupçonner quelque chose peu de temps avant.

« J'étais vexée. Il critiquait encore les livres que je lisais. »

« Il ne l'a pas fait à ce cours-là. »

« Il l'a fait beaucoup d'autres fois ! J'en ai eu marre. J'ai décidé que je pouvais bien me passer de son cours et me débrouiller moi-même. »

« C'est étrange, alors maintenant tu demandes de l'aide à des étudiants de ton année, mais de la maison opposée pour rattraper ton retard plutôt que de chercher les réponses dans un livre. Pourquoi maintenant ? »

Draco claqua sa main sur la table. Tous sursautèrent et se tournèrent vers lui. Froidement, son regard dériva de Nott vers Hermione.

« Je me fiche de savoir les raisons. Elle a demandé de l'aide, alors c'est ce que nous allons faire maintenant, et arrêter de perdre notre temps. »

Neville chuchota. « Madame Pince va nous chasser. »

Harry le contredit. « Elle est partie il y a cinq minutes avec un sixième année pour la réserve. »

Nott ne détachait pas son regard de l'autre Serpentard. « D'accord, mais ce serait bien que Malfoy évite de recommencer ça. »

Draco hocha d'un coup sec la tête. « Je vais voir ce que je peux faire. Pour en revenir à la potion de polynectar… elle nécessite un mois de préparation. »

Neville pâlit. « C'est énorme. »

« Il y a pire. Il ne faut pas perdre de vu sa dangerosité. Elle modifie réellement l'organisme. Par exemple, si le sujet meurt avant que la potion s'estompe, il conservera les traits de la personne imitée. Je dirais que ça a tendance à montrer à quel point la potion change les choses. »

Harry était plutôt intrigué. « Tu pourrais nous expliquer pourquoi ce phénomène ? »

« Mmmh, probablement pas bien. Il vaudrait mieux demander au professeur Snape. Et je pense qu'il nous dira que ce n'est pas encore tout à fait dans notre niveau de compréhension. »

« Je déteste ce genre de réponse. »

« Quand c'est le professeur Snape qui le fait, c'est généralement vrai. Il nous faudrait certainement des connaissances approfondies en médicomagie pour comprendre. »

« Même si je comprends pourquoi cette réponse, je n'aime pas la recevoir pour autant. »

« Râleur. »

« Pleurnichard. »

« Bou… »

« Stop. », coupa Hermione. Nott observait, légèrement déconcerté. « Ils sont souvent comme ça ? »

« Bien trop souvent, oui. »

« Ce n'est pas vrai. », se défendit Harry.

Draco se prit la tête dans les mains. « Si, c'est vrai. Nous ne déboucherons sur rien d'autre pour aujourd'hui. Nous ferions mieux d'arrêter. »

Nott hocha la tête. « Je suis d'accord. C'était… intéressant. »

Il se leva, ramassa ses affaires, et partit. Harry en profita pour se déplacer à la place à présent vide. « Il était temps. », souffla-t-il.

Draco se pencha en avant, conspirateur, et continua à voix basse. « Alors, de quoi vouliez-vous vraiment parler ? Ne me dîtes pas que le plan brillant de Hermione demande vraiment de préparer du Polynectar ! »

« Si. », soupira Neville.

Draco blêmit. « Mais c'est de loin… plus irresponsable !… pire que l'année dernière ! »

« L'année dernière, tu as lancé des mauvais sorts à Voldemort. », souligna sans gène Harry.

Draco se tut. Quoi qu'il cherchait comme réponse, il ne trouvait jamais rien de vraiment convaincant.

Soit, il était obligé d'approuver le plan polynectar. À y réfléchir, c'était de loin l'idée la plus censée qu'ils auraient pu avoir.