(La chambre des secrets) Le club de duel
Il ne fut pas difficile au groupe d'apprendre que les Weasley restaient à Poudlard pour Noël cette fois encore.
Harry questionna Olivier, s'il voulait que toute l'équipe reste afin de s'entraîner sur le terrain comme les Serdaigle l'année précédente. Ou s'il voulait simplement rester pour participer à des matchs amicaux comme Helen avait organisé. Ce serait l'occasion pour lui de voir Percy poussé sur le terrain.
Olivier s'avéra tenté par ces différentes options, mais l'informa à contrecœur qu'il passerait Noël en famille, comme cela devrait être. Et puis, il ne voudrait pas imposer sa présence à Helen et Percy. Les deux voudraient passer un moment seuls sans qu'il soit là pour interférer.
Quand Harry tenta d'insister sournoisement, Olivier avoua que de toute façon, Helen l'avait presque supplié de partir. Cela perturba Harry. Olivier tenta de sourire, mais il n'y avait pas de cœur dedans.
« Flint a menacé de rester si j'étais là. Helen était plutôt catastrophée à l'idée de passer Noël avec ce troll, même si c'était avec le reste de leur équipe. Et des matchs amicaux ne seraient pas vraiment possibles si Serpentard et Gryffondor avaient leurs deux équipes au complet pour s'entraîner. Non, vraiment, je préfère un Noël passé en tant que vacances. »
« Tu es son ami, non ? Pourquoi elle te demanderait de ne pas rester près d'elle d'après toi ? »
« À cause de Flint. Mais elle n'a pas vraiment eu besoin de me supplier. Je ne reste jamais à Noël, mon départ était déjà prévu. Je pense qu'elle venait tout juste d'apprendre la menace de Flint, elle semblait paniquée. Je suis certain qu'elle m'aurait supplié devant toute l'école si je n'avais pas dit que je partais. »
Harry était sceptique avec cette explication. Pour lui, cela n'était qu'une raison de plus de suspecter la fille d'être mêlée à une quelconque affaire louche. Elle jouait dans l'équipe de Quidditch ! Flint était son capitaine, par Merlin. Elle ne pouvait pas honnêtement détester à ce point l'idée de passer Noël avec ce camarade.
Il mit les mains dans ses poches et marmonna un commentaire dans sa barbe invisible, la tête dans les épaules. « Pourquoi elle fuirait un ami de toute façon. »
« Elle ne me fuit pas. Ce serait plutôt moi qui la fuis. »
« Je parlais de Flint. »
Olivier blêmit. « Flint ? Helen ? Ami ?! Tu ne peux pas tomber plus loin de la vérité. Elle le déteste ! Qui digne de moralité apprécierait cet abruti ! »
« Elle joue au Quidditch avec lui. »
« Il n'y a qu'une seule équipe par Maison, ça restreint les possibilités de choisir ses équipiers. »
« Elle n'est pas obligée de jouer si elle ne peut pas supporter ses équipiers. »
« Écoute, Harry, je ne veux pas me disputer avec toi sur ce sujet, d'accord ? Maintenant, si tu permets, j'ai du travail. »
« Mmh, d'accord. Olivier ? »
Le capitaine de Quidditch était clairement agacé. « Quoi ? »
« Tu es certain qu'elle est honnête sur… »
Olivier se leva rapidement, attrapa Harry par le poignet et le traîna vers l'extérieur de la salle commune.
Harry s'affola. « Qu'est-ce que tu fais ?! »
« Au cachot. »
« Quoi, pourquoi ? »
« Parce que tu trouveras plus facilement de réponses en demandant directement aux personnes concernées. »
Harry n'avait jamais vu son capitaine perdre son calme de cette manière, surtout face à lui. Il était plus inquiet par l'attitude étrange de Olivier que par l'annonce qu'ils allaient vers le domaine des serpents pour trouver l'un de ses suspects concernant l'ouverture de la chambre.
Ils n'eurent pas à trouver la salle commune des Serpentard. Tout le monde s'écartait sur leur chemin, et Harry comprenait facilement que la rougeur vive sur le visage de Olivier et ses grands pas rapides y étaient pour quelque chose.
Olivier ne faisait même plus attention à qui ils croisaient, puisqu'ils avaient failli manquer deux préfets qui discutaient dans un couloir. Quand une main saisit le bras du capitaine de Gryffondor, il se retourna avec vigueur, prêt à crier sur l'insolent.
Mais il s'immobilisa en rencontrant le visage clair et doux de Helen.
L'autre préfet libéra Harry de l'emprise de Dubois, et se plaça même entre les deux Gryffondor. Harry sentit sa gorge se nouer quand il eut l'impression que le méprisant Serpentard se mettait dans une position de protecteur.
Helen et Olivier restaient immobiles l'un en face de l'autre, silencieux, et calmes. L'autre préfet prit un ton froid.
« Une explication, Dubois, sur cette attitude… indescriptible tant inadaptée ? »
Olivier se tourna complètement pour faire face aux trois adolescents. « Inadapté en quoi ? »
Le préfet haussa un sourcil, tout en maintenant Harry dans son dos. « En beaucoup de choses, mais commençons par une institution éducative, principalement en tant qu'interaction entre deux camarades, bien que d'âge différent, de même classe d'une certaine manière. »
Helen posa sa main doucement sur l'épaule de son ami de Gryffondor. « Que s'est-il passé, Olivier ? »
L'autre Serpentard émit un petit son méprisant, mais ne dit rien.
« Je suis désolé, je me suis un peu emporté… »
Harry sentit que le préfet de Serpentard se tendait. « Un peu ? Si tu appelles ça un peu, qu'est-ce que c'est quand tu t'énerves vraiment ? »
« Je ne te parlais pas, Darcactus. »
« Oh, s'il vous plaît. », plaida la fille, clairement peu volontaire à assister à une dispute. « Olivier, que s'est-il passé ? »
« Euh, Harry voulait te parler. »
Elle fronça les sourcils. « Et ça explique… ta démarche ? »
« Cinq points en moins, Dubois. », annonça clairement, sans émotion, l'autre préfet.
Olivier savait que c'était mérité, alors il ne se battit pas et hocha la tête en compréhension. Il n'avait rien de personnel contre Darcactus, contrairement à Percy.
« Tu peux partir, maintenant. », continua le préfet après acquiescement du Gryffondor.
Olivier commença à faire demi-tour, seulement pour se faire retenir un instant par Helen qui lui chuchota à l'oreille une chose que Harry ne put entendre. Il entendit cependant Olivier répondre doucement « Promis. », avant qu'il ne parte.
Darcactus se tourna enfin pour observer Harry. Il l'étudia de la tête au pied avant de fixer son regard dans les yeux du garçon. « Ton nom ? »
« Harry Potter. L'attrapeur de Gryffondor. »
« Je n'ai rien à faire de ton poste au sein d'une équipe pitoyable dans un sport pathétique… »
« Cornix, il est en deuxième année. »
« Et cela fait que… ? » interrogea le garçon avec un sourcil relevé.
La fille sembla amusée. « Cela fait qu'il n'a pas besoin que tu l'embêtes avec tes remarques acerbes. »
« Je vois. Alors que dois-je faire, ô puits de sagesse ? »
La fille roula des yeux et regarda Harry. « Que s'est-il passé avec Olivier ? »
« Je voulais savoir s'il restait à Noël pour d'autres jeux de Quidditch comme l'année dernière. Il m'a expliqué que tu ne voulais pas qu'il reste, alors j'ai continué à l'interroger pour comprendre. »
Harry se félicitait de la facilité de mentir à la fille tout en disant la vérité. Il n'avait jamais eu à trouver une excuse aussi véridique.
« Et il t'a parlé de Flint, je suppose. »
« C'est cela. »
Darcactus croisa les bras. « Cet imbécile. »
Helen ignora son camarade. « Ne t'inquiète pas, il ne restera pas. »
« Pourquoi ne resterait-il que si Olivier reste ? »
« Je suis navrée, Harry, mais je ne suis certainement pas dans la tête de Flint. Cependant, je suis certaine que tu peux trouver une idée. »
L'autre préfet ne semblait pas aimer rester dans le couloir. « Le fait qu'ils soient tout les deux capitaines d'équipes opposées joue probablement, même un Gryffondor de deuxième année devrait le comprendre. »
Harry haussa un sourcil interrogatif. « Alors pourquoi, toi, tu ne voulais pas que Flint reste ? »
La fille sembla honnêtement surprise, peut-être légèrement blessée. « Tu plaisantes ? N'est-ce pas ? C'est… je ne peux pas le supporter. »
« Vous jouez ensemble au Quidditch. Au même poste en plus. »
« Je suppose que c'est cette insistance qui a énervé Olivier. »
« Il ne s'est jamais énervé avant. »
L'autre préfet coupa court à la discussion. « Je le raccompagne à sa salle commune. Tu as d'autres choses à t'inquiéter, Helen. »
Sans attendre l'avis des deux autres, le préfet attrapa Harry et commença à le pousser pour l'éloigner de sa camarade.
Quand ils furent suffisamment éloignés, et seuls, il reprit froidement la parole, sans même le regarder.
« Les relations au sein des années supérieures ou de groupe dont tu es exclu ne te regardent pas, Potter. Les sentiments des Serpentard les uns envers les autres ne te concernent certainement pas, ni toi ni le moindre Gryffondor. Afin d'éclaircir ton esprit, sache que tous les Serpentard sont unis. »
« Ça n'empêche apparemment pas plusieurs d'entre vous de vous détester les uns les autres. »
Le garçon contracta sa fine mâchoire. « Il n'y a aucun problème dans notre maison. »
« Je suis ami avec Draco Malfoy, je sais ce qu'il en est. »
« Oh non, tu ne sais rien. Cependant, tu es bien trop curieux et insistant pour notre bien à tous. Tout le monde sait que je méprise tout le monde, alors considérons que c'est ce simple mépris qui me fait parler. Flint est une créature détestable, et un prédateur. Dubois ne fait que montrer de la présence d'esprit correcte en ne l'appréciant pas. Et que Helen parvienne à accepter de jouer dans la même équipe que ce troll puant n'est que la preuve de ses qualités de préfète concernant la cohésion d'un groupe. Cela ne veut pas dire qu'elle est obligée de le supporter pendant des vacances. Maintenant, si cela te rassure… l'imbécile du Quidditch ne sera pas sur la liste du professeur McGonagall. »
« Et toi, tu restes ? »
« Je ne vois pas en quoi cela te concernerait, Potter. »
« Comme moi, je reste, et que c'est toujours un comité réduit à Noël, cela me concerne un peu. J'ai tout de même le droit de savoir, et ce n'est pas comme si je n'allais pas m'en rendre compte plus tard. »
« Je ne pense pas que tu aies besoin de telles informations à l'avance. À moins que tu ne prépares quelque chose ? »
Harry resta silencieux, le regard fixé devant lui. Il sentait des sueurs froides à l'idée que le préfet puisse deviner qu'il préparait en effet quelque chose. Savait-il déjà ? Non, il ne faisait certainement que… plaisanter. Oui, c'était ça, une plaisanterie à la manière Darcactus. Rien de grave.
Pendant que Harry luttait pour garder le contrôle de ses pensées affolées, le préfet posa un regard observateur sur lui. Il y avait en effet quelque chose d'étrange. Le garçon préparait peut-être quelque chose, mais il ne voyait pas ce que cela pouvait être. De toute manière, le professeur Snape resterait, comme d'habitude. Rien de ce que fera le garçon ne pourra rester sans punition.
« Tu es arrivé. Un conseil, Potter… n'adresse plus la parole à Dubois. Pas pour aujourd'hui du moins, et certainement pas sur autre chose que du Quidditch. »
« Le sujet Helen-Flint est du Quidditch. »
« Si tu es un garçon censé, tu comprendras ce qu'il faut éviter d'aborder. Sinon, c'est ta propre perte, et je n'en ai rien à faire. »
Le garçon tourna les talons et repartit rapidement. Harry avait l'habitude maintenant de traiter avec les personnages austères, et celui-ci ne l'intimidait pas.
Ils allaient devoir réviser leurs plans en prenant en considération que Dubois ne restait pas pour les vacances.
« Approchez-vous, approchez s'il vous plaît. »
Ils étaient dans une grande salle, et un chemin surélevé avait été disposé en son centre, dans la longueur. Toutes les maisons étaient présentes.
Lockhart était monté sur l'estrade et avançait pour se montrer à tous.
« Est-ce que tout le monde me voit ? Est-ce que tout le monde m'entend ? »
Harry aurait préféré ne pas le faire.
Lockhart eut ce sourire provocant. « Parfait. »
L'homme commença alors à expliquer ce qu'ils faisaient tous ici, en ce jeudi soir de mi-décembre.
« En raison des sombres événements de ces dernières semaines, le professeur Dumbledore m'a donné l'autorisation d'ouvrir ce petit club de duels afin de vous former et de vous entraîner au cas où vous auriez à vous défendre comme cela m'est arrivé maintes et maintes fois. Pour plus de détails, je vous renvoie à mes livres. »
Harry roula des yeux. Il ne supportait pas l'homme, et sa patience était arrivée à bout depuis longtemps. Il tourna les yeux pour voir ses camarades.
À sa gauche, Draco était dégoûté et ne cachait pas son mépris de l'homme.
À sa droite, Neville ne faisait qu'appréhender le moment où on leur dirait qu'ils allaient devoir s'affronter.
À côté de Neville, Ron grimaçait aussi clairement. Ron n'aimait déjà pas la lecture ou le travail de manière générale. Alors des œuvres pathétiques valorisant un homme que Ron trouvait ridicule n'étaient pas le genre de lecture qu'il prendrait avec plaisir. Il était parmi les cancres de la classe quand il s'agissait d'étudier les textes du professeur. Ils travaillaient suffisamment sur ces écrits en cours pour ne pas avoir envie de les prendre dans leurs temps libres.
Hermione était de l'autre côté de Draco, silencieuse. Elle s'abstenait généralement de faire des commentaires sur Lockhart en leur présence depuis l'événement du bras cassé de Harry.
Lockhart enlevait sa cape et la jeta vers un groupe de filles qui la saisit avec des cris d'hystérie. Harry entendit Draco grogner. « Les filles de Serpentard ont beaucoup plus de tenues que ça. »
Hermione siffla. « Si tu dis qu'elles ont plus d'intelligence, je me ferais un plaisir de t'affronter dans notre premier duel et de te faire voir que je maîtrise bien mieux les sortilèges. »
Il chuchota en réponse. « Je ne t'ai pas comparé toi à elles, mais ces idiotes-là. Ce n'est pas parce qu'elles sont des Gryffondor et des Serdaigle que ça t'inclue dedans. Et je suis meilleur en charmes. »
« Tu plaisantes ? Absolument pas. »
« Bien, mettons que nous sommes à égalités jusqu'à preuve du contraire en sortilèges, mais je suis meilleur en métamorphose. »
Hermione ne put le contredire et il lui offrit un sourire narquois, pendant que Lockhart parlait.
« Je vous présente mon assistant, le professeur Snape. »
Le silence total se fit alors que l'homme sombre et charismatique avança sur l'estrade vers Lockhart. Snape était sans ses capes pour une fois, et sa stature était plus noble que ce que n'importe quel élève avait déjà imaginé. Ils eurent tous le sentiment étrange que Lockhart paierait cher de l'appeler « un assistant ».
Lockhart ne perdait pas son sourire et son assurance hautaine et suffisante. « Il a très sportivement accepté de m'aider pour une petite démonstration. »
Harry chuchota. « Ou alors, il a trouvé une bonne occasion de le remettre à sa place. »
Les quelques garçons qui l'entouraient ne pouvaient qu'approuver, mais la stature de Snape avait tant de présence qu'aucun ne se permit de rire.
Et Lockhart continuait de se vanter, sans sembler remarquer le regard sombre avec lequel Snape l'étudiait. « N'ayez crainte, votre maître des potions sera toujours en état de vous faire cours quand j'en aurai fini avec lui, faites-moi confiance. »
Harry chuchota plus bas encore. « Oh, oui, on a assez confiance en son incompétence pour le croire. »
La commissure des lèvres de Draco se plia subrepticement en une tentative de ricanement, mais le blond ne dit rien et n'émit pas le moindre son. C'était juste un tic, car il avait vaguement entendu la remarque, et l'approuvait totalement. Mais il était absorbé dans la contemplation de son professeur préféré.
Même s'ils étaient excités à l'idée de voir le professeur le plus obscur de Poudlard se battre en duel, lancer un sort sur un autre sorcier, ils étaient tous silencieux et en attente de voir le spectacle. Ils avaient du mal à détacher le regard du maître des potions. Certains se demandaient comment Lockhart n'avait pas remarqué que Snape prévoyait certainement de le ridiculiser.
D'autres pensaient simplement que Snape était en train d'envisager comment découper en finesse son adversaire pour en faire des morceaux d'ingrédients. Snape sortirait de ce combat en un seul morceau, ils le croyaient. Mais en combien finirait Lockhart ?
Les deux hommes se firent face, se saluèrent dignement, montrant les règles de prestance des duellistes, et se mirent en position, sous les regards attentifs de leurs étudiants.
Snape n'avait pas dit un mot, pas fait la moindre remarque, n'avait même pas l'air énervé. Mais les élèves avaient vu dans ses yeux qu'il observait Lockhart comme pour le découper.
Lockhart décompta. « Un… deux… trois ! »
Immédiatement, Snape articula distinctement le sort, et exécuta le mouvement avec lenteur et assurance, permettant aux élèves la possibilité d'apprendre en observant. « Expelliamus ! »
La puissance de son sort de désarmement projeta Lockhart à l'autre bout du terrain. L'écrivain tomba lourdement au sol, légèrement choqué.
Lavande, placée auprès de Ron, s'inquiéta. « Tu crois qu'il est blessé ? »
Comme la grande majorité de la classe, Ron riait aux éclats. « On s'en fiche ! »
Certains auraient aimé que les deux hommes s'entre-tuent, mais l'idée que Snape vainque Lockhart en un unique petit sort était tout bonnement tellement merveilleuse que même ceux qui détestaient le maître des potions étaient satisfaits. Ils le détestaient peut-être, mais ils méprisaient le professeur inutile qu'était Lockhart.
L'arrogant écrivain se releva et s'avança à grands pas vers un Snape parfaitement calme et immobile. Lockhart cachait un mélange d'irritation et de catastrophes. « C'était une excellente idée de leur monter ce sort. »
Lockhart reprit rapidement son assurance, et parla ensuite d'un air encore plus pompeux qu'auparavant. « Mais sans vouloir vous offenser, j'avais tout de suite deviné ce que vous aviez en tête, et si j'avais voulu vous en empêcher, je n'aurais eu aucun mal à le faire. »
Harry avait la nette impression que Lockhart cherchait en fait à offenser Snape. Mais ça ne marcherait pas. Le chef de Serpentard était imperturbable.
Il avait ce regard calme qui signifiait « je parle à un idiot mais je vais faire semblant de le respecter et il ne se rendra même pas compte à quel point je le présente comme stupide devant tout le monde. »
Sa voix était posée. « Peut-être serait-il prudent de commencer par leur apprendre à neutraliser les mauvais sorts, professeur. »
Lockhart fut momentanément pris de cours, réalisant que Snape maîtrisait bien mieux le sujet que lui. Mais Snape n'était qu'un assistant. Si le Serpentard lui soufflait les idées, c'était lui qui devait montrer sa maîtrise de la situation. « Excellente suggestion, professeur Snape. »
Lockhart se détourna et s'adressa à l'assemblée. « Mais il nous faudrait des volontaires pour une petite démonstration, Longbottom et Weasley par exemple. »
Neville commença docilement, avec grande appréhension à faire le tour pour accéder aux marches pendant que Snape contestait la proposition. Neville avait été rassuré au moins par l'idée que Ron n'était pas le plus sauvage des adversaires sur une question de magie, mais les paroles de Snape le fit reconsidérer ses idées.
« La baguette de Weasley fait des ravages avec les sorts les plus simples. Nous enverrons Longbottom à l'infirmerie dans une boîte d'allumettes. »
Neville savait qu'il finirait dans tous les cas à l'infirmerie. Mais le souvenir des performances de Ron depuis qu'il avait brisé sa baguette dans la bagarre avec Draco accentua sa peur de combattre.
Pour une fois, la critique de Snape n'était vraiment pas une insulte gratuite, tout le monde pouvait le savoir. Il finirait certainement dans un état pire que proposé, et Ron l'accompagnerait aussi, avec les sorts qui se retournaient souvent contre lui-même.
« Puis-je proposer quelqu'un de ma propre maison ? »
Alors que Neville arrivait aux marches pour accéder à l'estrade, il déglutit d'appréhension. Quoi que le professeur allait proposer risquait fort de lui poser problème. Les Serpentard le détestaient. Même Crabbe ou Goyle seraient capables de lui jeter un maléfice des plus désagréables.
Snape prenait son temps avant d'annoncer sa proposition. « Malfoy, peut-être ? »
Sans attendre l'accord de Lockhart, Snape se tourna vers Draco et lui signifia d'un geste de monter, puis il s'éloigna sur le fond et le bord de la piste.
Draco ne prit pas la peine d'aller jusqu'aux marches. Il se hissa par le côté sur le terrain. Il était à la fois très satisfait d'être choisi, fier, et à la fois sérieux. C'était un vrai duel. Mais ensuite, il réalisa que son adversaire était Neville. Il aurait pu se moquer et considérer la victoire facile, mais il n'avait ni envie de blesser son ami, ni de le sous-estimer.
Lockhart passa à côté de Neville pour lui laisser la place. Il avait pour une fois de l'appréhension sur son visage également. « Bonne chance, Longbottom. »
Neville se dit qu'il en aurait besoin. « Merci monsieur. »
Les deux garçons se firent face. Ils levèrent leurs baguettes pour le salut.
« J'aurais préféré que ce soit Harry. »
Neville fronça les sourcils. « Pourquoi ? »
« Parce que j'ai un petit jeu avec lui en ce moment. »
Ils finirent le salut et s'écartèrent pour se mettre en place.
Le duel commença. Aucun des deux n'avait envie de blesser l'autre. Ils n'avaient même pas vraiment envie de se trouver là en premier lieu. Le professeur Snape avait conseillé judicieusement de commencer par leur enseigner, et à la place de le faire, Lockhart les avait directement envoyés l'un en face de l'autre sans explication.
Draco voulait finir le combat rapidement, sans dommages. Il réfléchit à ses objectifs rapidement.
Ne pas blesser Neville.
Gagner.
Ne pas paraître faible.
Montrer à tous qui est le meilleur.
Battre Hermione.
Être meilleur que Hermione.
Montrer à Hermione une plus grande maîtrise.
L'idée lui vint facilement, avec narquois. Il était meilleur en métamorphose, et il allait montrer à quel point. Les sortilèges d'apparition étaient parmi les sorts de métamorphose les plus complexes. Au diable les sorts qu'ils avaient appris cette année.
Tout le monde savait déjà qu'il était capable de faire le sort de chatouillis, celui de danse endiablée, et tant d'autres petits sortilèges.
Il pouvait gagner le combat juste en faisant peur à Neville. Cela ne le blesserait pas.
« Serpensortia ! »
Aussitôt, le serpent apparu sur l'estrade. Tous se figèrent.
Neville le regarda, paniqué.
Harry observa l'animal, et ne put retenir son air admiratif, totalement fasciné par la créature. Il trouvait la méthode assez créative. Laisser faire l'animal, ne pas lancer de sorts.
Si tout le monde était déjà immobile après l'apparition inattendue d'un serpent, le silence ne semblait pas assez total, et même les battements de cœur choisirent de se taire, et les respirations de devenir inexistantes lorsque les sons sifflants s'élevèrent. Les regards se tournèrent vers Neville, écarquillés. Même Draco observa Neville comme s'il le voyait pour la première fois.
Neville était ignorant pour le moment des réactions de ses camarades. Il était tellement paniqué qu'il avait crié au serpent de s'écarter de lui. Il ne savait pas ce qui lui était venu à l'esprit, et ne comprit pas que le serpent sembla même lui avoir obéi.
La capacité d'entendre des sons sembla revenir lorsque la voix du professeur Snape interrompit les transes des élèves. « Vipera evanesca. »
Le serpent se tordit et sembla s'évaporer. Neville observa l'assemblée et remarqua alors que tous les regards étaient vers lui. La façon dont Snape l'observait était indéchiffrable.
Neville se mit à trembler. Il avait beaucoup, beaucoup trop d'attention. Et il ne savait même pas pourquoi. Ce n'était pas surprenant qu'il panique et crie. Quand était-ce une surprise pour les autres. C'était Draco qui avait fait le serpent, pas lui.
Neville retrouva la force de bouger en faisant un pas en arrière. Sentant les sensations de mouvements dans ses jambes, il se retourna et s'enfuit le plus vite qu'il pouvait.
Harry, Draco et Hermione se précipitèrent à sa suite sans attendre le moindre accord des professeurs. Ils avaient une très bonne idée de ce que les autres commençaient à penser.
Neville entendit ses amis l'appeler en criant derrière lui. Il n'avait pas envie de s'arrêter. Pourtant, il finit par le faire, et s'adossa au mur. Le stress repartant légèrement, il commença à être secoué de larmes.
Harry enroula ses bras autour de lui et le prit dans une étreinte à la fois légère et solide. Il ne serrait pas, mais Neville sentait qu'il ne le lâcherait pas. C'était un câlin protecteur et rassurant. Harry tentait de se placer entre le reste du monde et son ami, de lui fournir une carapace et un moyen de pouvoir rester en sécurité. Le calme de Harry se transmis doucement à Neville, et le garçon-qui-a-survécu commença à serrer Harry à son tour en rendant l'étreinte.
Quand Harry s'écarta enfin, Hermione sauta presque au cou de Neville. Elle s'accrochait à lui comme si l'un d'eux allait chavirer et sombrer au fond de l'océan. Elle s'accrochait comme à une bouée de sauvetage, comme si elle craignait de le perdre mais ne pouvait pas le tolérer.
Neville fut choqué et perturbé par cette réaction. Y avait-il plus que ses nerfs qui avaient craqué ? Que s'était-il vraiment passé dans cette salle ? Avait-il raté un événement important, trop absorbé par sa peur panique du serpent ? Il se sentait ridicule d'avoir réagi comme ça. Il avait bien plus peur de Snape que de ce serpent, et pourtant il avait réagi comme ça.
Il était vraiment risible. Il avait déjà affronté Voldemort ! Il affrontait presque tous les jours le regard de sa plus grande peur. Et il paniquait face à un simple serpent maintenant. Quel genre de Gryffondor était-il ?
« Mione, tu vas l'étouffer. », appela doucement Draco, d'une voix bien trop faible au goût de Neville. Le Serpentard semblait s'étouffer.
Neville se libéra de la prise de la fille et regarda chacun de ses amis. Il fixa Draco. « Que s'est-il passé ? Snape ne t'a quand même pas puni pour ça ? Et encore moins devant tout le monde. »
« Non, je ne risque rien. Pas moi, et certainement pas une punition. »
Neville fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui n'allait pas dans cette déclaration.
Hermione se mordit la langue. « Allons dans les toilettes. »
Le groupe commença à s'y diriger en silence. Il sembla à Neville que des explications compliquées allaient avoir lieu, et qu'il ne l'aimerait pas.
