(La chambre des secrets) Assumer les conséquences
Au déjeuner, Helen se planta debout devant Percy, avec une humeur inhabituellement sérieuse et sombre.
« Percy, nous devons parler. »
Le préfet de Gryffondor leva le regard vers la préfète de Serpentard. « Plus tard. »
« Nous devons parler maintenant. »
L'adolescent se leva et suivit la fille à l'autre bout de la salle, où les attendait le préfet Darcactus. Les deux Serpentard avaient la même expression dure.
Harry se pencha vers Neville pour chuchoter. « Elle l'appelle à nouveau Percy. »
« Oui, et ça ressemble plus à une réunion de préfet qu'à une discussion entre amis. »
Hermione se joignit à leurs messes basses. « Vous croyez qu'ils ont déjà compris. »
« Difficile à dire. »
C'est à la fin du repas qu'ils eurent leur réponse, après que Percy soit parti. Helen s'approcha d'eux. « Potter, Malfoy, venez. »
« Pourquoi ? »
« Je suis certaine que vous préférez parler avec moi plutôt qu'avec Percy. L'autre solution… » Elle se pencha pour chuchoter, afin que les autres étudiants n'entendent pas. « C'est que nous parlions de nos idées à un professeur. Vous voulez prendre le risque sans même savoir ce que nous pourrions dire ? »
Les deux garçons se levèrent et suivirent la fille dans les couloirs, jusqu'à une salle dont elle ferma la porte derrière eux.
« Bien… qui commence ? Vous pouvez me poser des questions, ou je peux le faire. »
« Pourquoi tu nous as demandé de venir ? »
« Pour discuter et vous poser quelques questions. »
« Pourquoi nous deux ? »
« Parce que mon estimation peut être mauvaise, mais la cause est quelque chose que j'estimais plus vous correspondre à tous les deux qu'à un autre de vos amis. »
Draco ricana mais ne dit rien. Harry restait sérieux.
« Alors que voulais-tu nous demander ? Et c'était quoi cette réunion avec Percy et l'autre préfet. »
« Une discussion entre amis. »
« Là, tu nous mens. »
« C'était une discussion, et ce sont mes amis tous les deux. »
« Un peu sérieuse pour une discussion entre amis qui se détestent. »
« Nous parlions de quelques événements pour prendre une décision. La décision étant : je vous interroge tout les deux. »
Draco la regarda avec défis. « Vas-y, qu'est-ce que tu attends ? »
« Lequel d'entre vous a eu cette idée ? »
« Quelle idée ? » firent les deux garçons en chœur.
« Vous savez de quoi je parle. »
« Non. »
« Vous allez vraiment me pousser à le dire ? »
« Oui. »
Elle soupira. « Votre petit "jeu" d'hier soir. Après le couvre-feu bien sûr. Alors, lequel a eu l'idée ? »
Harry choisit de feindre l'innocence. « Quel petit jeu ? »
« Harry, si tu insistes, je peux immédiatement aller vous dénoncer au professeur Snape et le laisser gérer ça. »
« Et ça apporte quoi de savoir qui a eu l'idée ? D'ailleurs, que savez-vous de ce que nous avons vraiment fait hier soir ? »
« Il y a de quoi être impressionné, je l'admets. Que des sorciers de 12 ans soient capables de brasser du polynectar fonctionnel, et pouvant durer plus de dix minutes. L'ennui, est que cette idée était à la fois brillante et stupide. Alors, comment puis-je réagir face à ça ? »
Draco tenta de nier l'accusation. Il savait ce qu'elle essayait de faire. Elle devait penser que les appâter à la flatterie leur ferait avouer. Il lui ferait comprendre qu'elle faisait fausse route. « Qu'as-tu bu, Helen, pour penser à cela ? »
« Vous connaissez tous les deux mon frère, pensez-vous réellement être les premiers à mettre en place un tel plan ? Vous n'êtes pas les premiers à avoir cette idée, et ne serez pas les derniers. Et je sais que vous voyez la théorie du polynectar cette année. »
« La théorie, oui. »
« On ne la brasse pas. », affirma Harry.
La préfète semblait fatiguée. « Comptez-vous continuer à nier l'évidence ? Nous croyez-vous sots ? Nous croyez-vous incapables de distinguer nos amis de ceux qui veulent se faire passer pour ? Je ne serais pas surprise d'apprendre avoir été en compagnie de Neville hier soir. »
Elle sourit en voyant l'assurance des deux garçons partir. Elle poursuivit. « Je suppose que Hermione Granger était celle qui a partagé une partie d'échecs avec ma sœur. Ou plutôt, celle qui a eu un cours. Draco, permet-moi de t'informer qu'il déplaît fortement à Cornix d'avoir été retenu aussi longtemps par toi. Il n'aime pas les diversions. »
Les silences des garçons indiquaient leur compréhension de la situation. Elle enchaîna. « Alors vous feriez mieux de me raconter toute l'histoire, si vous ne voulez pas que je le laisse prendre les choses en main, lui ou Percy. Si un autre que moi s'en occupe, je peux vous assurer que l'événement remontera jusqu'à l'attention du professeur Snape. »
Harry réfléchit. Helen avait toujours été correcte avec eux, et bienveillante. Et Neville la croyait innocente depuis leurs discussions de la veille. Elle avait prétendu ne pas être en cause des événements, simplement cherchant les mêmes réponses qu'eux.
Cependant, si elle avait compris pendant tout ce temps que Neville était en face d'elle et non Darcactus, tout cela avait pu n'être qu'un acte. Ils ne pouvaient pas s'appuyer sur toutes les informations qu'ils avaient eues s'ils avaient été repérés.
Draco coupa les réflexions du Gryffondor en prenant la parole en premier. « Quand avez-vous compris ? »
« Je vais garder cette information personnelle. »
« Si nous ne gagnons rien en échange de te parler directement, autant laisser le professeur Snape savoir et s'en occuper. »
« Tu gagnes de ne pas être puni pour ça en en parlant avec moi. À condition bien sûr que vos raisons soient convaincantes. »
« Je ne te fais pas confiance. »
« Neville le fait. »
« Je ne suis pas Neville. »
Harry les coupa. « Nous voulions savoir si vous aviez ouvert la chambre. »
Helen ne sembla pas surprise par l'information. Soit elle s'attendait à être soupçonnée, soit elle avait déjà compris que c'était l'une de leurs raisons après sa discussion avec Neville.
« C'est tout à fait honorable de votre part… Cependant, cela rajoute encore plus de stupidité à votre geste. »
Harry fronça les sourcils et serra les poings. « Penses-tu que nous insulter nous garde de ton bon côté ? »
« J'essaye simplement de faire mon devoir d'aînée, en vous faisant réaliser la portée de vos actes. Vous avez tenté de vous immiscer dans nos vies privées, sans avoir la moindre idée de ce qu'elles sont. Si nous étions mal intentionnés, étant donné que vous ne pouviez pas être convaincant, il aurait pu vous arriver malheur. »
« Est-ce que Percy et toi avez vraiment rompu, êtes-vous vraiment en désaccord ou en froid, ou cela n'était-il qu'un acte ? Après tout, tu n'as eu aucun problème à lui parler aujourd'hui, et au cours de la journée d'hier non plus. »
Elle sourit. « Cela, Harry, ne te concerne pas. »
« Tu en as parlé à Neville ! Quand t'es-tu rendu compte qu'il n'était pas celui qu'il prétendait ? »
« Cela, ne te concerne pas. Draco, pourquoi nous soupçonniez-vous ? »
« À cause de ton frère justement, et de Dobby. »
Cette fois, Helen montra de la surprise. « Dobby ? »
« Mon elfe de maison. »
« Pourquoi ? »
Draco haussa les épaules. « Comme ça. Cela ne te concerne pas, Helen. »
Elle le regarda avec plus de sérieux sans tâches d'amusement. « Draco… »
Il secoua la tête. « Je ne te répondrais pas. »
« Je pourrais en effet tout aussi bien laisser le professeur Snape vous poser ces mêmes questions. »
« Tu pourrais brandir cette menace autant que tu le veux. À un moment, il sera préférable pour nous d'accepter d'être confronté à lui, et tu n'auras plus cette excuse pour nous interroger. Si nous te suspectons, nous n'allons pas te parler. C'est du bon sens. »
Elle regarda Harry. « Mais me suspectez-vous toujours ? »
Harry répondit à son tour. « Ne sachant pas quand tu as compris, comment pouvons-nous avoir confiance envers les réponses que nous avons obtenues hier soir. »
« J'aurais pensé que vous saviez voir l'honnêteté. »
« Si tout le monde était honnête à Poudlard, il n'y aurait pas d'ouverture de la Chambre. Personne n'a été trouvé coupable. Quelqu'un est donc capable de passer pour honnête, sans l'être. »
« Si vous m'aviez exposé les raisons pour lesquelles vous me pensez coupable, j'aurais pu vous éclairer. Mais si vous refusez, je ne peux rien faire. Je suis ennuyée sur un autre point. Voulez-vous que je vous dénonce au professeur Snape, ou que je garde votre secret ? »
Les deux garçons la dévisagèrent. « Pourquoi ? » demanda Draco.
« Pourquoi nous laisser choisir ça ? » clarifia Harry. « Il paraît certain que nous choisirions de ne pas être punis. »
Helen sourit à nouveau maternellement. « Pour une question de confiance. Si je décidais de ne pas vous dénoncer, vous pourriez aussi bien m'en être reconnaissante, que pensez que je tiens toujours un avantage de chantage ou une raison de vous demander une faveur, ou même imaginer que je garde toute cette affaire secrète dans le seul but de ne pas attirer l'attention de Snape sur moi. Car si je le préviens, il voudra tout savoir de l'histoire, et pourrait comme vous me suspecter.
« Cependant, je suis toujours encline à ne pas automatiquement vous mener devant une lourde punition. Je crois que vous avez déjà été largement puni cette année pour des faits de l'an passé. Et même si ce que vous avez fait cette fois était stupide, je sais reconnaître que vous avez fait un travail admirable. J'apprécie les bonnes compétences, et les volontés de bien faire. »
Elle prit un air grave en regardant Draco. « Cependant, n'oublie pas ce que je t'ai dit l'an dernier. Ni ce que j'ai fait. Je suis prête à recommencer, même si la difficulté est supérieure, étant donné que deux autres préfets sont au courant. »
Harry regardait entre les deux, sans comprendre, pendant que Draco réfléchissait très visiblement.
Draco repensa à la discussion qu'il avait eue avec la préfète juste avant de partir pour le 3e étage.
Elle l'avait mis en garde contre les dangers et les risques d'agir comme il le faisait à l'époque et comme il recommençait maintenant.
Elle l'avait laissé faire sans le dénoncer, et l'avait couvert dans l'espoir que personne ne se rendrait compte de son absence. Précaution au final inutile, mais le geste y était, et il avait appris qu'elle ne l'avait pas trahit.
À l'époque, elle ne lui avait même pas demandé de s'expliquer, de se justifier, ou de raconter ce qu'ils allaient faire. Cette fois, elle lui demandait des comptes cependant.
Mais cette fois, c'était contre elle qu'il avait agi. Il n'aimait pas qu'on lui force la main cependant.
« Tu sais comment faire pour que Darcactus ne dise rien ? »
« Il ne prendra pas le risque de prévenir inutilement une seconde fois le professeur Snape. »
« Et Percy Weasley ? »
« Il voudra certainement s'assurer que vous avez été puni, mais ne demandera pas des comptes au professeur Snape. » Elle se tourna vers Harry. « Les Gryffondor doivent être prêts à l'affronter. »
Harry hocha la tête. « C'est bon, je le connais un peu. »
Cependant, Harry choisit de peser lui-même leurs options. Si Snape découvrait qu'ils lui avaient caché ça, il serait hors de lui. C'était un gros risque à prendre : qu'un jour le professeur le découvre.
Mais il ne courrait pas après les punitions. Il repensa à la réaction de sa mère lorsqu'il était arrivé en début d'année. Il ne voulait pas revoir ça.
Il se tortilla inconfortablement sur place avant de prendre une décision. « Ne dis rien, s'il te plaît. »
Elle acquiesça. « D'accord, mais n'oubliez pas que vous n'êtes pas seuls. D'autres peuvent vous aider. Je peux, et le professeur Snape peut. Si vous avez besoin de coup de pouce pour aiguiller vos pensées, demandez, mais il faudra en dire plus. »
Draco la regardait de travers, avec curiosité, pendant un moment. Il finit par prendre la parole. « En fait, tu aimes l'enfreinte au règlement. Comment as-tu donc pu devenir préfète ? »
« Surtout avec Snape comme chef de maison. », appuya Harry.
Elle sembla amusée. « Ce n'est pas cela que j'approuve. »
« Quoi alors ? »
Elle se contenta d'un sourire énigmatique, puis se détourna pour partir.
Au moment où elle mit la main sur la poignée de porte, Draco parla. « Dobby savait quelque chose. »
Elle s'immobilisa un instant, puis se retourna. « Comment ça ? »
« Dobby savait que quelque chose arrivait. Il a prévenu Neville. Plusieurs fois. Avant que ça commence. »
Elle parlait tout doucement. « Vous auriez pu… en parler aux professeurs. Avant. »
« Et ça aurait changé quoi ? Maintenant ils savent qu'il y a quelque chose, mais ne l'empêchent pas pour autant. On aurait peut-être été davantage suspecté cependant. Cela aurait-il été préférable ? »
« Draco… tu as pensé à nous parce que Dobby savait, et que Dobby connaissait mon frère je suppose. Qui d'autre Dobby connaît-il ? Qui ne pourrait-il pas dénoncer clairement s'il était coupable d'avoir déclenché quoi que ce soit ? »
Elle se détourna à nouveau pour partir. « Je ne dirais rien à Snape, mais peut-être devriez-vous penser à lui parler des problèmes que vous rencontrez à un moment. Ne pas agir seul. Ne pas prendre des risques inconsidérés non plus. Un jour, ça finira mal. »
Sur ce, elle les laissa seuls.
« Que voulait-elle ? »
Draco regarda froidement Hermione. Tout était sa faute après tout.
« Savoir qui de nous deux avait eu l'idée brillante d'utiliser du polynectar en deuxième année pour se faire passer pour les amis les plus proches d'éventuels tueurs dans l'espoir qu'ils ne remarqueraient pas la supercherie. »
Harry simplifia. « Ils savent. »
Neville tremblait de peur. « Et que va-t-il se passer ? » Il ne s'inquiétait pas de ce que ferait Helen personnellement ; avec le recul, il était convaincu qu'elle l'avait su lorsqu'elle l'avait regardé dans les yeux au début de leur discussion, lorsque cette insistance dans le regard l'avait mal à l'aise. Mais il s'inquiétait pour toutes les autres conséquences, et pour ce que feraient les autres préfets.
« Ils ne diront rien. Mais nous allons peut-être devoir faire comme si nous étions punis par Snape devant Darcactus et Percy. »
Hermione était piquée au vif. « Je te signalerais Draco que cette idée brillante nous a permis d'obtenir des informations. »
« Quoi exactement ? Parce que je doute qu'on puisse faire confiance à quoi que ce soit quand les personnes en question qu'on suspectait d'être coupables savaient à qui elles s'adressaient réellement. »
« Eh bien, ce que Loreane m'a dit était plutôt convaincant. Ça ne la disculpe pas, mais ça nous aide à savoir ce que nous devons chercher. »
Neville parla doucement. « Nous devrions faire profil bas pendant un moment. Et puis, les professeurs sont mieux placés que nous pour s'occuper de cette affaire. Nous devrions leur faire confiance. »
Harry approuva avec force. « Le professeur Snape trouvera sans problème, et tout rentrera dans l'ordre. Nous devrions éviter de nous attirer plus d'ennuis. Même si l'attraction était plutôt intéressante à mener. »
Draco grimaça. « Tu as aimé le polynectar ? »
« J'ai apprécié l'expérience, oui. »
« Un fou. »
« N'étais-tu pas celui qui se vantait d'être le meilleur en classe de potion ? Tu devrais apprécier ces petites expérimentations, tu ne crois pas ? Sentir le frisson de satisfaction d'avoir réussi une potion qui nécessite de grandes compétences, le tout dans des conditions de travail déplorables. »
« C'est bon, Harry Potter a gagné, je suis satisfait ! Mais pas un mot à mon parrain ! »
« Je n'en rêverais pas ! »
