(La chambre des secrets) Sirius Black en visite


Harry frappa à la porte de Snape.

Lorsqu'il entendit la voix du professeur annoncer d'entrer, il en fut très soulagé. Il n'osait imaginer devoir aller le voir à la table d'honneur durant le déjeuner comme après Halloween. Cela s'était avéré catastrophique.

Harry entra et ferma la porte derrière lui. Il s'avança ensuite sans gêne pour s'asseoir en face du bureau du professeur.

« Bonjour. », fit-il joyeusement.

Le professeur le regardait avec impassibilité. « Pourquoi viens-tu ici aujourd'hui et maintenant ? »

« C'est au sujet du match de cet après-midi. »

« Cela a-t-il un rapport avec ta mésentente actuelle avec Draco ? »

« Non, au contraire en fait. »

« Explique-toi sans que je doive t'interroger, Harry. »

« Sirius vient me voir jouer ! Il y aura toi aussi, et maman. »

« Je crains en revanche que tu doives compter sur l'absence de Lupin. » Severus gardait bien à l'esprit qu'ils étaient à la veille de la pleine lune, même s'il ne pouvait pas dire au garçon pourquoi Lupin était malade. « Où veux-tu en venir ? »

Harry semblait peiné dès la référence à l'oncle Remus. « Est-il encore malade ? »

« En effet. »

« La grippe à cette saison, je suppose ? »

« Pourquoi es-tu dans mon bureau, Harry ? »

« Pourquoi ne peux-tu pas trouver une potion pour améliorer sa constitution ? Il est si fragile, il paraît si souvent malade. »

Le professeur prit un ton plus dur. « Harry. Ne sois pas insolent. »

« Désolé. Je voulais te demander une faveur. »

« En plus de celle de devoir supporter la présence de Sirius Black ? »

Harry rit, même s'il savait que le maître des potions était certainement réellement mécontent de cet arrangement. « Oui. »

« Je t'écoute. »

« Voilà, j'aimerais que Neville, Hermione et Draco me soutiennent avec Hagrid pendant le match. J'aurais bien aimé n'avoir qu'un endroit à regarder si je voulais les voir d'ailleurs. »

« Harry, si je ne m'abuse ne devrais-tu pas garder les yeux sur le terrain à la recherche du vif d'or durant le jeu ? »

Harry haussa les épaules. « Si, mais je ne suis pas obligé de regarder tout le temps à sa recherche. Tant que je ne l'ai pas vu, je peux bien regarder vers vous. Ou eux. »

Severus fronça les sourcils. Il y avait eu une trop longue pose dans cette phrase. « Continue. »

« Voilà, nous avons réfléchi à où ils pourraient s'installer. Et nous nous sommes rendu compte que Neville au moins ne serait le bienvenu nulle part. Pourrait-il avoir, exceptionnellement au vu des circonstances et de l'ambiance dans l'école, une dérogation pour assister au match… avec vous ? »

« Juste Neville ? »

Harry sourit largement en rougissant un peu. « Non, Neville, Draco et Hermione. Peuvent-ils venir dans les gradins où tu seras avec Maman et Sirius ? Je suppose que Hagrid peut aller où il veut, donc il n'a pas besoin de l'autorisation. »

« Je verrais avec le directeur. »

Harry bondit sur ses pieds en s'exclamant. « Merci ! »

Le professeur gardait son sérieux. « Ne prends pas l'affaire pour gagnée. »

Harry ne pouvait pas cacher son sourire, et commença à aller vers la sortie. « Je n'oserais pas. Je te vois tout à l'heure alors ! Je passerais près de votre gradin pour saluer Maman et Sirius ! Je vous rendrais fier ! »

« Je serais fier si l'équipe de Serpentard pouvait gagner avec toi comme attrapeur opposé. »

Harry sourit davantage encore et sortit.

Il courut pour rejoindre ses amis chez Hagrid.

« C'est oui ! » cria-t-il en s'asseyant à la table où ils buvaient leurs boissons chaudes.

« Oui pour quoi ? » questionna Hagrid.

Harry lui sourit largement. « Oui pour que vous assistiez tous au match avec le professeur Snape ! »

Draco écarquilla les yeux. « Il t'a dit ça ?! »

« Pas vraiment, mais c'est acquis ! »

Hermione était sceptique. « Acquis comment ? »

Le sourire de Harry devenait légèrement malicieux. « Il va demander à Dumbledore si Neville, toi et Draco pouvez aller avec lui. Dumbledore ne refuserait pas cette faveur à Neville ! Et comment pourrait-il refuser cette requête si elle est formulée par le terrible et redoutable professeur Snape. Pour deux Gryffondor. Pourquoi refuserait-il quelque chose à son professeur préféré de toute manière ? »

Hermione cligna des yeux, pendant que Draco et Neville échangeaient un regard inquiet, comme s'ils s'inquiétaient de l'état de santé de leur ami. « Quoi ? » fit la fille.

« Voyons, Snape est un… euh, Snape est très peu apprécié dans l'école et très décrié. La plupart des adultes ne l'aiment pas non plus. C'est une mauvaise publicité pour l'école, alors pourquoi Dumbledore le garderait-il avec lui s'il ne l'aimait pas ? »

« Harry, je pense que tu prêtes tes propres sentiments au directeur. Je ne pense pas que… »

Draco la coupa. « Les véritables maîtres de potions sont rares. Il n'y en a pas de meilleur qu'oncle Sev, et les maîtres es potions n'ont pas tendance à accepter un poste aussi peu appréciable que professeur. Dumbledore ne serait pas capable de le remplacer. »

Hermione porta son attention sur le Serpentard. « Le professeur Snape n'est-il pas un peu surqualifié pour se poste ? »

Un silence s'installa. Encore une fois, Hermione eut l'impression qu'ils lui cachaient encore des informations concernant le professeur. Elle commençait à être agacée de n'être pas tenue au courant. N'avaient-ils pas confiance en elle ?

Ils finirent leurs boissons, remercièrent Hagrid, puis allèrent déjeuner.

Dès le repas terminé, Harry partit avec son équipe pour se préparer.

Draco, Hermione et Neville étaient encore à la table de Serpentard lorsque le professeur Snape vint les voir.

Neville sursauta lorsqu'il entendit sa voix.

« Le directeur a accédé à la requête de monsieur Potter pour votre placement durant le match de cet après-midi. Veuillez me rejoindre tous les trois à mon bureau après votre repas. »

Neville hochait la tête pendant que Hermione répondait. « Oui, monsieur. Merci. »

« Ne me remerciez pas pour cela, miss Granger. Je m'y suis opposé. »

Le professeur partit, puis Hermione se tourna vers Draco. « Je n'y crois pas une seconde. »

Draco haussa les épaules. « Je ne sais pas, tout est possible. »

Comme demandé, le trio se dépêcha d'aller au bureau du professeur.

Draco frappa, attendit l'autorisation, puis entra lorsqu'il l'eut.

Quand il ouvrit la porte, il se stoppa.

Dans la salle, se trouvait Sirius Black.


Sirius était venu pour assister au match de son filleul. Il avait hâte de voir Harry virevolter comme James l'avait fait avant lui. Sur le balai tout neuf qu'il lui avait offert pour son anniversaire.

Il arrivait à Poudlard en tant qu'invité, et Dumbledore avait averti qu'il devrait rester avec Severus. Il avait été bien informé que s'il parlait mal d'un professeur, il ne serait plus autorisé à venir.

C'était un de ces tests idiots du vieux directeur. Comment Dumbledore pouvait-il s'attendre à ce qu'il s'entende avec Servillus ? L'avait-il jamais fait depuis qu'ils avaient 11 ans ?

Surtout que Remus ne serait pas là pour arbitrer comme il l'avait fait depuis 11 ans. Et Lily n'était plus en était de le faire comme durant leur adolescence.

Vraiment, il faudrait un miracle pour qu'il s'entende avec Servillus.

Il était arrivé par cheminette au bureau du directeur, et du bureau du directeur vers celui du « professeur Snape ». Il avait toujours su que Servillus finirait avec un travail ennuyant. En plus d'avoir toujours su que Servillus deviendrait un Mangemort.

Y penser l'énervait. C'était la faute de Servillus tout ça. Si les Mauraudeurs n'étaient plus, c'était forcément sa faute. Ce Serpentard devait se réjouir d'avoir gâché leur amitié.

Sirius tentait de se calmer et de rester correct pendant que Servillus lui répétait les consignes. Il était là pour profiter d'un très bon moment de match avec son filleul qui jouait au glorieux poste d'attrapeur.

Il ne devait pas penser à Servillus. Même s'ils allaient être dans le même gradin. Le même gradin ! Une idée de Dumbledore ? Le directeur attendait-il qu'ils s'entre-tuent ?

Sirius devait penser rationnellement. Ça faisait plus d'une dizaine d'années qu'il fréquentait Servillus, puisque l'homme avait insisté pour participer à l'éducation du fils de James. Ils étaient parfaitement capables de se supporter.

Et parfaitement capable de se détester, se haïr et s'insulter, surtout s'ils étaient seuls, surtout si Remus n'était pas là.

Il était seul dans la pièce avec le Serpentard. Lily se préparait ailleurs.

C'était le fait de retourner à l'école qui ravivait les souvenirs de Sirius. Les bons moments avec les Maraudeurs. Les amusements à provoquer Servillus. C'était ça qui le mettait sur les nerfs à l'idée de rester cordial avec Servillus.

Voir tous ces uniformes verts et rouges n'allait pas lui faciliter la tâche pour « respecter tous les professeurs », en particulier lorsqu'il s'agirait de Snape.

Il en avait déjà marre de l'écouter. Et puis il y eut un changement. On frappa à la porte.

« Entrez. », annonça Snape, qui ne semblait pas surpris.

Sirius put voir une tête blond-blanc aux vêtements verts ouvrir. Malfoy. C'était donc lui l'ennemi de son filleul. Le filleul de son propre ennemi.

Draco fut déconcerté pendant une fraction de seconde, puis décida de ne pas le laisser paraître et finit d'entrer, suivi par Hermione qui observait l'homme inconnu avec curiosité, et enfin par Neville qui sourit en le voyant.

Sirius fut surpris en voyant la fille brune aux vêtements rouges. Qu'est-ce qu'elle faisait à entrer dans le bureau de Snape avec Malfoy ? Qui était-elle ? Elle le regardait étrangement. Avaient-ils été appelés par Snape à cause d'une dispute pour qu'il punisse la fille ? Pourquoi les auraient-ils appelés maintenant, alors que lui, Sirius Black, était dans ce bureau ? Ou alors c'était Rusard qui les avait surpris. Il ne serait pas étonnant que le professeur préféré de Rusard soit Snape.

Et puis, il vit Neville. Le charmant meilleur ami de son filleul. C'était certain maintenant, c'était une affaire de discipline. Mais alors pourquoi Neville souriait ? Non, il lui souriait, ce qui était différent. Neville le reconnaissait, et était certainement rassuré de le voir là.

« Longbottom, la porte. »

Neville sursauta, et s'empressa de la fermer, sous le regard amusé de Draco. Hermione ne quittait pas du regard l'étrange inconnu. Qui viendrait dans le bureau de Snape ?

Un silence s'installa dans la salle. Severus n'en était pas satisfait, mais il n'avait pas pensé à devoir gérer cette situation. Les présentations seraient peut-être la première chose à faire ?

Severus avait compté sur l'intervention de Neville pour dénouer la situation, mais de toute évidence le garçon ne savait pas comment se comporter à la fois en présence des deux hommes et de ses deux amis pour qui Black était un inconnu.

Severus savait que Black ne serait pas patient. Il faudrait qu'il rompe lui-même rapidement le silence pour empêcher l'intervention indésirable du clébard.

« Miss Granger, Hagrid a-t-il été prévenu de l'arrangement avec le directeur ? »

Hermione détacha son regard de l'inconnu. Elle ne savait pourquoi c'était à elle que le professeur avait posé la question, alors que Hagrid était le tuteur de Neville.

« Oui, monsieur. »

Draco et Neville ne savaient pas comment agir avec la présence de Sirius. Même si Neville le connaissait bien, il n'avait jamais été dans cette situation. Au moins, maintenant Sirius savait qui était Hermione. Et il était facile d'identifier un Malfoy.

Neville savait cependant que ni lui ni Harry n'avait dit à Sirius qu'ils étaient amis avec un Malfoy.

Il comprit ce que devait avoir ressenti Draco à la librairie avec son père face à eux, en particulier face à Hermione dont il avait parlé en mal dans ses lettres, comme Harry l'avait fait à propos de Draco dans sa correspondance avec Sirius.

« Miss Granger, je vous présente Sirius Black, qui assistera au match de Quidditch de Harry. »

Hermione sourit timidement. Elle était très contente de rencontrer le parrain de Harry, mais elle n'était pas certaine de savoir comment agir devant Snape. Elle savait que les deux hommes ne s'appréciaient pas.

« Enchantée, monsieur Black ! »

Elle jeta un coup d'œil à Draco. Il était neutre, et fixait Sirius. Elle se rappela que les deux devaient être cousins germains au 1er degré.

Sirius sourit amicalement à la fille. « Granger, comme dans Hermione Granger l'amie intellectuelle et géniale de Harry et Neville ? »

Draco ne se retint plus. « Ils ont dû oublier de préciser "insupportable" dans leur description. »

Hermione n'avait pas envie de se disputer avec Draco devant Sirius. Elle aurait aimé qu'il soit exemplaire pour permettre ensuite à Harry et Neville de pouvoir avouer leur amitié à Sirius. Si Draco se l'aliénait par son comportement, cela deviendrait peine perdue.

Sirius lançait un regard noir au jeune Serpentard, quand Snape choisit d'intervenir. « Juste dire qu'elle était miss-je-sais-tout aurait suffi. »

Draco sourit avec narquois à son parrain. Il n'avait pas envie d'entrer dans les bonnes grâces de ce maudit Sirius Black. Il voulait lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas s'en prendre à des Serpentard. « Description assez précise de la réalité : intellectuelle et insupportable décris ensemble. »

Hermione ne comptait pas laisser passer ça. Elle se tourna vers Draco. « Et comment tu englobes "géniale" avec ça ? »

Draco se tourna vers la fille vraiment insupportable. « Certains peuvent confondre et se dire que quelqu'un d'insupportablement je-sais-tout est génial. Personnellement, je sais mieux. Mais c'est parce que j'en ai l'exemple au quotidien. »

« Ça suffira, Draco. », coupa le professeur.

Sirius se tourna vers l'homme, avec un regard noir. « Il est digne d'être ton filleul. »

Draco sourit dans le dos de Sirius. « Merci ! »

« Attendez demain pour mordre, Black. », commenta Severus.

Les trois enfants furent déconcertés, mais Sirius comprit fort bien, ce qui ne le mit pas de meilleure humeur. Comment Servillus pouvait oser évoquer ça devant les enfants !

Neville voulut changer de sujet. Toute cette situation de mésentente le désenchantait. « Quand y allons-nous ? »

« Mademoiselle Evans n'est pas prête encore. »

Sirius était encore mécontent. « Mademoiselle Evans ? Ce n'est pas… »

Mais Severus ne comptait pas le laisser parler, et l'ignora en restant concentrer sur les enfants. « Je m'attends à ce que vous soyez tous trois chaudement habillés pour sortir en cette saison. »

Hermione réalisa. « Oh, nous avons dû laisser nos affaires chez Hagrid avant le déjeuner ! »

« Dans ce cas, il pensera peut-être à vous les apporter. »

Neville sourit. « Je suis certain qu'il y pensera. »

« Si je juge vos étourderies dues à votre éducation, j'en doute, Neville. »

« Dans ce cas, quelqu'un devrait se dévouer pour aller chercher cela. », fit remarquer Draco en fixant son regard sur Neville.

Hermione se tourna vers le Serpentard. « Ou, Harry te donnera son écharpe. »

Neville devint blanc en l'entendant, et observa Sirius. L'homme observait Hermione avec de grands yeux.

Draco était trop agacé pour réaliser où et en présence de qui cela était dit.

« Porter les couleurs de Gryffondor quand j'ai l'honneur d'assister à un match aux côtés de mon chef de maison ? Certainement pas. »

« Tu les porterais à un autre moment ? »

« Même pas à mon enterrement. »

Le professeur intervint. « Draco, miss Granger, cela suffit. Black, pour en revenir au sujet principal, pour quelques raisons qu'il ne me revient pas d'expliquer, le directeur a donné son accord pour que ces étudiants assistent au match avec nous. »

Sirius était assez content de pouvoir y aller avec Neville et Hermione, mais il n'aimait pas l'idée de devoir côtoyer Malfoy. De plus, la présence des enfants l'empêcherait d'être désagréable avec Servillus s'il comptait assister à d'autres matchs dans le futur.

Severus se tourna vers deux enfants les plus proches l'un de l'autre. Il n'avait initialement pas fait attention que Neville s'était tenu écarté.

« Miss Granger, Draco, si vous voulez pouvoir rester avec nous durant la totalité de la durée du match, vous allez devoir bien vous tenir. Est-ce bien compris ? »

Il plongea son regard sur la fille. Il n'avait aucun doute que son filleul saurait respecter sa consigne, même si c'était souvent un sale gosse trop gâté.

« Oui Oncle Sev. »

Sirius regarda son ancien camarade avec étonnement. « Il t'appelle comme ça en classe ? »

« Non. » Severus n'accorda pas le moindre regard au cabot. « Neville, je suppose que vous comprenez également la consigne. »

« Oui professeur. »