(La chambre des secrets) Le match Gryffondor/Poufsouffle


Lily arriva à ce moment-là. Elle parut surprise en voyant les trois enfants, et n'accorda pas non plus de regard à Sirius. Qu'elle fasse attention aux enfants était bon signe pour l'après-midi cependant.

Mais rapidement elle fronça les sourcils. « Ont-ils encore des ennuis, Sev ? »

« Non. Pour l'instant. »

Elle observa les trois enfants. « Avez-vous prévu d'enfreindre les règles, encore ? »

« Non, madame. », fit Hermione, pendant que Draco regardait ailleurs. Neville avait choisi ses pieds à la place.

La réaction des garçons ne passa pas inaperçue aux yeux de Lily. « Et vous, les garçons ? »

Draco la regarda avec un air innocent. « Absolument pas. »

Severus durcit son expression. « Ce n'était pas très convaincant, Draco. »

Le Serpentard haussa les épaules. « Je ne peux pas bien parler pour les Gryffondor. Je pense qu'eux pourraient avoir prévu quelque chose. »

La réponse ne convenait pas à Lily. « N'avez-vous pas été assez puni pour l'année dernière ? Sev, es-tu certain d'avoir été aussi sévère que tu me l'avais promis ? »

Draco n'avait pas pensé qu'une femme à moitié folle se souviendrait de ça. « Si si, nous avons largement été punis, n'est-ce pas oncle Sev ? Et puis, il avait promis de nous punir correctement, pas sévèrement. »

Severus observa son filleul avec dureté. « Draco, je ne veux plus t'entendre parler d'insubordination pour la journée. Et si tu discutes encore sur la manière dont je vous punis, tu auras une autre retenue. »

« Oui, oncle Sev. »

« Et ne m'appelle plus comme ça une fois sorti de cette pièce. Même durant le match. »

« Oui, oncle Sev. »

« Professeur, quand partons-nous ? » demanda Hermione.

« Impatiente, miss Granger ? »

« Euh… peut-être un peu, monsieur. »

Sirius questionna son ancien camarade. « Serv-Snape. Quelles sont les raisons pour l'autorisation de Dumbledore ? »

« Ce n'est pas à moi de les exposer, Black. Et ce n'est pas non plus votre affaire. »

Draco choisit d'éclaircir à sa manière le point. « Mais pour votre information, Black, je suis un Malfoy, et je peux avoir beaucoup de choses. Comme m'asseoir aux côtés de mon parrain durant un match de Quidditch. »

Sirius lança un regard mauvais au jeune garçon avant de se concentrer avec gentillesse sur Neville. « Et toi, pourquoi as-tu cette autorisation ? » En fait, il se demandait même pourquoi Neville demanderait le privilège d'être près de Snape.

« Je… je voulais rester avec Hagrid. »

« Il n'est pas avec les autres étudiants d'habitude ? »

« Pas aujourd'hui. »

« Tu aurais pu lui demander… »

Snape coupa court à la discussion. « Cela suffit, Black. Assez d'interrogatoires dans mon bureau. Nous allons au terrain maintenant. Vous trois, assurez-vous d'être suffisamment chaudement habillé avant le match. »

Les trois enfants approuvèrent, et se dirigèrent avec les trois adultes vers le terrain.

Pendant le trajet, Hermione et Draco se disputaient doucement sur les écharpes aux couleurs de telles ou telles maisons, principalement Gryffondor et Serpentard.

Neville restait silencieux, et Sirius observait l'étrange duo. Il commençait à avoir un doute sur la relation de Malfoy avec les amis de Harry.

Notamment lorsque Hermione parla de convaincre Harry de porter l'écharpe de Draco au match Serpentard/Poufsouffle si lui acceptait de porter celle de Harry maintenant. Proposition qui indigna le Serpentard qui refusait catégoriquement de laisser un Gryffondor souiller son écharpe.

Ils furent interrompus par une voix qu'ils n'appréciaient pas.

« Malfoy ! »

Draco se retourna vers son camarade qui les rejoignait tranquillement, s'étant écarté de son groupe qui l'attendait ostensiblement plus loin. Le garçon lui tendit écharpe et gants.

« Tu as oublié ça au déjeuner. »

« Merci Nott. »

Nott émit un petit rictus de sourire inquiétant, avec une lueur dans les yeux. Il s'avança pour chuchoter à l'oreille de Draco.

« Maintenant, tu m'en dois une. »

Draco se força à sourire. Ils étaient en public, et devant le professeur Snape. Ils devaient montrer l'unité de la maison. Il acquiesça d'un hochement de tête, et Nott partit alors que Hagrid arrivait.

« Hagrid, est-ce que tu as nos écharpes ? » questionna immédiatement Neville.

Hagrid parut malheureux à la question. « Absolument pas, vous êtes venus et partis avec. Et avec vos gants aussi. »

« C'est nous qui les avons. »

Hagrid, Sirius et les élèves se retournèrent à la voix de Helen. Elle était avec Darcactus, Percy et Pénélope qui se tenaient par la main mais qui se lâchèrent dès qu'ils virent le professeur Snape tourner la tête, et les deux préfets masculins de sixième année de Poufsouffle et Serdaigle.

Helen salua les adultes. « Bonjour professeur Snape, monsieur. » Elle inclina la tête en signe de salutation de Sirius. « Excusez-nous pour l'interruption, mais ces deux Gryffondor avaient laissé leurs affaires sur place à leur départ du déjeuner. Bonjour Hagrid ! »

« Salut Helen. », répondit le demi-géant.

Snape les pressa. « Dépêchez-vous Dupertuis. »

« Oui, professeur. Tenez. Et évitez de les oublier la prochaine fois. Nous pouvons vous accompagner jusqu'au terrain cependant, même si nous nous séparons pour aller chacun à nos places. »

Hermione et Neville prirent leurs affaires en la remerciant, pendant que les deux groupes allaient vers le terrain.

Severus décida qu'il pouvait bien laisser les adolescents discuter. Il n'interviendrait que si nécessaire, mais des préfets étaient censés pouvoir gérer la discipline tout seuls, et certainement pas causer de problèmes.

Face aux remerciements des deux deuxièmes années, la préfète fit comme si c'était inutile. « Mm ? C'est Cornix qui a vu ça. »

« Et Nott. », fit Draco.

« Cornix a vu Nott. »

« Il y a une loge spéciale pour les préfets ? » demanda Neville.

« Non. »

Sirius prit la parole, ne sachant pas qu'il était probable qu'elle développe après un silence. « Alors pourquoi êtes-vous ensemble, avec ce mélange de maisons ? »

« Les préfets ont des activités communes, monsieur. Et il peut arriver que nous discutions de cela en groupe. »

Le trio nota qu'elle était légèrement plus sèche qu'avant. Elle n'appréciait sans doute pas l'insistance sur les maisons. Neville reprit.

« Vous allez assister au match tous ensemble ? »

« Dans quel gradin ? » ricana Draco.

Helen reprit son ton doux habituel. « Percy et Pénélope vont rester ensemble. Cornix va assurer la discipline dans une partie des gradins de Serpentard. Gabriel et Robert vont aussi chacun rejoindre leurs maisons. »

Draco se moqua. « Assurer la discipline durant un match de Quidditch, c'est une grande ambition. Fais-tu cela d'habitude, Darcactus ? »

L'intéressé répondit. « Il s'agit de s'assurer que personne ne se bat, Malfoy. Je ne retiendrais pas l'animation ni l'excitation. »

Neville reprit encore à l'intention de Helen. « Tu rejoins aussi Serpentard ? »

« Je ne sais pas encore. »

« Vous allez soutenir une équipe ? »

Le Poufsouffle pouffa. « Poufsouffle bien sûr ! »

Le Serdaigle surenchérit. « À ta place Gabriel, je serais là pour soutenir le moral de l'équipe, puisqu'elle sera la perdante, comme chacun sait. »

« Cédric est un très bon attrapeur. »

« Gryffondor en a un meilleur, et aussi un meilleur gardien. »

« Thomas n'est pas mauvais ! »

« J'ai dit meilleur. »

Percy les coupa. « Ça ne fait que deux bons joueurs pour Poufsouffle. Toute l'équipe de Gryffondor est parfaite. »

Helen lui sourit. « Si elle était parfaite, pourquoi ne gagne-t-elle jamais la coupe ? »

« Gryffondor a battu Serpentard au dernier match. »

« Ça fait un match. Vous avez encore Serdaigle à battre après. Et Serpentard battra Poufsouffle avec plus de points d'écart que vous. »

Neville entra encore dans la discussion. « Tu vas soutenir Gryffondor, Helen ? »

Sirius n'en crut pas ses oreilles. Les autres ne semblaient pas surpris par la question.

« Il faudrait être idiot pour penser que Poufsouffle va gagner. »

Elle se tourna vers le préfet de Poufsouffle. « Ou être loyal et avoir de la sympathie pour soutenir son équipe, et lui remonter le moral. C'est un choix noble. Encourager l'équipe qui va gagner parce qu'on pense qu'elle va gagner n'est pas un choix juste. »

Le préfet sourit. « Alors tu vas soutenir Poufsouffle cette fois ? »

Elle rit. « Non, je pense que tu vas encore être le seul à le faire. » Les autres préfets rirent aussi.

Neville était admiratif de la cohésion qui existait entre ces préfets de sixième année, même s'il savait qu'au moins un deux était un insociable et détestait, avec réciprocité, l'un des autres, et les méprisait certainement tous.

Draco n'était pas surpris de cet étalage démonstratif de fraternité inter-Maison présenté par Helen. Elle avait sans doute mis tout cela en place pour montrer l'exemple, mais elle perdait son temps. Il se demandait comment elle avait pu convaincre Darcactus de se prêter à ce jeu ridicule.

Hermione appréciait de voir les préfets de toutes les maisons aussi proches. Elle espérait bien devenir préfète à son tour et agir de la même manière.

Helen tourna son attention vers le nouveau couple. « Pénélope, dans quels gradins irez-vous ? »

« Pas Serpentard. », précisa Percy.

« Le jour où tu iras dans les gradins de Serpentard, Percy, je m'habillerais en ballerine moldue à tutu rose en cours de potion. »

Sirius aimait beaucoup l'idée. « Oh, s'il vous plaît, aller dans les gradins de Serpentard. »

Snape lança un regard noir à Sirius, mais ne dit rien. Helen l'observa étrangement, puis lui adressa la parole. « Pardon, monsieur, mais il me semblait que vous étiez contre les mélanges de maisons. »

« Savez-vous qui je suis ? »

« Non. J'observe, c'est tout. » Helen se tourna vers Percy. « Puisqu'il est évident que je soutiens Gryffondor, que dirais-tu que nous échangions nos écharpes ? Avec ta permission, Pénélope. C'est pour rendre évident qui j'encourage. »

« Je ne porterais rien de Serpentard. », affirma Percy.

« Tu es le seul à qui je puisse demander. »

« Tu pourras toujours demander à Olivier. »

« Il sera sur le terrain, Percy. »

Darcactus coupa. « Ou alors, tu montes dans les gradins avec Weasley et Deauclair. Dubois saura que tu es pour son équipe, si ce n'était pas assez évident que la moitié de l'école le serait. »

« Les trois quarts, non ? »

« La moitié. Tu penses vraiment que Serpentard va soutenir Gryffondor ou Poufsouffle ? »

« Je pense que certains sont là pour le sport plus que pour la maison. »

Snape les coupa. « Cela suffit, rejoignez chacun vos gradins. »

Après cela, Sirius trouvait que l'école avait bien changé depuis ses études. Neville lui expliqua cependant que la plupart des relations inter-Maison excluaient les Serpentard. Les préfets étaient des exceptions.


Harry avait été enchanté de voir tous les êtres qui lui étaient chers au même endroit. Il manquait juste Remus. Mais tous les autres étaient là, à l'applaudir.

Il y eut même un moment où Draco lui avait discrètement indiqué la vague direction du vif.

À la fin, dans les gradins, Draco soupira. « Il est maudit. »

Hermione se levait déjà pour courir à la rencontre de Harry. « Au lieu de dire ça, lève-toi ! »

« J'ai vu assez de rouge et de jaune pour une semaine. » Devant l'air énervé de la fille, il ajouta. « Cependant, aller lui rappeler comment il est censé attraper le vif serait nécessaire, et ce n'est pas vous qui allez le faire. »

Quand Harry vit ses amis courir vers lui, il savait à quoi s'attendre. Draco ne manquerait pas de savourer une victoire verbale. Cependant, Harry se souvint de la présence de son parrain, et choisit d'alerter Draco avant qu'il n'y ait un impair, tant que Sirius n'était pas assez proche.

« Draco, tu te souviens ce que tu as dit à ton père au sujet de Hermione ? »

Le Serpentard l'observa avec un froncement de sourcil inquiet. Il devait se demander s'il s'était cogné la tête un peu trop fort.

« Je vais supposer que oui. J'ai fait à peu près pareil pour toi avec Sirius. »

« Oh, donc il va me détester comme un… petit con arrogant, je présume, au lieu de me détester pour être le fils de sa cousine, le neveu de son autre cousine, un Malfoy, un Serpentard, un Sang-Pur et encore beaucoup d'autres détails indépendants de ma volonté. Merveilleux. »

« Ton père déteste Hermione pour être née de moldue. »

Hermione se plaça entre les deux garçons. « Vous n'allez pas encore lancer cette discussion. Sourit Harry, tu as gagné. »

« Félicitation. », fit Neville, et ce fut le bonheur total de Harry.


Sirius profita de la première occasion sans les enfants pour poser sa question. « La fille Granger, est-elle comme Lily ? »

« Non. », répondit immédiatement Severus.

« Pourquoi ? » demanda Hagrid.

« Elle paraît… amie, avec un Serpentard. Un des pires en plus. L'ennemi de Harry. »

Severus tenta de couper court aux remarques de l'homme. « Ils sont dans une école. Il n'y a pas d'ennemi. Seulement des camarades. Parfois des amis. »

« S'il y a des amis, il y a des ennemis. »

« Il n'y a pas la place pour ça dans cette école, Black. Et pensez-vous réellement que je permettrais que mon filleul et Harry se détestent ouvertement ? Je ne compte pas recevoir dans mon bureau pour cause de coups et blessures le plus souvent les deux élèves que je voudrais y voir le moins souvent pour cette cause. S'ils ne s'aiment pas, ils doivent au moins apprendre à bien se comporter. »

« Ne me dis pas que tu as forcé mon filleul et le tien à être amis ! »

« Non. Et si cela te rassure, ils ont encore tenté de s'entre-tuer lors du match Gryffondor/Serpentard de cette année. »

Sirius lui fit un clin d'œil. « C'est le "encore" qui me rassure le plus. »

Sirius alla retrouver Harry pour le féliciter.

Quand il arriva, Draco était déjà parti rejoindre son groupe de Serpentard. Il avait accepté de ne pas montrer à Sirius leur amitié, et de laisser Harry prendre le temps de le dire. Il leur devait bien cela pour ce qu'il avait lui-même causé entre son père et Hermione.

Hermione cependant voulait régler cela au plus tôt. Elle voulait que Sirius puisse voir Draco comme quelqu'un de correct.

« Malfoy a dit que c'était une erreur de Harry d'attraper trop tôt le vif. »

Sirius semblait mécontent. « Bien sûr qu'il le dirait, il trouverait tout pour insulter mon filleul. »

« Ce n'était pas… je voulais savoir ce que vous en pensiez, monsieur Black. »

« Appelle-moi Sirius, Hermione. »

Elle sourit « D'accord. Harry m'a dit que tu étais aussi un joueur de Quidditch. Je voulais ton avis. »

« On gagne quand on attrape le vif, donc il faut attraper le vif. »

« Mais y a-t-il, comme Malfoy l'a affirmé, un bon moment ? »

Harry lança un regard noir à Hermione. « Il a dit ça pour me critiquer, comme d'habitude, Hermione. »

« Ses critiques pourraient parfois être constructives. »

« Même s'il avait raison, il le dirait seulement pour me blesser, comme si je m'en souciais. Et il veut juste que je perde au quidditch. »

« Sirius, en sport il devrait y avoir de la stratégie… quand attraper le vif ? Malfoy a parlé de l'importance de la compétence des poursuiveurs aussi… »

Neville chuchota. « Tous les membres de l'équipe sont importants. »

Hermione insista. « Il a dit que le gardien avec le rôle le plus important stratégiquement. »

Ceci était peut-être un mensonge, mais elle savait que Sirius était un gardien. Elle voulait le flatter. Cela sembla marcher.

« Pour gagner la coupe, gagner un match ne suffit pas. Les points gagnés à tous les matchs s'additionnent, il faut donc avoir gagné avec le plus de marge ou perdre avec le moins de marge dans chaque match. Plus les poursuiveurs de ton équipe marquent de points avant qu'un attrapeur attrape le vif, plus ton équipe est confortable pour la suite. »

Harry choisit de finir l'explication lui-même. « En gros, si on a le meilleur quatuor poursuiveurs-gardien, il faut juste veiller à attraper le vif avant l'autre attrapeur. Si c'est l'équipe adverse qui est avantagée, il faut attraper le vif le plus tôt possible. D'après Malfoy, il faudrait dans le premier cas attraper le vif le plus tard possible pour permettre à l'équipe de gagner plus de points ; c'est la stratégie de l'équipe de Serpentard.

« On joue différemment à Gryffondor. Dubois m'a dit que mon unique objectif était d'attraper le vif, et que je ne devais pas m'occuper du reste. J'ai essayé de les aider avec les Souafles au premier match de cette année, et je me suis fait ridiculiser devant Malfoy. Je te l'ai dit, il trouvera toujours un moyen pour se moquer de moi sur mon jeu de Quidditch. »

Malheureusement, Sirius ne pouvait pas rester avec eux très longtemps et dut repartir.

Mais Harry était des plus heureux que son parrain ait assisté à son match. Sans causer d'incident avec le maître des potions qui plus est, ce qui était tout autant un émerveillement.