(La chambre des secrets) Le renvoie de Hagrid
Harry et Neville se blottirent dans un coin le plus discrètement possible, cachés sous la cape d'invisibilité.
Hagrid ouvrit sa porte, et rabaissa son arbalète. « Ah, c'est vous professeur Dumbledore. »
« En effet, pouvons-nous entrer, Hagrid ? »
« Hum, oui. »
Hagrid laissa le directeur et son accompagnateur passer.
L'autre homme commença. « C'est une affaire fâcheuse, très fâcheuse, Hagrid. Trois enfants né de moldu agressés, je suis obligé d'intervenir. »
Hagrid se défendit. « Mais enfin, je n'ai pas… ! Professeur Dumbledore, vous savez vous, que je n'y suis pour rien ! »
Le directeur se tourna vers l'autre homme. « Cornelius, je tiens à ce que vous sachiez que Hagrid a mon entière confiance. »
Le ministre de la magie secoua la tête. « Je sais bien Albus, seulement je ne peux rien faire… les antécédents de Hagrid… ne sont guère en sa faveur. »
« Je n'ai rien fait ! »
« Je n'ai pas le choix, Hagrid. Je suis navré, vraiment, mais vous devez venir avec moi. »
« Pour aller où ? Vous n'allez pas m'emmener à la prison d'Azkaban quand même ! »
Soudainement, la porte se rouvrit.
Harry et Neville retinrent leur souffle en reconnaissant l'homme aux cheveux blanc-blond.
Le père de Draco commença à parler d'une voix douce.
« Ah, Fudge, vous êtes donc là vous aussi. Tant mieux. »
Quand il entra dans la cabane, Hagrid s'insurgea. « Sortez de ma maison, Malfoy ! »
Lucius observait les lieux. « Croyez bien que je n'ai pas le moindre plaisir à me trouver dans votre… ça, une maison ? »
L'homme était tout près de l'endroit où s'étaient mis les deux jeunes garçons. Il se retourna vers les trois autres adultes.
« En fait, j'étais venu voir le directeur, et à l'école on m'a dit qu'il était ici. »
Le directeur prit alors la parole. « Et auriez-vous l'obligeance de me dire ce que vous me voulez ? »
Lucius s'avança vers lui. « Le conseil d'administration a jugé qu'il était temps que vous passiez la main, voyez-vous. »
Il sortit un parchemin. « Toutes ces attaques… vous ne semblez plus capable de protéger les élèves. Il ne restera bientôt plus d'enfant né de moldu à Poudlard, et j'imagine fort bien quelle horrible perte cela représenterait pour l'école… »
Il tendit le papier. « Ceci est un ordre de suspension. Vous y trouverez nos douze signatures. »
Hagrid éleva la voix tendis que Lucius s'éloignait à nouveau. « C'est ridicule, vous ne pouvez pas faire ça ! Sans Albus Dumbledore, la prochaine fois il y aura des morts, je vous le dis ! »
Lucius, à nouveau près des enfants sous la cape, se retourna pour regarder Hagrid. « Vous pensez ? »
Dumbledore prit la parole. « Calmez-vous Hagrid. Si le conseil désire que je m'en aille, alors je partirais. »
Le directeur s'approcha du jeune sorcier blond. « Cependant, il faut que vous sachiez qu'il y aura toujours de l'aide à Poudlard pour ceux qui savent où chercher. »
Pendant qu'il parlait, son regard dériva vers les deux garçons invisibles.
Le politicien de Serpentard suivit un instant son regard, et ne sembla pas trouver ce qui attirait l'attention du directeur. Il se reconcentra sur son aîné et ne se montra pas perturbé par cette attitude énigmatique du vieil homme. « Eh bien, en voilà de belles paroles. Nous y allons ? »
Malfoy père sortit, suivit par Dumbledore. Fudge se tourna vers Hagrid. « Allez, Hagrid, il faut partir. »
Hagrid sembla incertain, alors qu'il décida de prendre la parole à haute voix, beaucoup moins discret que Dumbledore. « Si… si quelqu'un voulait découvrir quelque chose, il n'aurait qu'à suivre les araignées. … Ouais, c'est ça, les araignées. »
Le demi-géant alla jusqu'à la porte, mais se stoppa avant de sortir. « Oh, et il faudrait que quelqu'un donne à manger à Crocdur. »
Hagrid sortit, suivit par le ministre qui sursauta lorsque le chien releva la tête avec un couinement. « Bon chien. »
Dès que les hommes furent tous dehors, et la porte fermée, Neville sortit de sous la cape et se précipita vers la sortie sans que Harry ne puisse le retenir.
« Hagriiid ! » cria-t-il en ouvrant la porte.
Les hommes se retournèrent, et Neville courut vers son tuteur. « Hagrid ! »
Le garçon s'accrocha au demi-géant, incapable d'accepter de le laisser partir. « Hagrid, tu ne peux pas partir ! Reste ! »
« Mais enfin, que fait ce garçon ici ? » demanda le ministre étonné.
Lucius reconnut l'enfant pour ce qu'il était. « Neville Longbottom. » Il tourna le regard vers le directeur. « C'est une surprise, en effet. »
Albus observait la scène émouvante où Hagrid tentait de consoler le garçon qu'il adorait, mais qu'il était forcé d'abandonner.
Harry avait plié sa cape et l'avait posée sur la table avant de se placer dans le chambranle de la porte pour observer lui aussi ce qui se passait.
« Je pense… », entama le directeur, « que les enfants ont plus de surprises que nous pourrions nous y attendre. »
Fudge était agacé de ne pas avoir de réponse, en dehors de l'identité du garçon. Il était déjà assez embarrassé de devoir embarquer Hagrid, tard dans la nuit, il n'avait pas voulu gérer de devoir repousser un enfant, et surtout pas celui-ci.
« Albus, si vous saviez qu'il était là, vous auriez dû me le dire. »
Neville se tourna vers le ministre de la magie, sans lâcher le demi-géant. « Hagrid est innocent, monsieur Fudge. Il n'a jamais ouvert la Chambre des Secrets, ni la première fois, ni maintenant. »
« Écoutez, nous parlons ici de choses d'adultes… je comprends que vous vouliez défendre votre ami, et c'est louable… mais je ne peux pas faire autrement. »
Lucius parla à nouveau de sa voix calme et sournoise. « Vous devriez faire attention, Neville Longbottom, certains pourraient penser que vous êtes un complice de Hagrid… à moins que vous soyez celui qui a ouvert la chambre. Il y a un bruit qui court… »
Harry s'avança à grands pas sur le chemin dans la pénombre. « Il y a beaucoup de bruits qui courent, monsieur Malfoy. Mais vous savez que les rumeurs sont souvent fausses. Si nous écoutions les choses qui se murmurent, nous pourrions dire beaucoup de choses sur votre famille. »
« Combien d'enfants vont-ils sortir de cette… cet endroit ? Monsieur Potter, vous devriez apprendre à mesurer vos paroles… »
Le directeur reprit la parole. « Maintenant, s'il vous plaît, calmez-vous tous. Neville, Harry, il n'est guère prudent de se promener à cette heure. »
Lucius se tourna vers Dumbledore. « Nous voyons comment cette école est gérée sous votre direction, Dumbledore. Des enfants qui sortent bien après le couvre-feu… et pour venir ici. »
« Nous ne savons pas quand ils sont venus ici. Neville, vous devez laisser Hagrid partir. »
Neville refusa. « Mais il n'y est pour rien ! Il ne ferait de mal à personne ! » Il regarda le ministre. « Hagrid est ami avec Hermione, comment vous pouvez penser qu'il lui ferait ça ?! »
Le ministre avait l'air désolé. « Cette décision ne relève pas de moi. Hagrid doit partir. »
Harry serra les poings. « Vous ne pouvez pas l'accuser sans preuve ! »
« Hagrid a déjà été reconnu coupable une fois, je ne peux pas faire autrement. »
« Hagrid n'a jamais été coupable ! Quelles preuves aviez-vous la première fois ? »
Dumbledore parla doucement. « Harry, cela suffit, nous devons partir. Mais n'ayez pas peur… » Il fixa son regard sur Neville. « La vérité finit toujours pas se montrer, si on cherche au bon endroit, au bon moment. »
Hagrid s'écarta de Neville. « T'inquiètes pas, Neville, j'reviendrais. Occupe-toi bien de Crocdur en mon absence, d'accord. »
« Promis Hagrid ! Je te promets que je ferais tout pour que tu reviennes le plus tôt possible ! »
Lucius coupa les adieux. « Comme c'est touchant… nous partons ? »
Les adultes s'éloignèrent pendant que les deux garçons retournaient dans la cabane de Hagrid.
« Dépêchons-nous de nourrir Crocdur, puis retournons dans les dortoirs. »
Neville donna à manger au chien en le caressant tristement. « Je préférerais rester ici. »
« Neville, nous n'avons pas été punis par Dumbledore, mais ça ne veut pas dire que McGonagall ne dira rien quand elle le découvrira. »
« Je n'ai pas très envie de croiser un monstre en rentrant au château. »
« Avec la cape, nous ne risquons rien. Ne cherche pas d'excuses pour rester ici, Neville, nous devons retourner dans les dortoirs. Tu imagines si le professeur Snape découvrait qu'on est là ? »
Après avoir rangé le désordre de la cabane, Neville accepta, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.
Ils se remirent sous la cape et quittèrent l'endroit. Ils marchèrent dans les couloirs le plus discrètement possible pour regagner leurs lits.
Neville avait voulu faire un détour à l'infirmerie pour informer Hermione du départ de Hagrid, mais Harry lui avait signifié que madame Pomfresh s'en rendrait certainement compte, et risquait de ne pas être contente du tout.
Une fois couché, Neville ne put trouver le sommeil.
Au bout d'un moment, il entendit la respiration de Harry qui s'était endormi.
Il repensait sans cesse aux événements de la journée.
D'abord il y avait eu la pétrification de Hermione. Ensuite, il y avait le départ de Hagrid.
Comment serait la vie si Hagrid ne pouvait jamais revenir ?
Neville ferma les yeux et pleura silencieusement dans son lit.
Sans qu'il s'en rende compte, la fatigue le gagna et finit par l'emporter dans un sommeil agité.
Quand Draco entra dans son dortoir, il fut surpris de voir tous ses camarades couchés. Mais il pouvait être sûr qu'ils ne dormaient pas.
Il se prépara et se coucha à son tour.
Mais il ne put pas fermer les yeux. Il y pensait toujours.
À quoi bon penser à des choses si l'on ne peut rien faire cependant ?
Il songea à toutes les recherches qu'ils avaient menées. À leur préparation du polynectar, à leurs passages répétés à la bibliothèque pour se documenter… à tout.
Il voulait chasser de son esprit les pleurs de Neville et le visage immobile et blanc de Hermione. Il ne voulait plus sentir le toucher glacial de la main de son amie sur ses doigts.
Il avait besoin de savoir ce qu'elle faisait.
Il devait découvrir ce qu'était le papier qu'il avait pris, mais il fallait qu'il attende que ses camarades dorment pour ça.
Comme de toute manière la fatigue ne semblait pas vouloir de lui, ce n'était pas compliqué.
Au bout d'un temps, il prit sa baguette et s'informa sur l'heure. 2 h 34. Il pouvait raisonnablement penser que ses camarades dormaient.
Il sortit alors le papier, et le déplia. « Lumos. »
Quand il put voir ce qui était noté, il sourit.
« Hermione, tu es un génie. »
Il refit une boule avec le papier et le cacha avec attention. Il attrapa ensuite le flacon de potion de sommeil sans rêves et l'avala.
« Nox. »
