(La chambre des secrets) Parler à l'araignée


Fin mai arriva, et ils n'avaient aucune nouvelle de Hagrid.

Hermione était toujours pétrifiée, et lorsque les autres étudiants avaient appris cette nouvelle, ils avaient semblé comprendre que Neville n'y était pour rien.

McGonagall remplaçait Dumbledore en attendant qu'un directeur soit nommé.

Draco n'avait jamais évoqué la note de Hermione, même pas à Neville ou Harry. Il savait ce qui arriverait lorsque les Gryffondor en entendraient parler. Et il n'était pas pressé de se confronter à un basilic.

Les jours n'étaient plus pareils sans Hermione.

Draco trouvait moins d'intérêt à étudier en sachant que sa seule rivale sérieuse ne pouvait rien faire.

Harry et Neville se sentaient bien seuls durant les cours. La main levée constamment de Hermione leur manquait, sa manière de toujours vouloir répondre aux questions ou d'en poser d'autres, son attitude à toujours tenter de reprendre le professeur lorsqu'il contredisait un livre ou un autre.

Sans Hermione, les séances de révisions des trois garçons semblaient plus ternes.

Lorsque Harry et Neville avaient informé Draco de ce que son père avait fait, le Serpentard n'avait pas jugé bon de commenter. Il n'aimait pas Dumbledore et n'allait certainement pas le regretter. Il n'allait même pas dire que ça mettait l'école en danger, puisque le directeur ne semblait jamais rien faire pour aider.

Pour le départ de Hagrid, il ne fut pas aussi froid et fut peiné de voir Neville en souffrir autant. Il s'efforça de ne pas parler en mal du demi-géant.

Harry était comme un lion en cage. Chaque jour qui passait, il insistait pour trouver qui avait fait ça à Hermione, et qui mettre à Azkaban à la place de Hagrid.

Neville céda après le match de Quidditch de Gryffondor contre Serdaigle.

Dès la fin du match, il entraîna ses deux amis à l'écart.

« Je sais où Hagrid nous disait d'aller. »

« De quoi parles-tu ? » questionna Draco.

« Quand il nous a dit à Harry et moi de suivre les araignées. Je sais où il faut aller. »

Draco devint blanc. « Tu n'es pas… tu n'es pas sérieux ? »

« Si. C'est dans la forêt interdite, bien sûr, mais… »

« Dans la forêt interdite ! Tu te souviens l'année dernière ? »

Harry rejeta cette objection. « Tu en es revenu vivant après avoir lancé un sort sur Voldemort. Je pense que tu devrais survivre à quelques araignées. »

Neville parut gêné. « Euh, oui, quelque… »

Draco fronça les sourcils. « Si on en juge au nombre d'araignées qu'on peut voir partir en ce moment, c'est mauvais signe. Et nous connaissons tout les droits le sens des responsabilités de Hagrid lorsqu'il s'agit de ses amis les monstres. Je n'ai pas envie de "suivre les araignées" quand c'est lui qui le dit. »

Harry croisa les bras. « Tu n'en aurais pas envie non plus si quelqu'un d'autre te disait de le faire. »

« Avec raison. »

Neville chercha à retrouver l'attention. « S'il vous plaît… c'est pour Hermione et Hagrid. Il a toujours refusé de nous parler de ce qui s'était passé il y a 50 ans, mais Aragog y était aussi. Nous pouvons demander à Aragog ce qu'il sait. »

Harry observa son meilleur ami avec choc et surprise. « Aragog ? L'araignée géante que Tom Jedusor a accusée d'être le monstre ? »

« Oui. J'accompagnais Hagrid quand il allait le voir. Je connais le chemin, et je sais parler avec lui. »

Draco cria presque. « Il parle ?! Une araignée qui parle ?! »

« C'est une acromantule. »

Draco tourna la tête vers Harry. « Je suis bien plus rassuré maintenant, c'est parfait, quand y allons-nous ? »

Harry n'était pas amusé par son sarcasme. « Draco, c'est très sérieux. »

« Aller parler avec une acromantule ne ramènera pas Hermione. Ce sont les mandragores qui l'aideront. »

« Parler à Aragog peut… nous aider à trouver comment empêcher que Hermione soit pétrifiée juste après avoir été guérie. Ou pire, tuée. »

Neville reprit la parole. « Tu n'es pas obligé de nous accompagner. Même si j'aimerais bien y aller avec tous mes amis possibles. »

Harry et Neville restèrent à regarder Draco en silence jusqu'à ce qu'il se décide.

Il lui fallut cinq minutes avant de reprendre la parole.

« D'accord, allons-y ! Mais je préviens, au premier danger, je fuis. »

Harry sourit avec narquois. « Tu serais incapable de trouver un chemin sauf pour fuir sans l'aide de Neville. »

Draco gémit alors qu'ils se mettaient en route. C'était totalement vrai.

Ils passèrent par la cabane de Hagrid pour faire sortir Crocdur. Neville jugeait que c'était l'occasion de l'emmener en balade.

Le chemin était sombre et lugubre, comme attendu de la forêt interdite.

Neville s'orientait sans difficulté et avançait sans hésiter.

Harry n'était pas gêné de suivre son meilleur ami dans cet endroit. Il n'avait pas peur des bruits de la forêt et avait entièrement confiance en Neville pour les conduire sans danger.

Draco, en revanche, se demandait ce qu'il faisait là à chaque pas. Il gémissait ou sursautait au moindre hululement. Il demandait parfois, trop souvent, s'ils étaient vraiment obligés d'y aller et s'ils pouvaient faire demi-tour plutôt.

Harry était agacé, et de temps en temps il lui redemandait de se taire. Le Gryffondor commençait à se demander pourquoi ils l'avaient emmené avec eux.

« Mais tu vas te taire, à la fin ?! » chuchota-t-il avec agressivité après un cri de Draco.

Draco était vraiment pâle. « Ce n'est plus "suivez les araignées", c'est "marchez sur les araignées" ! »

« Fais attention où tu mets les pieds, c'est tout. »

« Je pourrais aussi mettre le pied en plein dedans… »

« Et te mettre à dos les acromantules ? Brillante idée. »

Alors qu'ils semblaient se rapprocher de la destination, Draco continuait de toujours regarder partout autour d'eux. Quand il vit une araignée d'une taille plus approchante de l'acromantule, il attrapa la cape de Harry par réflexe.

Harry chuchota en le repoussant. « T'es pénible, Draco. »

« Je crois qu'on arrive… »

Neville n'essayait pas de parler particulièrement bas contrairement à ses deux amis. « Je confirme, nous approchons. »

Harry continuait de chuchoter. « Mais pourquoi on t'a pris avec nous ! »

« Parce que je lance mieux les sorts que vous… si jamais on en a besoin. »

« Il n'y aura pas besoin. », déclara Neville avant de s'arrêter. « Aragog ! C'est moi, Neville. »

Ils entendirent des pas lourds approcher, et Draco se rapprocha le plus qu'il put de Harry. Le Serpentard préféra surveiller leurs arrières en observant les mouvements des acromantules miniatures en comparaison à celle qui arrivait.

La voix était résonnante. « Neville, où est Hagrid ? »

« Il a des ennuis, et nous a dit de venir ici pour avoir des réponses. »

« Je ne comprends pas… quels ennuis de Hagrid demandent des réponses de ma part. »

« Ils ont emmené Hagrid à Azkaban, parce que la Chambre a été rouverte. Quand notre amie a été pétrifiée, ils ont accusé Hagrid. »

« Ce sont des mensonges ! Hagrid n'a jamais ouvert la Chambre des Secrets. »

« Nous le savons oui. J'ai répondu la même chose, mais ils n'ont pas voulu m'écouter ! C'est pour ça que je suis venu aujourd'hui. »

« Qui t'accompagne ? »

« Ce sont mes amis. Harry et Draco. Harry a découvert que tu étais à Poudlard il y a 50 ans, lorsque la Chambre a été ouverte la première fois. Nous aimerions savoir si tu sais quelque chose. »

« Le monstre est né dans le château et ne l'a jamais quitté. Nous le fuyons car nous en avons peur… »

« Vous savez ce que c'est ? » demanda Draco, pratiquement dos tourné à Aragog puisqu'il regardait toujours derrière lui.

« Oui… mais je ne vous le dirais pas, c'est une créature très ancienne que nous craignons par-dessus tout… »

Harry parla à son tour. « Ce n'est pas grave, que c'est un… »

« Nous savons ce que c'est. », le coupa Draco, certain que dire le mot que le chef des acromantules ne voulait pas prononcé était une mauvaise idée.

Harry sembla comprendre, ou du moins ne pas s'offusquer de l'interruption, et reprit. « Nous aimerions savoir si vous savez autre chose. »

Aragog nia. « Je n'ai jamais quitté la malle dans laquelle Hagrid m'avait caché. Quand la fille a été tuée dans les toilettes, Hagrid m'a amené ici. Je ne suis jamais allé ailleurs. »

Harry et Draco s'écrièrent en même temps. « Mimi Geignarde ! »

« Je ne sais pas qui est cette Mimi Geignarde. »

« C'est la fille qui a été tuée. », répondit Harry.

Neville était préoccupé par ce qu'il observait des araignées qui se rassemblaient autour d'eux. Ce n'était jamais arrivé avant. « Merci Aragog. Tu nous as bien aidés, avec ça nous allons pouvoir aider Hagrid. »

« Bonne chance, Neville. »

Neville se retourna pour partir. « Venez, on s'en va. »

« Avec plaisir. », gémit Draco. Mais la voix de Aragog reprit.

« S'en aller ? Je ne crois pas non. »

Neville se retourna. « Mais Aragog… »

« Mes fils et mes filles ne vous font pas de mal à toi et Hagrid car je leur interdis, mais je ne peux leur refuser un peu de viande fraîche lorsque celle-ci s'aventure jusqu'ici. »

« Mais ils sont venus avec moi ! » cria Neville.

Harry sortait sa baguette, et Draco pointait déjà la sienne vers une acromantule quelconque. Il s'y était préparé depuis un petit moment.

Le Serpentard fixa Aragog « Nous allons partir tous les trois ensemble, ou un certain nombre de vos fils et vos filles vont avoir très mal. »

Harry chuchota. « Draco, je ne suis pas sûr que les menacer… »

« Je ne plaisante pas. S'il faut un exemple :… »

Neville blanchit. « Draco, si tu attaques en premier, tu vas les énerver… »

Draco grinça entre ses dents. « Elles vont attaquer de toute manière. » Il éleva la voix ensuite. « Arania Exumai ! Ceci pour l'exemple. Alors vous nous laissez partir, ou ce sera une vraie bataille. Nous sommes trois sorciers puissants… et un chien qui mord très durement. »

Neville s'avança à nouveau pour se placer entre ses deux amis et Aragog. « Aragog, s'il te plaît ! »

« Bon, très bien… mais pour les prochains que tu ramènes, je ne pourrais rien faire. Je ne peux pas interdire à mes fils et filles toute l'école. »

« Je comprends. Juste ces deux-là, et juste pour cette fois. Euh, Crocdur repart avec nous aussi. »

« Oui… »

Toutes les araignées s'éloignèrent.

Neville commença à partir, avec ses trois amis, Crocdur en étant un. Dès qu'ils eurent fait quelques pas assez loin de Aragog, ils se mirent à courir, peu désireux de savoir si les fils et filles de l'acromantule lui obéiraient jusqu'au bout.


Ils coururent durant un certain temps, puis décidèrent de finir à pied. Ils n'avaient pas l'endurance de faire tout le chemin en courant.

« Il faut prévenir le professeur Snape, il saura quoi faire. », décida Harry.

« Je suis tout à fait d'accord. », approuva Draco avant de s'adresser à Neville. « Par contre, la prochaine fois que tu as une idée aussi stupide, juste quand je dis non, c'est non ! »

« Nous sommes vivants, c'est ce qui compte. Et nous avons une bonne information. », déclara simplement le garçon craintif qui oubliait d'être couard lorsqu'il traversait le lieu le plus dangereux des environs de l'école.

Harry n'était pas tout à fait d'accord sur la qualité de l'information. « Mimi sait peut-être quelque chose, mais ce n'est pas certain. À part que c'est un basilic, que pourra-t-elle dire ? »

« Elle sait peut-être comment un serpent aussi grand peut attaquer sans que quelqu'un d'autre ne le voie jamais. »

Draco avait sa petite idée sur cette question, mais il n'avait toujours pas communiqué cette information. Cependant, Mimi pouvait leur apprendre autre chose. « Elle sait peut-être qui commandait le basilic. »

Arrivés dans les couloirs, ils voulurent se diriger vers le bureau du maître des potions lorsque la voix de McGonagall s'éleva par magie entre les murs du château.

« Tous les élèves doivent regagner immédiatement leurs dortoirs. Tous les professeurs sont attendus dans le couloir du deuxième étage. »

Les trois garçons se regardèrent.

Neville parla dans un souffle de voix. « Il se passe quelque chose… »

« Changement de plan. », décréta Draco, « Nous allons au deuxième étage. »

« Si les professeurs nous voient là-bas, nous serons punis. »

Harry était déterminé, et d'accord avec le Serpentard. « Le professeur Snape sera là-bas, donc de toute façon si nous voulons lui parler, c'est là qu'il faut aller. Et nous ne serons punis que si nous nous faisons prendre.


Les trois garçons tentèrent de s'approcher le plus discrètement possible à partir du moment où ils virent le dos des capes noires du maître des potions au bout du couloir d'où ils venaient. Les professeurs devaient être sur le chemin perpendiculaire.

Les professeurs faisaient silence, écoutant seulement le bruit des pas d'une démarche assurée s'approcher.

Le trio entendit avant de voir. « Navrez, je m'étais assoupi. Qu'est-ce que j'ai manqué ? »

Aucun des trois n'était surpris de reconnaître la voix de Lockhart. Ils se collèrent au mur, juste avant l'intersection, afin d'écouter.

Ils ne furent pas non plus étonnés que le maître des potions soit le premier à répondre à l'imposteur.

« Une élève a été enlevée, Lockhart. Il est temps pour vous d'agir. »

Le professeur de défense contre les forces du mal bégaya. « Pour… pour moi ? »

La voix de Severus prit une touche légèrement moqueuse. « Ne disiez-vous pas hier soir que vous saviez depuis toujours où se trouve l'entrée de la Chambre des Secrets ? »

Harry et Draco avaient du mal à se retenir de rire en imaginant la tête que devait faire Lockhart actuellement.

L'amusement était accru par l'absence de réponse de l'écrivain. Il était excessivement rare qu'il ne trouve pas de quoi rebondir. Snape avait le dernier mot.

Ils durent se couvrir la bouche de leurs mains pour ne pas émettre le moindre son lorsque McGonagall appuya son homologue de Serpentard avec un ton similaire. « Alors c'est réglé. Nous vous laissons vous occuper du monstre, Gilderoy. Après tout, vos talents sont légendaires. »

Les trois garçons savaient que les deux professeurs les plus stricts, qui étaient aussi les deux plus responsables et puissants à leurs yeux d'enfant, ne faisaient que remettre l'homme hypocrite à sa place et ne pensaient pas sérieusement que la star irait. Ou du moins, ils allaient certainement agir de leur côté et n'avaient fait qu'écarter Lockahrt pendant qu'ils réfléchiraient sérieusement et agiraient convenablement.

Lockart avait retrouvé sa voix, et un semblant d'assurance, trop incertaine pour que personne ne remarque que ce n'était qu'un semblant. « Bien, alors je vais… dans mon bureau me… … me préparer. »

Ils entendirent les pas de l'individu ridicule s'éloigner.

Ce fut ensuite l'infirmière qui prit la parole, inquiète. « Qui le monstre a-t-il enlevé, Minerva ? »

Cette fois, la directrice de Gryffondor montrait de la peine dans sa voix. Le moment de se moquer de Lockart était terminé. « Ginny Weasley. »

Les professeurs partirent. Du moins la plupart, puisque les garçons pouvaient encore voir Snape rester un peu pendant que les pas des autres s'éloignaient.

Draco fit un mouvement pour s'avancer, mais Neville le retint par le bras, alors le Serpentard se contenta de se tourner vers lui avec interrogation.

Une fois que Snape partit, Neville commença à chuchoter. « Je ne voulais pas être surpris en train d'écouter les professeurs dans cette situation. Surtout pas être surpris par le professeur Snape en train de l'espionner. »

Harry lut alors un message écrit en lettre de sang sur le mur que le départ de Snape avait révélé à ses yeux. « Son squelette reposera à tout jamais dans la chambre des secrets. »

Draco tourna la tête vers le message. Après un court moment de silence, il annonça la nouvelle avec une voix calme et sérieuse.

« Je sais où est l'entrée de la Chambre. »