(La chambre des secrets) L'épée de Gryffondor


« Parle-moi, Serpentard, le plus grand des quatre fondateurs »

À la douceur mystérieuse, au sifflement des intonations de Tom, Neville comprenait que l'aîné était passé au Fourchelangue. Il n'osa même pas se retourner.

Harry, en revanche, regarda. La bouche de la statue s'ouvrait. Tom les regarda. « Tu peux choisir, Draco. Rester avec moi, ou subir le sort de tes deux… amis. »

Harry posa une main sur le bras de Neville. « Cours. » Il répéta en criant. « Cours ! »

Neville observait la poignée d'argent qui semblait être apparue dans le Choixpeau. Une garde ornée de pierre et finement ouvragée, qui s'était matérialisée lorsqu'il avait pensé à trouver une arme.

Harry le tira, et Neville sortit de ses réflexions. Les deux garçons se mirent à courir, et Neville tira l'épée du Choixpeau comme d'un fourreau avant de donner l'artefact parlant, bien que silencieux à ce moment, à son meilleur ami. « Prends-le. »

Draco était resté immobile, et avait fermé les yeux avec force dès l'instant où il avait vu le serpent sortir de la bouche de la statue.

Tom parla à l'intention des deux Gryffondors qui fuyaient. « Nous allons mesurer les pouvoirs de Lord Voldemort, héritier de Salazar Serpentard, à ceux du célèbre Neville Longbottom. »

Il s'adressa ensuite au basilic. « Tue-le. » Son regard désignait les deux fuyards, mais Neville n'avait pas besoin de regarder pour sentir l'intention dans la parole prononcée. Le basilic aurait compris aussi, il n'était pas besoin de le nommer. « Le Fourchelangue ne te sera d'aucun secours, il n'obéit qu'à moi ! » prévint le futur Seigneur des Ténèbres.

Pendant que Draco restait parfaitement immobile et silencieux, Tom vint se placer à ses côtés pour observer son basilic tuer les deux imbéciles qui pensaient pouvoir le semer. Le serpent était lancé à leur poursuite.

Neville tomba encore, et Harry tenta de l'aider à se relever. « Et si tu essayais quand même ? Nous ne pouvons pas croire aveuglément ce menteur. »

Neville secoua la tête négativement. Il ne pensait pas que ça marcherait. « Ferme les yeux Harry. Il y a de l'eau. »

Harry était désespéré de voir leur mort venir. Il ne comprenait pas comment son meilleur ami pouvait être aussi calme, même avec une épée dans une main et une baguette dans une autre. C'est alors qu'ils entendirent le cri d'un oiseau. Fumseck était de retour, et fonça sur le basilic.

Draco ouvrit les yeux, sachant fort bien qu'il ne pourrait plus croiser le regard du basilic à présent. Il put, comme Tom, observer la scène avec surprise. Tom était horrifié. Draco ne savait pas quoi ressentir. Il ne voulait pas se dire que Dumbledore avait été vaguement utile, ni très utile, mais il pouvait être soulagé à la fois.

Le phénix se battait avec la tête du basilic. Les deux Serpentards comprenaient facilement ce qu'il tentait de faire : lui crever les yeux.

Pendant que Harry regardait les ombres danser sur le mur, Neville conservait les yeux fermés. Le garçon qui n'avait jamais douté de Dumbledore tendit sa baguette à son meilleur ami. « Prends-la. Tu es meilleur que moi dans tous les sorts. Tu en auras plus l'utilité. »

« Je n'y suis pas lié, c'est ta baguette ! »

« Elle est en houx. Et Dumbledore m'a dit que le phénix qui avait donné sa plume, c'était Fumseck ; il nous aide tout les deux. »

Harry accepta rapidement de prendre la baguette de son ami. Il était persuadé que ses pouvoirs seraient bien moins efficaces qu'avec sa propre baguette, mais le houx lui correspondait d'une certaine manière, alors ce serait moins problématique qu'avec beaucoup d'autres bois.

Le houx était associé à sa date de naissance comme à celle de Neville. Et il choisissait des sorciers qui courraient dans des quêtes périlleuses. Jusqu'à présent, Neville et lui avaient toujours fait leurs quêtes ensemble, inséparables. Et il ne comptait pas que cela change.

De plus, la baguette appartenait tout de même à son meilleur ami, elle devrait le tolérer.

Cependant, sa facilité apparente aux sortilèges était usuellement bien aidée par sa propre baguette de noyer noir au cœur de ventricule de dragon ; une combinaison parfaite pour cela.

Il se rappela pourquoi sa baguette l'avait choisie. Son instinct sûr, sa profonde perspicacité et sa sincérité. Une baguette qui n'apprécierait pas qu'il fasse preuve de naïveté ou qu'il refuse d'être honnête avec lui-même ou avec les autres. Et elle était actuellement dans les mains de Tom Jedusor alias Voldemort. Il en était dégoûté. Tout autant que persuadé que jamais le sorcier noir ne pourrait la faire fonctionner.

Tom avait fait un mauvais calcul en lui prenant la sienne ; il aurait eu plus de chance avec celle de Neville mais le garçon-qui-a-survécu avait été plus malin et ne l'avait pas lâchée.

Le cri de Tom les alerta que la lutte des deux créatures était terminée, et que Fumseck avait gagné. « Noon ! Ton maudit oiseau a crevé les yeux de mon basilic, mais ça ne te sauvera pas. Il peut encore vous sentir et vous entendre. »

Harry sourit. Tom était trop aimable de les en avertir, bien qu'ils furent capables de le deviner par eux-mêmes. Il se retourna vers la créature, pointant la baguette de Neville. « Vipera evanesca ! »

Le sort n'eut aucun effet. Harry pâlit en s'en apercevant. Les deux garçons se mirent à courir, poursuivis par le basilic qui les suivait au son de leurs pas.

Draco, resté près de Tom, avait aussi entendu le sort, et n'en revenait pas d'exaspération et de panique. « Tu es idiot ou quoi ?! C'est pas une vipère ! Ni un petit serpent quelconque ! »

Tom souriait tranquillement, et parla doucement. « Laisse-les, Draco. Qu'ils fassent des erreurs, et qu'ils continuent de penser stupidement qu'ils ont une petite chance… leur désespoir lorsqu'ils s'apercevront qu'ils ne peuvent rien contre le basilic n'en sera que plus grand. »

Draco se tourna avec un regard froid vers l'ancien préfet. « Que savez-vous de moi, exactement ? »

« Je sais tout ce que Ginny Weasley sait. »

« Comment ? »

« Le journal. Les Gryffondor ne t'ont rien dit ? Il me permet de communiquer avec celui qui écrit et qui lit. »

« Tu ne me diras pas de quelle magie il s'agit ? »

« Non, pas encore. Tu vas devoir gagner une grande confiance de ma part en tant que loyal et fidèle suivant, Draco. »

« Le besoin de confiance devrait être réciproque. Comment saurais-je si tu me le diras un jour. »

« Je t'ai promis la gloire et la puissance, Draco, et je te les apporterais. Pour cela, il suffit que tu me suives, que tu sois l'un des miens. »

« Que je prenne votre marque, ou vous ne l'avez pas encore inventé ? Vous n'avez pas vraiment répondu à la question : que savez-vous sur moi, Harry et Neville ? Que vous a dit Ginny Weasley ? »

« Pourquoi désires-tu le savoir ? »

« Pour savoir ce que vous savez, et ce que vous ne savez pas. Je pourrais corriger les erreurs, ou ajouter des détails, développer… je ne veux pas servir quelqu'un qui ne me connaît pas correctement. »

« Elle était passionnée de récits à la gloire de Neville Longbottom, celui qui a survécu, et de Harry Potter, le plus jeune attrapeur depuis un siècle. Elle louait les talents de Quidditch de Harry plus que toute autre chose. Quant à Neville, elle répondait à mes questions. Avant de le connaître, elle admirait son histoire, mais après quelque temps passé près de lui, elle a mieux appris : il n'est qu'un pathétique garçon pleurnichard et maladroit. »

« C'est une fan-girl de Potter, alors. Juste comme il me semblait… C'est elle, qui est pathétique. »

« Elle était insatisfaite de voir Harry et Neville toujours ensemble. Elle considérait que Neville n'était pas digne de Harry. Elle ne supportait pas qu'Harry l'ignore. Elle trouvait intolérable qu'Harry prête plus attention à ce Sang-de-Bourbe de Colin Crevey. »

« Il était obligé d'y prêter attention, le morveux se jetait sous son nez à chaque occasion ! Elle n'avait qu'à faire de même si elle voulait tant les regards. »

« Quant à toi, elle t'a détesté dès qu'elle t'a rencontré dans cette librairie. Elle n'a pas compris quand il a semblé, une fois à l'école, que tu avais la totale attention amicale de Harry et Neville. Elle m'a parlé de ton père, de comment il avait rejoint mes partisans, et comment il est toujours libre. »

« Elle n'a pas la moindre idée de comment ça c'est fait ! »

« Non, mais elle avait des opinions. Et puis, il y avait cette fille Granger, la Sang-de-Bourbe qui n'était qu'un moulin à parole, beaucoup trop proche de vous. Et une vraie fouineuse. Dis-moi, Draco, est-ce vrai que tu l'as invitée personnellement à notre noble table de Serpentard ? »

Draco se figea. Il sentait que le changement dans le regard de Tom était dangereux.


Harry et Neville s'étaient enfoncés dans les tuyaux assez larges pour faire passer un basilic, et donc eux aussi. Leurs pas faisaient beaucoup trop de bruit sur le sol, et en feraient qu'il y ait de l'eau ou non. Parler ne les ferait pas davantage repérer. Alors Neville parla.

« Pourquoi tu as tenté ce sort ? »

« Je pensais à le faire disparaître, évidemment ! J'ai pensé que ce serait une bonne idée de nous en débarrasser. »

« Sans doute, mais c'est un sort de disparition, non ? »

« Oui, une variante d'Evanesco. »

« Tu veux parler d'un des sorts de métamorphose les plus compliqués à connaître pour les BUSE de cinquième année ? »

Harry rougit. Il n'avait pas pensé à la difficulté, seulement à l'intérêt du sort. Il songeait que dans une situation de nécessité, il ne fallait pas s'attarder sur ces détails. Il ne l'avait jamais testé avant, mais avait écouté le professeur Snape le lancer, et avait voulu le tester, comme le sortilège de désarmement.

Neville soupira, à bout de souffle. « Une variante pour les serpents, je suppose… »

« Je me suis dit que c'était ce qu'il fallait. »

« Avec ma baguette ? »

Harry poussa son ami dans un détour. « Reste là, et tais-toi. »

« Qu'est-ce que tu fais ?! »

Harry chuchota, tout en jetant un coup d'œil vers l'endroit d'où allait arriver le serpent. « Diversion. »

Neville voulut protester, mais Harry le coupa.

« Ha… ! »

« Tais-toi ! »

Harry se retourna pour se préparer à faire face au roi des serpents. « Je vais l'éloigner, et tu retourneras dans la Chambre. Je serais plus agile que toi, avec cette épée qui t'encombre. Je ne compte pas mourir, ne t'inquiète pas. »

Dès que le serpent fut plus proche de Harry que de Neville, le garçon se détourna pour se remettre à courir.

Il avait aussi une petite idée à tester. Il devait tout essayer avant de baisser les bras. Le sort n'avait pas fonctionné, mais il n'était pas adapté.

Draco l'avait dit, ce n'est pas un simple petit serpent. C'est un basilic.

Pendant sa course, Harry disciplina sa respiration et ses pensées pour se calmer. Il devait retrouver les bons termes.

Il aurait peut-être eu besoin de l'aide de Neville, qui était un génie de botanique, mais il connaissait mieux le latin que lui, tous domaines confondus.

Seulement, une petite voix dans son esprit lui répétait qu'il était idiot d'essayer. Même si par miracle il parvenait à trouver le bon sort, il serait incapable de le lancer correctement. Mais il ne baisserait pas les bras.

Le premier mot qui lui vint fut basilica. Il savait que ce n'était pas le bon. Celui-là désignait les basiliques architecturales, des édifices aux vastes proportions.

Le suivant fut du grec ancien, basileus. Ce n'était guère mieux. Cela signifiait le « roi ».

Dans la même langue, il avait basilike… une simple traduction de basilica.

Il se rappela que le basilic était le roi des serpents. Basileus n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Cependant, il valait mieux ne pas mélanger les langues, alors il devait se souvenir de l'équivalent latin.

Mais la plupart de son vocabulaire pour le sujet était grec. Tout s'enchaîna dans son esprit.

Basilikos, « royal »… presque.

Basilikon, « basilic » dans le sens de la plante… ça s'éloigne.

Basiliskos, « petit roi » ou « reptile légendaire »… c'était juste ce qu'il fallait ! Mais c'était encore du grec.

Il se retourna, sans cesser de courir, pour lancer le sort. « Basiliskos evanesco ! »

Il n'y eut aucun effet. Harry reprit sa fuite. Peut-être était-il temps de retourner dans la Chambre. Il n'aurait qu'à faire une diversion avec une pierre.


Les pensées de Draco s'affolèrent, il ne savait pas ce qu'il pourrait répondre. Il détourna le regard de Tom, et tenta de se discipliner. Il devait se calmer. Il ne savait pas quels pouvoirs le « souvenir » du sorcier noir avait déjà récupéré, et ne souhaitait pas expérimenter s'il était encore legilimens.

Cependant, ce silence ne dura pas longtemps, et l'attention de Tom fut détournée, puisque Neville arriva alors, en courant, l'épée à la main, et s'agenouilla à côté de Ginny.

« Combien de temps ? Combien de temps lui reste-t-il, Tom ? »

Tom sembla agacé que le garçon l'appelle encore par son prénom. Mais il répondit néanmoins avec sa voix douce digne d'un parfait préfet. « Le processus est presque achevé. Dans quelques minutes, Ginny Weasley sera morte, et je cesserais d'être un souvenir. Lord Voldemort sera de retour, plus vivant, plus puissant, que jamais. »

Tom sourit en posant un regard méprisant et moqueur sur Neville. « Tu as laissé mon basilic s'occuper de ton ami en premier… c'est très noble et courageux de ta part. »

Neville leva un regard dur vers son ennemi. « Harry va revenir, vivant. »

Draco s'inquiétait. « Pourquoi n'êtes-vous plus ensemble ? »

Le garçon-qui-a-survécu était beaucoup plus doux en réponse à son ami. « Il a décidé d'attirer le basilic ailleurs un moment pour que je revienne ici. As-tu une idée pour faire sortir Ginny d'ici ? »

Draco résista à l'idée de se mordre la lèvre comme Hermione l'aurait fait. Il était trop digne pour se le permettre. Il ne put retenir en revanche le rapide coup d'œil qu'il donna à Tom. Il avait une idée assez précise que la présence de quelqu'un empêcherait la fille de se ranimer.

« En l'état, je pense que tout espoir est perdu pour elle. Il faudrait un miracle pour qu'elle ne dépérisse plus. Le prix est clair, Neville, pour une résurrection. C'est une vie pour une vie. Elle va mourir, pour que Tom… le Seigneur des Ténèbres revienne. »

Le silence s'abattit sur eux.

Tom se contentait d'observer le spectacle, certain que son basilic ne tarderait pas à venir terminer sa tâche.

Neville évaluait la situation, et réfléchissait aux paroles de Draco. Le Serpentard avait raison, c'était une vie pour une vie. Il ne savait pas ce que faisait Tom, ni si c'était réversible, mais au moins une chose était sûre ; il fallait faire disparaître Tom pour avoir l'espoir de sauver Ginny.

Draco se contentait de scruter les traits de Neville à la recherche d'une réalisation, se demandant si son ami avait compris. Il espérait cependant que son ami n'ait pas la sottise de dire ou faire quelque chose qui pourrait faire comprendre à Tom qu'ils avaient compris une chose et avaient trouvé une idée.

Harry arriva en courant. Il regarda les adolescents en se demandant ce qu'était le spectacle qui s'offrait à lui. Il ralentit le pas pour se placer aux côtés de Draco, et regarda ensuite Neville.

« Le semer était… fou et intéressant. On remet ça l'année prochaine ? » tenta-t-il de plaisanter.

Neville releva un regard surpris vers son meilleur ami, et Draco tourna également une tête ahurie vers le Gryffondor.

Harry tenta de cacher son sourire d'amusement, et se demandait si l'ego de Tom supportait de se faire ignorer. Mais il n'eut pas à faire beaucoup d'efforts très longtemps, car le basilic surgit de l'eau où baignait la statue de Salazar.

Tom observa son animal avec un sourire. « Vous allez mourir. », leur annonça-t-il avec sérénité.

Neville se releva, et mut d'une détermination nouvelle, empoignant son courage de deux mains fermes, il courut vers la statue avant que quiconque ait pu faire un autre mouvement. Le bruit de ses pas dans l'eau attira à nouveau l'attention du basilic.

« Neville, qu'est-ce que tu fais ?! » angoissa Harry.

Le basilic tourna vivement la tête vers le son de la voix. Neville donna un coup d'épée contre la pierre en enlevant sa cape, puis laissa tomber cette dernière pour commencer à escalader la tête sculptée.

Draco gémit. Neville était bien trop maladroit pour se permettre une telle entreprise. Tom jubilait et Harry s'alarmait.

« Lâche cette épée ! » cria Draco en pointant sa baguette.

Neville tourna un œil vers son ami, surpris, et glissa donc, heureusement au moment où le serpent donnait un coup de tête à l'endroit où il se trouvait la seconde précédente.

« Wingardium Leviosa ! »

Dès qu'il avait entendu le début du sort et vu le mouvement de baguette, Neville avait lâché l'épée. Pendant que Draco la faisait léviter, le Gryffondor retourna à sa tâche d'escalade.

Tom tourna son attention vers le Serpentard, cherchant à comprendre ce que le jeune blond allait faire avec ce sort et cette épée, pour qui était-il.

Harry fixa Tom, et s'adressa à Draco. « Fais-la choquer la statue là où Neville n'est pas. »

À l'instant où Draco hocha la tête et où il sembla entreprendre d'accomplir l'idée de son camarade, Tom voulut l'en empêcher en l'attrapant, mais Harry se jeta sur lui, et en profita même pour tenter de récupérer sa propre baguette.

Neville arriva au sommet de la statue. « Draco, donne m… » Il n'avait pas besoin de finir sa phrase que l'épée arrivait déjà jusqu'à lui. Seulement, maintenant il avait toute l'attention du basilic sur lui.

Pendant que Neville se battait, Draco retourna la tête vers les deux adolescents qui se battaient au sol. Tom était certes plus grand et plus âgé, il était toujours difficile de se libérer de ce genre de combat. Mais Draco était d'humeur à les aider à cesser cela.

« Harry. Si tu as une autre idée, annonce-la. Je ne pense pas qu'un sorcier, surtout maladroit comme lui, devrait se battre contre un monstre avec une épée, aussi brillante soit-elle. »

Harry s'écarta prestement de Tom, sans avoir pu récupérer sa baguette. Heureusement, aucune baguette n'avait été abîmée dans le processus cependant. Il tourna le regard vers le basilic. Il avait le mot suivant.

« Basilicum evanesco. », prononça-t-il en pointant la baguette de Neville sur le monstre.

Tom, qui s'était remis debout, et Draco, observèrent le Gryffondor comme s'il était totalement ignorant.

Draco n'en revenait pas. « C'était quoi, ça ? »

Tom fut celui qui répondit. « Tu vois comme ils sont idiots, Draco. Tu aurais dû accepter de me rejoindre. Il pense qu'en appelant le nom de la plante en latin, apposé au sortilège de disparition, il sera capable de faire s'évaporer mon basilic. »

« Mais tu es vraiment stupide, Harry ?! C'est… »

Harry le coupa en criant. « Je sais que c'était le nom de la plante, mais il fallait bien essayer ! Quant à la difficulté, fais-le, toi ! Tu es capable d'invoquer un serpent, pourquoi pas ça ? »

Draco serra le journal contre lui et reprit sa baguette dans sa main directrice. Il était blême alors qu'il voyait Neville peiner, et manquer de glisser de la statue. Si le garçon ne mourait pas par le basilic, il se tuerait en tombant.

« La complexité des sorts d'apparitions et de disparitions dépend de la chose invoquée ou révoquée. » Il commençait à voir flou tant la panique faisait monter les larmes dans ses yeux. « Et un basilic est très certainement plus complexe qu'un cobra ! »

Harry l'ignora. « Essaye "Basilosaurus" ! »

Le cri déchirant du basilic les empêcha d'entendre Tom lorsqu'il répondit, « Certainement pas ! » Neville venait de planter l'épée au travers de la tête de la créature, profitant qu'elle avait ouvert grand la gueule.

Draco pointa sa baguette, ne croyant pas un seul instant que ça marcherait. « Basilosaurus evanesco ! »

Draco sentit bien que sa magie ne passait pas. Que le sort soit bon ou non, il n'en avait pas la moindre idée. Il était bien trop affolé pour réussir le lancement de cette formule imaginée à partir d'un sort de cinquième année.

Ce n'était pas le niveau d'étude qui l'inquiétait, pour ce qui concernait la métamorphose il ne s'en souciait que peu. C'était l'énorme créature, ainsi que le cri de Neville lorsque le garçon retira l'épée et que le monstre se tordit de douleur avant de s'effondrer, immobile.

Harry tourna un air vainqueur vers Tom. L'ancien préfet ne lui prêtait pas la moindre attention et fixait Neville avait une expression de pure haine et de colère sourde et froide.

Neville descendit rapidement de la statue. Dès qu'il toucha le sol, Harry se précipita vers lui pour l'aider à tenir debout. Il était clair que le garçon avait un problème. Neville laissa tomber épée et croc de serpent et s'appuya sur Harry qui le conduisit vers Ginny.

Draco plissa les yeux en voyant le morceau blanc qui avait glissé des mains de son ami. Ceci expliquait le cri. Le monstre aurait dû se brosser les dents plus souvent. Le Serpentard enleva rapidement cette image de son esprit en regardant les deux Gryffondors s'effondrer à côté de la première année.

Tom s'approchait doucement d'eux. Il paraissait être le vainqueur et non le perdant. Et peut-être l'était-il. Draco regarda à nouveau vers l'endroit où il y avait épée et croc.

« Remarquable, n'est-ce pas, la rapidité avec laquelle le venin du basilic se répand dans les veines. Il doit te rester un peu plus d'une minute à vivre. »

Tom captivait l'attention, et il n'était pas difficile pour Draco de s'écarter discrètement. Neville regarda Ginny, une question semblait germer dans son esprit. Harry suivit son regard et porta sa main au poignet de la fille pour tenter de saisir son pouls.

« C'est drôle, les dégâts que peut faire un petit journal idiot. En particulier entre les mains d'une petite idiote. »

Éloigné du groupe, proche de la statue, Draco appela. « Et entre les mains d'un Serpentard roublard ? »

Les trois autres tournèrent la tête vers lui. Il tenait dans une main le journal, et dans l'autre le croc du basilic qui avait blessé Neville.

« Que fais-tu ? » questionna Tom, en haleine et soucieux.

Draco s'agenouilla en posant le journal par terre. Il appuya une main dessus et leva le croc. Tom tenta de se précipiter vers lui, mais Harry sauta sur ses pieds pour à nouveau le faire tomber avec lui.

« Arrête ! »

Draco abattit le croc sur le journal.

« Nooon ! »

Dès l'instant où le croc avait commencé à transpercer le journal, Harry s'était écarté d'un bond de son ennemi d'où de la lumière s'échappait.

« Sauf si vous voulez que je dise entre les mains d'un petit Serpentard idiot ? »

Le spectacle de la désintégration de Tom était spectaculaire, et Harry en eut le souffle coupé. Le préfet criait, semblait souffrir. Il lâcha la baguette de Harry pour se tenir le visage qui déjà se perçait.

Draco ne regardait plus, et se contentait d'appuyer tant qu'il pouvait son arme sur le journal. Il s'appuya de tout son poids, à deux mains, sur le croc de basilic. Il tentait de lui faire effectuer une légère rotation pour être certain de passer au travers de la fine épaisseur de l'artefact « idiot ».

Les mains de Draco glissèrent, et il s'érafla la paume gauche avec un geignement.

Tom finit de disparaître dans une explosion de lumière et d'étincelles. Ginny reprit immédiatement son souffle, et Neville la regarda avec un large sourire. Harry l'observait aussi tendrement, et immensément soulagé.

Draco se releva en observant sa main blessée, trop concentré dessus pour se rendre compte que la fille avait repris vie. Il s'avança vers ses amis en laissant journal, épée et croc au sol. « Dites-moi qu'il n'y a pas de venin de ce côté-là… Je n'ai pas envie de me suicider dans le but de jouer au héros. Et je ne veux certainement pas être un martyr. »

Ginny s'assit, et tourna de grands yeux vers la jeune voix qui avait parlé. Malfoy. Le garçon s'arrêta à côté de Harry, en face d'elle. « Oh, tient. », fit-il en réalisant qu'elle était pleinement éveillée. Il présentait son expression hautaine habituelle.

Harry n'arrivait pas à sourire à la fille. Autant il était satisfait de la réussite de la mission, autant il avait l'esprit bien trop occupé sur l'échéance de la vie de son meilleur ami.

Neville, dans le dos de Ginny, se signifia à elle. « Ginny… »

Elle se tourna vers lui, de plus en plus surprise quant à la présence des trois garçons.

Elle savait qu'ils traînaient ensemble, et elle savait que Neville était fourchelangue. Personne n'aurait pu entrer dans la Chambre sans lui. Et Harry ne l'aurait jamais laissé y aller seul. Mais pourquoi étaient-ils ici, et comment avaient-ils trouvé l'entrée ? S'ils étaient venus l'aider, comment avaient-ils fait, où était Tom, et pourquoi n'y avait-il aucun professeur ? Étaient-ils fous d'être venus ici seuls, tous les trois ?

Elle voulait s'expliquer. Elle avait besoin à la fois de se dénoncer et de se justifier, elle devait alléger sa conscience, enlever le poids de ce secret et de cette connaissance. Mais quelque chose l'en empêcha alors qu'elle regardait le regard épuisé de Neville. Elle baissa les yeux, et vit alors le sang coulant du bras du garçon, entre ses doigts.

« Neville, tu es blessé ! »

« C'est pas grave. », répondit-il rapidement pour écarter le sujet.

Harry n'était pas d'accord. « Si c'est grave, c'est… »

« Harry. », le coupa durement Neville.

Le garçon se tut d'un air sévère et acquiesça. Il savait ce que voulait son ami. Il tenait cependant à avoir la discussion finale avec celui qui avait partagé la majorité de sa jeune vie à ses côtés. Il se tourna vers le Serpentard.

« Draco, emmène Ginny et retournez à l'entrée de la Chambre. Sortez, et allez chercher le professeur Snape. »

« Que je rejoigne Lockhart seul ?! Il a sa baguette ! Et il y a un éboulement je te rappelle. »

« Draco. Débrouille-toi, et j'ai bien dit avec Ginny. Fais-la sortir d'ici. »

Draco se laissa tomber. Il avait tout fait pour ne surtout pas se salir davantage, mais il n'en pouvait plus. Il fit comme s'il l'avait fait exprès en tentant de se positionner le plus majestueusement possible, et lança un regard méprisant à la fille. « C'est une Weasley. »

Elle lui lança un regard noir. « Et tu es un Malfoy. »

Harry soupira et s'accroupit à côté de Draco. Il lui prit sa main de force. « Sur quoi t'es-tu coupé ? Il a fallu que tu escalades ? »

Neville ne pouvait plus faire attention à ce que disaient ses amis. Il sentait ses forces l'abandonner. Il se reprit lorsqu'il entendit le chant de Fumseck. L'oiseau se posa à côté de lui, dans le silence de la salle. Neville sourit en plaçant sa main sur le plumage doux du phénix.

« Merci Fumseck. Tu nous as sauvés. Grâce à toi, Harry, Draco et Ginny sont vivants, et le souvenir de Voldemort n'est plus. » Neville sentait les larmes couler sur ses joues. « Remercie aussi Dumbledore pour moi. Je savais qu'il ne nous quitterait pas. »

Harry lâcha la main de Draco et se leva pour se rasseoir avec Neville. Il sourit affectueusement tandis que Fumseck penchait la tête de côté. « Neville… les larmes des phénix ont le pouvoir de guérir. »

Et en effet, l'oiseau magique laissa tomber une larme sur la blessure. Même le sang qui avait coulé disparut. Et il n'y aurait pas la moindre cicatrice. La larme s'insinuait sous la peau, et le poison se faisait magiquement neutraliser.

L'oiseau s'approcha de Draco.

« Non non non, je ne me laisse pas approcher par ce truc ! »

« C'est un phénix, Draco. », rétorqua Harry avec un air blasé.

« Il est à Dumbledore ! »

Cependant, Draco avait très peu envie de conserver sa blessure, et il était même plutôt curieux de se faire soigner aussi vite par un phénix. Il râlait pour la forme et aussi par esprit rebelle contre le directeur, mais présenta sa main sans le moindre souci.

Harry sourit. « Maintenant, il n'y a plus qu'à sortir. »

« Avec ou sans Lockhart ? »