(Le maraudeur fugitif) Ce n'est pas sa famille

La troisième année … ou le prisonnier d'Azkaban, semble ainsi impossible à mettre en place. Pire que la deuxième année… puisque si la chambre des secrets existait bien, et que Lucius Malfoy pouvait bien mettre le journal dans le chaudron de Ginny pour que l'intrigue de base existe… le prisonnier d'Azkaban n'existe tout simplement pas d'après le setting de base.

L'histoire de cette année risque d'être assez chancelant, mais j'espère réussir à faire quelque chose de valable. (Cette partie fait 42 chapitres)

La solution réside dans le fait que une action particulière de Sirius a quand même été accomplie : dans l'introduction, Sirius explique à Dumbledore qu'il s'est déjà battu contre Peter qui s'est enfuit mais qu'il n'a pas tué.

L'incohérence serait davantage « pourquoi Sirius n'est pas le prisonnier » que « il ne peut pas y avoir de prisonnier ».

Pas de prescription pour les crimes graves en Angleterre, et Sirius pouvait être accusé de meurtre. Cette partie de son histoire n'a qu'à ressurgir maintenant…


« Non, non et non ! »

Les cris de la dispute s'élevaient dans l'air pour atteindre chaque salle du manoir Black. Sirius était allé se réfugier dans sa chambre pour travailler, deux heures auparavant, car oui il lui arrivait d'être sérieux. Après tout, il était l'un des meilleurs aurors.

En entendant la énième protestation de la journée, Sirius laissa tomber sa tête entre ses mains, grogna, hésita à s'arracher les cheveux, jugea qu'il aimait bien trop son apparence, se demanda comment Snape pouvait supporter de gérer des adolescents en crise presque toute l'année à longueur de journée, se rappela qu'il n'aurait jamais pitié pour ce désagréable personnage, soupira, et cria.

« Kreatur ! »

Avec un pop, l'elfe de maison vieux et hideux apparu à l'entrée de la chambre de son maître, un air de dégoût et de détestation sur son visage. Sirius lui lança un regard noir. C'était à peu près le seul regard qu'il était capable de lancer à son serviteur… ça et tout un registre d'expressions négatives.

« Ferme ma porte. », grogna le sorcier.

Les yeux de la créature brillèrent de plus grande haine, et il claqua des doigts à la fois pour disparaître et faire claquer la porte.

Sirius se doutait que l'elfe devait être d'aussi mauvaise humeur que lui à cause de la dispute qui avait lieu en bas, sinon il aurait été bon pour recevoir une tirade désagréable le comparant à sa mère et son frère, ou sur son culot de l'appeler pour ça.

Dans le salon, Harry et Remus se faisaient face.

Remus lui-même commençait à perdre patience devant l'entêtement de Harry. L'entêtement de Lily avec l'irresponsabilité de James à refuser d'entendre la voix raisonnable des adultes ne faisaient pas bon ménage sur un adolescent de treize ans.

« Harry, c'est pour ton bien. », insista l'adulte d'un ton sec et dur.

« Non, je m'en fiche, je n'y retourne pas ! »

Ils arrivaient à la fin de l'été, et Harry refusait toujours de retourner chez sa tante. Mais Remus continuait de penser qu'il serait sain pour Harry de voir sa famille maternelle.

« Tu n'y es allé qu'une seule fois. Tu ne peux pas déjà considérer qu'établir des relations avec ta tante est peine perdue. »

« Je ne veux pas en construire. »

« Ce n'était pas si mal, la première fois. Et ta tante a elle-même accepté de te recevoir à nouveau dans sa maison. Cela aurait tendance à montrer que ça s'était bien passé. »

« Non ! Je n'irais pas ! Severus n'insisterait pas lui ! »

« Je ne vois pas ce que vient faire ça dans cette discussion ! »

« Il est d'accord avec moi : tante Pétunia n'est pas une bonne femme ! Elle est horrible et méchante ! »

« Non, elle ne l'est pas. C'est une femme qui veut apprendre à connaître son neveu, le fils de sa sœur. »

« Severus m'a clairement annoncé son désaccord pour que je retourne là-bas. Elle n'est pas une relation avec laquelle je devrais nouer des liens. »

« Je ne pense pas que Severus soit la meilleure personne pour juger des bonnes relations ou mauvaises relations à avoir. »

« Il en sait certainement plus que toi ou Sirius ! Ma tante, ma tante, tu es obnubilé par ce mot depuis le début des vacances ! Tu ne regardes que le lien de sang qui nous unis elle et moi, et tu fermes les yeux sur son comportement ! Je t'ai dit que je ne voulais pas. Severus, lui, il m'écoute quand je parle. »

« Cesse de nous comparer, Harry. Et je sais que Severus n'est pas objectif lorsqu'il s'agit de Pétunia. » Pour être tout à fait honnête, Remus savait que son ancien camarade était rarement objectif pour ce qui concernait Lily ou l'un des maraudeurs. « Tu devrais arrêter de te fier à ses simples paroles, et accepter qu'il y ait d'autres adultes responsables parfaitement capables de juger ce qui est bien pour toi. »

« Je sais juger par moi-même ce qui est bien pour moi, Oncle Remus ! Severus a dit qu'il me laisserait choisir s'il était à ta place. »

« Après t'avoir dit qu'il était contre. Seulement, il n'est pas à ma place. » Remus doutait fortement que Severus soit du genre à laisser un adolescent prendre ses décisions sans imposer son point de vue. Du reste, il semblait d'ailleurs que l'opinion du maître des potions avait plus d'importance aux yeux de Harry que celle de n'importe quel autre adulte.

« Théoriquement, cette décision devrait revenir à Sirius ! » En disant cela, Harry avait aussi le ton, hurlant, dans l'espoir que son parrain entendrait. Il levait même la tête vers le plafond, comme si cela permettrait à ses paroles de passer plus facilement au travers. « Mais il est trop lâche pour m'affronter et me le dire en face, alors il te laisse faire ! »

« Harry, ne t'en prends pas à ton parrain. Cette décision est seule mienne. »

« Alors pourquoi te permets-tu de décider pour moi ?! »

Lorsque Sirius descendit deux heures plus tard, son filleul et son ami se disputaient encore. Il savait que Harry n'était pas très motivé pour ce projet, mais cela dépassait un simple manque de motivation.

En temps normal, Sirius passait tout à son filleul, et aurait pris son parti face au trop sérieux et rabat-joie Remus. Mais il avait accepté l'année précédente de laisser son ami gérer cette affaire, et il avait ses propres raisons pour vouloir que Harry soit à l'extérieur du manoir pour quelques jours.

Sirius passa à côté des deux êtres qui lui étaient à présent les plus chers, et tenta de les ignorer pour aller se chercher un café.

Harry lui lançait un regard noir, et il voyait dans les traits de Remus que l'homme était excédé par l'attitude typiquement adolescente du gamin. Les deux s'étaient tus pour l'observer alors qu'il passait.

Sirius ne voulait pas se mettre entre les deux, et surtout pas rentrer dans la discussion. Mais si sa présence les faisait taire, autant rester encore un peu afin de profiter du calme. Il s'installa donc dans son fauteuil habituel, toujours en s'efforçant de les ignorer.

Harry, bien trop en colère, ne resta pas silencieux plus longtemps. Sa voix était abîmée à force de crier depuis si longtemps. « C'est gentil de passer nous faire profiter de ta présence Sirius. Alors, tu vas nous aider ? Tu es d'accord avec le projet d'Oncle Remus de me renvoyer là-bas ? »

Sirius prit le temps d'avaler de grandes gorgées avant de lever les yeux vers son filleul et Remus. Les deux étaient visiblement énervés. Et les deux le regardaient dans l'attente d'une réponse. Il soupçonnait que les deux n'accepteraient pas la même réponse.

Il haussa les épaules. « Honnêtement, vous me donnez un mal de tête d'enfer tous les deux. J'aurai des vacances en vous envoyant ailleurs que dans ma maison pour quelques jours. »

Harry s'en alla à grands pas, sans oublier de claquer la porte. Il claqua toutes les portes qui étaient sur son passage, jusqu'à sa chambre.

Lorsqu'ils n'entendirent plus les bruits de déplacement de l'adolescent, Remus s'adressa à un Sirius qui buvait à nouveau sa boisson.

« Sirius, tu n'aide pas. »

« J'étais sérieux. Comment je suis censé travailler dans ces conditions, moi ? Je ne suis pas au chômage. »

« Merci Sirius. »

« C'était pas contre toi. En plus, tu as un travail correct pour toute l'année scolaire maintenant. J'ai peut-être pas encore assez loué ton courage d'avoir accepté ce poste. Tu te rends compte que tu vas devoir le supporter toute l'année ? Et que tu vas probablement devoir partir à la fin. Je parie que ton départ sera lié à lui. J'espère qu'il ne te tuera pas au moins. »

Remus s'assit en face de son ami. « Sirius, tu sais que nous devons envoyer Harry ailleurs pour quelque temps. Nous avons décidé de ne rien lui dire, mais il faut qu'il accepte. Parle-lui, s'il te plaît. Il ne m'écoute plus. »

« T'es comme un oncle pour lui. Pourquoi un gamin écouterait pas son gentil oncle toujours attentionné ? »

« Parce qu'il y a quelque chose de plus fort qu'un oncle, Sirius. »

Sirius fronça les sourcils de mécontentement et son regard devint noir. « Servilus. »

« Non, je pensais plutôt à toi, Sirius. Tu es son parrain, parle-lui. Il t'écoutera. »

Sirius eut un rire amer. « Ouais, il avait l'air d'être prêt à le faire il y a quelques instants. »

Remus soupira. « Sirius, c'est pour son bien, et ça nous arrangerait tous. … C'est soit Pétunia, soit Severus. »

« Ce sera Pétunia. », répondit Sirius, catégorique.


Remus déposa Harry devant la maison avec son bagage. Ce fut Pétunia qui leur ouvrit cette fois.

« J'espère que vous n'avez pas transplané sur notre pelouse. »

Comme Remus portait des vêtements moldus, Pétunia était plutôt satisfaite. « Qui porte les bagages du garçon ? », demanda-t-elle à l'intention du sorcier.

« Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais m'en charger. »

Elle hocha la tête et les laissa entrer dans la maison. « Bien, sa chambre est à l'étage. Pour partir, faites-le sans vous montrer aux voisins. Harry, deux mots. »

L'adolescent tentait de ne pas se montrer ronchon avec sa tante. Il n'appréciait pas certains propos qu'elle avait tenus, mais tant qu'elle ne disait rien sur le sujet, il pouvait la supporter. Après tout, elle faisait des efforts pour l'accepter chez elle, contrairement à son mari.

Pendant que Remus montait le bagage à l'étage, Harry resta en arrière pour écouter les probables avertissements de la femme sur la magie.

« Ton oncle est allé chercher sa sœur à la gare. Ils ne devraient pas tarder à arriver. Si tu le veux, tu peux préparer le repas avec moi. Mais je te préviens, elle ne sait rien de la magie, et rien ne doit lui être dit. »

« Est-ce qu'elle connaît mon existence au moins ? Ce serait mieux, pour lui éviter une désagréable surprise. »

En tout cas, Pétunia fut désagréablement surprise par le ton de l'adolescent. « Je ne sais pas ce que ces hommes ont fait pour te mettre de mauvaise humeur, Harry, mais tu devras corriger ça bien vite. Marjorie est une femme autoritaire et dominatrice. Tu vas devoir faire bien attention à ce que tu dis en sa présence. »

« Le respect que je dois présenter n'est donc valable que pour elle ? »

« Non, pour nous tous. Je te demanderais de cesser ton impertinence, ou ce séjour pourrait rapidement devenir très désagréable. Pour nous tous. »

« Oui, tante Pétunia. »

Remus les écoutait du haut des escaliers, après avoir déposé la valise de Harry. Il voulait voir si l'adolescent avait des raisons pour ne pas vouloir revenir dans cette maison. Pour l'instant, la seule fausse note qu'il entendait était l'apparition de cette nouvelle femme qu'était Marjorie, mais Harry ne l'avait pas rencontrée la dernière fois.

Sachant qu'il serait suspect de rester plus longtemps à l'écart, il descendit les marches et se plaça derrière Harry, posant ses mains sur les épaules du garçon. « Si c'est tout, je vais repartir. Porte-toi bien, Harry. »

Harry n'accorda pas de regard à Remus, et se renfrogna. L'homme comprit qu'il était temps pour lui de disparaître, et il transplana.

Pétunia croisa les bras. « C'est donc lui qui t'as contrarié. »

Harry haussa les épaules. « Qu'importe. Allons-nous faire ce repas ? »

Pétunia acquiesça, et ils allèrent dans la cuisine.


Quelques jours s'écoulèrent, et Harry avait bien pu comprendre que Tante Marge, comme oncle Vermon le forçait à appeler sa sœur, était vraiment une femme exécrable. Et le chien qu'elle traînait avec elle n'était guère mieux.

Elle imposait sa présence à toute la maison, et dominait l'espace, physique comme sonore.

Oncle Vermon et Tante Pétunia se ratatinaient devant l'autorité méchante de la mégère. Harry avait pu voir que Vermon détestait le sale cabot de sa sœur, mais la femme semblait préférer son animal à son frère.

Seul Dudley ne semblait pas déranger par l'horrible personnage, qui le gâtait définitivement. Harry pouvait noter que son cousin était cependant particulièrement silencieux en présence de sa tante. Il devait avoir appris que l'acquiescement silencieux était la bonne méthode pour entrer dans les bonnes grâces de la harpie.

Un soir, cependant, la discussion, même si cela ressemblait comme d'habitude à un monologue entrecoupé par des réponses hésitantes du couple théoriquement maître des lieux, se dirigeait vers un terrain glissant. Vraiment très glissant. La femme avait apparemment enfin remarqué la présence discrète de Harry, qui avait tout fait pour rester le plus souvent possible loin d'elle, et plus proche de sa vraie tante.

La chambre de Dudley avait été prêtée à Marjorie le temps de son séjour, et les deux cousins avaient été contraints de rester dans la seconde chambre de l'adolescent trop gâté. Pétunia avait demandé à Vermon d'installer un canapé dans la chambre plus petite, afin que Harry ne dorme pas sur le sol. Canapé qui était la plupart du temps occupé par Dudley en journée pour jouer aux jeux vidéo qu'il avait fait transporter dans sa seconde chambre par son père.

Harry, qui aurait préféré pouvoir lire dans une pièce silencieuse tout en évitant l'affreuse tante Marge, avait alors opté pour passer son temps avec Pétunia, quand elle n'était pas en présence de sa belle-sœur. Sinon, il se résignait à supporter le bruit de la console, et tentait de se trouver une place sur le canapé, ne sachant que trop bien que son cousin ne tolérerait pas qu'il se pose sur son lit, même s'il y avait passé ses nuits l'été précédent. Il avait cependant suggéré quelques fois au gras adolescent d'aller se dépenser au soleil avec ses amis, et était parvenu à le convaincre la moitié du temps à force d'insistance détachée.

Cependant, lors des repas, Harry était toujours à s'occuper du service, afin que tante Pétunia puisse rester à table. Donc même s'il mangeait à un autre moment et certainement pas en face de tante Marge, il restait dans la même salle le temps de l'écouter débiter ses paroles incessantes dans l'espoir qu'elle avale à un moment autre chose que de l'air afin de terminer son plat.

Et ce soir-là, elle jeta son dévolu sur Harry. Elle semblait enfin s'intéresser à lui et vouloir en savoir plus sur qui il était.

« Et ce garçon, là, c'est ton neveu, Pétunia, c'est ça ? »

« Oui. »

« Il n'a pas l'air… eh bien c'est-à-dire qu'il est plutôt étrange. Souvent dans la lune, non ? C'est la première fois que je le vois. Il n'était jamais venu chez vous, n'est-ce pas ? Alors, qu'est-ce qui a changé ? »

Harry sentait la grosse fatigue arrivée. Il laissa sa tante se charger correctement des présentations. Il commençait déjà à laver une partie de la vaisselle. Apparemment, ils avaient déjà informé la dame de son existence, mais n'avaient pas dit grand-chose.

« Il est venu l'année dernière, pour quinze jours de vacances, comme cette année. Il est… ses tuteurs n'avaient pas jugé qu'il pouvait venir avant. »

« Pourquoi ? Il y a un problème avec le garçon ? Dans quelle école est-il d'ailleurs ? »

Ce fût Vermon qui répondit. « À Saint Brutus, c'est une école pour les cas de délinquance juvénile, tu vois… les cas, hum, problématiques. »

« Oh mon dieu, je vois. »

Harry lâcha l'assiette qu'il essuyait avec un chiffon. « Quoi ?! » Il était abasourdi. Vermon lui lança un regard d'avertissement. Tante Marge observa quelques instants l'adolescent qui décida de se taire, mais qui continuait de foudroyer son oncle des yeux.

L'épaisse femme reprit en se détournant du garçon. « Je vois très bien, même. J'espère qu'ils le gèrent correctement là-bas. Est-ce qu'il y a des corrections pour ceux qui agissent aussi mal ? »

« Oui, oui, certainement. Des coups de bâtons par exemple, n'est-ce pas, garçon ? »

Harry claqua le chiffon contre la table pour le poser, et son regard noir redouble d'intensité. Puis il scruta sa tante de dos. « Tu vas les laisser faire ? Les laisser dire ça ? »

« Garçon. » L'air de Vermon devenait sévère.

Harry serra les poings. « Oui, j'ai quelques professeurs assez horribles. J'ai parfois eu l'impression qu'ils aimeraient bien me tuer. »

Marjorie reprit. « D'où ça lui vient ? Que fait son père, d'ailleurs ? »

Pétunia semblait gênée. « Oh, euh, il est… il est… » Elle prit une respiration avant d'expliquer. « Il est à l'hôpital psychiatrique. Un fou furieux m'a-t-on dit. Je l'ai vu une fois, et je ne suis pas pressée d'y remettre les pieds. »

« Oh, oui, l'abus d'alcool, sans doute. Il n'y a rien que je méprise plus que ceux qui se vautrent dans ce mode de vie. Il a dû trop en abuser. »

« C'est faux ! » cria Harry. L'attention se tourna vers lui. Harry ignora le regard noir de Vermon, et concentra sa colère sur tante Marge, dont le verre explosa entre ses mains. « Mon père n'était pas un alcoolique. C'était un homme bien. »

« Mon pauvre garçon. Et que faisait ton père, avant de devenir fou ? Comment a-t-il fini comme ça ? »

« Il… » Harry ne sut pas quoi répondre, et cela le calma légèrement. Son père avait été un auror, un des meilleurs avec Sirius. Il avait été rendu fou par une trop longue exposition au sortilège de Doloris.

Pétunia répondit encore, cette fois avec beaucoup de mépris. « Il était chômeur. »

Harry reprit le torchon et entreprit de nettoyer frénétiquement le plan de travail de la partie cuisine où il se trouvait. Tante Marge ne semblait pas avoir terminé ses bavardages désagréables.

« Espérons que ce garçon ne finisse pas comme son père. Tu as dit qu'il avait des tuteurs ? »

« Oui… pareil, deux chômeurs. L'un deux se repose sur l'ancienne fortune héritée de ses parents, l'autre vie à ses dépens. »

« Arrête, tante Pétunia ! »

« Je ne dis que la vérité. Ton ami, Lupin, est un pauvre homme qui ne trouve pas de travail et… »

Tante Marge n'appréciait pas ne pas diriger la conversation pendant un long moment, alors elle coupa. « Mon dieu, deux hommes pour éduquer un garçon ! Ils ne sont pas… Le sont-ils ? Quel exemple à donner ! Tu devrais prendre le garçon à ta charge, Pétunia. Ou mieux, l'envoyer à l'orphelinat. Ne pas s'encombrer d'une peine perdue, je dis. »

Pétunia semblait peinée. « Marjorie… »

Mais Vermon était entièrement d'accord avec sa sœur. « Ce serait certainement le mieux. Il n'a pas sa place parmi nous. »

Marjorie continuait. « De toute façon, ça vient toujours de la mère. On retrouve ça chez les chiens. La tare de la mère et la tare du fils. Rappelle-moi comment était ta sœur, Pétunia ? Pourquoi ne s'occupe-t-elle pas du garçon ? »

Harry savait déjà qu'il n'aimerait pas, absolument pas, la réponse. Il se figea le plus droit qu'il pouvait.

Tante Pétunia semblait incertaine, et parlait d'une voix faible. Au moins, elle paraissait savoir que ce qu'elle disait n'était pas bien. Cependant, il y avait encore une pointe de reproche dans son ton. « Malheureusement, elle est aussi devenue… un peu folle. Les médecins lui ont retirée la tutelle de son fils, ils ont jugé qu'elle n'était plus apte. Maintenant, elle est avec un autre homme, et ne s'occupe pas plus de Harry. »

Marjorie enchaîna aussitôt. « Soit elle est veule, soit elle a surtout trouvé le moyen d'abandonner son fils, et de se débarrasser de son mari pour partir avec un autre. Ça c'est déjà vu. Ces femmes sont des hypocrites. Elle l'était déjà quand vous étiez jeunes, n'est-ce pas ? Son nouvel homme est un homme riche, j'en suis certaine. Tu verras qu'elle va l'épouser, même si les médecins disent qu'elle n'a pas de capacité de décision. Et elle va partir avec, loin. Cet homme doit être un idiot d'ailleurs, pour se laisser avoir. »

« Assez ! » hurla Harry. Il n'en pouvait plus de l'écouter. Il ne pouvait pas supporter un mot de plus. Il savait à quoi s'attendre de sa tante et de son oncle, mais Tante Marge allait beaucoup trop loin.

Il pouvait tolérer, éventuellement, qu'Oncle Vermon tente de le faire passer pour un délinquant. Il savait déjà que le mari de sa tante le détestait et détestait la magie, et il devait garder la magie secrète après tout. Même si Harry ne voyait pas le problème qu'il y aurait à prétendre qu'il était dans une bonne école. C'était le cas d'ailleurs.

Il pouvait accepter quelques critiques sur son père, qui était, de fait, réellement un fou furieux.

Mais il ne pouvait pas autoriser, ni supporter, que tante Marge s'en prenne à sa mère et à son, il aimerait bien, beau-père. Il ne pouvait pas le permettre de tante Pétunia. Il ne laisserait pas cette femme détestable continuer.

Dans sa colère, il perdit le contrôle de sa magie. Pétunia et Vermon semblaient affolés alors que le vent soufflait dans la maison. Tante Marge ne semblait rien voir, elle se tourna vers le garçon, le doigt levé.

« Je te préviens… » Elle se tut lorsqu'elle vit son index gonfler. Encore et encore. Tout le corps de la femme devenait aussi rond et léger qu'un ballon.

Harry n'attendit pas la fin avant de s'enfuir dans les escaliers, jusqu'à sa chambre, pour faire ses bagages. Il ne resterait pas une minute de plus dans cette maison. C'était décidé, il allait fuir ces vacances.