(Le maraudeur fugitif) Les réponses d'Helen
Après le départ du train, Draco avait décidé de trouver Helen. Il y avait des questions qui étaient restées sans réponses, et il n'aimait pas cela.
Il s'était installé dans une cabine avec les autres Serpentard. Quand il s'était levé pendant un discours animé de Pansy, la pipelette s'était tue, et l'avait regardé avec une curiosité en attente, et peut-être une légère inquiétude sur ce qu'elle aurait fait ou dit de mal.
Draco était certain qu'elle le blâmerait avant de se blâmer, mais il appréciait qu'elle fasse attention à lui et montre cette inquiétude de le vouloir confortablement installé avec eux.
Alors plutôt que de rouler des yeux, il lui sourit. « Je vais juste marcher un peu. L'idée de rester immobile des heures enfermé dans une cabine ne me plaît pas, même en présence de la plus charmante des compagnies, Pansy. Continuer sans vous déranger pour moi. »
Les filles retournèrent à leur bavardage, et Draco se dirigea vers la sortie. Il se sentait fixé avec attention, alors il se retourna avant de sortir.
Il croisa le regard de Nott. Il devait lui parler à lui aussi. Il était certain qu'il n'y échapperait pas s'il voulait pouvoir passer une bonne année.
Et apparemment, Nott avait les mêmes intentions que lui ; soit il voulait aussi lui parler, soit il l'étudiait et l'épierait pour profiter d'une faiblesse dans son dos.
Draco avait l'espoir que ce ne soit pas la seconde option. Ils devraient discuter avant toute chose. Mais pas tout de suite. Ils en parleraient lorsqu'ils seraient seuls, juste tous les deux.
Alors il articula silencieusement un « Plus tard. », et sortit. Nott avait très légèrement incliné la tête comme pour signifier sa compréhension et son accord.
Dans le couloir, Draco était à la fois satisfait de cette entente silencieuse avec Nott, et irrité que l'autre garçon agisse comme s'il lui devait des comptes.
Draco était satisfait d'être sorti dans les couloirs après la fin des agitations. Il n'aimait pas les vacarmes et les bousculades. Il appréciait quand l'attention était portée sur lui, mais il affectionnait les moments de calmes et de silences, quand il pouvait prendre le temps de se reposer et de penser. Quand il pouvait se poser, et réfléchir sur lui-même ou sur tous les sujets qui lui plaisaient.
C'était une chose pour laquelle il avait un faible, pouvoir se concentrer sur des choses plus importantes que le paraître, et participer ou diriger des discussions intellectuelles intéressantes. Il avait appris cela avec Harry, Hermione et même Neville.
Un petit sourire germa sur son visage alors qu'il repensait à leurs moments passés dans la bibliothèque. Il n'aurait jamais songé, avant de connaître cela, qu'il côtoierait un jour des Gryffondor sur un pied d'égalité avec plus de bonheur qu'il n'avait lorsqu'il dirigeait un groupe de Serpentard.
Après l'année dernière, il avait pleinement compris qu'il préférerait toujours la compagnie de ses vrais amis de Gryffondor à celle de ses faux admirateurs de Serpentard. C'était ce dont il devait parler avec Nott.
Il n'y avait principalement que les préfets pour circuler à cette heure-là dans les couloirs. Ils devaient effectuer des rondes pour s'assurer que tout allait bien partout.
Draco fut satisfait que le premier préfet qu'il croisât fût celle qu'il voulait voir.
Elle était dans le couloir, face à une cabine dont la porte était ouverte, et discutait avec un groupe de Serdaigle de différents âges. Elle referma la porte, et se tourna face au jeune Serpentard. Elle parut un instant surprise, puis prit son air aimable et souriant.
« Draco. Tu ne devrais pas être dans les couloirs, tu sais. »
Il se moqua. « Quelque chose l'a interdit ? Désolé, je n'ai pas été informé. » Il remarqua l'insigne qu'elle portait avec celui de préfet. « Préfète-en-chef je vois ? Dumbledore nomme encore des Serpentard à ce rôle parfois ? »
« Oui. Moi et Percy en fait. »
À la mention du Weasley, Draco grimaça. « Évidemment. »
Cela agaça un peu la septième année. « Tu cherchais quelque chose, Draco ? »
« À vrai dire, oui. Je te cherchais toi. »
« As-tu un problème avec des camarades, Draco ? »
« Non, sauf si tu es considérée comme telle. »
Elle croisa les bras et s'adossa au mur face à la cabine où les Serdaigle les ignoraient. « Tu vas devoir t'expliquer davantage. »
« J'aurais quelques questions à te poser au sujet de l'année dernière. »
« Il va encore falloir être un peu plus précis si tu veux des réponses, Draco. »
« Me répondras-tu ? »
Elle l'observa d'un œil critique. Draco la laissa faire son examen minutieux. Quoi qu'elle cherchât, elle sembla satisfaite quand elle reprit, bien que durement.
« Cela dépendra de toi-même en premier lieu. Et des choses que tu me demanderas. Sans oublier qu'il faut que j'aie une réponse satisfaisante à t'apporter. Mais oui, je tâcherais de répondre, et ce bien mieux que l'an passé. J'ai conscience de vous avoir laissé dans le noir sur certains sujets. Mais vous ne nous faisiez pas vraiment confiance alors. »
« Si tu avais des choses à nous dire, que tu voulais déjà nous dire, pourquoi n'en avoir rien fait ? »
« Vous ne sembliez pas disposez à écouter qui que ce soit. Je ne voulais pas vous faire la morale avant d'être sûre que cela vous servirait. »
« Ne fait-on pas la morale au moment où cela est nécessaire ? C'est-à-dire au moment où les personnes font quelque chose de mal. »
« Je ne jugeais pas qu'il serait utile de vous encombrer de réprimandes que vous ne prendriez pas en compte. »
« Je pense que si j'avais pris la peine de signifier ton laxisme en termes de morale, tu n'aurais jamais eu la place de préfète-en-chef. »
Helen sourit avec amusement. « Draco, si tu l'avais signalé à Snape ça n'aurait pas changé grand-chose. Cette décision appartient à Dumbledore. Et je soupçonne qu'il serait plutôt de mon côté pour ces choses. »
Draco sentait venir l'irritation. Il n'aimait définitivement pas le directeur. Les yeux de la jeune femme pétillèrent alors qu'elle les plongeait dans le bleu d'acier du troisième année. Le plus jeune pâlit en ayant la sensation qu'elle pourrait l'agresser mentalement.
Il ne craignait pas l'action en elle-même, puisqu'il était certain d'être un excellent occlumens. Son parrain lui avait enseigné lui-même, et le directeur avait loué ses capacités, ce que Draco avait décidé de juger comme un honnête compliment et non de la flatterie en vue de ce qu'il avait réellement accompli.
Ce qui le déstabilisait était qu'il ne s'attendait pas à cela de la part de l'agaçante et inoffensive préfète. Il oubliait trop facilement qu'elle était une Serpentard. Bien sûr qu'elle aurait toujours des cartes dans ses manches, et qu'il ne fallait guère se fier aux apparences.
Si elle était parvenue à convaincre Snape d'être nommée préfète pour sa cinquième année, c'est qu'elle avait des capacités réelles. Sa complaisance et sa permissivité évidentes devaient être compensées par des moyens de s'assurer qu'elle ne plaçait pas sa confiance envers n'importe qui.
Draco monta ses barrières mentales, mais ne sentit aucune attaque. La préfète-en-chef se contentait de faire planer la menace. Cela seul cependant suffisait à choquer le plus jeune. Comment pouvait-elle oser se permettre de l'avertir de cette manière d'être honnête avec elle.
« Alors, Draco, puisque je suis disposée à présent à te répondre, je t'écoute. Je répondrais clairement. »
Draco haussa un sourcil septique. Il ne la voyait pas répondre directement à une question posée.
« Bien. Alors commençons par parler des vacances de Noël. »
« Le soir où vous avez commis une entorse à de nombreuses règles et mis vos vies en danger inutilement ? »
Draco pinça les lèvres. Legilimancie ou non, elle restait une Serpentard. Elle savait de quoi il voudrait parler.
« Première question : quand as-tu compris que c'était Neville ? Nous t'avons déjà demandé cela, mais tu as refusé de répondre. Maintenant, je veux savoir. »
« Il a étonnamment bien joué son rôle, bien qu'à ce moment-là je ne fus pas dans mon état le plus critique et vigilant. Il aurait pu être crédible pour quelqu'un qui ne connaît pas vraiment Cornix. Je ne me serais jamais attendu à ce que Neville soit capable d'un tel jeu d'acteur. Cependant, il restait aussi lui-même. J'ai en fait presque immédiatement eu le sentiment qu'il était étrange. Mais je suppose que tu te doutes qu'il n'est pas facile de me berner. »
Draco hocha la tête. Il en avait maintenant une petite idée. Elle avait les moyens de vérifier, cependant cela signifierait qu'elle serait prête à s'en servir. Mais connaissant son mépris apparent pour les règles, pourquoi hésiterait-elle à user de ses capacités ?
« Qu'as-tu fait ? »
« Neville reste Neville, quoi qu'il arrive. J'ai simplement commencé par chercher qui j'avais en face de moi. Parce que ce n'était pas Cornix. Je suppose que certains diront que mes moyens étaient plutôt illégaux, mais qu'en était-il des vôtres alors ? Il a semblé remarquer l'examen, même s'il n'a pas compris de quoi il s'agissait. Après cela, j'ai décidé de jouer le jeu. J'ai simplement considéré que c'était Neville qui se tenait devant moi, tout en faisant mine de croire en son mensonge.
« Je lui ai laissé des indices pour qu'il comprenne cependant. Amusant, lorsque j'ai mis un accent particulier sur son nom, il n'a pas semblé le remarquer. Il était trop occupé à paniquer à la demande de duel qui suivait. »
Pendant qu'Helen riait de la peur de Neville, Draco ressentait l'envie de défendre son ami, et sa colère face aux moqueries de la préfète. Mais Draco était un noble Sang-Pur de Serpentard. Il savait compartimenter sa vie selon ses besoins. Et à l'heure actuelle, il voulait des réponses. Il ne devait donc pas laisser paraître son énervement.
« T'es-tu jouée de lui tout ce temps ? »
« Non, je cherchais à lui faire passer un message. Je voulais aussi savoir ce qui l'avait motivé à prendre ce risque. Je pouvais m'attendre à cela de toi ou de Harry, mais j'ai encore du mal à imaginer Neville briser les règles de cette manière. J'ai été honnête avec lui, tout du long. Je lui envoyais aussi des signaux et des rappels sur comment devrait être Cornix et quelles étaient ses connaissances. J'ai vu l'amitié possible offerte par Neville, et pas en tant que son rôle de Cornix. Il était honnête dans ses inquiétudes, alors j'ai juste voulu l'éduquer un peu.
« J'ai été un peu blessée lorsque j'ai compris de quoi vous nous accusiez. Alors bien sûr, je me suis défendu, et j'ai défendu Cornix aussi. L'idée que Neville joue le rôle d'un être sans scrupule était dérangeante et vraiment blessante, s'il pensait que c'était le seul moyen pour lui d'obtenir des informations de ma part. Mais crois-le, Draco, je t'assure que ce que j'ai confié à Neville ce soir-là, tout était vrai. Je ne me serais pas ouverte à n'importe qui. Mais Neville est quelqu'un de bien et d'empathique.
« À la fin, je voulais simplement faire comprendre à Neville que ce n'était pas à vous de prendre la responsabilité d'agir. Nous avons des professeurs pour s'occuper de ces choses. »
Draco secoua la tête, incrédule. « Donc tu as fait tout ça pour éduquer Neville ? Lui enseigner quelque chose ? Que nous ne devions pas nous préoccuper de cette affaire ? Tu es décidément la personne la plus tordue que je connaisse. »
Helen détourna le regard et observa le plafond en face d'elle. Elle semblait songeuse. « Mmh, Dumbledore est bien pire que moi. Je t'assure, Draco, que ce que je fais est totalement anodin. Ce qu'il fait… c'est le grand manitou après tout. »
« Admettons. Et quand… Wealsey est venu chercher le faux Cornix… »
Elle tourna à nouveau son attention vers l'adolescent. « Ce que j'ai vu et ce que j'en ai su sur le moment ? Honnêtement, Draco, tu te doutes bien que j'ai découvert que ce n'était pas Percy au moins dès le lendemain lorsque je lui ai parlé. Je dois admettre que sur le moment je n'étais pas d'humeur à m'occuper de Percy, que ce soit le vrai ou un faux. Harry a joué son rôle à merveille, mais soyons franc, son excuse de venir chercher quelqu'un dont il aurait dû ignorer la présence était chancelante. »
« Quand les autres ont-ils découvert la supercherie ? »
Helen soupira. « Draco, même le meilleur comédien aurait du mal à se faire passer pour un autre face à ceux qui connaissent la vraie personne plus que n'importe qui. »
« Pourquoi ta sœur a-t-elle joué le jeu ? Elle a donné de vraies informations à Hermione. »
« Elle aime les énigmes, elle n'apprécierait pas que quelqu'un l'entrave dans des recherches. Elle a voulu donner des pistes de recherches à la personne qui s'était donné suffisamment de mal pour obtenir de pareilles informations. Votre manière d'agir… c'est une de celle que Loreane apprécie le plus. C'est la personne la plus observatrice que je connaisse, elle a dû comprendre immédiatement.
« Sais-tu que Cornix la considère comme un serpent parmi les Serpentard ? Ce que nous voulons dire par là c'est que même par rapport à nous, elle est encore plus Serpentard, et elle est vraiment comme ce que n'importe qui appellerait un serpent. Elle est prête à rester proche de ses rivaux ou des êtres qu'elle apprécie le moins si cela lui permet de réaliser ce qu'elle essaye de faire. Alors oui, une élève qui vient vers elle pour découvrir comment déjouer le plus grand danger pour Poudlard, qui se penche sur le même divertissement mental qu'elle, elle va décider de l'aider. »
« Que s'est-il passé après tout ça ? »
« Comment chacun a réagi à la réalisation ? Cornix était… courroucé. Dans une fureur telle que je l'ai rarement vu. Il n'aime pas que l'on se joue de lui. »
« C'était vraiment moi ! »
« Il le sait. Cornix ne peut pas être dupé facilement non plus, que crois-tu ? Mais tu as servi de diversion, détournant son attention de ce qui se passait autour. Et il ne tolère pas ce genre de choses. Il voulait vous dénoncer immédiatement à Snape et Dumbledore. Loreane ne s'est pas prononcé sur la question et a décidé de laisser les personnes "responsables", les préfets, s'en charger. Elle était plutôt appréciatrice de ce que vous avez fait. Cela a suscité un désaccord entre elle et Cornix. »
« Et Percy, pourquoi l'avez-vous informé ? »
« Harry s'est fait passé pour lui, le moins que nous puissions faire était de lui en parler. »
« Harry n'a pas tenu un grand rôle. »
« Percy était le troisième préfet. La décision de prendre des mesures disciplinaires à votre sujet le concernait également. »
« Pourquoi le professeur Snape ne nous a pas punis ? »
« Parce que j'ai tenu parole : je ne lui ai rien dit. »
« Pourquoi les autres ne lui ont-ils rien dit ? »
Helen s'apprêtait à répondre lorsque le train se stoppa d'un coup. La préfète-en-chef sembla interloquée, et plusieurs élèves sortirent de leurs cabines.
« Que se passe-t-il ? », interrogea quelqu'un, se parlant plus à lui-même qu'aux autres.
Helen se redressa dans une figure d'autorité. « Je ne sais pas, retournez… »
Le froid saisissant les lieux la fit taire. Elle écarquilla les yeux dans ce qui semblait de la terreur horrifiée. Draco ne comprenait qu'une chose : ce n'était pas naturel.
Helen s'adressa avec empressement au préfet de Serdaigle de cinquième année. « Léopold, va immédiatement chercher les septièmes années ! »
Elle sortait sa baguette tout en continuant à donner ses ordres. Elle attrapa le nom d'un Serdaigle de septième année, « Isabelle, il me faut un appel à volontaire, qui sait faire un patronus ! »
Puis ce fut au tour d'un autre Serdaigle de cinquième année, « Davies ! Je veux voir tous les préfets regrouper chaque étudiant auprès de ceux qui se désigneront. »
Chacun partait précipitamment à ses directives. Les autres personnes présentes commençaient déjà à s'organiser. Plusieurs décidaient d'aider les désignés pour couvrir plus de terrain.
Elle appela encore un nom, cette fois une Poufsouffle de sixième année. « Béatrice, trouve le professeur ! Nous avons été informés que l'un d'eux voyagerait avec nous ! Et que chacun garde son calme ! Ne criez pas, ne vous agitez pas, et faites silence ! »
Et le silence il y eut immédiatement. Des frissons parcoururent chacun d'entre eux, et ce n'était pas uniquement dû à la température. Outre le temps météorologique, quelque chose de plus mystique, sentimental et magique était à l'œuvre. Le froid imprégnait leur cœur.
Seul le bruit effrayant et pesant de la créature intrusive se faisait entendre.
Chacun se retourna vers la source légitime de leur frayeur.
Helen pointa sa baguette, et une vague de chaleur les envahit alors qu'elle prononçait la formule, et qu'un halo blanc en sortait.
Bientôt, Draco put voir avec stupeur une forme étrangement semblable à un cygne voler pour repousser l'ennemi.
