(Le maraudeur fugitif) La fin du voyage
Le calme était revenu depuis longtemps lorsque Harry sembla émerger doucement.
Neville sauta sur ses pieds en appelant rapidement. « Remus ! Remus ! Harry se réveille ! »
À côté de lui, Hermione et Draco se réveillèrent, surpris par l'éclat de voix.
Remus avait rapidement pris les choses en main après avoir chassé le premier détraqueur. Il avait également été satisfait de l'organisation dont avaient fait preuve les élèves plus âgés.
Il avait pris les choses en main, et avait rapidement réglé le problème avec l'aide des rares élèves capables de produire le puissant bouclier et de tous les autres aptes à prendre et accepter les consignes pour sécuriser tout le monde.
Remus avait félicité les élèves pour leur réaction exemplaire, et leur facilité à suivre ses consignes quand il avait commencé à en donner.
Il avait demandé qui étaient les responsables, et avait été agréablement surpris par la réponse immédiate de sept préfets représentants les quatre maisons. Les autres n'avaient pas tardé à se manifester non plus.
Il les avait chargés de tous partir en ronde afin de s'assurer que tout était bien retourné dans l'ordre. Il avait demandé quelques mots supplémentaires aux préfets-en-chef.
Les deux étaient également des préfets.
Il y avait un grand garçon roux qui semblait légèrement prétentieux. Il s'était rapidement présenté comme étant Percy Weasley. Un nom qui sonnait connu aux oreilles de Remus. Ses deux protéger, et principalement Harry, avaient eu pas mal de choses à dire sur d'autres membres de cette famille.
Remus avait entendu des histoires au sujet de jumeaux très farceurs et agréables à côtoyer, jouant en tant que batteurs dans l'équipe de Gryffondor, et toujours prêt à défendre Harry.
Et il y avait les histoires au sujet d'un certain Ronald qui semblait avoir fait très mauvaise impression à Harry. Remus était à peu près convaincu que ledit Ronald était le roux qui s'était joint au groupe pendant qu'il dormait.
Le jeune garçon n'avait pas semblé méchant, juste totalement effrayé par le détraqueur, ce qui était une réaction tout à fait normale et compréhensible.
Remus n'avait pas pris le temps de s'inquiéter sur ce qu'était le Gryffondor. Il s'était contenté d'ordonner aux élèves de rester dans la cabine avant de partir à l'aide des autres étudiants. Il avait suffisamment confiance en Neville pour savoir que l'adolescent prendrait le reste des bonnes décisions seul durant son absence.
La préfète-en-chef était une Serpentard aux longs cheveux noirs soignés, et étonnamment, elle semblait plus agréable que le préfet-en-chef.
Tandis que la plupart des étudiants repartaient, Remus nota qu'un Serpentard aux cheveux blond-blanc et au maintien typiquement noble hautain des riches et anciennes familles de Sang-Pur était resté, regardant entre lui et la préfète-en-chef.
Remus n'eut aucun mal à devenir de qui il s'agissait. Il prit son ton patient et aimable, n'ayant aucune raison de ne pas l'utiliser alors que c'était ce qu'il était naturellement.
« Monsieur Malfoy, je crois avoir demandé à parler aux préfets-en-chef. »
« Désolé, professeur, j'avais juste une question à poser. »
La préfète semblait savoir de quoi il retournait. « C'était le sortilège du Patronus, Draco. Ce que tu as vu était un cygne noir, et c'est la forme de mon charme. Si tu permets, je pense que ce que le professeur veut nous dire a priorité sur ce genre de question, bien que ta curiosité scolaire soit bonne à avoir. »
L'autre préfet enchaîna, « Retourne dans ta cabine, Malfoy. Tu n'as rien à faire à traîner dans les couloirs. »
Draco haussa les épaules, jeta un coup d'œil furtif au professeur qui continuait de l'observer, puis regarda Helen.
Il tenta de ricaner, mais au fil de ses paroles il réalisait qu'il devrait être inquiet. « Je n'ai pas vu Potter se jeter à notre secours. C'est assez inhabituel pour être noté. Pensez-vous qu'il sécherait cette année ? Nous ne voudrions pas qu'il prenne encore le train en marche grâce à certaines de tes connaissances. »
« Draco, je suis d'accord avec Percy. Rejoins tes camarades. »
« Lesquels ? » répondit-il avec un sourire provocateur.
Remus interrompit, « Monsieur Malfoy, vous devriez accepter d'obéir aux préfets, comme aux préfets-en-chef, qui représentent l'autorité parmi les étudiants. Et ne vous inquiétez pas pour monsieur Potter, il est en sécurité dans le train. »
Draco croisa les bras et détourna le regard, mécontent. « Je n'étais pas inquiet. » Il se sentait rougir de son mensonge, et se détesta à l'idée que cela se voyait facilement sur sa peau pâle.
En entendant le petit rire d'Helen, il releva furieusement le regard vers la préfète. Elle lui sourit. « Pardon. C'était juste trop mignon. Tu as des problèmes avec tes camarades pour refuser de retourner auprès d'eux ? »
Draco serra les lèvres, et pesa ses options. Peut-être aurait-il une chance de pouvoir retrouver le trio de Gryffondor s'il admettait qu'il n'avait aucune envie de retourner auprès des Serpentard.
« Il se trouve que oui. », mentit-il facilement. « Mais je n'ai pas très envie d'épiloguer en présence d'un Gryffondor. »
« J'irais leur dire deux mots. », proposa la préfète.
« Certainement pas. Je m'en occuperais moi-même une fois à Poudlard. J'ai ma petite idée pour arranger la situation. Cependant, ce n'est pas encore le moment, et je préférerais ne pas aller les confronter tout de suite. »
La préfète acquiesça, et porta son attention sur l'adulte inconnu. « Professeur, j'ai de bonnes raisons pour appuyer la demande de Draco de ne pas retourner dans sa cabine. »
Percy retint un soupire d'exaspération, et approuva. « Bien que je n'ai aucune sympathie pour Malfoy, je suis également témoin qu'il pourrait être préférable de prendre en compte sa requête. Même s'il est aussi un menteur très probable. »
Remus accepta. « Bien, dans ce cas, monsieur Malfoy, je vous proposerais de rester dans ma cabine pour la fin du trajet. Cependant, sachez que d'autres élèves y sont présents, et je ne veux aucune histoire entre vous. D'autant qu'il faut encore que j'aie quelques discussions avec vos préfets-en-chef. Suivez-moi. »
Remus retourna vers sa cabine, suivi docilement par le troisième année et les deux septièmes.
Lorsque Remus était revenu, Harry était allongé sur une des banquettes, inconscient. Les trois autres se tenaient maladroitement à côté de lui, incertain sur ce qu'ils devraient faire. Ils avaient tourné la tête lorsqu'ils avaient entendu la porte s'ouvrir.
Hermione retenait des larmes. « Professeur ! Nous ne savons pas quoi faire, Harry est toujours comme ça ! Que s'est-il… »
« Mademoiselle Granger, gardez votre calme. »
Pendant que Remus parlait, Ron fixait Malfoy dans le dos du professeur. Draco se sentait bouillir à l'idée que Weasley partage cette intimité avec ses amis. Le regard d'acier du Serpentard devint acéré et froid. En réponse, les yeux du roux prirent une expression similaire, sans la froideur.
« Vous n'avez pas besoin de plus vous inquiéter. Harry se réveillera bientôt, bien qu'il aura sans doute besoin de chocolat lorsqu'il le fera. J'ai encore des choses à faire, et vous n'aurez qu'à m'alerter quand il reviendra à lui. Vous pouvez vous asseoir. Et je vous assure que tout danger est écarté. »
Il s'écarta et fit avancer Draco dans la pièce. « Cependant, je vous demanderais d'accepter votre camarade pour un moment. »
« Et pourquoi, c'est quoi son problème maintenant ? » demanda agressivement Ron.
Hermione lui donna un grand coup dans le bras. Elle s'apprêtait à lui crier dessus, mais se figea en entendant deux voix crier en protestation un « Hey ! ». Elle tourna les yeux, choquée, vers Draco.
Ron se retournait vers la fille avec colère. « Qu'est-ce qui te prend, Granger ! Tu… »
Draco, notant l'expression dans les yeux de son amie, coupa le futur discours du rouquin exaspérant. « Tu deviens familière avec lui ! »
Remus s'interposa avant que la situation n'explose davantage. « Du calme, jeunes gens. Je vois que cet arrangement va poser problème. Alors qu'allons-nous faire ? »
Neville secoua la tête, observant toujours avec inquiétude et tristesse son meilleur ami mal en point. Il ne se sentait pas de gérer cela pour le moment.
Après un petit silence, Hermione argumenta. « De toute façon, avec Harry installé comme ça, nous n'aurions que trois places pour être vraiment confortables sur une seule banquette. »
Draco croisa les bras. « Weasley s'en va. »
« Pourquoi moi ?! J'étais là avant toi, Malfoy. »
Percy s'interposa. « Ronald, j'atteste qu'il n'en ressortirait rien de bon que toi et Malfoy restiez dans la même pièce sans adultes. Tu seras certainement bien avec Fred, George et Ginny. Tu as terminé ce que tu avais à faire, je suppose. »
Hermione était énervée à l'idée que les excuses soient venues parce que Ron y aurait été poussé par son frère.
Ron savait que Draco avait plus de droit que lui de se tenir ici, alors il accepta de suivre Percy sans faire plus d'histoire.
Ainsi, le quatuor s'était retrouvé réuni dans une cabine, seul.
Draco et Hermione, finalement rendus épuisés par les événements, s'étaient assoupis.
Draco était appuyé dans le coin près de la porte, et la tête d'Hermione était tombée sur son épaule.
Neville ne pouvait pas dormir. Il était bien trop anxieux. Il ne détourna jamais le regard de son meilleur ami jusqu'à ce qu'il vit les signes de réveil.
Draco sursauta presque en entendant l'éclat de voix, et Hermione se redressa vivement dès qu'elle se rendit compte de sa position, rougissant, alors que Neville se précipitait vers la porte qu'il ouvrit avec vigueur.
Remus n'était pas loin et arriva en quelques instants.
Il s'accroupit à côté de Harry et Neville se planta debout dans son dos, toujours inquiet.
Harry cligna des yeux. Sa vision était floue, mais il pouvait distinguer ce qui devait être la tête de son oncle Remus. Il repensa à tout ce qu'il lui avait dit ses derniers jours, et sentit un sentiment douloureux le parcourir.
Il se redressa, assit, en se tenant les bras comme pour s'isoler du monde ou se mettre en boule. Sa voix, faible et pleurante, lui semblait lointaine alors qu'il tentait de parler, entrecoupé par des sanglots. « Remus… je suis désolé. »
Il fondit alors en larme.
Il sentit la main rassurante de Remus sur son épaule. « Là, Harry, ce n'est rien. Prends ça, c'est du chocolat, ça te fera du bien. »
Harry accepta doucement de prendre dans sa main la barre qu'il distinguait dans sa vision à présent nette mais obstruée par les larmes. Mais il ne mangea pas cependant.
Remus comprit facilement que le garçon était en crise de panique. Le détraqueur n'avait vraiment fait aucun bien. Pas qu'il s'attendait au contraire, mais la sensibilité de Harry montait à un niveau qu'il avait rarement observé. Même si pour être tout à fait honnête, il n'avait pas côtoyé beaucoup de victimes de détraqueurs.
Il s'inquiétait aussi que le détraqueur ait visé plus spécifiquement Harry.
Il prit le garçon dans ses bras pour une étreinte, l'enfermant dans une forme de protection. La tête d'Harry s'appuyait contre son buste.
« Harry, tout va bien. C'est terminé. Quoi que tu aies vu, tout va bien à présent. »
Harry secouait la tête négativement comme il pouvait. Entre les pleurs du garçon, Remus put saisir certains passages plus articulés.
« Je veux mes parents. », disait-il, « Je veux une mère et un père ! Je les veux ! Pourquoi je ne pourrais pas ? Je sais que j'en ai. Ils seraient là pour me réconforter, toujours. »
« Je suis là, Harry. Ne t'inquiète pas. »
« Ce n'est pas pareil ! Je t'aime, mais ce n'est pas ce que je veux. Je veux ma mère et mon père. »
Remus laissa l'adolescent pleurer sans lui répondre. Que pouvait-il dire ? Lily pourrait lui apporter le réconfort dont il avait besoin, mais Remus doutait de ses capacités à rester lucide.
Quant à James, il était évident qu'il était une cause perdue. À moins d'un miracle, ou de plusieurs miracles qui conduiraient quelqu'un d'assez talentueux et résolu à travailler sur un moyen de soigner les effets du Doloris ; à moins que quelqu'un ne découvre un remède, et même alors, il faudrait que cela fonctionne sur un sujet rendu fou depuis douze ans.
Pour Remus, il était clair que James ne redeviendrait jamais comme avant. Et il avait peu d'espoir pour Lily également, même s'il ne pouvait nier le bien que Severus semblait lui apporter.
Quand il entendit la porte de la cabine s'ouvrir et se refermer, Remus sut que les trois autres occupants du lieu étaient partis en silence. Il jeta un coup d'œil, et vit qu'ils étaient restés juste de l'autre côté, mais qu'ils s'efforçaient de ne pas regarder.
Il semblait que le Serpentard disait quelque chose, la fille aussi. Malfoy posait une main sur l'épaule de Neville pendant qu'Hermione posait la sienne dans le dos du garçon-qui-a-survécu. Ils avaient l'air d'essayer de le réconforter, même si leurs propres expressions montraient leur tristesse.
Eh bien, ce n'était certainement pas le portrait que Harry avait tracé du blond en début de première année. Maintenant qu'il y pensait, il était étrange qu'Harry n'ait plus abordé le sujet passé les premiers mois.
Il se souvenait du silence résolu qui s'emparait de l'adolescent pendant les vacances chaque fois que Sirius avait commencé à parler du Malfoy. Quand il était questionné sur le sujet, Harry restait évasif et distant. Même si souvent il appuyait les propos de Sirius que Malfoy était mauvais, il semblait surtout essayer d'éviter le sujet.
Remus arrêta immédiatement ses pensées en entendant à nouveau la voix de Harry. La crise semblait s'apaiser, et il n'était plus hystérique, mais il était clair qu'il avait encore besoin de réconfort. Cependant, ce qu'il dit envoya une sueur froide parcourir l'échine du nouveau professeur.
Le garçon avait ressenti le besoin de mettre des noms sur les parents qu'il voulait.
« Je veux Lily et Severus. »
