(Le maraudeur fugitif) La vengeance de Zabini


Blaise Zabini méprisait tout le monde, mais il commençait à vraiment détester Draco.

Le Malfoy se considérait comme supérieur à tous. Il pensait qu'avec sa fortune et son simple nom tout lui était acquis, qu'il pouvait tout se permettre.

Pourtant, la famille Malfoy était tombée bien bas à partir du moment où ils avaient rejoint les Mangemorts. Les Sang-Pur étaient supérieurs, Blaise n'avait rien à y redire.

Mais en conséquence, jamais un Sang-Pur d'aussi haut lignage que les Malfoy ne devait se laisser remettre à la place de subalterne, même auprès d'un Seigneur des Ténèbres ridicule qui se faisait vaincre par un bébé.

Draco le traitait comme un moins que rien. Les rôles auraient dû être inversés.

Comment Draco pouvait-il se permettre de le traiter comme un moins que rien, tout en s'associant avec des Gryffondor et des Sang-de-Bourbe !

Ils avaient tenté de faire revenir Draco auprès d'eux, mais avaient échoué, et maintenant, Théodore considérait qu'ils devaient laisser Draco et ses amis tranquilles.

Mais Blaise ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Draco prenait plaisir à le ridiculiser, et il était hors de question que Blaise laisse cela continuer.

Il lui ferait payer.

Si Draco mettait en si haute estime son « amitié » avec ces idiots de Gryffondor et cette stupide Sang-de-Bourbe, alors Blaise lui ferait perdre ça.

Blaise était un Serpentard, il pouvait s'en prendre à Draco de moyen détourner…

Le jeune Malfoy ne prit pas la peine de les rejoindre au dîner à la table de Serpentard. Il s'assit une fois de plus à celle des Poufsouffle, avec le trio de Gryffondor.

Cela ne sembla même pas préoccuper Théodore.

« Il nous ignore maintenant. Il ignore Serpentard. », signala Blaise froidement.

Pansy observait aussi. « Il finira par comprendre tout seul. Ces idiots de Gryffondor vont bien épuiser sa patience. Ou alors ils le laisseront tomber, et il reviendra vers nous. »

« Tu n'en dis toujours rien, Nott ? » questionna Daphnée.

« Non, rien. »

« Tu fais des phrases de plus en plus courtes. »

Théodore releva les yeux pour observer, sans émotion dans les yeux, la fille. Puis, il tourna son regard vers les deux anciens hommes de main de Draco. « Crabbe, Goyle. Avez-vous quelque chose à dire ? »

« Non. », fit le premier alors que le second enfournait un gâteau dans sa bouche.

Pansy était un peu énervée de devoir les supporter, et s'ils ne la soutenaient même pas, quelle était leur utilité ? « Sérieusement, vous n'avez vraiment rien à dire ? »

« Gregory aime ses gâteaux. », fit Crabbe de sa voix douce, avec un sourire inquiétant sur son visage alors qu'il tournait de petits yeux avides vers sa camarade.

« Il deviendra bientôt plus gras que musclé. », s'exclama Milicent.

Goyle finit sa bouchée. « Père est pas content. Nous avons perdu l'amitié de Draco, c'est mauvais pour nos familles. Là encore, le père de Draco ne semblait pas trop dérangé que Draco ait arrêté de nous supporter. Il a dit quelque chose comme quoi c'était mauvais pour les Malfoy d'être vu avec des idiots même si c'était des subalternes. »

« Vous l'avez croisé récemment ? » demanda Blaise, « Le père de Draco ? »

« Cet été. Nos familles ont eu une petite réunion. »

Blaise était déçu de ne pas obtenir plus de détails, mais faire parler Crabbe et Goyle était toujours difficile. Ils écoutaient et obéissaient, mais parlaient rarement. En tout cas, pas avec lui.

Crabbe tourna les yeux vers Nott et reprit. « Alors maintenant, nous pouvons nous tourner vers d'autres familles influentes. »

« Vrai. », acquiesça Goyle, « Si Draco nous a rejetés et que son père approuve, alors on peut être avec un autre. »

« Ça ne vous dérange pas que Draco vous ait laissé tomber pour des Gryffondors ? » s'enquit Pansy.

Goyle ne semblait pas savoir comment répondre. Après un moment, Crabbe prit la parole. « Théodore n'est pas ennuyé par cela. Nous n'avons rien de plus à en dire. »

« Et son père, était-il d'accord avec ça ? » insista Blaise.

« Tu sais ce que son père en penserait, Zabini. Le sujet est clos, ce me semble. », conclut Théodore.


Ils ne revirent Draco que dans les dortoirs, au moment du couvre-feu.

« Draco, tu as prévenu ton père ? » demanda Blaise d'un ton anodin alors que Draco se dirigeait vers ses affaires.

Le blond tourna la tête. « À quel sujet ? »

Les lèvres de Blaise se contractèrent en un sourire. Il plia son bras droit contre son torse, et se le frotta comme s'il était douloureux. L'expression de Draco s'assombrissait en observant la mimique de son camarade.

« Au sujet de ton bras. », fit le grand adolescent brun.

« Je n'ai rien à dire. »

« Tu lui as dit pour cette nomination stupide de ce demi-géant comme professeur ? »

« Il ne fait plus partie du conseil d'administration. Ça ne le concerne donc pas. »

Blaise rit. « Ooooh, Draco admet une part de déchéance de sa famille… »

Draco jeta un coup d'œil à Nott qui semblait s'enfermer dans une lecture en ignorant totalement ce qui se passait, tandis que Crabbe et Goyle se couchaient. Il reporta son attention vers Zabini.

« Mon père a fait une erreur et y a perdu, mais ma famille est encore la plus influente du monde des sorciers, Zabini. Alors mesure bien tes paroles face à moi. Quant à mon père lui-même, je te garantis qu'il peut encore contrôler beaucoup de choses, y compris cette école, même sans être au conseil d'administration. »

Blaise savait reconnaître une menace quand il en voyait une, mais il était persuadé qu'il était en meilleure position que Draco pour faire du mal à l'autre. Même, et surtout, s'il s'agissait de faire intervenir Lucius Malfoy.

« Tu comptes laisser cette bête et son maître incapable te causer une pareille blessure sans conséquence ? »

« Tu comptes en parler à Dumbledore pour qu'il prenne pour une fois dans sa vie les bonnes décisions ? » rétorqua sarcastiquement Draco.

« Donc tu veux te venger d'eux ? »

« Non. Me venger de quoi, Zabini ? D'avoir insulté l'un et désobéi à l'autre ? »

Même Nott releva des yeux surpris à cette déclaration. Il n'était certainement pas habituel d'entendre Draco Malfoy admettre sa culpabilité.

Draco en profita pour se détourner. Mais Blaise reprit bien vite sa contenance et appela d'une voix forte.

« Ça n'a rien à voir avec ta crainte d'énerver tes Gryffondor et la Sang-de-Bourbe ? »

Draco se retourna immédiatement vers l'autre adolescent, baguette sortie et pointée.

Blaise sourit, riant presque. « Vas-y. Et donne-moi une bonne raison pour faire intervenir Snape. »

« Je t'ai dit de ne pas dire ce mot, et tu sembles très dur d'oreille, Zabini. Même Weasley est plus rapide que toi à comprendre. »

« Alors pourquoi ne m'as-tu toujours pas lancé de sort, si ce n'est que, qu'importe tout les mots que j'emploie, l'utilisation de la magie en dehors de la surveillance d'un professeur, ou le lancement de sort pour attaquer ouvertement un camarade sont interdits. »

« Arrêtez cela. », coupa Nott. Quand il sembla que les deux autres ne changeaient pas de position, il reprit d'une voix plus basse, laissant planer une menace. « Vous ne voudriez pas que le professeur Snape intervienne réellement… »

Draco rangea sa baguette et se détourna à nouveau.

Blaise le haïssait.

Profitant du fait que Draco faisait tout pour l'ignorer, et donc n'accordait aucune attention à ce qu'il ferait, Blaise prit son matériel d'écriture.

Il allait en informer sa mère.

Il allait lui dire ce que cet incompétent d'Hagrid avait laissé une créature dangereuse faire au fils de Lucius Malfoy.

Blaise avait lu au sujet des hippogriffes. Il était déjà arrivé dans l'histoire que certains soient condamnés à mort pour avoir tué un sorcier qui les aurait insultés. Comment prouver que le sorcier décédé avait provoqué lui-même cela ?

Lucius aurait certainement le pouvoir de mener cette affaire vers la mise à mort de Buck. Et Draco serait le premier à le regretter.

Blaise voyait d'ici le tableau. Le pathétique Hagrid dévasté par la mort de son animal, le pauvre Neville aussi inconsolable que son tuteur, et les fougueux et protecteurs Potter et Granger blâmeraient Draco qui se retrouvera alors privé de leur amitié.

En écrivant à sa mère, qui était une fabuleuse actrice, Blaise était certain qu'elle rapporterait ses « inquiétudes de mère » auprès du chef Malfoy.

Ce serait le début de la déchéance de Draco.

Après tout, en tant que noble Serpentard et ami de Draco Malfoy, Blaise avait le devoir de faire remonter ce genre d'événement dramatique à leurs parents.

Il se contenterait d'écrire comme un ami inquiet. Il savait qu'elle comprendrait ce qu'elle avait à faire.

De toute manière, Draco ne pouvait pas écrire lui-même à ses parents avec le bras en écharpe, n'est-ce pas ?

Blaise plia sa lettre et la glissa dans l'enveloppe. Il irait l'apporter à la volière le lendemain.


Plus tard dans la nuit, lorsque les garçons du dortoir dormaient, l'un d'eux alluma discrètement un petit lumos au bout de sa baguette, et se glissa jusqu'aux affaires de Zabini.

Il en sortit le plus délicatement possible la nouvelle enveloppe et entreprit d'en extraire silencieusement la lettre pour lire de quoi il s'agissait.

Il savait que Zabini commençait à vouloir prendre des initiatives contre Draco. Son empressement à écrire une lettre juste après la dernière dispute n'était que trop suspect.

Avec un sang-froid légendaire, il remit tout en place dès qu'il eut terminé de lire.

Il ne savait pas ce que Zabini préparait, mais il pouvait déjà penser à quelques idées pour le contrecarrer.

Si Zabini pensait pouvoir comploter dans leurs dos, il comprendrait vite que d'autres avaient leurs propres relations. Des relations bien plus importantes que la mère cinq fois veuve d'un Sang-Pur sans renom, bien mieux maintenues sur la toile des enjeux politiques, bien plus influentes et intéressantes.