(Le maraudeur fugitif) Un dimanche matin comme les autres


Remus ne comprenait pas. Cela n'avait tout simplement aucun sens.

Il n'avait pas pu le voir le premier soir. Il s'était tenu écarté de tout, isolé dans ses quartiers, la seconde journée. Il n'y avait pas prêté attention jeudi soir.

Mais il était maintenant assis à la table des professeurs un dimanche matin pour prendre son petit-déjeuner, et un Draco Malfoy matinal arrivait dans la salle en même temps que son camarade Théodore Nott, seulement pour se séparer de lui et s'avancer à la table de Poufsouffle où les tout aussi matinaux Harry, Neville et Hermione s'étaient étrangement installés à peine deux minutes plus tôt.

Remus observa le Serpentard arrogant passer derrière Hermione et lui prendre son livre pour s'asseoir à côté d'elle alors qu'elle se tournait, énervée. Le Serpentard semblait rire en répondant à la fille, et Harry n'en semblait pas du tout énervé, bien au contraire. Le son des rires de Harry parvint jusqu'aux oreilles de Remus.

Et Remus ne pouvait parvenir à saisir ce qu'il avait manqué.

Il se souvenait des lettres enflammées d'Harry au sujet du jeune Malfoy des deux premiers mois de sa première année. Il se souvenait des discours de Sirius à la fois énervé contre ce qu'ils supposaient être l'ennemi d'Harry et à la fois satisfait que son filleul suive ses traces en se trouvant déjà un sale Serpentard à remettre à sa place. Le fait qu'il s'agissait d'un Malfoy, fils du Mangemort libre Lucius et d'une des cousines détestées de Sirius avait été un point qui rendait l'auror encore plus content.

Remus se souvenait également de toutes ces fois où Harry, bien que beaucoup plus silencieux à ce sujet passé les deux premiers mois de cours, avait toujours continué à dénoncer les mauvais côtés de Draco Malfoy, et d'acquiescer simplement et doucement à chaque critique que Sirius lançait.

Remus avait aussi entendu les plaintes répétées de Sirius en février dernier après que l'homme soit revenu du match de Quidditch de son filleul. Sirius avait été témoin d'une possible entente cordiale entre Malfoy et Hermione, et cela l'avait bien énervé. Il avait râlé à ce sujet un bon mois, jusqu'à ce qu'il se lasse, maudissant Severus aussi longtemps que possible sur le fait que le Mangemort aurait forcé Harry et Malfoy à s'entendre.

Maintenant, Remus commençait à comprendre que les suppositions de Sirius étaient plutôt bien fondées. Et cela l'ennuyait de découvrir qu'Harry avait voulu le leur cacher.

Il voulait aller vérifier ses suppositions au plus tôt, en questionnant Severus à ce sujet puisque le chef Serpentard avait eu l'occasion de voir ces relations depuis deux ans, mais après son impair à la rentrée, l'autre homme était peu enclin à civiliser avec lui.

Remus voulait savoir si ces quatre-là étaient vraiment amis. Et si c'était le cas, il voulait comprendre pourquoi Harry n'avait pas voulu qu'il le sache. Il pouvait comprendre, éventuellement, qu'Harry ait trouvé des raisons de le cacher à Sirius. Mais il se sentait un peu blessé d'avoir lui aussi été tenu dans l'ignorance.

Quand il commença à voir que Draco était peut-être en bonne relation avec Harry et Neville, Remus s'était inquiété en premier lieu. Il avait ensuite trouvé qu'il était égoïste de sa part de penser avant tout à la réaction de Sirius, et comment l'homme se sentirait blessé pour ce qu'il appellerait une trahison.

Remus s'efforçait de toujours être sage et raisonnable. Et si Harry et Neville pouvaient ou voulaient être ami avec un Serpentard, même si c'était un Malfoy, Remus devrait l'encourager et se sentir heureux pour eux.

Mais il voulait comprendre comment cela était arrivé. Il supposait, compte tenu du fait que Severus était le parrain de Draco, que le maître des potions n'était pas étranger à cette tournure surprenante dans les relations de ces enfants.

Draco ne faisait pas de mouvement pour s'éloigner des trois Gryffondor comme Remus aurait pu supposer qu'il le ferait s'il était juste venu les provoquer un instant. Il semblait plutôt se lancer dans une grande discussion où chacun d'eux participait.

« Lupin, ton chocolat chaud doit être excessivement froid maintenant. »

Remus ne réalisa qu'il observait fixement le quatuor que lorsque la voix soyeuse qui prenait souvent un ton sec, comme actuellement, avec lui parla à sa droite.

Sorti de sa transe, le nouveau professeur réalisa que la salle s'était bien remplie. Beaucoup d'élèves étaient arrivés, et les tables étaient bien plus remplies de nourritures qu'elles ne l'étaient lorsque Draco était arrivé et que Remus s'était enfermé dans ses pensées, cessant de manger.

Il tourna la tête vers Severus, et réalisa que son ancien camarade et nouveau collègue le toisait toujours. Lily était à droite de Severus, c'est-à-dire dans une position bras croisés et regard détourné avec une expression fortement contrarié sur son beau visage, comme si elle boudait encore Remus. De fait, même si elle se tenait au côté de Severus, Remus avait clairement l'impression qu'elle était derrière le Serpentard, l'utilisant comme un mur de séparation entre elle et lui.

D'autres professeurs étaient aussi arrivés et mangeaient tranquillement. Pourquoi avait-il fallu que Severus soit le seul à remarquer son immobilisme ou du moins le premier à lui en faire la remarque.

Remus émit un sourire crispé. « Bonjour, Severus. »

L'homme haussa un sourcil. « Il semble que tu sois en effet dans un de tes bons jours, Lupin. Je crois savoir que ta dernière nuit s'est bien passée, alors quelle chose peut à ce point te chambouler de si bon matin, hmm ? »

Severus parlait lentement et doucement, et tourna la tête comme s'il suivait l'ancien regard de Remus. Il devait déjà avoir noté ce qu'il regardait avant de le sortir de ses pensées, nota le professeur de défense contre les forces du mal, puisque les yeux sombres du maître de potion semblaient se poser tout naturellement sur le quatuor de Gryffondor et Serpentard de la table de Poufsouffle.

Pendant ce temps, Lily s'asseyait et commençait son repas avec agacement alors que l'attention de ses deux amis était tournée ailleurs.

« En lien avec messieurs Potter et Longbottom, peut-être ? Aurais-tu remarqué qu'ils seront les deux plus grosses épines dans tes pieds cette année ? Ils seront encore la cause du départ d'un professeur de défense contre les forces du mal cette année. », ricana Severus.

Remus soupira. « Severus, s'il te plaît. Il t'est parfaitement inutile de jouer cette comédie avec moi, et ce n'est pas comme si quelqu'un allait nous écouter. Je sais ce que tu penses réellement d'eux. Nous sommes entre nous. »

« Pas tout à fait. », appuya froidement le chef Serpentard en s'installant à sa place entre Lily et Remus. Même si aucun autre professeur ne leur prêtait attention, il n'était jamais libre de dire ce qu'il pensait en public. Surtout lorsque cela concernait Harry ou Neville.

Remus regarda sa tasse dont aucune fumée ne s'échappait. Il plaça sa main dessus et ne sentit que la température glaciale de la porcelaine. En effet, la boisson devait être bien refroidie.

« En fait, il y a bien un sujet qui m'inquiète… »

« Et quel serait-il ? » demanda Severus avec un ton qu'il voulait détaché mais qui ne pouvait empêcher Remus d'y entendre un mélange de curiosité et d'agacement.

Remus ne doutait pas que Severus n'avait pas envie de lui parler ce matin, mais qu'il voulait savoir de quoi il s'agissait.

« J'ai fait un cours sur les épouvantards aux troisièmes années. »

« Certainement. », fit le Serpentard d'une voix glissante. Il semblait s'assombrir et ne plus avoir le moindre intérêt pour le sujet. Pire, il apparaissait qu'il ne voulait vraiment pas avoir cette discussion.

Remus ne se découragea pas, et poursuivit tout naturellement. « Comme tu le sais, j'ai un placard avec un épouvantard à ma disposition dans la salle de classe. Bien que maintenant je l'ai plutôt enfermé dans un coffre. Quoi qu'il en soit, j'ai donc laissé les étudiants s'entraîner directement à affronter… »

« Lupin, je me fiche du déroulement ennuyeux de vos cours. Je m'en ficherais même s'ils devenaient ridicules. »

« Ton filleul a fait la même. », souleva Remus, plutôt fier de lui-même d'être parvenu à cacher son amusement. Avant de laisser le temps à Severus de rétorquer quelque chose, il reprit d'un ton sérieux, se tournant complètement vers le maître des donjons avec gravité.

« Severus, j'ai découvert que la pire peur d'un de mes élèves n'est autre qu'un de ses professeurs. »

Severus ne répondit pas. Il observait la table Serpentard comme si Lupin n'existait pas. Mais Remus savait qu'il l'écoutait. « La plus grande peur de Neville, c'est toi, Severus. »

Lily sembla plus réceptive que Severus à cela. Elle tourna des yeux inquiets vers l'homme sombre qui restait muré dans le silence.

Remus insista. « Peux-tu me dire comment cela a-t-il pu arriver ? »

Après encore une absence totale de réaction de la part de Severus, Remus s'emporta. « Merlin, Severus ! Je te dis qu'un de tes élèves est plus effrayé par toi que par Voldemort lui-même et tu ne réagis pas ! Ça ne te fait rien ?! »

Severus tourna un regard glacial vers son voisin. « Lupin, tu ne voudrais pas refaire une scène comme à la rentrée. Tu ne voudrais pas subir mon courroux, celui d'Albus, de Minerva ou même de Lily si tu attires encore l'attention sur nous. »

Severus détourna un instant les yeux pour observer plus loin derrière le loup. Ses yeux semblaient parler. Remus se tourna et vit qu'ils étaient en effet observé par Dumbledore et McGonagall, mais que les deux acquiesçaient silencieusement au regard de leur jeune et pourtant ancien collègue et décidaient de le laisser gérer la dispute sans intervenir.

Remus reconcentra son attention sur son camarade, mais fit bien attention à presque chuchoter. « Même si je te dis que cet élève est Neville, tu n'es pas choqué, perturbé ou même dérangé par la perspective de l'intimider à ce point ? »

« Lupin, que nous soyons bien clairs, c'est mon rôle. »

« Ton rôle ? Ton rôle est d'enseigner à ces élèves. Je t'ai vu enseigner à Harry. Tu sais enseigner sans avoir à intimider un petit garçon. »

« Nous ne devrions même pas avoir cette discussion. Mon rôle est autrement plus complexe, Lupin, je suis un enseignant, un maître ès potion, un chef de maison, et, je suis un ancien Mangemort, un membre de l'Ordre et un espion. Si cela n'est pas assez clair pour toi, je ne suis pas libre d'agir comme je l'entends. Tu sais que le Seigneur des Ténèbres n'a pas totalement disparu et qu'il reviendra. Je dois être capable de retourner à ma place le moment venu. »

« En devenant la plus grande peur du garçon-qui-a-survécu ? »

« Certainement pas, mais cela pourrait offrir une tournure des événements… intéressante. Ou dangereuse. Je vais devoir faire bien attention avec cette information. »

« Tu ne peux pas laisser Neville avoir peur de toi comme ça. »

« Eh bien, si je représente réellement sa plus grande peur, on ne peut nié qu'il est très doué pour affronter ses frayeurs tous les jours. Il ne s'en écoule pas un seul sans que nos regards se croisent. Vous pouvez être fier de votre garçon-qui-a-survécu, il sera assurément prêt pour affronter le plus grand sorcier noir de notre époque. »

« Ne sois pas sarcastique, Severus. »


Draco s'était levé de plutôt bonne humeur. Il se sentait léger sans préoccupations pour gérer le groupe de Serpentard.

Il pouvait avoir longtemps méprisé, et peut-être détesté, Nott, il devait à présent admettre que son camarade l'avait soulagé d'un grand poids.

Pour l'instant, Draco n'avait même aucune envie de passer plus de temps que nécessaire en compagnie de ses camarades de maison. Et comme cela ne s'avérait être véritablement nécessaire qu'après le couvre-feu, il comptait bien rester à tout moment auprès de ses vrais amis.

Draco était plutôt lève-tôt, tout comme Hermione l'était, et comme Harry et Neville avaient appris à l'être. Il savait qu'il les retrouverait au petit-déjeuner même s'il y allait pratiquement en premier.

Nott était également du genre matinal, et pour une fois Draco n'en était pas dérangé. Ils firent le trajet ensemble jusqu'à la grande salle en toute civilité.

Draco voulait lui reprocher de le voir trop souvent inactif et désintéressé par son environnement, mais il se ravisa. Tant qu'il n'avait pas eu de véritable ennui de la part de Zabini ou des autres, il laisserait le bénéfice du doute à son camarade quant à leur accord. Pour l'instant, Draco se trouvait plus gagnant que perdant.

Arrivés à la grande salle encore pratiquement vide, ils se séparèrent. Nott allait profiter de la solitude matinale à la table de Serpentard, et Draco avait repéré ses amis.

Le blond s'amusa à récupérer le livre que lisait Hermione en guise de salutation. La fille s'énerva immédiatement.

« Draco, rends-moi mon livre tout de suite. Et puis c'est quoi ces manières ? »

Il sourit avec narquois et posa le livre sur la table à côté de lui, mais certainement pas de la fille, et s'accouda même dessus.

« Mione, tu devrais savoir plus que quiconque qu'il faut bien traiter les livres, et il faut se tenir à table avec de bonnes manières, justement. Parmi les règles de bienséance, il y a "ne pas lire en mangeant". »

Harry rit, ce qui encouragea Draco à continuer. « Eh bien, tu ne mangeais peut-être pas, mais maintenant que je suis là, tu vas pouvoir. »

Ils discutèrent ensuite du devoir de défense contre les forces du mal qu'ils avaient pratiquement terminé, et bien travaillé ensemble.

En fait, le plus grand sujet concernant cette matière à présent était de savoir si Draco choisirait de suivre les prochains cours avec les Gryffondor plutôt que les Serpentard. Il n'était pas vraiment censé en avoir le droit, mais Lupin avait laissé la porte ouverte à cette possibilité.

Ils furent interrompus alors que la grande salle était plus remplie, lorsque Seamus arriva en courant et criant vers la table de Gryffondor, à peu près au même niveau qu'ils étaient à celle de Poufsouffle.

« Il a été vu, il a été vu ! »

« Qui ça ? » demanda Ron curieusement.

« Sirius Black. », annonça l'autre garçon en plaquant le journal sur la table.

À ce stade, Draco se demandait comment Finnigan avait obtenu son journal, s'il n'était pas venu comme tout courrier.

Harry cependant était bien plus intéressé par le nom évoqué que par toute autre chose. Il se leva durement et s'avança vers ses camarades. Il avait l'impression qu'il n'y avait plus de bruits ambiants, que l'atmosphère était lourde et froide. Il n'en était rien, mais il ne faisait attention plus qu'à une chose : ce journal et le garçon qui avait le moyen de l'informer sur son parrain.

« Où ? » demanda-t-il avec gravité dans le dos de Seamus.

Le garçon fit presque un bon en se retournant. Il le fixa avec de grands yeux ronds, indécis.

Ron regarda entre les deux, et rapidement décida de tourner le journal qui avait été plaqué à côté de lui pour lire. « Dufftown. »

« Ce n'est pas loin d'ici. », annonça immédiatement Hermione, inquiète.

« Il va venir. », affirma Harry avec conviction.

Lavande, de l'autre côté de la table en face d'eux, commença à sangloter. « Mais qu'est-ce qu'on va faire ! C'est un dangereux criminel, un meurtrier ! »

Hermione roula des yeux. Elle ne supportait pas beaucoup ses colocataires de dortoir, particulièrement celle-ci. « Les détraqueurs vont l'attraper. »

« Les détraqueur ? », interrompit gravement Dean, « Les détraqueur, il leur a déjà filé une fois entre les doigts. Il a échappé à tous les Aurors présents au ministère alors même qu'il était attaché. Essayer d'attraper Sirius Black, c'est comme essayer d'attraper de la fumée. Attraper de la fumée avec ses mains. »

Lavande poussa un cri et enfouit sa tête dans ses mains pour geindre et pleurer.

Hermione souffla d'exaspération. « Oh, pitié. »

Draco haussa les sourcils avec un coup d'œil à son amie, puis se tourna vers la fille pathétique. Il sortit sa baguette tout naturellement et joua avec simplement dans ses mains. « Eh, Brown… »

La fille, comme les autres Gryffondor de l'endroit, leva la tête vers le Serpentard. Elle fixa ses yeux sur la baguette.

« Tu arrêtes toute seule ce risible spectacle, ou je te fais taire… avec les charmes les plus exotiques que ma noble lignée m'a enseigné pour maintenir la discipline parmi les gueux ? »

La fille frissonna, et se leva précipitamment pour sortir de la salle.

« Malfoy ! » cria Ron avec reproche.

Draco rangeait sa baguette. « As-tu un problème avec ça, Weasley ? J'aurai pensé que même toi, tu serais soulagé qu'elle se taise. »

Ron tourna les yeux vers Seamus et Dean, qui semblaient plus gênés qu'autre chose. Ils avaient l'air plutôt d'accord, mais refusaient obstinément de donner raison au Serpentard. Ron soupira. Il avait pris une résolution et il devait la suivre.

« D'accord… » Sa bouche se plia avec un peu de dégoût, « Merci… Malfoy. »

Le visage pâle de Draco exprimait de manière très lisible son choc total et absolu. Neville rit avec joie.

Harry serrait les poings pendant tout cet échange. En temps normal, il aurait certainement reproché à Draco sa menace, particulièrement si le blond proposait d'utiliser la magie, mais il n'y avait même pas prêté attention.

Son cerveau bouillonnait. Son parrain approchait. Son parrain allait venir le voir. Les autres le voyaient tous comme un criminel, mais lui il savait mieux. Remus avait raison, même si Sirius n'était pas le traître et qu'il aurait voulu détruire Pettigrow, ce qui était certainement le cas, il n'aurait pas feint l'innocence s'il y était parvenu.

Harry se détourna de ses camarades, et se dirigea vers Remus.

Neville cessa immédiatement de rire lorsqu'il vit le mouvement de son meilleur ami.

« Harry, non ! » appela-t-il avec panique.

Mais son ami l'ignorait.

« Potter, ne fais rien de stupide ! » appela à son tour Draco, autoritaire.

Harry les ignorait et allait droit vers Remus, ignorant tout autant les regards qui se tournaient, attirés par les cris, que les mises en garde de ses amis.

Les professeurs avaient aussi eu leur attention attirée par les exclamations.

« Cette fois, il sera vraiment puni. », murmura dangereusement Severus.

Remus fut surpris. « Cette fois ? Tu veux dire… »

« Que ton protégé n'est pas censé venir déranger ses professeurs à cette table, mais qu'il l'a déjà fait, oui. »

Ron suivait son camarade du regard, avec des yeux ronds. « Il recommence… il cherche vraiment les ennuis ou bien il n'a aucun instinct de survie. »

« Il est surtout trop impulsif. », commenta Hermione.

Harry se planta devant son oncle. « Oncle Remus, Sirius arrive, tu l'aideras ? »

Remus jeta un coup d'œil à ses collègues, avant de tenter de répondre doucement à l'adolescent. « Harry, je n'aiderais pas un criminel. »

« Je sais. Alors, tu l'aideras ? »

« Harry… »

« Monsieur Potter, il semblerait que vous préfériez passer votre dimanche à nettoyer la salle de potion qu'avec vos amis. », coupa Severus.

« Je parlais à Oncle Remus ! » protesta le garçon.

« Et je suis celui qui vous punira, Potter, car votre cher nouveau professeur de défense contre les forces du mal est un homme trop doux qui vous passerait toutes vos incartades. Il a l'habitude… de fermer les yeux… même face aux plus dangereuses "plaisanteries". »

En énonçant sa dernière phrase, Severus avait tourné un regard appuyé vers son collègue. Regard que Remus ne manqua pas de remarquer. « Severus, vraiment… nous n'en sommes plus là. Harry, le professeur Snape a raison, tu ne peux pas te comporter comme… »

« Comme un roi ? Comme si les lieux lui appartenaient ? » compléta Severus.

Le mouvement de Lily se levant fit tourner le regard des deux hommes et de l'adolescent, et aucun ne dit mot. Elle commença à s'éloigner, et Severus se leva, mais resta à sa place pour l'observer en silence.

Lily contourna la table avec légèreté en fredonnant doucement, et se plaça à côté de son fils. Elle posa les mains sur les épaules du garçon et l'étudia avec un sourire. Harry fixait son visage avec contemplation.

Enfin, elle parla d'une voix mélodieuse. « C'est vrai que tu ressembles à Potter, physiquement. »

Elle lui sourit, et Harry commença à se sentir mal à l'aise. Remus observait la scène avec une curiosité muette, et Severus ne détachait pas son regard d'elle, visiblement inquiet.

Après un moment, elle jeta un coup d'œil à Severus, et lui fit un large sourire amusé pour le rassurer en voyant son inquiétude. Elle tourna à nouveau la tête vers son fils et s'adressa à lui.

« Mais cette attitude… tu ne me rappelles pas du tout Potter. Plutôt deux jeunes enfants que j'ai bien connu. Tu es aussi têtu que moi. »

Harry sourit enfin à sa dernière parole. Lily se pencha pour lui chuchoter à l'oreille tout en tournant la tête vers les deux jeunes professeurs. « Et tu as l'insolence de Sev. »

Severus, au grand amusement de Remus, semblait sur le point de rougir d'embarras. Il coupa soudainement la douce Lily. « Ça suffit, mademoiselle Evans. Veuillez plutôt conduire Monsieur Potter à mon bureau. »

Lily se redressa avec un large sourire. « Bien sûr, Sev. Nous t'attendrons sur le canapé, j'ai des souvenirs à évoquer sur l'album photo de quand nous étions jeunes. »

Lily entraîna Harry avec elle pour quitter la salle par la porte arrière du personnel.

Remus ne retint pas son amusement plus longtemps, et rit. « Elle n'a pas l'air d'avoir compris ce que tu voulais dire par "bureau". »

Severus répondit sombrement en lançant un regard noir à son collègue. « Merci, Lupin, pour cet éclairage lumineux, mais j'avais parfaitement compris cela par moi-même. »

Le maître des potions s'éloigna de sa place dans un claquement de cape, et se dirigea à grands pas vers les camarades du garçon « puni ».

Quand il fut arrivé à leur hauteur, il leur parla avec la froideur attendue de sa part envers un Gryffondor. « Messieurs Longbottom et Malfoy, venez à mon bureau, maintenant. »

La mâchoire de Draco tomba. « Mais qu'est-ce qu'on a fait ! » protesta-t-il.

« Ne discutez pas. »

Le Serpentard se renfrogna, mais obéit dans un silence total avec Neville.