(Le maraudeur fugitif) L'intervention de Nott
Quand le professeur et les deux élèves furent partis, Ron secoua la tête, à moitié abasourdi, et s'adressa à Hermione.
« Harry a le don pour attirer les ennuis sur vous. La dernière fois, il a entraîné Neville avec lui, maintenant Malfoy. La prochaine fois, tu te retrouveras avec eux avant de comprendre ce qui se passe. »
« Le professeur Snape ne punit pas sans raison… »
« Première nouvelle ! » coupa Ron, certain qu'il se serait étouffé s'il avait été en train de boire ou de manger.
Elle lui lança un regard noir et reprit. « Il a dû se passer quelque chose pour qu'il requière la présence de Draco et Neville. Quelque chose les concernant. »
« Ça reste fou. »
Hermione n'était plus d'humeur à converser avec lui. « Tu t'es excusé auprès de Draco ? »
« La dernière fois que je l'ai approché, il m'a insulté avant que j'aie pu lui parler ! »
La fille se détourna pour partir. « Alors n'espère pas que je tiendrais une discussion avec toi. »
Ron se leva et l'attrapa par le poignet. « Hermione ! Si tu veux que je m'excuse, alors il faudrait qu'il soit moins con et accepte de m'écouter. Je ne peux pas dire que je suis désolé à quelqu'un qui vient de m'insulter deux secondes avant ! Je suis vraiment désolé, tu devrais le savoir. Mais il refuse vraiment de m'écouter, pas que ce soit surprenant. »
La façon dont l'adolescente le regardait en aurait fait reculer plus d'un, mais Ron était déterminé à corriger ses erreurs, alors il soutient son regard.
« Eh bien, tu as vraiment foiré avec lui. C'est normal s'il ne peut pas te supporter. »
« Tu n'es pas obligée d'insulter à vue quelqu'un juste parce que tu ne l'apprécies pas. Si tu es amie avec lui, pourquoi refuses-tu de l'être avec moi ? J'ai mal agi à un moment, d'accord, mais sur le long terme il commence à être clairement pire que moi. »
« Continue de le critiquer, et on verra si je serais plus encline à t'écouter. », siffla-t-elle avant de dégager son bras et de partir, sa chevelure touffue frappant ses épaules alors qu'elle s'éloignait à grands pas.
Ron sentit son cœur se serrer. Il était peiné par le rejet. Pourquoi ne pouvait-elle pas voir que tout ce qu'il voulait, c'était être leur ami ?
Il ne pensait pas pouvoir être vraiment proche de cette je-sais-tout irritante, mais il voulait vraiment exprimer sa gratitude aux garçons. Ils avaient sauvé sa sœur. Il n'en revenait toujours pas qu'un garçon aussi timide, maladroit et craintif que Neville puisse accomplir un tel exploit, mais le fait était que Neville l'avait fait. Et après tout, n'était-ce pas le garçon-qui-a-survécu, même s'il était aussi le garçon « qui avait peur du professeur qui le méprisait mais qu'il défendait avec respect ».
Harry était une autre affaire. Si Neville était compatissant, Harry s'avérait bien plus rancunier. Ron ne savait plus comment traiter avec lui. Il voulait le remercier, s'excuser, et construire une relation plus proche de l'amitié que de l'hostilité, mais il ne pouvait pas se résoudre à adhérer à leurs discours sur Snape.
Il pouvait cependant tenter de faire un effort pour Malfoy. Le Serpentard avait après tout joué un rôle dans le sauvetage de Ginny.
Mais il commençait aussi à être frustré que la fille je-sais-tout rapporte toujours tout à Malfoy. Pourquoi devait-elle toujours faire comme si le Serpentard était meilleur que lui ?
Malfoy avait été le premier à intimider les autres ! Pourquoi devaient-ils pardonner au blond mais pas à lui ?
Malfoy s'en était même pris à un Neville innocent, provoquant la colère d'Harry plus que tout autre chose, alors pourquoi Ron devrait-il être si difficile à pardonner ? Ce n'est pas comme s'il avait insulté le père d'Harry ou quoi que ce soit.
Alors que Snape l'avait fait, lui, devant toute la classe. « Arrogant comme votre père », avait-il dit un jour à Harry. Harry avait été courroucé, mais ensuite il continuait à défendre le professeur. Ron n'avait jamais rien dit de tel, et pourtant Harry ne lui pardonnait pas et ne le défendait jamais.
Si Malfoy l'insultait, sans raison, il y aurait juste Harry et Hermione pour lui rappeler de bien se tenir, mais jamais pour s'énerver aussi agressivement qu'ils ne le faisaient lorsque Ron critiquait Snape, avec raison.
Il avait peut-être déjà fait pleurer Hermione en signifiant à quel point elle était agaçante, mais Malfoy l'avait traitée de Sang-de-Bourbe ! Pourquoi le Serpentard serait excusé pour cela et pas lui ?
Le pincement serré de tristesse de Ron s'échauffait. Il serrait le poing et commençait à réaliser ce que c'était. Il brûlait de jalousie. Un sentiment bien mérité en considérant les différences de faveurs entre lui et Malfoy.
« Pourquoi tu veux tant que ça lui dire à elle, de toute façon ? »
Ron se retourna pour faire face à sa sœur. Elle se tenait debout et le regardait avec neutralité. Bien que le fait qu'elle se soit levée pour venir près de lui montrait qu'elle prenait en réalité la situation avec importance.
« Dis-lui juste. À lui, je veux dire. Va le voir, et dis-lui que tu es désolé. Pas la peine que tu lui dise que tu es reconnaissant qu'il m'ait aidé, cependant. Ça pourrait diminuer la crédibilité de ton repentir, et je peux très bien lui dire ça moi-même. »
Ron grimaça. « C'est plus facile à dire qu'à faire. Il est vraiment odieux. L'approcher est une épreuve à elle seule, et je ne peux pas ouvrir la bouche avant qu'il ne dégaine une insulte pour moi. »
« Alors ne lui dis pas, si tu ne le penses pas. »
« Mais je le pense ! »
« Alors trouve un moyen de lui faire comprendre. »
« Tu es d'une grande aide, Ginny, merci ! », aboya-t-il pratiquement.
En réponse, sa sœur lui lança un de ses regards noirs effrayants. Mais étant son frère, il ne s'en trouva pas intimidé.
En revanche, il sursauta presque lorsqu'il entendit la voix des jumeaux, qui étaient installés à table, côte à côte, de l'autre côté.
« Si tu veux, nous pouvons t'aider. »
« Tu pourrais adopter une approche… »
« … différente. Un peu plus… rusée. »
« Tu pourrais t'approcher sans te faire voir. »
« Lui tendre une embuscade. »
« Et, là, tu surgirais. »
« Et tu lui dirais ce que tu penses. »
Ginny roula des yeux. « Idées brillantes, les garçons, bravo. Je ne pense pas que "l'attaquer" serait une bonne solution pour lui dire "merci" ou "pardon". »
Ron grimaçait. « Non, ça me vaudrait surtout un sort. »
« Eh, là ! S'il t'attaque, c'est à lui de s'excuser. », fit Fred.
« Quoi qu'il en soit, si tu as besoin d'aide… »
« … nous pouvons t'aider pour tout ! »
« C'est notre spécialité après tout. »
« Et nous avons une petite idée de comment il est. »
Ron sembla peser ses options. Si les jumeaux proposaient… tant que cela aboutissait au bon résultat, Ron n'avait rien à faire de la démarche. Après tout, il s'agissait de s'excuser auprès de Malfoy. Ron n'avait pas grand-chose à craindre si les jumeaux faisaient des farces. Malfoy n'était pas un ami, et ne le sera jamais.
« D'accord. Vous pensez à quoi ? »
« Excusez-moi. », fit une voix douce et mature.
Les étudiants tournèrent leurs regards vers le professeur Lupin qui s'était approché d'eux. Il semblait aussi amical qu'il l'avait toujours été depuis le début de l'année, mais Ron ne put s'empêcher d'avoir le sentiment que l'homme le fixait lui plus que les autres.
« Oui, professeur ? » firent Fred et George en cœur, l'air totalement innocent. Même si pour n'importe qui n'étant pas naïf, cela sonnait faussement innocent. Et au regard évaluateur que le professeur leur lança, il n'était pas quelqu'un de naïf. Les jumeaux continuèrent de sourire sous l'observation de l'homme.
Rapidement, le professeur se tourna vers Ron. « Pourrais-je avoir un mot avec vous, Ronald ? Vous n'avez absolument aucun ennui, n'ayez crainte. J'ai juste quelques questions sur certains de vos camarades. »
Ron fronça les sourcils. Pourquoi ce professeur l'interrogerait-il sur ses camarades ? Il ne voyait pas comment il pouvait refuser, alors il hocha la tête, et se retrouva emmené vers le bureau de l'homme.
Théodore écoutait d'une oreille distraite les conversations de ses camarades. Du moins, il semblait l'être. Il n'était pas très intéressé par la plupart des sujets, mais il attendait d'entendre des éléments nouveaux intéressants.
Pour l'instant, il n'y avait rien, et il se contentait d'observer l'agitation de la table des Gryffondor.
Entendre cet idiot de Finnigan courir avec l'annonce sur Sirius Black n'avait que peu perturbé les Serpentard qui l'entouraient. Parkinson et Zabini avaient rapidement lâché des insultes à propos du garçon puis la fille était retournée à son jacassement incessant.
Lorsque Potter s'était audacieusement dirigé vers la table d'honneur, Théodore avait senti une grosse fatigue et avait secoué la tête en réprimant un soupir. Potter pouvait être rusé et intelligent dans les études, mais parfois il était vraiment stupide.
Zabini avait haussé un sourcil en voyant la réaction de Théodore, et avait ricané. « Pansy, Nott trouve ton discours stupide. »
« Quoi ? », avait-elle réagi avec un cri aigu.
Théodore tourna son attention visuelle vers son verre de jus d'orange. « Absolument pas, il semble que Zabini soit confondu. »
« Vraiment ? Tu n'avais pas l'air d'apprécier ce qu'elle contait. », rétorqua le grand brun avec mépris.
« Nous pourrions nous demander qui serait offensé que je ne sois pas totalement absorbé par une histoire contée à l'intention d'un public féminin. Mais certainement tu as de meilleures raisons de l'être, toi. »
Zabini rougit visiblement, ce qui lui donnait le mérite d'être assez élégant avec sa peau foncée. Daphnée et Pansy rirent un peu à son détriment avant de retourner à leur discussion.
Une fois de plus, Nott se contentant d'écouter avec un filtre sans vraiment prêter attention, restant le minimum attentif nécessaire pour trouver des informations intéressantes.
Ce fut une fois que Weasley et le professeur Lupin partirent de la salle à leur tour qu'une chose retint vraiment sa curiosité.
« Il paraît que le père de Draco est furieux. », annonça Parkinson.
« J'imagine que oui. », ricana Zabini, vers qui Théodore tourna un regard sombre.
Aucun ne sembla remarquer son changement d'humeur.
« Ça a dû faire horriblement mal à Draco. » La voix de Parkinson paraissait compatissante, bien au-delà du nécessaire ou du raisonnable. Théodore se demandait si elle surjouait ou si elle était vraiment idiote pour tout ce qui concernait Malfoy.
« Ce serait le pourquoi Monsieur Lucius Malfoy est aussi en colère ? » questionna presque rhétoriquement Greengrass.
« Pas seulement. Tu imagines, ce pathétique Hagrid comme professeur irresponsable à un cours suivi par Draco ? »
Théodore se leva doucement, mais tout espoir de s'éloigner sans se faire repérer s'éteint très vite.
« Ce que tu fais ? » questionna ouvertement Zabini alors que tous les autres avaient également tourné la tête et fait silence.
Théodore plissa le nez, signifiant bien son overdose d'interaction sociale. « Je retourne dans la salle commune. Pas d'offense, mais il est temps pour moi de faire mes devoirs de Potion. »
Sur ce, il tourna les talons, et ne fut heureusement pas suivi.
Il se hâta de rejoindre la salle commune, et monta directement à son dortoir. Personne n'était en vue, comme attendu. Il se dirigea vers sa malle et en sortit un ensemble de robes de haute couture prévue pour des présentations en noble milieu de Sang-Pur.
L'ensemble était bien plié et serait facile à transporter. Afin de le rendre plus discret, il les plaça cependant dans une cape qu'il enroula lâchement autour de son bras.
Il prit le temps de réfléchir à son plan d'action juste un instant de plus, et tourna le regard vers son matériel d'écriture disposé proprement sur son bureau.
Son père était un vieil homme froid et distant, mais même sans être véritablement ami avec Lucius Malfoy, il était plus proche de lui que beaucoup d'autres. Les deux hommes avaient été en quelque sorte collègue dans un passé qui était lointain pour lui. Un passé qui s'était arrêté lorsqu'il était encore bébé.
Il était tenté d'écrire à son père, de le laisser tout arrangé. Mais à la fois, il était dégoûté à cette idée. Il n'était pas très proche de l'homme, il ne l'était de personne, et il rechignait à lui demander la quelconque aide. Il préférait de loin se débrouiller seul.
Il pouvait presque trouver risible de penser être plus proche de son chef de maison que de son propre père, surtout en considérant qu'il n'avait pas de lien avec le professeur Snape, et qu'il n'était pas dans la zone des Serpentard favoris du maître des potions.
Il était le second meilleur de leur classe dans la matière enseignée par l'homme, mais il était celui qui avait gagné le plus grand ressentiment du professeur durant leur première année. Il était pleinement conscient qu'il avait mérité cela, et n'en était pas vraiment dérangé.
Peu de chose pouvait l'atteindre émotionnellement. Ceux qui disaient qu'il se fichait de tout n'étaient pas très loin de la vérité. Mais il prêtait attention à beaucoup de choses, et faisait tout par calcul, pour son intérêt. Il était un Serpentard, et c'était une qualité appréciée de son chef de maison.
Si seulement son père pouvait le voir.
Sans s'attarder davantage, il sortit promptement de son dortoir, et se dirigea avec empressement vers l'extérieur du château. C'était inutile de songer à son père. Il ferait les choses seul, à sa manière.
Il surveillait tout les alentours à chaque dix pas qu'il faisait. Il ne voudrait surtout pas être observé dans sa manœuvre. Surtout pas être vu aller là où il allait.
Il atteignit le lieu plus facilement qu'il ne l'avait pensé.
La cabane d'Hagrid.
Il frappa à la porte, et attendit que le grand demi-géant vienne lui ouvrir, avec surprise.
« Que… »
Il le coupa. « Bonjour, Monsieur Hagrid. Permettez-moi d'entrer ? »
Hagrid s'embrouilla dans une voix bourrue, et Théodore eut du mal à distinguer ce que l'homme crachotait dans sa barbe. Mais finalement le nouveau professeur lui fit signe d'entrer.
Théodore ne se fit absolument pas prier pour sauter dans la cabane de bois. Il détesterait que quiconque l'aperçoive à l'entrée.
Dès que la porte fut refermée, il se retourna vers l'adulte qui le dépassait d'un très grand nombre de tête.
« Je ne voudrais surtout pas vous gêner, professeur, mais pourrais-je emprunter votre feu de cheminette ? »
L'adulte déconcerter bredouillait encore des choses incompréhensibles. Théodore tentait d'offrir un visage accueillant.
« Je vous assure, Monsieur Hagrid, que je n'ai que vos plus grands intérêts à cœur. J'ai une affaire pressante, voyez-vous, à régler dans les plus brefs délais dans votre simple intérêt. »
Autant détestait-il déclarer ses cartes et exposer ses intentions, autant il était parfaitement capable d'identifier lorsque quelqu'un était trop réticent pour accepter tout ce qu'il dirait sans explications plus simples.
« L'accident en cours de ce jeudi a eu quelques répercussions et est remonté jusqu'à l'attention de certains parents. J'espérais pouvoir aller leur expliquer la situation et les convaincre en personne que tout danger a été écarté et que le mal n'est qu'un regrettable malentendu. »
« Qu'est-ce qu'un gamin comme toi peut y faire ? »
« Parler. Tout simplement. J'étais témoin des choses. Ne me renvoyez pas à mon chef de maison ou au directeur, s'il vous plaît. Ils sont tous les deux fort occupés, et je ne voudrais surtout pas les déranger inutilement. Je peux parfaitement régler cela tout seul. Il me faut juste un peu de feu de cheminette. »
« Sans l'autorisation d'un professeur, impossible. »
Théodore était certain que dans l'esprit du garde-chasse, cela se résumait en obtenir l'approbation du professeur Snape, mais il n'avait aucune intention d'aller déranger le parrain de Draco qui s'était une fois de plus enfermé dans son bureau avec Potter.
Avec un sourire narquois, il joua sur la fierté du demi-géant. « Et vous êtes là, n'est-ce pas, professeur Hagrid ? Il vous suffit de donner votre accord, et de me laisser y aller, sans en alerter les autres professeurs chacun fort occupé. J'espérais que vous seriez plus ouvert que les autres… que les Serpentard pourraient se tourner vers une autre âme charitable lorsque notre chef de maison est occupé à discipliner un élève. … »
Il était prêt à poursuivre sur l'apitoiement, mais cela s'avéra inutile lorsque l'homme décida brusquement d'accéder à sa requête.
Théodore avait choisi de se rendre en premier lieu chez son père. Il se changea rapidement, laissant son uniforme en vrac devant la cheminée, avant de se précipiter vers son père.
« Père ! Il faut que je me rende au manoir Malfoy de toute urgence ! »
Son père parla délibérément le plus lentement possible en comparaison à l'empressement que Théodore avait employé. « Et qu'y a-t-il donc pour générer un tel besoin, mon fils ? Tu devrais être à l'école, et certainement pas courir de manoir en manoir. Personne ne se présente chez les Malfoy à l'improviste sans prévenir ni sans raison. »
Théodore était déjà agacé. Il n'y avait pas d'amour perdu entre son père et lui. « Alors faites juste envoyer un elfe de maison chez eux pour leur demander le passage. »
« Il faudrait, pour donner suite à ta demande insolente, un motif des plus valables à leur communiquer. »
Théodore se contrôla pour ne pas grincer des dents. Il semblait que plus il voudrait écourter la visite, plus son père prolongerait son temps. S'il était pressé, son père ne le serait pas ; s'il voulait être lent, son père serait hâtif. C'était exaspérant. Il ne comptait certainement pas tout raconter au vieillard. Même si l'appeler ainsi alors qu'il était plus jeune d'au moins une trentaine d'années du directeur était étrange s'il n'attribuait pas la même dénomination à Dumbledore.
« Et si je vous disais, Père, que Draco Malfoy s'est fait briser le bras et que j'ai été chargé d'avertir le patriarche de sa lignée au plus vite sur les causes ? »
« Je te répondrais que c'est hautement improbable. »
« C'est vrai. »
« C'est un mensonge, et tu regretterais d'avoir tenté de me duper, mon fils. Tu n'aurais en aucun cas été chargé de te présenter devant Lucius Malfoy pour de telle raison par ta propre personne pour expliquer les faits. »
Théodore renifla de dédain. « Vous seriez surpris de ce que je peux faire, Père, si vous y prêtiez attention. »
« J'ai entendu cela, mon fils, et tu devrais savoir que l'insolence sera sévèrement punie. Si tu veux réellement te présenter à la famille Malfoy, tu vas devoir me convaincre d'une raison valable à leur apporter. »
« Ils ont été trompés, et je m'y rends pour y remédier. »
« Je te conseille de bien réfléchir à ta prochaine déclaration, car ce sera la dernière avant que je ne te renvoie à Dumbledore. »
« Bien. Un Serpentard méprisable a cru bon de faire remonter de fausses informations à sa mère afin qu'elle alarme Lucius Malfoy pour de fausses raisons. Je désire défaire ce qu'il a fait avant que cela ne puisse créer une guerre interne au sein de la Maison, et le seul moyen est que je me rende en personne expliquer tout cela à Monsieur Malfoy. Si un chamboulement doit avoir lieu à l'école, je veux le contrôler par moi-même ou en être la cause consentie. Je ne laisserais pas un autre prendre le pouvoir. »
« Tu peux prendre Zinky. Si quoi que ce soit de mal en ressort, je n'y suis pas mêlé. »
« Certainement Père. » Et si quoi que ce soit de bien, non plus, pensa-t-il avait rancœur.
Il retourna près de la cheminée et appela l'elfe de maison. Il lui transmit son bref message et attendit la réponse.
Lorsque l'elfe réapparu pour lui annoncer l'accord pour sa visite, il se sentit plus fier que jamais. Il refoula le sentiment d'incrédulité. Il avait été certain que son plan fonctionnerait, alors il ne devrait pas être surpris lorsque tout se déroulait bien.
Il saisit une poignée de poudre, et annonça clairement sa destination.
Il ne fut pas déçu lorsqu'il se retrouva avec la vue du salon du manoir Malfoy devant lui. C'était aussi grand et luxueux qu'attendu.
Il vit monsieur Malfoy arriver, et le salua respectueusement bien bas selon l'étiquette. Le patriarche sembla apprécier, puisqu'il ne fut pas aussi froid que Théodore s'y attendait.
« Le fils de Théodore Nott, c'est cela ? »
« En effet, Monsieur Malfoy, je suis Théodore Nott junior. »
« Votre chef de Maison sait-il que vous êtes ici ? »
« Je crains de n'en avoir informé personne. Seuls mon père et mon elfe de maison savent où je suis, et j'ai pris la liberté de quitter Poudlard clandestinement. Je jugeais que vous informer avec la vérité était la chose la plus importante, qui ne souffrirait pas d'être retardée pour demander de quelconques autorisations. J'ai songé qu'il pourrait être préférable que je communique avec vous en personne, étant le mieux informé. Si le professeur Snape était venu lui-même, il aurait dû se contenter de ce que j'aurais pu lui conter, et aurait été incapable, avec toutes ses qualités, de répondre à toutes les attentes dans les moindres détails puisqu'il n'était lui-même pas témoin. »
« Qu'avez-vous à me dire ? »
« Je peux vous fournir beaucoup d'informations sur votre fils si vous les demandez, mais je suis venu principalement avec un objectif en tête : rétablir la vérité. »
« Et quelle serait-elle ? »
« J'ai ouï dire que vous aviez eu vent des événements ayant eu lieu lors de notre premier cours de soin aux créatures magiques, par une vision erronée de la situation véritable. J'ai considéré que nous vous devions la vérité. Pour être parfaitement honnête avec vous, Monsieur Malfoy, je n'apprécie pas particulièrement Draco, et nous pourrions même dire que ma relation avec lui est quelque peu tendue. Cependant, je ne souffrirais pas de laisser des rumeurs mensongères remonter jusqu'à l'un des plus dignes représentant de Sang-Pur restant. »
« Que savez-vous des rumeurs qui m'ont été rapportées ? »
Théodore prit un ton désinvolte. « J'ai lu la lettre que Blaise Zabini a écrite à sa mère il y a quelques jours. Ce matin, Pansy Parkinson nous rapportait votre courroux. J'ai simplement fait le lien entre les deux, et considéré que vous n'aviez pas reçu les bonnes informations. Zabini n'a pas été tout à fait honnête. »
« Draco n'aurait donc pas été blessé par cet hippogriffe sous la responsabilité d'Hagrid ? »
« La situation était plus complexe que cela. Croyez bien que je ne suis pas ici pour défendre Draco ou simplement contrecarrer les intentions de Blaise. Je ne suis là que pour la vérité, aussi limpide que possible. Je connais mes deux camarades, et ils ont décidé de se livrer à une guerre cette année. Il s'avère que pour ce faire, Blaise a décidé de vous faire intervenir à tort. Si un procès a lieu, vous pourriez même y perdre la face. »
Théodore vit l'expression de Lucius s'assombrir à cela, et comprit qu'il avait fait un faux pas. Lucius, comme beaucoup de Malfoy, était capable de retourner la plupart des situations à son avantage, ou du moins à s'en sortir la tête haute. Émettre l'hypothèse qu'il puisse perdre quelque chose de cette manière n'était en aucune façon une chose raisonnable à faire.
« Ce que je veux signifier ici, Monsieur Malfoy, est qu'un procès pourrait demander à faire parler des témoins. Et dans cette affaire, les deux témoins principaux seraient Hagrid et Draco. Je n'ai aucun doute que vous puissiez toujours retourner les paroles d'Hagrid contre lui, mais il en est autre chose de Draco. Je suis certain que vous avez bien plus d'expériences que votre fils, même s'il avait hérité de vos qualités, mais il contredira publiquement la version que vous voudriez probablement présenter. Et même sous veritaserum, il le ferait, car il se contenterait de la vérité. »
« Peut-être serait-il préférable que vous vous contentiez de me raconter votre version des faits, Monsieur Nott. »
« Certainement, Monsieur Malfoy. Hagrid avait explicitement donné des consignes sur la sécurité, avec comme information principale qu'il ne faudrait en aucun cas insulter la fierté de l'hippogriffe. Draco était pleinement conscient de cela, lorsqu'il a décidé de s'avancer vivement près de la créature et de l'insulter. Blaise l'avait mis au défi qu'un n'aurait pas le courage de le faire. Draco savait parfaitement à quoi s'attendre. L'ennui, est que Draco choisira de prendre la défense de ce Buck et de soutenir qu'il est celui qui était en tort au lieu d'Hagrid ou de l'animal. »
« Pourquoi ferait-il cela ? »
« Peut-être tout simplement parce qu'il a décidé pour une raison ou une autre de reconnaître son erreur. »
Théodore pesa rapidement le poids de la suite de ses déclarations. Parfois, il fallait prendre des risques.
« Je suis certain que vous avez eu vent des dernières… relations que Draco s'est choisies. Il ne prendra aucun risque de les perdre. Hagrid est le tuteur du garçon-qui-a-survécu, alors il est dans l'intérêt de Draco d'assumer la conséquence de ses actes plutôt que d'accuser l'hippogriffe d'être une simple bête dangereuse ou de critiquer une supposée irresponsabilité d'Hagrid. Les accidents arrivent, et pour l'instant Hagrid a plus de membres restants que le précédent professeur de cette discipline. L'événement est entièrement dû à la faute de Draco. Il en est conscient et l'assumera pour protéger la créature et son maître afin de conserver ses relations intactes avec le garçon-qui-a-survécu. »
« Êtes-vous ici pour défendre les choix stupides et sales de mon fils ? »
« Non, certainement pas, Monsieur Malfoy. Je désapprouve ouvertement ses relations avec la née-Moldue. Et je n'ai pas facilement accepté qu'il s'associe avec des Gryffondor. Mais je reconnais qu'il a peut-être eu la meilleure idée en se rapprochant d'une figure aussi emblématique que le garçon-qui-a-survécu. De mon côté, je suis loin d'être un ami de votre fils. Peut-être auriez-vous, ou pas, eu vent de ce qui s'est passé à Serpentard.
« Draco a perdu le contrôle sur nos camarades, et je l'ai remplacé. Il est dans mon intérêt de rabaisser Draco. Cependant, je ne peux pas permettre à Blaise de souffler sur des braises sans mon approbation. Je préfère éviter les brasiers inutiles. Je serais de manière naturelle plus proche de Blaise, mais pour cet événement particulier je considère qu'il serait préférable de laisser les choses comme elles sont. Je suis certain que si le professeur Snape ne vous a rien dit, c'est que la situation est pleinement sous contrôle pour Hagrid et Buck. »
À l'issue de son entretien avec Lucius Malfoy, Théodore était satisfait. Avec un peu de chance, Draco n'entendrait peut-être même pas parler de cette histoire.
Probablement Draco serait au courant. Mais ses amis ne le seraient pas, et Zabini en ressortirait perdant.
