(Le maraudeur fugitif) La punition de l'année
« Et ici, Tuney venait de se faire accepter dans un bon collège. Nos parents ont insisté pour obtenir une photo, et Sev s'est proposé pour tenir l'appareil afin que nous soyons tous dessus. Mais au moment de prendre la photo, il a fait s'envoler toutes les graines d'érables comme si c'était des oiseaux pour les faire voler autour de nous. Tuney était horrifiée. Elle s'est enfermée dans sa chambre pendant 3 jours et laissait juste Papa lui apporter son repas. Elle a refusé de nous parler pendant une semaine. »
Harry riait lorsque la porte s'est ouverte. Rapidement, Neville et Draco sautèrent sur le canapé respectivement à côté de lui et de sa mère.
Severus refermait la porte sombrement. Il voulait être en colère, mais Lily avait tourné la tête vers lui, et son sourire éclatant, ses yeux riant de bonheur, l'empêchèrent de leur faire un reproche.
« Qui est cette hideuse femme ? Et pourquoi ces images sont-elles si immobiles ? » questionna Draco, avec un dégoût très fugitif, bien trop heureux de la bonne ambiance.
« Moldu. », informa durement Severus.
« C'est ma sœur. Et elle n'est pas hideuse. », répondit Lily avec douceur mais sévérité.
Draco ne se sentait pas vraiment réprimandé lorsque c'était dit avec une voix aussi aimable, et si peu en colère.
« Lily, pourrais-tu refermer cet album, s'il te plaît. », réclama le professeur.
« Pas vraiment. », taquina-t-elle.
« Lily. », insista-t-il durement.
Son sourire ne la quittant pas, elle referma l'ouvrage, mais ne fit aucun mouvement pour le ranger. Elle s'adossa bien dans le fauteuil au lieu de ça, et passa son bras derrière son fils pour l'attirer vers elle.
Severus, comprenant que les trois adolescents resteraient sur le canapé, alla se placer en face d'eux. Il lui semblait presque qu'il observait une scène familiale. Les trois garçons et la femme le regardaient en attente. Il avait du mal à se sentir comme un professeur, et tentait de refouler l'impression d'être au lieu de cela un chef de famille.
« Si je vous ai demandé de venir, c'est pour parler de votre escapade de l'année dernière. »
Neville gémit. Harry se mordit les lèvres. Draco s'enfonça plus profondément dans le cuir du canapé. Lily descendit son regard vers les deux Gryffondor.
« Ont-ils encore fait une bêtise plus grande que l'école ? »
Harry luttait pour ne pas regarder sa mère. Il ne voulait pas savoir quelle expression elle aurait. « Peut-être seulement plus grande qu'oncle Vernon. »
Draco haussait des sourcils interrogateurs, n'ayant aucune idée de la corpulence de l'homme. Mais il soupçonnait que ce serait dans tous les cas moindre que celle d'Hagrid.
« Plutôt de la taille d'un basilic. », annonça froidement Severus en plongeant son regard dur sur Harry.
Neville s'agitait inconfortablement. « Nous avons sauvé Ginny Weasley. »
« Et empêcher l'école de subir de nouvelles pétrifications. », ajouta Draco.
Encouragé par les commentaires de ses amis, Harry se redressa pour affronter le regard de son non-beau-père. « Et empêcher la résurrection de Voldemort avec toute la vigueur de sa jeunesse. »
Severus, ayant été informé de tout les détails de l'affaire, se retint d'affirmer qu'il aurait été nettement moins impressionné par un adolescent de 16 ans que par un Seigneur des Ténèbres de 66.
« Quoi qu'il en soit, vous n'auriez jamais dû prendre de pareils risques par vous-même. Vous auriez dû aller voir des professeurs. »
« Nous avons requis l'aide de Lockhart ! »
« Ce qui nous a mis dans plus d'ennuis que si nous étions seuls. », remarqua sombrement Draco, seulement pour se prendre un regard noir d'Harry.
« Les garçons, restez calmes et solidaires. », demanda Lily. « Maintenant, ce n'est clairement pas raisonnable ce que vous avez fait. La punition de Sev que vous avez eu pour votre premier exploit n'était-elle donc pas suffisante ? »
« Pardon Maman. Pardon Sev. Nous ne recommencerons pas. »
Draco sursauta en entendant Harry appeler le professeur Sev.
Neville suivit l'exemple. « Nous regrettons d'avoir agi sans informer les professeurs, professeur. Nous ne recommencerons pas. »
Draco se reprit. « Désolé, Oncle Sev. Nous ne voulions pas t'inquiéter non plus, Tante Lily. La prochaine fois, nous irons immédiatement dire tout ce que nous savons à Oncle Sev. »
« Vous irez parler à n'importe quel professeur, Draco, qu'il soit moi, McGonagall ou Dumbledore. »
« Nous éviterons les professeurs de défense contre les forces du mal, cela dit. », ricana le jeune Serpentard.
« Vous pourrez aller voir Lupin… lorsqu'il ne vous semblera pas malade. »
Lily appuya chaudement. « Vous ne vous approchez surtout pas de Remus lorsqu'il est malade, les garçons, jamais. S'il ne vient pas à un cours, n'allez pas le voir dans son bureau, à moins qu'il vous y ait appelé. »
« Mais pourquoi ? » voulut savoir Harry.
« Parce qu'il est contagieux. », répondit durement Severus, en réalité mal à l'aise avec la santé précaire du nouveau professeur. « Quoi qu'il en soit, vos dernières actions déraisonnables nécessitent une fois de plus une punition. Comme la précédente n'a pas semblé avoir d'impact assez durable, il semblerait que je doive suivre une autre optique. »
Les trois garçons tentèrent de cacher leurs craintes et leur inconfort.
« Nous avons compris, Sev. », tenta d'insister Harry.
« J'espère bien, mais je ne peux pas prendre le risque que non. Vous serez punis, Harry. »
« Et de quelle manière, cette fois ? » s'enquit Draco avec une grimace.
Severus émit un sourire que chacun des adolescents savaient pour être mauvais signe. « De la manière la plus pénalisante pour vous, ce qui ne me demandera pas beaucoup d'effort cette fois. Vous êtes interdits de sorties à Pré-au-lard. »
« Quoi ?! » s'écrièrent Harry et Draco.
« Ce n'est pas juste ! »
« Tu ne peux pas nous interdire cela ! »
Severus les coupa sévèrement et sombrement. « Je peux et je fais. »
Draco tenta de prendre un air suppliant. « S'il te plaît, Oncle Sev, laisse-nous y aller. »
« Non. »
« Mais c'est notre première fois. C'est important pour nous, pour tout les troisièmes années. »
« J'ai dit non. »
« Mais… »
« Cela suffit, Draco, Harry. Je ne reviendrais pas sur ma décision. »
Harry serra les poings. « De toute manière, c'est le professeur McGonagall qui récupère les signatures. »
« Certes, et elle sera informée de votre punition. Je suis dans mon droit en décrétant cela. De plus, le professeur Dumbledor a clairement annoncé à l'ensemble des professeurs qu'il me laissait le soin de décider de vous punir et de choisir la manière pour votre héroïsme mal placé de l'année dernière. »
« Mal placé ?! Nous avons sauvé l'école ! »
« Et vous auriez été moins en danger en avertissant des professeurs et en les laissant faire. Si la présence de Neville était nécessaire pour ouvrir la Chambre, elle ne l'était pas pour combattre, et vous deux n'aviez pas votre place là-bas. Ce genre de protestation ne fait que m'assurer que je prends la bonne décision en sévissant. »
Harry se renfrogna en croisant les bras et en détournant le regard. Ce n'est pas parce qu'il admettait que Severus avait raison qu'il était content de se faire punir.
« Voyez le bon côté, nous resterons ensemble. », commenta timidement Neville avec un petit sourire doux sur son visage.
« Et Mione va être toute seule là-bas. », grogna Draco.
Severus lui répondit de sa voix soyeuse. « Si elle le désire, elle pourra choisir de rester avec vous au château. Si elle choisit de partir à Pré-au-lard malgré tout, c'est qu'elle n'est pas si dérangé que cela à l'idée d'y être seule. Peut-être aura-t-elle même d'autres camarades avec qui partager avec plaisir ses découvertes du village. »
« Est-ce tout de la punition que tu leur as choisie ? » demanda Lily.
Severus l'observa un petit moment avant de se décider à répondre. « Oui, cela devrait aller. »
Lily sourit brillamment. « Bien, alors, je peux vous raconter… »
Elle ouvrait l'album à nouveau, pour le plus grand malheur de Severus, et commença à conter des histoires aux trois adolescents attentifs, dont les yeux brillaient tous de bonheur.
Severus alla sombrement à son bureau pour reprendre ses recherches sur le Doloris, mécontent que son enfance soit si traîtreusement dévoilée aux garçons.
Cependant, avant qu'il ne s'en rende compte, son expression s'adoucissait, et il appréciait le sentiment de confort qui se dégageait de Lily.
À un moment, Harry tourna la tête vers le professeur qui travaillait sur des parchemins avec un léger sourire agréable dansant sur ses lèvres, et une absence de rides de fatigue ou de sévérité. Harry sourit pleinement en voyant Sev aussi détendu. Il semblait que malgré l'envie de l'homme de garder sa vie privée, il appréciait la liberté de Lily à raconter ces histoires aux trois garçons.
Une famille. Il avait treize ans, et il semblait que sa famille s'agrandissait et se consolidait. Il n'est jamais trop tard pour trouver le bonheur et l'amour.
Harry se retourna vers l'album alors que sa mère changeait d'histoire. Eh bien, Draco pouvait appeler sa mère « Tante ». Même si Lucius n'était certainement pas un homme qu'Harry aimerait voir près de sa famille, il pouvait accepter avec bonheur Draco comme un cousin. Sa famille ne comportait pas de lien de sang, mais elle restait sa famille. Les sentiments d'amours étaient plus importants que le sang.
Peut-être devrait-il réfléchir à ajouter Neville et Hagrid comme membre de la famille plus que comme de simples amis. Neville serait-il une sorte de frère alors ? Hagrid resterait Hagrid.
Ron se retrouva dans le bureau de Lupin. Il ne savait pas quoi penser de l'homme. Il semblait que le professeur se disputait avec Snape et Evans, mais à la fois il semblait aussi être assez proche d'eux.
« Ronald, j'aimerais que vous me parliez de certaines choses, concernant certains de vos camarades. Je suis inquiet depuis que j'ai vu l'épouvantard de Neville. »
« Ah. », fut tout ce que Ron trouva à répondre.
« S'est-il passé quelque chose en cours de potion ? »
« Il s'y est passé beaucoup de choses ! Snape déte… »
« Professeur Snape. »
Ron fut un instant déconcerté. Alors Lupin était-il pour ou contre Snape ?
« Il déteste tous les Gryffondor, mais vraiment il déteste Neville et Harry. Ce sont ses martyrs. Il trouve toutes les raisons pour les punir, leur enlever des points ou les mettre en retenues. Il les insulte autant qu'il peut, et ne leur épargne jamais le moindre compliment. Il fait vraiment de leur vie un enfer. »
« Et comment Harry et Neville prennent-ils cela ? »
« De la manière la plus étrange ! Ils l'adorent ! C'est idiot ! Si quelqu'un ose critiquer Sna… »
« C'est le professeur Snape, Ronald. »
« Euh, oui… Si quelqu'un ose le critiquer, Harry s'énerve immédiatement, et Neville l'aide à défendre S-le professeur Snape. »
« Je vois… Et que savez-vous sur Mademoiselle Evans ? »
Remus se souvenait que Lily portait ce nom auprès des élèves.
« Euh… elle ? C'est l'assistante de Sn-du professeur Snape. »
« Que fait-elle pour l'assister ? »
Ron ne comprenait pas pourquoi Lupin lui posait ces questions, mais après tout il n'avait rien à cacher. Il était lui-même dubitatif sur cette femme étrange. Elle semblait agréable, mais n'était jamais vue sans l'exécrable professeur Snape. Harry et Neville avaient plusieurs fois insisté sur le fait qu'elle et Snape étaient… mignons ensemble. Ron avait presque envie de vomir à l'idée.
« Elle vient en cours de potion et reste dans un coin de la salle. La plupart du temps, elle lit ou reste le nez en l'air. Je… ne sais pas grand-chose sur elle. De toute manière, si on est surpris à observer ce qu'elle fait, Snape nous crie dessus. »
« A-t-elle déjà fait des potions ? »
« Je ne sais pas. Je suppose, mais pas devant nous. »
« Quelle est votre relation avec Draco ? »
« Malfoy ?! C'est évident ! C'est un c… Il m'insulte à la moindre occasion, bien sûr que je vais le détester. Le simple fait que je m'appelle Wealsey fait qu'il me rabaisse. »
« Et vous ne lui répondez jamais ? »
« Je ne me laisse pas faire, bien sûr ! Il est merdi… il est détestable, alors je le déteste. Et il me déteste. »
Ron se tordit les mains. Ce n'était pas tout à fait vrai. Il avait promis, à Ginny et à lui-même, de faire des efforts pour apprendre à le connaître et à le supporter. Même si c'était mal parti pour l'instant, il ne pouvait réussir que s'il reconnaissait les « qualités » supposées du Serpentard.
« Je suppose que ça pourrait aller. Je veux dire, je ne l'aime pas, mais il n'est pas si… mauvais que ça. »
Remus fronça les sourcils à ce retournement. Ce n'était clairement pas naturel. « S'est-il passé quelque chose pour vous faire changer d'avis ? »
« Eh bien, il a sauvé ma sœur l'année dernière. Alors je devrais lui en être reconnaissant. »
Ah, c'était donc ça. Étrange, songeait Remus, être sauvé par James n'a jamais adouci l'humeur de Severus. Bien au contraire en fait. Mais cela avait marché pour améliorer l'estime de Lily.
« Pourriez-vous me dire ce qui s'est passé ? Pourquoi ou comment votre sœur a-t-elle eu besoin d'être sauvée par Draco ? »
Ron regarda le professeur avec incertitude. Devait-il lui raconter ça ? Pourquoi pas… ça ne servait à rien de cacher quelque chose qui pourrait remonter jusqu'à l'homme à un moment ou à un autre.
« Il y avait la Chambre… et Ginny a été emmené dedans. Neville, Harry et Mal-Draco sont allés la chercher. »
Remus blêmit légèrement. « Draco… avec Harry et Neville… pourquoi y sont-ils allés ? »
« Parce que c'est ce qu'ils font. Aller faire n'importe quoi ensemble à la fin de l'année le jour où le professeur de défense contre les forces du mal arrêtera d'enseigner, et gagner des points par centaine attribué par Dumbledore. »
« Tous les trois ? »
« Oui, eh bien ils sont souvent avec Hermione aussi, mais elle était pétrifiée l'année dernière alors… pourquoi ça vous intéresse tant ? »
« Je m'intéresse à ce qui arrive à Harry et Neville. Je m'inquiète pour eux. »
« Pourquoi ? »
« Parce qu'en tant que professeur, j'ai découvert que l'un des mes élèves avait plus peur d'un de mes collègues que de toutes autres choses. Merci pour votre temps, Ronald. »
Ron comprit cela pour un renvoi, et partit, plus perdu que jamais.
