(Le maraudeur fugitif) Les amitiés de Ron


Ron commençait à sentir un affreux vide cette année. C'est au deuxième cours de Divination qu'il réalisa à quel point il était seul désormais.

Seamus et Dean traînaient toujours ensemble, ils semblaient être devenus les meilleurs amis. Et depuis le premier cours de Divination, Lavande s'était trouvé une passion commune avec Parvati. Les deux filles adoraient le sol sur lequel marchait le professeur de divination. Ron avait juste envie de vomir à l'idée de considérer les paroles étranges de la femme comme vraies.

Ils devaient s'installer en binôme autour des tables, et cette fois, Lavande décida de se mettre avec Parvati.

Ron repéra que Neville et Harry allaient ensemble, sans surprise. Mais cette fois, ils s'installaient avec Hermione.

Il décida alors de s'avancer, timidement.

« Dites, euh… »

« Bonjour, Ronald. », firent froidement Hermione et Harry. Neville se contentait de le regarder avec un sourire chaleureux, mais ne dit rien.

Ron déglutit. « C'est en binôme qu'on doit être… »

« Merveilleux, tu as fait ta leçon de morale. Tu peux partir maintenant ? » rétorqua la fille avec irritation.

« Non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! » protesta-t-il.

« Tu voulais quoi, alors ? » questionna durement Harry.

Il apparaissait facilement qu'il n'était pas le bienvenu. « Eh bien… vous êtes trois et moi… je suis tout seul, alors je me demandais si… vous voyez, quoi. »

« Tu voudrais que l'un de nous vienne avec toi. », conclut sagement Neville, ignorant le visage d'horreur de la fille, et le froncement de sourcil d'Harry dont l'expression sombre rappelait facilement Snape à Ron.

« C'est l'idée, oui. », acquiesça le roux.

Hermione se leva, très irritée, avec son sac. « Bien. Prenons une table, Ronald. »

Ron sourit de soulagement. « Oui, merci. »

Elle lui lança un regard noir, et s'assit sur la table voisine à celle de ses amis.

Elle ne semblait pas ravie de travailler avec lui, et pour être honnête, Ron aurait préféré travailler avec n'importe qui d'autre que la miss-je-sais-tout, mais il était prêt à s'en contenter.

Durant le cours, il se découvrit un point commun avec la fille. Si Lavande et Parvati s'était rapprochée sur l'adoration de Trelawney, peut-être pourrait-il devenir ami avec Hermione sur le principe de l'exaspération que la femme aux grosses lunettes leur provoquait à tous les deux.

Hermione semblait vraiment détester cette matière, alors Ron réalisa que travailler avec elle n'était peut-être pas si pénible qu'il se l'était imaginé. Il trouvait même drôle de la regarder souffler à chaque fois que Trelawney disait quelque chose de « stupide ».

Il n'aurait jamais imaginé que la fille à cheval sur les règles puisse manquer de respect à l'un de ses professeurs.

À la fin du cours, Hermione se leva rapidement et s'adressa à ses deux amis. « Ne m'attendez pas. », leur dit-elle avant de s'enfuir de la classe.

« Qu'est-ce qui lui prend ? » fit Harry, étonné.

« Aucune idée. », répondit Neville, tout aussi éberlué.

Ron s'approcha d'eux. « Dites, est-ce que, euh, hum… »

« Quoi ? » fit Harry en se levant pour quitter la pièce avec Neville.

« J'aimerais… être votre ami. »

« Pardon ? »

Harry semblait honnêtement surpris, ce qui ne fit que se sentir mal à l'aise à Ron.

« Je ne me suis pas excusé pour continuer à être votre ennemi. »

« Non, mais rester neutre semblait la suite logique. »

« Mais qui parle de logique ici ? » s'exclama le roux. Parfois, il se demandait si ce trio avait vraiment sa place à Gryffondor. Il imaginait Neville à Poufsouffle, Hermione à Serdaigle… et il ne put s'empêcher de grimacer en songeant que Harry était bien trop proche de Snape pour ne pas être un Serpentard.

« Moi. », fit Harry avec froideur.

« Pardon, je voulais pas… »

« Je me fiche de ce que tu voulais, Ronald. »

Neville posa une main apaisante sur le bras de son ami alors qu'ils marchaient dans le couloir. « Harry, écoutons ce qu'il a à nous dire. »

« Je sais ce qu'il a à dire. Et rien ne vaut la peine d'être écouté. »

« Mais pourquoi tu m'en veux autant ? » demanda Ron.

Harry lui lança un regard noir. « Pour beaucoup de raison. Je ne peux pas être ami avec quelqu'un qui déteste m… le professeur Snape. »

Neville soupira audiblement, attirant l'attention des deux garçons. Il saisit leurs regards tournés vers lui, et força un léger sourire sur ses lèvres. « J'aimerais que tous mes camarades s'entendent bien. Je suis fatigué des disputes. Vous voulez bien régler ça, pendant que je vais voir Hagrid ? Si vous arrivez en retard, il ne dira rien. »

Après avoir lancé un dernier regard triste à Harry, Neville s'enfuit dans le couloir en direction de la hutte d'Hagrid.

Harry et Ron commencèrent à se diriger vers l'extérieur également, mais seulement pour trouver un coin tranquille où parler.

« Qu'est-ce qu'elle fait avec Malfoy ? » s'exclama Ron alors qu'il voyait le groupe qui suivait à la fois arithmancie et soins aux créatures magiques sortir du château à leur tour, en compagnie d'Hermione.

« Ils sont amis, n'est-ce pas ? » commenta froidement Harry, même si intérieurement il se posait la même question. Hermione les avait lâchés pour courir vers Draco ? Ce n'était pas étrange, mais il se sentait un peu mis à l'écart.

Puis il se souvint qu'elle devait officiellement suivre aussi l'autre cours, et qu'elle était probablement allée chercher ses notes auprès du Serpentard. Il ne comprenait pas pourquoi ce serait si urgent, mais au débat animé, passionné et joyeux qu'ils semblaient avoir, peut-être lui avait-elle demandé de lui faire un résumé du cours.

Il avait d'autres choses à penser. « Qu'est-ce qui te fait croire que nous voudrions être ton ami, Ronald ? »

« Appelle-moi Ron, s'il te plaît. »

« Il ne me plaît pas. Réponds à ma question. »

« Nous pourrions essayer d'être amis. »

« Tu as déjà les tiens, et j'ai les miens. »

« Je veux bien être ami avec tous les tiens, Harry. Je n'ai plus envie d'être seul, s'il te plaît. »

« Tu n'es pas seul, Ronald. »

Ron se mordit la lèvre. « Si. Maintenant je le suis. J'ai toujours l'impression d'être de trop entre Seamus et Dean, et Lavande commence à se coller tout le temps à Parvati. Elles adorent tellement Trelawney, s'en ait… »

« Pathétique. », coupa Harry avec une grimace digne de Snape.

« Harry, je veux vraiment me lier d'amitié avec vous. Toi, Neville… même Hermione. Après un cours passé avec elle, j'ai pu voir qu'elle n'est pas juste miss-je-sais-tout. Je pense que je pourrais vraiment m'entendre avec elle. »

Harry le regardait froidement. « Bien. S'il n'y a pas d'autres moyens. Mais tu vas devoir respecter certaines conditions. »

La voix dure, au ton si semblable à Snape, d'Harry, fit déglutir involontairement Ron. « Des conditions pour une amitié ? »

« Si tu veux essayer d'être notre ami, tu vas devoir suivre certaines règles. Je ne te laisserais jamais faire du mal à mes amis. À aucun d'eux. »

Ron hocha la tête. « Et qu'est-ce que ce serait ? »

« Premièrement, si tu blesses Neville de quelque manière que ce soit, je te le ferais payer. »

Ron blêmissait. Il savait qu'Harry était honnête là-dessus, et il savait à quel point Harry aimait Neville. « D'accord. Ça semble correct et peu surprenant. »

« J'espère bien que tu es d'accord. », cracha-t-il. « Ensuite, tu ne critiqueras pas Hermione sur ses talents intellectuels. Elle est plus intelligente que nous, et ça se respecte. Ça ne se dénigre pas. Je ne veux plus t'entendre l'appeler miss-je-sais-tout. »

« Snape le fait ! »

Les yeux d'Harry brillèrent de colère, et il enchaîna avec une telle vitesse que Ron pensait qu'il serait mort si leurs paroles étaient des incantations de duel. « Et tu ne critiqueras jamais le professeur Snape ! Tu lui présenteras désormais le respect qu'il mérite. »

Ron se mordit la langue pour ne pas répondre qu'il n'en méritait pas. Harry enchaînait sans interruption. « Tu ne diras pas de mal de lui, tu accepteras les punitions sans te rebeller. S'il t'en donne, c'est que tu le mérites. Plutôt que de le détester, réfléchi à ce que tu as fait de mal. Si je vois une seule fois le dégoût sur ton visage alors que tu parles de lui, je me débrouillerais pour que même Neville n'ait plus jamais pitié de toi. »

« Si tu veux que j'accepte tes conditions, il faudrait que tu m'expliques pourquoi tu y es si attaché. »

« Ce sont des choses que tu ne sauras que si nous devenons effectivement amis. », rugit le garçon aux yeux d'émeraudes.

« D'accord, je pense avoir compris les conditions concernant Snape. »

« Professeur Snape. »

Ron le regarda avec des yeux ronds. Était-il vraiment sérieux ? Le visage sombre d'Harry semblait effectivement bien trop sérieux. Il soupira. « D'accord, le professeur Snape. Mais je n'ai l'habitude de dire ça pour aucun professeur, ce n'est pas une question de manque de respect. »

Harry sembla considérer rapidement ses paroles et hocha la tête avant de reprendre, l'air légèrement de meilleure humeur. Mais son ton était toujours clairement une mise en garde. « Je n'admettrais pas non plus que tu critiques le professeur Lupin. »

Ron était très étonné. « Lui ? Mais il… je n'ai rien contre lui, Harry, sois tranquille. En fait, son cours est meilleur que les autres qu'on a eus jusqu'à présent. »

Harry hocha la tête. Mais avant qu'il puisse reprendre, Ron le coupa.

« Tu as une relation avec lui, n'est-ce pas ? Tu le connais bien. Qui est-il pour toi ? »

Harry serra les poings. Il ne voulait pas parler de sa vie privée avec Ron. D'un autre côté, il ne pouvait pas vraiment répondre « Rien » à cette question. Et sa relation avec Remus n'avait pas besoin de rester secrète.

« C'est un ami de mon parrain. »

Il regretta immédiatement d'avoir dit ça. La bouche de Ron tombait alors qu'il blêmissait. Harry n'avait pas vraiment caché qui était son parrain. Sirius Black, le fugitif recherché pour le meurtre de douze moldus et d'un sorcier.

« N'en parle à personne. », menaça froidement Harry.

« Mais… »

« Jamais. »

Ron déglutit.

Les yeux d'Harry brillaient d'avertissement. « Fais confiance à Dumbledore. »

Ron hocha faiblement la tête. « D'accord… mais Harry… Sirius Black est… »

« N'est pas un meurtrier ! » cria-t-il. « Et Dumbledore a engagé Remus Lupin, pas Sirius Black. Oncle Remus est un homme droit et sage. Il est l'un des meilleurs professeurs que nous ayons actuellement. »

« D'accord, passons à un autre sujet. As-tu d'autres consignes ? »

« Oui. Draco. »

Ron grimaça.

Harry plissa les yeux. « Tu as dit que tu voulais être ami avec notre groupe. Cela inclut Draco. T'es-tu excusé ? »

« Pas encore… »

« Il serait temps. Si je dois choisir entre Draco et toi, nous savons tous les deux où se portera mon choix. Et Neville et Hermione feront le même. Il a risqué sa vie pour ta sœur, juste pour que tu le saches. Si tu n'es pas capable de t'excuser ou de t'entendre avec lui, tu peux dire adieux à la possibilité d'être mon ami. Je ne veux pas t'entendre protester que nous lui avons pardonné et pas à toi, que c'est injuste ou tout autre chose. Tu ne sais pas ce que nous avons vécu, tu ne sais pas ce qui s'est passé entre nous depuis deux ans. Il a mérité notre pardon. Si tu veux mériter le tien, agis en conséquence. Je vais en cours. Si je t'entends protester au sujet de Draco et Buck, je romps tout de suite ta tentative d'amitié. »

Harry et Ron se dépêchèrent d'aller en cours. Aucun d'eux ne fit référence à leur discussion, et ils choisirent même de s'ignorer quelque temps. Ron avait besoin de temps pour réfléchir aux paroles de son camarade.


Ron rumina sur la question durant toute la pause de midi.

Depuis plusieurs jours, il réfléchissait à la proposition de ses frères de l'aider à aborder le Serpentard, mais n'avait toujours pas trouvé d'idée inspirante.

Ce n'était qu'à présent qu'il songeait à voir la situation comme un jeu d'échecs. Quiconque l'avait vu jouer savait qu'il était admirablement talentueux aux échecs. Il pouvait considérer Fred et George comme les deux fous. Ginny pourrait être la reine, et il était le roi. Seamus, Lavande et Dean pourraient également être des pièces.

En face, Draco était le roi. Harry et Hermione, farouchement contre lui, étaient certainement des cavaliers. Neville pouvait être neutre, mais prendrait position avec eux. Les Serpentards étaient des pions adverses.

Ron s'ébouriffa les cheveux de frustration. Il se compliquait trop la tâche à vouloir placer tout le monde. Cette affaire était entre lui et Draco. Seulement, il ne pouvait pas l'aborder en présence de Neville, Harry ou Hermione. Il le refusait. Les jumeaux lui avaient promis leur aide, et il était certain que Ginny accepterait. Tout autre individu ne pouvait qu'être un obstacle.

Draco n'était jamais seul. C'était probablement un des points qui dérangeait le plus Ron dans son affaire.

Il pouvait tenter de le rejoindre à la bibliothèque, mais devrait alors trouver un moyen d'écarter le trio de Gryffondor.

Il pouvait l'aborder dans le couloir avant ou après le cours de défense contre les forces du mal, mais n'était pas certain de pouvoir l'avoir seul.

Il pouvait encore le voir à la table des Pouffsoufle durant le repas, mais là encore, ils étaient quatre.

Et lui parler durant un cours était impensable. Non seulement les autres seraient là, mais aussi toute la classe, ainsi que le professeur. Et Ron n'était pas prêt à accepter autant de possibles oreilles.

S'il voulait s'agenouiller au pied de Draco devant toute l'école, il le ferait dans la grande salle durant le repas. Ce qu'il n'était pas en train de faire.

Il avait toujours un air grave et renfrogné sur son visage alors qu'il se dirigeait vers le cours de Lupin. Ses « amis » ne lui avaient pas adressé la parole. Soit ils s'en fichaient, soit ils avaient compris qu'il réfléchissait durement et n'aurait pas aimé être dérangé.

Ron releva les yeux du sol arrivé proche de la salle seulement pour voir Draco et Hermione discuter, venant d'en face et suivis par Harry et Neville. Il s'arrêta presque de marcher en fixant son regard sur le Serpentard souriant et riant.

Draco ne tourna la tête vers lui qu'une fois presque arrivé à la porte, et lui lança un sourire narquois avant de détourner le regard. Hermione avait suivi le regard de son ami et son expression s'était durcie lorsqu'elle avait vu Ron, mais ne s'y était pas attardée, et le duo était entré dans la salle, avec le duo de meilleur ami qui les accompagnait calmement.

Ron serra les poings, prit une respiration, et alla à grands pas dans la classe. Il était un Gryffondor. Les plans ne lui servaient à rien. Il prit la décision d'agir plutôt que de réfléchir, et fit finalement ce qu'il s'était promis de ne pas faire.

« Malfoy ! »

Il l'aborda alors qu'ils étaient dans la salle de défense contre les forces du mal et que le cours allait bientôt commencer.

Draco n'avait pas encore rejoint sa place, et se retourna pour observer le rouquin, comme beaucoup d'autres. Hermione était clairement hostile, Harry méfiant, Neville curieux, et le Serpentard tentait de rester neutre. Les autres regardaient entre les deux rivaux, sachant pertinemment qu'ils allaient encore entamer un combat, mais ne comprenant pas ce qui avait pu se passer cette fois.

Draco n'avait pas envie de perdre son temps avec Weasley aujourd'hui. Il savait qu'il avait dû l'énerver avec son narquois, mais il ne s'attendait pas à déclencher cette réaction dans la salle de classe. Il n'allait pas perdre son droit de suivre le cours à cet horaire parce que l'idiot avait décidé de lui crier après.

S'il était surpris par Lupin à provoquer la colère du roux, il devrait retourner avec Serpentard. Cela ne le dérangeait pas en soi, mais il perdrait l'occasion d'être avec ses amis, ce qui était plus gênant.

Ron s'avança vers le blond résolument. Il ne comprenait pas le silence de l'autre qui avait semblé prêt à se moquer de lui deux minutes avant, mais il n'allait certainement pas se plaindre de ce changement étrange d'attitude.

Cependant, il rougissait alors qu'il réalisait toute l'attention tournée vers lui. Il semblait qu'il allait devoir faire ses excuses en public et laisser tomber tout ses plans pour rendre la chose privée.

Draco haussa un sourcil en voyant la rougeur sur le visage du roux. Il ne pouvait pas l'avoir énervé à ce point là, n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas dire d'insulte, mais s'il ne disait rien, Lupin pourrait tout aussi bien croire qu'il avait fait quelque chose de mal.

« C'est quoi ton problème, Weasley. »

« C'est toi. »

« Pardon ? »

Ron avait répondu bien trop vite pour réfléchir à ses propres paroles. Il le regretta immédiatement.

Ils étaient tous rapides à réagir. Harry et Hermione semblaient courroucés, et même Neville était choqué. Draco était à mi-chemin entre l'ébahissement et l'énervement.

« Non, ce n'est pas ce que je voulais dire ! » s'empressa de se rattraper le roux.

Draco croisa les bras. « À quoi joues-tu, Weasley ? »

Ron ne réfléchit pas à ce que penseraient ses camarades. Il était un Gryffondor, alors il mit les deux mains dans le plat d'un coup. « Je voulais m'excuser. »

Draco fronça les sourcils, sans remarquer que la mâchoire d'Harry tombait pendant qu'Hermione et Neville commençaient à sourire.

« Qu'est-ce que tu fabriques ? »

« Exactement ce que je dis. Je suis venu te présenter mes excuses pour… »

« Non, tu es venu suivre le cours de défense contre les forces du mal. », interrompit le blond en tendant une main en avant pour lui signaler de s'arrêter.

Ron décida d'ignorer la tentative du Serpentard. « Je suis honnête. J'ai été mauvais avec toi. » Il dû se mordre la langue pour ne pas rajouter que Malfoy avait aussi été mauvais avec lui. « J'ai agi comme un imbécile, et j'ai été injuste et brutal. Tu ne… le méritais pas. »

« Ça à l'air forcé. », ricana Draco avec un sourire railleur.

« Je regrette vraiment ! J'essaye juste de dire "pardon". J'aimerais vraiment faire la paix. Est-ce que tu l'acceptes ou non ? »

Draco ouvrit la bouche pour dire non, mais se ravisa en saisissant les expressions de ses amis. Il tenta de ne pas se montrer trop réticent.

« D'accord. », accorda-t-il à contrecœur.

Ron sourit, jeta à coup d'œil à Harry qui le fixait d'un air inquisiteur, et décida de tendre la main vers Draco.

« Super, alors j'espère que nous pouvons partir sur de nouvelles bases ! »

Draco fixa cette main probablement sale comme si c'était une abomination. « Qu'est-ce que tu crois, Weasley ? Que nous allons être ami juste parce que tu as dit un mot ? Je n'ai même aucun moyen d'être certain de ta franchise. »

Ron ne baissa pas son bras mais fronça les sourcils, presque bougon, et clairement sur la défensive. « Je n'ai rien fait de toute l'année dernière. Et dernièrement, les insultes venaient plus de toi vers moi que l'inverse. »

« Je n'ai jamais été brutal. », cingla le blond.

« Tu m'as déjà lancé plusieurs sorts. », rétorqua Ron sans agressivité, son bras tendu ne faiblissant jamais.

Draco ne pouvait pas se lancer dans un combat, même verbal, contre Wealsey dans la salle de cours de Lupin. Mais il ne pouvait pas accepter cette main tendue.

« Nous ne serons pas amis, Weasley, n'insiste pas. Tu n'en as même pas envie toi-même. »

« Parce que tu es un Malfoy et moi un Weasley ? Nous sommes partis sur de mauvaises bases, mais si nous apprenions à nous connaître, nous pourrions peut-être être amis… »

« Jamais. »

Ron scruta le visage pâle et froid du Serpentard. Honnêtement, il ne voulait pas être ami avec lui. Mais il voulait être ami avec les amis de Malfoy.

« Si tu me rejettes sans me connaître, tu me juges sur ce que ton père dit de ma famille. Es-tu prêt à le laisser décider de toutes tes relations alors ? »

Ron tourna yeux vers Hermione avant de revenir sur le blond. Draco avait suivi le regard en blêmissant. Il saisit rapidement cette main tendue, et la relâcha tout aussi rapidement après la poignée de main la plus courte de l'histoire. « D'accord, essayons. »

Draco frotta sa main sur son pantalon comme pour l'essuyer et se dirigea vers sa place, fort mécontent. Il avait agi sur l'impulsivité du moment et le regrettait déjà. Sans compter que tout le monde avait vu son accord, il serait donc forcé de s'y conformer. Traîner avec des Gryffondor le faisait parfois agir aussi stupidement qu'eux.

Remus frappa alors dans ses mains, souriant et parfaitement conscient qu'aucun élève n'avait remarqué qu'il observait toute la scène depuis le début. Il remercia les deux garçons pour leur geste noble et mature, et appela tout le monde à s'installer pour qu'il puisse commencer le cours.