(Le maraudeur fugitif) La maladie de Remus


Lorsque le professeur Snape eut terminé son cours sur les loups-garous, chacun rangea ses affaires aussi calmement qu'après un cours de potion. Harry avait trouvé le cours passionnant, et à en juger par le changement d'humeur d'Hermione et Draco entre le début et la fin du cours, ils seraient tout les deux d'accord avec lui.

Harry savait que le cours aurait été plus intéressant encore si le professeur avait été de meilleure humeur et que l'atmosphère, la luminosité ainsi que l'ambiance de la classe avaient été moins sombres.

En l'état, la plupart de leurs camarades se concentreraient sur l'idée que le maître des potions avait été encore pire que d'habitude sur la discipline et ne remarqueraient pas la quantité et qualité des informations qu'ils avaient reçues.

L'homme n'avait fait que de la théorie et le déroulement du cours avait été bien différent de leurs cours de potions. C'était en fait plus agréable, même si le professeur avait été clairement énervé, bien plus qu'il ne l'était en général dans sa discipline habituelle. De plus, Harry n'avait pas noté la passion du sujet enseigné à laquelle il se serait attendu.

Pourquoi Sev semblait-il détester le sujet des loups-garous ?

Pourtant il n'y avait aucun doute que Sev était incollable sur la question. Il avait tout détaillé sur la malédiction, les créatures, leurs forces et faiblesses, l'histoire et il avait même évoqué l'aconit et la potion tue-loup. Le seul point obscur qu'il n'avait pas éclairci était la façon de reconnaître un loup-garou, à croire qu'il voulait véritablement que les élèves fassent leurs recherches par eux-mêmes sur ce détail précis. Pour le reste, il suffisait d'avoir suivi attentivement le cours pour être capable d'effectuer le travail qu'il avait demandé.

Harry ne savait honnêtement pas qui il préférait pour les cours de défense contre les forces du mal entre son oncle et son beau-père. Les deux avaient des styles tellement différents que ce n'était pas comparable. De plus, la mauvaise humeur de Sev devait jouer pour donner une mauvaise impression de sa performance.

Le regard d'Harry dériva vers la porte du bureau d'oncle Remus en pensant à lui. Était-il là ? Pourquoi n'avait-il pas assuré son cours ? Harry fronça les sourcils dans ses réflexions : comment Sev pouvait-il avoir eu le temps de remplacer Remus alors qu'il avait son propre cours à donner ?

« Monsieur Potter, restez en arrière. Bien que je n'ai pas de temps à perdre avec vous et votre immaturité, je ne peux pas laisser passer votre impertinence de tantôt. »

L'adolescent tourna la tête vers le professeur qui l'observait avec un visage vide d'émotion. Pas pour la première fois depuis la dernière heure, le garçon se demanda ce qui se passait.

Les élèves quittèrent la salle aussi rapidement que l'effort de conserver le silence le leur permettait. Seul Neville hésita à laisser Harry seul.

« Longbottom, je n'ai pas la moindre seconde à consacrer à votre cas désespéré. Partez. »

Le garçon-qui-avait-survécu ne se le fit pas dire deux fois. Il quitta rapidement la salle pour rejoindre Hermione et Draco.

Severus observa d'un œil critique la porte restée ouverte avant de concentrer son regard vers l'adolescent bien trop curieux et malin.

« Interdiction formelle d'aller voir Lupin. », déclara-t-il avec dureté du ton le plus sévère qu'il fut capable d'employer.

« Pourquoi ? » questionna aussitôt le garçon.

« Lupin est dans l'incapacité de faire cours. »

« Ce n'est pas un cours si je vais juste le voir. »

« Penses-tu que s'il pouvait te recevoir, j'aurais été chargé de le remplacer aujourd'hui ? Ne t'approche pas de cette porte, ni aujourd'hui, ni demain. »

« Que se passe-t-il ? »

« Ce ne sont pas tes affaires. Va faire tes devoirs, Harry. »

Le garçon secoua la tête. « Tu peux dire devant la classe que ce ne sont pas mes affaires. Mais en privé, ça l'est. »

« Non, certainement pas. Et ce ne serait pas à moi de te tenir informé de toutes les petites affaires de Lupin. C'est à lui de décider ce qu'il accepte que tu saches les moindres détails de ses indispositions. Si tu es si curieux, tu pourras lui demander après demain. Même si je doute que ce soit un sujet dont il aimerait parler avec toi. »

Harry renifla avec mépris. « Si ça concerne mon parrain et tuteur, c'est certain qu'il ne voudra pas m'en dire deux mots. Il apprécie particulièrement garder secret ce qui me concerne. »

« Cinq points en moins pour Gryffondor. »

« Quoi ?! » s'exclama l'adolescent, les yeux écarquillés.

« Pour irrespect. »

« Mais tu… »

« Cela suffit, Harry. Si c'était une affaire de Black dont tu devrais être au courant, je ne t'enverrais certainement pas chercher les réponses exclusivement auprès de Lupin. Va travailler, et ne va pas chercher à voir Lupin. Tu connais les consignes de ta mère. »

Harry attrapa brutalement son sac et se dirigea vers la sortie. Arrivé à la porte, il se retourna froidement vers le professeur.

« En ce qui concerne les consignes à respecter… j'ai plus de respect pour les tiennes que pour celle de n'importe qui d'autre. J'aime ma mère, de tout mon cœur. Mais je sais aussi qu'elle n'est pas la plus apte à me gérer. Sinon, elle s'occuperait de moi tous les jours. »

Sur ce, l'adolescent quitta la pièce. Il regrettait déjà le ton dur qu'il avait utilisé, mais il ne comptait pas se retourner et s'excuser. Si son beau-père voulait être de mauvaise humeur, il pouvait l'être aussi. Il se précipita vers la bibliothèque, où il était certain de pouvoir profiter du réconfort et de la gaieté de ses amis.


« Je ne comprends pas pourquoi je ne pourrais pas le voir s'il est juste malade. »

Harry râlait pour la dixième fois alors que le groupe tentait de travailler sur leur devoir sur les loups-garous. Il repoussa sa plume et laissa tomber sa tête dans ses bras. Il détestait quand on lui interdisait de résoudre un mystère.

Neville regardait son meilleur ami avec compassion. Il savait qu'Harry s'inquiétait juste, et il s'inquiétait aussi. Il était surpris que Hermione et Draco ne fassent aucun commentaire. Depuis qu'ils avaient commencé à travailler sur ce devoir, les deux intellectuels se muraient dans le silence chaque fois qu'Harry évoquait Remus.

Ron jeta un coup d'œil vers les deux insupportables silencieux. Hermione remuait inconfortablement sur sa chaise et semblait tenter de rester concentrer sur son parchemin. Le Serpentard, de son côté, était plus pâle que d'habitude et lançait un regard indéchiffrable vers Harry avant de retourner à sa rédaction.

Le roux décida qu'il en avait assez d'être assis à cette table.

« Si tu veux, Harry, nous pouvons y aller quand même et voir s'il a besoin de quelque chose. »

« Non vous ne pouvez pas. », firent Hermione et Draco en cœur, surprenant les trois autres.

Draco détourna le regard, et Hermione se racla la gorge avant de reprendre la parole.

« Le professeur Snape a formellement interdit d'aller voir le professeur Lupin. Il n'est peut-être même pas au château actuellement, et entrer dans son bureau ou ses appartements sans son autorisation ou sa présence serait violer sa vie privée. »

« Ça ne doit pas être si grave, sinon il serait avec madame Pomfresh. Il était malade ces derniers jours, mais il m'a assuré que tout allait bien avec le traitement que Se… professeur Snape lui faisait. », argumenta Harry d'une voix légèrement geignarde.

Draco se tourna à son tour vers le Gryffondor. « Mais pour aujourd'hui, il est cloué au… lit. Mademoiselle Evans nous a formellement avertis qu'il était contagieux. »

« Parce que vous parlez avec Evans ?! »

« Mademoiselle. », appuyèrent Harry et Draco froidement. Ils trouvaient étrange de se référer à Lily et Sev de ces manières-là lorsqu'ils étaient entre eux, mais ils avaient décidé qu'ils ne faisaient pas suffisamment confiance en Ron pour lui parler de toutes leurs petites histoires de famille. En attendant, ils resteraient à cheval sur le respect que leur camarade devait témoigner au couple.

Neville se tourna vers le roux. « Avec toutes les retenues que nous avons passées sous la supervision du professeur Snape, oui, nous avons eu l'occasion d'être surveillés par Mademoiselle Evans et de lui parler. »

« J'ai toujours du mal à réaliser qu'elle n'est pas muette… ou juste folle. » Ron sembla ne pas se rendre compte de la subite tension d'Harry.

Draco prit son ton le plus froid et menaçant. « Et pourquoi serait-elle folle ? » Il ne savait que trop bien que Weasley n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était réellement, et se doutait que le roux se dirigeait vers une pente dangereuse.

Ron tourna la tête vers le Serpentard et sembla réaliser son écart. Mais il ne pouvait pas revenir en arrière. Il bafouilla légèrement. « Eh bien, tu vois… jusqu'à récemment, je n'avais pas une très haute opinion de Snape… »

« Professeur Snape. », coupa Hermione que les garçons ignorèrent.

« … ça ne sert à rien de le cacher, vous le savez tous très bien que… je le… je ne l'aimais pas disons. … »

« Maintenant oui ? » questionna sarcastiquement Draco, bras croisés.

Ron déglutit. « Alors à l'époque, eh bien, disons que je ne comprenais pas bien comment une femme comme elle pouvait accepter de passer autant de temps avec lui. Je sais qu'elle n'est pas folle, mais les habitudes sont difficiles à perdre… »

« As-tu vraiment changé d'opinion sur le professeur Snape, Weasley ? »

Ron se mordit la lèvre et détourna le regard. « Il y a des discussions qu'il vaut mieux ne pas avoir. »

Harry surprit tout le monde en se levant brusquement avec son sac.

« Où vas-tu ? » questionna Hermione.

« Voir ma mère. », cracha-t-il avec colère avant de partir rapidement.

Les quatre autres étaient abasourdis.

Mais celui qui ne comprenait vraiment pas était Ron. « Quoi ? »

Aucun ne lui expliqua et ils se murèrent tous dans le silence.


Harry passa le reste de la journée avec sa mère. Le maître des potions s'était enfermé dans son laboratoire et avait ordonné qu'on ne le dérange sous aucun prétexte.

Si un Serpentard venait frapper à la porte de son bureau, Lily avait pour consigne de s'y rendre et de renvoyer l'élève à Pomfresh. Ce n'était pas censé arriver étant donné qu'il avait expressément averti ses élèves qu'il serait indisponible. Dans le cas improbable où l'élève serait d'une autre maison, il serait simplement renvoyé à son chef de Maison.

Harry prit grand plaisir à écouter sa mère lui expliquer la théorie fondamentale des charmes. Il connaissait la plupart, pour avoir appris de Sev durant son enfance, mais l'entendre de sa mère était tout autre chose. Cela lui faisait sentir qu'elle était vivante, véritablement vivante et animée. Et il aimait la voir sourire, entendre sa douce voix, et découvrir qu'elle possédait encore ses connaissances et capacités magiques.

Ils furent interrompus dans la soirée, lorsque quelqu'un frappa quelques coups à la porte des appartements. Harry sursauta, mais sa mère ne semblait pas étonnée.

« Entre. », appela-t-elle au même moment où Sev sortait de son laboratoire.

Harry fut encore plus abasourdi de voir que nul autre que Remus Lupin entrait.

L'homme semblait profondément épuisé, et le très léger sourire qu'il parvint à donner à Lily était crispé et tendu. Il se tourna plutôt rapidement vers Severus qui le regardait gravement. Ils s'observèrent avec une grande intensité, mais brièvement avant que le maître des potions ne se détourne silencieusement pour retourner dans son laboratoire. Remus le suivit alors.

Harry voulut se lever pour les rejoindre, mais sa mère le retint. « Harry, je t'ai dit de ne pas approcher Remus lorsqu'il est malade. »

« Mais il est juste à côté ! Sev est avec lui, je ne vois pas ce que… »

« Harry, ne va jamais le voir quand il est malade. »

Les yeux verts rencontrèrent les verts avec une telle intensité qu'Harry sentit son cœur se serrer. Sa mère n'avait jamais été aussi sérieuse, aussi dure. Avec une réalisation qui lui semblait aussi lente que soudaine, Harry comprit, et une sueur froide parcourut sa colonne vertébrale, le faisant frissonner.

Après un temps très court mais qui lui semblait infini, Harry recommença à bouger et détourna le regard, cherchant une excuse pour partir.

« Je… je dois retourner dans la salle commune, c'est bientôt le couvre-feu. » Il courut vers la sortie. « Bonne nuit ! »

Harry courut vers la tour de Gryffondor et s'enfuit vers son dortoir sans un coup d'œil pour Neville, Hermione, Ron ou Ginny. Il se précipita vers sa malle et en sortit le calendrier lunaire magique que Sev lui avait offert. C'était un outil très utile pour les potions et la récolte des ingrédients quand on ne voulait pas passer des heures à faire des calculs d'astronomie.

Et aujourd'hui était une nuit de pleine lune.

Harry parcourut les dates : la précédente pleine lune avait eu lieu dans la nuit du 1er septembre au 2e.

Toutes les pièces s'assemblaient. Même le surnom par lequel Sev appelait Remus parfois. Un loup. Et ça n'allait pas dans le sens pour indiquer que Remus était un animagus.

Harry connaissait Remus depuis sa naissance, et jamais il n'avait soupçonné. Il s'enorgueillissait de résoudre mystères et énigmes avec la logique qui faisait les meilleurs sorciers et qui manquait à beaucoup. Et pourtant, il avait raté ça.

En entendant le son de la porte, il tourna la tête, et vit Neville et Ron entrer en le dévisageant l'un avec inquiétude et l'autre avec curiosité.

« Ça va, mon pote ? » demanda Ron en premier, une incertitude dans la voix.

Neville s'approcha doucement. « Que s'est-il passé ? »

Harry secoua la tête et cacha le calendrier. « Rien. Rien du tout. »

« Harry… » Neville connaissait suffisamment son ami, presque frère, pour savoir quand il lui cachait quelque chose. Et Harry n'essayait pas beaucoup d'être discret actuellement.

Harry soupira. « Il n'y a rien, Neville. J'ai juste… eh bien, je m'inquiétais pour Oncle Remus, mais ma… Mademoiselle Evans m'a interdit formellement d'aller le déranger. Il a passé la journée à aider Hagrid avec des bêtes dans la forêt, je n'ai pas tout suivi… je n'ai pas beaucoup apprécié qu'il ne nous fasse pas cours à cause de ça, c'est tout. »

Neville fronça les sourcils, apparemment peu convaincu par le mensonge. Harry se mordit la joue en songeant qu'il n'aurait peut-être pas dû amener Hagrid dedans.

Ron s'avança. « Mais je pensais que tu aimerais un cours avec Snape. »

« Professeur Snape. », cracha-t-il avec un regard noir vers son camarade qui se contenta de rouler des yeux. « Oui, j'ai apprécié le fait que ce soit lui qui remplace Oncle Remus. Ça ne veut pas dire que j'aime qu'il y ait eu besoin en premier lieu d'un remplaçant. »

Ron grogna. « De toute façon, il était pire qu'en potion. »

« Non, c'est mieux en fait… », fit Neville d'un ton rêveur.

Harry haussa les épaules. « Il était juste de mauvaise humeur. Je comprends pourquoi quand on sait pourquoi il a dû le faire alors qu'il avait ses propres cours à assurer. »

Ron n'était pas convaincu du tout. « Ouais, chacun ses opinions. »

Harry se coucha en cachant son calendrier. Il ne savait pas encore que faire de cette information.


Le lendemain, Harry décida d'entraîner Hermione et Draco dans un coin de la bibliothèque dès que l'occasion se présenta, abandonnant Neville et Ron ensemble.

Draco croisa les bras en s'adossant au mur. « Bon, je peux savoir ce que tu as ? »

Pour toute réponse, Harry lui lança un regard noir et sortit sa baguette pour tenter de lancer un Muffliato. Comme il eut besoin de prononcer la formule, le Serpentard se moqua.

« Tu sais que c'est un charme informulé. »

« C'était quoi ce sort ? » questionna Hermione avant de laisser l'occasion de répondre à Harry.

Harry tourna son attention vers la fille, puis réalisa qu'il était quelque peu gêné pour répondre. Son beau-père ne serait certainement pas content qu'il laisse échapper cette information.

Draco saisit l'embarras de son ami, et ricana à nouveau. « Ton erreur, ton problème, Harry. »

Hermione plissa les yeux vers le blond, puis les écarquilla de compréhension. « Ça a un rapport avec le professeur Snape. »

« Comment as-tu… », commença Harry seulement pour se faire interrompre par le Serpentard.

« Cette sorcière est simplement brillante. »

Harry se souvint alors de pourquoi il avait tenu à écarter ces deux-là du groupe. « Oui… vous êtes tout les deux des esprits brillants… »

« Tu ne me flattes jamais sans raison. Si tu veux nous convaincre de faire un devoir à ta place, tu t'y prends très mal. »

« Oh, j'avais cru observer que vous vous en sortiez à merveille pour trouver les moyens de reconnaître un loup-garou. »

Draco blêmit ostensiblement, ce qui ne fit que renforcer les soupçons d'Harry.

« Que veux-tu ? » questionna prudemment Hermione.

« Je voulais savoir quand vous avez compris, et quand vous comptiez nous le dire. »

« Dire quoi, Harry ? » rétorqua Draco avec un venin feint.

« Me dire que mon oncle est un loup-garou. », gronda le Gryffondor, en colère que ses amis lui aient caché cette information. Il supportait déjà difficilement que Remus l'ait tenu écarté de toute l'affaire de procès de Sirius. Il n'arrivait pas à excuser que ses amis aient gardé ce secret.

« Harry, nous ne savions pas… », tenta de raisonner Hermione.

« Si, vous saviez ! Tous les deux, j'ai vu comment vous réagissiez hier quand je parlais d'Oncle Remus. »

Draco ne tolérait pas qu'on lui cri dessus, même par un ami. « Je suis surpris que tu n'aies pas compris, toi. Et pourtant tu le connais depuis que tu es tout petit, non ? Pitoyable. »

« Draco ! » réprimanda la fille.

Harry s'approcha, menaçant, du Serpentard. « Quand as-tu su ? »

Il haussa les épaules d'un air désinvolte. « Je reste toujours informé du cycle lunaire, pour les potions. Et l'insistance d'Oncle Sev sur le choix des loups-garous comme cours était juste trop évidente. Bien sûr, comme tous nos camarades sont des crétins même pas fini, ils n'auront rien compris… »

« Nous n'avons pas tous l'occasion d'être le filleul du professeur Snape pour le connaître suffisamment non plus. », rétorqua froidement la fille.

« Et le coup de l'épouvantard de Lupin… sur le moment, il n'y avait pas de quoi se poser de questions, mais lorsqu'Oncle Sev s'appuie dessus pour justifier que Lupin n'assurera pas ce cours en particulier, c'était juste un indice probablement pas lâché au hasard. Lupin n'a pas peur des loups-garous. Seulement de ce qui annonce la nuit de calvaire. Et puis, qui oublierait comment ta mère a crié sur Lupin le premier jour. »

« Je ne vois pas le rapport. », commenta Harry.

Draco renifla d'un air suffisant. « Chaque petit mot compte. »

« Tu ne t'en souviens pas par cœur. »

« Non, en effet, mais je me souviens du sens générique. Apparemment, Lupin aurait dû remercier Oncle Sev de faire quelque chose pour lui et nous tous, mais particulièrement, il avait besoin de temps pour faire quelque chose pour Lupin en particulier. »

« Ce n'est qu'une déduction après coup, aucun moyen de le savoir à ce moment-là. »

Draco l'admit avec une expression fugace sur son visage, mais ne dit rien. Le contraire eut étonné les deux Gryffondor : Draco admettait rarement ses torts, et sa fierté l'empêchait de reconnaître quand quelqu'un avait plus raison que lui.

« Quand as-tu su, Draco. », insista Harry.

« Hier, en travaillant sur l'essai demandé par Oncle Sev. »

Harry tourna un œil critique vers la fille.

« Pareil. », admit-elle.

« Alors quels sont les signes ? » demanda Harry avec ruse.

« Nous ne ferons pas ton devoir à ta place, Harry ! » s'indigna la fille.

« J'aurai tenté. »

« Tu dois les connaître mieux que nous. », ricana Draco. « Si seulement tu n'étais pas trop aveugle pour le voir. »

« Évite d'ajouter des insultes à tes plaisanteries, Draco, ça te rend insupportable. Et je doute que tu apprécierais que je donne raison à l'opinion que Ron a sur toi. »

Draco serra les poings mais ne dit rien.

« Et quand comptiez-vous me le dire ? Ou à Neville ? »

Hermione le regarda avec un air désolé. « Honnêtement, Harry, ce ne sont pas nos affaires. Nous devrions tous garder cela pour nous. »

Harry tourna la tête vers le Serpentard. Ce dernier souffla d'agacement. « Tu sais très bien que je serais le premier à ne pas tolérer qu'une bête pareille se promène dans l'école. »

« Tu… »

« Laisse-moi finir. Cependant, je sais qu'il compte pour toi. Tu as déjà perdu Sirius Black, je ne vais pas être responsable si tu perds Lupin. Si quelqu'un est capable de préparer la potion tue-loup, c'est bien mon parrain. Et tant qu'Oncle Sev accepte la présence de Lupin, je ne dirais pas un mot dessus. »

« Je ne parlais pas de le dénoncer à toute l'école. Seulement de m'en parler à moi ou à Neville. »

« Nev n'a pas besoin de savoir ça. Il a déjà peur de mon parrain, n'ajoutons pas ton oncle à la liste de ses épouvantards. Et toi, tu aurais dû le savoir. »

« Tu pensais que je le savais déjà ? »

« Je ne me suis pas posé la question. Je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir. Hier, je venais tout juste de le comprendre, j'étais surtout malade d'inquiétude de découvrir qu'une bête assoiffée de sang se promenait dans le château et que les professeurs laissaient faire ça. »

« Tu pensais que Sev laisserait ça arriver ? »

« J'avais peur ! C'est irrationnel. J'ai toute confiance en Oncle Sev, bien plus qu'en mon propre père. »

« Je ne risque pas d'être celui qui comprendra ce que cela signifie. », claqua Harry avant d'abandonner le sujet. Il était évident qu'il ne servait à rien de continuer cette discussion. Il partit, laissant Draco le soin d'enlever le charme de silence.

Remus Lupin était un loup-garou.