(Le maraudeur fugitif) La fuite de la grosse dame
Il regarda les étudiants partir vers Pré-au-lard, escortés par plusieurs professeurs. C'était enfin le premier week-end de sortie.
Il attendait depuis longtemps que l'occasion se présente. L'école serait presque déserte pour la journée.
Il scruta la foule pour tenter de reconnaître certains visages. Il connaissait bien sûr les adultes, mais ceux qui l'intéressaient étaient les adolescents.
Les troisièmes années formaient un seul groupe. Pour leur première sortie, ils devaient commencer par découvrir comment ça se passerait avant de pouvoir être autonomes. McGonagall et Rusard les accompagnaient. La présence du concierge était amusante.
Une fille aux cheveux touffus fermait la marche, avec un garçon qu'il n'avait jamais vu. Il savait qui était la fille. Il manquait deux garçons. Les deux qu'il voulait voir.
Il grogna. L'un devait avoir été forcé de rester au château. Privé d'une des sorties les plus amusantes de sa vie juste à cause d'un bout de papier obsolète. McGonagall aurait dû accepter de le laisser y aller. L'autre avait sans doute choisi de tenir compagnie à son ami.
Il n'était pas content que les garçons ne profitent pas de leur voyage, mais il était aussi excité : il pourrait les voir maintenant.
Il attendit que la voie soit libre, puis courut rapidement vers l'école.
Les détraqueurs ne lui prêtèrent pas attention.
Il arriva dans la cour déserte, et renifla l'air. Ils avaient été ici il n'y a pas longtemps. Il se précipita à l'intérieur. Les odeurs étaient plus fortes vers les cachots.
Ils étaient trois. Il connaissait deux d'entre elles. La troisième était à la fois familière et inconnue. Il grogna. Cette odeur ne pouvait provenir que d'un riche Sang-Pur. Il arrêta de grogner. Lui et son meilleur ami en avaient été.
Il n'aimait pas avoir de points communs avec les fanatiques Serpentard, mais il avait celui-ci. Il n'aurait pas été un homme à femmes s'il avait eu une mauvaise hygiène.
Il avait une idée d'où ils allaient, mais n'avait pas envie d'y être. Il attendrait le garçon ailleurs, dans les hauteurs de Gryffondor. À la lumière.
Il savait que le garçon ne partirait pas des cachots avant longtemps.
Il décida alors de se promener dans l'école, de profiter de cet endroit qu'il avait exploré durant 7 ans.
Il parcourut tout le château durant une grande partie de la journée. Ça le changeait de l'air extérieur auquel il avait été soumis durant plus de deux mois.
Il commençait à être tard, il était temps d'aller attendre le garçon.
Il partit vers les escaliers.
Il vit un rat.
Un gros rat.
Il était sûr de le connaître.
Le rat était face à lui, immobile, et le fixait.
C'était ce rat.
Le rat avec un doigt en moins.
Il grogna, fort.
Le rat s'enfuit dans l'autre sens.
Il le poursuivit.
Le rat était rapide.
Ils atteignirent les escaliers, et le rat couru dessus.
Les escaliers bougèrent au mauvais moment, le séparant du rat.
Le rat le nargua d'en haut avant de s'enfuir vers le portrait. Il passerait certainement par le trou.
Il se changea en homme.
« Tu peux courir, Peter, je te trouverais ! Je te tuerais ! »
Sa voix sonnait comme celle d'un fou, mais il s'en moquait. Les escaliers retournèrent à la bonne place, et il se précipita vers la grosse dame. Son regard brillait de la folie qui parcourait le sang de sa famille alors qu'il la regardait.
« Ouvre. », ordonna-t-il.
« Le mot de passe. », exigea d'elle.
« Je ne vais pas jouer à ce jeu, ouvre ! »
Le portrait refusait de lui céder le passage. Mais il savait que son ancien ami traître s'était réfugié dans la salle des Gryffondor.
Il était venu pour son filleul, mais après avoir vu Peter, sa forte envie de vengeance avait refait surface, et il ne pensait plus à rien d'autre.
Après sa défaite au procès, personne ne lui ferait plus confiance. S'il leur disait qu'il avait vu Peter ici et maintenant, en rat, il serait pris pour un fou ou un menteur. Il ne pouvait avertir personne, pas même Remus.
D'autant qu'il avait la ferme intention de tuer Peter. Il n'avait pas envie que Remus l'en empêche.
Il devait entrer, trouver le rat, et le tuer. Il devait venger James.
Il sortit un couteau. « Ouvre, vieille casserole, ouvre ou je te déchiquette ! »
Il vit l'éclair de peur dans les yeux de la grosse dame, mais elle restait têtue. « La voie restera clause pour les assassins, Black. Pars. »
« Je n'en suis pas un ! », beugla-t-il en levant son couteau.
Il était fou de colère. Fou qu'on l'accuse, fou qu'on le condamne alors qu'il était innocent, fou de ne pas pouvoir venger son ami, fou d'être si proche du traître et de ne pas pouvoir l'atteindre, fou devant l'injustice, fou de douleur d'avoir perdu son ami, fou que les Maraudeurs ne soient plus…
Il y avait tant de choses qui attisaient sa colère, qu'il sentit le besoin de se défouler sur la pauvre peinture.
Il déchira le portrait en lambeau.
Il observa ce qu'il avait fait. Elle l'avait cherché, mais ça ne lui ouvrait pas le chemin vers le rat. Le rat qui ne se risquerait pas de sitôt à ressortir.
Il devait fuir et se cacher.
Il courut en dehors des escaliers, trouva un coin isolé, et se changea en animal.
Il devait trouver où se réfugier, mais il lui fallait un endroit que personne ne chercherait et qui lui permettrait de rester proche d'ici et d'observer.
Il ne pouvait faire confiance à personne, personne ne lui faisait confiance, mais il y en avait un qui serait peut-être de son côté.
Aussi étrange que cela puisse paraître, son ennemi de ses années d'études serait le plus enclin à l'aider à se venger de Peter.
Les amis deviennent des ennemis, et les ennemis deviennent des alliés. Il n'allait pas en faire une généralité, mais ça sonnait assez vrai actuellement.
Il entendit un hurlement de loup.
Il était tard, il n'avait pas de temps à perdre.
Tout le monde était certainement dans la grande salle actuellement, il devait en profiter pour se cacher sans croiser personne.
Il se rendit dans les donjons de Snape.
Le trio des héros punis, comme Harry s'était amusé à surnommé l'infortuné groupe qui ne pouvait pas profiter de la sortie à Pré-au-lard, quitta le confort des quartiers du maître des potions lorsque l'heure du banquet approcha.
Ils se rendirent à la grande salle, et s'installèrent au bout de la table de Serdaigle.
Ils furent assez rapidement rejoints par Hermione et Ron.
« Pourquoi là ? » demanda le roux avec une légère expression de dégoût qu'il ne parvint pas à cacher.
« Parce que je n'irais pas à la table des Gryffondor. », répondit Draco d'un ton légèrement hautain.
« Pourquoi pas Poufsouffle. C'est là que vous allez en général. »
« C'est très bien ici aussi. », affirma Hermione.
Draco hésita entre laisser Hermione clore la conversation de la sorte, ou répondre ce qu'il avait en tête et reviendrait en une insulte de Poufsouffle. Il jugea qu'il valait mieux éviter de les critiquer.
Ron passa le repas à leur parler de tout ce qu'ils avaient fait et vu à Pré-au-lard. Hermione le coupait de temps à autre soit pour exiger qu'il mange plus proprement, soit parler d'endroit plus sérieux que les boutiques de bonbon, comme de la librairie par exemple.
Après le dîner, chacun partit vers sa salle commune.
Il y avait un attroupement bruyant devant le portrait de la grosse dame.
« Que se passe-t-il ? » s'interrogea Harry à voix haute.
Ron se mordit la langue. Sa première idée était que Neville avait oublié le mot de passe, or le garçon-qui-avait-survécu était juste devant lui.
Ginny, qui venait de l'avant du bouchon, se fraya un passage jusqu'à eux.
« La grosse dame a été poignardée ! »
« Elle l'a bien cherché, elle chante comme une casserole. », commenta Ron.
« Sais-tu à quel point tu n'es pas drôle, Ronald ? » rétorqua Hermione.
Ils entendaient Percy demander à ce qu'on le laisse passer, répétant qu'il était le préfet-en-chef. Puis virent Dumbledore et Rusard, pour qui tout le monde s'écarta.
Le directeur semblait choqué, pendant que le concierge observait les alentours.
« Monsieur Rusard, prévenez les fantômes, qu'ils cherchent la grosse dame dans tous les tableaux du château. »
« Inutile d'appeler les fantômes, professeur, la grosse dame est là. »
Rusard désignait un autre tableau, et aussitôt tout le monde se dépêcha de s'approcher de l'endroit, malgré les protestations de Percy pour maintenir la discipline.
La grosse dame s'était en effet réfugiée derrière un rhinocéros, dans un tableau de savane.
« Chère madame, qui a osé vous faire cela ? » s'enquit le directeur.
« Son âme est aussi noire que le nom qu'il porte. C'est lui, professeur, celui dont tout le monde parle, Sirius Black. »
Un mouvement de terreur traversa la foule de Gryffondor.
« Condamnez les issues, monsieur Rusard. Tout le monde se rend dans la grande salle. »
Harry resta sur place, choqué.
Son parrain était venu à Poudlard, et avait mis en lambeau le tableau de la grosse dame. Son parrain était venu à Poudlard, et n'était pas venu le voir.
Sirius aurait dû savoir qu'il serait avec Sev et sa mère. Il aurait pu venir l'y trouver. Pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Pourquoi avait-il fait ça à la grosse dame ?
Était-il vraiment fou ?
Quand il prit conscience que Neville l'appelait doucement et avait posé une main sur son épaule, il fit demi-tour pour s'enfuir, poussant son ami et ses autres camarades.
Il ignora les cris de Neville, Hermione et Ron.
Il ne pouvait pas pénétrer dans la salle commune avec le portrait dans cet état. Il s'enfuit vers les cachots.
Il n'eut pas à atteindre sa destination avant de se faire attraper par un grand homme vêtu tout de noir.
« Sirius était là ! Il était là, il a déchiré le portrait de la grosse dame et il n'est pas venu me voir ! »
« Potter ! Cessez de vous donner en spectacle dans les couloirs, personne n'a envie de voir un adolescent arrogant se plaindre de l'injustice de sa vie familiale. »
Harry ferma la bouche immédiatement. Le professeur hocha légèrement mais sèchement la tête pour signifier son appréciation puis le saisit par le bras pour le traîner vers la grande salle.
« Professeur Dumbledore, j'ai trouvé cet imbécile flâner dans les couloirs des cachots. Il préparait certainement un mauvais coup pour honorer la mémoire orgueilleuse de son père. »
Le directeur regarda l'adolescent avec un sourire triste. « Harry ne cherchait certainement pas à faire du mal, Severus. Merci de l'avoir ramené. »
Le maître des potions lâcha l'adolescent qui partit rejoindre ses amis.
Les professeurs travaillaient à préparer la grande salle à accueillir tous les élèves de Gryffondor pour la nuit. Ils faisaient disparaître les tables et les bancs, et apparaître des sacs de couchages, couvertures et oreillers. Ils transfiguraient les vêtements en pyjama et dirigeaient les étudiants pour que chacun se trouve une place.
Quand tout fut fait, Dumbledore envoya les professeurs fouiller le château à la recherche de Sirius Black.
Sirius tournait en rond. Il releva la tête lorsque la porte s'ouvrit et que la salle fut éclairée par ce qui devait être un lumos. L'homme derrière la baguette était parfaitement reconnaissable.
Ils restèrent tous les deux immobiles quelques instants, avant que l'un pénètre dans le lieu en fermant la porte et que l'autre se change en homme.
« Que fais-tu ici ? » cracha le professeur en colère, insistant bien sur chaque mot.
« C'est Peter ! »
Severus n'en croyait pas ses oreilles. « Peter ? »
Sirius hocha la tête comme un dément. « Oui, Peter ! » Il semblait extatique, incroyablement heureux comme si Severus donnait le signe de le croire et que personne d'autre ne l'avait fait depuis une décennie.
Severus pointa sa baguette vers l'homme, sans éteindre le lumos qui devait certainement éblouir le fugitif. « Explique-toi, Sirius, et tâche d'être convaincant si tu ne veux pas que je te livre aux détraqueurs dans les minutes qui suivront. »
Sirius tenta de s'approcher. « Oh, allez Servi… » Il fut forcé de reculer quand Severus fit un pas en avant, sa baguette clairement menaçante. « Tu ne m'enverrais pas aux détraqueurs. Tu préviendrais Dumbledore au pire. »
Le maître des potions ne répondit rien, mais ce silence avait une pointe de danger. Sirius choisit de jouer la prudence. Ses mois de cavale, surtout en passant le plus clair de son temps en animal, avaient eu raison d'une partie de son mental, mais il n'était pas prêt à donner d'avantage d'envie de meurtre à son dangereux et ancien ennemi d'adolescence.
« J'ai vu Peter dans le château ! Je l'ai poursuivi mais il m'a échappé ! Je veux le tuer ! C'est lui qui a trahi James et Lily, lui ! Tu devrais avoir aussi envie que moi de le tuer. Si quelqu'un ne m'en empêchera pas, pour une fois, ce sera toi, n'est-ce pas Snape ? C'est à cause de Peter que James et Lily sont comme ça ! »
« Comment Pettigrow pourrait-il être dans le château, sans que personne ne s'en aperçoive ? » commenta Severus comme si l'idée était absurde. Ce qu'elle serait certainement dans d'autres circonstances.
« C'est un rat ! »
« Cela ne… » Severus s'interrompit tout seul.
Sirius y vit l'espoir que son allié comprenne. « Oui, littéralement ! » cria-t-il de joie.
Severus eut une expression de dégoût. « Tu es encore plus fou qu'avant, Black. Depuis combien de temps es-tu sous cette forme ? » Il fronça le nez. « Et de quand remonte ta dernière douche ? Tu sens le chien mouillé. »
Sirius sentit la colère venir contre Servilus. Vraiment, l'homme avait le don de se faire détester à un point qui lui faisait presque oublier le traître.
« Tu peux parler d'odeur désagréable avec tout le temps que tu passes au-dessus des chaudrons ! La plupart de tes potions sentent pire que moi. Je n'ai pas eu beaucoup le choix depuis que tu m'a condamné à la clandestinité. »
« Je ne t'ai pas condamné, Black. »
« Ton témoignage m'a presque fait jeter à Azkaban ! »
« Si j'avais su que tu deviendrais aussi fou que ta cousine, je les aurais aidés à t'empêcher de fuir. Il y a des élèves dans cette école, et je ne risquerais pas leur sécurité pour toi. Lupin suffit. Et au moins lui garde son esprit clair la grande majorité du temps »
« Nous devons tuer Peter ! »
« Tu vas partir, vite, si tu ne veux pas que j'informe Albus. », ordonna Severus.
« Mais… »
« Maintenant, Black. », articula-t-il distinctement.
Sirius reconnu la menace et se changea en chien. Il attendit que l'homme rouvre la porte.
« Si tu veux récupérer la garde de ton filleul un jour, alors tu éviteras de tuer ce sale rat. Tu ne pourrais plus tenter de clamer ton innocence après ça. »
Le chien aboya un coup pour montrer son mécontentement. Severus ouvrit la porte et lui désigna la sortie d'un geste sec et sévère. Le chien obéit et s'enfuit.
« Clébard ! » rappela le professeur.
Le chien se stoppa, se retourna et grogna.
« Les issues sont condamnées. Suis-moi. »
Le chien revint sur ses pas et marcha dans les traces de l'homme aux allures de chauve-sourie lorsque ses capes volaient derrière lui.
Severus conduisit le chien vers ses quartiers, satisfait de ne croiser personne dans les couloirs même s'il avait placé un charme de désillusion sur l'animagus.
Quand ils entrèrent dans les quartiers du maître des potions, Sirius redevint un homme.
« Que fait-on ici ? As-tu décidé de m'aider à tuer Peter ? Je ne resterais pas caché dans ton salon. »
« Certainement pas. » Severus désigna la cheminée. « Tu sais comment t'en servir. »
« Les cheminées de Poudlard ne sont pas reliées à l'extérieur. »
« Je sais mieux que toi comment fonctionne le château, Black. Tu peux arriver chez Hagrid. De là, tu devrais pouvoir te cacher à l'extérieur. »
Sirius hocha la tête et s'approcha de la cheminée.
« Et, Black, ne reviens pas dans le château. »
Le ton ne nécessitait pas d'exprimer verbalement la menace. Elle était suffisamment claire.
Sirius hocha la tête et s'installa dans la cheminée. « Prends soin d'Harry. » Il lança la poudre de cheminette en annonçant sa destination.
Severus soupira et se passa une main sur le visage.
« Imbécile. »
Maintenant, il allait devoir trouver que dire à Albus. Et à Harry.
Harry n'arrivait pas à dormir. Il ne pouvait pas sortir Sirius de son esprit. Il ne comprenait pas. Alors il écoutait les respirations calmes de ses amis, les allées et venues des professeurs…
Severus entra à grands pas dans la grande salle. Les autres professeurs faisaient déjà leurs rapports à Albus. Personne n'avait vu Sirius. Le maître des potions annonça clairement le fruit de ses recherches.
« Black n'est pas dans les cachots. »
Albus remercia tout le monde, et chacun s'éloigna, à l'exception de Severus qui commença à marcher auprès du directeur entre les rangées des élèves endormis au sol.
Le maître des potions entama la discussion d'un ton bas et posé. « Black n'est nulle part dans le château. »
Albus hocha la tête avec compréhension. Si Severus se permettait de l'énoncer, c'est qu'il s'en était assuré. Le vieil homme ne savait plus quoi penser des actions de Sirius. Il avait été sûr que l'auror avait dit la vérité quand il s'était défendu, alors pourquoi aurait-il déchiré le portrait de la grosse dame comme un dément ?
« Un véritable exploit, vous ne trouvez pas ? » poursuivit le jeune professeur, « Pénétrer dans le château, sans l'aide de personne… »
Tout comme en sortir sans être vu, d'autant que les issues ont rapidement été fermées, songea Harry.
« C'est impressionnant, en effet. »
« Avez-vous des idées de comment il a pu accomplir cela ? »
« J'en ai quelques-unes, mais toutes sont invraisemblables. »
« Vous vous souvenez sans doute de mes inquiétudes en début d'année vis-à-vis de la nomination de Lupin. »
« Aucun professeur n'aurait aidé Sirius Black à pénétrer dans le château. »
Eh bien, Remus pourrait, puisqu'on sait tous que Sirius est innocent, et qu'il voudrait me parler autant que j'aimerais le voir, pensa encore Harry.
Harry tourna son regard vers les fenêtres d'où la pleine lune pouvait être aperçue.
Remus ne pouvait certainement pas aider aujourd'hui entre tous les jours. Ni aider Sirius à entrer, ni l'aider à partir, ni aider les professeurs à chercher où il pourrait bien être. Et Sev savait que Remus ne pouvait pas aider Sirius !
À moins que Sirius ait été présent dans le château bien plus tôt dans la journée. Remus avait une excellente excuse pour ne pas se montrer au reste du château, et pouvait donc s'éclipser le temps d'aider Sirius.
Harry serra sa couverture dans son poing. Il ne pouvait pas être certain que Remus le préviendrait s'il faisait cela après les secrets qu'il lui avait cachés. Il pouvait comprendre qu'il ne lui ait pas parlé de sa lycanthropie, mais il ne digérait toujours pas qu'il l'ait envoyé chez Tante Pétunia juste pour ne pas lui parler du procès de Sirius.
Il se demandait combien de secrets encore avait l'homme, combien lui cachait-il ?
Harry sortit de ses pensées, se sentant glacé d'effroi, au son extrêmement bas de la voix murmurée de Sev. Il était sûr qu'il ne l'aurait jamais entendu si les deux hommes n'étaient pas arrivés à son niveau au moment où le professeur avait rompu le silence.
« J'ai. »
Il y eut un silence d'incrédulité de la part du directeur avant que le vieil homme ne retrouve l'usage de la parole, sa voix n'étant qu'un souffle à peine moins murmuré que Severus. « Tu as quoi ?! »
« Le cabot traînait la patte près des donjons. Je l'ai fait quitter les lieux, mais cela n'explique pas comment il est entré. Bien que Black et ses amis soient passés maîtres pour ce genre de tour lors de leurs études. »
« Bien, je suppose… je parlerais à Remus demain. Quand penses-tu qu'il sera en état ? »
« Si vous voulez profiter de sa fatigue pour arracher des informations du lâche, par tous les moyens, allez-y à l'aurore. Sinon, je ne saurais que trop vous conseiller d'attendre dans la soirée. Le mieux serait de lui laisser toute sa journée de repos, mais s'il sait pour Black dans l'hypothèse où il l'aurait aidé, vous ne ferez que lui donner plus de temps pour trouver une excuse. »
« Remus ne pourra pas me mentir, Severus. »
Severus roula des yeux. « Comme je disais, lui et ses amis sont passés maîtres dans l'air de mentir et d'inventer des excuses. Un rat a été capable de vous cacher sa traîtrise, j'imagine que ce ne serait pas trop compliqué pour un loup. »
« Severus… » Le ton du directeur était un avertissement.
Le regard de Severus se posa sur Harry. « Tous ces élèves dorment, Albus. Aucun ne peut m'entendre. »
Harry avait le sentiment qu'il ne faisait pas partie des élèves comptés par Sev. Il sentait son regard comme s'il brûlait son crâne au travers de ses mèches indisciplinées.
Un instant, il entendit une formule similaire à un chant. L'instant d'après, il sentit enfin la fatigue lui faire grâce de sa présence.
