(Le maraudeur fugitif) Il était leur ami !
Après avoir bien ri, les garçons décidèrent de découvrir le reste de Pré-au-lard. Ils étaient tous trois sortis clandestinement du château dans ce but précis.
Harry invita Neville et Draco sous sa cape, et ils suivirent Hermione et Ron vers le village.
Le duo leur parla de toutes les boutiques qu'ils croisèrent depuis la rue. En somme, ils leur firent une visite guidée.
Ron trouvait très perturbant de parler à quelqu'un qu'il ne pouvait pas voir, et dont il ne sentait même pas la présence. Hermione, de son côté, agissait parfaitement normalement.
Plusieurs fois, le roux se tourna pour tenter de distinguer ses camarades, mais il ne voyait que les autres passants. De temps en temps à ces moments là, Hermione tirait sur son bras pour le remettre dans le bon sens.
Ils s'arrêtèrent lorsqu'ils virent le ministre et McGonagall arriver devant Rosmerta, pour laquelle Hermione prétendait que Ron avait le béguin.
La gérante de l'auberge râlait contre le ministre au sujet des mesures de sécurité prises qui faisaient fuir ses clients. L'homme se justifiait sur le danger que représentait Sirius Black. McGonagall proposa de tout expliquer à Rosmerta à l'intérieur.
Curieux, Harry décida de les suivre rapidement.
Quand le garçon commença à bouger, Draco réagit immédiatement. Son intérêt était également piqué, et il ne voulait pas perdre l'invisibilité fournie par la cape. Il attrapa le bras de Neville et emboîta le pas à Harry.
Neville fut surpris par le mouvement imprévu, mais il n'était pas étonné de cette décision. Peu désireux d'être laissé sur place, il se laissa emporter par le courant.
Harry bouscula Ron et Hermione pour passer entre eux. Inévitablement, Draco et Neville qui étaient côte à côte juste derrière leur ami les bousculèrent à leur tour.
« Harry ! » appela Hermione, les yeux fixés sur les traces de pas qu'ils laissaient dans la neige.
« Ils sont trois. », chuchota Ron alors qu'Hermione se mettait à courir vers la porte refermée. Le trio était parvenu à se glisser à l'intérieur.
« Ils parlaient de Sirius Black. », rétorqua-t-elle comme si cela expliquait tout, et c'était le cas. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle se fit accueillir par des têtes réduites qui leur interdirent l'accès.
« Charmant. », commenta-t-elle en refermant.
« On fait quoi maintenant ? » questionna le roux.
Hermione observa les alentours. « On attend. » Elle repéra un banc sur le côté et s'y dirigea.
« Vraiment ? » grimaça le roux.
« Oui, vraiment. Tais-toi, Ronald. »
« On peut parler au moins. Ça ressemblerait à rien si on était juste assis là tous les deux à rien faire. »
Elle soupira. « D'accord. »
Harry suivit à l'étage les trois adultes. Il était content que ses deux amis l'aient suivi, mais afin de ne pas se faire remarquer, il garda le silence. Il ne pouvait pas non plus se permettre de ralentir le pas s'il ne voulait pas perdre les informations de McGonagall.
Il rouvrit la porte de la pièce où étaient allés les trois adultes, et ils entrèrent à leur tour. Rosmerta ne sembla pas plus perturbée que cela, et referma simplement la porte après leur passage.
Ils se placèrent dans un coin près de la porte et écoutèrent la conversation se poursuivre.
« Alors, vous disiez ? » questionna la propriétaire des lieux.
McGonagall, assise sur un canapé, commença à raconter.
« Vous vous souvenez que durant la Première Guerre, les Potter se sont cachés parce que Vous-savez-qui les ciblait, et que très peu de personnes savaient où ils se trouvaient ? »
Rosmerta acquiesça, et le professeur continua son explication.
« Sirius Black et Peter Pettigrow étaient de ceux-là. »
Le ministre coupa. « Sirius Black était le gardien du secret des Potter, voilà la vérité. Seul lui pouvait divulguer à d'autres où ils se trouvaient. Et il l'a dit à Vous-savez-qui. »
McGonagall secoua la tête. « Non, c'était Peter Pettigrow. »
« Ce garçon un peu empoté qui traînait toujours derrière James et Sirius ? » questionna Rosmerta, à la fois incrédule et sceptique. « Il les adoraient ! Je me souviens qu'il riait à tout ce qu'ils faisaient. Un garçon gentil, si vous voulez mon avis. Mais c'était un suiveur qui ne prendrait pas ses propres décisions. »
« Il l'a fait ! » assura le ministre. « Quand il a compris que Sirius Black avait trahi les Potter, il l'a poursuivi, et est allé se battre contre lui en héros. »
McGonagall lança un regard noir au ministre. « Sirius devait être le gardien, et il nous l'a fait croire à tous, mais c'était pour protéger de manière insoupçonnable celui qui l'était vraiment, Peter. Après les drames qui ont touché les Longbottom et les Potter, Albus a confronté Sirius Black à ce sujet. Vous comprenez, c'est le parrain d'Harry Potter, c'était à lui que revenait la charge d'élever le garçon à la disparition de ses parents. Albus lui a confié Harry Potter uniquement parce que Sirius Black n'était pas un traître. »
Rosmerta avait clairement du mal à suivre ce que voulaient expliquer ses deux invités. « Le procès de Sirius Black a eu lieu, un verdict a été donné, alors pourquoi n'êtes-vous toujours pas d'accord sur ce sujet ? »
« Le procès ne parlait pas de qui avait vendu les Potter à Vous-savez-qui. C'était un procès pour juger Sirius Black sur la mort de Peter Pettigrow et de douze témoins moldus. »
Le ministre acquiesça. « Qu'importe qui a trahi, les deux se sont battus, et le résultat a été la mort de Peter Pettigrow et de douze moldus. Black est foncièrement mauvais. Ces crimes sont abominables. Il n'a pas tué Peter Pettigrow, il l'a détruit ! Il ne restait qu'un doigt de Peter, un doigt ! Et ils étaient amis ! »
Harry commençait à trembler sous sa cape, et appuyait sa main contre sa bouche pour ne pas émettre de sons. Neville s'appuya contre son dos, et posa ses mains sur les épaules de son ami dans un mouvement de réconfort.
« Comment ont-ils jugé si Sirius Black était coupable ou non s'ils ne savaient pas lequel a trahi leurs amis à Vous-savez-qui ? Il est plus probable que le Mangemort des deux soit celui qui tuerait les moldus. Sirius Black est l'un des meilleurs aurors, pourquoi ne pas croire en sa parole ? Il ne tuerait certainement pas un ami. »
« Parce que vous pensez que Sirius Black verrait Petter Pettigrow comme un ami si l'un ou l'autre avait trahi les Potter ? » rétorqua le ministre. « Un seul des deux est mort. Et il ne s'est pas suicidé. Sirius Black a forcément tué Peter Pettigrow, il n'y a pas d'autres explications. Ce qui me fait penser que Sirius Black était le traître. »
« Ne soyez pas ridicule, Fudge. », coupa McGonagall. « Lily, la femme Potter, a tout fait pour disculper Sirius au procès. »
« Elle n'a rien dit sur ce drame. »
« Parce qu'elle ne savait rien dessus, mais elle savait qu'il n'était pas un traître, puisqu'il n'était pas leur gardien du secret. Seul Peter Pettigrow pouvait les avoir trahis. »
« Comment s'est passé le procès ? » interrogea Rosmerta. « Ils étaient quatre amis si je me souviens bien. Le quatrième, toujours calme, était-il présent ? A-t-il parlé pour ou contre Sirius Black ? »
McGonagall acquiesça. « Remus Lupin, oui. Il est venu défendre Sirius Black. Ils sont toujours amis. Il a aidé Sirius à s'occuper d'Harry Potter ces douze dernières années. Et je vous garantis que son témoignage était parfaitement valide. Il est professeur de défense contre les forces du mal cette année, le meilleur que j'ai vu passer depuis des années. Il est honnête et un bon juge de caractère. S'il n'y avait pas cette malédiction sur ce poste, je serais vraiment heureuse qu'il puisse rester à Poudlard. »
« Oh, oui, assurément si c'est un professeur, surtout s'il est monté haut dans votre estime et celle d'Albus, alors sa parole a un poids important. », commenta sarcastiquement le ministre.
« J'aurais tendance à le croire. », confirma néanmoins Rosmerta avant que MacGonagall ait pu s'énerver.
« Dans ce cas là, certainement pouvez-vous croire un autre témoignage, d'un professeur bien plus ancré à Poudlard que ce Lupin. Severus Snape a été interrogé également, vous savez. »
« Qu'a-t-il dit ? »
« Rien de vraiment important. », écarta McGonagall.
« Oh, pardon, mais c'est ce qui a condamné Sirius Black. », rétorqua le ministre. « Il a confirmé que Sirius Black était capable d'un meurtre. Et je vous assure que la cour a pris ce témoignage-là très au sérieux. »
Harry s'enfuit, ne cherchant plus à en écouter davantage. Neville, qui ne comptait pas abandonner son ami, et Draco, qui ne voulait surtout pas se faire repérer alors qu'il était interdit de sortie, le suivirent tant bien que mal.
Ils se fichaient actuellement d'ouvrir la porte en grand, de bousculer des meubles ou d'autres choses visibles qui devraient nécessiter qu'ils soient visibles également pour ne pas donner l'impression que l'endroit était hanté.
Dès qu'ils furent sortis de l'auberge, Harry et Neville se précipitèrent vers la cabane hurlante. Cependant, Draco trébucha, et fut incapable de les suivre. Il parvint à ne pas tomber, mais sortit de sous la cape.
Hermione avait vu la porte s'ouvrir et les traces apparaissant dans la neige. Elle se leva, imitée par Ron, et alors qu'elle s'apprêtait à les suivre, Draco réapparut presque maladroitement.
« Merlin ! », jura-t-il entre ses dents.
Ron observa les pas foncer vers la chorale menée par Flitwick et la traverser en bousculant la majorité des chanteurs qui s'effondrèrent avec un effet de domino au sol. « Euh… », fit-il.
Draco grimaça davantage en voyant le duo. Il alla à la rencontre de la fille, et malheureusement par conséquent du roux également.
« Que s'est-il passé ? » demanda Hermione.
« Nous avons écouté. » Prudent, il lança le sortilège informulé de silence que lui avait enseigné son parrain, afin de s'assurer que personne d'autre ne puisse l'entendre expliquer. « Ils ont parlé de l'histoire de Sirius Black et de son procès. Les parents d'Harry étaient traqués par le Seigneur des ténèbres, pas que je sache pourquoi. Ils se sont cachés grâce à quelque chose qu'ils ont appelé un gardien du secret, qui était le seul à pouvoir communiquer leur emplacement. Sauf que comme nous le savons, ma tante les a trouvés, donc quelqu'un a parlé. Deux personnes auraient pu être le gardien : Black, qui est le cousin de ma tante, ou Pettigrow, l'ami de Black, Lupin et des Potter. »
« Oui, celui que Sirius Black est accusé d'avoir tué avec douze moldus. »
« Exactement. McGonagall pense que Pettigrow les a trahis, et Fudge pense que c'est Black. Quoi qu'il en soit, l'un aurait poursuivi l'autre en découvrant la traîtrise, et Black aurait tué Peter. Ils ont parlé du procès. Tante Lily et Lupin auraient tenté sans succès de défendre Black. »
« Tante Lily ? » questionna Ron. Draco l'ignora avec dédain.
« Oh, et ils ont dit que ce qui a déclaré Black coupable était le témoignage peu élogieux de mon parrain. »
« Quoi ?! » cria la fille. Immédiatement, elle se précipita pour retrouver leurs deux amis. Draco et Ron se dépêchèrent de la suivre.
Harry retourna dans la forêt, près de la cabane hurlante. Il y avait un rocher où il se laissa tomber pour pleurer.
Neville enleva la cape qui les recouvrait tous les deux jusqu'à présent et la posa à côté d'eux, assis à gauche de son meilleur ami.
Il hésita quelques instants, puis décida d'entourer Harry dans ses bras. Les câlins faisaient toujours du bien, et il espérait qu'Harry soit d'humeur à accepter ce réconfort. Il fut satisfait que son ami ne le repoussât pas, mais peu surpris. S'il avait voulu être seul, le garçon à lunette lui aurait déjà signifié et l'aurait chassé avant qu'il puisse s'installer à ses côtés.
Neville se sentait maladroit quand même. Il n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait ressentir son ami, mais il savait que ce devait être terrible.
Il n'osa rien dire. Rien ne serait bon à dire.
Ils restèrent comme ça un petit moment avant qu'Harry sèche ses larmes. Ensuite, ils entendirent les pas rapides dans la neige. Ils relevèrent la tête et purent bientôt voir leurs autres amis arriver en courant.
Hermione se précipita vers eux, tandis que Ron s'arrêta à une bonne distance, et que Draco décida de ne se rapprocher qu'en marchant, doucement.
« Harry ! » cria la fille.
Le garçon aux yeux verts et rouges d'avoir pleuré lança un regard sombre à son amie. « Ne dis rien, Hermione. Surtout, ne dis rien. »
Il tourna son attention vers Ronald. Il serra les poings. Ron blêmit sous ce regard plus intense que tout ce qu'il avait déjà vu sur le visage de son camarade. Et il avait déjà vu plusieurs fois son camarade en colère contre lui, ce qui voulait dire beaucoup.
« Tu avais raison. », cracha Harry en direction du roux.
« Q-quoi ? »
« Tu avais raison. À propos de Snape. »
« Harry ! » crièrent les trois autres en chœur.
L'adolescent les ignora. « C'est à cause de lui. Tout ça, c'est à cause de lui ! » Il se leva pour crier plus fort en direction du malheureux Ron qui ne comprenait pas pourquoi ça tombait sur lui.
« Mon parrain risque la prison à cause de mon beau-père ! Je l'aimais ! Je les aimais tous les deux ! Ils ne peuvent jamais s'entendre ! Ils sont toujours à se disputer, s'insulter ou même se crier dessus ! Mais j'espérais qu'au moins, au moins, ils seraient assez adultes pour mettre leurs différends de côté pour moi ! Je sais qu'il déteste Sirius, mais je pensais qu'il m'aimait ! Et je me trompais. Tu avais raison Ron ! Tu avais raison ! »
« Non, il avait tort. », trancha Draco avec force. Il ne criait pas, mais il parlait suffisamment fort pour pouvoir couper Harry. Il ne fut pas effrayé par le regard enflammé que son ami lui lança. Il ne fut pas perturbé non plus de le regarder dans les yeux malgré les larmes qui avaient recommencé à couler sur les joues du brun à la moitié de son discours.
« Weasley ne sait rien. Il ne sait pas ce que vous avez vécus, ni comment vous avez été élevés et éduqués. Il ne sait pas de quoi est capable Oncle Sev pour ceux qu'il aime. Il pense même qu'il n'a pas de cœur, ce qui est plutôt stupide. Il le voit comme un professeur sévère, et donc cruel parce qu'il ne sait pas accepter la discipline. Mais toi, tu sais. Toi, tu as vu Oncle Sev pour ce qu'il est, et ce n'est pas ce qu'ont dit Fudge ou McGonagall qui devrait changer ça. »
« Tu as entendu comme moi, Draco ! Il a déclaré que Sirius était capable de tuer ! »
« Et c'est sans doute vrai. »
« Non ! Il m'a trahi ! C'est à cause de lui que je n'ai plus mon parrain ! Je ne lui pardonnerais pas. Je ne lui pardonnerais jamais. »
Neville posa une main sur l'épaule de Draco pour l'arrêter et secoua doucement la tête. Il chuchota au blond. « Laisse-le, c'est inutile. Il se calmera tout seul. »
Harry reprit sa cape et s'éloigna. Il n'avait plus envie de rester ici, ni d'être avec ses amis. Aucun ne comprendrait.
Draco serra les poings, et sentait que ses joues étaient rouges. Il pourrait toujours accuser le froid. « Il ne se calmera pas. Il est toujours en colère contre Lupin depuis trois mois, et ça m'étonnerait que l'homme ait fait quelque chose d'aussi… compromettant. »
« Doit-on le dire à Severus ? » demanda Hermione.
Ron, de plus en plus dépassé par cette scène irréaliste, laissa tomber sa mâchoire à ça. Comment l'avait-elle appelé ?! Elle ne parlait sans doute pas de…
Draco secoua la tête. « Je ne veux pas être celui qui lui dit que nous sommes allés contre son ordre, puis contre le règlement, pour entendre ça. Il verra bien assez tôt qu'Harry ne va pas bien. C'est une affaire entre eux. »
Neville confirma. « Ça ne concerne que Harry et Severus, et nous devrions rester en dehors de ça. Aucun de nous n'est bien placé pour nous mettre entre un ami et son père, fut-il imaginaire ou non. »
