(Le maraudeur fugitif) La carte ne se trompe jamais


Ron passait ses journées en ce moment à se plaindre du chat d'Hermione qui aurait soi-disant mangé son rat.

Cela énervait fortement Harry, et commençait même à user la patience de Neville.

En tout cas, Hermione ne le supportait plus et avait abandonné de l'aider à réviser pour les examens.

Draco avait plusieurs fois lancé un sort de silence au roux lorsque le Weasley geignait devant lui.

Ronald avait vite appris à ne pas en parler devant le Serpentard.

En revanche, il en parlait dans son sommeil. Celui de Harry étant léger, il l'entendait régulièrement. En fait, Harry dormait rarement tôt, et restait éveillé pour lire.

Harry avait pris l'habitude d'observer la carte la nuit grâce à un Lumos. Il trouvait cet artefact fabuleux, d'une grande finesse et expertise. Il la lisait pour découvrir tous les passages secrets dont il ignorait l'existence.

Il aimait particulièrement la carte, car c'était une sorte d'héritage pour lui. Avec elle, il avait avec lui un morceau de magie de Sirius et Remus. Il se fichait totalement qu'elle soit aussi à James ou à ce Queudver.

Et si Queudver était Peter Pettigrow ? Qu'importe.

Grâce à ses soirées de lecture, il avait découvert que Rusard n'était pas le seul à faire de tour de ronde la nuit, mais aussi certains professeurs. C'était pratiquement une habitude de Severus de marcher dans le château la nuit. Et il était le plus doué pour attraper les élèves qui rompaient le couvre-feu.

Les nuits de pleine lune, Remus restait dans son bureau, et marchait un peu comme Dumbledore le faisait dans le sien. Ayant connaissance de la potion tue-loup que préparait Severus, Harry était tenté de s'introduire dans le bureau de Remus un jour, juste pour voir à quoi il ressemblait en loup inoffensif.

Cependant, il savait que Sev et Remus seraient très en colère s'il le faisait. Sa mère aussi.

Sa mère… les jumeaux s'étaient bien gardés de lui dire qu'elle apparaissait sous le nom de Lily Potter. Au moins, ils gardaient cette information pour eux.

Une nuit, il repéra soudainement "Peter Pettigrow" dans un couloir. Ce n'était pas possible, il était mort ! Ou peut-être pas d'après Sirius.

Mais alors c'était là la preuve que Sirius était innocent.

Faisant fis de toute prudence — s'en était-il soucié les années précédentes quand il avait affronté Quirrel et un basilic ? — il enfila ses pantoufles et décida d'y aller.

Il jeta un œil à Neville et Ron, mais il jugea totalement inutile de les réveiller.

Il se dirigea rapidement vers l'endroit. Lorsqu'il arriva à proximité, il continua lentement. Il surveillait toujours la carte d'un œil, le couloir de l'autre, avec comme seule lumière le Lumos au bout de sa baguette.

Un portrait se plaignit de cela. Il s'excusa sommairement. Peter Pettigrow était censé être devant lui. Et il ne voyait personne. Il s'arrêta. Les pas de Peter se rapprochaient des siens, mais il ne voyait toujours rien.

Peter lui passa à côté sans qu'il ne le repère.

Peter n'avait pas été là.

La carte ne fonctionnait pas toujours.

Il vit alors les pas de Severus arrivé au croisement non loin. Il éteignit sa baguette et prononça « Méfaits accomplis » rapidement à voix basse.

Il s'apprêtait à se détourner pour partir à l'aveugle, vite, lorsqu'un Lumos silencieux s'alluma soudainement devant lui. Comment Severus faisait-il ses tours de ronde sans lumière ?!

« Harry, que fais-tu dans les couloirs ? »

« Euh, je… marche ? »

« Est-ce une question ? »

« Oui ? Euh, non ! »

« Es-tu conscient que c'est bien après le couvre-feu ? »

« De toute évidence, oui… »

Severus haussa un sourcil. Harry fronça les sourcils à cela.

« Quoi ? Je n'allais pas nier un fait aussi clair. », se justifia-t-il.

« Alors peut-être pourrais-tu trouver le moyen de m'expliquer ta claire désobéissance du règlement ? »

Harry baissa les yeux sur le parchemin vierge qu'il tenait dans ses mains.

« Donne-moi ce parchemin. », exigea le professeur en tendant la main.

Harry lui remit. « Tu ne verras rien. »

Severus pointa sa baguette dessus. « Révèle tous tes secrets. », prononça-t-il, avant de la rendre à l'adolescent. « Lis. »

Harry baissa les yeux sur la carte qu'il tenait à nouveau. Il rougit.

« À haute voix. », précisa l'homme.

L'adolescent releva les yeux vers le professeur. « Non. Je ne le lirais pas. »

« Maintenant. »

« Ça t'amuse ? Si tu sais ce que c'est, ne me demande pas de faire ça. »

« Ne me fais pas répéter, Harry. »

À contrecœur, le Gryffondor lut la mauvaise plaisanterie. « Messieurs Moony, Queudver, Patmol et Prongs présentent leurs respects au professeur Snape et le prient de cesser une fois pour toutes de mettre son énorme nez dans les affaires des autres. »

Harry avait rarement vu Severus aussi énervé. L'homme lui arracha le document. « Comment est-ce arrivé dans tes mains ? »

« Severus. », fit Remus en arrivant derrière son collègue qui se retourna.

« Lupin… Vous êtes allé faire une promenade au clair de lune ? »

Remus sourit et choisit de l'ignorer en portant son attention sur son élève. « Harry, tout va bien ? »

« L'insulte était obligée ? »

« Quelle insulte ? »

Severus présenta la carte à son ancien camarade. « Je viens de lui confisquer ceci. Si je ne savais pas qu'elle était enfermée dans le bureau de Rusard, je pourrais penser que toi ou Black lui aviez donné. »

« J'ignore comment Harry l'a obtenue, Severus. Mais puisque tu ne peux pas t'en servir, tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je la récupère ? »

C'était une fausse question, et Remus récupéra son ancien travail sans attendre de réponse. Avant que Severus n'ait pu disputer cela, Harry les coupa soudainement.

« J'ai vu Peter Pettigrow sur la carte. »

Les deux hommes tournèrent la tête vers Harry.

Remus avait l'air hanté. « Non, c'est impossible. », souffla-t-il.

« C'est pour ça que j'étais debout. Je l'ai cherché, mais je n'ai vu personne. Son nom était là, et il m'est même passé à côté sans que je puisse voir quoi que ce soit. C'est là que Sev est arrivé. »

Severus pointa sa baguette vers l'adolescent. « Tu étais donc en train de lire une carte magique du château lorsque tu aurais dû dormir, et en lisant un nom de quelqu'un de théoriquement mort, quelqu'un que Black accuse d'avoir explosé pas moins de douze moldus et d'avoir trahi tes parents au Seigneur des Ténèbres, tu as décidé d'aller à sa rencontre seul, sans prévenir le moindre adulte ? »

« Je savais que tu le prendrais mal quand je le dirais. », marmonna l'adolescent.

« Avec raison ! » s'écria Remus.

« Je m'occupe du garçon, Lupin. », déclara froidement Severus avant de s'approcher de l'adolescent et de le pousser vers la tour Gryffondor.

Harry se laissa guider docilement.

Ils firent le trajet en silence.

Ils n'étaient pas totalement dans le noir, mais Severus avait réduit la luminosité de sa baguette au minimum, leur permettant juste de distinguer les formes des murs et du sol suffisamment pour qu'Harry puisse identifier le chemin qu'ils prenaient.

Arrivé devant le portrait de la Grosse Dame, Harry se retourna.

« Tu ne vas pas me punir ? Ou me faire la morale ? Oncle Remus allait le faire. »

« Tu me rends la tâche de te trouver des punitions sans cesse plus difficile. Ne pourrais-tu pas enfin apprendre à obéir ? C'est ta propre vie que tu as mise en danger ce soir. Tu avais la carte de ces misérables Maraudeurs, et tu n'as même pas pris la peine de penser que "Moony" pourrait s'en occuper. Tu es assez intelligent pour savoir quels sont tous les reproches que nous pourrions te faire, Harry. Je me contenterais de te mettre en retenue avec Monsieur Rusard pendant une semaine. Tu feras du nettoyage et tu pourras réfléchir à tes actions. »

« Si Peter Pettrigrow est vraiment là, si nous sommes en danger, est-ce que Rusard est la meilleure des protections ? »

« Poudlard est un endroit sûr. »

« La carte a montré Peter Pettrigrow. Et je n'ai pas trouvé ce château très sûr ces dernières années. Tu m'as escorté jusqu'ici, tu n'étais absolument pas obligé de le faire si tu pensais que j'étais en sécurité. »

« Va te coucher, Harry. Ta punition ne change pas. J'enlève également 50 points pour mise en danger d'un élève. Tu l'expliqueras à tes camarades. »

« C'est mesquin. »

« Va dormir. », répéta le professeur d'un ton menaçant.

Peu intimidé, Harry haussa les épaules et retourna au lit.

Le souvenir d'avoir vu Peter Pettrigrow le hantait.

Pour s'endormir, il repensa au souvenir qu'il utilisait pour produire son filet de vapeur de patronus.


Il était jeune, environ 5 ans, peut-être moins.

Sirius et Remus l'avaient amené à l'hôpital dans l'aile psychiatrique durant un week-end d'automne.

Sirius voulait voir James, mais Remus commençait à avoir des scrupules à permettre à Harry de le voir.

Ça ne faisait jamais du bien de voir James Potter.

Alors ils laissèrent le petit garçon auprès de Lily et bien sûr de Severus.

À l'époque, Sirius n'aimait toujours pas l'idée que son ancien ennemi soit dans les parages, mais Remus n'avait aucun problème avec ça et s'efforçait au maximum d'entretenir les relations les plus cordiales possibles avec le jeune professeur.

Severus était occupé à discuter avec un médecin quand Sirius et Remus déposèrent Harry dans la chambre.

Le petit garçon chercha l'étreinte de sa mère pendant que Severus demandait à l'inconnu en bouse de laisser Lily sortir prendre l'air.

Il y avait bien un jardin à l'hôpital, pourquoi ne pourrait-il pas emmener Lily là-bas ?

Severus parvint à convaincre l'homme, et retourna auprès de Lily pour remarquer le petit garçon qui lui souriait.

Severus soupira et prit l'enfant dans ses bras. Il devait s'en occuper jusqu'au retour des deux maraudeurs. Il ne pouvait pas le laisser là pendant qu'il se promènerait à l'extérieur avec Lily.

Portant Harry pour ne pas être ralenti, il conduisit sans difficulté Lily à l'air libre.

Après une petite promenade, Lily s'assit sur un banc en bois, à l'ombre d'un grand chêne qui perdait ses feuilles. Severus posa le garçon à côté d'elle et s'écarta de quelques pas. Il resta debout à les observer distraitement, s'efforçant d'avoir l'air détaché et de regarder ailleurs.

C'est ce jour-là que Lily montra à son fils qu'elle pouvait faire pousser une fleur dans sa main.

Émerveillé, Harry l'imita, avec succès.

Lily était aux anges.

« Oh, Harry, c'est merveilleux ! Severus, tu as vu ? Il arrive à maîtriser sa magie accidentelle. »

« Ce n'est plus accidentel dans ce cas. », commenta vaguement l'homme, alors que toutes les feuilles mortes qui jonchaient le sol alentour s'envolèrent et dansèrent autour d'eux.

Harry savait que ce n'était pas lui qui le faisait. Et au bonheur de sa mère face au spectacle, ce n'était pas elle non plus.

Severus souriait légèrement, content que Lily et Harry rient de joie de son œuvre.

Après cela, Harry voulut donner à ce sol d'automne l'allure fleurie de printemps.

Mais il ne pouvait pas.

La tristesse le prit, et il sentit les larmes couler sur ses joues alors que ses pleurs commençaient. Lily le prit dans ses bras en retour pour le consoler.

« Oh, mon chéri, dis à Maman ce qui ne va pas. »

« Je voulais que ce soit beau. Mettre des fleurs partout. Comme dans nos mains. Mais le sol ne veut pas. »

Severus fronça légèrement les sourcils.

« Je vais te montrer quelque chose. », déclara-t-il.

Harry sécha ses larmes. « Quoi ? »

« Tu dois me promettre d'être calme, et de faire tout ce que je te dis. »

Harry hocha la tête. « D'accord. »

« Nous allons transplaner, ça va un peu te secouer, et ce ne sera pas très agréable. Avale ceci, ça t'aidera à le faire passer. »

Severus sortit une petite fiole de sa cape et la donna à l'enfant qui ne s'interrogea même pas sur le fait que l'homme avait ça de prêt dans sa manche.

Techniquement, trasplaner avec un enfant dont il n'était pas le gardien, sans prévenir personne, était un enlèvement. De même, le faire avec une malade comme Lily sans l'avis du médecin revenait à la même chose.

Mais Severus s'en fichait. Même s'il avait acquis une grande maturité avec son enseignement, il était encore jeune. Et surtout, il n'aimait pas voir les larmes sur les joues du fils de Lily. C'était parce que ça rendait aussi Lily triste, bien sûr, il n'y avait aucune autre raison. Du moins s'en convaincrait-il à l'époque.

Severus prit le garçon dans ses bras, Lily s'accrocha à lui, et il transplana.

Ils arrivèrent dans le bois qui longeait la rivière de leur village natal où il avait grandi avec Lily.

Ils marchèrent doucement et silencieusement jusqu'à apercevoir une petite clairière, et une biche.

Severus siffla étrangement et l'animal redressa la tête puis s'approcha d'eux.

« Ça, Harry, c'est la biche de ta mère. », chuchota le sorcier à son oreille pendant que la créature venait à leur rencontre.

Harry tendit la main pour la caresser, et Severus se pencha pour lui permettre. L'animal sauvage et usuellement farouche le laissa faire.

Lily s'approcha et la caressa également. « Comment as-tu fait, Sev ? C'est magique. »

« Je suis un sorcier, Lily. », sourit-il.

Ils rencontrèrent ensuite des faons, et même un cerf de loin. Seule la biche s'était vraiment approchée.

Lorsque Severus les raccompagna à Ste Mangouste, Sirius était hors de lui, et Remus, jusque là très inquiet, devint immensément soulagé. Même Albus avait été prévenu et vint pour exprimer son désaccord.

Cependant, Harry vit qu'un léger sourire ornait les lèvres du vieux sorcier quand le directeur pensait qu'il ne voyait pas. L'homme chuchota à Severus, « Tu as bien fait. »


Harry jouait avec sa baguette, allongé sur le sol de la salle de classe de Remus, alors que Draco et Neville travaillaient une dernière fois le sortilège pour la journée. Puis, les deux garçons se laissèrent tomber chacun d'un côté de leur ami, exténué et essoufflé.

« Tu ne veux toujours pas nous dire ton souvenir ? » questionna Draco.

« Non. »

La fin de l'année approchait. Ils terminaient l'avant-dernière semaine de cours avant les examens, et en étaient à leur quatorzième et dernière séance. La semaine suivante serait le dernier match de Quidditch qui déterminerait le vainqueur de la coupe, puis viendrait rapidement la fin d'année.

Harry ne faisait pas de progrès, et il doutait d'y parvenir.

« Et vous, qu'avez-vous utilisé ? » demanda-t-il.

Draco venait de réussir à produire le mince filet. Il soupira. « Un moment quand j'étais petit et où ma mère m'a rassuré. »

« Cela manque cruellement de détails. »

« Il n'y en a pas besoin. C'est l'intention qui compte. Et toi, Nev ? »

« Je vais réessayer une dernière fois. », répondit simplement le garçon.

« Alors en place. Harry ? » appela Remus, prêt à rouvrir la caisse.

Harry se releva, à moitié mécontent de devoir quitter sa position de sieste, à moitié admiratif de la ténacité de son meilleur ami.

Neville était bien moins bon en charme que ses deux camarades qui ne parvenaient à produire qu'une légère vapeur, et pourtant, il s'acharnait sur celui-ci.

C'était agréable d'un certain point de vue de voir que Neville avait encore confiance en sa capacité à réussir ce sort particulier.

Harry se plaça devant le coffre. Debout derrière lui, Neville pointa sa baguette, déterminé.

Draco resta assis à l'écart. « Tu es sûr de ton souvenir, Nev ? »

Le garçon hocha la tête.

Remus vérifia encore. « C'est votre dernière chance. Il ne faut pas trop abuser des bonnes choses. »

« Oui. », confirma Neville.

« Par curiosité, qu'as-tu choisi ? » demanda Harry, pas assez tôt pour que Remus arrête son mouvement d'ouvrir le coffre.

Le faux détraqueur s'éleva.

Neville inspira. « Je pense à nos dernières vacances de Noël. Expecto Patronum. … Expecto Patronum. »

Neville sentit la magie vibrer dans sa baguette. Puis la lumière se forma. Il dirigea son bouclier pour repousser l'épouvantard dans le coffre, que Remus referma en riant de bonheur.

Dès qu'il lâcha son sort, Neville fut attrapé dans une étreinte solide par Harry.

C'était la fin d'une longue série d'entraînement.

Aucun de leurs patronus n'était parfait, mais ils avaient tous les trois réussi.

« Dans quelques années, vous devriez être capable de produire un patronus corporel. », applaudit Remus.

« Quelques années ? Nous y arriverons avant. », assura Harry, plein de détermination.