(Le maraudeur fugitif) La biche
« Voilà le professeur Lupin. », annonça doucement Hermione.
Neville et Draco se reposaient, chacun adossé à un arbre, tandis que la fille et Harry surveillaient les alentours du saule cogneur.
Harry avait déjà raconté à son amie les séances d'entraînement au Patronus qu'il avait fait avec Remus et les deux autres garçons.
Hermione lui avait expliqué que c'était Severus qui les avait trouvés après qu'ils se soient évanouis à cause des détraqueurs.
Pendant qu'Harry et Neville partaient à la suite de Sirius et Remus, le maître des potions avait ramené tous les autres au château, directement à l'infirmerie. Il avait appelé Madame Pomfresh pour qu'elle s'occupe de Ron, puis était parti voir Dumbledore et Lily avait insisté pour l'accompagner.
De ce qu'Hermione avait compris, pendant que Dumbledore appelait le ministre pour l'informer de leurs découvertes sur Peter, Severus était retourné chercher les trois personnes manquantes.
Severus était revenu à l'infirmerie avec Lily et les corps lévitant et inconscients de Sirius, Neville et Harry pendant que le ministre interrogeait les trois autres adolescents qui avaient soigneusement choisi de taire le fait que l'un de leurs professeurs était un loup-garou.
Mais le ministre avait alors décidé d'enfermer Sirius. Dumbledore l'avait accompagné dans l'optique de lui faire entendre raison. Harry connaissait la suite.
« Comment irons-nous délivrer Sirius ? »
« Je l'ignore. »
« J'aimerais qu'il puisse être libre, mais s'il doit rester un fugitif… »
Harry posa le menton sur ses genoux.
Hermione mit sa main sur son dos. « Hey, ça ira. Je suis certaine qu'il trouvera le moyen de rester caché. Il a réussi pendant un an, et n'a échoué que parce qu'il voulait se venger de Pettigrow. Et tu auras toujours Severus et ta mère. Et le professeur Lupin. Après cette nuit, il sera de nouveau lui-même. »
« Oui… et il y aura toujours Neville et Hagrid. »
Ils se murèrent dans le silence, réfléchissant à ce qui se passerait après la fin de cette aventure.
« Severus arrive. », annonça à nouveau Hermione plus tard.
Il ne fallut que cinq minutes avant qu'Harry ne se redresse. « Et ma mère ! »
Elle était une lumière dans l'obscurité qui commençait à se poser sur le terrain.
Draco se leva lentement et s'approcha du duo.
« Harry, tu devrais aller te reposer. Je prends la relève. »
Presque à contrecœur, une fois que Lily eut pénétré dans le tunnel, Harry se leva et échangea sa place avec le Serpentard.
Il resta un moment silencieux à côté de la fille. Quand il jugea que le Gryffondor aux yeux verts ne serait plus attentif à ce qu'ils diraient, il entama la conversation, murmurant.
« Que penses-tu de Ronald ? »
Hermione lui lança un regard surpris, rapidement remplacé par l'amusement. « C'est devenu un ami. Et tu es d'accord avec moi. »
« J'ai du mal à le supporter, et le sentiment est réciproque. Il est geignard, râleur, et un tel idiot ! »
« Tu es souvent un peu pareil. »
« Je ne suis pas idiot. »
« Ce n'était pas très malin d'insulter Buck. »
« C'était courageux. »
« C'était stupide. »
Les deux s'observèrent, puis rirent ensemble doucement.
« D'accord, je l'admets. »
Ils discutèrent tranquillement jusqu'à ce qu'ils se voient sortir du tunnel.
« C'est l'heure. », annonça Hermione.
Ils réveillèrent leurs amis, et se mirent debout pour observer la suite.
Hermione résuma pour Harry et Draco.
« Severus regardera l'heure, et Sirius le déconcentrera. Ce sera là que Remus se transformera. »
Harry grogna. « Si leurs disputes arrivent à un point où ils ne s'occupent plus de prévenir des dangers mortels, il faudrait qu'ils réalisent que ça va trop loin. »
Draco haussa les épaules. « Nous sommes vivants. »
« Taisez-vous maintenant ! » siffla Hermione, concentrée sur la scène qu'ils avaient déjà jouée et observaient maintenant comme spectateur.
« Ron, Ron, n'ai-je pas toujours été un bon rat ? »
« Écarte-toi de nos élèves ! »
« Ça ne va plus tarder. », informa-t-elle.
Les garçons appréhendaient la suite.
« Professeur ! Regardez ! »
« Tu ne lui as pas donné ?! »
Harry observait Peter avec haine. « Maintenant, on y va ! »
Il entama un mouvement vers le saule, mais Hermione l'attrapa par le poignet.
« Non, Harry ! Nous ne pouvons pas agir comme ça ! »
« Mais il va s'échapper ! »
« Nous ne pouvons pas changer ça. C'est trop tard. »
« Suivons plutôt Remus et Sirius. », décida Neville.
Ils longèrent la lisière en courant pour garder les yeux sur les deux animaux qui se battaient.
« Harry, Neville, revenez immédiatement ! »
Hermione et Draco purent voir avec horreur la suite du combat.
Et ils purent voir l'ancien Harry lancer une pierre sur le loup-garou.
« Harry ! » entendirent-ils l'ancien Neville crier.
Alors que le loup fonçait sur les deux anciennes versions de ses amis, Hermione prit une décision insensée.
Elle imita le hurlement d'une louve.
Un loup-garou réagissait toujours à l'appel de ses congénères.
Immédiatement, juste à côté d'elle, Harry et Draco lui crièrent dessus.
« Qu'est-ce que tu fais ! » fit l'un.
« Hermione ! Tu es complètement folle ! » fit l'autre.
Elle recommença.
Harry lui saisit les bras. « Il va venir vers nous ! »
« Je vous sauve la vie ! » riposta-t-elle.
« Pas pour longtemps ! » paniqua Draco alors que le loup leur fonçait dessus.
Les quatre adolescents se mirent à fuir. Neville devant Harry qui était à gauche de la fille, elle-même à gauche de Draco.
« Je peux savoir quel était ton plan ? » exigea Harry.
Elle ne perdit pas de temps à se justifier. La vérité était qu'elle avait agi dans l'urgence, mais n'avait pas pensé à la suite.
« Harry, rejoins Sirius ! »
Il hocha la tête et changea de direction, cherchant prudemment à ne pas se rapprocher du loup et espérant que ses trois camarades arrivent à l'attirer et à s'en occuper tout en restant vivants.
Il ne pouvait pas à la fois s'occuper du loup et des détraqueurs. Mais dans leur situation, il ne pouvait pas rejoindre rapidement son parrain, et songeait même être déjà perdu.
« Et nous, on fait quoi ? » demanda Draco, totalement paniqué. Ils étaient coursés par un loup-garou !
« Nous, on s'occupe du loup-garou ! » informa Hermione, énervée face à cette question idiote.
Draco sortit sa baguette et la fixa, inquiet. Il devait faire quelque chose, où ils mourraient.
Il avait parfaitement entendu le directeur évoquer que le loup-garou était l'épouvantard de son parrain.
Il avait parfaitement remarqué que son parrain avait été pris au dépourvu face à l'animal et n'avait pas été capable de penser à une autre solution qu'à se placer entre eux et la créature de cauchemar.
Il avait parfaitement compris que son parrain avait déjà failli mourir à cause d'un loup-garou.
Tout cela lui suffisait pour savoir qu'ils n'avaient pas d'issue.
Et il savait déjà avant cela qu'il était horrifié à l'idée d'affronter son professeur transformé en bête sanguinaire.
Alors que Draco sortait sa baguette et la serrait dans sa main, Neville remarqua l'air blême et les sourcils plissés anxieusement de son camarade.
« Ne sors pas ta baguette, Draco ! Ça reste Remus ! » réprimanda-t-il.
« Le professeur Lupin essaye actuellement de nous tuer ! » répliqua-t-il. Il préférait encore voir la chose qui allait le déchiqueter comme son professeur que comme une sorte d'ami.
« C'est contre sa volonté, Draco ! » critiqua Hermione.
« Ça reste ce qu'il essaye de faire ! » Cependant, sa raison lui disait d'écouter les remarques de ses amis. Mais ils ne pourraient pas fuir éternellement. Le loup les rattraperait. « Accio mon balai ! »
Il tendit la main derrière lui pour récupérer son balai lorsque celui-ci fonça vers eux rapidement. Il monta dessus dans la foulée et tendit la main à Hermione.
« Monte ! »
« Tu es malade, Draco ! Je ne monterais pas avec toi sur ton balai ! »
« Tu préfères servir de nourriture pour loup ? Monte ! »
« C'est dangereux. »
« Moins que de rester à hauteur des dents de Remus. Mon balai ira plus vite que nous et nous permettra de nous élever dans les airs pour être hors d'atteinte. »
Hermione regarda la main tendue de Draco, indécise.
Neville, toujours effrayé à l'idée de volé, songeait qu'être conduit par Draco était moins risqué que de rester à portée de Remus.
« Allons-y, Hermione. », insista-t-il.
Hermione saisit la main de Draco, et il la tira devant lui en amazone.
« Neville, ralentissons un instant, et monte derrière. »
Le garçon-qui-avait-survécu hocha la tête en signe d'approbation.
« Maintenant ! » signala le Serpentard au moment où il ralentit.
Neville sauta derrière lui et s'accrocha à sa cape. Pendant que Draco accélérait à nouveau, Neville posa sa tête contre le dos de son ami et ferma les yeux. Il avait toujours peur de voler.
Hermione, guère plus rassurée que le Gryffondor, se blottissait contre le Serpentard et priait, yeux fermés, pour qu'ils s'en sortent vivants.
Draco tenait d'une main son balai, de l'autre Hermione par la taille. Il restait concentré sur le vol, mais se rendit rapidement compte qu'il avait quelques difficultés à être des plus rapide et à monter très haut avec autant de charges.
« Ça ne va pas marcher. », lâcha-t-il entre ses dents.
Sans ouvrir les yeux, Neville comprit le problème de Draco. Le garçon et son balai ne pourraient pas les porter très longtemps. « Va chez Hagrid. »
« Quoi ?! » s'exclama le blond, bien qu'il suivit la consigne.
« Vas-y le plus vite possible, allons chercher Buck. Il pourra nous porter. Ensuite, nous pourrons occuper Remus jusqu'à ce que les autres ne soient plus dans la forêt. »
Dès qu'ils arrivèrent au champ de citrouille géante, Draco s'arrêta et Neville sauta du balai. Les deux garçons aidèrent ensuite Hermione à descendre doucement.
Draco resta sur son balai en lévitation et les observa.
Neville s'approcha de Buck. Quand l'hippogriffe releva la tête, l'adolescent s'inclina. La créature rendit la salutation d'un signe de tête, puis se détourna.
Neville tenta de l'inciter à se lever, mais l'animal ne semblait pas vouloir.
« Allez, Buck, s'il-te-plaît. J'ai besoin de toi. »
Buck le regarda à nouveau, et sembla le jauger.
Hermione n'eut pas la patience d'attendre que Neville parvienne à convaincre l'une de ces créatures dont il était tout aussi l'ami qu'Hagrid.
Elle attrapa les furets suspendus dont Hagrid se servait pour nourrir Buck, et les agita devant l'hippogriffe.
« Allez, Buck, lève-toi. »
La créature magique fut rapidement sur ses pattes.
« C'est bien, Buck, merci ! » félicita Neville. « Permets-tu que nous montions sur ton dos ? Nous avons besoin de ton aide. »
Buck se baissa pour leur permettre de le faire. Neville monta en premier, puis il aida Hermione.
« Vous réalisez que vous êtes tous les deux terrorisés en vol, et que vous allez être tout seul sur cet animal ? »
« Ne parle pas de lui comme ça. », imposa Neville avec un regard dur.
Draco grimaça puis observa la créature. « Mes excuses… Buck. Nous pouvons y aller maintenant ? »
Neville se pencha pour chuchoter à l'hippogriffe, aussi bien que se tenir le plus fermement possible. « Draco va montrer le chemin, peux-tu le suivre, Buck, s'il te plaît. »
Buck battit légèrement des ailes en signe d'approbation.
Hermione se colla au dos de Neville, et s'accrocha autour de sa taille. Elle ferma les yeux à nouveau. « Je te fais entièrement confiance, Neville. Je te laisse faire maintenant. »
« Draco, vas-y. »
Le Serpentard hocha la tête et fusa vers la forêt à la recherche de Remus, suivi par l'hippogriffe.
Harry marchait dans la forêt, dans l'espoir de ne surtout pas croiser de créature dangereuse.
Il était préoccupé à l'idée que Remus ne décide de s'en prendre à lui. Pourtant, il savait que ses amis le tiendraient occupé.
Il devait alors espérer que les trois jeunes sorciers trouvent une solution pour ne pas être blessés. Mais il avait confiance en chacun d'eux.
À y réfléchir, Draco pourrait être tenté de jeter un sort à Remus, mais Neville ne le laisserait pas faire. Et Hermione trouverait bien une idée de génie pour qu'ils n'aient pas à blesser le professeur.
Pour une fois, c'était un homme qui ne leur voudrait jamais de mal… même s'il était factuellement, actuellement, en train de vouloir les dévorer. Probablement. Certainement.
Harry avait froid. Il était seul.
Il sentait, même de loin, l'effet de la présence des détraqueurs.
Ils étaient trop nombreux. Comment était-il censé s'aider et aider son parrain et son meilleur ami ?
Il pensait sur le moment qu'il ne trouverait même pas le chemin. Les détraqueurs étaient tellement nombreux que s'orienter selon le désespoir qui l'envahissait ou la diminution de la température ne servirait à rien. La zone prise sous les effets néfastes de leur présence était bien trop grande.
Les bras serrés contre lui-même pour se réchauffer, Harry commençait à avancer péniblement.
Ne verrait-il jamais la fin de sa traversée en forêt ?
Ne pourrait-il pas sauver Sirius et Neville ?
Il n'était, après tout, même pas capable de produire un patronus correct.
Il avait déjà essayé de lutter contre ces détraqueurs, et il avait échoué.
Le garçon tomba à genoux, et pleura.
C'était sans espoir.
Il pleura et pleura.
Engourdi, il était incapable de savoir le temps qui s'écoulait. Peut-être était-ce des secondes, peut-être des heures. Des jours.
Puis, vint une lumière.
Une douce lumière, et avec, une présence rassurante.
Il releva la tête pour voir une biche élégante s'approcher.
Ce n'était pas une vraie biche. Celle-ci éclairait le lieu, lumineuse, blanche.
Elle s'arrêta, proche de lui mais éloignée de quelques pas. Elle s'inclina légèrement. Derrière elle, à l'écart, une autre biche attendait, immobile.
La première se détourna soudainement et rejoignit la seconde.
Harry se leva. Les deux biches semblèrent l'observer. Elles semblaient attendre.
Harry crut y voir une invitation à s'approcher. Il commença à s'avancer, mais les deux biches bondirent pour s'éloigner.
Plutôt que d'y voir une fuite, Harry laissa ses pieds le porter, courir vers elles.
Les deux biches dansaient ensemble, elles restaient proches l'une de l'autre.
Parfois la plus audacieuse s'écartait et venait courir derrière Harry, décrivant un arc de cercle.
Tantôt, l'autre se rapprochait du garçon avec douceur et se déplaçait à ses côtés, comme si elle accepterait qu'il pose une main sur elle, pendant que la première continuait de montrer le chemin.
Guidé par ces deux réconforts inattendus, Harry éprouvait un bonheur profond, et une assurance que la lumière pouvait s'allumer même dans les endroits les plus obscurs, et toujours être là pour le rassurer.
Il avait l'impression que les deux biches entraient en résonance. Même si leurs actions n'étaient pas les mêmes, même si leurs mouvements avaient parfois leurs différences, elles avaient une élégance noble identique et brillaient de la même lumière.
Harry pouvait sentir les échos de leur magie vibrer avec un rythme en parfaite synchronisation.
Le garçon ne se l'expliquait pas, mais il avait la sensation que ces deux créatures évoluaient dans leur propre monde, ensemble, toujours.
Et pourtant, il était également convaincu, intimement, qu'elles étaient venues pour lui. Elles lui étaient apparues pour lui apporter ce dont il avait besoin, lorsque les ténèbres semblaient envahir tout ce qu'il connaîtrait jusqu'à la fin.
Soudainement, alors que les deux biches chevauchaient côte à côte devant lui, elles s'écartèrent l'une de l'autre dans un mouvement symétrique, l'une à gauche, l'autre à droite.
Et la vue qui s'offrit à Harry n'était nulle autre que lui-même, Neville et Sirius, attaqués par les détraqueurs.
Il était arrivé par l'autre côté du lac. Là où il avait vu le cerf de son père.
Mais il n'y avait personne.
Il était seul.
Encore.
Il sentit la douceur du réconfort de la biche avant de voir sa lumière s'approcher par-derrière.
Celle qui était partie à gauche était revenue, lentement. Il tourna la tête vers elle, alors qu'elle semblait vouloir le pousser à faire un pas en avant.
Après ce mouvement étrange, la biche tourna la tête vers la droite, où l'autre les observait tranquillement, puis rejoignit sa comparse.
Harry suivit leurs mouvements des yeux.
Les deux biches l'observaient, avant de tourner leur attention vers l'autre rive.
Leur lumière douce ne semblait pas avoir d'influence sur les détraqueurs, mais les détraqueurs n'avaient pas non plus d'influence sur ce côté de la rive. Ils auraient dû, vu leur nombre.
Ces biches n'affrontaient pas les détraqueurs, mais elles le protégeaient par leur aura et leur présence.
Leur lumière était douce et n'illuminait plus autant les ténèbres, mais assurément elles se démarquaient encore dans ce décor sombre.
Les biches étaient en attente.
Harry reporta son regard sur l'autre rive, rassuré par la présence permanente du couple.
Mais il n'y avait toujours personne d'autre, et Sirius ne bougeait plus.
Lorsqu'il vit la petite lumière quitter son parrain, Harry se précipita en avant, baguette pointée.
« Expecto Patronum ! »
Poussé par la force morale que lui prodiguaient les deux biches, le garçon réalisa que ce cerf qu'il avait vu, était peut-être le sien.
Car après tout, il était seul. Et un instant plus tard serait trop tard pour sauver Sirius.
Ce cerf était le sien, et en effet ce fut un cerf qui apparut devant lui, rayonnait d'une lumière si forte qu'il serait impossible pour lui-même ou Neville sur l'autre rive de bien le voir pour réaliser qu'il était là, derrière son propre patronus.
Alors que les détraqueurs fuyaient, Harry tourna la tête vers les deux biches.
L'une inclina la tête, comme si elle approuvait, puis les deux s'éloignèrent doucement, tout comme leur lumière diminuait : elles retournaient dans leur propre monde, leur présence n'étant plus requise.
Quand Harry relâcha son sort, les deux biches étaient parties. Pourtant, le garçon pouvait encore sentir au fond de son cœur où elles avaient foulé le sol précisément, et que la lumière qu'elles avaient apportée dans l'obscurité de l'endroit empêchait toujours les ténèbres d'y revenir complètement.
Peut-être était-ce son esprit qui lui jouait des tours, car après tout, les détraqueurs n'étaient plus là, et l'endroit, libéré de leurs auras de désespoir, n'avait plus aucune raison de rester lugubre et froid.
Harry décida de rester jusqu'à ce que quelqu'un vienne les trouver. Il s'assurerait qu'un autre détraqueur ne revienne.
Par précaution, il se cacha derrière un arbre, et il attendit.
Bientôt, il vit la cape sombre du maître des potions claquer au vent par la rapidité de sa marche, suivi de la robe blanche de sa mère.
« Sev, comment vont-ils ? » demandait sa mère qui courait toujours alors que Severus était déjà accroupi à côté des victimes des détraqueurs.
« Vivants. »
Il lança un sort informulé avec sa baguette. « Ils le sont tous les trois. »
Lily se laissa tomber au sol à côté de lui et s'accrocha à sa cape tout en passant une main sur le visage inconscient de son fils. Severus ne s'en souciait pas et relevait la tête pour observer les alentours, comme s'il savait que quelqu'un les épiait ou qu'une chose étrange s'était passée ici.
Harry se cacha davantage derrière l'arbre, cessant de regarder. S'il pouvait les voir, Severus pourrait le repérer aussi. Il ne devait être vu par personne.
« Relève-toi, Lily. Je vais les ramener au château et Poppy prendra soin d'eux. »
« Qu'ont-ils ? »
« Attaque de détraqueur. Harry et Neville n'ont aucune blessure suite à une prétendue rencontre avec un loup-garou. »
« Remus doit être quelque part. »
« Pas près d'ici, mais restons prudent. »
Les voix s'éloignaient trop pour qu'Harry puisse continuer à les entendre.
Il se laissa glisser le long du tronc pour s'asseoir et appuya la tête contre l'arbre en fermant les yeux. Il était épuisé.
Il attendit. Comment savoir quand il pourrait aller chercher Sirius ? Et comment le sauver ? Comment savoir si Neville, Hermione et Draco s'en sortaient ? Étaient-ils seulement encore en vie ?
Il avait confiance. Il sourit au souvenir des biches qui l'avaient apaisé.
Pourquoi craindrait-il les ténèbres s'il avait de si beaux protecteurs qui veillaient sur lui ?
Il ne sut pas combien de temps il attendit ainsi, mais il était plus serein qu'il ne l'avait jamais été.
Il était seul, au milieu de la nuit, perdu dans une forêt sombre et remplie de créatures dangereuses, avec un loup-garou qui vagabondait quelque part, sans connaissance de la situation de ses amis qui affrontaient la créature, mais il était toujours rasséréné.
