(La coupe de feu) L'impasse du tisseur
La quatrième année se précipite avec bien quatre mois de retard par rapport à mon objectif… J'ai eu du mal à me motiver, disons. Ce n'est pas vraiment mon année favorite. J'espère que la qualité de l'histoire de cette année n'aura pas diminuée en comparaison aux précédentes. J'ai voulu reprendre le style de l'introduction pour quelques passages avec Severus, mais j'ai tout simplement l'impression d'avoir perdu l'atmosphère.
J'ai essayé de centrer l'histoire davantage sur Neville cette fois. Harry a eu son heure de gloire l'année précédente, chacun son tour. (Cette partie fait 38 chapitres)
Il y aura un début de romance entre certains personnages, mais les relations qui apparaîtront ne seront peut-être pas définitive. Je n'ai toujours pas décidé de ce que seront les couples finaux, et je ne le déciderais pas avant la dernière année. Cependant, les relations du trio Ron/Hermione/Draco de cette année seront très certainement évoquées à nouveau en sixième année.
Ils avaient transplané dans un bois, au bord d'une rivière. Harry reconnut sans mal le lieu. Il n'y était venu qu'une seule fois auparavant, mais c'était marqué dans ses souvenirs. Le souvenir qu'il avait utilisé pendant plusieurs mois chaque fois qu'il s'entraînait au Patronus avec Remus.
Leurs bagages étaient réduits et dans leurs poches, à l'exception de la cage d'Hedwige, qu'Harry était chargé de transporter.
Harry, contrairement à Lily, lâcha son emprise sur le bras de Sev.
« Alors vous habitez près d'ici ? » demanda le garçon avec émerveillement, son regard s'attardant vers la direction approximative de la clairière où il avait rencontré une biche pour la première fois. Il ne put s'empêcher de repenser aux patronus qui l'avaient guidé dans la forêt interdite.
Severus hocha la tête en suivant le regard de l'adolescent. « Cokeworth, notre village d'enfance. »
Avec un froncement de sourcil, et d'une voix plus sombre, il ajouta, « Il vaut mieux être du bon côté de la rivière. »
Cela attira l'attention du garçon. « Que veux-tu dire ? »
« Il y a par ici deux quartiers distincts. Le bon… et le mauvais. »
Harry comprit qu'il n'aurait pas plus de détails tout de suite, et peut-être jamais. Mais il y avait quand même une chose qu'il devait savoir. « De quel côté sommes-nous ? »
« Actuellement, je dirais à la frontière. L'impasse du tisseur est du mauvais côté. »
« Quelle est l'impasse du tisseur ? »
« C'est le nom donné au lieu où se situe ma maison. La famille Evans vivait du bon côté, pas très loin d'ici. Rentrons maintenant. »
Alors qu'ils commençaient à marcher vers leur destination, Severus expliquait.
« Tu peux aller dans ce coin du bois, ou dans le parc que nous allons traverser si tu le désires, mais tu dois être rentré à l'impasse du tisseur avant qu'il fasse sombre. Ne sors jamais sans ta baguette, mais n'oublie pas que non seulement la magie des mineurs est interdite à l'extérieur de Poudlard, mais que nous sommes également dans une ville moldu. »
« Attends… », coupa Harry, « Ça veut dire que si je sors… je dois rester en manche longue pour cacher ma baguette dans son étui que tu m'as donné ? Mais c'est l'été ! »
« Oui… et je pourrais charmer tes vêtements pour qu'ils s'adaptent à la température. Il n'y a pas que les charmes réchauffant qui existent, mais aussi les rafraîchissant. De plus… »
Harry put voir la lumière de malice qui s'allumait dans les yeux de l'homme, et ne manqua pas non plus le léger sourire en coin.
« La trace ne fonctionne pas dans beaucoup de maisons sorcières. Ils sont incapables de différencier si c'est l'enfant ou le parent qui fait de la magie. Et de toute manière, serait-ce un crime si un enfant s'exerçait sous la surveillance d'un adulte en absence de moldu ? »
« Donc je pourrais faire de la magie dans la maison ? »
« Tout comme tu pourrais chez Sirius. Ce qui ne t'a jamais dérangé. Cependant, tu ne peux qu'à l'intérieur de la maison. Évite de t'attirer des ennuis à l'extérieur. »
Harry pouvait voir que le quartier dans lequel ils se déplaçaient avait quelque chose de sombre et de lugubre.
Étrangement, Sev semblait parfaitement correspondre dans ce paysage, même avec ses vêtements moldus aussi sombres que ses capes sorcières habituelles.
En revanche, Lily, avec à la fois sa chevelure enflammée propre, et sa grande robe blanche, semblait encore plus étrange à se déplacer ici qu'elle ne l'était à Poudlard. Elle n'était pas dérangée de marcher ici, et gardait la tête haute, toujours enroulée tendrement au bras de Severus, mais pour tout spectateur étranger il était clair qu'elle n'avait rien à faire dans ce lieu.
« La maison est protégée par de nombreux sorts, auxquels je vais devoir apprendre que tu es le bienvenu, Harry. Il en est de même pour Hedwige. »
Severus passa un quart d'heure à préparer toutes les protections pour autoriser Harry et Hedwige.
Au moins, l'intérieur de la maison ne ressemblait en rien à l'aspect délabré de l'extérieur.
Ce n'était pas très grand, mais c'était suffisamment confortable. Harry supposa que la différence d'aspect entre l'intérieur et l'extérieur devait être due à quelques sortilèges, pour permettre aux moldus de ne pas voir une maison qui différait de ses voisines, mais assurer des conditions de vies plus agréables aux habitants, c'est-à-dire à Severus, Lily et maintenant Harry.
L'entrée débouchait directement sur la salle de vie qui servait à la fois de salon et de salle à manger. La cuisine, exiguë, était accessible à partir d'une porte ouverte sur le mur de gauche. Au fond à droite, il y avait un escalier qui menait à l'étage et aux chambres.
Dès qu'ils furent dans la maison, Lily avait lâché Severus et était partie vers une porte très discrète au fond à gauche, qu'Harry devinait devait mener à un laboratoire. Les murs de la salle de vie étaient couverts d'étagères de bibliothèque, pas que cela ne surprenne l'adolescent.
Severus conduisit le garçon à l'étage et lui fit une visite guidée. La chambre d'Harry était la première porte à droite, et cela avait été l'ancienne chambre de Severus quand il était lui-même enfant. C'était bien plus petit que le manoir Black, mais suffisant, et toujours plus grand que ce que Neville avait dans la cabane d'Hagrid.
Il y avait les chambres de Severus et Lily, qui étaient l'une en face de l'autre, respectivement à gauche et à droite. La chambre de Lily était juste à côté de celle d'Harry. Le garçon nota précieusement qu'il n'était pas interdit d'entrer dans l'une ou l'autre. Il mémorisa où étaient salle de bain et toilettes, mais ne s'y attarda pas.
Aucune pièce ne lui était, en fait, interdite. Aucun laboratoire trop dangereux, aucune zone trop privée. Harry se sentait déjà chez lui.
Bien sûr, l'immense bibliothèque du manoir Black lui manquait déjà, tout comme beaucoup d'autres choses auxquelles il était habitué depuis tout petit : il avait toujours vécu au manoir Black après tout. Mais ici, il était avec Lily et Severus. Et cela en soi suffisait pour que ce soit « la Maison ».
Sans compter que beaucoup de pièces lui étaient interdites au manoir Black, car prétendues « dangereuses », ou emplies de magie sombre.
Severus l'autorisa même à explorer lui-même et monter au grenier s'il voulait, mais en faisant attention, car l'homme avait remisé en haut toutes les veilles affaires de sa mère, et n'avait lui-même pas regardé tout ce qui y avait déjà été stocké par elle avant, et ils n'étaient pas à l'abri que certaines choses soient sombres.
Harry imaginait Sirius et Oncle Remus hurler à l'idée qu'il puisse explorer, seul qui plus ait, une salle dont la sécurité n'était pas avérée et qui contenait potentiellement des affaires de magie noire.
La première chose qu'Harry dût faire fut de ranger ses affaires dans sa chambre. Il sortit ses bagages de sa poche, et Severus leur rendit leur taille normale puis laissa l'adolescent s'installer.
Harry n'avait pas envie de tout déballer maintenant, et décida de se contenter de l'essentiel, c'est-à-dire découvrir les possibilités de rangement, et de descendre sans avoir vraiment fait quoi que ce soit d'autre que l'exploration de la petite pièce.
Il était plutôt content de lui-même d'avoir découvert une apparente cache sous une latte de parquet qui pouvait se retirer.
Il trouva Severus assis dans un fauteuil en train de lire le journal.
« Pourrais-je m'occuper des repas ? »
Severus plia le papier et afficha un sourire narquois. Harry ne manqua pas le petit rire qui échappa à l'homme.
« Harry… ça va devenir toute une affaire. Ta mère et moi aimons également cuisiner. »
Harry pouffa. « Je suppose que vous vous êtes déjà disputé pour savoir qui s'en occupait. »
« Trop souvent. Généralement, ta mère gagne. » Le ton du professeur était aussi amusé que le sien.
Harry aimait parler avec l'homme en dehors du contexte scolaire. C'était toujours plus détendu, plus ouvert. Il avait l'impression que les discussions étaient de plus en plus faciles avec le temps. Ou alors, l'humeur de Severus s'adoucissait avec l'âge.
Pas pour la première fois, Harry songea que l'attitude du professeur était de moins en moins froide dans une évolution semblable à l'état de sa mère.
« Tante Pétunia aussi sait cuisiner, et elle m'a appris. »
« Oh ? Je me souviens qu'elle aidait toujours ta grand-mère en cuisine. À l'époque, Lily préférait faire d'autres choses. Elle n'était pas toujours très calme quand elle était jeune, si pleine de vie. »
Harry s'installa dans un fauteuil libre proche de Severus. « Quand a-t-elle commencé à s'intéresser à l'art culinaire ? »
L'homme eut un sourire narquois. « Quand j'ai réussi à la convaincre que ce n'était pas très éloigné des potions. Elle n'a jamais eu une passion aussi débordante que Tuney ou que pour les potions, mais maintenant… ça lui fait du bien. »
Harry pouvait sentir que la discussion prenait une tournure plus grave avec ces simples derniers mots. Ça lui fait du bien. Il parla plus doucement. « Tu la laisses gagner… pour qu'elle guérisse. »
Harry ne savait plus quoi faire, alors il se contenta de regarder ses mains.
Severus observa un petit moment l'adolescent, respectant le silence religieux qui s'était installé, avant de décider d'y mettre un terme.
« Non… je la laisse gagner parce que j'aime la voir sourire. Tu comprendras lorsque tu la verras préparer un repas. Mais avant cela… je propose que tu regardes ce qu'il y a et que tu détermines le dîner que tu nous cuisineras pour ce soir. Je t'assure qu'il y a tous les ingrédients dont tu auras besoin. Les livres de cuisine sont dans un des placards. »
Harry sauta sur ses pieds. « Tu me laisses faire le repas de ce soir ! »
« Nous verrons si ton temps passé avec Tuney a été efficace, et si tu as acquis suffisamment de savoir-faire utile pour envisager un arrangement en ce qui concerne la cuisine. »
« C'est un test de mes capacités alors ? »
« Efforce-toi de ne pas nous empoisonner. »
Harry ne se fit pas prier davantage et entreprit de fouiller la cuisine.
L'adolescent s'occupa de préparer le premier repas qu'il passa à l'impasse du tisseur. Le dîner était bon, et plut à chacun.
Severus profita du moment pour discuter du déroulement de l'été.
« Comme nous sommes tous aptes, et même désireux, à nous occuper des différents repas de la journée, ce sera au premier à se dévouer chaque fois, ou alors à celui dont la proposition attirera le plus d'avis favorables. Pour ce qui est du garde-manger, les placards et le réfrigérateur sont enchantés pour tout conserver sur des durées très longues, cependant, ils ne génèrent pas les stocks. Il faudra donc faire des courses de temps en temps. »
« Il pourrait suffire d'aller chercher ce dont on a besoin quand on en a besoin. », suggéra Harry. Il se doutait que la partie "course" n'était pas une tâche appréciée par Severus, et elle ne pouvait pas vraiment être confiée à Lily.
« Nous ne pouvons pas attendre le dernier moment, Harry. Premièrement, cela retarderait le repas concerné. Deuxièmement, je refuse que tu sortes tard le soir pour aller chercher ce qui manquerait pour un dîner que tu voudrais préparer. Nous ferons les courses tous ensemble, dans un magasin moldu, une fois par semaine avec une idée bien précise de ce qui manque. »
Harry soupira, mais accepta. Tante Pétunia l'avait déjà emmené faire les courses aussi, et il se souvenait bien de comment elle avait préparé la liste et s'était tenu de la respecter à la lettre. Ni plus, ni moins. Il songea que Severus ne serait pas aussi rigoureux que Tante Pétunia, ce qui n'était pas pour lui déplaire.
« Concernant l'organisation de tes vacances, Harry, tu devras évidemment faire tes devoirs d'été, et je m'attends à la perfection de ta part. »
« Sev, c'est un peu dur. », émit Lily.
« S'il travaille correctement, il n'y a aucune raison pour que ce ne soit pas correct. »
« Il y a une différence entre correct et parfait, Sev. »
« Les devoirs d'été sont parfaitement raisonnables. Et rien n'empêche Harry de demander de l'aide. »
Harry renifla. « Comme si tu m'aiderais vraiment. »
« Dans une certaine limite du raisonnable, je le ferais. Je pourrais au moins t'indiquer des ouvrages de référence. Et si tu ne comprends pas un concept, je ne te laisserais certainement pas dans le noir. Cela étant dit, tu devras consacrer au moins une heure par jour à travailler, que ce soit en faisant tes devoirs ou en lisant tes manuels. »
« Est-ce que je peux lire tous les livres qui sont ici ? »
« Oui. », acquiesça Severus. Il avait déjà retiré tous les livres de magie noire des étagères accessibles et les avait mis dans sa chambre. Il ne voulait pas que Lily les voie, et certainement pas qu'Harry y accède.
« Il y a plusieurs romans intéressants. », déclara Lily. « Si tu veux, je pourrais t'en conseiller quelques-uns. »
Harry sourit. « Ce serait avec plaisir. »
Severus reprit la parole. « Concernant tes manuels pour l'an prochain, tu iras les chercher avec Hagrid et Neville comme les années précédentes à la mi-août. À partir de là, je m'attendrais à ce que tu les lises d'ici la rentrée. »
« Ça ne fera pas beaucoup de temps. », argumenta l'adolescent.
« Tu liras au moins l'essentiel. Je m'attends à ce que tu sois suffisamment âgé et expérimenté pour parvenir à trouver par toi-même les informations les plus importantes que tu devras retenir de ces ouvrages. »
« Oui… Sev. » Harry se mordit les lèvres. Il voulait tellement le dire, tellement pouvoir considérer qu'ils étaient une famille.
« Il y a un autre sujet qui nécessite une discussion. La finale de la coupe du monde de Quidditch a lieu en août. Tu sais que je n'apprécie pas particulièrement le Quidditch, et ce n'est pas un lieu où je trouverais raisonnable d'emmener ta mère. Ton parrain ne peut évidemment pas y aller, et il s'avère que si Remus était disposé à t'y accompagner, il sera, en fait, incommodé à cette période. »
« En résumé, je ne pourrais pas y assister. », conclut Harry.
« Eh bien, Lucius Malfoy m'a raconté la petite "farce" que tu lui as faite l'année dernière, au sujet de son elfe de maison. Cela m'étonnerait qu'il soit disposé à t'aider. »
« Draco y va ? »
« Il serait surprenant que Lucius refuse ce droit à son fils, et je suis certain qu'il est lui-même convié plus que probablement dans la loge du ministre. »
Harry grimaça. « Il a vraiment le bras long, n'est-ce pas. »
« L'or des Malfoy peut acheter beaucoup de choses, et même si Lucius n'est pas très honnête, il n'en reste pas moins un homme très intelligent, tout autant rusé qu'ambitieux, et il possède un talent grandiose pour la politique et les magouilles. »
« Si je n'ai aucun moyen d'aller à la finale, pourquoi m'en parler ? »
« Parce qu'il n'y a pas "aucun moyen". Si toutes les portes faciles ou évidentes sont bloquées, une situation n'en est pas forcément sans issues. »
« Que proposes-tu ? »
« Veux-tu y aller ? »
Harry ouvrit la bouche pour répondre par l'affirmative, mais se ravisa et la ferma pour réfléchir. Oui, il voulait voir le match. Cependant, tout dépendait de qui l'accompagnerait. Il ne voulait pas y aller seul. De plus, il savait comment étaient organisés les lieux : tout un camping avec des tentes serrées les unes aux autres, et une grande agitation à l'extérieur.
« Ça dépend d'avec qui j'irais. »
« Certains de tes amis seraient-ils enclins à s'y rendre. »
« Je ne sais pas. Certainement Ron, toute sa famille est fan de Quidditch. Ginny, les jumeaux et même Percy. Neville et Hermione n'aiment pas voler, mais ils apprécient d'assister à chaque match à Poudlard. Peut-être voudraient-ils voir la finale. Je ne pense pas qu'ils aient suivi toutes les informations concernant la coupe du monde cependant. »
« Il y a une nette différence entre les matchs de maisons de Poudlard, et la coupe du monde. Néanmoins, tu pourrais communiquer avec eux pour savoir s'ils apprécieraient de venir. J'ignore si Hagrid conduirait Neville, mais il est certain que les parents moldus d'Hermione ne pourront pas. Vois avec les Weasley s'ils sont disposés à un arrangement. »
« D'accord ! » approuva Harry avec entrain.
