(La coupe de feu) Le cauchemar


Le serpent glissait sur le sol, long et sinueux. Le ciel était sombre, les nuages les plus noirs couvraient la nuit étoilée qui planait sur le cimetière.

Dans le manoir, une lumière était allumée dans l'une des pièces.

Le vieux jardinier montait lentement l'escalier avec sa lanterne pour surprendre les intrus. Les voix qu'il entendait n'étaient pas celles des jeunes du village.

« Comme tu es devenu délicat, Queudver. Si je ne m'abuse, il n'y a pas si longtemps, le premier égout venu te servait de maison. Peut-être que la tâche de me soigner est devenue lassante pour toi. »

Un homme au dos courbé et à la voix plaintive répondait.

« Oh, non, non, Seigneur Voldemort, je voulais dire qu'il serait possible de le faire sans le garçon. »

« Non ! Le garçon est essentiel. Cela ne peut se faire sans lui. Et cela sera fait tel que je l'ai décidé. »

Un jeune homme se plaça devant le fauteuil du noir Seigneur.

« Je ne vous décevrais pas, maître. »

« Très bien. Tu vas rassssssembler nos camarades. Envoie-leur un sssigne. »

Le serpent passa entre les jambes du vieil homme qui était arrivé à l'entrée de la pièce à la porte légèrement entrouverte. Une voix étrange s'éleva, pendant que le serpent pénétrait dans l'endroit et montait sur le fauteuil.

« Aiśa gassi sëzz. Sa ŋagalas nëssjä lëhä sëzz. »

Voldemort parla à nouveau. « Nagini me dit que le vieux jardinier moldu nous écoute, derrière la porte… »

Le jeune homme tourna la tête droit vers le vieil homme, tandis que Queudver se dirigea à la porte.

« Écarte-toi, Queudver, que j'accueille notre visiteur, comme il le mérite. Avada Kedavra ! »

La lumière verte illumina l'endroit et s'abattit sur le vieil homme.


Neville hurlait dans son sommeil lorsqu'il se fit secouer sauvagement par Hagrid. Il se réveilla d'un coup.

« Hagrid ! »

« T'faisais un cauch'mar, Neville. Enfin, j'crois. »

« Oui… un cauchemar. Juste un cauchemar. Rien qu'un cauchemar. », haleta doucement le garçon, comme pour se convaincre lui-même.

Hagrid le regarda sérieusement, un moment en silence. Puis, il reprit la parole.

« T'devrais t'lever. L'est presqu'l'heure d'aller voir les Weasley, si v'loulez pas être en r'tard. T'es sûr qu'tu veux y'aller ? T'as pas l'air bien. »

« Si si, ça ira. » Neville sourit. « Harry aimera que j'y sois. »

« S't'es malade, il voudra pas qu't'y sois. »

Hagrid posa sa main sur le front du garçon. « Mmm. T'es pas chaud. Mais t'es plein d'sueur. Allez, habille-toi. J'te fais un chocolat chaud pour les nerfs. »

Hagrid s'éloigna et Neville prit une grande respiration. Aujourd'hui était le jour où ils iraient regarder la finale mondiale de la coupe de Quidditch.

Il n'était peut-être pas chaud, mais sa cicatrice le brûlait. Il décida de l'ignorer. Il savait qu'il ne devrait pas. Il faudrait plutôt qu'il en parle à Dumbledore. Mais après avoir passé du temps avec ses amis seulement. Il assisterait à la finale, et après il en parlerait au directeur.

Ils avaient déjà fait les courses de rentrée, avec Harry qui était ensuite retourné chez Severus. Il était convenu que les deux garçons, ainsi qu'Hermione, iraient par leur propre moyen chez les Weasley, en utilisant le feu de cheminette. Hermione irait probablement au Chemin de Traverse avant.

Dès que Neville eut avalé un rapide petit déjeuner, il attrapa son sac préparé la veille et lança la poudre de cheminette dans la cheminée.

« Le Terrier. », appela-t-il.

Il se retrouva immédiatement dans le salon de la maison étrange des Weasley qui étaient en train de prendre leurs petits-déjeuners avec Hermione.

« Oh, Neville, ravie de te revoir ! » s'exclama la maîtresse de maison.

« Madame Weasley, bonjour. Et bonjour à tous. »

« Ne reste pas dans la cheminée, Neville. », appela Hermione.

Le garçon ne se fit pas prier pour rejoindre son amie et Ginny.

C'est par un hasard parfaitement coordonné qu'Harry apparu à son tour sitôt Neville sortit.

« Bonjour. », fit le nouvel arrivant.

« Parfait, tout le monde est là ! » s'exclama le père Weasley. « Nous ne partirons pas dans longtemps. Juste le temps que Ron finisse son petit déjeuner. »

« Merci encore de nous emmener, Monsieur Weasley. »

« Encore une fois, Harry, appelle-moi Arthur. »

Harry sourit maladroitement en réponse.

Il s'installa avec Hermione, Ginny et Neville, et se pencha à l'oreille de son meilleur ami.

« Tu as l'air épuisé. »

« Juste un cauchemar. Tout va bien. »

Rapidement, ils se retrouvèrent sur le chemin. Arthur les guidait, refusant de leur dire où ils allaient. Les jumeaux, Ron et Ginny venaient tous. Seule Molly ne les accompagnait pas, et Percy n'était plus à la maison, ayant terminé ses études à Poudlard.

Un homme les accueillit au milieu des arbres.

« On vous attendait plus tôt ! »

« Bonjour Amos ! Oui, y'en a un qui a eu du mal à se lever. »

Ron gémit à l'arrière.

« Les enfants, je vous présente Amos Diggory, un collègue du Ministère. »

Un jeune homme atterrit à côté du collègue d'Arthur. Harry le reconnut sans mal comme l'attrapeur de Poufsouffle.

« Et ce jeune homme doit être Cédric. »

Le camarade de classe des jumeaux sourit à Arthur et lui serra la main. « Enchanté de vous rencontrer. »

« Bon, allons-y ! » fit Amos.

Cédric commença à les guider alors. Amos observa Neville et Harry. « Vous êtes Neville Longbottom ? »

« Oui… »

« Je suis ravi de faire votre connaissance ! »

« Moi de même. »

Ils arrivèrent jusqu'à une plaine où siégeait une vieille botte.

« Qu'est-ce que c'est que cette vieille chaussure ? » s'enquit Harry.

« Ce n'est pas n'importe quelle vieille chaussure. », expliqua un des jumeaux.

« C'est un Portoloin. », précisa l'autre.

« Allez, dépêchons ! » appela Arthur.

Tous se saisirent rapidement du portoloin.

Amos commença un compte à rebours, à la fin duquel tout se mit à tourner. Au bout d'un moment, il leur dit de lâcher.

« Quoi ?! » s'exclama Hermione.

« Lâcher ! » répéta Arthur.

Les adolescents obéirent, et se retrouvèrent projetés sur le sol. Arthur, Amos et Cédric descendaient du ciel comme s'ils marchaient, et riaient de l'atterrissage des autres. Ils les conduisirent ensuite vers le grand campement. L'agitation était grande, et en conséquence Neville était stressé.

Les Diggory se séparèrent des Weasley à un endroit. Ils se retrouveraient pour le match. Puis, Arthur indiqua une petite tente à la troupe. « Voici notre palace. »

« Quoi ? » fit Neville, étonné.

Harry sourit. Il avait déjà une petite idée de ce que c'était.

Ils pénétrèrent tous un à un dans l'endroit. L'intérieur était immense. Chacun s'installait, et Harry comme Neville avaient la tête qui tournait à toute l'agitation. Ils n'étaient guère habitués à une vie de famille aussi énergique que celle des Weasley. En tout cas, ils voyaient avec plaisir que les jumeaux étaient en pleine forme.

Harry choisit de s'installer au calme avec Hermione, tandis que Neville décida de profiter de la bonne ambiance avec les enfants Weasley.

Vint ensuite le match, au soir.

« On va monter jusqu'où, Papa ? » demanda Ron au bout d'un moment alors qu'ils marchaient dans les gradins pour trouver leurs places.

Une voix qu'ils auraient tous souhaité ne pas entendre s'adressa à eux. « Disons pour te répondre, que si jamais il pleut, tu seras le premier à le savoir. »

Les Weasley décidèrent d'ignorer Lucius, mais Draco prit la parole alors que les deux familles reprenaient leurs routes.

« Père et moi sommes dans la loge du ministre, sur invitation personnelle de Monsieur Cornélius Fudge. »

Le père se retourna vers son fils avec froideur. « Ne te vante pas, Draco. Avec ces gens, ce n'est pas la peine. »

Hermione était dégoûtée par l'attitude de Draco. Neville et Harry la firent s'éloigner tout en lançant un regard désapprobateur à leur ami. Mais Lucius posa soudainement la tête de serpent de sa canne sur le pied d'Harry.

« Amuse-toi bien, veux-tu. Pendant que tu le peux. »

Il n'y avait aucune difficulté à y voir une menace. Lucius sourit, et s'éloigna. Draco se mordit les lèvres et lança un regard désolé à ses amis avant de s'éloigner.

« Mais quel crétin. », commenta Ron.

« Lequel ? » questionna Hermione.

« Les deux ! Euh… non mais vraiment, qu'est-ce qu'il lui a pris ? »

« Draco est comme ça. »

Harry haussa les épaules. « Tant qu'il est avec son père, c'est pire. Et je ne m'attends pas à ce qu'il se soit assagi avec tout le temps qu'il a passé en compagnie de Nott cet été. »

« Nott ? Théodore Nott ? Celui qui mène le gang des Serpentards de notre année ? »

« Celui-là même. »

Harry ne développa pas d'avantage. Il n'était plus dans son intérêt de dévoiler l'alliance entre les deux. Pas s'il voulait en profiter lui aussi avec leur nouveau projet.

« Bonsoir à tous ! En tant que ministre de la magie, j'ai le très grand plaisir de souhaiter à chacun d'entre vous la bienvenue à la finale de la 422e coupe du monde de Quidditch ! Que le match commence ! »

La vue que donnait le plus haut des gradins était exceptionnelle, et aucun ne regrettait d'être monté si haut.

Harry était bien amusé de voir les jumeaux et Hermione agiter les couleurs des Irlandais, qui étaient les mêmes que celles de Serpentard. Lui et Ron étaient avec celles des Bulgares, aussi rouges que Gryffondor.

Après le match, les jumeaux se moquaient de l'admiration que Ron avait pour l'attrapeur bulgare, Viktor Krum.

Ils riaient encore quand les premières explosions se firent entendre. Jusqu'à ce qu'Arthur Weasley ne leur dise que ce n'était pas les Irlandais faisant la fête.

L'homme fit sortir tous les adolescents de la tente, et ils purent voir toute l'agitation affolée. Le campement était attaqué. « Rejoignez le Portoloin ! Fred, George, vous êtes responsables de Ginny ! »

Pendant que le sorcier accomplis s'élançait ailleurs, les adolescents tentèrent de regagner le portoloin. Mais sortir d'une si grande foule aussi désordonnée n'était pas une chose aisée.

Neville et Harry se retrouvèrent séparés des autres. Il leur était impossible de voir où étaient leurs amis, et distinguaient de moins en moins leurs appels.

Ils ne voyaient que des gens fuyant pour leurs vies. Et des hommes en noir derrière des masques qui répétaient une litanie en lançant des sorts offensifs.

« Le plus important est de regagner une extrémité du campement, de sortir de la foule. Après, nous chercherons à rejoindre les autres. », déclara Harry avant de se faire percuter et de tomber.

Neville se pencha pour l'aider à se relever, mais se retrouva lui aussi frappé par un inconnu. Ils tentèrent de sortir de l'endroit en restant à quatre pattes, mais comment éviter de se faire assommer par une jambe voisine qui court comme si sa vie en dépendait.


Harry fut le premier à reprendre connaissance. Le campement était noirci de cendre, et désert. Neville gémit à ses côtés et se redressa lentement.

« C'est un miracle que nous soyons encore vivants. », nota Harry. Il savait qu'il était fréquent que dans ce genre de situation certaines personnes soient piétinées à mort.

« Quelqu'un ! » chuchota Neville en désignant un endroit.

Un homme solitaire, dans un grand manteau de cuir noir, marchait au milieu des ruines. Il leva sa baguette vers le ciel. « Morsmordre ! »

Cela envoya un rayon vert dans le ciel. Une fumée de cette même teinte prit forme. Un crâne, avec un serpent sortant de la bouche.

Neville gémit encore, une main sur sa cicatrice. Harry l'aida à se relever.

« Vite ! »

L'homme les avait repérés et s'avança.

Les adolescents fuirent. Ils arrivèrent rapidement à se cacher derrière une tente, et entendirent à nouveau les appels de leurs amis. C'était Hermione et Ron qui appelaient leurs noms à tout les deux.

L'homme s'enfuit dans une autre direction.

Enfin, les quatre amis purent se rassembler.

« Vous n'avez rien ? » questionna Hermione.

« Ça fait une éternité qu'on vous cherche ! » déclara Ron.

Avant que l'un d'eux puisse répondre, plusieurs personnes transplanèrent pour les encercler et lancèrent des stupéfix à l'unisson que les adolescents esquivèrent de justesse en se couchant au sol.

Arthur accourut. « C'est mon fils ! »

L'un des hommes s'avança vers les quatre adolescents qui s'étaient relevés, la baguette pointée vers eux dans une menace.

« Lequel de vous a fait ça ?! »

« Ce ne sont que des enfants, Barty. », plaida Arthur.

« Fais quoi ? » questionna Neville, une main sur son front pour couvrir sa cicatrice qui brûlait à nouveau.

« La marque des ténèbres. », annonça la voix basse de Severus.

Harry se précipita vers lui, et l'homme dû réceptionner une étreinte inattendue.

Barty tourna sa baguette vers le nouvel arrivé qui n'avait rien à faire là, de manière encore plus menaçante qu'il ne l'avait été vers les adolescents.

« Ce n'était pas moi, Crouch. », informa le professeur sans même attendre que la question ne soit posée.

« Vous arrivez après une attaque de Mangemort, Snape. Vous ne serez pas surpris si j'ai un doute. »

« Il y avait un homme ! » intervint Harry.

« Il y avait forcément un homme. », commenta Severus.

Neville s'avança vers le professeur. « Je… je dois voir le professeur Dumbledore. »

« As-tu vu le visage de celui qui a lancé la marque ? »

« Je peux dire que ce n'était pas toi. »

« Mais il était trop loin pour que l'on puisse vous le décrire vraiment. », déclara Harry.

« Pourquoi on l'accuserait lui ? » chuchota Ron à Hermione. La fille lui répondit en lui donnant un coup de coude dans le ventre.

« Il est parti par là. », désigna Harry.

Le chef des aurors lança un regard noir à Severus. « Je n'oublierais pas ta présence ici. » Il commença ensuite à partir. « Venez, continuons de chercher ! »

Seuls restaient les adolescents, Arthur et Severus.

Weasley père observa l'ancien Mangemort. « Professeur… »

« Je repars avec Harry, Neville et Hermione. Je ne vous tiens aucunement responsable de ce qui s'est passé ici, Monsieur Weasley. Nous discuterons de ce qui s'est passé une autre fois. Venez, les enfants. »

Hermione s'éloigna de Ron et rejoignit ses deux autres amis. Severus transplana avec les trois adolescents directement à Pré-au-lard.

« Je vais commencer par vérifier les soins dont vous avez tous besoin. Ensuite, nous parlerons. Hermione, réfléchis déjà à l'endroit où tu désires retourner pour le reste de tes vacances. Je t'y déposerais. »

Severus soigna les trois adolescents, qui racontèrent ce qui s'était passé à la coupe de Quidditch.

Pendant que Neville allait voir Dumbledore, Severus déposait Hermione chez ses parents moldus.

Neville parla de son cauchemar, de sa douleur… et de sa conviction que l'homme qu'il avait vu lancer le Morsmordre était le même que celui qu'il avait vu dans son rêve.

Le directeur remercia le garçon d'être venu lui en parler. Il lui assura qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, mais que s'il avait encore ce genre de rêve, il devrait venir lui en parler à nouveau.