(La coupe de feu) Le tournoi des trois sorciers
Ils tentèrent de reprendre leur vie normalement après l'incident. À peine une dizaine de jours plus tard, ils retournèrent à Poudlard pour une nouvelle année.
Dans le train vers Poudlard, Harry laissa Hermione, Neville et Ron un moment seuls.
« Je vais chercher Draco. », déclara-t-il.
« Pourquoi il n'est pas déjà là, s'il vient avec nous ? » questionna Ron.
« Va savoir. Ne vous inquiétez pas si je suis long. »
Avant que Neville ne puisse protester, son meilleur ami avait filé.
« Qu'est-ce qui lui prend ? » s'interrogea Hermione.
« Je pense qu'il veut lui parler de ce qui s'est passé durant la finale de la coupe du monde de Quidditch. »
Harry trouva Draco et Nott seuls dans une petite cabine. Il ouvrit la porte.
« Pourquoi vous n'êtes pas dans le wagon luxueux de la bande de Serpentard ? »
« Je ne vais pas tarder à les rejoindre. », déclara Nott.
« Nous nous étions juste isolés un moment pour parler… affaires. », expliqua Draco.
« Affaire ? » fit Harry, un sourcil levé. Cela fit pouffer légèrement Nott. « Quoi ? » questionna le Gryffondor, peu amusé.
« Tu lui ressembles. »
« À qui ? »
« Ton beau-père. »
Harry devint blême. « N'en parle à personne ! »
« Nous avons un accord, Potter. Ne t'inquiète pas. Tant que je n'aurais rien à gagner à en parler, cela restera un secret. »
« Bien. Je voulais parler à Draco au sujet de son père. »
« Pourquoi ? » s'enquit l'intéressé.
« Un point qu'il a en commun avec Severus, et sa présence à la coupe du monde de Quidditch. »
Nott rit. « Tu accuses Lord Malfoy de faire partie des Mangemorts qui ont attaqué ? »
« Que… comment… je n'ai pas dit… »
« Le père de Nott était l'un des premiers partisans du Seigneur des Ténèbres. »
« Et je connais certains noms qui ont eu des procès. »
« Pour répondre à la question non posée, Harry, non, mon père n'a pas participé à l'attaque. J'étais avec lui, je te le promets. »
Harry acquiesça, et s'installa un moment avec les deux garçons pour discuter de leur projet. Ensuite, Nott rejoignit les autres Serpentards, tandis qu'Harry et Draco retournaient auprès de leurs amis.
Après la descente du train, les élèves de Poudlard purent admirer l'arrivée de carrosses volants tirés par des Abraxans gigantesques, et celle d'un bateau surgissant du lac noir.
Dans la grande salle, Dumbledore accueillit ses élèves avec un discours inhabituel.
« Maintenant que nous sommes installés, j'aimerais vous annoncer une nouvelle. »
La porte s'ouvrit sur Rusard, qui commença à courir dans l'allée jusqu'au podium pendant que le directeur poursuivait.
« Ce château ne sera pas seulement votre foyer cette année, mais aussi celui d'invités très importants. En effet, Poudlard a été choisi… »
Rusard arriva à la hauteur de Dumbledore. Il s'accorda quelques instants pour reprendre son souffle, puis murmura au directeur.
« Dites-leur d'attendre. », chuchota le vieux sorcier. Rusard repartit.
« Donc, Poudlard a été choisi pour accueillir un événement légendaire, le tournoi des trois sorciers. »
Une légère agitation émerveillée émergea à quelques endroits de la salle.
« Pour ceux qui ignorent de quoi il s'agit, le tournoi des trois sorciers réunit trois écoles, pour une série d'épreuves à caractère magique. Dans chaque école, un seul élève est sélectionné pour le tournoi. Que les choses soient claires, une fois choisi, vous serez seul. Et je vous prie de me croire, ces épreuves ne sont pas faites pour les craintifs. Mais vous saurez tout plus tard. Pour l'instant, veuillez accueillir avec moi les charmantes jeunes filles de l'académie Beauxbâtons, et leur directrice, Madame Maxime. »
La porte s'ouvrit sur les élèves en uniforme bleu clair. Elles s'avancèrent dans la salle sous l'admiration de beaucoup d'adolescents, suivie par une imposante femme plus grande encore qu'Hagrid.
« C'est ce qu'on appelle une grande femme. », chuchota Seamus.
Albus salua sa collègue avant d'annoncer l'école suivante.
« Et maintenant nos amis du Nord, accueillons les fiers garçons de Durmstrang, et leur directeur, Igor Karkaroff. »
L'entrée de ces élèves fut fracassante. Comme Beauxbâtons, Durmstrang s'avança avec spectacle vers l'avant de la salle, avec le directeur derrière eux.
Cette fois-ci, cependant, le directeur n'était pas seul. Un des élèves marchait à ses côtés.
La bouche de Ron en tomba d'admiration. « C'est Viktor Krum ! »
Les élèves invités des deux écoles furent installés sur des rallonges de table dans le prolongement de celles des maisons. C'était comme si Poudlard s'adaptait à la quantité d'élèves à accueillir. Il y avait de même à présent deux tables de professeurs.
Les discussions commençaient alors que tous s'installaient.
Harry, désireux de savoir qui serait leur nouveau professeur de défense contre les forces du mal, tourna son attention vers la table d'honneur. D'habitude, cet enseignant était placé auprès de Severus. Mais l'arrivée des deux écoles semblait chambouler cela.
Dumbledore était évidemment au centre de la table du fond des professeurs, tranquillement installé sur son trône. De chacun de ses côtés étaient installés Madame Maxime et l'homme qu'ils avaient croisés au tournoi, Barty Crouch. McGonagall était donc aux côtés de ce dernier, et le directeur Karkaroff était voisin de la géante. Severus était à côté de cet homme.
« Harry, est-ce que tu sais si Severus connaît Karkaroff ? » chuchota Neville alors que le directeur de Durmstrang servait non pas une mais deux coupes pour lui et Severus, malgré le regard noir que lui lançait le maître des potions.
« Non… »
Seamus pouffa. « Neville, tu devrais regarder Hagrid. »
Les garçons tournèrent leur attention vers le demi-géant, pour voir le petit professeur Flitwick enlever la fourchette qu'Hagrid avait plantée dans sa main.
« Il semble totalement hypnotisé par la directrice de Beauxbâtons. Si vous voulez mon avis, elle est bien moins charmante que ses élèves. »
Alors que Rusard terminait d'installer un étrange objet au centre de l'estrade, Dumbledore se leva à nouveau, et s'avança pour une nouvelle annonce.
« Votre attention, s'il vous plaît. J'aimerais vous dire quelques mots. Une gloire éternelle, c'est ce qui attend l'élève qui remporte le tournoi des trois sorciers. Mais pour cela, cet élève doit survivre à trois tâches. Trois tâches extrêmement dangereuses. C'est pourquoi le ministère à jugé bon d'imposer une nouvelle règle. Pour vous expliquer tout cela, nous avons le directeur du Département de la Coopération magique internationale, Monsieur Bartémius Crouch. »
Un orage dans le ciel magique de la Grande Salle provoqua un mouvement de terreur dans le corps étudiant, jusqu'à ce qu'un nouvel arrivant, surgi par la porte du fond des enseignants, ne mette un terme à ce subit changement météorologique par un simple sort orienté vers le plafond.
L'homme, le visage plein de cicatrices, avait un étrange œil magique, et marchait avec une canne, l'une de ses jambes étant de bois. Il s'avança vers Dumbledore pour le saluer.
« Merci d'être venu, mon ami. », déclarait Dumbledore.
« Maugrey Fol Œil ! » s'écria Ron.
« Alastor Maugrey ? L'auror ? » questionna Hermione.
« Auror ? » demanda Dean. « Pourquoi un auror serait ici ? »
« Je ne sais pas, mais la moitié des prisons d'Azkaban est remplie grâce à lui ! » expliqua Ron.
Maugrey maugréait au sujet du plafond, tout en s'écartant pour boire un coup de sa gourde.
« À votre avis, qu'est-ce qu'il boit ? » s'interrogea Hermione.
« Je ne sais pas, mais ce n'est certainement pas du jus de citrouille. », répondit Harry.
Après cette interruption, Crouch finit de s'avancer à l'avant de la salle et fit son explication.
« Après mûre réflexion, le ministère a décidé que pour leur propre sécurité aucun élève âgé de moins de 17 ans ne sera autorisé à soumettre son nom pour le tournoi des trois sorciers. Cette décision est sans appel ! »
Il avait dû terminer par crier pour se faire entendre tant les élèves s'insurgeaient. Les jumeaux Weasley en faisaient beaucoup de bruit. Ils avaient 16 ans, et n'auraient les 17 qu'en avril.
« Silence ! » appela Dumbledore, prenant la place de Crouch.
Il dévoila par magie l'objet qu'ils avaient placé sur l'estrade. C'était une immense coupe, au-dessus de laquelle s'alluma une flamme bleue.
« La coupe de feu ! Quiconque voudra soumettre sa candidature au tournoi devra écrire son nom sur un morceau de parchemin, et le lancer dans la flamme avant cette heure-ci, jeudi soir. N'agissez pas à la légère. Une fois choisi, on ne revient pas en arrière. À partir de ce moment-là, le tournoi des trois sorciers aura commencé. »
Ils avaient une semaine très précisément pour se décider.
La plupart des élèves étaient si obnubilés par l'annonce du tournoi qu'ils en oublièrent totalement de se demander qui serait leur nouveau professeur de défense contre les forces du mal.
Le soir, dans la salle commune, Fred et George complotaient pour placer leurs noms dans la coupe. Le directeur avait placé une limite d'âge qui ne laisserait passer que les personnes âgées de plus de 17 ans. Ils allaient devoir ruser.
Dans leur dortoir, Ron râlait également. Neville tenta de le raisonner.
« Ce ne serait pas raisonnable de participer. C'est dangereux. »
« Tu as déjà combattu un basilic ! » s'étrangla Ron. « Qu'est-ce qu'il y a de plus dangereux ? »
« Je suis persuadé qu'ils auront une imagination débordante pour trouver. », commenta Harry.
Ron recommença à se plaindre de l'interdiction à participer qui s'abattait sur eux.
Le lendemain, au matin, ils avaient leur premier cours de potion.
Comme d'habitude, le discours que leur fit Severus était plein de mépris pour leurs capacités médiocres en moyenne. Il les interrogea pour vérifier leurs connaissances, aussi sec qu'attendu face aux mauvaises réponses de la majorité de la classe, et ramassa les devoirs d'été.
Enfin, vint le temps de faire bouillonner les chaudrons dans le silence et les vapeurs.
Harry se demandait quand les deux Serpentard l'aideraient comme convenu. Il savait que cela prendrait du temps, mais il n'était pas très patient.
En attendant, il se remémora certaines propositions qu'ils avaient faites puis rejetées.
« Essaye de provoquer une réaction de sa part, fais-lui comprendre qu'il s'inquiète pour toi. », avait évoqué Nott.
« Et en faisant quoi, je te prie ? »
« Mets ton bras dans le feu. »
« Pardon ? »
« Attends qu'il ait le dos tourné, puis mets ton bras dans le feu. Normalement, tu ne devrais pas avoir besoin de surjouer pour hurler de douleur et attirer son attention. Ensuite… s'il s'inquiète, c'est qu'il pourrait être un père. S'il s'en fiche, alors honnêtement, abandonne juste l'idée. »
Draco avait dévisagé son camarade. « Nous parlons du professeur Snape, Théo. Il restera de marbre, lancera une insulte à Harry, et éventuellement, l'enverra à l'infirmerie. »
Harry avait approuvé. « Et il n'aimerait pas du tout que je fasse mon intéressant ou que je tente d'attirer son attention, certainement pas comme ça. »
Il sourit d'amusement au souvenir ridicule.
« Trouvez-vous plaisant à ce point le décorticage de chenilles, monsieur Potter, ou vous êtes-vous trompé dans mes instructions afin de préparer une potion d'euphorie ? »
« Non, professeur, je me demandais, pourquoi avez-vous besoin de garder chaque classe de cours de potion aussi silencieuse ? »
Plusieurs élèves retinrent leurs souffles et tournèrent leur attention vers la scène. Neville tenta du mieux qu'il put de garder sa main précise dans le découpage de son ingrédient. Ne pas trembler s'avérait difficile. Il imaginait facilement se faire publiquement punir également pour l'insolence d'Harry.
Le regard noir que Severus envoya au garçon Potter était l'un des plus perfectionnés qu'il avait, et sa voix glissa dangereusement dans une direction des plus effrayante. « Monsieur Potter,… »
Il se fit rapidement interrompre par Draco. « Professeur Snape, je pense que la question d'Harry était avant tout de la réelle curiosité. Y a-t-il un avantage quelconque à conserver ce calme si pesant durant nos cours, pour la stabilité des potions, ou est-ce juste une préférence de votre part comme vous favorisez les capes noires et effrayantes ? »
Severus foudroya du regard son filleul, mais accepta la requête informulée : ne pas incendier Potter sur place. « Moins vingt points à Gryffondor, monsieur Potter. Pour votre gouverne, monsieur Malfoy, il s'agit d'une décision mûrement réfléchie prise après des années d'expérience qui m'ont donné de voir bon nombre d'élèves subir des dommages à chaque cours bien plus grave que vous ne verriez durant toute votre scolarité si vous acceptiez de vous plier à mes consignes. »
« Merci pour cet éclaircissement, professeur Snape. »
Ce fut Nott qui fit la chose la plus insensée. Pire encore qu'Harry qui n'avait eu aucune arrière-pensée dans sa question précédente.
« Potter a de la chance que vous teniez autant à lui, professeur. Qui aime bien châtie bien. », fit-il d'un ton moqueur digne d'un Serpentard.
Harry et Draco tournèrent tous deux des regards horrifiés vers leur camarade.
Nott ne trouva aucune véritable colère dans les yeux du maître de potion. Seule une neutralité terne et éteinte, comme si ses sentiments étaient profondément enfouis. Il ne s'inquiéta donc pas, et continua d'afficher le sourire provocant que les Serpentard se vantaient de pouvoir conserver devant Snape face aux Gryffondor dans une situation où leur professeur était énervé.
« Je ne veux plus entendre le moindre son sortant des cordes vocales d'un élève. Le prochain qui émettra un bruit, prendra la parole sans y être invité, ou dira une chose sans lien direct avec le cours, fera perdre 40 points à sa maison, quelle qu'elle soit. »
Quand ils furent tous dans les couloirs après le cours, Nott passa à côté du groupe d'Harry, et chuchota vers se dernier.
« Ça a intérêt à en valoir la peine. »
Il ne précisa rien de plus avant de partir avec les autres Serpentard. Il allait commencer à s'attirer des ennuis de la part de Snape s'il faisait d'autres interruptions comme celle-ci. Mais Potter et Malfoy ayant fait les premiers pas aujourd'hui avec une insolence stupide qui n'aidait même pas de loin dans leur plan, il ne pouvait plus rester en arrière.
À midi, Harry, Neville, Hermione, Draco et Ron s'installèrent à la table de Poufsouffle.
« Essayais-tu de nous faire tuer ? » demanda le garçon-qui-avait-survécu à son meilleur ami.
« La question m'est venue comme ça. J'ai passé tout l'été avec lui, comment veux-tu que je me retienne ? »
Draco était plutôt de l'avis de Neville. « Je passe tout l'été avec mon Père. Ça ne m'empêche pas de savoir comment je dois me tenir, surtout en public, si je ne veux pas me faire incendier sur place ou plus tard. Tu devrais me remercier d'être intervenu en ta faveur. Je n'aurais pas donné cher de ta peau sinon. »
Harry haussa les épaules. « Je ne m'inquiéterais pas de me faire punir. Ça me ferait juste plus de temps avec lui. Et ce qu'il dit pour conserver la face devant nos camarades ne m'atteint plus. Il peut dire tout ce qu'il veut si ça lui chante, je ne le prendrais pas vraiment à cœur. »
« Tu es capable de t'énerver sur le moment. », précisa Neville.
Hermione les interrompit pour réprimander les garçons, et principalement Harry, sur leur insolence vis-à-vis d'un professeur, fut-il Severus ou non. Le contexte privé et le contexte scolaire étaient, d'après elle, deux choses distinctes à ne pas oublier de séparer.
