(La coupe de feu) Les excuses de Ron


Neville était accueilli avec enthousiasme et célébration dans la salle commune de Gryffondor.

Il semblait qu'après sa victoire, sa maison préférait le saluer lui plutôt que le Poufsouffle.

Neville aurait préféré rester discret, mais il semblait qu'il n'aurait jamais droit à cette paix. Il était soit détesté, soit adoré, mais jamais ignoré. C'était sa malédiction en tant que garçon-qui-avait-survécu. Et ce tournoi le mettait sous les feux des projecteurs.

Sur le chemin de retour vers le château et leur salle commune, Neville avait laissé l'œuf entre les mains de Harry qui était bien trop curieux de découvrir l'énigme de cet objet d'or.

« Cédric a métamorphosé un leurre. », informa Hermione.

« Mais le dragon n'est pas si stupide que ça, et avant que Diggory ne soit parvenu à sortir, le suédois l'a aperçu avec l'œuf et a soufflé des flammes. », développa Draco.

« Il s'est fait brûler légèrement, mais rien de grave. »

« Ensuite, Fleur Delacour a tenté d'endormir le dragon avec ses pouvoirs de vélane. »

« Vélane ? » demandèrent Neville et Harry.

« Pour répondre à la question, d'abord les vélanes ressemblent à des femmes humaines incroyablement belles, avec une peau brillante comme la lune et des cheveux d'or blanc. Elles sont par exemple capables d'hypnotiser et de fasciner la plupart des gens attirés par les femmes.

« Elles ont leur propre type de magie qui ne nécessite pas de baguette. Généralement, leurs pouvoirs sont utilisés pour ajouter à leur attrait naturel et attirer plus de monde. Cependant, lorsqu'elles sont en colère, elles se changent plutôt en harpie. Beaucoup moins séduisant.

« Et non, Fleur Delacour n'est pas une vélane. Sinon, il n'y aurait pas beaucoup d'hommes capables de réfléchir vraiment dans les environs. Mais n'avez-vous pas noté son incroyable beauté malgré tout, et le nombre d'étudiants attirés par ses charmes naturels ? »

« Tout le monde n'est pas intéressé comme toi à séduire leur camarade. », rétorqua Hermione.

Draco roula des yeux. « Je ne cherche rien, Mione. Et j'aimerais bien que Pansy me fiche la paix. Elle rend le séjour dans la salle commune de Serpentard bien moins attractif. Quoi qu'il en soit, je me suis informé. Il semblerait que la grand-mère de Fleur Delacour soit une vélane. J'ignore quelle quantité de pouvoirs elle en a héritée, mais certainement pas aucun. »

« Et bien, quoi qu'il en soit, le Vert gallois de Fleur Delacoure s'est réveillé à la fin, et lui a aussi brûlé le bras, comme pour Cédric. »

« Et Krum a utilisé la technique brutale et sauvage de base. Le simple sortilège de conjonctivite. Le Boutefeu chinois était tellement énervé qu'il a piétiné ses propres œufs. Merveilleux, n'est-ce pas ? »

« Au moins, il n'a pas été brûlé, lui. Et l'œuf d'or a survécu. »

« Comme Nev. », plaisanta le Serpentard.

Après tout ce combat et le stress allant avec, Neville ne voulait pas célébrer la victoire avec ses amis, il ne désirait qu'une seule chose : s'allonger dans son lit et dormir. Cela excluait Draco qui retourna dans sa propre salle commune.

Harry retournait encore l'œuf dans tous les sens dans le but d'observer les moindres détails à la vue d'un indice quand Hermione donna le mot de passe.

Mais dès que Neville pénétra derrière le portrait ouvert, il fut saisi de chaque côté par les jumeaux Weasley et hissé sur leurs épaules.

« Je savais que tu t'en sortirais ! » annonça l'un.

« Que tu perde un bras… »

« Ou une jambe… »

« Mais que tu claques… »

« Jamais ! » terminèrent-ils en cœur.

Les jumeaux l'avaient mené au centre de la pièce, et tous les Gryffondor étaient là pour l'acclamer.

Harry et Hermione s'étaient fait emporter dans la foule, et Neville repéra un intrus dans un coin.

« Draco ?! »

Les jumeaux rirent.

« Oui. », commença Fred.

« On l'a trouvé, »

« qui glissait vers les serpents. »

« Mais tu as une victoire à célébrer. »

« Alors on l'a amené. »

Étrangement, Draco ne semblait même pas vraiment bougon d'être ici. Il souriait à Neville.

« Disons que ces Weasley infernaux ne savent pas prendre un non pour réponse. Et puis, ils sont peut-être un peu Serpentard sur les bords, ils sont assez convaincants. Tu es plus important que ma révulsion pour la stupidité. »

« Pas moyen de dire non aux jumeaux. », fit une Gryffondor qui semblait moins enthousiaste que Fred et George à l'idée qu'ils aient réussi à faire entrer clandestinement un Serpentard dans leur salle commune.

Seamus prit l'œuf des mains d'Harry. « Silence ! » Il apporta l'objet à Neville. « Vas-y, ouvre-le. »

« Euh… vous voulez vraiment que je l'ouvre ? » demanda le garçon, toujours perché sur les épaules des jumeaux.

« Oui ! » répondit l'ensemble de la salle avec enthousiasme.

Neville tourna son regard vers Harry. Ce dernier lui indiqua alors avec un mouvement circulaire dans l'air comment l'ouvrir. Le garçon-qui-avait-survécu recopia le mouvement sur le sommet de l'œuf.

Aussitôt, un bruit strident insupportable retentit, et chacun porta les mains à leurs oreilles, y compris Neville et les jumeaux qui le lâchèrent alors. L'adolescent, ainsi que l'œuf, tombèrent au sol.

Neville était certain de s'être encore cassé quelque chose, le nez cette fois, après cette chute. Il était déjà tout endolori de sa rencontre avec un dragon.

« Fermez cet œuf ! » hurla Draco.

Harry était le plus rapide à mettre la main sur l'objet et à le claquer.

Le bruit assourdissant cessa instantanément, au grand soulagement de tous.

« Bon sang, c'était quoi ce raffut ! » lâcha Ron alors qu'il descendait la dernière marche venant des dortoirs et enlevait ses mains de ses oreilles.

Au lieu de répondre, les jumeaux exhortèrent chacun à retourner à leurs activités, de préférence autres que d'écouter la bande de Neville et Harry.

Ron alla se planter devant Neville et Harry qui avaient été rejoints par Draco.

« Draco, tu devrais retourner dans ta salle commune. », déclara Hermione.

« Je préfère savoir ce que veut Ronald. »

« Tu n'as pas le droit d'être ici, Draco ! »

« La sortie c'est par là. », fit Ginny en désignant la porte.

« Ranh, ces filles sont d'une pénibilité ! » lâcha-t-il en suivant la direction.

« On peut sortir aussi. », déclara Ron avant que Draco n'ait atteint la sortie. Le Serpentard se stoppa, et les deux filles tournèrent des regards étonnés vers le roux. Harry et Neville étaient également surpris par la déclaration.

Le garçon Wealsey était très clairement gêné. « On sera sûr d'être tranquille dehors, je veux dire, y'aura pas tous ces regards. Et… enfin, bref, voilà, sortons. »

Draco, puis Ginny et Hermione, suivis de Neville et Harry, et enfin de Ron, quittèrent la salle commune.

Ron resta immobile une fois sorti, juste devant le portrait de la grosse dame. Les autres l'observèrent.

« Bon, crache-le, Ronald. », fit Draco, déjà en haut des marches plutôt que sur le palier. Il n'avait qu'à espérer que l'escalier n'en fasse pas qu'à sa tête durant la discussion. Ce serait pour le moins désagréable. Mais il ne voulait pas être trop près du rouquin.

Étonnamment, Ron lui obéit directement, et sans s'énerver. Il regardait Neville alors qu'il parlait. « Je pense qu'il faut être sacrément dingue pour mettre son nom dans la coupe. »

« Tu l'as enfin compris. », lâcha Harry. « Il t'en a fallu du temps. »

« Je sais que j'ai pas d'excuses. J'ai encore été con. »

« Très con. », clarifia Ginny, bras croisé et clairement mécontente contre son frère.

« Oui, bon… pardon d'avoir été… comme ça. J'aurai pas dû. »

« Non, pas du tout. », affirma Hermione.

« Je… en fait, j'aimerais vraiment rester votre ami. Ça ne me va pas de rester avec Seamus et Dean. Et… j'aimais bien rester avec vous. Même si je n'aime pas autant faire mes devoirs. »

Harry n'en revenait pas du culot. Après tout ce que Ron avait fait, il demandait clémence ? Leur soi-disant amitié n'avait même pas tenu un an.

« Parce que tu crois que… »

« D'accord. »

C'était la voix claire de Neville.

Les autres le regardèrent avec étonnement. Neville souriait gentiment.

« D'accord, Ron. Personnellement, je ne t'en veux pas. Ça m'a blessé, bien sûr. Mais tout le monde fait des erreurs, et tu regrettes vraiment. Je pense que tu as manqué à Hermione d'ailleurs. Tout Gryffondor a agi comme toi récemment. Je ne vois pas pourquoi on les excuserait eux et pas toi. »

« Parce qu'ils n'étaient pas tous nos amis ! » s'étrangla Harry.

« La trahison en était d'autant plus grande de Ronald. », ajouta Draco.

Neville secoua la tête. « Puisqu'il était notre ami, on devrait être plus enclin à vouloir lui pardonner, non ? »

« D'accord. », annonça Hermione à son tour.

« Quoi ?! » s'insurgea Draco.

« Tu as très bien entendu, Draco. »

« Mais, Mione, il a blessé Nev pendant trois mois ! »

Harry soupira, sans se préoccuper de l'explosion qui allait déclencher une dispute, il accepta. « D'accord. »

« Mais ! Toi aussi, Harry ! » Draco n'en revenait pas.

« Oui, moi aussi, parce que j'ai un cœur et que je suis capable de pardonner. Sinon, nous ne serions jamais devenus amis, Draco. »

« Mais… il… vous êtes complètement fou. À la prochaine bizarrerie qui nous tombera dessus, ou plutôt qui tombera encore sur Neville, il va vous lâcher à nouveau. »

Ginny tourna son attention vers le Serpentard. « Mon frère est un idiot, et il ne réfléchit clairement pas assez souvent. Mais il faut reconnaître qu'il a fait beaucoup d'efforts pour s'entendre avec toi. Cependant, je peux voir pourquoi il serait plus avisé de juste l'ignorer et le laisser dans son coin. J'attends ton avis avant de prendre ma décision. »

« Et depuis quand tu fais partie du groupe, Ginevra ? Comme si c'était vraiment approprié que tu prennes une décision concernant l'inclusion de ton frère. »

Les yeux de la troisième année se rétrécirent en des fentes. Il fallait reconnaître que les lionnes étaient bien plus effrayantes que les lions quand elles s'énervaient.

« Je suis dans le groupe depuis le début de l'année, au cas où tes yeux seraient toujours dans tes poches, Draco. Quant à ce qui concerne mon frère, il est totalement insupportable, et pour t'informer, toi le parfait enfant unique, non une fratrie n'a pas forcément envie de traîner dans le même groupe d'amis. »

Ron prit la parole. « Draco… j'aimerais… ton avis aussi. Ça compte. Je veux revenir avec vous, et je t'inclus vraiment dedans. »

La mâchoire du Serpentard tomba presque. « Tu me demandes de te pardonner, Weasley ? Tu me demandes de décider si on t'accepte dans le groupe à nouveau ou pas ? »

« Je veux revenir, si vous êtes tous d'accord. Et tu fais partie du groupe. Pas Ginny, elle compte pas. »

« Ronald ! » s'indigna la fille en question.

Draco cligna des yeux. « Tu te rends compte que tu as encore tenté de me frapper récemment ? Qu'à cause de toi, Maugrey m'a… il l'a fait. »

« Alors déjà, je n'ai pas dit à Maugrey de le faire, et tu es aussi fautif que moi. Ensuite… j'étais un peu… perturbé disons. Désolé. »

« Qu-quoi ? Tu t'excuses de quoi ? Et tu viens encore de me critiquer. »

« Je t'ai critiqué parce que tu l'as vraiment mérité. Je te demande pardon, parce que je regrette vraiment comment j'ai agis, avec Harry, Neville, et avec toi. »

Draco ferma la bouche et se contenta de fixer Ron de manière inexpressive à l'exception d'une légère dureté et sévérité. Il triait ses pensées, comme Oncle Sev lui avait appris avec l'occlumancie.

Ron soupira. « J'aurais dû savoir que c'était pas la peine. »

Il se détourna et glissa le mot de passe.

« D'accord. », déclara le Serpentard.

Ron s'immobilisa, puis se retourna lentement avec des yeux ronds. « Tu… tu as dit… »

« Je ne répéterais pas, Ron. »

Ron n'était pas le seul surpris. Draco avait l'habitude de diminuer les prénoms de chacun, Neville étant Nev, Hermione Mione, et même Ginny était devenue de temps à autre Gin. Mais pour Ron, qui au naturel avait une diminution que tout le monde employait, le Serpentard avait mis jusqu'à présent un point d'honneur à toujours l'appeler Ronald — ou Weasley dans certaines circonstances.

Ginny fut celle qui rompit la stupeur générale. « D'accord. », annonça-t-elle, toute dureté de son ton précédent envolé. C'était peut-être la première fois en trois mois qu'elle s'adressait à son plus jeune frère avec bonne humeur. « On retourne dans la salle commune ? Bonne nuit Drac ! »

Pendant que Ginny courait vers le trou du portrait, Draco tournait pivoine. « Tu… tu m'as appelé comment ? » Alors qu'elle avait déjà pénétré dans la salle commune, il tenta de la rappeler à venir lui dire en face. « Ginevra Weasley, comment as-tu osé m'appeler ! Gin ! Reviens, lâche ! »

« Laisse tomber. », sourit Harry avec amusement.

Draco ferma la bouche, extrêmement mécontent par l'audace de la plus jeune. Les quatre autres Gryffondor retournèrent dans leur salle commune en souhaitant bonne nuit à Draco.

Le Serpentard resta une minute immobile, avant de se détourner avec humeur. Il grommela sur tout le trajet vers les donjons.