(La coupe de feu) L'indice de l'œuf d'or


Mercredi 22 février, au cours de défense contre les forces du mal, Maugrey avait lâché la bombe, façon de parler.

Il avait demandé à Neville si ce que l'indice contenu dans l'œuf d'or du tournoi indiquait pouvait faire, selon lui, un bon sujet de cours.

Neville avait été contraint d'avouer qu'il l'ignorait totalement, parce qu'il n'avait pas encore trouvé l'indice, et n'avait par conséquent même pas pu commencer à réfléchir sur ce qu'il signifiait.

C'était un problème car, non seulement la deuxième tâche avait lieu deux jours plus tard, mais en plus seul Harry savait qu'il n'avait pas trouvé. Ils avaient menti à leurs amis pour les rassurer et les convaincre que tout allait bien.

C'était l'idée d'Harry de mentir. Maintenant, ils voyaient tous les deux à quel point cela avait été une mauvaise idée.

Dès la sortie du cours, Hermione les avait réprimandées. Elle était très inquiète.

« Ces tâches sont faites pour vous mettre à l'épreuve ! La première tâche demandait avant tout du courage, je doute que ce soit le cas cette fois. »

Afin de pouvoir tenir la discussion, ils se promenaient à l'air froid du mois de février, leurs cous bien drapés dans leurs écharpes.

Harry s'énerva. « Non, c'est certain ! Pour commencer, obtenir l'indice demande des capacités intellectuelles que nous n'avons pas ! Je n'ai rien trouvé, j'ai cherché pendant trois mois comment ouvrir ce satané œuf sans se briser les oreilles. »

« Et il reste encore à comprendre l'indice ensuite. », murmura Neville.

« Mais ce n'est pas à toi de t'en occuper, Harry ! C'est à Neville. », réprimanda Hermione.

Avant qu'Harry ne puisse répondre, la voix de Cédric appela.

« Neville ! »

« Qu'y a-t-il, Cédric ? »

« Je peux te parler, deux minutes ? »

Neville hocha la tête. Il n'allait pas insister pour rester avec Harry et Hermione alors que lorsqu'il avait voulu parler avec le Poufsouffle plus tôt dans l'année, celui-ci n'avait absolument pas refusé de s'éloigner de son propre groupe d'ami.

Les deux champions s'écartèrent un peu, surveillés à distance par Harry et Hermione.

« Ça va ? » entama le plus grand.

Neville fut momentanément surpris par la question, mais apprécia l'intention. « Ça peut aller. Je… je ne suis pas prêt pour après-demain, mais ça va. »

« En parlant de ça, je me rends compte que je ne t'ai pas vraiment remercié de m'avoir aidé pour la première tâche. »

Neville tenta de sourire malgré le stress. « T'inquiètes pas pour ça, n'en parlons plus. »

« Ouais… écoute, tu connais la salle de bain des préfets au cinquième étage. »

« En effet. », confirma le Gryffondor. Il savait où elle était, mais n'étant pas préfet, il ne pouvait pas vraiment y accéder.

« Ce n'est pas un mauvais endroit pour un bain. »

« Sans doute. »

Cette salle était un privilège très apprécié des préfets, et ce n'était certainement pas pour rien. Elle était accessible grâce à un mot de passe que seuls les préfets, comme le nom l'indiquait, et les capitaines des équipes de Quidditch des quatre maisons possédaient.

« Prends l'œuf avec toi, et… cogite un peu dans l'eau chaude. »

« Euh… merci Cédric. »

« T'en fais pas pour ça. Je te le devais. »

« Je suppose qu'on est quittes, alors. »

Cédric acquiesça discrètement et commença à s'éloigner. « Bon courage, j'imagine que c'est ce qu'on dit aux Gryffondor. »

Neville retourna auprès de ses deux amis.

« Que voulait-il ? » s'enquit Harry.

« Me donner un indice pour trouver l'indice donné par l'œuf. »

« Et qu'est-ce que ce serait ? » demanda Hermione.

« Prendre un bain d'eau chaude avec l'œuf dans la salle de bain des préfets. »

« Pourquoi spécifiquement dans la salle de bain des préfets ? » s'interrogea Harry.

« Aucune idée. D'autant que je ne peux pas vraiment y aller sans le mot de passe. »

Harry roula des yeux. « Bien sûr. Une demi-solution à notre problème donc. »

« Mais il ne peut pas prendre de bain ailleurs que là-bas. », expliqua Hermione. « Vous savez bien que nous n'avons accès qu'à des douches. »

« Eh bien, je suis certain que Neville pourrait… » Harry baissa la voix. « Il pourrait très bien demander à Sev. »

Neville frissonna. « Je doute que ce soit une solution. Y a-t-il un préfet qui serait disposé à me donner le mot de passe à votre avis ? »

« Helen et Percy ont fini leurs études. Et de toute manière, Percy aurait refusé de te le donner. »

« Mais pas Helen… Cédric ne me l'a pas donné, donc ce n'est pas une solution non plus. »

« Olivier Dubois n'est plus là non plus. Et comme il n'y a pas de match de Quidditch à cause du tournoi, nous n'avons pas de nouveaux capitaines. »

Hermione secoua la tête. « Rejoignons Draco à la bibliothèque, il connaît peut-être des préfets de Serpentard. Si nous ne trouvons personne, il n'y aura qu'à retrouver Cédric. »

« Mais de toute manière, je ne comprends pas pourquoi il faudrait que ce soit dans la salle de bain de préfets. Je veux dire, Fleur et Krum ne peuvent pas l'avoir découvert grâce à ça, ils n'y ont pas davantage accès. Si ? Hermione, est-ce que Krum a trouvé ? »

« Je ne sais pas. Nous ne parlons pas vraiment. C'est quelqu'un de très physique… enfin, je veux dire qu'il n'est pas très loquace. »

« On avait compris, ne t'inquiète pas. », rit doucement Harry.

Harry avait aussi la nette idée que si Draco ou Ron surprenait Krum tenter d'embrasser Hermione, ça risquait de très mal tourner. Il était évident que le roux était jaloux, et Harry n'avait pas été aveugle en ce qui concernait Draco qui semblait détester Krum depuis le début de l'année.


Draco parvint à obtenir le mot de passe avant la fin de la journée, « Fraîcheur des pins ».

Neville se rendit seul au cinquième étage, avec son œuf.

Il repéra aisément la statue de Boris le Hagard, représenté avec un air ahuri et portant ses gants à l'envers. La salle de bain devait être la quatrième porte à droite après la statue.

Il parvint devant et prononça le mot de passe discrètement. La porte s'ouvrit, et le quatrième année pénétra à l'intérieur de la pièce.

Cette dernière était éclairée d'une lumière douce par un magnifique lustre de chandelles.

Les fenêtres étaient ornées de longs rideaux de lin blanc, et une pile de serviettes blanches et moelleuses étaient posées dans un coin.

Un unique tableau, entouré d'un cadre doré et représentant une sirène, ornait le mur.

Tout était en marbre blanc, y compris la piscine rectangulaire aménagée dans le sol au milieu de l'endroit.

Il y avait même un plongeoir. Était-ce cela qu'on appelait une salle de bain ?

Une centaine de robinets d'or, tous ornés de pierres précieuses différentes, entouraient la piscine. Chacun d'entre eux pouvait déverser diverses sortes de bains moussants et de mélanges d'eau.

Neville alluma les robinets. Des bulles roses et bleues de la taille d'un souaffle s'écoulèrent d'un robinet. De la mousse d'un blanc de glace très épaisse se déversa d'un autre. Le suivant projetait des nuages pourpres au parfum entêtant qui flottait à la surface. Il y avait encore celui au jet rebondissant sur l'eau, décrivant de grands arcs.

Malgré la taille de la piscine, il fallut peu de temps pour la remplir.

Neville s'assura que l'eau était bien chaude, et pénétra dans le bain. Il devait admettre que cela le détendait beaucoup.

Il prit l'œuf dans ses mains, le faisant reposer sur ses genoux.

Prendre l'œuf avec lui… cogiter dans l'eau chaude…

Qu'est-ce que ça voulait dire ?

Il ne voulait pas le rouvrir. Il savait ce qui se passerait.

Il prit une inspiration, et se laissa glisser sous l'eau.

Totalement immergé, il regardait l'œuf fermé dans ses mains. Rien ne se passait.

Les bulles sortaient de son nez lentement, et il avait beau fixer l'objet doré sous l'eau chaude, il n'y avait aucune différence.

Il commença à manquer d'air, et remonta d'un coup à la surface pour prendre une inspiration rapide. Il laissa l'œuf reposer sur ses jambes légèrement repliées, s'appuyant sur ses mains, et toussa avec rudesse.

Quel idiot ! À quoi s'attendait-il exactement ? À ce que l'eau chaude révèle une écriture sur l'œuf ? Ou à ce que l'objet s'ouvre soudainement d'une nouvelle manière sans lui vriller les tympans ?

Sa quinte de toux diminua, et il recommença à respirer correctement. Soudainement, la tête d'un fantôme bien connue sortit de l'eau juste devant lui pour lui faire face.

« Neville… ça faisait longtemps. », fit-elle avec une voix chantante bien que désagréable.

« Mimi ! Qu'est… ce que tu fais là ? »

« Je me promène. L'autre jour, dans un conduit d'évacuation, j'ai aperçu quelques gouttes de polynectar. Vous n'auriez pas recommencé vos bêtises, tout de même. »

« N-non. Nous… nous n'avons plus fait de polynectar depuis… la chambre des secrets. »

« Il est joli, ton œuf. »

Neville était gêné par la promiscuité avec Mimi Geignarde. Et que faisait-elle là en premier lieu ?

« Mimi… est-ce que… tu pourrais me laisser… prendre mon bain seul ? À moins que… tu aies des informations ? »

« Quel genre d'information ? Je ne sais pas moi. Mais tu devrais essayer de le mettre dans l'eau. »

« J'ai déjà essayé… »

« C'est ce qu'il a fait, l'autre garçon. Le beau garçon. Cédric. »

« Mais ça n'a rien fait. », contesta le jeune Gryffondor.

« Il l'a ouvert, lui. »

Neville fronça les sourcils. Puis, il ouvrit l'œuf. Le son assourdissant retentit. Il le referma rapidement.

Mimi se tenait les oreilles. « Il l'a ouvert sous l'eau ! » s'indigna-t-elle avec mécontentement.

Honteux, Neville replongea la tête sous l'eau, l'œuf dans ses mains et face à lui. Il ouvrit comme les autres fois.

Une musique s'éleva de l'œuf. Un chant féminin avec une mélodie envoûtante.

Descends nous voir, entends nos paroles,
nous ne chantons qu'en sous-sol.
Durant une heure, il te faudra chercher,
ce que l'on t'a arraché.

Il remonta à la surface et reprit une respiration. Il ferma l'œuf.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« C'est ton énigme, non ? »

Neville hocha la tête. C'était à lui de le résoudre. Harry était plus doué que lui pour ça. Comme Hermione et Draco. Ils aimaient tous les trois ce genre de choses. Pourquoi était-ce lui qui devait s'en charger.

Réfléchissant, son regard se posait sur le tableau face à lui. La sirène se coiffait. Observer le seul tableau de la pièce le relaxait d'une certaine manière.

Pourquoi Cédric lui aurait indiqué expressément la salle de bain des préfets ?

Certes, c'était probablement le lieu idéal pour plonger l'œuf sous l'eau, ainsi que la tête.

Il fronça les sourcils, ses yeux toujours sur le tableau.

Pris d'un doute, il replongea sous l'eau, et rouvrit l'œuf. La chanson était la même.

Descends nous voir, entends nos paroles,
nous ne chantons qu'en sous-sol.
Durant une heure, il te faudra chercher,
ce que l'on t'a arraché.

Il émergea à nouveau.

Ce n'était pas possible… la sirène qui replaçait ses cheveux dans le tableau semblait être là pour le narguer.

Il devait ouvrir l'indice sous l'eau. Un chant en sortait. Il fallait aller dans des profondeurs pour entendre ces êtres féminins. Ce, n'était, pas, possible.

Il savait ce qui habitait le lac noir.

Il y avait le bien connu calmar géant semi-domestiqué bien apprécié des étudiants de Poudlard, dépourvu de pouvoirs magiques, et qui n'effrayait pas le moins du monde le craintif Neville.

Il y avait également une colonie d'êtres de l'eau, des animaux magiques mi-humains mi-poissons avec un goût prononcé pour la musique.

Par Hagrid, Neville savait que les sirènes, selkies et merrows avaient été invités par le ministre de la Magie Gorgan Stump en 1811 à passer du statut d'animal à celui d'être, les regroupant sous le nom commun d'êtres de l'eau, avant de demander un an plus tard à retrouver le statut d'animal.

La différence essentielle entre sirènes et selkies était que les premiers vivaient dans les eaux chaudes, alors que les seconds se trouvaient plutôt dans les lacs d'Écosse.

Les sirènes étaient réputées être des créatures magnifiques et séduisantes, dont la partie supérieure de leur corps était identique à celle d'un humain. Leurs cheveux étaient blonds, et leurs queues de poisson étaient lisses, avec une couleur pouvant varier du rose au doré.

Alors que les merrows et selkies n'étaient pas particulièrement attirants pour des humains.

Les êtres de l'eau étaient des créatures fières, intelligentes et hautement organisées. Ils évoluaient sous l'eau au sein de structures de tailles variables selon l'habitat, composées de bâtisses de pierres brutes aux murs parsemés d'algues.

Ils cultivaient des plantes marines dans des jardins aquatiques, généralement aux côtés de leurs demeures très élaborées.

Murcus était la cheffesse de l'eau, une femme de l'eau qui dirigeait la colonie du lac de Poudlard.

Neville n'était pas certain de pouvoir être rassuré à l'idée de croisé des êtres de l'eau.

Mais le plus inquiétant était la présence des strangulots. Ces démons des eaux peuplaient certains lacs de Grande-Bretagne et d'Irlande, dont le lac de Poudlard.

Et il s'agissait d'animaux facilement agressifs avec les humains, bien que les êtres de l'eau soient capables de les domestiquer comme animaux de compagnie, et qu'ils se nourrissent exclusivement de petits poissons.

Ils étaient classifiés, selon la même classification des animaux, êtres et esprits où les dragons étaient au niveau maximum 5, au rang 2, ce qui les désignait comme inoffensifs et pouvant être domestiqués.

Neville avait souvenir que Remus leur en avait montré lors d'un cours. Ils avaient une apparence répugnante, dotée de deux petites cornes, à la peau de couleur vert pâle et aux yeux blancs. Leurs doigts étaient longs et fins, et capables d'exercer des étreintes puissantes, mais faciles à briser car fragiles. Leur dentition était pointue, et ils possédaient une dizaine de tentacules.

« Mimi, tu ne penses pas qu'ils nous feraient affronter les selkies et les strangulots, n'est-ce pas ? »

Elle rit. « Bravo ! Il a fallu un temps interminable à l'autre garçon pour comprendre. »

« Oh, Merlin Merlin Merlin Merlin ! Des sirènes ! Non non non non non non ! »

Neville devait se discipliner, calmer sa respiration. Non, non, non, non ! Ils ne pouvaient pas leur faire ça !

Mais n'avaient-ils pas déjà dû affronter des dragons ?

Des sirènes !

Et que devraient-ils faire face aux êtres de l'eau ?

Il fit de son mieux pour se calmer avant de replonger la tête dans l'eau avec l'œuf, et de le rouvrir une fois de plus.

Descends nous voir, entends nos paroles,
nous ne chantons qu'en sous-sol.
Durant une heure, il te faudra chercher,
ce que l'on t'a arraché.

Il se le répéta mentalement encore et encore alors qu'il sortait du bain et retournait à la salle commune. Il ne lui resterait que le lendemain pour chercher.