(La coupe de feu) Branle-bas de combat
Dumbledore avait conduit Neville et Harry à l'infirmerie, et Madame Promfresh avait pris en charge le garçon-qui-avait-survécu, et qui s'était échappé une fois de plus.
Le directeur et l'infirmière s'étaient ensuite enfermés dans le bureau pour discuter, puis étaient allés chercher le vrai Alastor Maugrey, pendant que les deux adolescents avaient pour consignes de rester là.
Harry et Neville étaient restés en silence.
Le corps de Cédric avait été déplacé là, sur un lit au fond, et avait été entouré par des rideaux, qu'Amos Diggory puisse pleurer son fils dans l'intimité. Les Weasley avaient été acceptés sur les lieux, étant des amis de la famille.
McGonagall avait rédigé brièvement la lettre, et l'avait envoyée à Azkaban. Elle était également allée avertir le ministre, qui avait donc décidé de la suivre à l'infirmerie pour discuter avec le directeur.
Le ministre s'impatientait de savoir ce que faisait Dumbledore, l'homme n'étant toujours pas revenu lorsqu'il arriva. Neville lui expliqua ce qu'était parti faire le directeur, mais le ministre tempêtait, énervant Harry.
Enfin, Albus était revenu avec Madame Pomfresh et son nouveau patient sur un brancard magique.
Le ministre l'aborda aussitôt. « Ah, Albus. On m'a dit pour ce Bartemius Crouch Junior. Je dis qu'il recevra le baiser du détraqueur. Appelons simplement des Auror pour l'emmener ailleurs qu'ici déjà. »
Le ministre et le directeur quittèrent à nouveau la salle, accompagnés de la directrice adjointe.
Madame Pomfresh était bien occupée à traiter Alastor, et elle appela par cheminette l'assistance de Mademoiselle Evans, qui arriva avec Draco et Hermione, les bras chargés des flacons qu'ils avaient transportés dans les couloirs pour escorter Lily des cachots jusqu'à l'infirmerie.
Lily alla rapidement au chevet de Maugrey afin d'aider Poppy, et dû rappeller Draco à venir près d'elle, puisque les deux adolescents avaient été surpris de voir Harry et Neville ici, et plus encore l'état de leur professeur, et si Hermione avait bougée immédiatement, ce n'avait pas été le cas de Draco.
« Que s'est-il passé ? » demanda Hermione, presque erratique, alors qu'elle se plaçait à côté de la table de chevet pour poser ses bocaux.
« Vous avez été attaqué par un dragon dans le bureau de Maugrey ou quoi ? » questionna Draco, son choc passé. Il tendait un flacon à Lily. Les deux femmes s'affairaient.
« Je ne pense pas que cela vous occupe, monsieur Malfoy. », commenta l'infirmière, réponse assez claire pour lui dire que ce n'était pas ses affaires.
Le blond tourna la tête vers Harry et Neville, sagement restés sur le lit usuel du garçon-qui-avait-survécu, dans l'attente d'une réponse plus appréciée de la part de ses amis. Harry haussa simplement les épaules, et Neville secoua la tête négativement.
Ginny, la première, s'approcha, suivi par Ron et ensuite les jumeaux, tous observés de loin par leur mère qui était restée près des rideaux derrière lesquels se trouvaient son mari et les Diggory. La plus jeune pressa. « Qu'est-il arrivé au professeur Maugrey ?! » s'exclamait-elle en se plaçant devant ce lit, son regard alternant entre gêne vers l'état malheureux de son professeur, et exigence vers le Serpentard.
« C'est justement ce que j'aimerais savoir ! » rétorqua le blond.
« Draco, ton attention. », demanda Lily. « Si tu ne peux pas me la donner, alors pose juste tout là, et éloigne-toi. »
Le Serpentard hésita. Il trouvait intéressant de servir d'assistant à Tante Lily, mais il était également fort désireux d'obtenir ses réponses. Après un instant de réflexion, il haussa les épaules, et resta là, le visage tourné vers les femmes qui travaillaient. Ses oreilles pourraient tenter de chercher des bribes de conversation pour répondre à ses interrogations, son attention resterait principalement sur l'aide à apporter. Bien que soigner celui qui l'avait changé en fouine n'était pas ce qu'il préférait.
Ginny, toujours suivie par Ron, se détourna avec humeur et rejoignit Neville et Harry à qui les jumeaux étaient déjà en train de présenter les résultats des paris ainsi que leurs dernières créations de bonbons, dans une tentative assez plaisante de détendre l'atmosphère et attirer l'attention ailleurs que sur le deuil plus loin ou le patient défiguré et démembré.
Molly Weasley ne ratait pas un instant de tous les détails d'interaction entre les différents étudiants présents.
« Tu vas bien, Neville ? » demanda Ron avec incertitude.
« Ouais, ça va. », fut la réponse irrésolue.
« Alors, que s'est-il passé ? » questionna à nouveau la plus jeune.
« On a retrouvé le professeur Maugrey. », lâcha vaguement Harry.
« Comment ça, vous l'avez retrouvé ? » s'étonna Ron.
« C'est plutôt les professeurs Snape, Dumbledore et McGonagall qui l'ont retrouvé. », précisa Neville.
Dumbledore, McGonagall et le ministre revinrent. L'imposteur avait été emmené par des aurors pour recevoir le Baiser du Détraqueur.
Le ministre s'approcha de Maugrey. Il lança un regard étonné vers Lily, Draco et Hermione, mais choisit de se retenir de toute remarque et s'adressa plutôt à l'auror.
« Alastor, comment vous êtes-vous retrouvé comme ça ? »
« Ces saletés m'ont pris en traître. », déclara le borgne.
« Ne dérangez pas mon patient ! » s'insurgea l'infirmière.
Fudge s'indignait doucement également. « Il est normal de poser cette question. Comment Bartémius Crouch Junior peut-il l'avoir eu. »
« Lui et Peter Pettigrow. », compléta l'auror.
Le ministre sursauta presque. « Pettrigrow est mort. »
Un aboiement plutôt désapprobateur surprit tout le monde, à l'exception de Dumbledore.
Severus était entré dans l'infirmerie accompagné d'un grand chien noir et de Remus Lupin.
« Actuellement, sans doute est-il aussi mort que le Seigneur des Ténèbres. », annonça le maître des potions avec sarcasme.
Fudge bégaya d'étonnement. « Mais- que… que font ce chien et Lupin ici ?! »
« Ils sont là à ma demande. », déclara calmement Dumbledore. « Nous devons nous préparer. À présent que Voldemort est revenu… »
« Il est mort, il ne peut pas être revenu. », trancha le ministre avec humeur.
S'il y avait une chose qui irritait Severus, c'était ce genre d'attitude. Il s'approcha à grands pas de l'homme qui refusait l'évidence après qu'elle lui fut dite de nombreuses fois et que tous les éléments pointaient vers cette conclusion. Il n'était pas temps de se comporter de cette manière. La situation était bien trop grave. Il se planta devant l'homme, le regard dur, et souleva d'un coup sa manche pour lui présenter la marque bien sombre et mouvante, comme Bartémius Crouch Junior n'avait pas suffi.
« Et ça, alors, qu'est-ce ? » exigea-t-il avec colère.
Fudge était devenu blanc comme linge, et ses yeux étaient rivés sur le symbole serpentin de mort. « Une… une relique du passé. »
Severus rabaissa d'un coup, brusquement, sa manche, et l'autre homme recula sous son regard noir.
Le ministre continuait de réfuter l'évidence. « Ce… ce n'est d'aucune… d'aucun poids, pas une preuve, pas… ce n'est rien ! »
Dumbledore s'approcha aux côtés de Severus. « C'est bien réel, et je vais réunir les anciens, qu'importe ce que vous semblez en penser. Nous ne pouvons pas l'ignorer. Comme Severus l'a évoqué, la marque a brûlé ce soir. Voldemort réunit les siens. Nous devons faire de même. Si cela ne vous plaît pas, vous pouvez toujours repartir. Je suis certain que vous avez des choses à faire avec monsieur Diggory. »
Très mécontent, Fudge s'en alla, avec le regretté père qui venait de perdre un enfant, madame Pomfresh les escortant avec la dépouille. Les Weasley restèrent.
Le couple s'approchait d'Albus, Arthur en premier. « Je veux rejoindre, Albus. »
« Tout volontaire est le bienvenu. Néanmoins, vous avez besoin d'être sûr… »
Molly le coupa. « Nous nous battrons. Nous n'allons pas rester passifs pendant que le monde s'embrase. J'ai des enfants, je veux les protéger, protéger leur avenir. Mes frères se sont battus pour votre Ordre, je veux en faire partie. »
Le directeur hocha la tête en compréhension. « Bien, si vous êtes sûr. »
« Assurément. », confirma Arthur, un ton qui reflétait parfaitement toute sa détermination et rendait indiscutable son honnêteté à ce mot.
La voix bourrue d'un Maugrey de mauvaise humeur s'éleva. Pomfresh partie, Lily restait seule au chevet de l'homme et avait semblé considérer, comme l'infirmière, que les soins étaient suffisants pour le moment. Aussi était-elle en train de ranger les bocaux et flacons dans les étagères. Hermione avait rejoint ses amis de Gryffondor et Draco accompagnait encore Lily. Maugrey était donc dans son lit, à moitié allongé, le dos appuyé contre des oreillers placés à la verticale, et les bras croisés pour bien afficher son mécontentement. « Ils feront certainement de meilleurs ajouts que ce Mangemort. »
Severus roula des yeux, pendant que le directeur tournait la tête vers l'auror. « Nous n'allons pas en rediscuter, Alastor. »
Le chien se changea en homme, et approuva Maugrey pendant que le couple Weasley criait de surprise. « J'approuve sa remarque ! »
Draco, laissant Lily finir le rangement seule, revenait vers le groupe avec un froncement de sourcil. « Tu n'es pas sérieux, maintenant, si ? » questionna-t-il Sirius.
Molly était blême, une main posée sur son cœur, et sentait encore les battements forts et affolés que la vision de la transformation d'un chien déjà effrayant en un Sirius Black accusé de meurtre et au regard fou avait causée. Arthur, de son côté, tournait un regard inquiet vers Albus. « Que fait Sirius Black ici ? » questionna-t-il le directeur qui ne semblait pas soucieux le moins du monde.
Sirius faisait un clin d'œil au Serpentard. « Non, je suis plutôt Sirius, actuellement. » Il se tourna vers l'homme roux pour répondre en premier. « Je fiche ici, car on m'y a en quelque sorte convoqué de la manière la plus désagréable possible, et il ferait mieux d'y avoir une très bonne raison, sans quoi je pourrais être amené à mordre un certain personnage déplaisant. »
Severus lui envoya un regard cinglant. « Il y a certains préceptes de Serpentard que tu devrais apprendre pour ton propre bien, Black. »
« Comme ? »
« "Ne mords pas la main qui te nourrit", sinon elle cessera de t'aider, et pourrait bien te gifler en retour. »
Dumbledore leva une main. « Les garçons, maintenant, cela suffit. Sirius, tu es adulte. Et tu es ici à ma demande. Arthur, Molly, il faut que vous sachiez que Sirius n'est pas coupable de ce dont on l'accuse, et il fera toujours partie de l'Ordre à présent que je vais le reformer. »
Arthur ne savait plus que croire. Il était prêt à accepter l'innocence de Sirius, l'ayant bien connu au ministère. Néanmoins, il n'en restait pas moins que tout accusait l'homme, et il préférait rester prudent. Si une guerre commençait, ils devaient être certains du camp de ceux qui seraient avec ou contre eux. « Il est vrai que Sirius Black a été un très bon auror pendant treize ans, mais Peter Pettigrow a bel et bien été tué… »
« Malheureusement, non. », grogna Sirius.
« Black. », réprimanda sèchement Severus. « Il n'aurait guère été préférable que tu sois réellement coupable. »
« Qu'est-ce que ça aurait changé à ma situation exactement ? »
« Ton filleul… »
Harry s'avança. « Désolé, Sev, mais je suis de l'avis de Sirius finalement. Si Peter avait été tué, Voldemort ne serait pas revenu. »
Sirius bomba le torse de satisfaction. « Bien dit. » Mais soudainement, il sembla comprendre de quoi ils parlaient depuis un bon moment. « Attends, quoi ?! Voldemort ?! »
Albus hocha gravement la tête. « Le mieux serait peut-être que Neville nous raconte à tous ce qui s'est passé, maintenant que tous sont présents pour l'heure. »
L'Ordre n'était pas au complet, mais ils devaient faire une première réunion au plus tôt, et les membres les plus essentiels pour cela étaient là. Arthur et Molly Weasley étaient un ajout bien heureux, et Albus ne doutait pas que les jumeaux voudraient rejoindre, ce qu'ils pourraient étant à présent majeurs.
Neville, toujours assis sur son lit, commença son récit. Viktor Krum avait été impérisé, après réflexion il s'avérerait que ce fut l'œuvre de Bartémius Crouch Junior, afin d'empêcher Fleur ou Cédric d'atteindre la coupe avant Neville. Mais Cédric était parvenu à mettre le champion de Durmstrang hors d'état de nuire, et ils avaient été deux à arriver jusqu'à la coupe. Poursuivis par un piège du labyrinthe, Neville avait proposé qu'ils prennent la coupe à deux, ensemble.
Ils furent transportés par le portoloin dans le cimetière. À ce moment de son récit, Neville fut interrompu par Arthur qui demandant de quel cimetière il s'agissait.
« Celui de mon rêve. », avait répondu, gêné, le garçon. « Et c'est là que Peter Pettigrow est arrivé, et a ressuscité Voldemort en se coupant la main droite et en me prenant du sang. »
« Et là, je ne comprends pas. », déclara Arthur. « Comment Peter… »
Albus le coupa. « Nous poserons nos questions plus tard. Continue, Neville. »
Le garçon avait alors poursuivi son histoire. Voldemort avait appelé ses Mangemorts, il avait exprimé sa déception qu'aucun n'ait cherché à le retrouver. Neville ne savait pas quoi dire, il ne savait pas s'il pouvait évoquer Lucius, il ne savait pas s'il devait parler des menaces que Voldemort avait proférées à l'encontre du lâche et du traître. Il lançait des regards hésitant vers Draco et Severus. Toujours indécis, il prit la décision de ne pas l'évoquer immédiatement.
Il expliqua que Voldemort l'avait provoqué en duel, et qu'il était parvenu à fuir en retournant à la coupe. Il n'avait pas besoin des détails. Il aborderait ces choses dans des endroits plus privés, avec moins d'oreilles attentives. Il préférait être moins entouré lorsqu'il parlerait de cette étrange magie qui lui avait fait voir ses parents, et entendre la dernière volonté de Cédric.
Dumbledore, les yeux pétillants, hocha la tête avec reconnaissance. « Merci, Neville. »
« Bon, alors comment Peter Pettigrow peut-il être en vie ? » questionna Arthur.
Sirius se tourna vers Ron. « Tu ne leur as rien dit ? »
Ron se mordit les lèvres, et Draco pouffa. « Bien sûr, qu'il ne leur aurait rien dit. », se moqua le blond d'un ton qui signifiait qu'il ne faudrait pas s'attendre à mieux du Weasley.
« Dis quoi ? » exigea la mère.
« Alors, qu'est-ce que tu leur as raconté ? » interrogea Draco à l'intention de son camarade roux.
« Que… Croutard était… mort. 13 ans, c'est très long pour un rat des champs. »
Sirius rit. « Ah, ça, c'est ma phrase. » Il devint ensuite plus sérieux. « Il aurait mieux valu qu'il soit mort. »
« Expliquez-nous par Merlin ! » coupa Molly, très mécontente.
Ce fut Sirius qui se tourna vers la sorcière. « Peter est animagus. Nous le sommes tous. Enfin, les Maraudeurs. James, moi et Peter. »
Le couple blêmissait. Personne n'avait vu le regard des jumeaux s'illuminer à la mention des Maraudeurs. Ce fut Arthur qui parla en premier. « Et sa forme était un rat. »
« Exactement. Et si vous voulez savoir pourquoi il n'est toujours pas mort, c'est parce que lorsque je l'ai dénoncé il y a un an moins deux jours, celui-ci », il pointa Severus, « a refusé qu'on lui règle son compte. Comme quoi il fallait le livrer à la justice. Je suis auror pour l'amour de Merlin ! »
Severus regardait sombrement son ancien ennemi d'adolescence. « Merlin se passera très bien de ton avis sur ses amours, Black. Tu n'étais plus un auror, tu étais un fugitif, et obtenir ce rat en vie était ta seule preuve d'innocence afin d'espérer une quelconque réhabilitation. »
Au regard noir que sa mère lui envoyait, Ron devinait qu'il passerait un mauvais moment pour le mensonge et l'omission.
Albus s'adressa à son espion. « Severus, tu sais ce qu'il te reste à faire. Si tu es prêt ? »
« Je suis prêt, Albus. »
« Quoi ?! » s'étrangla Harry. Il regardait entre les deux hommes, et craignait d'entendre l'explication de leur étrange échange.
Severus posa un regard neutre sur l'adolescent. Malgré l'apparente absence d'émotion sur son visage, il était très certainement bien pâle. Enfin, plus que d'habitude. Il ne lui dit rien. Il le regarda juste un instant, puis se tourna à nouveau vers le directeur et hocha légèrement la tête, signifiant qu'il était temps.
Tous dans la pièce observaient le directeur et le professeur avec une certaine compréhension effrayante ou une interrogation curieuse.
