(La coupe de feu) Le camp de l'espion


« Toi ! Que fais-tu là ! »

« Écarte-toi d'elle ! »

« Quoi, de cette Sang-de-Bourbe ?! C'est pour ça que tu m'attaques ! Tu te retournes contre ton Seigneur ! »

« Je t'ai dit de t'écarter Bella ! »

« Notre Seigneur ne pardonnera jamais ta trahison. Tu mourras, et elle aussi ! Je m'en assurerais ! »

« Non, tu n'y feras rien, Bella. »

Un sort informulé supplémentaire, et Severus faisait sombrer dans l'inconscience Bellatrix. Elle ne pouvait pas connaître la suite. Lily s'évanouissait ensuite à son tour. Severus regarda autour de lui.

Il y avait du désordre. Lily et Bellatrix étaient inconscientes dans la chambre, où le bébé observait calmement l'homme sombre. Il avait cessé du hurler et pleurer quand l'inconnu avait fait cesser les cris de ses parents. James était en haut des escaliers, devant l'entrée de la chambre, et s'était assommé. Severus était le seul apte à faire quoi que ce soit.

Lily et James seraient soignés par l'Ordre lorsque celui-ci arriverait, ils iraient bien. Il s'approcha de l'enfant, avec sa baguette, quand le bruit fracassant des marches montées quatre à quatre par un demi-géant retentit.

Severus se retourna vers Hagrid quand celui-ci pénétra l'endroit.

« Professeur Snape ?! »

Severus était coincé. Il ne pouvait pas en terminer avec le bébé et récupérer Bella sans se dévoiler et perdre sa place d'espion.

« Hagrid, envoyé d'Albus. Ils sont vivants. », déclara-t-il l'évidence. Il devait réussir à ce sortir de cette situation.

« Tu… que fais-tu là ? »

« Ça ne se voit pas ? » fit-il avec un sourire narquois.

Hagrid secoua la tête. « C'est moi qu'le professeur Dumbledore a envoyé, tu n'étais pas là. C'est Lestrange ? Que lui est-il arrivé ? »

Ça ne s'était pas passé ainsi, mais qu'en saurait Voldemort ? La priorité de Severus avait été de vérifier l'état de Lily, pas d'observer les alentours ou de s'occuper du gamin Potter. Hagrid avait tout de suite accusé Severus d'être complice de Bellatrix, et c'était Severus qui avait dû insister pour qu'Hagrid rejoigne les Longbottom pendant qu'il s'occupait d'envoyer son patronus à Albus.

« À ton avis ? »

« Ouais… tu d'vras expliquer tout ça au professeur Dumbledore. Leur cheminette est connectée à son bureau. Va l'appeler, je vérifie qu'Harry va bien. »

Severus n'eut d'autre choix que de s'exécuter. Il retourna à l'étage inférieur, enjambant le corps comateux de James Potter, et appela le directeur par cheminette. Il était bien plus sérieux pour s'adresser au vieil homme que pour discuter avec le demi-géant.

Pour plaire à Voldemort, Severus n'avait d'autre choix que de modifier son souvenir. Le moins possible, certes, mais tout de même de façon non négligeable. C'était pour éviter ce genre de préparation longue et fastidieuse de sélection de souvenirs, de travail sur les moindres petits détails, que Severus devait minimiser les différences qu'il aurait à apporter en se comportant de manière particulièrement proche à ce qui lui permettrait de tromper le Seigneur des Ténèbres.

Mais Severus avait dû mal ces dernières années à jouer ce jeu, ce rôle… la présence de Lily le détendait et le poussait à être plus tolérant des élèves. Et surtout, il lui avait été impossible de mal traiter Harry et Neville

« Albus, les Potter ont été attaqués par Bellatrix Lestrange. Ils sont en vie, mais j'ignore dans quel état. »

« Je passe. », répondit le puissant sorcier, et le jeune s'écarta pour le laisser arriver par feu de cheminette.

Le directeur observa le salon, et l'escalier d'où il pouvait voir le corps de James.

« Que s'est-il passé ? » demanda-t-il. Les deux hommes commencèrent à se diriger vers les marches et à monter à l'étage.

« Je te l'ai dit, Bella a attaqué. Elle les torturaient tous les deux, Lily et Potter. Je l'ai désarmée et assommée, elle est toujours dans la chambre. Lily et son époux ont perdu connaissance après que je sois intervenu. Hagrid est arrivé, et a décidé de s'occuper du morveux Potter. »

Ils arrivèrent à l'entrée de la chambre. Dumbledore posait des yeux tristes sur James, baissant la tête. Severus suivait son regard avec impassibilité. Severus n'avait pas eu à cœur de modifier son souvenir pour afficher de la gaieté ou de la victoire sur son visage. Il ne voulait pas en rire ou s'enorgueillir de l'état de son ancien rival. Il pourrait toujours justifier cette absence de sentiment par un devoir de jouer le jeu de gagner la confiance de Dumbledore. En vérité, il n'avait eu aucun sentiment, ni positif ni négatif en voyant là James Potter.

« Je vois. Pauvre James. » Dumbledore tourna la tête vers l'intérieur de la chambre. « C'est un miracle qu'elle n'ait pas touché à l'enfant. »

Severus hocha sombrement la tête. « C'est aussi un miracle que je sois intervenu. » Severus et Albus avaient eu un grand combat à ce sujet, que le jeune avait accepté de reporté pour plus tard étant donné l'urgence de la situation. De même, Severus avait informé qu'il avait envoyé Hagrid chez les Longbottom. Ils avaient été pressés, et ni le jeune ni le vieux n'avait perdus beaucoup de temps en parole inutiles. Il y en avait eu, oui, mais pas trop.

Albus orienta un regard dur vers Severus. « Ne m'avais-tu pas spécifié que Voldemort se chargerait lui-même des Potter ? Comment expliques-tu cela ? »

« Il a dû changer ses plans. Si le Seigneur des Ténèbres n'a envoyé que Bellatrix ici, c'est que finalement il a choisi de rendre visite aux Longbottom. »

Le visage de Severus devint soudainement livide.

« Qu'y a-t-il ? »

Le jeune sorcier, pour toute réponse, souleva sa manche, et observa, au même titre que le directeur, la marque s'effacer. « C'est… », souffla le jeune homme alors que le plus âgé restait interdit. « Il… la marque, cela signifie que… »

« Hagrid, rends-toi immédiatement chez les Longbottom, et trouve ce qui s'y est passé. », ordonna durement le directeur. Pendant que le demi-géant partait, Severus rabaissait sa manche.

Albus entra dans la pièce, suivi par Severus. « Nous allons livrer Bellatrix à Maugrey, et nous déposerons Lily et James à Ste Mangouste. Nous attendrons le retour d'Hagrid dans mon bureau. »

Le regard du jeune professeur se posa sur le berceau. « Et pour lui ? »

Albus suivit le regard. « Lui, nous allons le garder avec nous. Puis, nous confronterons Sirius à ce sujet. C'était leur gardien du secret. »


Autre temps, autre lieu. Severus était calme, assis dans un fauteuil en face du bureau de Dumbledore. Il tenait un tout petit bout de papier dans sa main, et le regardait. Le directeur était dos tourné, debout devant sa fenêtre. Il faisait jour et soleil dans un ciel bleu sans nuage.

« Je peux savoir ce que c'est ? » demanda finalement le jeune professeur toujours vêtu de ses capes noires d'enseignant.

« Une adresse. »

« Grand merci, j'avais besoin de cette précision. », claqua le jeune avec sarcasme.

« Je voulais que tu aies accès à l'adresse de Lily et James Potter. Que tu puisses intervenir s'il y avait un problème. Je te fais confiance pour ça. »

Severus abaissa son bras et foudroya le dos du directeur. « Pourquoi maintenant ? Et dois-je vous rappeler qu'un espion n'est pas censé agir sur le terrain ? Voulez-vous que je perde ma couverture ? »

« Aussi n'est-ce pas toi que j'enverrais en priorité. Je ne peux même pas être certain des actions que tu entreprendrais dans une telle situation : serais-tu pour ou contre nous ? Mais quand cela concerne Lily, j'ai confiance que tu prendras la bonne résolution. Je pensais juste que tu voudrais savoir où elle et James habitent. »

« Eh bien non, je ne le faisais pas. »

« Maintenant, c'est un peu tard pour revenir en arrière, tu ne trouves pas ? Tu pouvais te douter de ce que je te tendais quand je t'ai donné ce papier. »

« Il me semblait qu'il était clair que votre Ordre ne devait pas savoir pour moi. Comment avez-vous fait pour convaincre le gardien du secret ? »

« Tu n'as pas besoin de le savoir, n'est-ce pas ? Je suis inquiet qu'il ait mis autant de temps à accepter. Il m'a demandé un délai de quelques jours pour y réfléchir avant de m'apporter les papiers. Même à moi, il ne m'a pas communiqué l'adresse oralement ni immédiatement. »

Severus observait le directeur d'un air sombre, mais ne répondit rien.


Ils étaient dans la cabane hurlante. Voldemort avait déjà vu cette scène, par Queudver. C'était là que Sirius Black avait révélé la présence de Queudver, et avait voulu le tuer. Et c'était là que l'intervention de Severus avait permis à Queudver de s'échapper.

« Oui, c'est ça ! » cria Sirius quand les yeux de Severus revinrent sur lui. « Je te l'avais dit ! Et il est là ! Alors, tu veux bien m'aider à le tuer, non ? Toi entre tous ne peux pas me le refuser ! »

« Personne ne tuera ce soir, Black, si ce n'est les détraqueurs qui voudront t'offrir un baiser lorsqu'ils sentiront ta joie et ta présence. »

« Tu plaisantes, n'est-ce pas Servi » La voix de Sirius trahissait de l'incompréhension et de l'incrédulité.


« Harry ! Servillus est là ! »

Pendant que les deux jeunes sorciers entendaient les pas excités d'un enfant ouvrir une porte sauvagement et dévaler l'escalier, Severus foudroyait Sirius de ses yeux noirs.

« Tu devrais surveiller ta langue, cabot. »

Sirius lui tournait le dos et guettait l'arrivée de son filleul. Il haussa les épaules. « Fais pareil alors. Mais je ne pense pas que je le ferais. »

« Retiens-toi au moins devant l'enfant. »

« Il doit savoir comment t'appeler, non ? » se moqua Black.

Harry, cinq ans, déboula à toute vitesse. « Severus ! On va dans la bibliothèque ? Tu viens trop peu… »

« Hey, il vient trop souvent ! » riposta Sirius, fort mécontent.

« Non, pas assez ! Et arrête de l'appeler méchamment, tu sais qu'on déteste tous ça. Je préfère quand Severus est là, il m'apprend des choses, lui. »

L'enfant voulait faire mal à son parrain, car il était très énervé par l'appellation que l'homme employait, mais il restait entièrement honnête pour ce faire.

« Je t'apprends des choses aussi ! Plus, d'ailleurs, puisque je ne suis pas si souvent absent. »

« Tu m'apprends à m'amuser, et à rire même de choses dont je ne devrais pas. Et tu m'enseignes des sorts sans prudence. Severus, lui, m'apprend à réfléchir. »

Harry tira la langue à Sirius.

« Petit garnement ! » s'étrangla le parrain.

« Black, tu as aussi un travail. »

Sirius grimaça à contrecœur. « Ouais, faut qu'j'y ailles. Je peux pas toujours être à la maison… ta présence sera toujours meilleure que celle de Kreattur pour veiller Harry. »

Sirius partit, l'enfant rayonnait vers Severus.

« On y va ? » demanda Harry avec excitation.

« Je pense que je vais commencer par vérifier comment Sirius Black t'a appris à traiter avec les elfes de maisons… Même Lucius pourrait être plus aimable que lui, et ce n'est pas censé être possible. »


« On ne se voit jamais ! » L'enfant blond de neuf ans tapait du pied.

« Draco, ce n'est pas vrai. », objecta le professeur.

« Pas vrai ? Absolument que si ! Tu n'es jamais là en week-end, alors que ça devrait être les moments où tu serais le plus disponible. On ne se voit que durant les vacances pratiquement, et que la moitié du temps, même alors que mes parents t'invitent à rester séjourner chez nous ! »

« Je viens dans les soirées des semaines de cours, ce n'est pas rien, Draco. Je ne suis pas censé le faire. Quant aux week-ends, dois-je vraiment te rappeler que je viens régulièrement pour les repas ? À la demande assez agaçante et insistante de ta mère. »

« Ce n'est pas juste. Tu es toujours occupé. Comme Père. », bougonnait le garçon. « Et tu viens plus souvent pour parler de je ne sais quoi avec lui que pour moi. »

« Ne sois pas un enfant gâté, Draco. J'ai horreur de ça. »


« Son état s'est considérablement amélioré depuis ses neuf dernières années et demie. », disait un médicomage.

Severus était bras croisés, debout, dans ce qui ressemblait au cabinet d'un médecin, en compagnie de plusieurs spécialistes de la section psychiatrique de l'hôpital.

« J'en suis pleinement conscient, et je n'y vois pas de problème. Alors de quoi vouliez-vous parler ? »

« Nous ne pouvons pas grand-chose pour elle. », fit un autre.

Un troisième acquiesçait. « Ce n'est pas nous qui avons fait progresser les choses. Vous avez une formation en médicomagie suffisante pour qu'au vu de son état… » Il hésitait à poursuivre, lançant un regard nerveux aux autres.

Le quatrième conclut pour lui. « Nous songeons à vous en laisser la charge, professeur Snape. Nous ne pouvons rien pour elle à l'hôpital, mais vous pouvez l'aider à s'épanouir dans le monde extérieur. »

« Nous pensons qu'il est temps. », fit le deuxième.

Le premier hocha la tête. « Nous vous la laissons à votre entière charge. Dès cet été, elle quittera l'hôpital pour… »

« Vous n'êtes pas sérieux ? » l'interrompit le professeur.

Le troisième sortit un papier. « Bien sûr que si. Nous avons préparé et signé tous les formulaires. Il ne reste que votre accord, mais il s'agit d'une formalité négligeable à ce stade. Notre avis de médecin est ce qui compte le plus. »

« Je ne peux pas… »

« Vous le devez. », trancha le premier. « Pour elle, pour sa santé, vous le devez. »

« Bien. Je le ferais. »


« Ils m'en ont laissé la pleine charge, Albus ! »

Severus tournait en rond dans le bureau du directeur. C'était habituellement Albus qui faisait cela, mais Severus avait besoin de laisser s'exprimer certaines choses, sans quoi il exploserait sous son occlumancie.

Albus était tranquillement installé dans son grand fauteuil et sirotait son thé. « Je suis certain que tu t'en sortiras à merveille. »

« Es-tu fou ?! »

« Nul n'est plus apte que toi. Je te fais entièrement confiance. » Le vieil homme le regarda par-dessus ses lunettes en demi-lune, les yeux pétillants, l'air sérieux. « Sauf si tu penses ne pas pouvoir continuer à t'en montrer digne. »

« Je ferais aménager mes quartiers pour l'accueillir. »


« Cela étant… je suppose que certains sont venus à Poudlard en possession d'aptitudes si exceptionnelles qu'ils se sentent assez sûrs d'eux… pour ne pas… se montrer… attentifs. »

Le regard de mépris qu'il dirigeait vers Harry alors que le garçon prenait des notes sur son discours était total. Hermione donna un coup de coude à son voisin qui se redressa, observa autour de lui, regarda le professeur, puis posa sa plume avec un vague air déçu.

« Monsieur Longbottom. Notre nouvelle… célébrité. »

Neville sursauta et se mit à trembler. Harry fut également surpris. Mais Severus s'était tourné vers le garçon qui avait survécu. Harry frotta doucement le dos de Neville pour le rassurer.

Severus attendit un tout petit moment avant de poser sa question.

« Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? »

Neville ne bougea plus. Il avait ouvert de grands yeux, rivés vers le bord de sa table. Harry s'était aussi stoppé, et regardait Neville, tout aussi immobile et surpris que lui.

Hermione leva la main. Ron lui lança un air désapprobateur.

« Monsieur Potter, vous semblez vouloir partager beaucoup de choses avec Monsieur Longbottom. Alors ? »

Neville leva un visage blême vers Harry. Ce dernier lui rendit son expression silencieuse.

« Vous ne savez pas. Essayons encore. Ou iriez-vous, Monsieur Longbottom si je vous demandais de me rapporter un bézoard ? »

Hermione agita sa main. Neville regarda partout dans la classe, les yeux en larmes, sauf le professeur. Il fuyait la vision. Harry se retourna vers l'enseignant, calmement.

« Monsieur Potter, pourriez-vous me dire où est la langue de monsieur Longbottom ? »

« Je… je ne sais pas, monsieur. »

Les Serpentards restèrent silencieux, mais leurs sourires amusés montraient qu'ils ne se priveraient pas d'en reparler après le cours.

« Et quelle est la différence entre le napel et le tue-loup, monsieur Longbottom ? »

Neville plongea sa tête dans ses mains et éclata en pleurs.

« Je ne sais pas, monsieur. »

« Navrant. À l'évidence, la célébrité ne fait pas tout. » Il tourna son regard vers Harry. « N'est-ce pas, Monsieur Potter ? »

« À l'évidence, Hermione le sait, elle, et vous ne l'interrogez pas. »

« Retenue Potter. Monsieur Longbottom aussi. »


« Infirmerie pour Monsieur Longbottom. Monsieur Finnigan, accompagnez-le. »

Le visage de Neville commençait déjà à se couvrir de furoncles.

« Et 5 points en moins pour Gryffondor pour votre incompétence, monsieur Longbottom. », rajouta Severus au moment où les deux garçons sortaient de la salle.


Harry regardait le maître dans les yeux.

« J'ai partagé les récipients avec Neville parce que j'étais allé chercher nos ingrédients pour nous deux. Et j'ai eu à faire cela parce que vous l'aviez totalement perturbé. Vous vous êtes acharné sur lui dès le début, sans raison, alors qu'il appréhendait déjà la rencontre. Vous jouiez à l'effrayer, et vous avez réussi. Alors j'ai dû l'aider à surmonter ça. Donc, oui, j'ai pris nos ingrédients pour nous deux. Mais non, je ne l'ai pas surveillé après. Peut-être que si vous aviez passé plus de temps à lui expliquer comment faire qu'à le terroriser, il ne se serait pas trompé. »

Severus regarda le garçon froidement. Harry ne lâchait pas le regard.

« Avez-vous terminé, Monsieur Potter ? »

« Oui monsieur. »

« Votre impertinence coûtera dix points à Gryffondor, Potter. »

« Parfait. », bougonna Harry en s'asseyant à sa place.

« Arrogant comme votre père. », souffla Severus.

« Je t'interdis de parler de lui ! » cria Harry en sautant sur ses pieds.

« Asseyez-vous. », ordonna le professeur extrêmement bas, d'une voix dangereuse.

Harry obéit.


Ils étaient dans le bureau de Severus. Harry était assis en face du professeur.

« Ton attitude en cours n'est pas admissible. J'attends le respect de tous, et tu n'es pas abstenu. »

« Tu t'es acharné sur moi et Neville ! Il était terrorisé, tu le voyais bien, et tu as continué ! Même lorsqu'il était en larmes ! Alors donne-moi une raison pour accepter que tu nous traites comme ça ! »

« Un professeur n'a pas à s'expliquer à un élève, et un élève n'a certainement pas de leçon de morale ou de respect à faire à son professeur. »

« Je ne prendrais pas ça comme une raison valable. Un professeur doit bien traiter ses élèves. Tu nous as méprisés ouvertement, tu avais l'air de nous haïr ! »

« Et c'était bel et bien le cas, Harry. »


Severus était assis dans un fauteuil à l'impasse du tisseur, et lisait une lettre de Narcissa Malfoy.

Elle l'informait que Lucius, après avoir appris que Draco avait d'une manière ou d'une autre participé au sauvetage de la fille Weasley dans la Chambre des Secrets, et par-dessus tout que son fils entretenait une amitié solide avec les Gryffondor et en particulier la née-Moldue qui lui avait pris la première place sur leurs bulletins, ne parlait plus du tout à l'adolescent.

Severus prit sa cape, et se rendit au manoir Malfoy. Il n'adressa pas un regard ou une parole à Draco, et s'enferma dans le bureau de Lucius pour avoir une petite discussion avec lui.

Voldemort avait déjà vu la scène, dans l'esprit de Lucius. Ce fut l'une des rares disputes entre les deux amis. Severus se permit de faire une leçon de morale à Lucius pour le pousser à ne pas ignorer son fils.


Il était à nouveau dans le bureau de Lucius au manoir Malfoy, un an plus tard.

« J'ai entendu dire que tu étais le tuteur d'Harry Potter. »

Severus hocha la tête. « C'est le cas. »

Lucius était méprisant. Il était clair qu'il n'aimait pas ça. « Et comment gères-tu cela ? »

« Je suis professeur, et il est dans la tranche d'âge des idiots à qui j'enseigne. »

« Tu détestes enseigner à ces idiots. Tu détestes les idiots. »

« En effet, et Harry n'en est pas un. Miracle si l'on y pense, au vu de qui sont son père et son précédent tuteur. Je dois t'informer, Lucius, qu'Harry est actuellement dans la chambre de Draco. »

Le visage de Lucius blêmit de rage. Sa voix était glaciale. « Je te demande pardon ? »

« Ils sont amis, n'est-ce pas ? »

« Malheureusement. Narcissa sait-elle que tu as fait pénétrer ce Gryffondor de sang-mêlé, relation indigne de notre fils, dans notre manoir ? »

« Si tu veux lui demander son avis, je ne t'en empêche pas… »

Lucius fronça les sourcils un instant, puis s'avança vers la porte. Quand il passa devant Severus, celui-ci reprit. « Cependant, elle prend actuellement le thé avec Lily. »

Lucius se stoppa, et se retourna lentement vers son cadet.

« Un commentaire ? » questionna le maître des potions.

« Non, aucun. », répondit Lucius avec neutralité. « Parlons simplement d'autre chose. »


C'était bien plus tôt, des années plus tôt. Quand Severus était lui-même adolescent, en fin de cinquième année.

« Tu as choisi ta voie, j'ai choisi la mienne. », déclarait Lily.

C'était là, la preuve de ce que Severus choisirait entre Lily et Mangemort.

« Tu es avec eux maintenant, tu passes ton temps avec eux, ces apprentis Mangemort. Vous avez tous l'intention de le devenir. Tu ne le nies même pas ! Cette magie noire qui te passionne, c'est mal ! »