(L'Ordre du Phénix) Retrouvailles à Privet Drive

La cinquième année… ou l'horreur de respecter le caractère doux et sage de Neville tout en lui imposant des sautes d'humeurs dues à son lien avec Voldemort.

Le but de cette partie était de se centrer sur le groupe au grand complet, avec l'AD, mais Théodore obtient aussi une place importante, et les pages ont afflué en trop grand nombre pour détailler assez bien Luna. (Cette partie fait 51 chapitres)

Maintenant, pourquoi suis-je aussi en retard dans la publication de cette année ? En dehors d'un petit manque d'inspiration à un moment, j'ai surtout trouvé des relecteurs !, et j'ai alors hésité à publier cette partie avant qu'elle soit révisée. Et puis finalement… j'ai déjà publié les autres années avec une version qui deviendra obsolète, alors autant terminer la lancée. La relecture prenant beaucoup plus de temps que prévu, j'ai pensé à finir de publier ce que j'appellerais mon « premier jet ». La version finale sera publiée sur A3O, dans je ne sais combien de temps.


Remus transplana Harry, Lily et leurs bagages directement sur la pelouse des Dursley. Harry grimaça en observant les alentours. Si le moindre moldu les avait vus, Oncle Vernon les tuerait, outre le fait qu'ils auraient des ennuis avec le Ministère.

Remus regardait son amie avec un air peiné. « Ça ira, Lily ? »

Elle hocha la tête avec un léger sourire. « Oui. Merci, Remus. »

Pendant que Lily s'approchait de la porte, Remus tournait la tête vers l'adolescent distrait. « Harry, viens ici. », appela-t-il.

Lily sonnait déjà.

Harry grommelait en la rejoignant. « Je ne pense toujours pas que ce soit une bonne idée. Est-ce qu'au moins elle a bien été mise au courant ? »

À présent derrière le jeune, Remus plaça une main rassurante sur son épaule. « Tout ira bien, Harry. »

La porte s'ouvrit sur Pétunia. Elle n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche pour faire le moindre reproche, poser une question ou tout autre chose, elle n'eut pas le temps d'être surprise non plus. Lily s'était jetée à son cou dans une étreinte solide.

« Pétunia ! Tu m'as manquée ! »

Les bras de Lily étaient enroulés autour du cou de sa sœur, et sa tête était posée au plus proche de son épaule. Pétunia était abasourdie, et ne savait guère où placer ses bras.

« Qu-que… Lily ? Tu… tu me… vois ? »

Lily s'écarta pour regarder sa sœur avec amusement, et rit. « Oh, Pétunia, je t'entends même ! Je ne suis ni aveugle ni sourde ! »

Pétunia n'arrivait pas à réaliser, à l'accepter. Severus l'avait prévenue qu'elle devrait accueillir sa sœur et son neveu au début du mois qui touchait à sa fin. C'était avec une lettre acérée où il l'avait mise en garde de ne pas oser commettre le moindre commentaire déplacé, le moindre faux pas. Comme si elle allait prendre ses menaces en considération. Elle n'hébergerait sa sœur que pour la protéger de la nouvelle guerre qui commençait chez les sorciers. Et ils avaient intérêt à faire en sorte qu'elle et sa famille ne soient pas mises en danger à cause d'eux. Pétunia n'aurait pas cru que sa sœur puisse agir aussi naturellement. Mais elle savait que ce ne pouvait qu'être feint. Sa sœur était folle. Elle pinça durement ses lèvres. « Dis-moi, Lily, qui est ton mari ? »

Harry avait envie de crier après sa tante, mais il ne pouvait pas se le permettre juste à côté de sa mère. Remus, en revanche, n'hésita pas à intervenir.

« Peut-être devriez-vous rentrer ? Je vais monter leurs bagages, où trouverais-je leur chambre ? »

Pétunia s'écarta pour les laisser passer. « Lily dormira dans la même chambre que Harry occupait les fois précédentes. Harry ira dans la chambre d'à côté, à droite quand vous êtes face à la porte. »

« D'accord… tout ira bien, Pétunia ? » Remus avait besoin de se rassurer.

« Bien sûr. Contentez-vous de monter leurs affaires et repartez sans être vu. »

Pendant que Remus grimpait à l'étage, Pétunia emmenait Lily et Harry au salon.

« Tu n'as pas répondu à ma question, Lily. »

« Remus ne m'en a pas laissé l'occasion. »

« Alors ? Tu vois le monde ? »

Lily soupira. « Pétunia, pourrais-tu essayer d'être un peu plus agréable ? Et je vais parfaitement bien, merci de t'en soucier. J'ai hâte de rencontrer mon neveu, aussi. »

Pétunia, au centre de la pièce, se retourna vers sa sœur avec un regard cinglant. « Tu ne m'as pas non plus demandé comment je me portais. Dudley est dehors avec des amis, comme souvent. Il aime bien jouer dans le parc. »

« Il aime bien intimider des enfants surtout. », marmonna Harry.

Pétunia tourna un regard furieux vers l'adolescent et cria. « N'ose pas calomnier mon fils, Harry ! Comment peux-tu dire une chose pareille ! »

« Je dis la vérité ! » cria Harry en retour.

Lily posa une main sur l'épaule de son fils, et fixa sa sœur. « Arrêtez ça. Pétunia, j'apprécierais que tu me laisses gérer mon fils. Et Harry, fais un effort pour respecter ta tante et t'entendre avec ton cousin. »

« Je ne mens pas. »

« Harry, n'insiste pas. »

Pétunia ricana amèrement. « Ne joue pas à la mère, maintenant, Lily. Tu n'en es pas une. Et si vous êtes ici sous mon toit, c'est bien pour que je m'occupe de discipliner Harry, et de t'héberger à la place de Severus. Alors, ton époux, quel est-il ? »

« Je ne veux pas me disputer avec toi, Pétunia. »

Harry, qui s'efforçait de retrouver son calme, décida d'intervenir. « Tante Pétunia, et si tu nous expliquais d'abord l'organisation des vacances ? »

Pétunia hocha la tête durement. « Vous pouvez vous asseoir. Je vous fais du thé ? » proposa-t-elle.

Harry ne se le fit pas répéter, et se dirigea tranquillement vers un siège, tout comme sa mère. « Oui, merci. », fit-il.

Pendant que Pétunia faisait chauffer l'eau, elle commençait à éclaircir que Harry partagerait la chambre de Dudley, que le garçon avait dû ranger, et où était bien installé un canapé à défaut d'un second lit. Lily aurait une chambre pour elle seule, et pourrait y demeurer autant qu'elle voulait. Pétunia préférait que Lily reste dans la maison et ne se montre à personne, et la rousse n'était que peu enthousiaste à l'idée. En échange de cela, la sorcière demanda à sa sœur qu'elles préparent les repas ensemble, comme lorsqu'elles étaient jeunes. En revanche, Harry était autorisé à aller où il le désirerait, tant qu'il veillait à ne pas à nouveau insulter Dudley. Harry promit que du moment que son cousin ne l'embêtait pas, il se débrouillerait pour ignorer tous les comportements qu'il n'appréciait pas.

Il commençait à regretter de ne pas avoir déployé plus d'effort pour corriger la conduite de son cousin. Dudley, âgé de 15 ans, ne changerait pas aussi facilement d'attitude que celui de 12 ans. Du moins était-ce ce que Harry pensait. Et il constatait avec répulsion que l'adolescent à la stature carrée était une petite brute pire qu'il n'eût imaginée.

Ces vacances dans le monde moldu étaient bien plus longues que les précédentes, et Harry avait besoin de prendre régulièrement l'air. C'est ainsi qu'il avait découvert que Dudley, avec quatre autres garçons dont il semblait être le chef, tous plus idiots et brutaux les uns que les autres, aimait s'en prendre à des enfants plus jeunes dans le parc, en l'absence des parents. Ça restait plus stupide que dangereux, mais Harry en était proprement et totalement dégoûté. Il n'y avait rien qu'il puisse faire non plus. La seule chose à sa portée aurait été d'en parler à sa tante, mais ce n'était pas comme si elle le croirait. Et comme il ne comptait pas suivre son cousin en permanence, il ne pourrait guère intervenir.

Le temps passait et l'entente entre Pétunia et Lily restait correcte, malgré quelques disputes et points de tension. Les deux femmes veillaient comme elles pouvaient à ne pas montrer leurs mésententes devant les enfants.

Harry voyait l'état de sa mère s'améliorer de jour en jour, et il parvenait même à se convaincre qu'elle était guérie, bien que ce ne fut pas le cas.

Il ne recevait aucune lettre de Draco, et cela l'inquiétait que ce fut signe de mauvaise nouvelle. Cette absence ne pouvait que lui rappeler que Voldemort était revenu, et que Lucius Malfoy était un de ses Mangemorts.

Mais ce qui ramenait le plus Harry à cette dure réalité était l'absence de son beau-père toujours aussi imaginaire auprès de sa mère. Il voyait sa mère tous les jours, et jamais Severus. C'était ce manque qui lui pesait le plus.


Neville demeurait, comme chaque été, à Poudlard, chez Hagrid. Poudlard était sûr, il ne risquait rien. Comme toujours, il aidait son tuteur à s'occuper de son jardin, des rondes dans la forêt interdite, et des créatures magiques.

Ce fut à la fois avec douleur et émerveillement qu'il vit les sombrals pour la première fois. Rien qu'à la vision, il percevait pourquoi la plupart des sorciers les considéraient comme porteur de malheur ou les craignaient comme des créatures du mal associées à la mort. Neville savait, bien sûr, que les sombrals étaient certes lié à une certaine magie funèbre, ils n'étaient aucunement des créatures sombres. Quant à toute cette histoire de malheur ou malédiction, ce n'était que fable de superstition. Cependant, il s'attristait de voir un sombral, car cela rendait d'autant plus réel le fait d'avoir regardé la mort de quelqu'un. Il avait toujours su qu'il redoutait le moment où il pourrait enfin les percevoir. Son seul réconfort était, justement, de pouvoir les observer, et admirer leur allure. Ces créatures n'étaient pas particulièrement belles, bien au contraire, mais elles étaient impressionnantes et majestueuses. Il était impossible de ne pas leur trouver un certain charme. En interagissant avec ces sombrals, il pouvait contempler leur douceur. Ils étaient constamment tendres dans leurs mouvements, et gracieux.

Neville ne cessait de cauchemarder au sujet de la mort de Cédric. Ses rêves lui ressassaient ces moments terribles. Hagrid tentait de le rassurer comme il pouvait, et de le réconforter, mais rien ne chassait les cauchemars.

Neville était seul à Poudlard avec Hagrid et les créatures magiques. Il n'aperçut pas une seule fois Dumbledore.

L'absence des lettres de Draco lui pesait. Il s'inquiétait pour son ami. Le Serpentard serait-il en danger ? Neville savait que Severus veillait probablement et s'assurerait que Draco ne craigne rien, mais la peur restait, et l'angoisse. Plusieurs fois, il avait hésité à aller voir Dobby en cuisine pour lui demander s'il pouvait se renseigner, mais il s'en était abstenu, songeant que cela pourrait mettre et Draco et Dobby en péril.

Alors Neville se contentait de laisser le temps filer, échangeant ses lettres avec Harry, Hermione et Ginny.

Il était à la fois rassuré de ne pas avoir à s'occuper de la guerre, et anxieux d'être laissé dans le noir. Il n'avait même pas accès au journal. Il se sentait presque prisonnier de Poudlard, seul sur ce vaste terrain, en l'absence de tout élève ou professeur. C'était plus pesant que ça ne l'avait jamais été auparavant.