(L'Ordre du Phénix) Anciennes disciplines


Les pères de Crabbe et Goyle étaient venus avertir les Nott qu'ils avaient terminé et repartaient. Leurs fils étaient tranquilles. Honnêtement, ces deux-là ayant parlé, à quoi cela servait-il encore de l'interroger lui, se demandait Théodore avec désabusement.

Après quelques minutes avec Voldemort, Théodore avait déjà changé d'attitude. Il ne pouvait certainement pas rester blasé et calme sous un endoloris. Il n'avait certes pas été attaqué dès son entrée dans la salle, mais son attitude toujours égale à elle-même l'avait conduit inexorablement vers la correction que son père avait évoquée.

Il ne pouvait empêcher certains souvenirs de remonter à la surface. Il avait dit à Draco qu'il n'y avait rien qu'il puisse faire.

« Tu n'as pas changé d'avis ? »

« Que voudrais-tu que je fasse ? Je ne suis pas occlumens, moi. Il n'y en a qu'un qui a été capable de résister à l'imperium de Maugrey. Je doute que le Seigneur des Ténèbres soit moins compétent. »

La douleur s'en alla, encore une fois, quand Voldemort cessa son sort. Théodore ne voulait plus bouger, mais son père en avait, encore, décidé autrement et le remit à genoux. Théodore laissa quelques larmes tomber sur ses mains serrées contre le sol. Il repéra le mouvement de cape du Seigneur des Ténèbres qui se plaçait à sa hauteur, et il releva la tête. Leurs visages étaient face à face. Il ne se situait qu'à quelques centimètres de cette figure sans nez qui le révulsait.

« Théodore… tu ne veux vraiment pas me parler ? Il ne s'agit que de me répondre, Théodore, juste à quelques questions. »

Théodore ne voulait même plus ouvrir la bouche pour émettre le moindre son. Pourtant, il le fit. Il devait trouver le moyen de se sortir d'ici. « Crabbe et Goyle ne vous ont pas dit assez ? Il n'y a rien de plus que je puis ajouter. À quoi ça vous sert ? »

C'est de la perte de temps, songeait-il. Pourquoi tant de personnes perdaient leur temps pour des choses inutiles ou qui n'en valaient pas la peine ? Que pourrait-il apporter de plus ? Ça ne servait à rien de s'embêter avec un adolescent mutin qui ne voulait pas parler quand d'autres l'avaient déjà fait à la perfection. Voldemort était-il aussi stupide que Zabini ou Draco qui ne comprenaient pas que s'énerver aux provocations de l'un ou de l'autre était idiot ?

« Tu penses que c'est une perte de temps, n'est-ce pas, Théodore ? »

Théodore sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale. Ainsi il avait encore assez de sensation pour ressentir la peur malgré la douleur persistante ? Pourquoi avait-il toujours si mal alors que le sort était terminé ? L'avait-il subi trop de fois déjà ? Trop longtemps ? Théodore s'était longuement intéressé à la Première Guerre. Il savait ce qui pouvait arriver aux victimes du Doloris. Et honnêtement, il préférerait parler que de finir comme ça.

Voldemort poursuivait. « Moi, je pense que tu es utile, Théodore. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es intelligent, Théodore. Plus intelligent que tes camarades Vincent Crabbe, Gregory Goyle ou même Draco Malfoy. Tu es un observateur passif, Théodore, qui n'agit que lorsqu'il a suffisamment analysé pour sortir de sa solitude. Tu sais plus de choses. Et c'est cela que je veux. D'ailleurs… ne serais-tu pas devenu ami avec Draco Malfoy ? Draco m'inquiète, tu sais. Il est avec Neville Longbottom. Il ne faudrait pas qu'il oublie qui il est. Un Malfoy. Un membre des vingt-huit sacrés. »

Le fils d'un de vos serviteurs, pensait Théodore amèrement.

« Tu ne veux pas être ici, n'est-ce pas. Tu veux rester passif. On veut tous quelque chose. Tu vois, Théodore, je veux des informations. Et j'obtiens toujours ce que je veux. »

Vous n'avez pas obtenu la victoire, vous n'avez pas obtenu le monde sorcier, ni même la mort d'un simple bébé. Théodore ne pouvait pas s'empêcher de penser, même en sachant qu'il avait un legilimens devant lui. Il n'était, après tout, pas occlumens.

« Et tu n'obtiendras pas ta tranquillité d'esprit tant que je n'aurais pas eu ce que je veux. »

Voldemort se redressa soudainement, et Théodore savait déjà ce qui allait arriver. Parce que l'autre savait qu'il ne répondrait pas maintenant, et que Voldemort avait un message à lui faire passer. Il subirait encore un peu de cette torture bien qu'il ne soit déjà plus en état de parler, juste pour l'avertir que la prochaine fois, il ferait mieux d'obéir.


Quand son père vint le chercher dans sa chambre, Draco eut un mauvais, un très mauvais, pressentiment.

Quand ils arrivèrent au salon, sa mère le serra fort.

« Souviens-toi, Draco, reviens-moi. »

En quel état ? Fut tout ce à quoi il put penser. En quoi était-il difficile de comprendre que sa mère lui disait qu'ils se rendaient à un endroit dangereux ?

Sa mère resta au manoir. Son père transplana avec lui dans un cimetière.

Il ne pouvait décidément pas ignorer où ils étaient.

« Avance jusqu'au manoir, droit dans cette direction. Ne te perds pas. »

Son père était froid. Et clairement, il le laissait s'y porter seul.

Quand Draco commença à marcher, son père transplana pour partir, l'abandonnant ici.

Il dut déployer de grands efforts pour se retenir de sortir sa baguette. Il chemina dans ce cimetière lugubre, et obéit au dernier ordre de son père. Était-il un fou d'y aller en toute connaissance de cause ?

Certainement.

Il était fou pour être ami avec Neville.

Tout comme Oncle Sev était fou d'aimer Tante Lily.

Mais Oncle Sev était revenu vivant, après tout. Et Draco avait bien retenu ses leçons d'occlumancie.

Draco ne comprenait pas pourquoi son père l'abandonnerait ici. L'avait-il tant déçu ? N'y avait-il plus d'amour entre eux ? Il espérait bien que son père, malgré leurs différends, ferait tout pour le garder en vie.

Il disciplina calmement sa respiration, et organisa son esprit dans des compartiments bien distincts et ordonnés.

Oncle Sev avait été capable de revenir vivant. Draco devrait bien pouvoir faire de même. Draco n'avait pas attaqué une Mangemort très appréciée alors qu'elle obéissait à un ordre de son Seigneur. … Draco avait lancé un sort offensif sur le Seigneur des Ténèbres. Plusieurs fois. Et lui avait menti. Il n'était pas certain que dire qu'il ne l'avait fait qu'une fois serait une bonne excuse. Qu'importe ce qu'il avait déjà fait. Quoi que l'autre homme veuille voir de plus, l'esprit de Draco resterait fermé. Il raconterait ce qui lui chantait, et Voldemort ne pourrait pas savoir si c'était vrai ou faux. Mis à part que Voldemort saurait qu'il lui cachait ses pensées. Ce n'était pas très discret. Mais Draco n'était pas à l'aise avec l'idée de ne laisser parcourir qu'une portion des souvenirs. Il préférait tout fermer. Même si son esprit était bien organisé en cases distinctes et qu'il lui suffirait d'ouvrir certaines portes et clore les autres.

Il pénétra dans le manoir sans crainte apparente. Celui qui penserait qu'il n'avait pas vraiment peur était le dernier des idiots. Et il s'appellerait certainement Goyle. Ou Crabbe. Non pas Crabbe. Goyle. Seulement Goyle. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver Théodore assis sur les marches de l'escalier, la tête dans les mains. S'il n'avait pas eu son occlumancie montée et bien préparée, il aurait sursauté à la voix dans son dos.

« Draco. Ne t'attarde pas. »

Il se retourna pour voir son parrain qui l'observait impassiblement.

« Que suis-je censé faire ? » demanda-t-il.

« Être honnête. »

Draco n'y croyait pas un seul instant.

« Monte. », ordonna le professeur.

Draco passa à côté de Théodore. Son regard resta fixé sur lui jusqu'à ce qu'il ne puisse plus être en vue. Son parrain le suivait et lui indiqua quelle porte il devait ensuite prendre. Il se rassurait en se persuadant que son parrain préférerait perdre sa couverture que le laisser se faire tuer. Il fut accueilli par une voix qu'il ne reconnaissait pas. Ce n'était pas celle à moitié morte de l'arrière du crâne de Quirrell. Ce n'était pas celle adolescente du journal. C'en était une mélodieuse, mais qui lui glaçait le sang.

« Draco, te voilà enfin. Severus, quel plaisir de te voir me l'apporter. Vous n'imaginez pas à quel point je voulais parler à Draco. Le voir à nouveau. Nous nous sommes déjà rencontrés, Draco, tu te souviens ? Pas quand tu étais bébé, non, bien plus tard, bien plus récemment. »

Les deux yeux rouges inhumains étaient fixés sur les siens, et Draco savait qu'il ne pouvait pas détourner le regard. Mais il ne baisserait pas ses boucliers d'occlumancie.

« Je suis pour ma part convaincu que c'est la première fois que je vous vois. Un visage pareil ne s'oublie pas. Ni une telle voix. Ce que j'ai croisé auparavant ne devait être qu'imposteur. Ça ne vous arrivait certainement pas à la cheville. »

« Nous en reparlerons, Draco. » Voldemort posa son regard plutôt sur Severus cette fois. « Severus, dis-moi, si je décidais de tuer Draco maintenant, que ferais-tu ? »

« Je tenterais de vous convaincre de ne pas le faire, mon Seigneur. »

« Tu contesterais ma décision ? »

« Je ne m'interposerais pas plus que le temps nécessaire pour vous avertir de quelques faits que je jugerais importants, mais je saurais reconnaître que si vous en êtes déjà informé, votre sagesse fait loi, mon Seigneur. »

« Et que me dirais-tu ? »

« Pour ne citer que quelques points que je trouve essentiels, mon Seigneur, Draco est le fils de Lucius et Narcissa. Lucius aime beaucoup sa famille. Il n'y a rien de plus important pour lui, car à quoi lui servirait ses actions si sa lignée ne pouvait pas en profiter ? Lucius agit dans votre intérêt, mon Seigneur, mais n'oublie jamais que tout est pour son intérêt.

« De plus, si je vous laissais tuer un étudiant de Poudlard sans réagir, Dumbledore n'aurait plus aucune confiance. À l'heure actuelle, vous avez besoin d'alliés, de vous préparer, et que notre mouvement reprenne des forces. Si ça s'apprenait que le fils d'un de vos lieutenants avait été tué par vous ou sur votre ordre, qu'importe ce qu'il a fait pour le mériter, les autres deviendraient plus réticents à se sentir en sécurité à vos côtés. »

Voldemort le coupa. « De l'audace, Severus. As-tu éduqué les Serpentard ainsi ces dernières années ? Théodore Nott junior n'est pas le dernier de tes élèves. As-tu quelque chose de sensé à me dire au sujet de Draco ? »

« Je me porte garant de lui, mon Seigneur. Quoi qu'il ait fait avant, je suis certain qu'il retrouvera le chemin de la raison bientôt si ce n'est déjà le cas. Draco est un garçon intelligent. »

« Oui… on se demande qui lui a appris l'occlumancie. »

Draco fit de son mieux pour conserver ses barrières montées et cacher son pic de stress.

Severus ne semblait pas perturbé, ni même craintif. « C'était moi, mon Seigneur. Je ne voulais pas que Dumbledore puisse facilement fouiller son esprit. »

« Laisse-nous, Severus. »

Severus inclina la tête un instant en signe de salut, et quitta la salle.

Voldemort commença à tourner autour de Draco comme un félin prédateur. Sa voix demeurait toujours douce et fluide.

« Draco, Draco, Draco… que vais-je faire de toi, peux-tu me le dire ? »

Draco remerciait son occlumancie, et son habileté à mentir, qui cachaient son tremblement. Il était persuadé que s'il diminuait son contrôle, il laisserait sa terreur visible. Comment avait-il pu être si imprudent en première année ? Était-ce son mépris de Quirrel qui avait été si élevé qu'il en avait oublié sa peur ? Il n'était pas un Gryffondor, et il le savait. Mais il savait aussi qu'il avait le plus de chance de s'en sortir vivant, étant donné à la fois qui était son père, et ses propres capacités à la tromperie. Il était un Serpentard. Un Serpentard peut se tirer de toutes les situations.

Il avait besoin de garder sa confiance en soi afin de ne pas laisser ses boucliers faiblir. La moindre faille lui serait fatale, et la moindre hésitation créerait une faille. Draco était un esprit structuré. Il pouvait abandonner ses doutes dans un coin, et se concentrer sur son arrogance. Il avait déjà survécu, et Oncle Sev ne laisserait pas la face de serpent lui faire du mal.

Face de serpent.

Il aimait ça. Insulter ce qui lui faisait peur était toujours bien pour regagner en assurance. Bon, tout insulter le mettait toujours à l'aise. Tant qu'il était capable d'insulter, c'est qu'il pouvait avoir le dessus et ne serait pas totalement dépassé.

« Draco, j'attends une réponse. Tu n'as pas d'avis ? »

Il avait là deux options. Le flatter ou lui faire front. L'un lui laissait une possibilité de s'en sortir pour l'instant, mais n'augurerait rien de bon sur le long terme. L'autre était du suicide immédiat.

Pourquoi n'était-il pas déjà mort, au juste ?

« Je ne pense pas que ce soit à moi de décider. Néanmoins, j'apprécierais de rester intact. »

Voldemort s'arrêta. Draco réalisa qu'il n'aurait peut-être pas dû se concentrer sur son arrogance pour chasser la peur. Bien sûr, quand il choisissait de flatter la face de serpent, il devait revenir à ses vieilles habitudes de Malfoy. Le ton même de sa voix avait été un peu trop railleur dans sa seconde phrase. Pourquoi, Merlin, l'avait-il dit ainsi ?

« Draco… on pourrait penser qu'un Serpentard saurait rester prudent. Ou bien ta proximité avec ces Gryffondor t'a-t-elle rendu idiot ? »

« Je pense que vous savez assez comment j'agis pour ne pas le cacher. Quirrell se souviendrait certainement que je ne suis pas idiot, juste… »

Il ferma la bouche. Il n'y avait rien qu'il puisse dire qui conviendrait sans signer, encore une fois, une demande d'Avada.

« Juste ? » répéta Voldemort avec une touche de curiosité.

Draco ne voulait pas se fier à son ton. C'était un serpent versé dans l'art oratoire. Il chercha rapidement un moyen de s'en sortir. Il fouilla dans ses propres souvenirs derrière ses boucliers. Les souvenirs bien triés entre ce que le Seigneur des Ténèbres savait déjà, ce qu'il ignorait mais était futiles, et ce qui s'approchait davantage des données sensibles.

« J'ai déjà montré mon intérêt pour les sombres savoirs. Je suis prêt à apprendre. Capable d'apprendre. »

« C'est incroyable, n'est-ce pas Draco, ce que quelqu'un est capable de faire pour survivre. »

Voldemort posa la pointe de sa baguette contre le cou de Draco, puis fit glisser le bâton d'if contre sa peau, monta jusqu'à sa joue. Ce n'était que le bâton dans sa longueur, et non la pointe, qui caressait la joue du garçon, mais l'adolescent n'en sentait pas la menace diminuer. Il resta les yeux fixés sur le mur en face de lui, refusant de montrer la peur qui gelait sa poitrine. Le puissant mage noir appuya alors contre la joue du jeune Serpentard, afin de le pousser à le regarder, de préférence dans les yeux, puisque le Sang-Pur n'était pas un idiot qui détournerait le regard ainsi requis.

Draco rejeta au plus profond de son esprit la révulsion qui le prenait à l'idée d'être seul dans la pièce avec cette face de serpent, et de devoir prendre toutes les initiatives nécessaires pour survivre. Il ne voulait pas être comparé à Peter Pettigrow. Et il n'aimait pas ces yeux rouge sang qu'il devait fixer. Il avait décidé qu'il n'aimait pas le rouge de toute manière. Le rouge était Gryffondor. Ses amis étaient Gryffondor, Merlin lui vienne en aide. Harry avait les yeux verts. Le vert était mieux, il était Serpentard. Comme cette face de serpent aux yeux rouges. Draco aimait le vert, il n'aimait pas le rouge. Le vert était la couleur de l'Avada Kedavra du Seigneur des Ténèbres, le rouge celle de l'Expelliarmus préféré de Harry que le Gryffondor avait passé tant de temps à enseigner à Neville. Harry avait totalement adopté ce sort depuis qu'ils avaient vu Severus le lancer à la démonstration de duel en deuxième année. Avec le retour du Seigneur des Ténèbres, Harry ferait mieux d'éviter de continuer à rechercher d'obtenir Severus comme beau-père. Cette histoire ne pourrait que mal finir.

Draco remettait encore une fois ses pensées en ordre. La peur était meilleure à présenter que tous ces souvenirs de Harry et Neville agissant comme une famille aux alentours d'Oncle Sev et Tante Lily. Il triait, mais prenait bien garde à tout garder caché derrière les cloisons. La peur était préférable à la trahison, mais il ne comptait pas la montrer facilement. Cependant, il n'avait pas besoin qu'elle soit transparente pour que Voldemort la devine.

« Ne t'inquiète pas, Draco, je ne te ferais aucun mal. À moins que ton père n'en face lui-même la demande. Théodore Nott junior a déçu le sien, toi aussi, je sais, mais Lucius n'a pas les mêmes méthodes de punition que le père de ton ami, pas encore du moins. Détends-toi, Draco. »

Cette voix était si douce que l'adolescent pourrait presque être attiré par son charme, s'il n'y avait pas eu cette face de serpent, ces yeux rouges, et ce crâne aussi lisse que la voix mais bien moins séduisant. Derrière ces traits irrémédiablement changés par la puissante magie noire, Draco pouvait deviner que l'homme avait été très beau dans sa jeunesse. Mais il n'était plus ni jeune ni tout à fait humain. Un homme de près 70 ans sans la moindre ride était certainement un spectacle.

« Pour ma part… Je te pardonne Draco. »

L'adolescent ne put empêcher sa surprise d'étirer son visage, élargir ses yeux et décontracter sa mâchoire.

« Oui, je suis magnanime. Je sais que tous peuvent faire des erreurs. Toi, ton père, tes professeurs, même moi j'en ai commis une. Une seule. Je n'en ferais pas d'autres. »

Il laissa planer la lourdeur d'une menace voilée dans la pièce. Draco s'était d'abord demandé si lui pardonner n'en était pas, d'erreur, une de plus. Mais ensuite, le silence lui avait pesé, et il réalisa que Voldemort ne serait peut-être pas prêt à fermer les yeux une nouvelle fois.

« Severus l'a souligné, et j'en suis pleinement conscient, Draco, tu étais bien jeune et naïf. Tu t'es laissé influencer par des traîtres de Gryffondor, mais tu n'oublies pas les vieilles traditions, n'est-ce pas ? »

Il s'éloigna de Draco, et se mouva à nouveau comme le grand orateur qu'il était. L'adolescent était bien obligé de le suivre du regard cette fois, il ne se risquerait pas à le contrarier encore.

« La noblesse de la pureté, la grandeur des Malfoy, l'importance des vingt-huit sacrée au-dessus des autres. Tout ce que je veux, c'est montrer au monde que les sorciers sont supérieurs, et que ces nés-Moldus dégoûtants n'ont pas leur place de changer nos modes de vie avec leurs suggestions moldues. »

Voldemort s'approcha à nouveau du garçon, mais sans le menacer de sa baguette.

« Tu as grandi, Draco. Tu es plus raisonnable à présent. Tu comprends l'importance de ce que nous faisons. Ton père l'a compris. Comme ta tante, et ta mère. »

Draco frissonna. Sa mère n'était pas marquée, il en était certain, et elle ne le serait pas. Mais il savait qu'elle soutiendrait son père.

« Tu ne referas pas d'erreur, Draco. »

Ça sonnait comme un ordre. L'adolescent ne pouvait pas ne pas s'en apercevoir.

« Cependant, même si tu es assez mature pour savoir où est ta place, tu es encore bien jeune pour prendre de lourdes responsabilités. Tout ce que je te demande, ce sont quelques nouvelles de Poudlard. Rien de plus. Il te suffit de me parler, Draco, un peu, et j'effacerais peu à peu les griefs que je pourrais justifier avoir contre toi. »

Draco n'avait absolument aucune confiance en Voldemort, et strictement aucune raison de lui faire confiance. Il ne pouvait pas simplement l'ignorer, sans quoi il mourrait. Mais il refusait de lui donner la moindre information compromettante sur qui que ce soit. Alors il devrait mentir, et bien. Il espérait seulement que ses boucliers d'occlumancie tiendraient et que le Seigneur des Ténèbres ne tenterait pas de le légilimencer.

« Que voulez-vous savoir ? » articula-t-il le plus calmement qu'il put.