(L'Ordre du Phénix) Tout pour survivre


Draco avait caché tout ce qu'il pouvait cacher, et dit tout ce qu'il devait dire. Le Seigneur des Ténèbres l'avait laissé repartir, et l'adolescent avait trouvé Théodore encore dans l'escalier. Il s'était assis à ses côtés, et lui avait même demandé comment il se portait. Théodore semblait mieux que lorsqu'il l'avait croisé avant de rejoindre Voldemort. Théodore avait vaguement évoqué que le professeur Snape s'était occupé de lui, et avait ensuite décliné l'offre de Draco quand celui-ci lui avait proposé de rentrer au manoir Malfoy avec lui. Lord Malfoy était tout aussi mêlé au Seigneur des Ténèbres que Nott senior, et n'hésiterait pas à le ramener ici à nouveau.

Voldemort continua d'interroger les quatre jeunes Serpentards durant l'été. Deux, qui ne savaient pas grand-chose et n'étaient guère les plus observateurs, lui parlaient sans difficulté. Un, traître, fuyant et menteur, lui contait tout ce que les autres pouvaient connaître, et n'évoquait que peu les sphères privées et privilégiées qu'il avait avec Severus ou les Gryffondor. Le dernier, enfin, restait aussi effronté et têtu à refuser de lui livrer des informations.

Théodore voulait juste choisir la passivité. Et il continuait de se faire torturer, d'après le propre accord, la propre proposition même, de son père. Il n'avait jamais été plus dégoûté de son géniteur. Il avait une fois pensé qu'il était plus proche du professeur Snape que de son père, tout en étant dans les Serpentard les moins appréciés du maître des potions dû à son attitude à l'égard de Draco en milieu de première année. Il voyait maintenant à quel point il avait eu raison et tort à la fois. Son père n'en avait rien à faire de lui s'il ne pouvait lui être utile ou servir son maître. Et le professeur Snape se souciait de tous les Serpentard, même de lui. Il n'y avait aucun regard mécontent ou de reproche de la part du professeur quand celui-ci lui prodiguait soins et soulagement à ses souffrances.

Le professeur restait calme et concentré, comme un médecin qui serait obligé d'assister à la maladie lancinante de son patient et qui saurait qu'il ne pouvait pas l'aider plus qu'avec un apaisement temporaire. Le professeur était devenu le soutien le plus solide de Théodore, et le garçon trouvait cela à la fois déchirant et réconfortant. Il était à la fois seul, et à la fois ne l'était pas. Il n'avait personne au monde, mais le professeur s'occupait de lui.

Les traitements que lui proposait Snape, notamment les potions, étaient de plus en plus efficaces malgré le fait que la douleur semblait toujours plus pénible. Théodore était plongé dans un univers noir et sombre, et espérait profondément que ceux qui lutteraient contre Voldemort, ceux qui oseraient le défier et s'élever contre, ceux qui suivraient Dumbledore, que ceux-là gagnent. Mais il ne les rejoindrait pas, jamais. Il n'en avait pas la force.

Tout ce qu'il voulait, c'était obtenir le droit de rester passif. À l'écart.

Les interrogatoires avaient parfois lieu en présence de tous les Mangemorts. Et des autres adolescents.

Draco avait dû le subir une fois, comme exemple, quand le Seigneur des Ténèbres avait fait la première réunion en présence de tous. Voldemort avait expliqué à ses Mangemorts et aux trois autres adolescents que Draco l'avait défié, l'avait trompé. Draco lui avait menti en face, lui avait lancé un sort, et s'associait même avec Neville Longbottom et une Sang-de-Bourbe. Pour toutes ces raisons, Voldemort avait voulu punir Draco. Lucius Malfoy s'était avancé pour demander à recevoir la punition de son fils, puisque c'était lui qui avait mal élevé le garçon. Voldemort avait accepté de punir le père au lieu du fils, mais ce dernier n'y avait pas réchappé totalement. Le message devait passer. Sous prétexte de montrer à Lucius ce qui pourrait se passer s'il le décevait, et à Draco ce qui arrivait à ses ennemis, le Seigneur des Ténèbres avant lancé le Doloris sur l'adolescent durant 7 secondes. Juste 7 secondes, la durée qu'il prétendit avoir fait endurer à Neville Longbottom. Draco, étant associé au garçon-qui-avait-survécu, méritait bien de voir ce que valaient ces 7 secondes, n'est-ce pas ? De toute manière, avec son occlumancie, sept secondes ne devaient pas être insurmontables.

Après cela, seul Théodore avait encore dû subir ce traitement, puisque c'était ce que son propre père voulait.

Comme les autres Mangemorts, Severus assistait à ces punitions publiques, et plus régulièrement que les autres, il pouvait aussi assister à celles privées. Il passait un été, à l'instar de chaque Mangemort libre et chaque membre de l'Ordre, assez agité. En plus de ses rôles d'espion et de conseiller, il se devait de préparer toutes les potions nécessaires à l'Ordre, et toutes les demandes du Seigneur des Ténèbres. Il restait droit, imperturbable, devant les supplices que subissait son jeune élève, le garçon calme de Serpentard qui ne cherchait des ennuis que si cela pouvait lui attirer l'attention des quelques personnes dont il voulait bien du regard. L'enfant pourrait s'écrouler d'un moment à l'autre. Trop souvent, il était torturé. Il ne l'était guère pour obtenir de quelconques informations, mais davantage pour le principe de le faire plier, de briser son esprit rebelle, et d'imposer la vision du Seigneur des Ténèbres régnant en maître.

Avec le retour de Voldemort, Severus pouvait sans problème vérifier ses études des réactions face à l'Endoloris, mais il n'était certainement pas satisfait de voir quiconque souffrir, et encore moins un de ses élèves, actuellement mineur et Serpentard. Un de ceux qu'il voudrait protéger et tenir éloigné de son maître, mais un des quatre pour lesquels il ne pouvait vraiment rien faire dans sa situation. Il détestait cette opportunité qu'il avait d'expérimenter et d'améliorer ses recherches sur les moyens de traiter la douleur immédiate. Il la saisissait sans la moindre hésitation, mais il n'en demeurait pas moins dégoûté.

Il développait avec rapidité des potions pour soulager les effets sur le moyen-long terme, mais le garçon subissait le sort avec beaucoup trop de régularité. C'était encore un mineur, au corps pas pleinement adulte, il n'avait que 15 ans. Les doses et les formules devaient être aménagées pour cette constitution maigre et infantile. Théodore Nott junior n'était pas l'adolescent avec le plus d'avance de croissance dans sa tranche d'âge. Si la situation persistait, son élève risquait de céder à la folie. Severus ne pouvait qu'admirer la force de volonté dont le garçon faisait preuve pour résister. Il était surprenant qu'il n'ait pas résisté davantage aux cours d'Imperium de Bartémius Crouch junior.

Néanmoins, si le maître des potions était capable de traiter et apaiser les douleurs provoquées par un simple Endoloris sur une certaine durée, il lui restait encore à trouver comment soulager les conséquences d'une exposition trop longue ou trop régulière. Il ne voulait pas avoir à risquer la santé nerveuse de son élève.

Les autres Mangemort observaient en silence, respectueux de la décision de Nott senior et surtout du Seigneur des Ténèbres. Severus, tout espion fut-il, avec toute la nécessité de gagner la confiance et de conserver une couverture, ne pouvait pas laisser son élève souffrir de la sorte. L'adolescent était à présent apte à rester à genoux, sans s'effondrer totalement au sol en se tordant de douleur. Severus ne prenait pas cela pour un bon signe de sa santé pour autant. Toute résistance que le garçon eut ne signifiait pas que son corps le supportait.

Théodore s'était fait un devoir, un honneur, de demeurer debout le plus longtemps possible sans fléchir les genoux. Évidemment, il ne tenait que quelques instants, peut-être même pas plusieurs secondes, mais il était bien incapable de compter le temps pour savoir.

Il tomba, une fois de plus, à genoux devant les Mangemorts toujours passifs. Il les méprisait, il les détestait. Il pouvait presque imaginer son père se réjouir de sa douleur si cela ne signifiait pas qu'il le déshonorait en manquant de respect pour le puissant mage noir. Théodore ne déshonorait ni son père, ni lui. Ce qui eut été déshonorant serait de ramper au pied d'un autre sorcier en l'appelant Maître. Le dos courbé, les mains serrées en poing sur le sol, les ongles s'enfonçant dans ses paumes, la tête abaissée, les jambes écartées, les pieds comme accroupis, les bras flageolant, prêts à céder au moindre instant, les cheveux, bien que courts, tombés devant son visage, les épaules crispées, les larmes ne demandant qu'à s'échapper des yeux qu'elles remplissaient, la gorge si sèche qu'il ne pouvait plus ne serait-ce que hurler, Théodore était épuisé.

Severus sortit du rang. « Mon Seigneur. », appela-t-il. Il ne fit même pas mine d'attendre que le mage noir lui prête attention, il ne le regarda pas non plus. Il s'avança prestement, en à peine quelques pas, devant l'adolescent et s'agenouilla, sa cape élégamment projetée par le vent pour se déposer au sol en un disque.

Le Seigneur des Ténèbres avait levé son sort à l'appel de son brillant espion dont il cherchait toujours à identifier la réelle loyauté. « Oui, Severus ? » demanda-t-il de sa voix douce et lente aux intonations de serpent.

Severus ne se retourna pas, ne le regarda pas. Une main sur l'épaule de son élève pour le rassurer, lui montrer sa présence tranquille, lui communiquer que c'était fini pour un temps et qu'il pouvait se reposer, le professeur approcha de son autre main un flacon de sa potion miracle devant le garçon qui s'était permis de relever légèrement la tête.

Théodore observait le flacon avec peur et souffrance.

Cependant, Severus n'ignora pas totalement Voldemort, c'eut été une terrible erreur, et lui répondit. « Le garçon en a eu assez pour aujourd'hui. En fait, il en a eu assez pour le moment. Si vous poursuivez les séances, ce sera au prix de sa santé mentale. Ce n'est ni votre objectif, ni celui de Nott senior. »

Théodore ne parvenait pas à trouver la force, ou la volonté, de relever une main pour saisir la potion. Il la regardait juste, la fixait avec désespoir et envie, comme un besoin vital.

Alors Severus porta lui-même le flacon aux lèvres de son élève et le fit boire doucement. « Théodore Nott junior a besoin d'une pause. Si nous rendons fou un de ses élèves avant la rentrée, Dumbledore s'en apercevra. De plus, ce serait perdre un potentiel allié. Théodore Nott junior pourrait encore nous aider, même involontairement, et il pourrait choisir de nous rejoindre après avoir pu obtenir un peu de recul. »

« Et s'il ne le fait pas ? » demanda doucement, avec une touche de curiosité dans la voix, Voldemort. Les personnes présentes avaient appris à ne pas se laisser berner par ce ton. Ce n'était pas toujours bon signe.

« Dumbledore s'attendra, qu'en tant que professeur, j'intervienne pour aider le garçon, et lui amène. »

« Tu ne comptes tout de même pas céder à toutes les requêtes du vieux fou, n'est-ce pas, Severus ? »

« Certainement pas, mon Seigneur, mais plus tard je perdrais ma couverture et sa confiance, mieux ce sera pour aider la cause. » Il regarda, sans cacher sa haine et son mépris, Queudver. « Vous n'avez plus d'autres espions dans leurs rangs, mon Seigneur. »

Severus aida l'adolescent à se remettre debout. Bien sûr, le garçon avait du mal, et devait continuer de se soutenir à son professeur.

Voldemort savait que Severus parlait rarement sans avoir des idées en tête ces jours-ci. Cela faisait plusieurs années que Dumbledore avait reconnu le jeune professeur comme conseiller, de qualité même. Bien que le camp du maître des potions restât à déterminer, le Seigneur ne comptait pas se priver d'un éventuel atout. « À quoi penses-tu, Severus, au sujet du jeune Théodore ? »

« Il pourrait retourner au manoir Malfoy, afin de passer quelque temps au calme auprès de Draco. Ils pourraient devenir amis. »

« En quoi cela serait-il profitable ? Lucius est retourné de mon côté, mais son fils nous a tourné le dos pour soutenir Neville Longbottom et les Gryffondor chéris de Dumbledore. »

« Je pense toujours que Draco peut apprendre où est la place des Sang-Pur. Si les deux garçons partagent leurs expériences, ils pourraient réaliser ce qui est le mieux, pour eux deux. »

Voldemort y réfléchit, songeur. « Oui, cela a du sens… Mais il reste un problème. La place de Théodore est auprès de son père. »

Voldemort n'avait pas besoin de beaucoup d'efforts pour déceler la colère sombre et silencieuse en Severus. C'était un fait qu'il connaissait largement que le jeune Mangemort qu'il avait recueilli avait une rancune particulière contre les pères abusifs. Severus ne tolérait pas la négligence, bien qu'il n'ait pas fait grand-chose à ce sujet pour le jeune Théodore avant, et encore moins la maltraitance. Et il était difficile de ne pas associer la demande de séance d'Endoloris à un père qui dépasserait les limites de l'acceptable pour l'ancien Serpentard au passé négligé.

« Si Dumbledore apprenait, et il le fera à n'en point douter d'un regard, l'état dans lequel Nott senior a volontairement emmené son fils, il ne me pardonnerait aucunement de fermer les yeux. »

Voldemort ne pouvait pas croire en cette excuse. Dumbledore allait finir par avoir un très bon dos. « Dumbledore ne se soucie pas des Serpentard. »

« Je vous assure, mon Seigneur, que depuis quelques années, il le fait. Et avec votre retour annoncé par Neville Longbottom, il surveillera du plus près possible les enfants de Mangemorts supposés. »

« Ne t'en laissera-t-il pas plutôt la charge. »

« Il me le demandera sans conteste, et l'a déjà fait, comme vous le savez, mon Seigneur. Mais pour autant, il vérifiera un tant soit peu. Théodore Nott junior ne devra pas retourner auprès de son père, ou du moins pas plus que le strictement légal. »

Théodore tremblait aux côtés du professeur, et gardait la tête baissée, mais il remarqua tout de même lorsque le Seigneur des Ténèbres s'arrêta devant le professeur. Il s'efforça de ne pas réagir. Il détestait quand la face de serpent s'approchait. Il était toujours terrifié.

La voix de Voldemort était très basse, presque un murmure. « Severus, j'aurais aimé, j'aurais pensé, que tu serais honnête avec moi. Dumbledore pourrait avoir un intérêt à surveiller ces choses, mais cela indiquerait qu'il a bien changé depuis ma disparition, et ce n'est pas ce que m'annonçait le jeune Théodore. Quant à toi… Je sais pertinemment que cette requête est la tienne, Severus. Pourquoi ne pas le dire ? »

« Mon Seigneur, je m'abstiendrais de toutes demandes personnelles. Je me dois de ne vous informer que de l'important. Ce qui concerne Dumbledore l'est, ce qui me concerne ne l'est pas. Quant au directeur, il n'a pas changé à l'exception près qu'il me fait confiance, même faiblement, et il a décidé de s'assurer que vous ne puissiez plus recruter ses étudiants, même ceux de Serpentard. »

À présent, le Seigneur des Ténèbres avait une voix glaciale. « Le jeune Théodore passera quelque temps au manoir Malfoy. Mais Severus, retiens bien que c'est uniquement car je sais à quel point cela lui ferait du bien. Pas parce que tu me l'as demandé. Je n'accepterais aucun mensonge. Lucius, emmène le garçon. »

Théodore se laissa entraîner vers la sortie par le père de Draco. Au dernier moment, il releva et tourna enfin le regard, pour voir Voldemort et le professeur face à face, dans une atmosphère qui ne présageait rien de bon.


Le temps que Théodore passa au manoir Malfoy était un soulagement. Lucius Malfoy ne lui cherchait aucun ennui, et Narcissa Malfoy, comme l'été précédent, était prête à prendre soin de lui. Le seul problème était Draco.

Au début, Théodore avait du mal à se remettre de ses rencontres avec Voldemort, et il trébuchait sans raison, perdait l'équilibre, et ressentait le frisson de douleur revenir. Les larmes aux yeux, les pommettes rouges malgré une pâleur plus marquée qu'avant, il serrait son poing contre son buste, au niveau de son cœur qui l'oppressait et lui donnait l'impression de recevoir un coup de couteau. Les élancements d'un Endoloris fantôme ténu le perturbaient et l'accompagnaient presque au quotidien. Ils étaient toujours accompagnés de la peur. Surtout celle, omniprésente, que quelqu'un vienne le chercher pour le renvoyer là-bas, ou que Lucius Malfoy s'en charge lui-même. Mais Draco restait à ses côtés, et Théodore était toujours un invité. Le blond le regardait généralement avec surprise, questionnement et inquiétude quand ces douleurs le hantaient.

Le temps passa, et Théodore aurait pu espérer que Voldemort et son père l'avaient oublié, mais il savait qu'il était inutile de se bercer dans de faux espoirs. Un jour ou l'autre, il y retournerait, et il devait prendre sa décision avant ce jour-là. Il n'était pas un imbécile, et savait déjà parfaitement ce qu'il devrait faire. Il ne pouvait pas lutter, il ne gagnerait rien à rester aussi obstiné. Tout ce qu'il avait voulu était une occasion d'en parler avec Draco avant.

Il la saisit alors que Draco aborda par lui-même le sujet lors d'une promenade dans le jardin somptueux du manoir. Ils en discutèrent un certain temps, où Draco s'attendait ostensiblement à ce que Théodore continue de cacher des informations, ou mieux, mente ! Théodore ne pouvait pas y croire, Draco se rendait-il compte de ce qu'il lui demandait là ?

Théodore fit un mouvement rapide pour se mettre face à Draco, la promenade arrêtée. « Mon premier intérêt est de survivre ! » déclara-t-il, tentant de confronter le regard du blond droit dans les yeux. Mais Draco, droit avec une posture qui aurait dû le laisser paraître digne, baissait la tête et le regard, n'osant pas affronter celui de l'autre, comme s'il était résigné.

Théodore n'en pouvait plus de cette insistance de Draco, et il ne pouvait guère plus supporter cette attitude presque fuyarde du blond qui semblait être là pour le faire culpabiliser. Il détourna le regard soudainement, prêt à partir. « Je suis désolé. »

« Tu te transformes en Peter Pettigrow. », lâcha Draco, sans relever la tête, les sourcils légèrement froncés et l'expression teintée de gravité.

Cela eut le mérite de faire s'arrêter Théodore de stupeur. « Pardon ? » laissa-t-il échapper doucement avec surprise, le regard étonné à nouveau tourné vers le blond.

Draco laissa de côté la résignation, et s'empara d'une nouvelle vigueur pour exposer sa déception et son sentiment de trahison. « Tu abandonnes tes amis pour ta survie ! Je pensais que nous pouvions être égaux. »

Théodore retrouva son ton calme et assuré. Sa voix était douce mais comme une lame tranchante pour Draco. C'était le Théodore de Serpentard, le solitaire qui pouvait retourner les amis de Draco contre lui. Mais c'était aussi un garçon qui parlait honnêtement et sans détour, un adolescent qui se confiait à quelqu'un qu'il pourrait apprécier, un enfant sidéré qu'un ami puisse demander l'impensable.

« Je suis Serpentard, Draco. Je ne vais pas réagir pour être traité de lâche, je ne suis pas aussi manipulable. Et qu'est-ce que ça changerait ? Que je me fasse torturer en plus ou à la place de toi ? Ton sens de l'amitié est que tu veux que les autres se sacrifient pour toi ? »

Même si Théodore avait le don d'énerver Draco, ses mots étaient tout aussi capables de le calmer. Le blond reconnaissait qu'il attendait beaucoup, trop peut-être, mais il n'avait pas d'autres choix. « Il ne s'agit pas de moi, Théo. Il s'agit du monde sorcier. »

« Je ne m'implique pas, Draco. Je suis neutre, je ne participerais à aucune bataille, ce n'est pas mon combat. Je ne culpabiliserais pas de me tenir à l'écart, et je te l'ai dit : mon premier intérêt est de survivre. Traite-moi de lâche si tu le désires, mais ça n'y changera rien. Je suis un vrai Serpentard, je ferais ce qu'il faut pour moi-même. Je n'ai aucun intérêt à me sacrifier pour les autres. »

Alors que Théodore s'éloignait, Draco trouva la force de déclarer avec dureté un difficile rappel. « Si ce que tu dis met en difficulté le professeur Snape, Théodore, tu n'es pas un des nôtres, tu ne seras plus un Serpentard. »

« Draco… », soupira doucement Théodore en se stoppant, avant de se retourner légèrement. « Je suis Serpentard de par ma manière d'être, pas par appartenance au groupe. »