(L'Ordre du Phénix) Les plumes de sang


Le cours de soin aux créatures magiques n'avait rien de plus désagréable qu'avec Hagrid, et si la question était posée à Draco, il répondrait sans doute qu'au moins ils avaient un professeur responsable qui ne les mettrait pas en danger, bien qu'une bonne moitié de la classe aurait affirmé que les cours de Hagrid étaient en général distrayants. Neville ne pensait pas que le professeur Gobe-Planche fut mauvaise, absolument pas. Mais comment ne pas sentir trop lourdement l'absence de Hagrid ? Il aurait mille fois préféré que son tuteur soit présent, à lui enseigner comme depuis sa plus tendre enfance les merveilles des animaux que le demi-géant aimait tant. L'absence du garde-chasse n'empêcha tout de même pas le garçon-qui-avait-survécu de s'avérer encore une fois le meilleur élève de la classe, avec des connaissances sur les créatures de la forêt qui dépassait l'entendement. Hermione aurait beau apprendre tout le manuel par cœur, ce n'était pas suffisant pour rattraper le protéger d'un amoureux de la nature qui lui avait fait côtoyer et s'occuper de toutes les créatures présentent sur le terrain de Poudlard.

La remarque chantante de Draco, « J'en connais un qui aura O. », avec un regard appuyé vers l'adolescente, avait clairement pour sens de marquer l'écart entre elle et Neville, et de lui signifier qu'elle n'était, en fait, pas première en tout. Elle ne s'était guère laissée impacter, et avait rapidement rétorqué qu'elle avait des O partout, ce à quoi le blond avait haussé les épaules en soulignant que lui aussi. Là-dessus, le professeur enleva 2 points à chacun de Gryffondor et Serpentard pour « perturber leur camarade tandis qu'il fournissait des explications parfaites méritant 10 points. ».

À la fin du cours, ils purent entendre Nott signifier que Dumbledore était plus doué pour trouver des remplacements dans les autres disciplines qu'il ne l'était pour défense contre les forces du mal. Neville ne put s'empêcher de se retourner vers les Serpentards qui jusqu'alors les ignoraient également, et d'entreprendre de défendre l'honneur du directeur.

« Les possibilités de trouver des professeurs compétents et surtout volontaires pour défense contre les forces du mal deviennent extrêmement fines en considérant la malédiction qui s'est abattue sur ce poste il y a des années, et que le professeur Dumbledore doit recruter un nouvel enseignant tous les ans. »

Nott, d'abord surpris par l'intervention inopportune du Gryffondor qui avait par ailleurs une réputation de garçon sage et souvent trop timide pour s'inviter où il était indésirable, fut ensuite agacé, et le cacha avec sa délicatesse habituelle employée pour Zabini et Pansy, c'est-à-dire celle digne d'une discrétion de troll, considérant que même un dragon pouvait être discret pour chasser. « Sais-tu depuis combien de temps cette "malédiction" est en place ? » choisit simplement de demander après quelques instants de réflexion celui qui faisait semblant d'être poli qui ne convaincrait personne observant son soupir et son roulement des yeux.

Neville fut déconcerté, tandis que Harry haussait un sourcil à la Snape avec une expression totalement éberluée qui fit éclater de rire Zabini puis les autres Serpentard du groupe à l'exception du leader concentré tranquillement sur le garçon-qui-avait-survécu. Hermione lui adressait de même un regard remettant en question sa santé mentale. Draco se contenta de fixer Théodore dont les raisonnements sans sens ne l'étonnaient plus.

« Euh, non. », répondit le défenseur du directeur.

« Non, bien évidemment. Eh bien, sache, Longbottom, qu'il serait mieux de connaître le moindre détail de ses arguments avant d'engager un débat avec quelqu'un qui ne t'a par ailleurs strictement rien demandé. C'est d'une part impoli au possible… »

« Regarde qui parle. », lâcha Draco, ignoré.

« … et d'autre part d'un manque de préparation qui te mènera à l'échec et démontrerait plutôt ta stupidité. Avant que tu ne contredises cela, Draco, non, être premier de classe pour s'occuper d'animaux n'est pas une preuve du contraire. »

« Qui saurait ? » rétorqua vivement Harry. Il vit Zabini pouffer et même hocher la tête comme si cette remarque était pertinente et que la renvoyer à Nott était amusant pour lui. « Qui saurait quand le poste aurait été "maudit" ? » précisa le garçon à lunettes.

Nott ne sembla pas impressionné par la question, et ignora complètement la réaction de Zabini dans son dos. « C'était en 1956 ou 1957, difficile de situer avec exactitude. Ce n'est pas comme si nous savions qui l'avait lancée, pourquoi, comment et par conséquent quand. Nous pouvons seulement approximer à partir des "événements malencontreux" et rarement connus ou mémorisés qui ont conduit au départ ou à la disparition du professeur de la matière à la fin de chaque année scolaire. 38 ont passé depuis ce jour. 38, pouvez-vous imaginer cela ? Certains de vos parents n'étaient pas même nés, d'autres justes de tout jeunes enfants. Rares sont ceux qui étaient à Poudlard, ou même adultes. Du moins je le suppose. Toutefois, mon cher Longbottom, au bout de ces 38 années, ton très cher directeur est parvenu à nous trouver deux professeurs compétents en la matière de Lupin et Maugrey. De plus, je ne considère pas que le professeur Quirrell ait été un total incapable pour nous enseigner la théorie. Mais rendez-vous compte en moyenne des raisons pour lesquelles ces professeurs doivent nous quitter. Ces choix demeurent désastreux. Maintenant, la conversation n'a pas été engagée avec toi ou l'un de tes amis, donc je te demanderais de ne pas t'ajouter. Nous allons nous sustenter, et qu'importe si vous faîtes de même ou non, nos groupes resteront séparés, et loin. Au plaisir de ne pas avoir d'autres cours avec vous aujourd'hui. »

Nott hocha la tête rigoureusement et brièvement comme une salutation et engagea le pas pour s'éloigner, accompagné des autres Serpentards, ainsi que du commentaire de Draco après quelques instants. Le blond, resté sur place avec ses amis, éleva la voix à l'intention de Théodore.

« Euh, Théo, tu as conscience que j'ai cours avec vous cet après-midi. »

Ses amis tournèrent leurs regards vers lui, presque blasés. Harry l'interpella. « Et toi, tu as conscience qu'il t'ignore là ? »

« Bien sûr. Bon, on va manger ? »


À 17 h, Harry et Neville se présentèrent devant la porte du bureau du professeur de défense contre les forces du mal.

« À ton avis ? » demanda Harry, à moitié face à la porte, aux côtés de son ami, fixant comme lui, l'entrée fermée.

« De la théorie. », prédit Neville.

« Pas de nettoyage ? »

« Ce sont les spécialités du professeur Snape et de Rusard. Elle nous envoie à son bureau, pas avec le concierge. À toi l'honneur. »

Harry prit une bouffée d'air, et toqua. Ils durent attendre un petit temps avant que ne leur parvienne la voix du professeur Ombrage.

« Entrez. »

C'était très ténu. Elle n'avait sans doute pas parlé très fort, et ils devaient remercier la mauvaise isolation de cette vieille porte en bois usé. Harry ouvrit, et s'avança lentement, suivi par Neville. Les pierres de la salle avaient été colorées dans un rose délavé, et de très nombreuses assiettes étaient accrochées aux murs. Chacune d'entre elles comportait une photo de chat, animée comme toute image sorcière digne de ce nom, bien entendu.

« Ah, messieurs Longbottom et Potter. Installez-vous. »

Neville referma la porte délicatement, et les deux adolescents allèrent s'installer aux tables qui semblaient prévues pour leur punition, chacun en perpendiculaire du bureau, l'un en face de l'autre. Elle veillait donc à les garder le plus espacés possible. Neville alla au plus proche, vers la gauche à partir de l'entrée, et Harry au plus loin, à droite.

« Je vais vous faire copier des lignes aujourd'hui, messieurs. »

Sur chaque table était posé, outre le napperon, un bout de parchemin. Les deux garçons se penchèrent vers leur sac posé à leurs pieds pour en sortir leur plume, mais le professeur les interrompit.

« Non, pas avec votre plume. Vous utiliserez l'une de mes plumes personnelles. »

Elle prit deux plumes sur son bureau, et leur distribua, d'abord à Harry, puis Neville. Ce dernier se repencha à nouveau pour récupérer son pot d'encre.

« Que faites-vous, monsieur Longbottom ? »

« Je cherche mon pot d'encre, professeur. »

« Vous n'en aurez pas besoin. »

Harry était sceptique. « Vous allez nous en donner aussi ? » questionna-t-il, peu convaincu au vu de l'absence de ces pots sur le bureau, et de l'oublie du professeur.

« Vous n'en aurez pas besoin. », répéta-t-elle en se retournant vers lui.

« Mais voyons, comment allons-nous écrire ? » argumenta Harry. Neville, quant à lui, fronçait les sourcils en observant sa plume rouge.

Ombrage s'approcha du rebelle, et se plaça face à lui. « En posant la plume sur le parchemin, et en traçant les mots. Vous savez écrire, monsieur Potter, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr, mais ! »

« Alors écrivez. », exigea le professeur de sa fausse voix douce. Elle l'énervait avec ce ton de "gentillesse". Elle était pire que Nott ou Lord Malfoy.

« Je n'ai pas d'encre ! »

Neville intervint. « Que devons-nous écrire, professeur ? »

Elle le regarda un instant, puis se détourna des deux garçons pour se placer devant la fenêtre derrière Harry. « Vous allez écrire : "Je ne dois pas mentir." »

Harry reposa la plume qu'il avait en main, avec un bruit audible. Neville lui adressa un petit regard désapprobateur. Pour sa part, il saisit l'objet et commença à écrire. Surprenamment, une encre rouge prenait place là où il traçait les mots. La largeur du parchemin semblait également avoir été calculée pour correspondre à la phrase à copier. L'adolescent se pencha sur sa copie, et commença à s'appliquer pleinement à cette tâche enfantine qu'il effectuait pour la première fois. Hagrid n'était pas du genre à punir, encore moins avec des lignes. Harry n'avait jamais été puni par Sirius non plus, mais Remus et Severus étaient parfaitement capables de sévir et de donner pareil devoir à un petit garçon. Qu'il ait eu des lignes pour mauvaises conduites ou pour apprendre une orthographe particulière ou bien une leçon, le garçon aux yeux verts était bien plus coutumier de cette occupation. Il ne l'avait pas eu depuis plusieurs années. Il observa une minute son ami écrire avant de se rendre à l'évidence qu'ils devaient se plier à la volonté de ce professeur de passage.

« Combien de fois ? » demanda Harry, exigeant.

« Oh, disons le temps qu'il faut pour que le message pénètre. », répondit le professeur, toujours dos tourné à eux.

Alors le Gryffondor se mit à la tâche désagréable. C'était une punition, c'était censé être désagréable, c'était normal si cela l'énervait. Toutefois, il considérait qu'une bonne punition devait être utile. Ce n'était pas le cas de celle-ci. Le principe pouvait être correct, de sa propre expérience, mais mise à part l'humiliation qu'il ressentait à être traité comme un enfant, il y avait le message qui devait passer. Ce n'était pas une leçon qu'il avait à retenir. Qu'il fût insolent, qu'il ait crié sur le professeur, il voulait bien l'admettre, et convenir que ce ne fût pas correct. En revanche, ni lui ni Neville ne mentait. Qu'espérait-elle, que même eux se convainquent de la propagande du Ministère ? Ou qu'ils concèdent leur défaite et fassent semblant de reconnaître l'autorité inappropriée du Ministère ?

Harry écrivait avec énervement, pendant que Neville acceptait docilement la tâche simple. C'était mieux que de nettoyer une pièce ou une autre, comme beaucoup se retrouvaient à faire avec Rusard. Neville changea d'idée lorsque la douleur vint. Il remarqua en premier lieu sa main rougie en une ligne. Puis, peu à peu, alors qu'il continuait d'écrire ses lignes, les lettres se gravaient sur le dos de sa main. Le message, "je ne dois pas mentir" s'imprégnait vraiment dans sa peau, comme s'il était taillé avec un couteau. Neville eut du mal à retenir un ténu sifflement de douleur. Harry releva la tête au son, et Ombrage se tourna vers le premier adolescent à réagir à sa punition.

« Oui ? » s'enquit doucement le professeur.

Neville la fixa un petit moment. Elle avait l'air réellement interrogative, comme si elle ignorait ce qui n'allait pas. Peut-être mésinterprétait-il son expression. Pendant que son meilleur ami se contentait d'observer leur professeur, Harry baissait le regard vers sa propre main gauche rougie et douloureuse. Il savait y reconnaître là un événement magique, l'effet d'une malédiction quelconque.

« Rien. », finit par répondre Neville, car c'était le cas. Il n'avait jamais appelé le professeur ou demandé à avoir la parole.

Harry pouvait voir, en scrutant attentivement, les lettres se dessiner sur sa peau. « Professeur, qu'est-ce que… »

Il ne poursuivit pas, car déjà Ombrage concentrait sa pleine attention sur Neville et s'approchait de lui.

« Il n'y a rien, exactement. », déclara-t-elle doucement. Harry s'en trouva scandalisé, et ne trouva rien à dire. « Car vous savez au fond de vous que vous méritez cette punition. » Les deux garçons la fixaient, immobiles. « N'est-ce pas, monsieur Longbottom ? » insista-t-elle.

Neville ne répondit rien.

Harry en revanche, retrouva ses mots. « Méritez ? Méritez ! Nous… »

« Taisez-vous Monsieur Potter ! » cria-t-elle à nouveau contre lui. L'adolescent obéit. Il ne laisserait pas cela passer.

Neville ne répondait toujours pas, et ne le ferait pas. Il devait obéissance et respect à ses professeurs, mais ses pensées et opinions n'étaient guère très différentes de celles de Harry. Il ne le méritait pas. Il ne mentait pas, et même s'il le faisait, cette punition ne semblait absolument pas correcte.

« Poursuivez. », ordonna le professeur.

« Quoi, de parler ? » nargua Harry avec insolence.

Elle se retourna vivement vers lui. « Ne dites plus un mot, monsieur Potter, et écrivez. »

À pas rapide, elle alla s'asseoir à son siège et prit son thé rose pendant que les deux garçons supportaient leur punition en silence. Ainsi s'écoula leur première retenue, une heure durant. Le message saignait sur leurs mains qu'ils s'efforcèrent de laver abondamment aux toilettes avant de reparaître devant leurs amis. Ils n'en parlèrent pas et entreprirent même de cacher leurs mains pour ne pas inquiéter leurs amis.

Ils revinrent le lendemain, à l'heure prévue. Neville avait toujours le même message à graver, tandis que Harry devait passer à : "Je ne dois pas répéter les mensonges d'autrui.". Évidemment, il ne put se retenir de demander si cela signifiait qu'il pouvait créer ses propres mensonges, et se fit une fois de plus réprimander par le professeur.

Le jour suivant encore, ils parurent au bureau d'Ombrage. Neville transcrivait toujours la même chose, comme une litanie religieuse. Harry obtint un nouveau message "Je dois le respect à mes professeurs." Pour une fois, il était d'accord avec la phrase, mais alors il ne considérerait pas la femme comme un professeur. « Ça ne sera pas très lisible à la fin. », avait-il déclaré en levant sa main gauche, le dos rougi orienté vers Ombrage. Encore une fois, elle s'énerva.

« Tu devrais vraiment arrêter de la provoquer. », lui chuchota Neville après qu'ils eurent quitté l'endroit.

« Elle ne m'a pas donné de retenue supplémentaire, je m'estime victorieux. », argumenta-t-il en retour.

Ils retournèrent à leur salle commune, toujours aussi animée depuis que les jumeaux Weasley avaient commencé à vendre leurs farces et attrapes, avec plus particulièrement leurs bonbons qui rendaient malades, vantant qu'ils permettraient de sécher les cours pour prendre du bon temps. Neville ne comprenait pas en quoi être malade permettrait de s'amuser. Et si cela leur permettait de manquer les cours, alors cela les emmènerait à l'infirmerie, où les activités étaient très restreintes. En tant que préfet, Harry aurait peut-être dû agir contre les jumeaux, mais aucun des préfets de Gryffondor ne semblait se décider à intervenir. Les jumeaux pouvaient commettre leurs forfaits en toute quiétude.

« Nous devrions aller nous faire soigner. », chuchota Neville en prenant place sur un canapé, à droite de Harry.

Harry ne répondait pas, et sortait son livre de potions. Il pensait que c'était un miracle que personne n'ait encore remarqué leurs mains. Même durant le cours pratique de potion, Severus n'avait pas semblé le voir. Il était vrai que les adolescents n'avaient pas tout fait pour le mettre en évidence, et avaient même tenté de rester discret, mais tout de même.

Neville prit son propre livre de botanique, évidemment pas le manuel qu'il connaissait depuis longtemps dans les moindres détails, et commença sa propre lecture.

Au bout d'un temps, l'heure du dîner approchant, ils furent rejoints par Hermione et Ron qui revenaient sans doute d'une séance de révision avec Draco à la bibliothèque, et qui venaient vérifier s'ils étaient de retour. Ils entendirent les deux amis avant de les voir, le roux suppliant pratiquement la première de classe de lui faire son devoir de potion sur les utilisations de la pierre de lune. Ron se laissa tomber à côté de Neville.

« Oh, allez, Mione. »

Harry et Neville s'échangèrent un regard discret, s'attendant à une réaction vive de la préfète. Cette dernière se stoppa alors qu'elle était devant Neville et se tourna vers le roux.

« Ronald, tu devrais savoir qu'il n'y a que Draco pour m'appeler comme ça. »

Ron contracta sa mâchoire involontairement, et tenta de ne pas laisser paraître de colère. « C'est plus rapide à dire. Pourquoi serait-il le seul à employer ton surnom. »

« Ce n'est pas mon surnom. C'est la diminution qu'il a décidé de m'attribuer, comme il fait avec chacun d'entre nous, parce que c'est un feignant qui ne prendrait même pas la peine de prononcer nos noms en entier. Je ferais l'introduction de ton devoir, c'est tout, mais ne m'appelle plus ainsi. Je ne prépare pas le devoir des feignants. »

Elle alla s'asseoir de l'autre côté de Harry, pendant que Ron hésitait entre se renfrogner et la remercier généreusement. Harry tourna les yeux vers sa collègue préfète. « Le professeur Snape le saura. », commenta-t-il, clairement désapprobateur à l'idée qu'elle fasse une partie du devoir d'un autre.

« Tout ira bien, Harry. », argumenta-t-elle.

Harry referma en claquant son livre, sans faire attention qu'il plaçait sa main gauche nettement visible sur le dessus. « Une préfète ne devrait pas tricher non plus. Il me semblait que tu faisais attention aux règles. »

« Et toi, tu ne les respectes généralement pas beaucoup. Ce n'est pas de la triche, je vais l'aider un peu, c'est tout. Ron travaille beaucoup ces derniers temps. »

« Il ne s'est écoulé qu'une semaine ! »

Neville posa sa main sur le bras de son meilleur ami. « Harry, ce n'est pas si grave. Et le professeur Snape gérera cela lui-même s'il en est dérangé. S'il ne repère rien, alors cela montrera que Ron a un assez bon niveau. »

« Qu'est-ce que vous avez aux mains ?! » s'exclama Ron.

Les deux garçons se figèrent, et n'eurent pas le réflexe de cacher leurs cicatrices avant qu'Hermione ne saisisse la main de Harry pour observer de plus près.

« On dirait que quelque chose est écrit, mais c'est totalement illisible. », jugea-t-elle doucement. Elle releva le regard vers Harry. « Que s'est-il passé ? C'est arrivé avec le professeur Ombrage ? »

Harry récupéra vivement sa main.

« Oui. », avoua Neville, impressionné encore une fois de la vivacité d'Hermione.

« Elle vous torture ! Vous ne pouvez pas cacher ça, vous devez le dire. »

« Le dire à qui ? » s'enquit Harry presque froidement.

Elle sembla déconcertée un instant, réfléchissant. « Au professeur McGonagall. », proposa-t-elle finalement, doucement.

« Elle arrive rarement à faire quelque chose. », rétorqua-t-il.

« Nous pourrions aller voir le directeur. », argumenta Neville, sans conviction lui-même.

Harry se tourna vers lui. « Je t'assure que Dumbledore n'aurait pas recruté Ombrage s'il avait eu le choix. Que veux-tu qu'il fasse ? Il t'a même ignoré tout l'été, et depuis la rentrée aussi. Il doit être bien trop occupé avec la guerre pour avoir le temps de se soucier de ce que fait "la sous-secrétaire d'État" dans son dos. Si tant est que ce soit dans son dos. »

Neville s'indigna. « C'est dans son dos ! Le professeur Dumbledore ne le saurait pas, ce n'est pas possible. Nous devrions au moins lui dire. Pourquoi as-tu même insisté pour que n'allions pas voir Pomfresh tout de suite ? »

« Je ne voulais pas qu'Ombrage voie que nous étions soignés. Ainsi, elle est satisfaite. Tu n'as pas repéré son petit regard sadique ? »

« Non ! »

« Elle l'est. Elle voulait nous faire du mal. Elle veut que "ça pénètre", pas que ça c'en aille. Maintenant que les punitions sont terminées, la trace laissée nous laisse encore une preuve de son action. Mais à qui dénoncer ? Dumbledore t'ignore comme il peut, le professeur Snape m'a interdit de revenir dans son bureau à moins d'une urgence vitale… »

Hermione le coupa. « C'est important ! Vous êtes blessés, torturés, c'est gravé dans votre peau. Le professeur Snape ne peut pas ignorer cela. Si tu n'as confiance qu'en lui, alors va le voir à la place du directeur. De toute manière, vous devez être soigné. Il aura probablement quelque chose pour s'occuper de ça. »

Harry hocha la tête. « J'irais le voir après le dîner. Pas un mot à Draco, nous sommes tous d'accord ? »

« Pourquoi ? » s'étonna Ron.

« Juste. Parce que. »

« D'accord. », fit-il lentement.

Neville se leva en premier, rangeant ses affaires. « Et moi, j'essaierais d'aller voir le directeur. Avant de me faire soigner, ça pourrait être utile. »