(L'Ordre du Phénix) La grande inquisitrice


Avant la fin du week-end, le ministre avait pris l'initiative de donner plus de pouvoir à Ombrage, tout en la félicitant pour avoir révolutionné totalement l'enseignement de la défense contre les forces du mal, il la chargea de prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à la "baisse de niveau".

Le décret, écrit sur un parchemin conservé de manière imposante dans un cadre lourd en bois, fut accroché au mur encadrant la porte de la grande salle, de sorte que chacun puisse lire « Décret d'éducation numéro vingt-trois : Dolores Jane Ombrage a été nommée au poste de Grande Inquisitrice de Poudlard. ». Beaucoup s'interrogeaient sur la signification de ceci. Ils ne tardèrent pas à comprendre. Dès le début de la semaine, Ombrage commença à inspecter les classes des professeurs, tandis que ses propres élèves étaient laissés à la lecture silencieuse de leur manuel.

La première classe qu'elle inspecta fut le cours de divination à la première heure lundi, celui des cinquièmes années. Le professeur Trelawney s'en trouva fort dépourvue. Anxieuse, son cours s'avéra encore plus étrange et douteux qu'usuellement. Elle en vint à saisir une bouteille d'alcool, et à en ingurgiter une bonne part sous le regard sidéré de ses élèves.

« Que venez-vous de boire ? » questionna soudainement Ombrage.

« Du… du xérès. Ça… m'aide à gérer… mon stress et ma nervosité. », expliqua-t-elle, hésitante, avant de déglutir.

Ses étudiants étaient époustouflés.

« Vous buvez devant les élèves ? Cela vous arrive-t-il souvent… » Ombrage s'approchait pour renifler le professeur puis s'en éloigna vivement d'un mouvement de recul révulsé. « … d'être soûle, même devant eux ? »

« Je… je suis… eh bien… »

Comme elle ne trouvait pas de mots pour se justifier, et comme Ron ne l'appréciait définitivement pas particulièrement, il commenta de lui-même. « Alcoolique. », lâcha-t-il, abasourdi.

« N'importe quoi ! » s'emporta Lavande, toujours admirative de leur professeur. À ses côtés, Parvati hocha énergiquement la tête, bien que son expression évoquait de manière incontestable ses doutes.

« Je… je vais reprendre mon cours. », déclara le professeur avant de recommencer ses explications aussi fumeuses que précédemment.

Neville chuchota doucement à Harry. « Tu crois qu'elle est vraiment ivre ? »

« Difficile à dire. Ombrage n'est pas une référence non plus, pour l'honnêteté. »

Le cours continua, aussi mauvais que d'accoutumé, sinon plus, puisque Trelawney ne parvenait pas à se calmer. Ombrage finit par interrompre le professeur. « Juste une question, très chère. Depuis quand exactement enseignez-vous ici ? »

La question prit totalement le professeur au dépourvu, et elle se trouva incapable de faire autre chose qu'ouvrir et fermer la bouche tel un poisson durant quelques instants. « Je suis là depuis seize ans, je ne sais plus quand exactement, mais… »

« Merci. » Son regard encourageait à poursuivre le cours. Mais après à nouveau quelques minutes de plus, Ombrage intervint encore. « Pourriez-vous me faire une petite prophétie ? »

Le professeur était éberluée. « Excusez-moi ? »

« Une toute petite prophétie ? » insista l'inspectrice.

Parvati s'insurgea. « Un don de voyance ne se maîtrise pas ! On ne choisit pas le moment ou les circonstances pour avoir une vision, encore moins pour énoncer une véritable prophétie ! »

« Alors vous ne pouvez rien apprendre dans ce cours. », conclut hautainement Ombrage en observant l'adolescente d'un air désolé. Parvati semblait révoltée, mais décida sagement de ne rien ajouter. La dame en rose se retourna vers leur professeur, et la toisa avec attente. Mais la voyante ne trouvait rien à dire, qu'importe à quel point elle cherchait.

Seamus se moqua en chuchotant. « Elle devrait boire à nouveau. Si elle est ivre, ses pouvoirs doivent venir de là. »

Enfin, Ombrage en eut assez d'attendre. Elle poussa un doux et profond soupir. « Dommage. » Elle griffonna rapidement sur son parchemin, puis se détourna pour partir. Alors seulement Trelawney s'écria.

« Non, attendez ! Je vois quelque chose… Vous… courrez un grave danger. » À présent observée par l'inquisitrice, elle hochait hâtivement la tête comme pour attester ses dires, convaincre qu'ils étaient vrais.

« Charmant. », conclut Ombrage avant de partir.

« C'était pas très difficile à prévoir. », lâcha Harry lorsque la dame en rose ne fut plus là. « C'est un professeur de défense contre les forces du mal. »

« Et le poste est toujours maudit. », ajouta Ron.

« Taisez-vous. », souffla Parvati, énervée.

Harry se retourna vers elle. « Tu veux nous en faire une plus convaincante ? Draco adorerait. »

« Écoutez le cours ! » imposa Lavande.

Neville soupira discrètement. « Je préférerais encore être en cours de potions. »


De nouveaux décrets furent édictés par Ombrage, et placés sur le même mur que le précédent.

« Décret d'éducation numéro vingt-quatre : Aucune musique ne doit être jouée pendant les heures d'études. »

« Décret d'éducation numéro vingt-cinq : Les balais ne doivent pas voler sur le domaine de l'école sauf en cas d'exercice de Quidditch autorisé. »

« Décret d'éducation numéro vingt-six : Les garçons et les filles ne sont pas autorisés à être à moins de quinze centimètres les uns des autres. »

Ce dernier décret avait été ajouté après qu'Ombrage ait surpris des étudiants s'embrasser dans les couloirs et les ait séparés en les repoussant d'un coup de baguette loin l'un de l'autre.


Ombrage poursuivait ses inspections, dans tous les cours, dérangeant les professeurs en les interrompant avec ses questions. Le prochain spectacle auquel assistèrent les cinquièmes années de Gryffondor et Serpentard eut lieu durant le cours pratique de potion du mercredi, dans leur nouvelle salle de classe où ils avaient pour consigne de continuer à préparer une solution de force qu'ils avaient commencée le lundi en venant exceptionnellement dans cette même salle.

Les élèves étaient séparés en groupe à des tables carrées, où ils devaient s'installer tout autour, ou au moins sur trois côtés. Les groupes n'avaient eu aucune difficulté à se former, du moins pour les Gryffondor. Hermione, Harry, Neville, Ron et Draco à une table. Parvati, Lavande, Seamus et Dean à une autre. Les Serpentard avaient eu plus de mal, et ce n'était plus un secret dans ce groupe classe que la Maison verte avec quelques problèmes de cohésion depuis l'éloignement de Draco et les disputes entre lui, Nott et Zabini. Pourtant, les groupes qui se formèrent divisèrent simplement garçons et filles.

Ombrage vint inspecter la salle, et ces groupes inégaux lui déplus, bien qu'elle observait d'un œil appréciateur la distinction entre les sexes du côté Serpentard. « Je ne voudrais pas critiquer un positionnement soigneusement réfléchi qui sépare filles et garçons, mais… » Son regard jusqu'alors positif vers les Serpentard dériva vers les Gryffondor avec une mine réprobatrice. « … c'est plutôt inégal, vous ne trouvez pas ? Deux groupes de quatre, un de cinq, et un de trois. Le choix de Monsieur Malfoy n'a sans doute rien de discutable, toutefois… Granger devrait peut-être se déplacer vers les filles de Serpentard. » Elle fit un sourire entendu à Hermione, fière de sa décision, et plus que probablement extrêmement satisfaite d'établir un changement qui déplairait beaucoup à la première de classe.

Pansy ricanait à l'avance de la manière dont elle pourrait accueillir cette gêne que représentait Hermione. Ron s'étranglait. « Quoi ? Mais si vous voulez qu'elle soit avec les filles, il y a Lavande et Parvati… »

Severus debout devant son bureau, tourna un regard sombre vers le Gryffondor. « Silence, Weasley. Au cas où cela vous aurait échappé, cette solution stupide ne réglerait pas la disproportion autour de chaque table. »

« Je vais bouger. », proposa Draco, déjà prêt à se lever. Il reçut un sourire aimable d'Ombrage, bien qu'elle fut vexée de ne pas pouvoir embêter davantage Hermione.

« Comptez-vous enlever votre chaudron du feu, monsieur Malfoy ? » intervint Lily, proche du groupe purement Gryffondor.

Draco la regarda, réalisant la situation, puis haussa les sourcils en reconnaissance de l'idiotie dont il avait fait preuve. « Euh, non. », déclara-t-il franchement.

Severus fixa Ombrage. « Voyez-vous, grande inquisitrice, » Zabini pouffa à ce titre, et fut heureusement ignoré, « ils sont actuellement en train de préparer une solution de force depuis deux jours. Il leur est impossible de changer de place au cours de la concoction. Monsieur Malfoy prendra compte de cette remarque pertinente dès le prochain cours. »

Draco geignit discrètement. « Pitié, non. »

Ombrage ne l'avait pas entendu, et se concentrait sur l'explication du professeur, tout en finissant de s'approcher de lui. « Une solution de force ? » s'exclamait-elle. « Ces élèves sont remarquablement avancés. »

Neville murmura à l'intention du blond. « Tu n'as qu'à remanier tous les groupes. »

Harry le regarda avec scepticisme, et veilla à garder sa voix basse. « C'est impossible, faire s'entendre Gryffondor et Serpentard ! »

« Potter, cinq points. »

Un grand sourire se dessina sur le visage moqueur de l'adolescent. « Merci, professeur. », déclara-t-il sans parvenir à cacher son amusement.

« En moins. »

Severus envoyait un regard tellement sombre à son élève que le garçon comprit qu'il ferait mieux d'éviter ce genre d'intervention en présence d'Ombrage. Cette dernière reprenait. « Cependant, vous savez certainement que le ministère déconseille cette potion. », affirma-t-elle.

Severus s'abstint de répondre.

Ombrage se tourna vers Lily. « Que faites-vous ici ? »

« Je surveille certains chaudrons. », répondit-elle avec un ton froid qui surprit les élèves.

« Ce n'est pas votre travail. Vous êtes employée à l'infirmerie. »

« En tant que maître des potions. Par conséquent, j'ai les qualifications pour superviser quelques cours pratiques, rendant la salle plus sûre pour les élèves. Vous conviendrez que s'assurer qu'ils apprennent dans un environnement dénué de risque est la priorité absolue. »

Les élèves, tous, n'en revenaient pas de la manière dont Mademoiselle Evans s'adressait à Ombrage. Cette dernière se retourna vers le vrai professeur. « Ainsi, au contraire de vos autres collègues, vous avez besoin d'aide pour superviser votre classe ? »

Ron pouffa, se méritant un regard noir de Harry et Draco. Neville commençait à se sentir très mal à l'aise. Hermione se concentrait sur sa potion.

« Non. », répondit le maître des potions, le regard fixé devant lui, imperturbable, avec un froid et une dureté absolu. Répondre semblait être la dernière chose qu'il souhaitait faire.

« Excusez-moi, mais j'ai dû mal comprendre. J'ai cru entendre qu'elle disait surveiller votre salle de classe. Dites-moi clairement, est-ce qu'enseigner cette matière vous paraît difficile ? »

« Non. »

Ombrage ne se laissa pas impressionner, et tournait autour du professeur immobile. « Vous aviez d'abord postulé pour le poste de défense contre les forces du mal, est-ce exact ? »

« Oui. »

« Mais sans succès, n'est-ce pas ? » se moqua-t-elle presque.

« De toute évidence. »

Ron pouffa à nouveau, obtenant un coup de pied de Harry. Ombrage continuait de griffonner sur son parchemin. « Depuis combien de temps enseignez-vous ici ? »

« Quinze ans. »

« Quinze ans ? Enseigniez-vous vraiment à l'époque, il me semble que le professeur Slughorn était encore en place. »

« Oui. »

Elle le toisa, peu amusée. Harry le regardait étrangement également. Il s'attendait à voir un léger sourire, même si la plupart ne parviendraient pas à le distinguer, mais le professeur était d'une incroyable austérité, toujours impassible. Il arborait un masque, et ne le quittait pas.

« Il a pas répondu, là. », souffla discrètement Ron.

« Bien sûr que si. », contredit à voix basse Draco.

« Concentre-toi si tu ne veux pas échouer. », rappela Hermione.

Malgré tout, dans le silence impeccable de la salle, leurs voix portaient loin. Lily vint rapidement auprès d'eux, et chuchota. « Taisez-vous. Trois de vos potions deviennent assez passables. Vous pouvez deviner lesquelles. »

Pendant que Mademoiselle Evans s'adressait aux élèves, Ombrage reprit la parole, face au professeur d'une tête de plus qu'elle qui ne baissait pas le regard pour l'observer. « Pardonnez-moi, mais êtes-vous en train de vous moquer de moi ? »

« Non. »

Ombrage semblait toujours irritée. Elle parcourut ses notes rapidement, puis s'adressa au maître à nouveau, son énervement parti ou bien caché. « Quels résultats vos élèves obtiennent-ils pour leurs BUSEs et leurs ASPICs ? Ne me parlez pas de ceux qu'atteignaient des élèves en partie enseignés par votre prédécesseur. »

Cette fois, Severus se retrouva contraint de répondre plus longuement. « Vous pourriez vérifier les archives ou demander à l'Académie des examinateurs magiques. Mes élèves obtiennent régulièrement des notes parmi les meilleures de l'école, avec un pourcentage élevé de "O" et de "E". »

« Est-ce vrai que vous ne sélectionnez que les élèves atteignant le "O" à leur BUSE pour la classe d'ASPIC ? »

Lily se tourna vers eux. « Est-ce obligé de mener pareil interrogatoire durant le cours ? »

Ombrage jaugea la sorcière rousse de la tête au pied. Lily était toujours dans ses robes blanches aussi habituelles que les capes noires de Severus. Puis, elle rencontra les yeux verts brillants de la belle femme. « Oui ? Y a-t-il un problème, Madame ? »

« Mademoiselle. », trancha durement Lily.

Severus profitait de la distraction pour aller vérifier rapidement les chaudrons de ses Serpentard. Il avait hâte de faire partir Crabbe et Goyle de sa salle de classe. Ces deux-là avaient moins de subtilités que le pire des Gryffondors. Le seul point positif était qu'ils savaient lire les consignes, et plus que tout les respecter, évitant ainsi les plus graves erreurs. Mais rien n'empêchait leurs préparations de demeurer des désastres d'inefficacement à chaque essai. Ils ne brassaient pas, ils cuisinaient, et mal. Greengrass, pourtant et heureusement calme et studieuse, ne parvenait pas à obtenir d'assez bons résultats pour l'exigence élevée du maître. Les autres Serpentard pourraient tous passer en ASPIC potion, mais il espérait secrètement que Zabini s'en abstiendrait. Ce garçon était, d'un point de vue comportemental, même pire que Pansy Parkinson.

Ombrage fixait Lily avec ce sourire poli hypocrite. Lily croisait les bras. « Oui, cela pose problème, Madame Ombrage. Les potions sont dangereuses. Une erreur dans la potion la plus basique peut conduire à de douloureuses répercussions, comme beaucoup d'élèves au travers des âges peuvent en attester, au contraire de la plupart des échecs avec des sorts. Un environnement de calme, rigoureux, et surtout de concentration est donc nécessaire pour minimiser les risques de nos élèves. Vous gênez les conditions de travail d'étudiants préparant leurs BUSEs. »

Ombrage demeurait impénitente, et provocatrice. « Vous parlez plus que moi, Mademoiselle Evans. Si le professeur Snape est capable d'imposer sa discipline, alors le fait que je discute doucement avec lui ne devrait pas poser de problèmes. »

Severus observait aussi les chaudrons des Gryffondor. Ils avaient tous beaucoup progressé depuis leur première année, mais il pouvait toujours faire les mêmes conclusions. Patil, comme sa sœur de Serdaigle, était assez compétente, et possédait à présent le niveau adéquat pour passer en ASPIC, si tant est qu'elle le désirât. Hermione, seconde dans sa classe, disposait évidemment de toutes les capacités nécessaires en dehors de celles qu'il valorisait le plus. Il n'arrivait pas à lui faire perdre sa trop grande rigueur académique. Elle n'avait aucune intuition. C'était incroyable que malgré ce défaut elle fût capable d'un tel niveau… cela changerait avec le programme d'ASPIC. Harry n'aurait aucun mal à poursuivre ses études de potion, et Severus soupçonnait fortement que le garçon ne voudrait pas arrêter le cours. Neville, en revanche, quitterait sa classe à la fin de l'année, comme tous les autres de cette Maison.

Lily ripostait, sèche. « Il faut également surveiller l'avancement des élèves, et leurs chaudrons, pour pallier aux erreurs les plus graves et prévenir des accidents dangereux. »

« N'êtes-vous pas là pour surveiller, Mademoiselle Evans ? Si les élèves peuvent commettre des erreurs si dangereuses, peut-être faudrait-il revoir à la baisse le niveau. »

Lily fit une grimace sarcastique, imitant en parole Ombrage. « Pardonnez-moi, Madame, mais j'ai cru comprendre que vous suggériez de baisser le niveau de la classe de potions. Or, il me semblait que le ministère et le ministre lui-même vous avait chargé de pallier à "la baisse de niveau de Poudlard". Comme vous avez déjà noté que cette classe était d'un "niveau remarquablement avancé", quelles corrections voudriez-vous conseiller de plus ? »

Ombrage, embarrassée et en colère, se retourna vers Severus. « Professeur ! Vous oubliez délibérément de répondre à ma question. »

« En effet. », répondit-il une fois encore sans la regarder, aussi droit qu'un i.

Elle rougit davantage, prête à crier. « Comment… »

« En effet, je n'accepte que les élèves les plus compétents. », précisa-t-il avec insistance.

Ombrage se ressaisit, et tira sur sa robe comme pour la remettre correctement alors que celle-ci n'était aucunement dérangée. « J'ai entendu dire que vous acceptiez des élèves qui n'avaient que validé que trois BUSEs. »

Ron pouffa encore. Une BUSE était validée à la condition d'avoir A ou plus. Si Snape n'acceptait que les O, il rejetait les BUSEs validées avec E ou A.

Le professeur ne répondit rien.

Elle insista. « Comment l'expliquez-vous ? »

« Ils sont compétents en potions. »

Ombrage griffonna à nouveau sur son parchemin, puis se tourna vers Lily. « Mademoiselle Evans… »

Lily la coupa immédiatement. « Si vous souhaitez m'interroger, j'ai bien peur que cela doive attendre la fin de ce cours. Vous n'aurez qu'à venir me voir à l'infirmerie si vous vous coupez par erreur en écrivant les résultats de l'une de vos inspections. »

Ombrage regarda Severus. « Vous postulez à nouveau chaque année pour le poste de défense contre les forces du mal, c'est cela ? »

« Oui. »

« Et Dumbledore vous l'a toujours refusé, est-ce correct ? »

« À n'en point douter. »

Ron pouffa derechef.

« Savez-vous la raison de Dumbledore pour vous le refuser ? »

« Vous n'avez qu'à lui demander. »

Ombrage se tourna une fois de plus vers Lily. « Si vous voulez la place de maître des potions de Poudlard, Mademoiselle, il ne vous reste plus qu'à espérer que le directeur donne bientôt la place de professeur de défense contre les forces du mal au professeur Snape. »

Lily devint sarcastique. « Encore faudrait-il que vous soyez vous aussi relevée de vos fonctions, professeur Ombrage. Sinon, il vous suffit d'avoir plus de choses à redire que de points positifs au sujet des cours du professeur Snape pour le renvoyer, et me céder tout naturellement la place. »

« Vous devrez démontrer être plus compétente que lui pour cela, Mademoiselle Evans. »

Sur ce, avec ce sourire entendu de victoire, Ombrage quitta rapidement le lieu. Quand elle fut partie, Severus donna, mécontent, un coup à l'arrière du crâne de Weasley avec un livre fin et mou, vengeance mesquine mais message transmis. Les sourires de Draco et Harry apparurent très satisfaits de cette punition.

« Vous feriez mieux de tous vous concentrer, enfin, sur vos potions, si vous ne voulez pas que la classe obtienne une moyenne aussi pitoyable que pour vos derniers essais grotesques. Dois-je vous rappeler que cette potion met plusieurs jours à préparer ? Vous ne voudriez pas avoir à le faire plusieurs fois, n'est-ce pas ? »

« Dans tous les cas, on le fera plusieurs fois. », grogna Ron, Snape toujours dans son dos bien qu'il s'était adressé à la classe entière. Le professeur regarda le sommet du crâne de l'adolescent avec mauvaise humeur.

« Vous n'aurez accès à aucun manuel, aucune recette au tableau, lors de votre examen pratique de potion. Vous feriez mieux de vous en souvenir. », annonça-t-il froidement.

« Quoi ?! » s'étrangla Ron.

« Comment peut-on retenir toutes ces recettes ? Combien y en a-t-il ? » paniqua Neville.

« Avec de l'intellect dont la plupart des cornichons, y compris vous, monsieur Longbottom, sont dénués. Beaucoup. »

La plupart des élèves commencèrent à s'inquiéter. Pas Harry, toutefois, qui trouva plus pertinent de poser une autre question. « Professeur, peut-on nous demander des potions qui mettent plusieurs jours à brasser ? Combien de temps dure l'épreuve pratique ? Y a-t-il une période déterminée, d'où nous ne pourrons pas dépasser ? »

« En effet, monsieur Potter, votre épreuve sera d'une durée limitée à un après-midi. »

« Donc, nous n'avons pas à apprendre toutes les potions, seulement celles qui rentreraient dans le fuseau horaire. »

« Dont la durée n'est pas encore pleinement déterminée. »

Harry arborait un large sourire. « Cela réduit tout de même le champ des possibles. » Il retourna à sa potion qui devait être l'un des plus grands échecs de sa scolarité à cause d'une extrême complexité mêlée à une absence presque totale de concentration.

Zabini intervint, une main levée mais sans attendre d'être interrogé. « Pourriez-vous nous donner une liste des potions réellement éligible, professeur ? »

L'homme lui sourit avec narquois. « Certainement, monsieur Zabini, comme je vous préviens à chaque potion cette année. »

« Vous avez dit que la solution de force était éligible ! » s'insurgea-t-il.

Draco lança un regard noir à son camarade. « Utilise ton cerveau, alors, Zabini. Fais le tri toi-même. »

« Draco, ta potion est d'une médiocrité alarmante. », déclara le professeur. Ce simple commentaire eut le mérite de forcer tout le monde à se concentrer. « Potter, votre… cuisine moldue est la pire que vous n'ayez jamais brassée dans ma classe. Et cela inclut les échecs explosifs. »

Harry gémit, mais ne se laissa pas insulter si aisément. « Ma potion ratée ne devrait pas être avalée comme n'importe quel repas, professeur. Et elle est certainement plus magique que n'importe quelle cuisine. »

« 10 points de Gryffondor pour insolence, Potter. », rétorqua froidement le professeur.

Harry devenait immensément frustré de n'avoir toujours obtenu aucune heure de retenue. Jusqu'où devrait-il pousser pour en bénéficier ?

Alors que le calme et la concentration reprenaient place dans la salle, Lily s'approcha doucement de Severus, pour chuchoter de sa voix douce qui s'envolait dans la pièce pour atteindre chaque oreille malgré la discrétion désirée.

« Elle ne m'apprécie pas. »

« Je suis certain que tu pourrais accentuer cela davantage. », murmura-t-il en retour.