(L'Ordre du Phénix) La salle sur demande


Ils étaient tous pris d'un nouvel entrain depuis la création avec succès de l'Armée de Dumbledore, rapidement abrégé en l'AD pour faire plus court et être plus discret quant à la signification. Harry et Draco travaillaient ensemble sur les projets de cours, tandis que la carte du maraudeur avait été confiée à Ginny pour qu'elle puisse explorer tous les passages secrets et identifier si certains pouvaient être utiles. Les jumeaux avaient toujours des idées à revendre, mais Hermione n'était pas encline à les écouter, ne jugeant pas leur manque de sérieux comme fiable. Ils avaient une semaine pour trouver une idée acceptable, et chaque fois que l'un d'eux proposait quelque chose, au moins une personne refusait. Ron avait pris sa sœur pour folle lorsqu'elle avait évoqué la forêt interdite, avec le fort soutien des jumeaux. Neville avait été plutôt optimiste avec cette idée, mais Draco et Hermione restaient aussi catégoriques que le roux craintif, c'était un non clair et net. La cabane de Hagrid n'avait pas eu un franc succès non plus : le lieu était exigu, et en bois. La cabane hurlante semblait plus "spacieuse", mais demeurait aussi fragile que la hutte du demi-géant. Draco plaisanta bien que l'endroit pouvait garder enfermé un loup-garou, Harry n'en était pas convaincu, surtout connaissant son parrain, et le Serpentard fut le premier à rejeter l'idée quand elle fut considérée avec plus de sérieux pour manque de meilleure suggestion. Les toilettes des filles du deuxième étage n'eurent pas un grand succès non plus, mais provoquèrent bien quelques rires pour détendre l'atmosphère, bien que cette dernière fut déjà légère. "Une salle de potion", proposée par les jumeaux, amusa encore certains, mais fut écartée. L'infirmerie évoquée par Neville ne fut même pas envisagée.

Puis, l'idée vint au garçon-qui-avait-survécu lorsqu'il se souvint. Dumbledore lui avait un jour parlé d'une salle magique qui ne pouvait apparaître qu'en cas de réel besoin. Il disait qu'elle était située au septième étage, face à la tapisserie qui représentait la veine tentative de Barnabas le Follet d'apprendre la danse classique à des trolls. Ainsi donc, Neville se rendit, seul, au septième étage, dans l'espoir de trouver la salle. Il était inutile d'être accompagné de ses amis s'il ne pouvait faire se révéler la porte. Dumbledore lui avait expliqué qu'il fallait penser au besoin, et être quelque peu précis, car quiconque pouvant avoir la même pensée trouverait lui aussi la salle. Neville avait juste besoin d'une grande pièce pour accueillir tous les membres de l'AD, afin qu'ils puissent s'entraîner à la défense contre les forces du mal. Il ne se rendait même pas compte qu'il y pensait suffisamment intensément alors qu'il parcourait le septième étage, et qu'en conséquence, la porte prit forme à son passage. En revanche, il remarqua l'apparition de cette immense porte. Quand il l'ouvrit et découvrit l'intérieur, il sut qu'il avait bel et bien trouvé ce qu'il cherchait. La salle était spacieuse, large, longue et haute de plafond. Il y avait une petite bibliothèque à un endroit, et divers objets ou outils, tels des mannequins et des coussins. Neville n'observa pas en détail. Il se dépêcha plutôt d'aller quérir ses amis.

« J'ai trouvé ! Venez voir. »

Tout le groupe, incluant les jumeaux et Luna, se rendit vers le septième étage. Neville fit réapparaître la porte qui avait disparu en attendant, et la même salle se forma.

Hermione était époustouflée. « Bravo Neville. Tu as trouvé la Salle sur Demande. »

« La quoi ? » questionna Ron.

« On l'appelle aussi la Pièce Va-et-Vient. Elle n'apparaît que lorsque quelqu'un en a vraiment besoin. Elle se transforme alors en ce dont on a vraiment besoin à ce moment-là. »

« Genre, si on a besoin d'aller aux toilettes. »

« Charmant, Ronald. Mais oui, c'est ça l'idée. »

Neville hocha la tête. « Le professeur Dumbledore m'a dit qu'il l'utilisait pour ça. »

Il y eut un silence. Ron le rompit.

« Pour quoi ? »

« Toilettes. », déclara Draco qui dévisageait toujours le profil de Neville.

« Oui, c'est ça. », affirma le garçon-qui-avait-survécu.

Hermione se racla la gorge pour éviter ce sujet gênant. « En réalité, il est quasiment impossible d'y entrer ou bien même de la retrouver. »

Harry se réjouit. « Donc peu de personnes connaissent son existence. »

« Ou alors, ils ne pourront pas entrer. », ajouta Ginny.

« Et ils ne penseront pas à nous y trouver. », soutint Hermione.

« C'est génial ! » s'exclama encore Harry. « C'est comme si Poudlard voulait qu'on se défende. »

Neville, à l'avant du groupe resté à l'entrée de la salle, se retourna vers ses camarades. « Poudlard veut que nous nous défendions. C'est exactement cela. L'école est magique, et a sa volonté propre. Et en l'occurrence, il y a un professeur qui refuse de nous enseigner ce dont nous avons le plus besoin. » Il regarda alternativement Harry et Draco. « J'espère que vous serez prêt. Le premier cours de l'Armée de Dumbledore aura bientôt lieu. »

Draco sourit, presque conspirateur. « Tu vas adorer. »

Harry ne parvint guère à retenir sa propre expression jubilante.


Il leur fallut déployer pas mal d'imagination afin de prévenir chaque membre de l'AD de l'heure exacte, du lieu, et de comment le trouver. Un chuchotement dans un couloir, un petit oiseau de papier s'envolant vers la bonne table, un gros chat roux transmettant une missive discrète… Ils jugèrent qu'après cette séance, ils devraient décider du prochain horaire avant que tous ne se quittent, afin d'éviter à nouveau les petites frayeurs de se faire prendre.

Harry et Draco se rendirent dans la salle sur demande à l'avance. Quand les autres arrivèrent, plusieurs furent surpris, y compris Hermione.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » questionna-t-elle.

« Une estrade. », expliqua Harry.

« Je vois bien… » Elle fronçait les sourcils tandis qu'elle dévisageait, comme les autres, la longue estrade rectangulaire si similaire à celle employée par Lockart pour le cours de duel. Harry se tenait debout au centre de l'installation, baguette dans les mains devant lui, au repos.

« Approchez-vous. », appela Harry. « Mais ne montez pas sur l'estrade. Vous pouvez vous positionner tous autour. »

Draco lisait dans un coin du mur d'entrée, invisible aux yeux de tous. Il rangea discrètement le livre sur l'étagère, et parcourut l'assistance des yeux. Il compta mentalement qui était présent, et ajouta à la liste au fur et à mesure les quelques retardataires. Enfin, il s'approcha de l'estrade. « Tout le monde est là. », déclara-t-il.

« Bien, alors nous pouvons commencer. », annonça Harry. « Je suppose que tout le monde me voit et m'entend, et vous n'êtes pas là pour une répétition de l'échec ridicule et méprisable de Lockart. Oui, Nigel, tu ne connais pas cette référence, mais quelqu'un pourra te l'expliquer plus tard. Draco, si tu veux bien me rejoindre. »

Le Serpentard monta à son tour sur l'estrade et s'avança. Harry s'éloigna du centre, et observait l'assemblée.

« Vous êtes ici pour apprendre l'art de la défense, contre les forces du mal de toutes sortes. Je ne pourrais pas vous permettre de vous exercer contre les nombreuses créatures sombres que nous puissions rencontrer, et nous cherchons davantage de pratique que de théorie. Bien que je ne manquerais pas de vous parler théorie tandis que vous vous exercez aux sorts. Notre principal objectif sera d'assimiler tous les sorts qui peuvent être utiles en duel. S'ils fonctionnent face à un mage noir, ils seront également efficaces devant des dangers plus sauvages. Draco n'a pas grand-chose à apprendre de ma part, alors il me servira d'assistant. »

Le Serpentard sourit avec narquois. « Tout le monde sait que les assistants sont meilleurs que les professeurs de défense contre les forces du mal. »

Harry, dos tourné à Draco, se retourna vivement vers lui, baguette pointée. Le blond leva les mains.

« Hey, tout doux Harry. Il faut saluer avant tout. »

« Je disais donc, nous allons vous montrer à quoi peut ressembler un véritable duel, en employant le plus de sorts différents possible. Nous puiserons dans toutes nos ressources. Après cela, nous vous enseignerons d'abord quelques sorts parmi les plus utiles. »

« Des sorts offensifs. », précisa Draco.

« Disons des sorts qui vous permettront la victoire, sans blesser votre adversaire. »

« Parle pour toi. »

« Je fais le plan de cours, Draco. En place. »

Pendant que les deux adversaires s'approchaient pour les salutations puis s'éloignaient pour se positionner, Draco continuait l'explication. « Nous ne ferons qu'une seule démonstration. Je vous conseille de bien observer pour suivre les mouvements et les formules. »

« C'est en observant le professeur Snape que j'ai appris l'un des sorts les plus utiles. »

Soudainement, les sorts se mirent à fuser, sans prévenir, bien que tous furent formulés. Les deux adolescents trouvèrent bien vite que l'espace restreint par l'estrade les gênait pour se battre pleinement, mais ils résolurent de se plier à la contrainte. Le spectacle qu'ils donnèrent fut bien plus long et équilibré que celui auquel ils avaient assisté en deuxième année. Il s'arrêta lorsque Draco, aussi fatigué que Harry, prit en traître son adversaire avec un sortilège informulé que seul lui connaissait. Le Gryffondor se retrouva suspendu par une cheville, la tête en bas.

« Draco ! » s'indigna-t-il. « Enlève ça tout de suite ! »

Draco sourit pleinement. « Admets ta défaite. »

« C'était un combat de présentation. »

« Admets juste, Harry. Nous avions épuisé tout notre stock. »

Neville intervint. « Fais-le descendre, Draco, s'il te plaît. Et sans lui faire mal. »

Le Serpentard exécuta le contre sort avec habileté, bien plus proprement qu'il ne l'avait fait contre les précédentes victimes de ce sort. Harry se releva, et lança un furtif regard noir à son camarade, avant de descendre de l'estrade et d'expliquer la suite du programme.

« Bien, nous allons commencer par l'enchantement de désarmement. »

« Sérieusement ? » se moqua le Poufsouffle de quatrième année. « C'est enfantin ! »

« Et tout le monde ne le connaît pas. », trancha froidement Harry.

Neville intervint plus prudemment. « C'est grâce à lui que j'ai échappé à Voldemort. »

« Un sorcier sans baguette est un adversaire bien moins dangereux. Ce sort fera lâcher tout ce que votre opposant tient en main, qu'il s'agisse de la baguette d'un mage noir, ou de la massue d'un troll des montagnes. »

« Tiens, bonne idée. », songea Draco à voix haute. Il se remémorait la scène du troll en première année, des trolls en fait. Cela aurait été bien utile.

« Je ne ramènerais pas un troll en classe pour tester. », lui signifia Harry avec dureté.

« Bien sûr, professeur. Je vous prie de poursuivre votre cours. J'ai hâte d'entendre toutes ces formules faire long feu, et de voir combien échouent ce sort basique. »

Harry commença par faire défiler les élèves devant un mannequin. Ils formèrent deux files, l'une supervisée par le Gryffondor, l'autre par le Serpentard. Personne ne s'étonna de voir les Gryffondor préférer Harry. Luna fut la première à se diriger vers le mannequin de Draco, rapidement imitée par Ginny qui changeait de file l'air de dire "il n'est pas mal non plus" ou "osez me rejoindre". Les jumelles Patil furent les suivantes à s'approcher du Serpentard, ainsi qu'Hermione. Les autres Serdaigles acceptèrent de former un équilibre entre les deux files en les joignant à leur tour. Même les jumeaux bougèrent, bien que ce fut davantage avec l'optique de faire tourner bourrique un certain blond Malfoy.

Les deux professeurs de fortunes observèrent chacun, un à un, les élèves tenter le sort, et réussir ou, plus généralement, échouer. Ils donnèrent tous deux à leur manière des conseils rapides pour s'améliorer. Ils répartirent ensuite davantage de mannequins dans la salle pour que plus puissent s'exercer en parallèle, et pendant que Draco expliquait tous les avantages de ce sort, Harry prenait à part ceux qui connaissaient déjà le charme pour les faire s'affronter.

Ils recommencèrent d'autres week-ends, à raison d'une séance par semaine. Ils enseignaient ainsi le sortilège d'entrave, Impedimenta, pour ralentir ou arrêter une personne ou un objet ; le sort de stupéfixion, Stupéfix, pour faire entrer un individu dans un état proche du coma, et son contre-sort, le charme de réanimation, Rennervate ; la malédiction de réduction, Reducto, pour détruire des objets solides, avec lequel Ginny se démarqua tout particulièrement au grand étonnement de ses frères aînés et à la jalousie de Ron, ce dernier point n'ayant été repéré que par Draco qui le vit d'un très mauvais œil ; le charme de ratatinage, Reducio, pour réduire les objets… ou les animaux ; et quantité d'autres sortilèges et maléfices.

La salle sur demande qu'ils employaient comportait un miroir sur lequel ils avaient accroché divers documents. Il y avait le papier contenant leurs noms à tous, et l'intitulé « Armée de Dumbledore ». Ils avaient affiché une photo de Cédric, le premier mort annonçant le retour de Voldemort, leur camarade à tous, et le lien qui pouvait les unir comme c'était le cas avec Cho Chang. Neville avait expliqué qu'il était important de se souvenir de Cédric, et de commémorer les morts. Harry avait placé le cliché du premier Ordre du Phénix, leur ancêtre d'une certaine manière. Ils ajoutaient aussi les extraits de journaux qui informaient des actions de Voldemort, même si tout était mis sur le dos de Sirius. Harry insista pour accrocher la liste des Mangemorts en liberté. Cette proposition déclencha une dispute entre lui et Draco qui refusait que le nom de Malfoy soit sali, tandis que le Gryffondor attestait qu'au vu de ce que faisait le Lord de la famille, il n'y avait aucune raison de le couvrir, et que la saleté y était déjà encrée profondément. Draco rétorqua que si son père se trouvait sur la liste, son parrain devrait également y figurer, persuadé que cela retiendrait Harry. Au lieu de cela, Hermione se joignit à la discussion pour assurer que Severus était avec eux, et qu'il n'y avait aucune raison pour le noter dans la liste « des ennemis avec lesquels il faudrait être prudent ». Neville intervint alors en faveur de Draco, proposant de ne mentionner ni Lucius Malfoy ni Severus : il était inutile de mettre leur ami dans l'embarras pour une chose qui ne pourrait rien changer à leur action.

Neville s'entraînait aux mouvements de baguette sous la table durant les cours de défense contre les forces du mal où Ombrage leur faisait recopier plusieurs fois le même chapitre sous prétexte de leur faire retenir un maximum. Chaque fois que la dame en rose le surprenait avec sa baguette en main, elle lui assignait une nouvelle retenue, et l'adolescent la rangeait alors… pour quelques minutes.

Hermione s'énervait qu'ils n'aient même pas à penser durant les cours de défense contre les forces du mal. Elle alla un jour de décembre jusqu'à supplier le maître des potions, en plein cours, de prendre la place d'Ombrage, ou même de l'empoisonner pour qu'elle soit malade quelques jours et qu'il lui faille un remplaçant. Elle eut la décence d'insulter le livre qu'ils employaient, et de critiquer l'apprentissage automatique par cœur sans réflexion de manuels comme étant une mauvaise méthode de toute manière. Cette remarque eut le mérite de la faire monter davantage dans l'estime du professeur, et bien qu'il lui donna une retenue pour l'insolence de suggérer d'empoisonner un crapaud, pauvre créature, il ne lui enleva aucun point et la complimenta même pour montrer enfin un peu de lucidité. Sa retenue se contenta d'être une séance de lecture en silence sur un livre de défense soigneusement sélectionné par le maître des potions.

Ron se ridiculisa face à Hermione lors d'un entraînement au duel. Il prétendit qu'il irait doucement avec elle, ce qui n'impressionna ni la préfète ni ses camarades. Fred et George parièrent sur l'issue du combat, ce que Draco remarqua et commenta comme parfaitement idiot avec un dénouement aussi évident. Hermione expulsa Ron en un sort, immédiatement dès l'ouverture du duel.

Severus avait, fin novembre, réuni tous les préfets de Serpentard, et leur avait donné la consigne de vérifier chaque semaine les mains de chacun des élèves de la Maison afin de s'assurer qu'aucun n'était blessé par une quelconque malédiction. Les préfets avaient pour ordre d'envoyer à l'infirmerie chaque élève qu'ils trouveraient avec une blessure, et de veiller à ce que l'étudiant obtienne les soins. Rapidement, les Serpentard purent comprendre qu'une telle requête ne pouvait qu'être en lien avec la dame en rose. Seul un professeur de défense contre les forces du mal pourrait déclencher une pareille réponse. Draco demanda à son parrain, en privé, pourquoi il ne dénoncerait pas Ombrage si elle commettait des agissements répréhensibles et plus encore si ses retenues s'avéraient néfastes pour la santé du corps ou de l'esprit des élèves. Severus expliqua que le Seigneur des Ténèbres, comme Draco le saurait bien, supportait la torture comme une punition parfaitement convenable, et qu'Ombrage était une alliée, d'une certaine manière. Toutefois, il ajouta que si Draco pouvait trouver qu'elle corrigeait et blessait des Serpentard de Sang-Pur, cela changerait la donne. Elle ne remplissait pas la condition.

Le premier week-end de décembre, Neville, Luna et Draco étaient allés rencontrer Rita Skeeter à Pré-au-Lard, à la Tête du Sanglier plus précisément, pour l'interview du garçon-qui-avait-survécu. Le jeune Malfoy put la convaincre de se montrer coopérative, et même plutôt frétillante à la perspective d'un scoop caché au monde sorcier. Rita aimait les scandales, et elle aimait critiquer n'importe qui ; s'en prendre au ministère, dénoncer les Mangemorts en liberté, proclamer « la vérité » sur le retour de Celui-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom, tout cela ne pouvait que la satisfaire. Rita eut plus de mal avec l'idée de dénoncer Lucius Malfoy, mais Draco lui assura qu'il n'en prendrait pas ombrage, et qu'il semblait évident que ce scandale attirerait les regards. Neville parvint bien plus aisément à s'exprimer devant elle que l'année précédente, et raconta tout ce qu'il savait et jugeait acceptable de proclamer. Il omit l'intervention de Severus, et aussi hésita à parler du priori incantatum avant d'estimer que cette information demeurait mieux cachée de Voldemort en espérant qu'il n'ait pas déjà compris. Skeeter assura que l'article sortirait pour janvier, pour peu que le Chicaneur se montre coopératif, ce que Luna attesta.

Le groupe des fondateurs de l'AD avait migré, durant les repas, à la table de Serdaigle de façon bien plus irrévocable que jamais. Draco signifiait de cette manière aux Serpentard qu'il restait non loin, et qu'il n'avait aucune raison de fuir. La dispute entre Serpentard et Gryffondor avait été neutralisée non pas par Poufsouffle, mais par l'ajout au groupe d'une petite Serdaigle lunatique qui avait toute sa place à cette table. Ainsi, ils s'installaient là où se situait habituellement Luna, la fille excentrique rejetée par sa propre Maison.

Au fil du temps, Neville et Harry s'attachaient toujours davantage à l'ingénue pourtant si sage, dans tous les sens du terme. Ils savaient l'un et l'autre qu'ils l'aimaient bien, et s'en trouvèrent fort dérangé lorsque le garçon-qui-avait-survécu voulut évoquer ses sentiments envers la fille auprès de son meilleur ami. Ils étaient deux, à éprouver des sensations adolescentes de plus en plus fortes, et elle était unique. Conscients dès lors de la rivalité éventuellement amoureuse entre eux, ils ne savaient plus que faire, partagés entre leur envie d'approfondir leur relation avec la Serdaigle, et le respect qu'ils avaient l'un et l'autre pour leur ami. Harry soupira qu'il aurait mieux valu qu'ils tombent amoureux des plus belles filles de cinquième année d'après Seamus, les jumelles Patil. Elles, au moins, étaient deux.

Ginny s'illustrait remarquablement durant les cours de l'AD, et apportait généralement une ambiance agréable d'entrain. Mais il y avait ces moments où elle saisissait l'engouement de Neville et Harry pour Luna, et son expression perdait de sa bonne humeur. Personne ne paraissait constater l'un ou l'autre, mis à part Draco qui demeurait le principal encadrant de la Gryffondor. Il suivit un jour le regard de son amie, puis lui signifia que pourtant, Luna appartenait au groupe, et qu'il ne lui semblait pas que Gin eût quoi que ce soit contre la fille. La rousse assura que Luna devenait une bonne amie, mais qu'elle n'appréciait pas de voir Neville ou Harry devenir des idiots à côté d'elle. « Ils ne me semblent pas plus idiots que d'habitude. », commenta le Serpentard qui ne voyait que le sourire sur le visage de ses amis, et aucune stupidité particulière. Peut-être juste un peu de timidité, surtout de la part de Neville. De la gêne aussi, quand l'un des garçons regardait l'autre.

Et puis il y avait Cho Chang, la Serdaigle de sixième année à l'allure déprimée, ce qu'elle était depuis le décès de son petit-ami Cédric, qui se déconcentrait régulièrement lorsque Harry lui donnait des conseils particuliers ou s'approchait d'elle. L'adolescent ne semblait rien remarquer. La seule fois où il réagit fut quand elle utilisait un sort pour faire léviter Nigel, et que, bien évidemment, le jeune garçon chute après qu'elle ait relâché son attention. Cette fois-là, Harry s'énerva un peu, lui offrant une réprimande probablement imitée du professeur Snape. Que le jeune Gryffondor affirme qu'il n'avait rien ne le calma pas ; le tuteur lâcha simplement un « Encore heureux ! », avant de poursuivre la remontrance en rebondissant dessus, sur le ton de "Ça aurait pu être grave.". Harry n'exagéra pas, et clôt le sujet rapidement. Il se contenta de s'assurer que le message passait, et vérifia que chacun avait bien compris, puisque, certes, elle avait commis l'erreur, mais c'était valable pour tous.

Neville, confiant en ses propres capacités désormais, se montrait également doué et compétent en duel. La plupart de ses camarades le jugeaient jusque là encore comme un maladroit malhabile qui ne réussirait rien s'il n'obtenait le soutien de ses amis, mais il parvint dès lors à leur prouver le contraire. Il s'avéra, en fait, l'un des meilleurs duellistes lorsque Draco testa chacun. De plus, Neville devenait le plus grand du groupe, en dessous des jumeaux Weasley, avec Dean Thomas qui demeurait une brindille. Neville acquérait peu à peu une carrure imposante, bien qu'il n'atteignait pas le niveau de Crabbe et Goyle. Il grandissait bien, et c'en était impressionnant pour ceux qui l'avaient toujours considéré comme un petit chétif grassouillet. Il apparaissait bien bâti, et probablement plus musclé que gras, à force d'entraînement au combat.

Rusard tentait de trouver le lieu de réunion secret de l'AD. Il put tout d'abord le localiser après avoir aperçu la porte où étaient entrés des élèves disparaître. Il apporta chaise et sandwich une autre fois pour veiller et monter la garde devant ce mur, mais la salle sur demande s'adapta au besoin, et une sortie secondaire se forma afin de permettre aux élèves prudents de se faufiler. Plus tard, les jumeaux préparèrent donc une boîte de leurs bonbons qui rendraient malades, par exemple en donnant d'affreux furoncles, et la déposèrent à la place que le concierge s'était choisie pour surveiller l'ouverture de la porte. Fred et George s'amusèrent grandement de voir l'homme prendre naïvement la boîte rose en cœur et de goûter les friandises. Ils furent d'autant plus hilares lorsqu'ils virent les effets apparaître et le vieil homme partir précipitamment pour se plaindre à Ombrage.