(L'Ordre du Phénix) L'écharpe Serpentard
Neville et Harry ne furent pas des plus attentifs lors du cours de charmes samedi matin. Ils étaient épuisés. Hermione ne fut réprobatrice que le temps de découvrir qu'ils avaient travaillé jusque tard avec Severus. Draco, quant à lui, pouvait être satisfait de ne pas devoir suivre de cours le lendemain. Il bénéficiait de tout le temps qu'il désirait pour se reposer. Il n'en profita toutefois que peu, puisqu'il décida de donner un message implicite à Théodore : il emprunta, grâce à un papier d'autorisation de Severus remis la veille, un livre d'occlumancie dans la réserve de la bibliothèque, puis le déposa de manière ostensible proche des affaires de travail de Théodore. Il retourna ensuite, satisfait, à la bibliothèque pour avancer un maximum les devoirs à rendre au retour des vacances aux différents professeurs. Il devait en faire un maximum avant l'arrivée du train à la gare, afin d'avoir autant de temps libre que possible durant la pause. Son parrain l'avait averti, en dehors de la portée des oreilles de Neville et Harry, qu'il lui enseignerait la legilimancie pendant les fêtes. Il comptait bien que le jeune Malfoy devienne rapidement assez compétent en vue de pouvoir aider aux cours d'occlumancie sans se blesser ou blesser mentalement l'un de ses camarades.
Théodore arriva dans la bibliothèque, et se positionna debout à côté de Draco. Il plaqua froidement le livre sur la table, en partie au-dessus du parchemin de son camarade.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? »
Draco tourna les yeux vers l'ouvrage qu'il avait déjà identifié du coin de l'œil, puis releva le regard vers le plus frêle garçon. « Je pense que tu sais assez bien lire pour le déterminer par toi même. Pourquoi venir me poser une question aussi sotte ? Même Crabbe aurait pu te répondre. »
« Il n'y a que toi pour "égarer" cela là où je l'ai trouvé. De plus… » Il reprit le livre pour l'ouvrir sur la liste accrochée à l'intérieur de la couverture avec les noms et les dates des emprunts. « … ceci est assez révélateur. »
« Pas moyen de nier, donc. Le message devrait être passé. Oublie simplement que c'est moi qui l'y aie mis. C'est juste dommage qu'il appartienne à Poudlard, j'aurais aimé qu'il soit… emballé. Ce serait approprié pour la période. »
« Enfoiré. », glissa Théodore entre ses dents, avec une rage froide inhabituelle.
Draco sursauta de surprise et écarquilla les yeux, les braquant en pure stupeur sur le visage de son camarade. « Wow ! Surveille ton langage. Non mais, c'est toi qui viens de dire ça ? » Sur le moment, le blond ne pouvait pas penser à une seule fois où il aurait ouï Théodore jurer.
« Bien sûr que c'est moi, ce serait très mauvais signe si tu entendais des voix, Draco. » D'un mouvement vif, Théodore jeta le livre sur la table. L'objet atterrit à moitié sur les parchemins de Draco, de l'autre côté par rapport à Théodore, et glissa sur plusieurs centimètres. Il ne chuta heureusement pas de la table, mais les devoirs du préfet étaient éparpillés.
« Théo ! » s'outragea-t-il, encore ébahi par l'humeur inhabituelle de son camarade.
« Tu sais, Draco, je lui ai déjà tout dit, tout ce que je savais. Tu devrais arrêter d'insister, et espérer plutôt que nous n'ayons pas de nouvelle "rencontre" avec "lui" durant les vacances de Noël. Je pourrais être tenté de lui dévoiler ta petite tentative de corruption. »
« De la corruption ? » Draco se ressaisit, et plaça un masque froid sur son visage. « Tu penses qu'il s'agissait de corruption, Théodore ? Dis-moi, de quel côté es-tu exactement ? Du sien ? »
Théodore prit place face à Draco. « Je ne cacherais pas être un opportuniste, Draco. Je serais là où cela me sera le plus profitable. »
« Si tu veux pouvoir varier aisément, tu devrais apprendre à… » Il jeta un œil au livre plus loin, qu'il aurait souhaité faire glisser vers son camarade, mais qui était placé trop à l'écart. « … protéger ton esprit. »
« Qu'est-ce qui a changé ? Il y a un mois, tu me disais que nous devrions cesser ce genre de discussion, et maintenant tu remets ça sur la table. » Il désigna le livre d'une main.
« Parce que c'est la solution la plus évidente à tous tes problèmes, si seulement tu étais capable de la maîtriser. Tu disais toi-même que c'était ce qui te manquait. Penses-y simplement, tu veux bien ? En fait, j'ai même une faveur à te demander. »
L'autre adolescent paru un instant lassé. « Vraiment ? »
« Oui. Tu vois, nous arrivons à la moitié de l'année, et il m'en reste encore trois à dépenser. » Il changea son ton anodin pour une expression sérieuse et dure. « Si le Seigneur des Ténèbres t'interroge à mon sujet, ou à celui du professeur Snape, ou même de Harry, Neville et le reste de la bande… ne communique rien s'approchant de près ou de loin à l'une de mes actions. »
Théodore était estomaqué. « Tu n'es pas sérieux ? »
« Bien sûr que si. »
Théodore suivit du regard Draco, qui s'était levé, s'approcher du coin de la table où se trouvait le livre abandonné. « Mais… »
Draco envoya glisser sur la table le livre. « Tu devrais jeter un œil à ça, je pense. »
Sur ce, le préfet ramassa ses affaires et partit. Il avait ses bagages à préparer pour le lendemain matin.
Théodore fixa un moment l'ouvrage. Décidément, Draco voulait sa peau. L'idée des paris et des faveurs était sienne, et il avait été convaincu que cela serait à son avantage. Malheureusement, le nouveau préfet semblait devenir assez doué pour le mettre dans les situations les plus instables, et son honneur le forçait à accepter la faveur. C'était leur accord. Il sourit. Heureusement pour lui, il avait déjà prévu de ne pas placer le blond dans l'embarras. Vraiment, il détestait perdre l'avantage. Il lui faudrait bien réfléchir aux faveurs qu'il exigerait de son camarade. Il en avait trois à trouver, et plus que six mois.
Neville, Harry, Hermione, Draco et même Luna firent la traversée en train ensemble, mis à part les aller-retour que se devaient d'exercer les trois préfets, laissant quelques temps Neville et Luna seuls. La Serdaigle avait une discussion assez orientée sur des créatures fantastiques, que la plupart des sorciers considéraient comme inexistantes, au mieux éteintes, ou n'appartenant qu'aux légendes quand elles ne venaient pas de l'esprit d'un fou dérangé probablement aux cheveux blonds et aux grands yeux bleus. Le garçon-qui-avait-survécu, baigné depuis l'enfance dans une passion des plantes et l'amour de bêtes, ne pouvait que s'émerveiller de toutes les connaissances — ou fabulations — de la belle demoiselle lunaire. Neville savait tout ce que Hagrid savait sur les créatures, mais ignorait ces folles histoires contées par la quatrième année, et il espérait ardemment qu'elle ne se trompait pas, ou n'inventait guère, lorsqu'elle expliquait ce qu'était une créature ou une autre et qu'elle affirmait que ces choses existaient.
Hermione, au contraire, même si elle appréciait à présent la compagnie de la Serdaigle, supportait difficilement ces récits qu'elle considérait comme des chimères naïves et stupides. Si tous les savants sorciers et zoologues affirmaient que ces créatures n'existaient pas, alors c'était la vérité. Draco, bien souvent, se rangeait du côté de la miss-je-sais-tout, malgré sa faible crédibilité au vu de ses capacités avec les créatures magiques et son manque certain d'efforts pour apprendre ne serait-ce que la théorie et la liste des animaux magiques. Harry, toujours du côté de Neville et Luna, songeait que le Serpentard devrait plutôt se renseigner sur les créatures connues pour exister avant de donner son opinion sur les fantasmes de la Serdaigle. Ils avaient assez eu affaire à des créatures dangereuses pour que le blond doive avoir le réflexe de s'informer. Le Gryffondor à lunettes défendait les idées de Luna plus par sentiment que par réelle conviction. Il aimait Luna, Neville demeurait son meilleur ami, et même si ces histoires étaient difficiles à croire sans véritables preuves, il appréciait toujours écouter la fille les narrer que de se disputer ou s'exaspérer de tant de naïveté ou d'imagination fabuleuse. Et puis, d'une certaine manière, écouter Luna était comme entendre sa mère telle qu'il l'avait connu durant des années. Certes, pour sa mère il s'agissait d'un état mental instable, mais c'était tendre et familier.
Ils se séparèrent à la gare, Luna et Draco repartant chacun dans leurs familles. La mère du Serpentard dut apercevoir le groupe que son fils quittait, mais son expression fière ne changea pas. Draco savait qu'il recevrait une remarque rapidement. Neville et Harry devaient naturellement se rendre au quartier général de l'Ordre, et Hermione les accompagnait. Elle avait écrit en urgence à ses parents, après la nuit horrible où les Weasley étaient allés rejoindre leur famille, que le père de certains de ses amis avait été gravement blessé, et qu'elle pensait que son soutien serait nécessaire. De plus, elle était encore inquiète à l'idée d'indiquer à d'éventuels Mangemorts où elle habitait avec sa famille moldue. Ses parents avaient été compréhensifs, mais avaient demandé à ce qu'elle leur revienne pour la seconde moitié des vacances. Comme ils lui manquaient terriblement, elle avait accepté.
Remus avait été chargé de venir les chercher, et ils voyageraient par portoloin. Le sorcier observa s'approcher les étudiants d'un œil critique, l'air toujours aussi rassurant que d'accoutumée. Il souriait avec douceur et fatigue, comme souvent.
« Curieuses couleurs. », les salua-t-il quand ils arrivèrent devant lui. Les adolescents froncèrent les sourcils, sans comprendre, puis les deux garçons se tournèrent vers Hermione, entre eux et légèrement en arrière, qui était clairement visée par le regard. Elle cligna des yeux. « Ton écharpe. », précisa l'ancien professeur avec un léger amusement.
« Oh. » Elle porta la main au tricot noué autour de son cou, dont elle avait totalement oublié les couleurs Serpentard. « C'est… un cadeau. D'un farceur. »
Remus trouvait cela curieux, très curieux. Une écharpe en laine tricotée n'était pas un présent très commun, et le hasard que les couleurs correspondent si bien à une des maisons de Poudlard semblait particulier également. Il savait cependant qu'il était mal placé pour interroger l'adolescente dessus, alors il n'ajouta rien sur ce sujet. Sa politesse restait supérieure à sa curiosité de Maraudeur.
« Farceur… », répéta Harry. « Fred et George sont des farceurs, de même que Sirius, et je ne pense pas que ton généreux donateur apprécie de telles comparaisons. Sinon, bonjour Oncle Remus. »
Remus pouffa. « Bonjour, Harry. »
Les trois adolescents et le loup-garou furent bientôt à Square Grimmaurd. Remus leur donna pour consigne de se diriger vers le salon afin de préparer le sapin, comme Molly Weasley avait exigé de les attendre, pendant qu'il monterait lui-même leurs bagages qui de toute manière nécessitaient l'intervention d'un adulte pour recouvrer leurs tailles normales après qu'ils aient été réduits. Après tout, ces jeunes Gryffondor étaient encore mineurs.
Sirius vint vite les saluer, avant même qu'ils n'arrivent jusqu'au salon. L'homme, tout sourire et bras tendu pour réceptionner son filleul, changea son expression en un clin d'œil lorsqu'il aperçut l'écharpe verte. Hermione remarqua aussitôt le regard fixe et indéchiffrable en dehors de la surprise apparemment non appréciée de l'homme. Allaient-ils tous s'interroger dessus ?
« Draco. », affirma le fugitif avant qu'aucun d'entre eux ne puisse dire quoi que ce soit d'autre. Harry s'écarta de son parrain et observa entre lui et Hermione. La fille rougit.
« Quand il fait froid, il est toujours agréable de pouvoir porter une écharpe. »
« Il a trouvé le moyen pour que tu soutiennes Serpentard aux matchs de Quidditch ? » Sirius se souvenait fort bien de sa visite en deuxième année où il avait assisté à une petite querelle entre les jeunes étudiants de maisons opposés.
« Il ! Je ! » Brûlante d'embarras, l'adolescente enleva vivement l'écharpe, qui glissa contre son cou tel un serpent.
« C'est pas grave. », déclara l'homme. « Ça plaira certainement à Kreattur de voir un peu plus de Serpentard dans les parages. Même si tout le monde sait que tu es Gryffondor. » Il sourit de cet air mauvais et narquois qu'il pouvait arborer lorsqu'il s'agissait de Severus ou Kreattur. « Je ne sais pas comment il prendra une association amicale entre Serpentard et Gryffondor par contre. » Il redevint chaleureux. « Allez, venez. Tout le monde vous attend pour décorer le sapin. Enfin, Molly est partie auprès d'Arthur, mais vos amis sont tous là. »
Ils suivirent l'homme au salon, où Hermione posa rapidement l'écharpe sur la table. La bonne humeur vint ensuite promptement lorsque tous se mirent à décorer la pièce. Les jumeaux, malgré l'état de leur père absent, étaient toujours capables de s'amuser, et de propager la joie aux autres. Quand Molly revint peu après, elle semblait presque rayonner de bonheur. Elle salua les trois nouveaux venus avec enthousiasme, et participa aux décorations avant d'annoncer l'heure du réveillon. Il s'avéra que Kreattur avait préparé le repas, aussi inattendu que cela soit étant donné les invités qui devaient être servis.
« Que fait cette écharpe ici ? » s'exclama soudainement Molly au milieu du dîner, apercevant enfin le tricot principalement vert aux quelques ajouts argentés qu'elle connaissait si bien, puisqu'elle l'avait élaborée elle-même avec autant d'affection que lorsqu'il s'agissait de tricoter les pulls de ses enfants.
Neville ne jeta qu'un bref coup d'œil à une Hermione rougissante avant de décider que le contenu de son assiette était infiniment plus intéressant. Harry, en revanche, ne cacha aucun narquois ou amusement en fixant ostensiblement sa collègue préfète, insinuant clairement qu'il attendait qu'elle réponde. Tous, y compris l'adolescente, ignoraient que le préfet aux yeux verts était le seul dans la confidence de l'origine de ce cadeau. La curiosité suspicieuse de Molly s'agrandit après qu'elle ait aperçu les réactions de ces trois-là. Les jumeaux localisèrent d'un examen rapide la localisation de l'objet mentionné, sa couleur, les expressions de leurs cadets, et s'échangèrent un regard complice et amusé, silencieux mais goguenards. Ron évalua aussi les alentours, aidé par la direction momentanée de la vue de sa mère, et s'étonna de la vision qu'il n'avait pas repérée de toute la soirée, curieux de la réaction de sa mère. Hermione portait cette écharpe depuis Noël de la troisième année, et le roux ne comprenait pas ce qui pouvait tant choquer mis à part ce choix de couleur insultant pour un véritable Gryffondor. Ginny se retenait visiblement d'éclater de rire également. La plus jeune avait une claire idée de quoi il s'agissait, et trouvait cette scène hilarante.
« Je l'ai posée là en arrivant. », admit Hermione. « C'est la mienne. »
Molly la fixa, stupéfiée. « Vraiment ? »
Hermione fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas ce qui surprenait la sorcière. Ah, peut-être les couleurs. « Oui, vraiment. C'est… »
Harry la coupa, avec une voix des plus amusées, et assez provocateur. « Vous ne savez pas ? Hermione chérit particulièrement le vert. C'est sa couleur préférée en fait. D'où le fait qu'elle aime particulièrement mes yeux. C'est pour cela qu'elle ne cesse de me regarder avec les siens si grands ouverts quand elle me parle. »
« C'est quand je te corrige ! »
« Hermione, il te taquinait, maladroitement. », commenta doucement Neville.
Molly intervint à nouveau. « C'est à toi qu'il l'a donné ? »
« Quoi ? » lâcha Ron. Les jumeaux éclatèrent de rire, et Ginny dut se couvrir la bouche et baisser la tête pour couvrir son visage de ses cheveux lisses afin de ne pas être vue ou entendue.
« Il a pas fait ça… », souffla Neville, dont l'idée farfelue que Draco avait offert un cadeau qui lui avait été donné à lui germait avec insistance dans son esprit. Il trouvait que cela aurait été bien trop déplacé pour que le Serpentard l'ait fait.
Hermione fixa la dame. « Excusez-moi, mais à qui faites-vous référence ? Je ne suis pas certaine qu'il n'y ait aucun quiproquo. »
Molly se leva et se dirigea vers l'écharpe qu'elle ramassa précautionneusement entre ses mains, avant de la rapporter à Hermione. « Je la reconnais bien, et c'est logique. Il m'avait écrit qu'il ne voulait pas du pull, mais d'une écharpe aux couleurs Serpentard pour pouvoir l'offrir à une amie. J'étais loin de me douter qu'il te la donnerait. Je pensais que ce serait à une Serpentard. »
Ron s'ébahit, rouge et sidéré. « Vous parlez de Draco ?! Draco Malfoy ?! Tu lui as tricoté quelque chose, Maman ?! Et il l'a donné à Hermione ?! »
« Ça te pose un problème, Ronald ? » questionna impérieusement la préfète.
« Non, oui ! Enfin, c'est… Malfoy ! Je sais qu'on est en quelque sorte amis, mais ça reste un Malfoy. »
« Justement, il a dû se dire la même chose que toi, au sujet de Weasley, et me considérer comme sa poubelle. »
Molly, retournée à sa place, reprit la parole. « Il ne m'a pas caché ses intentions, et a choisi lui-même le thème Serpentard. » Elle était à la fois offusqué que les adolescents puissent insinuer que certains veuillent se débarrasser de ses cadeaux, et désirait d'un autre côté rassurer la fille que le dessein de lui offrir quelque chose y était pleinement depuis le début.
Harry souriait. « Si cela peut te rassurer, Hermione, il n'a pas échappé au pull. Disons qu'il est assorti avec moi. »
Ron se tourna vers sa mère. « Mais pourquoi ?! »
Les jumeaux transplanèrent dans le dos de leur frère, chacun d'un côté, et posèrent une main sur chaque épaule. « Mais voyons, tu le sais. »
« Ils ont sauvé Ginny. »
« En deuxième année. »
« Tout seuls. »
« Au péril de leurs vies. »
« Face à un basilic. »
« Et à Tu-sais-qui réincarné. »
Harry commenta. « Ouais, enfin, presque réincarné. »
« Ce n'était pas très loin, quand même. », affirma Neville.
« Mais comment est-il même entré en contact avec Maman pour parler de cette écharpe ?! » s'étrangla Ron.
« Oh, ça, c'est par moi. », déclara Ginny.
Ron fixait sa mère. « Tu leur as fait un cadeau tous les ans ? Comme à nous ? »
« Eh bien, je ne l'ai pas fait l'année dernière. Rien ne devrait te déranger là-dedans, Ron. Tes amis ont sauvé ma fille, ta sœur. Il est normal que je les remercie. »
Harry la regarda. « À ce sujet, désolé Madame Weasley, mais je ne pourrais pas porter mon pull durant les vacances. Une écharpe, ça va, mais un pull, entre mes treize et mes quinze ans, j'ai pas mal grandi. »
Elle lui sourit. « Ce n'est pas grave, Harry. J'ai six garçons, tu sais, je sais comment ils peuvent grandir vite à ces âges-là. »
Ron bouda durant tout le reste du repas, continuant de jeter des regards amers à l'écharpe qu'Hermione avait soigneusement redéposée à côté d'elle.
Dès qu'il eut accès à ses affaires, Harry vérifia les dates des pleines lunes, et trouva que la prochaine serait le 5 janvier, dans seulement 11 jours. Il se demanda un instant si Severus préparait encore la tue-loup, mais lui vint l'idée qu'il était inutile de s'inquiéter dans la mesure où sa mère la brasserait si le maître des potions refusait de s'en occuper. Et s'il leur manquait vraiment l'argent ou le financement pour les ingrédients rares et précieux, Sirius au moins pouvait toujours accéder à ses coffres.
Une soirée suffit à Théodore pour décider de perdre inutilement une faveur, d'appeler un sauveur, avec toute l'aigre saveur de s'avouer vaincu. Il savait qu'il devrait les conserver précautionneusement, réfléchir mûrement, les sortir au bon moment. Mais son instinct devenait plus fort, et malgré tout ses efforts, le poussait au tort. La nécessité de s'éloigner de son père, quitte à commettre un impair, l'obligeait à changer de repaire. Aussi écrivit-il, la demande subtile, de changer de domicile. Il l'envoya à Draco, dans l'espoir d'à nouveau, sortir la tête de l'eau.
