(L'Ordre du Phénix) Toujours Pur
Harry et Hermione fouillèrent la bibliothèque de la famille Black afin d'y trouver tout ouvrage traitant de l'occlumancie, tel le « Guide avancé d'occlumancie » de Maxwell Barnett, ou « Sortilèges pour protéger l'esprit : Guide pratique pour contrer la legilimancie » de Franciscus Fieldwake. À voir l'allure de ce premier, Harry se souvenait l'avoir déjà aperçu, que ce fût dans le bureau de Severus, ses quartiers ou à l'impasse du tisseur, il ne saurait le dire précisément, mais sa mémoire lui indiquait qu'il serait sage de considérer ce livre comme une référence acceptable.
L'adolescent aux yeux verts et son meilleur ami commencèrent à étudier assidûment dans ces ouvrages, et s'efforcèrent d'accomplir les exercices quotidiens qui leur avaient été conseillés, même s'il s'avérait difficile de comprendre exactement ce qu'ils devaient faire. Ils ne cachèrent en aucune façon les volumes qu'ils lisaient, et ne voyaient pas pourquoi ils devraient le faire étant donné que la seule éventuelle prompte à les consulter était aussi la seule au courant de leur cours secret, et avait déjà décidé de ne pas se pencher sur cette question. Ils ne s'attendaient pas non plus à ce que Sirius s'attarde sur le nom d'un des manuels posés au hasard sur la table. L'homme prit l'objet dans sa main, comme pour l'observer alors qu'il avait déjà clairement avisé le titre.
« Où avez-vous été pêcher ça ? »
Harry se tourna vers lui, avec incompréhension. « Dans la bibliothèque. Ici. »
« Pourquoi ? »
Harry fronça les sourcils. Son parrain était un peu trop sérieux. « C'est utile. Quel est le problème ? »
« C'est Servillus qui vous a mis ça en tête ? »
« Non, le professeur Dumbledore. », intervint Neville.
« C'est de la magie noire. »
Harry haussa les sourcils. « Est-ce vraiment de la magie ? De ce que j'observe… »
« Bien sûr que c'en est ! Un moldu n'en ferait pas. Mon frère a pratiqué ça. »
« Tu sais, techniquement parlant, beaucoup de sorciers pratiquent la magie noire. Tous sortilèges, maléfices et malédictions sont de la magie noire, plus ou moins mineure ou majeure, certes, mais noire. Les sortilèges d'entrave ou du Repoustout, voire celui de Répulsion en sont, et pourtant bien utile en combat. Ce n'est pas de la magie maléfique. »
« Des sortilèges sont parfaitement acceptables. La magie de l'esprit ne peut pas être classifiée aussi simplement. »
« Le professeur Dumbledore l'a demandé. », coupa Neville durement. « Et il ne s'agit que de défense. Oui, Severus nous enseigne. C'est un privilège et un honneur, et nous en ferons bon usage. »
« Bien. », déclara, un peu renfrogné, le parrain de Harry. Il reposa le livre sur la table.
Harry sourit avec narquois. « Et puis, c'est toi qui m'enseignais des sorts sans vérifier leur provenance. Sev, lui, a toujours fait grand cas de mon éducation, et des précautions qui y sont attachées. Il ne nous apprendrait rien de dangereux pour nos âmes ou nos esprits. »
« À le regarder, j'ai un doute. »
Sirius n'insista pas davantage, et quitta la salle. Parfois, Harry peinait à reconnaître son parrain enjoué, depuis son ordre d'arrestation deux ans plus tôt. L'homme passait le plus clair de son temps à se morfondre dans son fauteuil, ou à déprimer probablement à un endroit ou un autre de la maisonnée où il demeurait assigné à résidence. Sirius était un homme de terrain, qui ne pouvait se satisfaire de rester en sécurité dans un coin. L'adolescent se demandait où pouvait bien s'enfermer l'ancien auror. Remus semblait très absent également, à aider l'Ordre quelque part, ce qui ne devait pas aider Sirius à se sentir utile.
Dans sa chambre, Draco avait fini de fouiller les paquets. Un détail qu'il avait aperçu lorsqu'il avait soulevé le bonnet et les gants devant ses parents lui donnait tout particulièrement envie de s'en occuper discrètement. Il y avait une lettre dans une enveloppe, sans destinataire mais à quoi cela aurait-il bien servi ? Il n'y avait aucun doute sur le destinataire, lui. Il commença par lire la lettre, dont l'écriture ronde et penchée vers la droite était semblable à celle de Ginny.
" Salut, Drac. Maman insistait pour que tu reçoives tes cadeaux à Noël, et Sirius ne fait pas toujours grand cas de la prudence. Il a en fait incité Maman à tout t'envoyer. Je l'ai entendue rire avec les jumeaux en privé de comment tes parents réagiraient s'ils voyaient ça. Le seul risque que tu encours, c'est une colère de ton père, non ? Et lui comme toi devriez être habitué maintenant.
" J'ai servi de modèle à Maman pour les dimensions des gants et du bonnet. Je ne vois pas en quoi nous aurions des têtes tous très différentes, mais il est vrai que les mains changent entre dix et seize ans. Elle pense que ton amie devrait avoir un âge similaire aux nôtres, donc ça devrait aller. Elle voulait absolument compléter l'ensemble de l'écharpe. Elle est persuadée que si tu préfères offrir le cadeau qu'elle te promettait à une 'demoiselle' plutôt que d'en bénéficier toi-même, alors tu dois être profondément amoureux, et dévoué. Entre nous, tu ne veux juste pas de ses horreurs laineuses, n'est-ce pas ? Maman est très têtue : si elle veut t'offrir quelque chose, tu l'auras, ne pense pas y réchapper. J'aurais aimé voir ta tête, et à la réception, et à la lecture maintenant. D'ailleurs, Maman est très curieuse ; elle aimerait rencontrer la fille à qui tu envoies ses cadeaux. En fait, elle aimerait te rencontrer toi, aussi. Sans tes parents de préférence, ou alors elle risque de se disputer avec eux.
" Tu te rappelles que mon nom est Ginevra au moins, n'est-ce pas ? "
Il espérait bien que la mère Weasley n'ait pas parlé de ses suppositions à Hermione, ou même à portée d'oreille. Il hésita presque à les renvoyer à Ginny à la place, mais choisit vite de rester sur sa décision initiale. Il trouva le moyen d'emballer gants et bonnet, et de les expédier par hiboux à la née-moldue, avec une petite note de bonnes fêtes. Si seulement il pouvait offrir une malédiction à Sirius Black…
Il récupéra le livre envoyé pour étudier de quoi il s'agissait. Quand il l'ouvrit, une note en tomba. Il la ramassa. Vraiment, combien de petits papiers dénicherait-il encore ? C'était un vieux papier, écrit avec une encre étrange. Brève, signée Lily, elle suffisait pour que Draco puisse conclure que le livre était en effet moldu. C'était un ancien cadeau que Lily avait fait à un jeune Sirius Black curieux d'en savoir plus sur les moldus. S'il interrogeait la femme maintenant, elle ne s'en souviendrait sans doute pas. Sur la page de garde, des suites de chiffres et de lettre étaient notés sur plusieurs lignes et colonnes en travers. L'écriture était indéniablement celle de Sirius Black. Draco ne voyait absolument pas ce que cela pourrait vouloir signifier. Il avait tout intérêt à cacher ce livre de manière inaccessible à ses parents s'il souhaitait le conserver et le lire.
Lily passa personnellement pour conduire Hermione chez ses parents. Harry put en profiter pour demander à sa mère pourquoi elle ne resterait pas avec eux durant les vacances, mais la pseudo-médicomage expliqua que son utilité se trouvait à Poudlard, pour préparer des potions à effets curatifs, entre autres.
Neville requit que Buck, qui séjournait dans le grenier depuis des mois, puisse retourner à Poudlard. Il avait été particulièrement attristé de découvrir que l'hippogriffe demeurait coincé là-haut, faute de meilleur endroit. Lily accepta sans la moindre difficulté, et assura que la créature recevrait tous les soins appropriés. Sirius, en partie offensé par l'insinuation de la belle rousse, tenta de rassurer Neville par le fait qu'il avait été lui-même un excellent élève de soins aux créatures magiques à son temps à Poudlard. L'adolescent reconnut que Buck semblait en bonne santé, mais restait peiné de le savoir si malheureux dans un endroit qui ne lui était pas naturel pendant si longtemps.
Draco avait reçu le message de Théodore le lendemain de Noël. Il ne s'attendait pas à cela. Pourquoi dépenser une faveur, qui permettait d'obtenir n'importe quoi, pour quelque chose d'aussi anodin ? Ça n'avait non seulement aucun intérêt, mais sa mise en œuvre s'avérait ardue, et Draco pouvait aisément supposer que Théodore ne considérerait pas la faveur accomplie s'il demeurait trop longtemps chez son père. Et puis, à quoi bon rentrer chez soi pour en sortir tout de suite après ? Théodore n'était qu'un idiot qui ferait mieux de rester à Poudlard durant les vacances. Bien sûr, si le but de son camarade était de l'embêter, c'était réussi. Toutefois, Draco parvint à négocier avec ses parents. Après tout, Théodore n'était-il pas la meilleure relation que le jeune Malfoy pouvait se faire ? Bien meilleur que la née-moldue, le garçon-qui-avait-survécu, le fils Potter, ou les Weasley. De plus, sa mère était toujours volontaire à l'idée de s'occuper du fils Nott. Le plus compliqué était de convaincre le père de Théodore. Draco laissa cette tâche à ses parents. Il n'avait pas à rougir de ne pas s'en charger lui-même. Il était tout à fait normal que cette partie incombe aux adultes à même de discuter avec les autres. Draco ne demanderait pas à Théodore de négocier avec Lucius Malfoy pour une faveur, il en allait de même avec celle-ci.
Ainsi, les deux adolescents purent passer leur temps ensemble, du moins tant que le blond n'était pas en cours privé avec son parrain. Théodore en profitait alors pour s'exercer en secret à l'occlumancie. Il était toujours un très bon autodidacte. Quand les deux garçons restaient l'un avec l'autre, ils tentaient de se convaincre mutuellement de suivre la voie qu'ils avaient choisie, l'un par loyauté, l'autre par prudence.
Draco s'était bien moqué de son camarade pour le choix de faveur, ce dernier lui signifia que le marché comptait également, de par sa lettre, pour les prochaines vacances. Il l'avait rédigé de telle sorte pour que chaque moment passé aux alentours de son père doive se transformer par les efforts du jeune Malfoy en temps auprès de lui à la place.
« Et il n'a jamais été dit que la faveur s'arrêtait à la fin de l'année. Seule la demande ne peut être faite qu'avant. »
Draco trouvait cela bien moins amusant. Même pour préparer des choses futiles, Théodore parvenait à manipuler au mieux pour son avantage… et pour mettre son camarade dans le plus d'ennuis possible.
« Et si je n'y arrive pas ? »
« Tu me devrais une nouvelle faveur, n'est-ce pas ? »
« Mais j'ai déjà accompli une partie ! »
« Pas la totalité. », chantonna Théodore.
Arrivé au trois quarts des vacances, la veille de la pleine lune, Harry, curieux, songea à interroger Kreattur, qui nettoyait avec affection le portrait de la mère de Sirius, sur l'endroit où son parrain pouvait passer tant de temps. L'elfe commença une diatribe d'insultes, envers Sirius, Harry, et chaque membre de l'Ordre qu'il avait eu l'occasion de voir passer depuis des mois. Harry finit par l'interrompre, en lui demandant plutôt où se trouvait l'homme actuellement. Cette fois, l'elfe lui signifia rapidement, terme tout à fait relatif puisqu'il ne s'abstint pas pour autant de critiquer son maître, que Sirius se trouvait dans la salle de la tapisserie familiale. Harry fut surpris de réaliser qu'il ignorait où cela se situait, honteux. Dans une tentative de feindre le contrecœur, alors que l'adolescent pouvait y voir la bonté de l'elfe grincheux qu'il connaissait depuis l'enfance, Kreattur lui indiqua le chemin. Plus, il l'y conduisit, et se permit même de lui "conseiller" de se recueillir devant les portraits des "vrais" Black.
Harry entra dans la pièce close, et y trouva, effectivement, son parrain, qui paraissait méditatif devant des visages tissés sur une tapisserie qui prenait l'entièreté des quatre murs de la salle. Sirius tourna la tête vers l'arrivant en entendant la porte. Il n'était ni joyeux ni en colère ou triste.
« Harry. Que fais-tu ici ? »
L'adolescent referma la porte, puis s'approcha de son parrain. « Kreattur m'a conduit ici. Il m'a dit que je t'y trouverais. » Il s'arrêta à côté de Sirius et se tourna vers la tapisserie. « Qu'est-ce que c'est ? »
« La tapisserie de la famille Black. »
« C'est votre arbre généalogique ? » devina avec stupeur l'adolescent. En haut et en bas, brodé sur fil d'or, il pouvait voir les lettres "EN STIRPS NOBILIS ET GENS ENTIQUISSIMA BLACK". « "La Noble et Très ancienne Maison des Black." », cita-t-il.
Sirius parut amer. « Oui, c'est l'un des noms sous lesquels la maison des Black est bien connue. Tiens, regarde, c'est la devise de la famille. » Il pointait le blason familial tissé au pied du véritable arbre duquel chaque branche s'élevait et s'étendait pour tracer les lignées où les portraits représentaient des feuilles. L'écu anglais était un tiercé en chevron renversé d'un gantelet armé d'une baguette dorée sur fond pourpre étoilé d'or, de sable et de trois corbeaux sables sur fond d'argent. La devise, écrite sur une allure de parchemin emmêlé, stipulait "Toujours Pur". Le casque, accompagné d'un lambrequin en or, était un crâne en os d'or. « Ça indique tout. », expliqua Sirius avec une gravité triste que Harry n'avait jamais entendue.
Harry passa sa main sur la tapisserie, caressant le tissu de papier peint. Sous chaque portrait, un nom était spécifié, et des dates, naissance et bien souvent mort. « Comment a-t-elle été faite ? », souffla-t-il.
« Tu ne serais pas un peu trop passionné ? »
Il tourna juste la tête vers son parrain pour le regarder d'un œil. « C'est de la magie. »
« Je ne sais pas. Elle vient du XIIIe siècle, c'est tout ce que je peux dire. Elle a probablement été fixée avec un charme de glu perpétuelle. Ça empêche quiconque de l'enlever. J'ai essayé. Un nombre de fois que je ne serais même pas capable de compter. Tu vois ça ? » Il désignait un portrait où le visage avait été remplacé par une grande marque de brûlure. « Il suffit d'une baguette pour renier des membres, et leur descendance n'apparaîtra jamais. »
« Qui était-ce ? Pourquoi ? »
Sirius paraissait amer. « On voit toujours son nom. Iola Black. Ma famille est l'une des plus anciennes familles de Sang-Pur. Elle croyait fermement en la pureté du sang. Il suffisait d'entretenir un rapport, même de loin, avec des moldus ou nés-moldus, pour être renié. Elle a épousé un moldu, Bob Hitchens. C'était la sœur du directeur le moins aimé de toute l'histoire de Poudlard, Phineas Nigellus Black. »
« Son portrait est venu te prévenir de ce qui était arrivé à Arthur Weasley. »
« Oui. Le cadre toujours vide de ta chambre. » Il pointa un autre trou, sur la seconde branche qui bifurquait sous ledit directeur. « Son fils, Phineas Black II, renié pour avoir soutenu les droits des moldus. » Ils bougeaient dans la salle afin que Sirius puisse montrer le suivant, le troisième enfant du troisième fils du directeur Phineas. « Marius Black, un cracmol, considéré comme impur. Et il y a plus extrême encore… » Il se déplaça jusqu'au deuxième enfant du cinquième et dernier du directeur. « … Cedrella Black. N'importe quel Sang-Pur n'est pas assez acceptable pour ma famille. Septimus Weasley, un traître à son sang, et pourtant membre des plus pures familles d'Angleterre. »
Ils changèrent ensuite radicalement d'endroit, vers les branches les plus récentes, les enfants du frère aîné de Marius, Pollux. « Ma mère, Walburga, a brûlé son propre frère, Alphard. C'était mon oncle préféré. Le seul que j'aimais, en fait. Elle l'a brûlé parce qu'il m'est venu en aide financièrement. Et moi. » Il se désigna, sous Walburga et Orion Black. Ce dernier descendait du premier fils de Phineas. « Elle a fait ça quand j'avais seize ans. Une femme charmante, ma mère. Mais tu la connais déjà bien. »
« Qu'est-ce que tu avais fait ? »
« J'ai juste fui la maison. Je me suis réfugié chez ton père. »
Harry arrêta son regard sur le nom voisin à Sirius, Regulus Black, dont les dates indiquaient 1961 – 1979. Il avait deux ans de moins que Sirius, et était décédé à 18 ans tout au plus. « Ton frère… que lui est-il arrivé ? »
Sirius resta un certain temps silencieux. Harry jeta un coup d'œil furtif vers lui, et crut déceler une certaine ombre de tristesse silencieuse, de rejet, de dégoût, et possiblement de beaucoup d'autres choses.
« Il est mort. La rumeur a couru que Voldemort l'avait tué lui-même. Je pense plutôt qu'il n'était pas assez important, et que Voldemort a chargé quelqu'un d'autre de s'en occuper. Ton cher Servillus aura peut-être la réponse. Regulus était le fils parfait, l'enfant que mes parents adoraient. Ils auraient aimé que je sois comme lui. Il m'écœurait. Il faisait tout ce qu'ils voulaient, y compris rejoindre Voldemort. Il faut dire qu'il l'admirait aussi. Il a pris la marque à l'âge de seize ans. Sans doute le plus jeune Mangemort. Il préférait Bella. Viens, je vais te montrer quelque chose. »
Sirius se dirigea vers le deuxième frère de sa mère, et surtout les filles de celui-ci. Bellatrix Black, née en 1951 et mariée à Rodolphus Lestrange, passa sous le regard attentif de Harry, qui choisit de mémoriser chaque trait de la sorcière qui avait torturé ses parents. « Bellatrix, la pire de tous. La plus fidèle Mangemort. Ce n'est pas elle que je veux te montrer. Andromeda était ma préférée. La dernière brûlée avant moi, pour avoir épousé un né-moldu de Poufsouffle, Ted Tonks. »
« Les parents de Tonks ? »
Sirius pouffa. « Dit comme ça… oui, cette chère Nymphadora. Énergique mais maladroite. Elle n'arrête pas de trébucher sur le panier de parapluies à l'entrée. Tiens, regarde ça, plutôt que cette affreuse Bella. »
« Elle était belle. », commenta Harry. Il se détourna tout de même, et regarda les portraits à côté de Sirius. Une femme blonde, Narcissa Black, née en 1955. Le nom de son époux, Lucius Malfoy, figurait sur une extension du parchemin tissé. La branche s'étendait pour supporter en son extrémité une image d'un jeune Draco Malfoy, né en 1980.
« Pourquoi apparaît-il ? »
« Bella, Dromeda, Cissy, moi et Draco sommes les derniers Black. Je suis brûlé de la tapisserie, comme Dromeda. La dernière descendance possible pour la famille ne peut venir que de mes deux cousines. C'est inattendu, mais je suis content que Draco y soit. Durant des années, j'ai pensé détester voir ce nom ici. Je détestais déjà bien assez toute ma famille, à l'exception de ces visages brûlés, le nom de Malfoy n'arrangeait rien. Ces arrogants étaient pires. Aussi noirs que ma famille, mais caché sous une apparence de politicien irréprochable. Ils ne sont pas fous, c'est tout ce que je pouvais leur reconnaître. Et suivre Voldemort sans être fou n'augurait rien de bien meilleur que pour ma famille. Draco aurait été brûlé de la tapisserie, si un autre Black que moi se trouvait ici, avec les connaissances que j'ai. »
Harry se moqua. « Être brûlé, comme toi, est le critère pour gagner ton estime. Pour quels motifs aurait-il pu être brûlé ? »
« Association avec une née-moldue. Il lui a offert un cadeau de Noël, réalises-tu la gravité ? » Sirius riait à son dernier commentaire. Harry préférait le voir ainsi. Même si son parrain ne l'admettait pas, il ne semblait pas avoir fait le deuil de son frère. Pouvait-il le détester et l'aimer à la fois ? « Ami avec des Weasley maintenant. Tu te souviens de Cedrella. Combattre Voldemort doit aussi être très mauvais. Il ne manquerait plus qu'il défende les droits des moldus, ou nés-moldus. »
« Ça m'étonnerait qu'il le fasse un jour. Je ne sais plus ce que je devrais penser de lui. Il a… changé. Neville est juste inquiet que tout ne se passe pas bien chez lui, mais… »
« Harry, écoute-moi attentivement. », requit Sirius. « Neville a de bonnes raisons de penser comme ça. On ne peut pas faire confiance à Serpentard, c'est ce que j'ai toujours dit. Mais mon oncle Alphard et ma consine Andromeda étaient des Serpentard. Tous ces noms brûlés que tu vois sur cette tapisserie en étaient. Je suis le seul Gryffondor de ma famille au moins depuis ce temps-là. Il y a une part de bien et une part de mal en chacun de nous. Ce qui est important, c'est celle que l'on choisit de montrer. »
Harry ricana amèrement. « On dirait une citation de Dumbledore que Neville ferait. »
Sirius fit un mouvement de tête, admettant. « Probablement. J'ai rencontré votre ami. Aussi étrange que cela puisse être, j'ai apprécié. S'il rejoignait Voldemort et vous tournait le dos, je serais… » Harry remarqua le léger changement de direction des yeux de son parrain, qui se fixaient presque dans le vide, dans la direction approximative de l'emplacement de Regulus sur la tapisserie. Sa voix se teintait aussi de gravité. « … très déçu. » Il se ressaisit, et observa à nouveau Harry avec le sourire, et légèreté dans son ton. « Enfin bon. Le nom de Black disparaîtra à ma mort, et ce n'est pas plus mal. »
« Tu ne comptes pas… te trouver quelqu'un et te marier. »
« Tomber amoureux, tu veux dire ? Je vois mal comment je ferais en restant enfermé ici. Je n'ai jamais trouvé en trente-trois ans. Je ne pense pas que je pourrais, même quand tout ça sera terminé. Et je ne compte pas donner un autre nom à cette fichue tapisserie. »
Harry sourit. « Son nom n'apparaîtrait pas. Tu es brûlé. »
Sirius lui ébouriffa les cheveux. « Bien vu, gamin. »
Il entraîna son filleul vers la sortie de la salle, et referma la porte derrière eux. Plus aucune lumière n'éclairait les pâles figures qui siégeaient encore sur le mur, pas même sur les deux plus clairs visages, aux cheveux d'un blond remarquable, et surtout pas sur celle fantomatique du regretté frère de Sirius Black.
