(L'Ordre du Phénix) Les projets de carrières


« Décret d'éducation numéro cent dix-neuf : Dolores Jane Ombrage remplace Albus Dumbledore à la direction du collège Poudlard, école de sorcellerie. »

Ainsi marquait la fin du temps de Dumbledore, et vint celui de la dame en rose, ce crapaud sans pustule à la voix de crécelle, cette petite nuisance cruelle que nuls ne désiraient soutenir. Poudlard lui-même se révoltait contre cette nomination, et lui refusait l'accès au bureau du directeur, si bien qu'elle dut se trouver une autre place. Elle refusait de tenir le bureau de directrice et celui de professeur de défense contre les forces du mal au même endroit. Inquisitrice, elle amorça son règne de terreur, soutenue par personne, à commencer par punir les rebelles élèves, ceux dont les noms figuraient sur la liste de l'AD.

Chacun des membres de l'organisation clandestine dut se rendre dans la Grande Salle, pour une longue et pénible retenue, où ils devaient recopier des lignes avec les plumes de sang personnalisées de l'odieuse femme. Seule Cho, dont le visage était dorénavant pourvu de furoncles depuis qu'elle avait trahi le groupe, se trouva épargnée. Ombrage affichait un clair mécontentement de savoir que le fils de Lucius Malfoy participait à cette ignoble trahison. Toutefois, elle tenta de le gracier sans qu'il n'ait à écrire le moindre mot. Il refusa, trop heureux d'obtenir une raison de la faire chasser par les magouilles de son père. Catégorique, l'adolescent assura que l'honneur lui imposait de partager la peine de ses camarades, avec lesquels il avait après tout comploté dans son dos. Il était aussi responsable que les meneurs, puisqu'il en faisait partie, et enseignait au même titre que Harry. Théodore le traita de crétin.

Draco s'appliquait du mieux qu'il pouvait dans ses lignes afin de pouvoir faire éclater le scandale au grand jour. Il prenait sa plus belle écriture, et gravait les mots avec une régularité calculée, espérant marquer plus rapidement la phrase dans sa chaire. Bien évidemment, il s'était prémuni avec un antidouleur des plus performants avant de participer à cette pénible tâche. Il se dit que Théodore avait raison de le traiter de crétin lorsqu'il songea qu'il aurait au moins pu profiter de son avantage pour exiger une plume de sang non trafiquée, et s'épargner ainsi la douleur.

Draco avait salué et applaudi, tout comme Harry et même Ron, le génie d'Hermione d'avoir maudit le parchemin qu'ils signaient tous afin de punir un éventuel traître qui les dénoncerait intentionnellement. Luna fit toutefois savoir que la mère de la pauvre fille travaillait au ministère et était menacée par Ombrage. À partir de là, Neville s'efforça de convaincre Hermione d'enlever la malédiction, et l'adolescente céda quelques jours plus tard, à la contrariété de Draco et Ron qui jugeaient qu'elle l'avait bien méritée.

Si les membres de l'AD écopaient d'une punition sévère et d'une retenue commune, ils n'étaient pas les seuls à subir les excentricités disciplinaires d'Ombrage. La nouvelle directrice usait de ce pouvoir pour employer au grand jour, sans la moindre gêne, sa méthode de sanction favorite sur tous les élèves qu'elle dépréciait, pour la plus infinitésimale incartade à son règlement personnel. Les jumeaux Weasley tentaient comme ils le pouvaient de réconforter les plus jeunes qui se laissaient aller à pleurer parfois même jusque dans les couloirs. La dame en rose semblait percevoir la souffrance de ses élèves avec une délectation satisfaite qui outragea davantage Fred et George, en plus de tout témoin, tel chacun des amis de Neville et Neville lui-même.

Les jumeaux se trouvaient patients, très patients même, de l'avoir tolérée tant de temps, et de s'être contentés de quelques farces de temps à autre. Pour eux, la véritable guerre commençait maintenant, celle où ils décidaient de ne pas se soucier des conséquences, y compris sur leur propre avenir. Ils n'avaient cure de se faire renvoyer dès lors qu'ils pourraient rendre la vie insupportable à cette usurpatrice du ministère dont personne ne voulait. Leur avenir ne résidait pas dans leur réussite scolaire, et ils le prouveraient.


Peu de temps après son retour, Hagrid avait été placé en probation, comme Trelawney. À présent que la protection du directeur Dumbledore ne pouvait guère plus l'atteindre, il s'inquiétait. Il attendit les élèves à la sortie de leur cours de soins aux créatures magiques, et appela Neville, et tous les amis de confiances qui souhaiteraient venir. Ce furent donc quatre Gryffondor et un Serpentard qui traversèrent la forêt interdite à la suite du demi-géant.

Hagrid expliquait sur le chemin, entre deux plaintes de Draco et Ron sur le cheminement dans l'obscur endroit, qu'à présent que Dumbledore était parti, il devrait bientôt quitter l'école. Ombrage avait été assez claire sur ce qu'elle pensait de lui, et sa résidence aux alentours de Poudlard. Ils croisèrent une troupe au galop de centaures armés qui parcouraient le bois obscur. Le garde-chasse informa les jeunes gens à voix basse que le ministère avait encore réduit le territoire des centaures, et qu'ils allaient se prendre une guerre sur le dos. Le demi-géant conta toute l'histoire de sa mission auprès des géants, et notamment qu'il était revenu avec son demi-frère, Graup. Il ne pouvait guère le laisser là-bas, car les autres géants lui auraient fait du mal. Bien sûr, tout ce récit était ponctué des remarques des adolescents, et en particulier de celles souvent cinglantes de Draco. Celles compatissantes de Neville, bienvenue pour Hagrid, marquaient beaucoup moins les autres esprits.

Ils débouchèrent devant un géant, retenu par une immense corde à un arbre. Il pouvait bien sûr bouger, mais le nœud à sa ceinture permettait qu'il ne s'éloigne pas trop. Divers objets de toute sorte étaient disposés au pied de l'arbre. Il y eut toute une histoire lorsque le géant parvint à saisir Hermione par la taille, et à la soulever comme une poupée. Ron ordonnait, de sa voix apeurée, que la créature lâche la fille. Draco, quant à lui, sortait sa baguette, faisant fi des demandes de Hagrid. Ce ne fut que grâce à l'intervention de Neville qui lui baissa le bras qu'aucun sort ne partit. Hermione trouva l'autorité nécessaire pour imposer au géant de la déposer au sol. Le groupe, et notamment Hermione, fit davantage connaissance avec le géant qui ne parlait pas vraiment. Il y avait eu un petit rituel étrange avec une sonnette de guidon de vélo.

Hagrid exposa que Graup trouvait sa nourriture seul, mais qu'il avait besoin de compagnie. Neville assura volontiers qu'ils s'en chargeraient. Draco ne promit guère, et l'annonça clair et net, qu'ils ne participeraient probablement pas à cela. Ron resta muet sur le sujet. En revanche, Hermione et Harry rejoignirent Neville dans sa décision. Le garçon-qui-avait-survécu proposa également que Luna et Ginny soient informées, convaincu qu'au moins la première s'engagerait volontiers à tenir compagnie au géant.

Hagrid était rassuré, et pourrait partir lorsque cela lui serait imposé sans trop de remords. Bien sûr, il ne voulait certainement pas quitter sa maison, mais il savait qu'il n'aurait guère le choix.


La nomination d'Ombrage directrice ne restreignit en aucun cas les activités illicites et farceuses des jumeaux Weasley, bien au contraire. Ils devinrent déchaînés. Ils s'efforçaient de vendre au mieux leurs stocks de chaque chose un tantinet chaotique, dans l'optique que leurs camarades participent autant que faire se peut dans la rébellion à faire tourner bourrique l'usurpatrice et son homme de main. Étonnamment, ou non, beaucoup d'élèves s'avérèrent fort désireux de semer la zizanie auprès de cette femme trop rose et du concierge trop grinçant. Et surprenamment, les autres professeurs étaient bien souvent absents des lieux de désordres. Flitwick ne voyait ni n'entendait rien, McGonagall ne trouvait aucun point à enlever, et Snape était bien trop occupé pour parcourir les couloirs. Les professeurs les plus stricts sur la discipline ne parvenaient pas à mettre la main sur les fauteurs de troubles, qu'importe leurs âges, leurs maisons, leurs notes… du moins lorsqu'ils s'agissaient de les empêcher de commettre le moindre forfait à l'encontre d'Ombrage, ou de les punir après coup.

Les jumeaux se montraient particulièrement fiers de vendre leurs Feuxfous Fuseboum, conçus spécialement pour demeurer invulnérables aux sorts, qu'ils les commercialisent en boîtes de "Flambée de Base" pour 5 gallions ou en "Déflagration Deluxe" pour 20 gallions. Dans tous les couloirs, à n'importe quel moment, des feux d'artifice pouvaient détoner pour écrire des jurons, produire des dragons ou des chauves-souris enflammés, ou simplement exploser avec le bruit de pétards le plus sonore possible, sans oublier de créer pour autant une belle lumière. Ombrage, qui voulait absolument attraper ces gamins insupportables, courait avec Rusard dans tous les sens à chaque déflagration. Si elle tentait un sort de Stupéfixion, l'explosion devenait plus puissante encore. Si elle essayait un sort de disparition, les feux d'artifice se multipliaient par dix. Et ainsi de suite, chaque effort pour annuler les artifices ne les rendait que plus performants et chaotiques.


« Décret d'éducation numéro cent vingt-huit : Aucune organisation, société, équipe, groupe ou club ne peut exister sans la connaissance et l'approbation de la Grande Inquisitrice. »

« Décret d'éducation numéro cent-vingt-neuf : Les élèves doivent prendre compte des nouvelles restrictions de l'accès à la bibliothèque et aux salles communes. »

La fin du mois d'avril filait, et mai pointait, où les jumeaux feraient encore ce qui leur plaisait. La dictature d'Ombrage se poursuivait, et ses restrictions se cumulaient. Depuis qu'elle était devenue directrice, elle usait des magnétophones magiques pour faire entendre régulièrement la dictée de ses trop nombreux décrets. 25 centimètres de séparation entre filles et garçons !

Avec mai, arrivèrent pour les Gryffondor de cinquième année les conseils d'orientations en privé avec le professeur McGonagall… et la présence d'Ombrage.

Il n'y eut rien à redire pour le plan de carrière d'Hermione, élève modèle et première au classement général depuis sa troisième année, bien souvent première dans chaque matière individuellement, malgré quelques exceptions. En effet, Draco majorait en Potions, et souvent même en Métamorphose bien qu'Hermione ne soit pas en reste. Neville se trouvait être un génie en Botanique et en Soins aux créatures magiques, avec à la fois une théorie et une pratique presque irrattrapables. Quant aux sortilèges, l'adolescente devait se disputer la place avec notamment Harry.

L'adolescente afficha sa détermination de libérer les elfes de maison, et de leur donner des droits. Elle voulait donc avec force entrer au ministère, au département de contrôle et de régulation des créatures magiques. Bien évidemment, Ombrage, avec des idéaux au total opposé, ne jugeait pas ce choix acceptable, mais il était difficile de rejeter un quelconque plan de carrière de la petite miss-je-sais-tout.

L'entretien avec Neville fut rude, bien plus rude. Ombrage ne s'absentait d'aucune occasion de critiquer le garçon-qui-avait-survécu, et qui mentait d'après elle et la Gazette du Sorcier. L'adolescent s'enrobait d'assurance pour annoncer qu'il souhaitait devenir guérisseur. Il estimait ce métier le plus utile dans la lutte contre Voldemort, et surtout le plus approprié pour lui. À défaut, botaniste ou magizoologiste lui convenait parfaitement.

Pour devenir guérisseur ou médicomage, cinq ASPIC bien précis étaient nécessaires, avec au moins un E dans chacun. Potions, Botanique, Métamorphose, Sortilèges, et Défense contre les forces du mal. McGonagall jugeait les prérequis encore plus exigeants que le métier d'auror, et bien qu'aucune réactivité sportive ne soit demandée, elle ne trouvait pas les examens d'entrée plus aisés.

Elle considérait le cœur de Neville parfaitement adéquat pour une telle vocation. Les compétences étaient autre chose. Rien à redire sur la Botanique, et malheureusement pour lui, les Soins aux Créatures Magiques n'étaient pas nécessaires. Elle s'inquiétait davantage pour les quatre autres matières, bien que les progrès de l'adolescent s'avéraient spectaculaires depuis l'hiver précédent, et que ses compétences en Métamorphoses, sa plus grande faiblesse parmi les matières essentielles pour un tel avenir en dehors des Potions, continuaient de s'approcher du niveau minimum. Peut-être pourrait-il réussir à dépasser l'Acceptable et atteindre les Efforts exceptionnels, terme tout à fait adapté. Il était difficile de juger de ses talents en Défense contre les forces du mal ou de ses connaissances théoriques sur le sujet. En revanche, d'après le professeur Flitwick, il possédait des compétences suffisantes en sortilèges, acquises à la fin de sa quatrième année comme beaucoup de ses avancées remarquables.

La bête noire de l'adolescent demeurait les Potions. D'après Severus, il faudrait une chance incommensurable, insolente, pour que Neville puisse passer la pratique avec un résultat aussi élevé qu'exigé. Toutefois, dans son rapport aux tournures aussi "élogieuses" qu'attendu, il précisait que la théorie de l'adolescent se révélait d'un niveau remarquable, assez pertinent afin de pouvoir obtenir un Effort exceptionnel à sa BUSE… si tant est qu'il ne panique pas lors du brassage et ne fasse rien exploser. Cela demeurerait insuffisant pour passer dans la classe d'ASPIC de Severus. Et le garçon le savait.

Ombrage n'avait pas besoin d'aller chercher très loin pour discréditer le choix de Neville. Elle le décrivait pour être un empoté incapable même de recopier un simple texte ou de suivre la consigne la plus basique. Neville sortit épuisé, à bout de nerf, de cet entretien qui avait usé ceux des trois protagonistes et plus particulièrement des deux Gryffondor. Heureusement, la dame en rose n'avait rien pu redire sur les compétences de Neville pour les projets de botaniste ou de magizoologiste, en dehors des insultes évidentes qu'elle pouvait trouver pour de tels choix.

« Je vous ferais savoir que le professeur Trelawney est excellente, et que les voyants sont grandement sous-estimés dans la société sorcière. », avait déclaré, éhontément, Parvati Patil lors de son entretien, en regardant droit dans les yeux, durement, la grande inquisitrice. Pour ses maux de crânes, McGonagall aurait préféré que l'adolescente s'abstienne de lancer un tel débat, et de provoquer avec un tel défi la nouvelle directrice non reconnue par toute l'école. « Le futur est aussi important que le passé. », avait encore affirmé la jeune fille à une autre occasion, appuyant bien que la divination n'était pas plus secondaire que l'histoire de la magie.

Harry expliqua qu'il avait l'ambition de devenir auror. C'était le métier que lui avait longuement loué son parrain, et également celui que son père avait choisi. Il ne s'était que peu renseigné sur les possibilités, et ignorait majoritairement ce qu'il existait en dehors des métiers du soin, ceux des professeurs et spécialisations dans quelques matières spécifiques comme magizoologiste ou maître des potions.

Le professeur McGonagall lui expliqua qu'il était nécessaire d'obtenir la mention Effort exceptionnel au minimum dans au moins cinq ASPIC, dont quatre demeuraient fixes : Défense contre les forces du mal, Charmes, Métamorphose et Potions. Harry savait déjà cela, tout comme il savait qu'il aurait une série de tests d'aptitude et de personnalité particulièrement rigoureux. Il n'était guère effrayé par la perspective de devoir montrer sa capacité de réaction face à des situations dangereuses. Il avait déjà donné depuis sa première année à Poudlard.

La chef des Gryffondor, au regard de ses notes, lui conseilla de peut-être s'orienter vers une voie qui ne nécessitait pas la métamorphose. Ses qualifications en charmes et potions apparaissaient comme brillants, mais il n'avait aucune aptitude innée pour la classe de la stricte femme. Ombrage ajouta que ses résultats en défense contre les forces du mal étaient abyssaux, et ne lui ouvriraient certainement pas de portes dans ce genre de travail. Un débat commença entre les deux femmes, où Harry jugea qu'il était très bien placé pour ne pas intervenir. Les professeurs disputaient le fait que Harry s'avérait très bon en défense contre les forces du mal – ou au contraire médiocre — selon le professeur, et McGonagall défendait qu'il avait des résultats adéquats lorsque l'enseignant était au moins valable. L'entretien sembla se conclure lorsque la chef Gryffondor déclara qu'elle ferait tout pour qu'il devienne auror, même si pour cela elle devait lui fournir quelques cours de soutien en matière de métamorphose.

L'adolescent devrait également se trouver un cinquième cours où il était certain de pouvoir poursuivre en ASPIC avec une mention honorable. Harry jugeait que botanique ou soins aux créatures magiques paraissaient deux choix acceptables, et il n'était pas effrayé à l'idée de suivre les deux matières en ASPIC afin d'augmenter ses chances d'avoir la mention attendue. Pour lui-même, il considérait que conserver toutes ces matières lui permettrait de conserver de nombreuses autres portes ouvertes, si entre temps il décidait d'une reconversion. Et pourquoi pas professeur de défense contre les forces du mal, si c'était tout ce qu'il fallait pour obtenir des enseignements sérieux et utiles. Les générations futures en bénéficieraient grandement, et il avait été montré lors de l'AD qu'il possédait quelques facultés pédagogiques assez bonnes. Il s'imaginait déjà mêler les méthodes de ses professeurs préférés, même si les caractères personnels de certains pouvaient sembler incompatibles.

Ron, sans grandes idées, avait questionné chacun de ses amis pour sélectionner le futur le plus attractif. Il avait statué sur le projet d'auror, comme Harry.

Durant son entretien, McGonagall lui précisa qu'il aurait énormément de progrès à faire dans toutes ses matières, et lui rappela notamment que le professeur Snape n'acceptait en ASPIC que ceux atteignant un Optimal à leur BUSE de Potions. L'adolescent décida de ne pas se laisser décourager. Qu'à cela ne tienne, il travaillerait plus dur. De toute manière, ses amis les plus proches le mettaient au travail forcé dès qu'ils le pouvaient. Il maîtrisait chaque sort enseigné par Harry dans l'AD, et s'avérait en fait meilleur que Harry en métamorphose bien qu'il ne soit pas un grand travailleur.

Son plus gros problème demeurait les Potions, qu'il détestait presque autant que le professeur. McGonagall assurait que s'il obtenait parmi les pires notes de la classe dans le domaine du professeur Snape, alors là se trouvait sa place réellement dans le classement. Elle insistait sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une discrimination envers Gryffondor, puisque des informations que Severus lui fournissait pour l'entretien, les deuxième et troisième places toutes maisons confondues appartenaient à deux lions, Hermione et Harry.

Quoiqu'il en était, Ron ne trouvait absolument aucune idée acceptable pour lui comme projet futur. Il se trouva donc condamné à travailler d'arrache-pied, ou à découvrir désagréablement durant l'été les restrictions que ses notes lui imposeraient dans ses possibles choix de carrières et d'ASPIC.


Bien que Severus ait procédé aux entretiens avec ses Serpentard bien plus tôt, Ombrage insista pour qu'ils aient lieu devant elle, correctement, convenablement, selon sa surveillance et son approbation. Le maître des potions organisa donc une seconde séance pour chacun de ses élèves de cinquième année, sous prétexte de vérifier d'éventuelles fluctuations dans leurs idées, et de valider d'après leurs nouvelles réussites scolaires… ou échecs.

Plutôt que de menacer cette fois, il plaça en retenues prolongées Crabbe et Goyle pour qu'ils travaillent les disciplines essentielles qui leur faisaient cruellement défaut. Il n'évoqua pas les noms précis, mais les deux étudiants pouvaient se souvenir que cela incluait notamment la défense contre les forces du mal.

Draco releva un visage fier, une fois assis, en direction d'Ombrage. Son sourire si bien connu de son parrain signifiait qu'une sottise approchait. « La politique m'ennuie. », déclara-t-il d'entrée de jeu, son regard clair rivé dans les yeux bleu sombre de la dame en rose. Cette dernière rougit furieusement, après trois ouvertures et fermetures de bouche totalement inappropriées mais que tout Serpentard bienséant oublierait dans la foulée. Elle ne devait guère apprécier que le fils Malfoy déclare cela, qui plus est avec un tel culot. Draco s'adossa confortablement, croisa ses jambes et posa son coude droit dans sa main gauche au bras aussi croisé. Sa main droite s'agitait avec un grand dédain. « Non, je pense plutôt que quelques pensées alchimiques profiteraient au monde, ou du moins à ma propre satiété personnelle. Bien sûr, il ne faudrait pas que les richesses Malfoy se perdent. Aussi devrais-je monter quelques entreprises pour apporter somme toute une somme insignifiante comparativement à nos coffres Gringotts. Personne ne pourra me dire que je n'ai fait aucun effort pour la gloire de la famille si je recrute les meilleurs maîtres de potions et apothicaires pour effectuer des tâches réservées aux subordonnés. »

« Monsieur Malfoy. », coupa soudainement son parrain avec un air sombre, très très dur. « Tenez-vous dignement devant Sa Grande Inquisitrice. Vos dernières prouesses scolaires ou plutôt extrascolaires ne vous permettent pas d'agir avec tant de désinvolture. »

Draco se réinstalla normalement. « Je serais potionniste. »

« Un de ceux relayés au rang de "subordonné" ? »

Draco conserva son allure détendue et dépourvue de toute expression négative. « Je suivrais tout ASPIC que je jugerais approprié. À savoir : Potions, Métamorphose, Arithmancie, Étude des runes, Défense contre les Forces du Mal, Charmes, malheureusement Botanique, mais grand Merlin, surtout plus de Soins aux Créatures Magiques. Ce cours est une véritable abomination, et je ne parle pas que du professeur. En ai-je oublié ? » Il mit une main au menton, le regard levé sans rien fixé, à la recherche d'une quelconque omission.

« Qu'en est-il de l'astronomie ? » proposa son parrain.

« Ennuyant. »

« Il me semblait que tu performais pour atteindre les sommets de mon enseignement. »

« Nécessaire. », corrigea l'adolescent.

Ombrage se racla la gorge pour attirer l'attention, qui vint à elle, puis parla. « Qu'attendez-vous de la défense contre les forces du mal ? Que comptez-vous en faire ? »

« De la défense. », annonça froidement le cinquième année. « Une chose très utile dans un monde en guerre. »

De là, la séance devint encore plus pénible. Hors de portée des oreilles d'Ombrage, Draco aurait quelques mots avec son parrain sur ce qu'il était bon ou non de dire devant différents antagonistes. Draco en était indifférent : le château même refusait la présence de la dame en rose. Ne serait-il pas attendu de chaque élève une touche de résistance passive ?

L'entretien de Théodore Nott fut bien plus tranquille. Il annonça sans détour, succinctement, qu'il opterait pour un travail calme, sécuritaire, sans le moindre risque d'entrer en conflit ouvert avec des forces supérieures, obscures ou non. La recherche historique lui conviendrait parfaitement, jugeait-il. Severus analysa dans le discours de l'adolescent, poussé par Ombrage à s'exprimer davantage, de nombreux sous-entendus au sujet de la guerre, du Seigneur des Ténèbres, et d'un choix de neutralité absolue. Il estima incroyable que la dame en rose, maître en double sens, ne remarque rien dans les dires de l'adolescent qu'elle avait décidé de valoriser et "d'apprécier" pour sa participation grandiose pour faire régner l'ordre au sein de l'école.

Concernant les disciplines qu'il suivrait en ASPIC, le jeune Serpentard soutint qu'il étudierait toutes les matières où il obtiendrait le prérequis dans ses BUSE, et qu'il travaillerait du mieux possible pour obtenir les meilleures notes partout. Ambitieux et intelligent, il détenait la clé de la réussite.