(L'Ordre du Phénix) Le pire souvenir de Severus


Ombrage surprit un jour Harry avec un livre sur l'occlumancie. Il ignorait si elle savait de quoi il s'agissait, mais elle parut peu satisfaite, et un nouveau décret apparu rapidement.

« Décret d'éducation numéro cent trente-trois : Tout manuel scolaire non autorisé sera immédiatement confisqué à l'étudiant en faute. »


L'interdiction d'enseigner d'autres sujets, le départ de Dumbledore, la nomination d'Ombrage… rien n'empêchait Severus de dispenser les cours d'occlumancie aux trois garçons, dans un secret absolu. Il y avait bien un jour où Ombrage était passée vérifier ce qu'ils trafiquaient. Ils étaient parvenus sans trop de difficulté à assurer leur couverture : un cours de rattrapage bien mérité pour Longbottom et Potter.

Ainsi, ils poursuivaient presque avec l'approbation silencieuse d'Ombrage qui se trouvait toujours satisfaite lorsqu'elle avait l'impression que ces deux garçons de Gryffondor passaient des moments désagréables. Du reste, leurs sessions d'études avec le maître s'avéraient bien plus désagréables qu'elle ne pouvait le penser.

Puis vint un jour où un élève ouvrit d'un coup la porte du bureau durant une séance.

« Professeur Snape… ! » Il s'agissait de Warrington, membre de la brigade inquisitoriale. Il observa, tel un idiot, les trois adolescents présents. « Euh… vous êtes occupé. » C'était plus une affirmation qu'une question.

« En effet. », confirma le professeur. « Et vous avez fait une irruption plutôt incongrue dans ce bureau, monsieur Warrington. »

« C'est… la directrice vous demande de toute urgence dans… euh… le couloir ? De son bureau. Celui de directrice. »

« Et pourquoi donc une telle convocation ? »

« De toute urgence, elle a dit. »

« Je vois. » Il regarda ses trois apprentis occlumens. « Ne bougez pas d'ici, et ne touchez à rien. » Il partit rapidement, accompagné du Serpentard plus âgé.

Neville se tourna vers ses deux amis. « Bon. Ça veut dire que nous devons continuer à nous trois. »

Harry fixait la pensine, dans un coin de la pièce. « Ou… c'est l'occasion. »

Neville sentit immédiatement la panique monter. « L'occasion de quoi ? » Son regard alternait entre son ami et la pensine.

Draco sourit de cet air roublard digne d'un Serpentard. « En effet, c'est inespéré. Mais qu'escomptes-tu trouver, Harry ? »

« Absolument pas ! » s'insurgea Neville.

« On nous cache des choses. », déclara Harry. « Des choses concernant l'Ordre, des informations sur Voldemort… peut-être même ce qui est arrivé à Dumbledore. Sev sait beaucoup. Ce qu'il y a là-dedans, c'est ce qu'il voudrait nous cacher, tous les secrets qu'il nous tait. »

« Je croyais que tu avais confiance en lui ! »

Harry tourna vivement la tête vers son meilleur ami. « J'ai confiance en lui. Mais je ne supporte plus que nous soyons laissés dans une telle ignorance. »

« Qui te dis que ce sont des souvenirs de guerre ? Et si nous tombions sur… autre chose ? »

« S'il s'agit de ma mère, j'apprécierais tout autant d'être mis au courant. »

Draco le dévisagea. « Il me semblait que là-dessus au moins, il te tenait informé. »

« Certes oui, toutefois je n'aurais rien contre la voir plus jeune, pour une question de comparaison. »

« Je valide. »

« Non ! » riposta encore Neville. « Nous ne pouvons pas pénétrer dans l'intimité de nos professeurs. »

« C'est presque mes parents. », souligna Harry.

« Tu voudrais bien. », corrigea Draco, que le brun aux yeux verts choisit d'ignorer d'un revers de la main.

« Même ! Nous ne pouvons pas. »

« Neville, j'y tiens vraiment. J'aimerais que tu sois avec nous pour voir. »

« Vous êtes des préfets ! Tous les deux ! »

Draco haussa les épaules. « Oui, et alors ? »

« Et alors ?! Je n'en reviens pas. Comment pouvez-vous être aussi… penser que ce serait correct. »

« Je n'ai pas dit que ça l'était. », défia Harry. « C'est simplement ce que je veux faire. Et actuellement, je me fiche de l'éthique. Qu'importe sur quoi on tombe, je suis prêt à courir le risque si cela peut nous tenir un tant soit peu au courant. Ce n'est pas n'importe quel souvenir qu'il a placé là-dedans, mais uniquement ce qu'il veut nous cacher, expressément. C'est donc ce que je veux voir. » Il s'approcha de son meilleur ami et lui saisit la main. « S'il te plaît, Neville. Draco et moi y irons, dans tous les cas. À quoi ça ressemblerait si tu restais ici, tout seul, pendant que nous sommes là-bas. Et si Severus revenait à ce moment-là ? »

« S'il revient, je préfère ne pas être dans sa pensine. »

« Nous ne savons pas ce que nous pourrions découvrir. Je préférerais que tu sois avec nous. »

« Harry, ce que tu verrais pourrait ne pas te plaire. », souffla doucement Neville, la tête abaissée. Il se remémorait fort bien les quelques brides à peine perceptibles qu'il avait aperçues après son charme de bouclier.

« Si tu penses cela, ne crois-tu pas qu'il serait mieux que tu m'accompagnes, pour me soutenir ? » Harry lâcha la main de Neville. « Parce qu'avec ou sans toi, j'y vais. »

Il se dirigea rapidement, déterminé, vers la pensine, suivi sans la moindre hésitation par un Draco curieux. Harry tourna un dernier regard vers son meilleur ami.

Neville soupira, et combla en quelques enjambées la distance. « J'espère que vous savez en sortir. »

« Mais oui. », assura Draco.

« Tu as déjà parcouru une pensine ? » s'enquit Harry.

« Non. On y va ? »

Neville le dévisagea. « Je pensais que tu étais prudent. »

« Je le suis. Tout comme je suis occlumens, et légèrement legilimens. Nev, tu as déjà été dans une pensine ? »

« Accompagné de Dumbledore, oui. Seul, jamais. »

Harry, en milieu, attrapa les mains de Draco et Neville à sa gauche et sa droite respectivement. « Nous sommes trois. Allons-y avant qu'il ne revienne. »

« Si on ne sort pas avant qu'il ne revienne, nous sommes morts. », eut tout juste le temps de déclarer Neville avant que sa tête ne soit plongée dans la pensine. L'impression de chute pour atterrir dans le décor était toujours la même.

Aux côtés de Harry et Neville, il pouvait reconnaître le temps ensoleillé de l'été, et l'herbe verte du printemps.

« Regardez ! » désigna Harry avec un enthousiasme excité en pointant quelque part.

Il s'agissait d'un arbre isolé, proche du lac de Poudlard. Neville connaissait le terrain par cœur, et ce n'était pas nécessaire pour reconnaître l'endroit.

« Nous sommes à Poudlard. », nota tout de même Draco.

À Poudlard, oui, et plus précisément lors des études du maître des potions en personne. Les trois adolescents, fantômes invisibles dans le souvenir, s'approchèrent rapidement au plus près du Serpentard aux cheveux noirs, gras et longs, adossé à l'arbre. Il était seul, et penché sur un parchemin.

« Il ne fait pas grand-chose. », commenta Draco. Harry voulut tenter d'observer ce que lisait le futur professeur, mais le blond l'attrapa par le bras, et le tira légèrement pour lui désigner les abords du lac. « Regarde plutôt là-bas. »

« C'est… mon père ? » souffla-t-il.

Là-bas, assis, se tenaient les quatre Maraudeurs.

« Et Pettigrow. », ajouta Draco. « Vous savez qu'un souvenir montre la vérité, et toute la vérité, sans variations, modifications ou biais de celui auquel il appartient. Nous pourrions même les entendre si nous nous approchions, alors qu'Oncle Sev ne le faisait certainement pas. »

« Tu en es sûr ? » demanda Harry, sceptique.

« Certain. », souriait honnêtement le Serpentard.

« Alors allons-y. », décida Neville, bien moins mal à l'aise à l'idée d'espionner ce groupe que son professeur.

« Comment peux-tu avoir oublié ! » s'exclamait James Potter, si semblable à Harry. Sa voix était différente. Plus… arrogante. Alors qu'il lançait et rattrapait un vif d'or dans sa main, il regardait Peter Pettigrow. « Tu dors avec un loup-garou une fois par mois. »

« Chut. », souffla Remus en urgence, paniqué. « Ne le dis pas trop fort. »

Sirius bâilla. « Je m'ennuie ! »

« Aide-moi à réviser. », proposa Remus en tendant à son ami son livre.

« Métamorphose. », déclara Draco, penché au-dessus de l'épaule de leur ancien professeur de défense contre les forces du mal. « Cinquième année de ce que je vois. Si les programmes n'ont pas changé. »

« Naaan. Ennuyeux. »

« Comment tu sais ça ? » s'interrogea Neville.

Draco haussa les épaules. « Je connais assez bien les pages de nos manuels. Et le programme surtout. Ça aide pour avoir de bonnes notes. »

« Comme je disais, Hermione n'est pas la seule je-sais-tout. », marmonna Harry.

À côté d'eux, la discussion suivait son cours. Sirius avait demandé à James de ranger le vif d'or volé, parce que Peter s'extasiait beaucoup trop dessus. James s'était aussi passé la main dans les cheveux, comme pour les ébouriffer davantage, tandis qu'il regardait vers un groupe de jeunes filles qui se reposaient au soleil au bord du lac, les pieds dans l'eau. Il tournait la tête pour observer les alentours, puis eut ce sourire malsain, carnassier, machiavélique.

« Voilà pour te distraire. Servillus. »

Aussitôt, Sirius releva la tête comme un lévrier à l'affût d'une proie. Peter se retournait aussi, applaudissant un peu dans ses mains, excité. Remus serrait son emprise sur son livre, le regard figé sur sa page, sans lire davantage. Les trois visiteurs du souvenir tournaient aussi la tête pour voir que Severus rangeait ses affaires. D'un bond, le groupe était sur pied, et s'approchait du Serpentard qui se levait et leur tournait le dos avec intention de partir. Les trois amis du futur doutaient qu'il les ait vus.

« Hey, Servillus ! » appela Sirius.

Le Serpentard laissa tomber son sac et se retourna, baguette en main et pointée, avec une vitesse incroyable, due à des réflexes acquis par une expérience impressionnante aux yeux des observateurs silencieux. Ils avaient le même âge qu'eux, si la déduction de Draco était bonne, et ne pensaient pas dégainer aussi promptement. Malheureusement pour le solitaire, la baguette de James était déjà braquée sur lui, prête, et lança un vif charme de désarmement au son de la voix du Gryffondor.

« Expelliarmus ! »

« Qu'est-ce qu'ils font ?! » s'éberlua Harry, sidéré.

« On voit la même chose ? » s'interrogea Draco.

Severus plongea vers sa baguette pour la ramasser, mais fut arrêté par Sirius. « Impedimenta ! » Sirius riait, moqueur. « Je l'ai vu durant l'épreuve de défense contre les forces du mal. Ses cheveux touchaient tellement le parchemin qu'il y aura trop de graisse pour que le correcteur puisse le relire. »

« Juste… attends… », lâchait sombrement Severus, sur un ton menaçant et pourtant pris au dépourvu. Jamais l'un des trois garçons n'avait déjà vu leur professeur aussi… démuni. Il s'agissait de l'homme qui avait la réputation que ses mots soient plus terribles que des sorts les plus dangereux ! Et Harry ne l'avait jamais vu perdre un combat de verve face à Sirius, tout au plus ils sortaient à égalité. Ils étaient tant choqués qu'ils ne pouvaient rien faire d'autres qu'observer et écouter, gardant les réflexions sur leurs pensées tourbillonnantes pour plus tard.

« Attendre quoi ? » se moquait Sirius. « Que tu te mouches ? »

Les Maraudeurs prenaient le temps d'ameuter un groupe de spectateurs avec leurs moqueries.

« Espèce de… », commença Severus, pour se faire interrompre par James qui lançait un nouveau sort.

« Récurvite ! » La bouche de Severus se remplit de mousse et de bulles de savon, et il commença à étouffer. James souriait d'amusement. « Tu dois apprendre les bonnes manières, Servillus. On va te donner des cours. Première leçon, apprendre à parler. »

« Laisse-le tranquille ! » cria soudainement une voix féminine. Une belle adolescente rousse, familière, se frayait un chemin au milieu des étudiants et venait se placer dans le cercle, les yeux verts brillants d'indignation rivés sur James. Ils n'avaient nul doute que c'était elle, celle dont ils avaient déjà vu tant de photo enfant ou adolescente, la mère de Harry, la femme de James Potter, la douce et rêveuse folle, l'assistante du professeur et sans aucun doute sa meilleure amie depuis leurs neufs ans.

« Je le laisserais tranquille, si tu sors avec moi. »

Aucun des trois garçons ne pensait pouvoir être plus choqué jusqu'à présent. Ce simple chantage leur prouva le contraire.

« Je préférerais embrasser le calmar géant. », riposta-t-elle écœurée. Bras croisés, autoritaire, elle parla d'un ton exigeant au futur père de son enfant. « Qu'est-ce qu'il t'a fait ? »

« C'est plus le fait qu'il existe, si tu vois ce que je veux dire. », déclara James avec un ton irritant et arrogant que Harry détestait déjà.

« Attention ! » s'écria Sirius. Aucune formule, mais un flash lumineux atteignit James à la joue. Cette dernière se mit à saigner, marquée par une légère coupure, une entaille dont il était difficile de déterminer la profondeur mais qui semblait bien fine. Severus était parvenu à ramper jusqu'à sa baguette, s'était libéré du sort d'entrave, et avait répliqué sans hésiter sur le futur père de Harry. L'expression surprise de James passa à la fureur, et d'un coup de sortilège informulé, il suspendit Severus par une cheville, la tête en bas, et sa cape retombant sur sa tête. Sirius vint lui arracher sa baguette des mains, et retourna auprès de son ami. Un sourire furtif était passé sur le visage de Lily avant qu'elle ne reprenne son expression furieuse.

« Laisse-le tranquille ! » ordonna-t-elle en sortant sa baguette, pointée vers James.

« Ne me force pas à te lancer un sort, Evans. », rétorqua-t-il avec menace.

« Je t'ai dit de le laisser tranquille ! » répéta-t-elle.

« Bien. », concéda-t-il, l'expression sombre, clairement mécontent. Il agita à nouveau sa baguette, et Severus retomba plus violemment sur le sol que Zabini en première année lorsque Draco avait sciemment bâclé le contre-sort. « Tu as de la chance qu'Evans soit là, Servillus. »

« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale Sang-de-Bourbe ! » cracha Severus avec du savon, les yeux brillants de colère envers James.

Les trois intrus se figèrent aussi sûrement que les spectateurs de cette scène odieuse. Lily parut d'abord blessée, offensée. Des larmes menaçaient de couleur de ses yeux, et Draco ne pouvait plus que penser à son glissement malencontreux devant Hermione en deuxième année. Neville plaquait ses mains devant sa bouche, se retenant même de respirer. Harry ne parvenait plus à détourner le regard de sa mère, dont il voulait absolument voir la réaction. Il voyait la douleur psychologique se muer en haine et reproche. Seul Neville songea à détourner le regard, et vit le Sepentard plus figé que les autres, sans voix, les yeux écarquillés.

« Bien, je ne m'en mêlerais plus, alors. », déclara Lily avec froideur. Elle ajouta avec une touche de cruauté amère. « Servillus. »

Vif et agressif, James releva sa baguette, et rugit après celui qui venait de passer une ligne irréparable. « Tu t'excuses maintenant ! »

Lily se retourna vers son futur époux. « Je n'ai pas besoin que tu me défendes, Potter, tu es aussi mauvais que lui. »

« Quoi ?! Je ne t'ai pas… Je ne t'aurais jamais traité de… appelé comme ça ! »

« Tu te crois drôle, Potter, mais tu n'es qu'un toerag arrogant qui pense que s'ébouriffer les cheveux pour donner l'air de descendre de son balai lui donne l'air attrayant ! Tu passes ton temps à te montrer avec ce vif volé que tu lances et rattrapes dans ta main, et tu restes toujours avec une cour pour t'applaudir en permanence. Tu parles toujours de gloire et de richesse, tu penses que tout t'est dû et doit te tomber du ciel. Tu ne comprends pas que lorsqu'on te dit non, c'est non ! Tu es un enfant gâté égocentrique, Potter. Tu me fais vomir. »

Elle s'enfuit.

« Qu'est-ce qui lui prend ? » s'étonnait la cible de son dernier courroux.

« Je crois qu'elle te trouve un peu trop arrogant. », expliqua Sirius avec légèreté.

« Bon. », reprit James avec sérieux, telle la clôture d'un chapitre. Son sourire revint à la charge. Un mouvement de baguette et un éclair plus tard, Severus se retrouva à nouveau placé sous le leviscorpus. Son rictus devint plus mauvais et cruel encore. « Qui veux me voir déshabiller Servillus ? »

Soudainement, les trois garçons se retrouvèrent expédiés de la pensine, tombant à terre sur leur arrière. L'ombre du maître des potions, furieuse, planait au-dessus d'eux.

« Debout. », ordonna-t-il avec une rage qu'ils n'auraient jamais cru entendre. « Même toi, Neville ! » exprima-t-il toute sa déception.

Les adolescents sautèrent presque sur leurs pieds, Draco et Harry en s'éloignant même d'un bond.

« Je suis désolé, Severus. », tenta Neville d'une voix brisée par la honte.

« Taisez-vous ! »

Harry et Draco, sans excuses, reculèrent encore d'un ou deux pas. Le Serpentard s'assurait presque de rester derrière le Gryffondor. D'un simple petit coup d'œil, Severus avait pu voir quel souvenir ils venaient de quitter. Ce n'était rien de compromettant, cependant savoir que Harry y avait assisté le mettait hors de lui. Il saisit Neville par le col, sans quitter son regard des deux autres.

« Sortez. »

Draco voulut se précipiter à l'extérieur. Toutefois, il s'abstint lorsqu'il parut que Harry n'accomplissait qu'une très légère retraite. « Mais… je… », articula le Gryffondor à demi-voix, comme si sa gorge refusait de sortir des sons.

« Sortez ! » hurla le maître des potions, sa prise sur la cape de Neville blanchissant. « Tous les deux ! »

Dans un bruit de courses frénétique, les deux curieux s'enfuirent. Severus tira Neville plus loin de la pensine, et le poussa presque sur un siège où l'adolescent dut se laisser tomber, le regard tremblant. Le ton du professeur reprenait l'allure la plus basse et froide, la colère la plus connue et dangereuse. Sa voix apparaissait à peine audible.

« Quant à toi, Neville, tu as intérêt à avoir une bonne excuse. »

Neville n'était pas convaincu que parler avec l'homme dans l'immédiat fut la meilleure idée. Ça lui semblait même pire que la perspective de plonger la tête dans sa pensine pendant qu'il avait le dos tourné.

« Je n'en ai pas. », lâcha-t-il. « Nous n'en avons vraiment pas. »

« J'ai demandé la tienne, pas la leur. »

« Nous avons tous agi de concert ! Il n'y a pas d'excuses différentes. Aucun de nous n'aurait dû faire ça. »

« Alors pourquoi l'avez-vous fait ?! »

Neville devait lutter contre le sentiment de terreur qui voulait l'envahir. Il pensait pourtant être parvenu à s'en débarrasser au fil des années. Face au courroux du professeur, cette peur latente revenait.

« Harry voulait… il voulait voir… avoir des informations. Sur l'Ordre, sur Voldemort. Sur sa mère. »

« Si on vous cache des choses, c'est parce que ça ne vous regarde pas, ou parce que vous ne pourriez pas les gérer ! Ton esprit est ouvertement connecté à celui du Seigneur des Ténèbres. »

Neville baissa la tête. « Ça ne se reproduira pas. »

« Non, en effet. Vos cours s'arrêtent ici. »

Il se redressa d'un coup. « Mais il faut que… »

« Que m'importe l'importance de ces cours pour vous ! Je ne peux apparemment pas vous faire confiance, à aucun de vous. Je ne peux pas me permettre de prendre un tel risque. »

Le garçon paniquait. « Severus, s'il te plaît, je suis désolé ! »

« Ça ne change rien aux faits ! Vous êtes désolés, encore et encore, mais vous recommencez. Les enjeux sont trop grands. »

« Je ne voulais pas… »

« Mais tu l'as fait quand même, n'est-ce pas, Neville ? »

« Oui… »

« Je l'expliquerais au professeur Dumbledore lorsqu'il reviendra. Je ne peux plus rien faire pour vous. Ne remettez pas un pied dans mon bureau. Va avertir tes camarades. »

L'adolescent hocha la tête, et courut vers la sortie.