(L'Ordre du Phénix) Je ne dois pas mentir


Le pendule battait les secondes, lourdement. Ombrage surveillait, debout sur l'estrade, l'assemblée des élèves qui grattaient les parchemins de leur plume. À côté d'elle, la pancarte indiquait le temps imparti, de 16 h à 18 h, et le sujet de l'épreuve, "histoire de la magie". La directrice avait modifié les placements afin d'avoir le garçon-qui-avait-survécu sous les yeux. Il lui avait suffi de répartir l'ordre alphabétique colonne par colonne plutôt que ligne à ligne. Ainsi, Neville se retrouvait-il juste en face d'Ombrage, entre Crabbe et Parvati dont la jumelle se situait à l'autre bout de la salle, dernière de la colonne précédente. Hermione, vers le fond, se retrouvait entre Goyle, Bulstrode, Parkinson et Greengrass, avec en plus Nott en diagonale vers l'avant droit et Lavande de même à gauche. Rien de plus réjouissant n'aurait été possible pour la fille, à part peut-être la présence de Zabini qui demeurait bien trop proche, à une rangée d'écart et un rang en arrière, dans le dos de Ron. Harry était placé à deux tables derrière Parvati, permettant à Ombrage de surveiller attentivement ce second fauteur de trouble également.

L'histoire de la magie était certainement la pire matière de Ron, incapable de rester éveillé durant les cours ou de s'intéresser aux révisions studieuses de la matière. Nuls ne lui en tenait rigueur mise à part Hermione, pour qui chaque discipline scolaire demeurait importante à l'exception de la divination. Il ne trouvait que peu de choses à répondre sur sa copie.

La concentration de Harry allait presque exclusivement dans l'observation intensive de l'usurpatrice rose, pourvue du meilleur sombre regard noir imité de Severus. Il repérait distraitement l'anxiété inhabituelle, trop nerveuse, de Parvati. Il remarquait bien plus attentivement le calme de Neville qui semblait peiner à trouver les réponses aux questions.

Hermione ne quittait pas le nez de ses bientôt nombreux parchemins. Dès qu'elle était entrée dans son devoir, elle en avait oublié son entourage Serpentard.

Peu à peu, dans cette atmosphère lourde et silencieuse d'examen, des bruits sourds se firent entendre à l'extérieur. De plus en plus nets et proches. Après quelque temps, Ombrage décida de traverser toute la salle, de parcourir la longue allée, pour atteindre la grande porte et l'ouvrir, dans le but de découvrir la provenance de ces sons malheureusement bien trop familiers. Il s'agissait des feux d'artifice Weasley contre lesquelles elle se battait depuis plus de deux mois.

Le couloir se révéla vide. Suspicieuse, elle fit un pas à l'extérieur. Vint une petite étincelle, une projection tourbillonnante d'artifice, qui dansa devant le nez d'Ombrage, avant de s'atténuer. Puis soudainement, les jumeaux firent irruption, en vol sur leurs balais, et pénétrèrent dans la grande salle. Feux d'artifice en tout genre explosaient, et un simple sort avait fait s'envoler tous les papiers. Les élèves se levaient, la plupart en applaudissant et en savourant l'euphorie, quelques autres, plus rares, en résignation, mécontents de la perturbation de leur BUSE. Hermione et Théodore étaient plutôt de ces derniers. Toutefois, la Gryffondor se laissa entraîner par l'aspect festif que les jumeaux répandaient dans la salle, et surtout le coup d'éclat pour provoquer Ombrage, totalement dépassée par les événements.

Certaines fusées magiques spéciales visaient les membres de la brigade. Quand une vint s'agiter sous le nez de Crabbe, ce dernier tout d'abord déconcerté l'envoya d'un coup de main ailleurs, et elle se mit à poursuivre Goyle, qui fuit, pour finalement le heurter sur la partie molle la plus accessible. Une autre de ces étincelles s'approcha d'un Théodore statique, totalement incrédule et blasé. « J'hallucine… », souffla-t-il juste avant que l'artifice ne le prenne par surprise et éclate devant lui. Il se trouva moins chanceux que les filles de la brigade qui se révélèrent plus aptes à esquiver.

Enfin, les jumeaux préparèrent le grand final. Ils s'étaient longuement apprêtés pour ce spectacle. Ils avaient transplané à Square Grimmaurd discrètement, avaient récupéré leurs balais, puis étaient revenus pour faire exploser tout leur stock restant de Feuxfou Fuseboum. Ils avaient préparé avec beaucoup de soin une fusée bien particulière, qu'ils décidèrent de lancer lorsque chacun d'eux déclara être prêt. L'énorme explosion de feu d'artifice était déjà spectaculaire, mais ensuite se changea en un dragon occidental qui chargea vers Ombrage. La femme courut de manière ridicule vers la sortie de la salle, espérant fuir. Trop tard, juste à l'extérieur, elle se fit rattraper, et le dragon sembla la gober, explosant tout autour d'elle. Chaque étincelle provoquée s'éleva vers un décret différent. Toutes ses règles insupportables s'effondrèrent au sol en un seul mouvement, dans un bruit fracassant qui annonçait la défaite de la dame en rose.

Les jumeaux sortirent de la salle en filant sur leurs balais, suivis par leurs camarades qui courraient après eux, euphoriques. Ombrage, fulminante, restait sur place, rejointe timidement par Rusard qui tenta d'éteindre les étincelles restées allumées sur les vêtements fumants de la petite femme. Dans la cour intérieure du château, beaucoup d'autres étudiants de tout âge et de toute maison rejoignaient, attirés par les coups tonitruants d'artifices. Dans le ciel, alors que Fred et George s'élevaient au plus haut, un grand "W" scintillant apparut. Les élèves, joyeux, applaudissaient. Les jumeaux s'étaient fait assez de publicité pour être certains d'avoir une grande clientèle dès l'installation de leur futur magasin… pour bientôt puisqu'ils quittaient dès à présent l'école.

Tandis que les jumeaux partaient au loin en volant, le message circulait rapidement sur ce qui s'était passé durant le dernier examen. Même Flitwick, quand il entendit la rumeur au milieu de ses élèves dans la cour, marqua un mouvement de victoire. Hermione aussi s'enivrait de cette défaite d'Ombrage et victoire spectaculaire des jumeaux. Harry, Ron, Neville, tous applaudissaient.

À l'arrière, Parvati, les cheveux en bataille malgré sa longue tresse, se montrait plus agité encore, et se fraya un chemin maladroit jusqu'à Théodore, également resté en arrière, et qui avait relevé le regard, neutre, vers la lettre lumineuse dans le ciel. Elle agrippa la chemise de l'adolescent qui abaissa rapidement la tête vers elle.

« Nott… », gémit-elle presque, angoissée.

Il posa doucement sa main sur celle de la fille pour la repousser et la faire le lâcher. « Je m'en occupe. », assura-t-il avec conviction. Elle hocha la tête, ses yeux toujours inquiets.

Pendant ce temps, plus loin devant eux et presque hors de vue, Neville s'effondrait, la respiration lourde, le regard écarquillé. Harry s'accroupit en un éclair à côté de lui, et le soutint, sans comprendre ce qui arrivait à son ami. Assis sur les pavés froids, Neville ne pouvait rien exprimer pour le moment. La scène se passait dans son esprit.

« Il me faut cette prophétie. », disait la voix douce et menaçante de Voldemort. Les images étaient sombres, alternées, rapides. Pour la première fois peut-être, Neville vit distinctement la porte dans ce couloir de marbre noir qu'il avait vu dans son cauchemar avec Nagini et Arthur Weasley, et la poignée ronde marquée d'une balance. Puis ces longues rangées remplies de boules de cristal.

« Je ne sais même pas de quoi vous parlez. », répondait la voix si reconnaissable de Draco. Il était agenouillé au milieu de toutes ces allées. Il semblait mal en point, et blessé. Voldemort lui tournait autour, sa baguette reposant délicatement dans ses mains, et ses robes noires volant comme une ombre derrière lui.

« Ami comme tu es avec Neville Longbottom, tu ne saurais pas ? Espères-tu être cru, Draco ? Tu es un menteur. Et tu m'a trop défié. » Toujours théâtral, le Seigneur des Ténèbres pointa sa baguette. « Endoloris. »

Draco hurla.

Voldemort cessa le sort. « Je pourrais presque penser que tu aimes ça, Draco. Si je n'obtiens pas cette prophétie, je te préviens, ce sera long et douloureux. »

« Je ne sais rien dessus. », prétendit encore Draco.

Lucius entra dans le champ de vision de Neville tandis qu'il s'approchait de son fils. « Tu es décidément une déception, Draco. Nous avons tout notre temps, personne ne viendra te chercher au département des mystères. Toi, tu ferais mieux de nous dire où elle est. »

« Je ne sais rien. »

Voldemort reprit. « Le poison de Nagini est une merveille. Puisque tu aimes tant les Weasley, tu devrais le savoir, n'est-ce pas ? »

Le visage horrifié de Draco se tourna vers le point de vue de Neville.

« Quelqu'un devra aller me la chercher. »

La vision cessa.

Hermione était à présent agenouillée devant Neville, aussi inquiète que Harry. « Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Neville prit tout son sérieux, l'air grave. « Draco. » Il se leva, et commença à partir, suivi par ses amis de cinquième année.

« Quoi, Draco ? » s'enquit Hermione. Ils parcouraient les couloirs, Neville à l'avant, avec Harry et Hermione dans son dos, et enfin Ron pour fermer la marche.

« Je l'ai vu, j'ai eu une autre vision. Voldemort a Draco. Il exige une prophétie. »

« Sirius a dit que Voldemort cherchait quelque chose ! » s'exclama Harry.

« C'est absurde. », contredit Hermione. « Draco est ici. »

« Est-ce que quelqu'un l'a vu aujourd'hui ? » répliqua durement, mais sincèrement, Neville. Aucun ne lui donna de réponse dans l'immédiat. Draco n'avait pas mangé avec eux, c'était leur seule certitude. Après une longue minute dans le silence, Ron reprit. Il était bien placé dans la grande salle, et surtout avait eu une concentration tellement minimale, qu'il était le mieux placé de toute la promotion pour savoir si quelqu'un manquait.

« Il n'était pas entre Ernie et Eloise Midgen durant l'examen. En fait… aucun de nous n'était seul sur un rang. Je n'étais pas sur la dernière rangée, et Zabini si, avec d'autres. Il manquait quelqu'un. »

« Alors Ombrage savait. Elle l'a pris en compte quand elle a décidé des places. », affirma Harry.

« Lucius Malfoy était aussi dans ma vision. Draco n'est pas arrivé là-bas tout seul. »

« Alors qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Ron tandis qu'ils montaient les étages par les escaliers tournants.

Hermione s'insurgea. « Comment ça que fait-on ?! Et si Voldemort avait envoyé cette vision ? Et si c'était pour attirer Neville dans un piège ? »

Harry la regarda avec détermination. « C'est peut-être le cas, et alors ? Tu voudrais laisser Draco tout seul ? »

« On devrait… prévenir Severus. »

En entendant Hermione prononcer ce prénom, Ron souffla et roula des yeux. Rien n'y faisait, il détestait Snape. Aller le voir était sa dernière envie, et entendre ses camarades le prénommer l'exaspérait toujours.

« Je pensais à autre chose. », admit Neville. Il préférait éviter de recroiser le regard de Severus depuis qu'ils avaient fouillé sa pensine. « Prévenir l'Ordre. Commençons par demander à Sirius si c'est une prophétie que veut Voldemort, ce dont il parlait, et s'il en sait quelques détails supplémentaires. Et leur dire la situation de Draco. Parce que même si c'est un piège, je te garantis que c'était réel. À moins que tu aies croisé Draco depuis hier soir ? »

« Non… »

« Comment prévenir l'Ordre ? » s'enquit Ron.

« Avec les feux de cheminette. », répondit Harry.

« Comment ? Ombrage les fait tous surveiller. »

« Pas ceux de son bureau. »

Neville acquiesça. « Celui de défense contre les forces du mal devrait être accessible. Elle est le plus souvent dans son faux bureau de directrice, et il est difficile de l'atteindre avec le marais des jumeaux. »

« T'es sûr qu'il y est encore ? » demanda Ron.

« Oui. », répondirent les trois autres en cœur.

Arrivés devant le bureau, Hermione le déverrouilla avec un Alohomora murmuré.

« Ça me rendrait presque nostalgique. », émit Harry avec un demi-sourire.

Les quatre étudiants entrèrent, sans faire attention au chat de l'une des assiettes qui partait discrètement par une chatière. Ils s'approchèrent prudemment de la cheminée, et Harry commença par vérifier s'il y avait des sorts de protection autour, dans le but de les enlever.

« Dépêche-toi. », pressa Hermione.

« Je fais ce que je peux. Et je te signale que parler avec Sirius sera aussi un peu long. »

« C'est quoi, vraiment, le plan ? » questionna Ron.

Neville développa. « Comme je l'ai dit, on interroge Sirius sur la prophétie, on explique ma vision, et on espère que l'Ordre va s'en occuper. Ce sont les adultes et les défenseurs. C'est à eux d'aller… chercher Draco. »

« Je ne suis pas d'accord. »

« Comment ça ? » s'exclama Hermione, toujours à voix basse.

« Ça nous concerne. Draco est notre ami. Vous disiez que vous preniez toujours les risques ensemble, non ? Pourquoi il y serait et pas nous ? »

Harry avait terminé ses sorts, et observait à présent la discussion. « Je suis d'accord avec Ron. »

Neville étudia ses amis attentivement avant de prendre sa décision. « Je suis d'accord que l'armée de Dumbledore doit faire des choses concrètes, mais pour le moment, la priorité est d'avertir ceux qui pourront plus facilement faire quelque chose. Si vous insistez pour qu'on leur vienne en aide, on peut toujours se rendre au département des mystères avec la cheminette après. »

« Bon, alors on commence. »

Harry alla chercher la poudre de cheminette, puis revint devant la cheminée. Mais juste à ce moment-là, la voix d'Ombrage les arrêta.

« Là, c'est trop. » Et son ton reflétait parfaitement ses paroles.

Les adolescents se retournèrent, surpris, vers elle. Elle était encore pleine de suie. Elle était également accompagnée de certains membres de la brigade inquisitoriale. Leurs baguettes furent confisquées, et Ombrage poussa Neville à s'asseoir sur une chaise. Elle se plaçait devant lui, impérieuse, prête à l'interroger. Le long du mur, les autres Gryffondor étaient retenus par les Serpentard. L'un des poursuiveurs de Quidditch s'occupait de Ron. Crabbe tenait Harry, et Pansy prenait grand plaisir à menacer Hermione. Chacun gardait sa baguette pointée sur son prisonnier. Théodore arriva en tirant Luna, tandis que Goyle poussait Ginny.

« Nous avons trouvé ces deux-là qui fouinaient. », expliqua-t-il sommairement.

« Mettez-les avec les autres. », ordonna la femme.

Les deux garçons obéirent, entraînant les deux filles avec eux.

« Qu'étiez-vous en train d'essayer de faire, Monsieur Longbottom ? »

Neville garda le silence. Il n'y avait rien qu'il puisse lui dire.

Elle le gifla. Elle se pencha devant lui, menaçante, l'index levé. « Je vous préviens… »

Severus arriva à l'entrée de la salle, pour le plus grand soulagement de Harry qui le vit venir, et coupa la phrase de la femme trop rose. « Vous souhaitiez me voir, directrice ? »

Elle se redressa. « Ah, Snape. J'ai besoin de réponses, qu'il me les donne de son plein gré ou non. Avez-vous le véritaserum ? »

« Je vous ai déjà tout fourni. Sans doute avez-vous respecté le dosage que je vous aie indiqué, pas plus de trois gouttes. Et comme je vous l'ai dit, cela prend un mois à brasser. À moins que vous ayez l'intention d'empoisonner Longbottom — et croyez bien que cela m'attirerait la plus grande sympathie pour vous — je ne peux malheureusement rien faire. »

« Vous êtes délibérément inutile ! » s'écria-t-elle. Severus haussa un sourcil : il lui avait fallu tant de temps que cela pour s'en rendre compte ? « Vous êtes en probation ! »

Il ne sembla pas le moins du monde perturber. Quiconque dans la pièce pouvait savoir qu'il n'aimait pas enseigner, elle ne lui enlevait absolument pas le métier de ses rêves. « Fort bien. Crabbe, desserrez votre prise, vous étranglez à moitié Potter. Ce ne serait pas une grande perte s'il venait à mourir, toutefois les papiers administratifs seraient fort ennuyeux à remplir, et je serais dans l'obligation de le noter sur votre CV. »

Alors qu'il parlait, Harry avait la sensation que le professeur le scrutait lui, droit dans les yeux. L'adolescent s'assura de placer du mieux qu'il pouvait à l'avant de son esprit ses pensées sur la situation, ses souvenirs sur ce qui se passait, pourquoi étaient-ils ici, ce qu'ils comptaient faire, ce que Neville avait raconté, l'absence de Draco… Et puis, il sentit l'emprise de Crabbe devenir plus lâche, et savait à présent qu'il ne serait plus aussi difficile de se soustraire à la contrainte. Du même coup, il aperçut le léger hochement de tête approbateur de Snape, qui le fixait toujours lui. L'homme se détourna pour partir, mais Neville, ignorant des détails de l'interaction, s'exclama.

« Il détient titillandus ! » cria-t-il, attirant l'attention des professeurs qui se retournèrent vers lui. « Il détient titillandus là où la chose est cachée ! »

C'était tout ce que à quoi Neville pouvait penser. Il connaissait peu de latin, et ignorait quel nom de code attribuer à Draco dont le seul surnom, prononcé uniquement par Ginny, était bien trop identifiable. Ce qu'il savait par cœur, c'était la devise de Poudlard. Et, avec les capacités de jeux d'esprit et en énigme du chef Serpentard, il espérait que l'homme fasse le rapprochement entre Draco et un autre mot de la devise. "Draco dormiens nunquam titilliandus", "il ne faut pas chatouiller un dragon qui dort".

Pour sa part, Harry dévisageait son ami dont le verbe n'avait aucun sens. Il nota dans un coin qu'il faudrait dispenser des cours de latin à Neville.

« Titillandus ? » répéta Ombrage. « De quoi il parle ? » Elle se tourna vers Severus. « Que veut-il dire ? Snape, j'exige de savoir ! Qu'est-ce que c'est ? »

L'homme haussa les sourcils comme d'autres hausseraient les épaules. « Aucune idée. », déclara-t-il d'un ton léger.

Harry devait se mordre la langue pour ne pas éclater de rire. Encore plus lorsque l'homme tourna immédiatement les talons et repartit.

Ombrage se retourna vers Neville. « Bien, puisque je n'ai pas le choix. Je suis navrée, mais je suis obligée d'en arriver là. La malédiction de Doloris vous déliera la langue. »

« C'est interdit ! » s'exclama Hermione.

« Ce que le ministre ignore… » Ombrage posa le cadre du ministre sur son bureau face contre le bois. « … ne peut pas lui faire de tort. » Elle pointa sa baguette.

Hermione hurla. « Dis-lui, Neville ! »

Ombrage tourna la tête vers elle. « Me dire quoi ? »

Neville secouait la tête, refusant.

« Si tu ne lui dis pas, je vais le faire. », assura l'adolescente.

« De quoi s'agit-il ? »

« De l'arme de Dumbledore. Je sais où elle est cachée. »

« Je vous écoute. »

L'adolescente prétendit que c'était dans un lieu reculé de la forêt interdite, et qu'il était par ailleurs difficile de décrire le chemin par des mots.

« Dans ce cas… » Ombrage ordonna qu'Hermione et Neville l'y conduisent. Les Serpentards étaient chargés de surveiller les autres pendant ce temps.

Hermione et Neville cheminèrent un certain temps dans la forêt. Neville reconnaissait l'itinéraire pour ce qu'il était, et indiquait discrètement les meilleures directions à emprunter à Hermione. Ombrage les suivait dans leur dos, sa baguette continuellement pointée vers eux. Son malaise à se trouver en ces lieux, et ses craintes, se montraient pleinement, que peu camouflés. Enfin, ils débouchèrent devant l'arbre où aurait dû se trouver Graup. Mais à la place, il n'y avait que la corde arrachée. Il était parti.

Ombrage perdait patience, et ils ne savaient plus ce qu'ils pouvaient lui dire.

« En fait, je déteste les enfants. », déclara-t-elle, à bout de nerf, face à eux et baguettes pointées. Les deux élèves inquiets se tenaient l'un à l'autre, prêt à recevoir un sort dont ils ne voulaient absolument pas. Mais les bruits de sabots en amont attirèrent leur attention à tous, et ils se tournèrent pour voir les centaures. Il n'y avait aucune raison d'en être soulagé : les centaures amis avec Hagrid étaient rares, et tous étaient en colère contre les sorciers, et surtout le ministère, à cause de la réduction de leur territoire. Ombrage, se faufilant entre les deux Gryffondors pour se cacher derrière eux, commençait un discours de menace peu crédible avec une voix chevrotante. Quand elle arriva à les appeler "créatures à l'intelligence presque humaine", une flèche partit. Elle la contra avec un charme de bouclier qu'elle hurla si fort que Neville crut qu'il aurait mal aux oreilles pendant un certain temps. Au moins, elle savait lancer les sorts qu'elle refusait de leur enseigner, ce qui n'était guère évident au vu de ses facultés à gérer les farces et attrapes des jumeaux Weasley. Énervée, Ombrage attaqua à son tour. « Incarcerem ! »

Une corde jaillit de sa baguette et s'élança vers un centaure pour l'étrangler. Il chuta au sol et dévala la pente. Neville et Hermione se précipitèrent à ses côtés pour essayer d'enlever l'étreinte, mais ils ne pouvaient rien y faire. Hermione supplia la femme qui se montrait bien trop fière et satisfaite de son action. Du moins, jusqu'à ce qu'elle fut soulevée dans les airs par Graup, arrivé derrière elle. Aussitôt la menace de la magie de cette femme enlevée, tandis que la corde devenait lâche et permettait au centaure de se relever, le reste de l'armée s'élança et tenta de saisir Ombrage. N'y parvenant, ils s'en prirent au géant. Les adolescents entreprirent de leur expliquer que Graup ne comprenait pas, en vain. Une flèche atteignit le biceps du frère de Hagrid, qui alors considéra qu'il devait donner la dame aux créatures. Les quadrupèdes saisirent la femme, qui ordonna à Longbottom de leur dire qu'elle ne leur voulait aucun mal.

L'adolescent répondit sans empathie, avec sérieux, pendant qu'elle se faisait soulever. « Je suis désolé, professeur, mais je ne dois pas mentir. »

La femme fut entraînée au loin alors qu'elle hurlait et se débattait.

« Que vont-ils lui faire, à ton avis ? » s'inquiéta Hermione.

« Je ne sais pas, mais pas la tuer. Au moins, elle servira à quelque chose : un point de pression au ministère pour qu'ils changent leurs restrictions sur les centaures. » Il se détourna. « Retournons vite auprès des autres ! »